Marbrume


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 [Animation Mai] Quand la chair devient la cible

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Maître de JeuAdministrateur
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MessageSujet: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptySam 16 Mai 2020 - 20:33



Date à définir entre les participants ;
A la Balsamine

[Animation Mai] Quand la chair devient la cible Ombeli10

Encore, encore et encore. Chaque jour c’est la même chose depuis presque deux semaines. Il était pourtant de bonne humeur ce matin. Il s’était réveillé près d’une des petites nouvelles, son gros ventre couvert de sueur collé à elle alors qu’elle se tenait comme une enfant fuyant un danger. Comme les autres, elle avait d’abord fait la forte tête et dit non, mais les travaux forcés et les punitions avaient finit par la faire céder. Ça lui apprendrait à vouloir faire le métier d’un homme, et par les trois que c’était bon d’être un vrai homme. Il l’avait jeté dehors sans même lui laisser le temps de se rhabiller, qu’on sache qu’elle avait plié devant lui. C’était son petit jeu favori.

Ensuite il avait pris un solide petit déjeuner en piochant parmi la nourriture qu’il avait « confisqué » à un convoi en guise de droit de passage. C’était un gourmand, mais juste pas assez pour que les huiles le corrige tant qu’il faisait son boulot.

Et cette affaire allait finir par mettre à mal sa tranquillité. Qu’est-ce qu’il en avait à foutre que des putains se fassent taillader dans les rues hein ? C’était un milicien bon sang, pas un foutu prêtre voulant répandre sa morale. Pourtant, tous les rapports étaient pour lui. Et on lui avait fait comprendre qu’il était temps de régler cette affaire. Pas tant pour les catins que pour leurs clients, qui pour certains semblaient assez haut placés et inquiets pour qu’on intervienne. Les jeux de pouvoirs étaient nettement moins drôles quand c’était à ses dépens que la partie se jouait. Il avait bien envoyé une partie de ses hommes trainer là-bas en pleine nuit pour prendre l’agresseur sur le fait. Mais c’était peine perdue, les gars n’étaient pas assez fins pour tendre une embuscade. Et vu qu’ils étaient généralement la principale cause des problèmes des prostituées du coin, aucunes ne se confiait à eux. En fait elles les fuyaient comme la peste.

Il regarda la carte de la cité et ajouta une petite punaise à l’endroit du meurtre que lui décrivait le dernier rapport. Encore un truc atroce. Du sang et des membres. Un vrai tordu ce gars-là. Lui aurait trouvé de bien meilleures occupations pour des femmes de peu de vertus. Il se gratta son cou de bœuf. Visiblement, l’ensemble des crimes avançaient d’une maison close à l’autre, ou plutôt d’un territoire de putes au suivant. Foutre ! ça n’avait aucun sens pour lui.

Le type avançait-il juste vers l’Est envers et contre tout, ou y avait-il un schéma plus subtil ? il glissa son doigt sur le papier et retrouva la piste jusqu’à un bâtiment. Un petit nom était annoté en dessous par son aide de camp. Lui ne savait pas lire, alors ça ne l’aidait pas beaucoup. Heureusement sa connaissance des bordels du coin compensait largement cela. Il n’était plus le bienvenu dans cet établissement depuis un moment, mais il s’en foutait vue que les recrues féminines étaient plus nombreuses ces temps-ci.
Son esprit s’égara un instant sur l’image mentale du derrière rebondi d’une de celle qu’il convoitait.

Était-ce dû à l’alcool qu’il avait ingurgité la veille ? ou son esprit était-il plus ingénieux qu’il ne l’avait cru pendant ses quarante années de vie ? En tout cas, de cette idée lubrique émergea un plan aussi bizarre que potable. Et puis il ferait d’une pierre deux coups, la petite apprendrait ses premières leçons avec de vraies professionnelles, et si elle en sortait vivante il pourrait voir ce qu’elle avait appris. Il gloussa. Un rire proche d’un couinement de cochon. Puis il se reprit, même si c’était très amusant, il devait surtout penser à sa réussite.

Il appela son aide et donna ses ordres, de manière très formelle, professionnelle même. Il aimait se donner une certaine profondeur, il se sentait important ainsi. Une mission de couverture, au bordel. Il donna le nom de la volontaire qui s’ignorait encore et ordonna qu’on fasse prévenir la teneuse de l’établissement, histoire qu’elle lui trouve une guide correcte pour lui fournir toutes les informations dont aurait besoin leur agent. Il n’y a que quand il insista sur l’importance de la mission et de l’implication de la milicienne dans sa couverture qu’il sourit avec perversité. Son aide de camps eu l’intelligence de sourire aussi. Puis il partit donner transmettre les ordres.

Le gros plein de soupe se renfonça dans son siège avec satisfaction. Une pierre deux coups. Elle avait intérêt à obtenir des résultats. Sinon il devrait la punir… Il sourit encore.




Note HRP a écrit:


Bonjour à vous deux,

-Un ou des tueurs rodent dans la cité et s’en prennent aux femmes de joies. Meurtres et viols deviennent trop visible pour être ignoré. Il va être temps pour vous deux d’enquêter.
-La justification des meurtres et leurs résolutions sont laissé à votre discrétion, mais n’hésitez pas en cas de questions.
-Malgré l’introduction qui a un ton graveleux, aucune obligation pour l’agent ou son complice de s’impliquer au-delà de leurs limites (morales ou physique) dans sa couverture. Il suffit que de faire croire aux apparences. Soyez juste cohérentes. 😊

Amusez-vous bien.

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OmbelineProstituée
Ombeline



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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyMer 20 Mai 2020 - 14:39
Ombeline fit une moue contrariée. Elle n'était pas certaine d'apprécier de servir de nounou à une nouvelle fille en plus de devoir superviser la gamine qui faisait le service. Dom avait la charge de veiller sur la môme mais il avait pris la vilaine habitude de se reposer sur la jeune femme au lieu de mener sa mission à bien et tout ce maternage commençait à agacer la fleur de trottoir. Et voilà qu'on lui collait dans les pattes une fille sortie de nul part qui allait bosser à la Balsamine. Alors certes, une fille qui n'allait pas s'attarder et qui devait surtout faire illusion, mais c'était tout de même du temps de perdu avec une inconnue. Elle en venait à se demander si Madame n'essayait pas de la saboter.

Ne me fais pas cette tête jeune fille. C'est aussi dans ton intérêt que la milice mette le grappin sur ce boucher. On a assez de morts à regretter.

