12 décembre 1166
Voilà à présent un peu plus d’un mois que la jeune milicienne Lowens s’est délocalisée. Quittant les murs pour rejoindre sa nouvelle coutellerie à Gennevrey, elle s’est rapidement adaptée à son nouvel environnement pour reprendre ses fonctions, non pas sans la nostalgie de l’époque où elle vivait en dehors des murs, bien avant toutes ces tragédies.
De retour sur les missions d’escortes de convoi, elle s’engage dans l’une d’entre elles demandant l’accompagnement d’un convoi intervillages dans le Labret. De Gennevrey à Usson, plus précisément. Elle partira avec quelques collègues : le voyage se passe sans accro, la jeune brunette restant comme à son habitude dans son coin, n’adressant la parole aux autres miliciens que si la situation l’y oblige, focalisé sur l’objectif et la protection du ravitaillement.
C’est en début de soirée, une fois bien arrivée à Usson et après avoir accompli sa tâche correctement qu’elle relâchera la pression, quittant son poste pour cette journée. Elle ne peut empêcher son regard balayer la zone, comparant le village à ceux qu’elle a déjà vu, identifiant les quelques différences et similitudes qui occuperont ses pensées quelques minutes, avant de s’enfermer dans la caserne du lieu.
Son nouvel objectif ? Se trouver un endroit calme où elle pourrait reposer son esprit autant que son corps qui demande répit depuis son entrée à Usson. Le réfectoire est déjà à bannir : trop de monde, trop de bruits. A entendre les voix, elle pourrait presque confondre cette salle avec une taverne. Le dortoir n’est également pas envisageable, sans aucune raison notable. Sous un soupir, elle continue sa recherche, jusqu’à trouver une pièce quelque peu isolée qui pourrait, à son sens, faire l’affaire.
Sa main se dépose calmement sur la poignée pour l’enclencher, poussant la porte à la même occasion. Son regard est abaissé vers la poignée, se redressant machinalement pour pouvoir observer le contenu de la pièce trouvée : l’endroit semble chaleureux, la pièce possède un bureau, quelques chaises… et une silhouette.
Son corps s’immobilise au rythme de son discret soupir. Ce n’est pas le bon endroit pour plonger sereinement dans sa solitude réparatrice… soit. Ce n’est rien. Il suffit de rebrousser chemin, refermer cette porte en bois derrière elle et finalement opter pour le dortoir afin d’éviter de se retrouver dans cette même situation à nouveau.
- N'est crainte l'ami approche, qui sait peut être que tu pourrais m'aider...Raté.
Allez allez…La voilà coincée suite à son manque de discrétion. Elle pourrait malgré tout, tout simplement partir, sans répondre à l’individu… Mais sa conscience la tiraille ingratement, lui exprimant le fait que ce serait quand même malvenu de l’avoir dérangé pour rien. Tant pis, il est temps d’assumer. Après tout, il n’a pas l’air très bruyant non plus. Elle pourra simplement l’aider, puis se poser à l’autre bout de la pièce en quête de repo.
Elle s’avance doucement à l’intérieur de la pièce, sa main s’agrippant au manche de son épée par réflexe. Sait-on jamais. Elle finit par arriver à bonne distance, à l’opposé du milicien, face à la table équipée de sa carte. Un coup d’œil à celle-ci, Rosalie n’étant pas en capacité de lire, elle observe sans doute grâce aux repères le départ et la potentielle destination de l’homme face à elle. Elle reconnait quelques noms, principalement ceux du Labret, de Marbrume et son village natal... Sa réflexion est silencieuse, mais elle finit enfin par entrouvrir la bouche, libérant sa voix quelque peu monotone pour lui offrir l’aide demandée.
-Vous pourriez passer par ce village. Salers, je crois. Votre chemin sera moins dangereux en passant par des villages habités plutôt que par les forêts voisines. Ses yeux bleus quittent la carte pour se poser sur le milicien, afin de jauger sa réaction à sa suggestion. Une pensée traverse son esprit en réfléchissant un peu plus à la nature de ce voyage : pourquoi est-il seul à y réfléchir ? A-t-il des hommes à charge ? Y-va-t-il seul ? Son regard, pourtant sans expression jusque-là, trahit son questionnement interne. Elle balaye celui-ci aussitôt, secouant légèrement sa tête sous un soupir. Après tout, ce ne sont pas ses affaires.
Elle se redresse donc simplement dans un dernier signe de tête à l’égard du milicien, quittant celui-ci du regard pour observer la pièce, à la recherche d’un quelconque endroit assez éloigné de cette table, où elle pourrait pêcher sa tranquillité nocturne…
Petite légende:
Blanc : chronologie
Violet : Rosalie
Violet clair : pensées de Rosalie
Vert : Vaelian