Ombeline baissa les yeux et hocha la tête. Elle m'appréciait pas particulièrement que l'on remette sur la table la perte de ses consœurs mais c'était un argument valable : les meurtres répugnants qui avaient lieu dans toute la ville étaient si atroces qu'on en parlait à tous les coins de rue. Les filles qui travaillaient dans la rue priaient les Trois tous les soirs et celles qui œuvraient dans les bordels n'osaient plus mettre le nez dehors. La milice n'avait pas l'air bien efficace dans la résolution du problème et si quelques meurtres de catins de bas étage ne suffisaient pas à alarmer grand monde, la pile de cadavres commençait à atteindre une taille si inquiétante que la colère commençait à gronder. Et pas uniquement chez les femmes de petite vertu puisque les clients eux aussi s'inquiétaient de leur propre sécurité ou pestait contre l'effarouchement de ces filles qui n'avaient normalement peur de rien.

Ravalant sa grogne, la jeune femme haussa les épaules et se rangea du côté de sa patronne, comme toujours. Qui que soit cette milicienne qu'on lui envoyait, elle ferait en sorte de lui montrer assez du métier pour qu'elle puisse passer pour une catin crédible et, avec un peu de chance, qu'elle attire à elle le fumier qui pensait pouvoir massacrer allègrement les filles de joie de Marbrume.

Elle prit congé de sa maquerelle après lui avoir assuré qu'elle remplirait sa tâche et redescendit en cuisine. Les autres filles étaient en train de passer un coup de balais dans la salle principale, de nettoyer les tables ou de faire un brin de ménage dans les chambres, quant à elle ce fut en cuisine qu'elle se rendit pour donner un coup de main. L'arrangement avec Marius portait ses fruits et comme promis, il ne manquait jamais une livraison. Le contenu pouvait varier grandement mais Dom était un expert dans la gestion de ses stocks et il savait cuisiner avec trois fois rien. Même lorsque le brouet était un peu trop dilué, il s'arrangeait d'une façon ou d'une autre pour l'assaisonner et donner l'impression qu'il y avait plus à manger. Pour ce qui était de la viande... Kornog était devenu excellent à la chasse aux rats, pour sa propre consommation, mais il lui arrivait d'en ramener un ou deux alors qu'il avait le ventre plein. Personne ne crachait dessus, une fois bien dépiautée, ça restait de la viande dans le bouillon.
Ombeline avait beaucoup appris aux côtés de Dom et elle continuait d'apprendre. Sa cécité ne l'empêchait en rien de cuisiner, surtout dans un lieu aussi familier que cette cuisine où elle avait littéralement vécu pendant plusieurs années. Le placement des couteaux, des marmites, des écuelles, l'endroit où était entreposée les fûts, même la réserve n'avait aucuns secrets pour elle. Tout ce que ses yeux ne pouvaient voir, elle pouvait le deviner au toucher et à l'odeur. C'était en quelque sorte son talent caché.

Tout en s'échinant à peler quelques navets rabougris, elle se fit une liste de tout ce qu'elle devrait apprendre à la nouvelle pour pouvoir la faire passer pour une vraie fille de joie. Une milicienne, ça devait ressembler à Sydonnie, pas vrai ? Difficile de faire passer un caractère comme le sien auprès des clients...
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyMer 20 Mai 2020 - 16:37
Le sang, les cadavres, les mouches. Cela avait été le quotidien de Clervie pour le début de l'été. Forcément, l'invasion fangeuse de mai avait laissé quelques marques dans la cité. Dont évidemment, les exécutions massives de mordus qui protestaient contre les bannissements, une recrudescence des vols et agressions, des règlements de compte plus fréquents entre les différentes bandes de voyous de la cité. Toutes les semaines, il y avait quelqu'un à pendre ou à envoyer au cachot, toutes les semaines il y avait un pauvre bougre à aller torturer. En tant que nouvelle conscrite, et femme qui plus est, Clervie avait jusqu'à présent échappé à ce genre de tâches que les plus cruels de ses camarades aimaient garder pour eux. Tout juste avait-elle dû les regarder faire à plusieurs reprises et faire mine d'acquiescer. C'était bien la première fois qu'elle ne regrettait pas d'être une femme au milieu des soudards.

Cependant, le plus délicat avait été de les voir entraîner une pauvre voleuse qui avait subi non seulement de la torture, mais également le passage de certains. Clervie avait bien tenté de les arrêter, mais cela avait été pour prendre un coup de poing dans le ventre, suivi d'une menace non dissimulée de lui faire subir le même sort si elle disait quoi que ce fût. Sa propre peur la pétrifiant, la jeune femme n'avait pu qu'implorer Rikni de secourir la malheureuse, alors que le coutilier fermait les yeux sur les vils agissements de ses comparses.
Parlons-en d'ailleurs, de ce fumier. Clervie l'avait vu à plusieurs reprises user de son influence pour forcer les conscrites à lui accorder quelque faveur et redoutait plus que tout qu'il lui vînsse la même idée la concernant.

L'impuissance, cet horrible sentiment.

Mais c'était cela, la vie à Marbrume, et pire, la vie dans la milice. L'injustice. L'injustice totale. Ne le savait-elle pas, Clervie de Sombrelune, fille de noble déchu ?
Après presque trois mois d'horreur, il avait fallu se résigner et comprendre qu'elle ne pouvait sauver tout le monde. Cependant, malgré sa hargne contre la population lâche qui l'avait condamnée, Clervie ne pouvait empêcher son coeur de se serrer de pitié face à certains faits. Il restait encore un grain de compassion dans le coeur de celle qui s'était jurée de se venger du Roi et de Marbrume.
Compassion combinée à un sentiment d'extrême horreur lorsque sa coutillerie avait été contactée à deux reprises pour faire lumière sur des meurtres abominables commis dans le quartier des courtisanes. Un malade commençait en effet à se faire un nom dans le coin. Jacquet l'Esboigneur, l'avait-on surnommé. Sans la réalité des corps qu'il laissait derrière lui, sans doûte eut-on pu croire à une légende urbaine destinée à faire peur aux maris délaissant leurs femmes. Mais malheureusement, il était une réalité.
La vue de sa dernière victime avait profondément choquée Clervie. La pauvre femme blonde avait été laissée gisant sur le pavé, les vêtements déchirés, ses boyaux à l'air, dans une flaque écarlate. Et pour bien faire les choses, ses deux bras avait été coupés. L'un d'eux avait été laissé juste à l'entrée de la maison de passe, la fine main gantée tenant une petite fleur de muguet.

La marque du tueur. Il laissait une branche de muguet dans la main de chacune de ses victime. Une façon de s'excuser ? Délire de poésie dans l'horreur ?

La milice était sur les dents, les prostituées morte de peur, et Clervie quant à elle était inquiète pour son amie Rosaline. Toute remontée contre la populace de Marbrume qu'elle fût, la jeune milicienne conservait en effet une certaine considération pour les prostituées à cause d'elle. Les femmes dites "de vertu" lui avaient jeté des pierres : Rosaline et ses camarades avaient veillé sur Clervie pendant presque un an avant qu'elle n'entre à la milice, sans autre contrepartie que quelques conseils pour tenter d'appâter des "hommes de bonne société" notamment des leçons de "maintien" et de "langage".

Cette aisance à pouvoir parler aux filles de petite vertu sans condescendance avait sans nul doute été remarqué par son coutillier, car c'est elle qu'il vint finalement trouver pour lui annoncer qu'on la mettait sur l'affaire. Oui, à elle, Claire Corbac, qui ne savait pourtant pas encore bien manier l'épée, de coincer le redoutable tueur qui faisait trembler Bourg-Levant en récoltant les informations que les miliciens n'arrivaient pas à obtenir. Une bonne occasion d'enfin gagner le respect de ses pairs, et peut-être de se mettre enfin à l'abri des avances déplacées de certains.

La dernière victime avait été retrouvée pas loin de la Balsamine, maison de passe fréquentée surtout par les miliciens... Mais parfois aussi par de petits nobles. Décidément, plus Jacquet s'enhardissait, plus il visait haut... Si on le laissait continuer, finirait-il par une maison de haute classe ? Etait-ce un noble ? D'où la petite fleur pour se faire pardonner à chaque meurtre ? Clervie se dit qu'il ne faudrait sûrement pas exclure cette possibilité.

Même si pour le coup, réunir des preuves contre lui, le confondre serait très loin d'être une mince affaire. Mais justement, le but de l'opération, selon son supérieur, était de se mettre d'accord avec l'une des filles de joie pour lui tendre un piège, vu que la dernière embuscade avait échoué. D'où son rôle. Clervie comprit qu'il allait falloir la convaincre de faire l'appât. La jeune femme ne dépensait presque rien de sa solde, mais cela dit, elle se doutait que la prostituée répugnerait peut-être à risquer sa vie contre seulement quelques pièces. Mais en tant que femme, peut-être parviendrait plus aisément à gagner sa confiance. Et surtout, peut-être se rendrait-elle compte que la milicienne se souciait sincèrement d'éviter d'autres meurtres. Car Clervie se l'était promis, Jacquet l'Esboigneur avait fait là sa dernière victime. Elle ne laisserait rien arriver à la courageuse qui l'aiderait dans sa traque.
Elle était bel et bien vêtue de l'habituel pantalon et chemise, mais avait troqué la cape verte de la milice contre un manteau noir léger, mais lui permettant de dissimuler sa féminité et sa lame. Si Jacquet était dans les parages, il ne fallait sûrement pas circuler en tenue de service, la discrétion serait de mise.

Lorsqu'elle entra dans l'établissement, Clervie sentit son estomac se serrer sous l'effet d'une sorte de malaise. De toute évidence, son visage dissimulé faisait effet, car l'une des filles s'avança aussitôt.

On joue à l'homme mystère, mon chou ? Très... excitant !
Tu m'excuseras ma belle, mais tu n'es pas vraiment mon genre, je crains... répliqua Clervie d'un ton malicieux. Du moins, je ne suis pas encore prête à ce genre d'expérience. Où est ta patronne, s'il te plaît ? Je viens pour... affaire...
Oh ! Vous êtes une... Elle se reprit, comprenant que visiblement, il fallait faire discrétion. Madame est à l'étage.

Clervie traversa donc la salle, s'efforçant d'ignorer les rires graveleux de certains clients, le barbu qui avait pris deux des femmes sur ses genoux d'un air conquérant, les trois autres clients qui regardaient la silhouette encapuchonné d'un air torve. Parole, elle était ravie d'être armée. Quelques minutes après, la maquerelle la reçut. Clervie dévoila son visage.

Je suis Claire, l'agent de la milice. On vous informée de la procédure ?
Bien entendu mademoiselle. Allez voir Ombeline, dans la cuisine. Elle vous expliquera tout.
Très bien.

Clervie se dit qu'il serait sûrement bon d'interroger plus tard la maquerelle et les autres filles, chaque détail pouvant avoir son importance. Peut-être même que le tueur se trouvait dans la salle, à choisir sa prochaine proie... Il ne semblait avoir aucune préférence au niveau des femmes, ses quatre premières victimes avaient été des brunes, une autre rousse et la dernière blonde... Impossible de dire comment l'on pourrait l'amener à s'intéresser à l'appât. Il allait falloir beaucoup de chance.
La dénommée Ombeline se trouvait donc à peler des navets, sa longue chevelure noire ondulant dans son dos. Visiblement, elle était mal voyante. Tiens donc. Etait-ce pour cela qu'elle était plus courageuse que ses comparses ? Clervie commença :

Bonjour Ombeline. Je m'appelle Claire et je suis envoyée par la milice. Tout d'abord, merci à vous pour votre aide. J'imagine que la découverte de ce cadavre aussi près de votre établissement a dû vous secouer. Votre rôle va être déterminant pour notre réussite. Certes, il va y avoir des risques... beaucoup, même. Mais je vous promets que je ne laisserai rien vous arriver et à vos camarades non plus. Nous allons attraper ce tueur.

Elle avait parlé d'un ton courtois, doux. Un aspect que très peu de ceux qui la côtoyaient pouvait percevoir. La sauvage Dame Corbac entretenait sa réputation de folle furieuse. Certains de ses collègues, en l'apprenant sur l'affaire, avaient même émis l'hypothèse que le coutillier espèrait "se débarrasser de deux dingues en même temps". Mais face à des prostituées déjà terrifiées, Clervie espérait bien au contraire être rassurante.


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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyMer 20 Mai 2020 - 21:30
Toute occupée à sa tâche en veillant à ne pas trop lambiner pour éviter le coup de pied aux fesses, la jeune femme s'était perdue dans ses pensées et elle en fut brutalement sortie par le sifflement suraigu de Dom à l'entrée de la cuisine. Elle devait comprendre de ce bruit assourdissant qu'elle perdait un peu trop de temps à bayer aux corneilles. Avec un "Ça vaaaa !" appuyé, elle mit un peu plus de cœur à l'ouvrage.
Il ne lui restait que deux légumes lorsqu'elle perçu le timbre d'une voix inconnue s'adresser à Dom pour lui demander d'entrer en cuisine, suivit d'un bruit de pas qu'elle ne reconnaissait pas. Sans doute s'agissait-il de la fameuse milicienne dont elle devait s'occuper. Ce n'était donc pas Sydonnie ! Une part d'elle-même en fut rassurée car elle aurait été un peu chagrinée de devoir réduire son amie à cette fonction peu glorieuse. Mais puisqu'il s'agissait d'une parfaite inconnue, ses scrupules en étaient tout à coup nettement diminués.

Sans se présenter, la nouvelle venue catapulta d'emblée des phrases sans queue ni tête à propos de rôle déterminant et de risques... Ce qui ne manqua pas de faire hausse les sourcils à la donzelle malvoyante qui était presque certaine de comprendre où voulait en venir la milicienne. Intérieurement elle se demanda s'il s'agissait d'une tentative grossière de lui refourguer le sale boulot pour pouvoir caler son cul sur une chaise et ne rien faire de la journée, ou si le malentendu venait des supérieurs de la jeune femme qui n'avaient pas été assez clairs à propos de cette mission incognito.
Optant pour l'hypothèse la moins insultante à l'égard de son intelligence, Ombeline se fendit d'un sourire sarcastique tout en achevant de repousser les pelures de navet dans un seau à ses pieds.

Bonjour Mademoiselle. Vous m'avez l'air bien sûre de vous, dites-moi. Vous avez certainement un plan bien rôdé pour attraper cette pourriture avant qu'il ne sorte les tripes à une nouvelle personne, pas vrai ? Un plan si efficace et ingénieux que personne dans la milice n'y aura pensé plus tôt, ce qui expliquerait pourquoi ce boucher est toujours dans la nature, dit-elle d'un ton grinçant qui ne cachait rien du peu de confiance qu'elle accordait à cette entreprise.

Repoussant le seau du pied, elle entreprit de découper les navets en tranches avec dextérité, poursuivant sur sa lancée sans laisser le loisir à son interlocutrice de lui répondre.

Je vais être franche : je ne me suis pas portée volontaire pour ce travail. Je ne suis pas ce genre de personne complètement écervelée qui cherche à se sacrifier pour les autres à la moindre occasion. Tout le temps que je vais passer avec vous c'est du temps en moins avec les clients. Et quand bien même ces clients peuvent être rustres et mauvais au lit, au moins ils me payent, ce qui n'est pas votre cas, ma colombe.

Le couteau s'abattait sur le bois de la table avec régularité dans un bruit sec, ponctuant ses paroles d'une façon quelque peu dramatique.

Mais puisque ma patronne le demande, alors je vais faire ce que je peux pour essayer de faire de vous une catin assez convainquante pour qu'on puisse s'y tromper, acheva-t-elle en tranchant le dernier navet avant de se retourner enfin vers la milicienne.

Ombeline plissa les yeux immédiatement en se penchant vers la jeune femme et asséna avec mauvaise humeur :

J'espère que c'est ma vue qui a encore baissé et que je vous ne portez pas réellement une cape hideuse ainsi que des braies d'homme... Parce que si c'était le cas, ça voudrait dire qu'il va falloir vous prêter des vêtements et peut-être même vous laver pour ne pas sentir le cheval.

S'il n'était pas possible de montrer toute l'étendue de son agacement à Madame sous peine de se faire gronder comme une enfant, rien n'empêchait en revanche de faire comprendre à cette "nouvelle" qu'elle était une véritable épine dans le pied.
La fleur de trottoir n'avait rien en particulier contre la milicienne, mais elle se devait d'être lucide : si personne n'avait encore attrapé ce type, ce n'était pas une femme toute seule avec ses petits bras qui allait miraculeusement y arriver ! Si elle se retrouvait ici, c'était sans doute parce que ça faisait bien rire les autres miliciens d'envoyer une recrue féminine jouer les catins pour quelque temps. Il s'agissait d'une vaste blague, Ombeline n'avait aucuns doutes à ce sujet, et elle appréciait assez peu d'en être un dommage collatéral. Se venger sur cette pauvre demoiselle qui était le dindon de la farce ne les aiderait pas, mais dans l'immédiat elle n'avait pas envie de museler son mauvais caractère.
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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyJeu 21 Mai 2020 - 12:24
Clervie était bien placée pour savoir que même lorsqu'on essayait d'aider les gens, ils étaient loin d'être reconnaissants pour la plupart. Bien souvent, elle s'était vue traiter guère mieux qu'un chien, et la dernière personne à l'avoir remerciée pour son aide était la mère d'un gamin qu'elle avait sauvé de la noyade près d'un port alors qu'elle n'était même pas en service.
Sans parler des mauvaises plaisanteries dûes à sa condition de femme.
Aussi, se voir ainsi renvoyer ce statut à la figure dans ces conditions, de la part d'une catin qui plus est, qui devrait pourtant mieux que personne être bien placée pour savoir que le courage n'était point vertu exclusive d'homme, c'était... blessant.
Mais pas aussi blessant que la fin de sa tirade.

"Mais puisque ma patronne le demande, alors je vais faire ce que je peux pour essayer de faire de vous une catin assez convainquante pour qu'on puisse s'y tromper.
J'espère que c'est ma vue qui a encore baissé et que je vous ne portez pas réellement une cape hideuse ainsi que des braies d'homme... Parce que si c'était le cas, ça voudrait dire qu'il va falloir vous prêter des vêtements et peut-être même vous laver pour ne pas sentir le cheval."


Une aiguille lui transperça le ventre à ces dernières paroles, tandis qu'elle réalisait pleinement la mascarade qu'on venait de lui jouer. Une fois de plus, les autres miliciens s'étaient joués d'elle. Une fois de plus, on l'humilliait et ils ne pouvaient certes pas le savoir, heureusement, mais ils venaient de choisir la manière parfaite ! Faire le trottoir, elle, une Sombrelune ??? Certes, son orgueil, elle aurait pu peut-être encore s'asseoir dessus, puisque cela faisait plus d'un an qu'elle avait connu la déchéance.
Mais revivre l'horrible expérience du Goulot...
Immédiatement, elle sentit qu'elle se remettait à trembler comme une feuille, tandis que des larmes menaçaient de rouler sur ses joues. Mais elle se reprit vivement, malgré cette violente boule dans la gorge.
Et durant un bref instant, l'horreur et la honte laissèrent place à la fureur.

Vous avez été claire, maintenant à moi de l'être, Mademoiselle !

Le ton de Clervie était ferme et furieux, malgré que des perles d'eau embuaient son regard, laissant transparaître sa vulnérabilité.

Et bien oui ! Les sacripants, je comprends tout à présent ! Et je constate que vous avez une bien piètre opinion des miliciens et encore plus des miliciennes visiblement. Libre à vous, même si cela fait une grande différence entre vous et moi. En effet, je dois la vie à une de vos paires et à cause de cela, jamais je n'aurais regardé aucune de vous avec le mépris dont vous venez de me faire présent. Ce qui n'est point le cas des autres conscrits, n'est-ce pas ? En voilà d'ailleurs une nouvelle preuve !

Plus elle accusait le coup, plus sa fureur redoublait. Sa seule défense face à la terrible situation à laquelle elle était confrontée. Aussi, elle poursuivit.

Oui, je viens de me découvrir le jouet d'une énorme plaisanterie. Le coutilier m'a dépêchée ici en me suggérant de m'arranger avec l'une des vôtres pour tendre un piège au tueur sans m'en dire plus. Charmant, n'est-ce pas ? J'aurais en effet dû m'y attendre, vu tous les beaux traitements auxquels j'ai eu droit depuis mon arrivée, même si celui-ci est sans conteste le pire. Sauf qu'en l'occurence, ce n'est pas moi qui vais payer le prix fort de cette farce répugnante, mais peut-être vous et vos compagnes, Ombeline.

Elle marqua une pause :

Parce que pendant que ces messieurs les conscrits, qui se permettent de profiter de la chaleur de vos cuisses contre quelques pièces de leur solde, s'amusent sur mon dos à m'imaginer déguisée en catin, il y a un boucher dans la nature, comme vous l'avez si bien dit. Voyez donc le peu de cas qu'ils font de votre sort ! La légèreté avec laquelle ils traitent cette affaire ! Ces pauvres filles qui ont été violées, éventrées, mutilées ! Jacquet pourrait demain en massacrer encore dix ou vingt que pour eux, ça ne ferait pas grande différence ! Ils n'en ont absolument rien à faire de vous alors que vous les accueillez ici, que vous donnez de votre personne, de votre temps pour leur dispenser un moment de distraction qu'ils auront tôt fait d'oublier une fois passé la porte de votre établissement. Mais certains d'entre eux reviennent, en plus, et régulièrement, connaissent vos prénoms. Et pourtant, vous demeurez des petites choses négligeables à leurs yeux, des petites chiennes à qui ils jettent un os. Par les Trois, Ombeline, ne pensez-vous pas avoir droit à un peu plus de considération, tout de même ?

Sa voix se fit plus ferme alors qu'elle assénait :

Bon sang, vous êtes un être humain, vous avez le droit d'être protégée ! Personne ne devrait pouvoir impunément vous massacrer !

Elle s'interrompit, reprenant à peine une respiration avant d'enfoncer le clou :

Alors certes, peut-être bien que mes collègues de la milice ne s'attendent pas plus que vous à me voir mettre fin aux agissements de l'Esboigneur. Peut-être bien qu'ils sont entrain de rire à la caserne à l'heure qu'il est. Mais cela signifie surtout que malheureusement, il semble que je sois la seule personne qui était sincèrement disposée à vous aider.

Sa voix se brisa soudain.

Mais... pas de cette manière-là, je le reconnais. Je... ne puis me résoudre à subir de nouveau ce que j'ai subi par le passé. Pardonnez mon intrusion...

Elle ne tenait plus, elle allait étouffer, son angoisse par rapport à son traumatisme était entrain de prendre le dessus. Son coeur allait exploser et elle ne voulait pas que cela lui arrive face à son interlocutrice. Droite et digne, elle se retourna pour sortir, étouffant de justesse un sanglot.


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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyMer 27 Mai 2020 - 22:14
Le coup d'éclat de la milicienne ne surprit guère la jeune femme. Pour entrer dans la milice aux côtés des hommes, il fallait soit du courage, soit de l'orgueil. Généralement, c'était un mélange des deux qui pouvait donner des résultats plutôt intéressants comme la sergente Sydonnie qui avait su à quel moment défendre son honneur et à quel moment le ravaler pour parvenir à grimper les échelons. Le reste du temps, le résultat n'était pas aussi glorieux. En cela le métier ressemblait un peu à celui de la prostitution : soit on trouvait comment surmonter le pire, soit on devenait une petite chose misérable et brisée dont la seule vue faisait de la peine. Ombeline ne s'était jamais considérée comme une femme forte, mais elle avait surmonté le pire, plus d'une fois, et cela malgré un handicap de départ plutôt encombrant.
Elle avait donc peu de pitié pour les femmes qui ne surmontaient pas ce que la vie leur jetait en travers des jambes. En cet instant, l'indignation qu'elle percevait à travers la voix un peu chevrotante de cette inconnue dont elle ne savait même pas le nom la laissait de glace. Elle n'entendait pas "fâchez-vous donc d'être si mal traitée !" mais plutôt "Je n'ai que ma colère pour maquiller la faiblesse que m'ont causé tous les troubles de ma vie passée". Pourquoi devrait-elle s'émouvoir d'une personne qui n'arrivait pas à aller de l'avant ? Elle ne l'avait jamais fait, elle ne commencerait pas en ce jour.

Ombeline la laissa s'enfuir dans la salle commune et poussa un long soupir agacé une fois qu'elle se retrouva seule. Pourquoi les Trois lui envoyaient-ils toujours des épreuves de ce genre ? N'avait-elle pas déjà assez souffert ? Son quotidien n'était-il pas déjà bien assez compliqué pour qu'elle ne doive, en plus, s'acquitter d'une enquête sans espoir aux côtés d'une milicienne qui n'arrivait même à faire semblant d'être plus forte que ses démons ? Elle n'avait pas envie de ramasser cette étrangère à la petite cuillère, ce n'était pas son rôle de jouer les optimistes !
Dom passa la tête par la porte au moment où elle mettait les légumes qu'elle avait découpés dans la marmite d'un geste rageur.

— J'crois que j'ai vu ta bonne amie quitter mes cuisines 'vec l'air d'être à deux doigts de chialer. On peut savoir c'que tu lui as raconté ?

Oh ça va ! J'ai pas dit la moitié des horreurs qu'elle doit entendre tous les jours, mais bien sûr c'est pour ma pomme qu'il faut qu'elle explose !

— Tu fais encore dans la dentelle à c'que j'vois. Tout l'monde s'appelle pas Mahaut pour te rembarrer quand c'est nécessaire, la furie. Vas la chercher, t'as un travail à terminer.

Et puis quoi encore ?! Depuis quand c'est à la petite catin aveugle d'aller moucher les larmes de la milicienne qui se pointe avec une épée qui lui bat la hanche ? Même si j'arrivais à la convaincre de revenir, comment tu veux qu'elle accomplisse quoi que ce soit quand la seule idée d'enfiler une robe la fait chouiner comme ça ?

— Je sais rien et j'm'en cogne ma princesse. La patronne t'a donné un boulot, tu le fais et c'est tout.

La jeune femme se renfrogna et se détourna de Dom pour aller s'affairer plus loin dans la cuisine. Le vieil homme grogna en se pinçant le nez et en maudissant le caractère de toutes ces filles qui lui rendaient la vie impossible. Celle devant lui encore plus que les autres. Mais elle lui rappelait quelques bons souvenirs de l'époque où elle était arrivée, pas plus haute que trois pommes et tellement perdue d'être catapultée dans un monde où elle ne connaissait personne... Une époque où il était plus facile de l'obliger à faire les choses qu'on lui demandait de faire !
S'adossant contre le montant de la porte, les bras croisés, il la laissa farfouiller dans les sacs de légumes un moment avant de lui intimer d'arrêter son manège et de ramener ses fesses. La mine toujours furieuse, Ombeline s'exécuta tout de même pour se planter devant lui, les bras croisés elle aussi.

— C'est bon ? T'as terminé de m'en chier une brique ? demanda-t-il froidement.

Nan, répondit-elle avec aplomb.

Et ils se dévisagèrent encore quelques secondes de cette façon avant que la belle-de-nuit ne pousse un râle agacé en abandonnant la lutte. Personne n'arrivait à la comprendre et à la faire revenir à la raison comme Dom. Il n'avait même pas besoin de parler pour ça, c'était un pouvoir véritablement effrayant.

C'est bon, je vais y retourner ! Mais si elle s'enfuit encore en courant, je ne vais pas lui courir après toute la nuit pour qu'elle fasse son boulot, c'est bien clair ? Et tu prendras ma défense devant Madame.

Le cuisinier hocha la tête pour sceller leur accord et la gratifia d'un pincement de joue avec un "ça c'est ma fille" qui signait généralement chacune de ses victoires sur la petite brune. Elle ne se souvenait pas avoir jamais gagné un seul de leurs affrontements...
Se résignant tout à fait à devoir gérer les débordements sentimentaux d'une inconnue tout en essayant de mettre le grappin sur un tueur, la jeune femme quitta la cuisine pour se mêler à la foule dans la pièce principale. Elle demanda à ses camarades si elles avaient vu la milicienne et fini par la rejoindre sur le seuil de l'établissement, sans doute en train de peser le pour et le contre d'abandonner sa mission. Avec un gros effort pour se montrer moins désagréable, Ombeline l'interpella.

S'il suffit d'une mauvaise blague de la part de quelques abrutis pour vous faire fuir, je me demande quel genre d'aide vous espérez apporter ici. Alors quoi, affronter un tueur sanguinaire c'est devenu plus facile que de faire semblant de trouver un crapaud charmant ? Pourtant c'est la milice qu'on loue pour sa bravoure, pas les catins. Vous allez me faire croire qu'une pauvre aveugle comme moi a plus de tripes que vous avec votre épée ? Ça serait une sacrée mauvaise nouvelle pour la ville.

Elle lui lança un regard en coin, s'attendant à tout moment à la voir fondre en larmes et s'enfuir dans la nuit sans demander son reste.
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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyJeu 28 Mai 2020 - 12:47
Laisser de nouveau un homme poser ses sales pattes sur elle ? Il n'en était pas question, il n'en serait jamais question.
Laisser un tueur dans la nature ? Il n'en était pas question non plus. Mais Ombeline ne semblait guère disposée à l'aider et Clervie n'était vraiment pas prête à exécuter ce plan sordide que de se déguiser en putain.
Quelle utilité, à part faire rire ses camarades ? Si elle devait se battre contre l'Esboigneur, cela serait plus difficile sans une épée. Certes, elle avait toujours son arme secréte, le stylet qu'elle camouflait toujours sur elle. Mais elle n'avait pas eu vraiment l'occasion de s'entraîner avec, même si Rosaline lui avait montré plusieurs fois comment le dégainer et s'en servir pour frapper une cible droit au coeur.
Les larmes roulaient sur ses joues alors qu'elle se rappelait l'horrible impuissance qu'elle avait ressentie le jour où deux bandits lui avaient ravi sa pureté. Elle se tenait à présent à l'entrée de l'établissement, respirant l'air du dehors dans l'espoir de se calmer et de réfléchir. Alors qu'elle se croyait seule, une voix retentit soudain à côté d'elle.

"S'il suffit d'une mauvaise blague de la part de quelques abrutis pour vous faire fuir, je me demande quel genre d'aide vous espérez apporter ici. Alors quoi, affronter un tueur sanguinaire c'est devenu plus facile que de faire semblant de trouver un crapaud charmant ? Pourtant c'est la milice qu'on loue pour sa bravoure, pas les catins. Vous allez me faire croire qu'une pauvre aveugle comme moi a plus de tripes que vous avec votre épée ? Ça serait une sacrée mauvaise nouvelle pour la ville."

Cette fois, il n'y avait nul mépris dans la voix de la prostituée, bien qu'elle semblât maîtresse dans l'art du sarcasme. Un peu comme elle, en réalité. Esquissant un sourire à travers ses larmes, Clervie répliqua du tac au tac :

Visiblement, votre bon sens va à l'inverse de votre amabilité. C'est déjà une bonne nouvelle pour la ville. Par ailleurs, je reconnais que je m'attends point à ce que vous fassiez montre de compréhension concernant le fait que je pourrais effectivement préférer me faire couper en morceaux par l'Esboigneur que de laisser de nouveau un homme s'approcher de mon entrejambe quand vous en faîtes allégrement commerce. Dîtes-vous juste que chacun ses appréhensions, certains de mes camarades miliciens redoutent les rats ou la mort par noyade, moi c'est cela. Appelez cela de la lâcheté si vous le souhaitez, mais comme vous semblez l'avoir compris, cette lâche est malheureusement le seul secours que les Trois aient daigné vous envoyer. Il semble donc que je vais devoir m'acquitter de cette tâche.

Le ton de Clervie avait repris fermeté et ses larmes avaient séché. Elle asséna sans détour le fond de sa pensée :

Déjà, là où le coutilier semble avoir eu un rien de raison, c'est qu'il m'a envoyée ici. Je pense qu'il y a de fortes chances que la prochaine frappe de l'Esboigneur soit pour votre établissement, j'en juge par l'endroit où il a laissé les dernières traces de son passage. En ce qui concerne l'infiltration, en revanche...


Elle marqua une pause :

En soit, l'appât, ce n'est pas un si mauvais plan. Le problème, c'est qu'il n'y a personne pour me couvrir. Je suis la seule personne ici à savoir me servir d'une arme, ce qui risque d'être utile face à un criminel sanguinaire qui semble savoir jouer du couteau. Sauf qu'avec une robe sur le dos, manier l'épée n'est pas simple. Néanmoins, je sais aussi dissimuler une dague et l'utiliser, même si j'admets ne jamais encore l'avoir utilisée pour tuer. De plus, l'Esboigneur n'est pas fou au point de tuer ses victimes dans les établissements même. Il les entraîne dans un coin de rue pour opérer. Ce qui signifie que n'importe quelle fille qui va raccoler à l'extérieur peut être prise pour cible et il n'y a pas que votre établissement dans le quartier. Il va donc falloir que nous soyons sûres d'attirer son attention.

Elle prit une profonde inspiration, puis dit soudain :

Avant de faire de moi une catin convenable, comme vous dîtes, il faudrait déjà comprendre comment je pourrais lui plaire. En tant que prostituée, vous devez avoir une bonne connaissance de la nature humaine. Alors dîtes-moi, Ombeline... Le tueur a une étrange façon de signer son crime. Il laisse toujours une branche de muguet dans la paume droite de ses victimes. Pour quelle raison, à votre avis ? Qu'est-ce que le choix de cette fleur vous inspire ?
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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyDim 31 Mai 2020 - 16:47
Si les propos de la milicienne purent ne pas plaire à Ombeline, elle n'en montra rien et garda son clapet bien fermé. Il n'était pas l'heure de se chamailler, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. La jeune femme avait cette détestable habitude d'appuyer fort sur ses propres blessures pour s'accoutumer à la douleur au point de ne plus la sentir, et elle faisait de même chez les autres. Mais pour le bien de cette mission, elle prendrait sur elle autant que possible. Il lui fallu pourtant une dose importante de calme pour ne pas répliquer avec acidité lorsque la milicienne se targua d'être la seule à savoir manier une épée.

Croisant les bras pour se tenir les mains un peu au chaud, la jeune femme balaya du regard la rue qu'elle connaissait par cœur. Même de nuit dans le noir complet elle aurait pu s'y orienter sans problème et elle connaissait toutes les enseignes commerçantes en amont et en aval de la Balsamine. Ce décor familier lui semblait bien loin de ressembler au terrain de chasse d'un assassin et pourtant elle voulait bien croire que la menace rôdait désormais aux alentours. Ce genre d'histoire sordide était souvent réservée au Goulot, mais pour remonter si proche des remparts intérieurs de l'Esplanade, cette vermine devait être plutôt déterminée.
Elle poussa un profond soupir, plus pour elle-même que pour la milicienne. Est-ce qu'il n'était pas un peu injuste de l'envoyer elle plutôt qu'une autre ? Pourquoi pas Manon ? Ou Clothilde ? Quoi qu'à bien y réfléchir, même Manon se mettait à recevoir plus de passes dernièrement... Pour d'obscures raisons qu'elle n'allait certainement pas perdre de temps à démêler, les clients demandaient moins de passes et l'argent avaient du mal à rentrer. Avec la perte de ses trois amies au printemps, il aurait du y avoir du travail en trop pourtant. Et malgré cette situation précaire, on lui demandait à elle de perdre son temps avec des affaires qui n'avaient rien à voir avec son quotidien. Cela n'aurait pas été un problème si le gain en valait la chandelle, mais en fin de compte ce n'était jamais elle qui bénéficiait réellement du succès de l'entreprise. Elle faisait, pour ainsi dire, du bénévolat. Partant de ce constat, fallait-il qu'elle vraiment qu'elle s'implique ?

Priant rapidement pour cette histoire ne signe pas sa perte, elle considérant enfin la question qu'on lui avait posé et se plia à ce petit jeu de devinette qu'elle n'était pas certaine de comprendre : pourquoi une fille de joie aveugle en saurait plus qu'une milicienne ayant accès à toutes les informations de la milice au sujet du tueur ? Elle n'était pas certaine de savoir si on la surestimait ou si on essayait juste de la faire participer pour le geste.

Je dirais qu'il s'agit de quelqu'un qui a beaucoup de temps à perdre. Trouver du muguet au mois d'août c'est comme chercher des fraises en plein hiver. Et puis c'est complètement idiot de donner du muguet à un cadavre, c'est une fleur porte-bonheur. Il aurait pu mettre des chardons ou de la Langue de bœuf, ça aurait été un peu moins macabre. En plus ça se trouve quand même plus facilement et je suis sûre que ça pourrait même pousser sous les remparts.

Elle haussa les épaules pour ponctuer sa phrase. Pourquoi mettre des fleurs de printemps devrait avoir le moindre rapport avec la raison des meurtres ?

Moi je pense plutôt que c'est un de ces fous qui veulent purger la ville et il s'en prend aux cibles les plus faciles à attraper, voilà tout. Les filles ici ne sortent pas de l'établissement, déjà parce qu'on ne va pas se peler les miches dehors dès qu'il pleut ou qu'il fait froid, mais surtout parce que c'est pas la politique de la maison. En admettant qu'il connaisse un peu le coin, il m'a sans doute déjà vu et sait très bien que je ne vais pas faire le tapin dehors. Vous en revanche, vous avez tout d'une nouvelle et les nouvelles ça peut faire des erreurs comme aller chercher le client dehors. D'ailleurs, est-ce que ça ne ressemble pas à une cible idéale de voir une petite dame toute seule dans la rue, de nuit, avec l'air de ne pas savoir ce qu'elle fait là ?

Nouveau haussement d'épaules, mais cette fois avec un sourire en coin. Peu lui importait les arguments, elle ne ferait pas l'appât. Déjà parce qu'elle ne plaçait jamais sa confiance en quelqu'un d'autre avant d'avoir vu de quoi la personne était capable, or ce qu'elle avait vu pour l'instant de la milicienne ne lui donnait pas envie de remettre sa vie entre ses mains. C'était bien beau de promettre qu'elle interviendrait à temps mais en cas d'erreur ce serait la pauvre aveugle qui finirait à se vider de son sang sur le trottoir ! Ensuite, parce qu'elle était certaine de ne pas avoir ce qu'il fallait pour plaire à un assassin, à commencer par des yeux aveugles qui en rebutait plus d'un. Non seulement elle ne le verrait pas venir ou même sortir son couteau, mais elle risquait surtout de le faire fuir lorsqu'il réaliserait qu'elle était infirme.

Quant à la robe, regardez-moi bien : est-ce que j'ai l'air de porter quelque chose de lourd et contraignant ? Je ne sais pas quel bordel a fait votre éducation, mais ici on a pas les moyens de se payer de belles robes bien chaudes et épaisses. Il faut que ça soit facile à retirer et à soulever, autant dire que vous avez plus de chances de vous prendre les pieds dans vos immondes braies de bonhomme que dans l'une de nos jupes. Et si vous voulez quelqu'un qui manie l'épée, il y a une tripotée de vos collègues à l'intérieur qui devraient savoir y faire. Ou même Justin, pour ce que ça vaut. Personne ne vous demande de défier cette ordure en combat singulier. Sans compter que s'il s'en prend à des filles sans défense, j'ai comme une doute à propos de ses talents de bretteur...

C'était facile de passer pour un monstre après avoir démembré un corps sans vie, mais Ombeline était prête à parier que ce lâche ne savait pas y faire face à quelqu'un armé et déterminé à se défendre. Les amateurs de passes d'arme ne prenaient pas de plaisir à abattre des cibles incapable de tenir ne serait-ce qu'un couteau.

S'il prend les filles par surprise pour les égorger avant de les couper en morceaux, il suffit de le surprendre en premier. Vous ne devriez pas avoir besoin de plus qu'une dague. Et puis il suffirait d'avoir deux autres miliciens planqués pas loin pour venir le maitriser et le ramener à la caserne. Comme ça pas de risques qu'il se débatte.
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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyLun 1 Juin 2020 - 10:43
La putain avait décidément à coeur de ranger son amabilité dans ses jupes avec son mouchoir par-dessus. Clervie voyait bien à quel point elle l'agaçait et cela lui portait sur les nerfs encore plus que tout le reste. Elle fut presque tentée de lui lancer une dernière pique en s'excusant notamment de ne point être pourvue d'un phallus et d'une cervelle d'oiseau pour avoir droit à sa considération. Cependant, elle se retint. Aussi caractérielle et mauvaise qu'elle fût, Ombeline était malheureusement sa seule alliée dans cette situation inconfortable, pour le meilleur et pour le pire.
De plus, ainsi que Clervie l'avait pressenti, la jeune femme avait un esprit aussi vif et acéré que sa langue. Elle énonça que le tueur devait être un fou agissant avec une volonté de purification. Sur ce point, la jeune milicienne se demandait en effet si Ombeline n'avait pas raison.

Un maniaque de la purification, pensez-vous ? Ca expliquerait le muget, en réalité. C'est une fleur porte-bonheur, vous avez raison, mais c'est surtout une fleur blanche, la couleur de la pureté...

Elle fit quelques pas en rond, poursuivant sa réflexion à voix haute.

Hum, ce genre de motivation peut concerner un certain nombre de suspects... Pour la catégorie la plus choquante, un prêtre, par exemple. Dans sa folie religieuse, il aurait décidé de se faire le bras de Rikni... Après tout, les purificateurs sont persuadés d'agir au nom des Trois eux aussi, et ce sont pourtant les pires criminels que Marbrume puisse compter. On peut aussi penser à un client marié et cherchant ainsi à "racheter" sa faute...

Entretemps, la catin avait achevé sa longue tirade et Clervie réalisa également que celle-ci ne jouerait clairement pas les appâts à sa place. La jeune femme brune soupira. Bon visiblement, elle n'allait pas y couper. Cependant, elle était hallucinée qu'Ombeline pensât vraiment qu'il suffirait de demander gentiment pour que deux miliciens se portâssent volontaires pour la couverture. Finalement, moins finaude qu'elle l'aurait cru, la catin. Elle n'avait donc pas encore saisi la difficulté de la condition d'une milicienne.

C'est ça, c'est ça, je vais aller leur demander gentiment de nous aider à attraper Jacquet et ils seront enchantés de se porter volontaire ! Vous n'avez pas encore compris comment ça marche, à la milice ? Une milicienne, pour les conscrits, c'est une putain gratuite dans le dortoir. Je ne vous dis même pas combien de fois j'ai dû me battre depuis mon arrivée pour protéger le peu de vertu qu'il me reste ! Et en patrouille ou en mission, je reçois les tâches les plus ingrates, et quand j'essaie de proposer une idée, ou l'on ne m'écoute pas, ou l'on se moque de moi. Je vous rappelle que c'est l'un de ces miliciens, un gros porc de coutilier qui abuse volontiers des filles dès qu'il peut, qui m'a envoyée ici pour se gausser.

Elle marqua une pause :

Si vous insistez, je peux toujours essayer, mais je ne vous garantis vraiment pas le résultat. Vous pourriez tenter, vous aussi, mais écoute-t-on davantage les putains que les miliciennes ?

A cet instant, deux miliciens braillards apparurent dans la ruelle, visiblement d'humeur... très joyeuse.

"Aaaaaaaaaah, qu'ça fait du bien de r'venir dans les murailles ! M'en vais mettre la queue dans une jolie bouche femelle pour fêter ce retour tant qu'on nous file pas un aut'convoi à charge, hein, Henrique ?
- Ouais tu l'as dit Pierrot, on a une putain d'nuit d'vant nous, et j'ai une belle solde à dépenser... J'vais toutes les combler, les donzelles, on les entendra jusque dans la ruelle voisine... Hé, mes chéries ! s'écria-t-il en aperçevant les deux jeunes femmes. Que faîtes-vous là-dehors, entrons donc nous réchauffer et boire un p'tit coup avant les réjouissances... "

Il se figea en reconnaissant Clervie, avant d'éclater de rire.

Corbac ??? Corbac ? Qu'est-ce tu fous là ma p'tite caille, tu songes à t'reconvertir ??? Ca serait pas mal, j'suis sûr qu'avec ta paire de hanches, tu f'rais vite fortune et j'serai volontiers ton p'tit favori !

Henrique faisait partie des conscrits qui se moquaient régulièrement d'elle. Clervie le toisa froidement.

Bats les pattes, Henrique, je suis en mission ! On cherche à attraper Jacquet l'Esboigneur ! Tiens d'ailleurs, tu ne veux pas nous filer un coup de main ? Je veux bien faire l'appât, mais l'attraper toute seule...

A ces mots, les deux conscrits hurlèrent de rire, tout comme Clervie le redoutait. Elle ne se mettait même plus en colère, elle était juste résignée.

- Putain, c'est la meilleure, celle-là ! cria Pierrot. On confie les affaires de tueurs en série aux femmes, maintenant ??? Allons donc, y a erreur, j'dirais plutôt qu'on t'a envoyée te former pour que tu puisses contenter les camarades de dortoir, hein ?
Laisse faire les patrouilleurs, Corbac ! C'est affaire d'hommes, répliqua Henrique. Tu veux pas plutôt venir me réchauffer les cuisses, toi ?

En prononçant ces mots, il avait pincé la taille de la jeune femme, glissant l'une de ses mains sur sa fesse. Ni une, ni deux, Clervie dégaina brusquement sa dague et en posant la tranche sur la gorge de son camarade.

Fais ça, Henrique, et tu es un homme mort, pigé ? Que tu ne prennes pas ton devoir de milicien au sérieux et que tu préfères te souler et forniquer, c'est ton problème, mais ça ne sera pas avec moi ! Les dames de l'établissement seront sûrement ravies de s'occuper de toi, je t'enjoins à aller les voir...

D'abord surpris, Henrique se recula en ricanant.

-Pfff ! T'es vraiment pas drôle toi alors, Corbac... M'étonne pas que ton coutillier t'aies envoyée ici si c'est vraiment le cas. Il d'vait espérer qu'on te décoincerait un peu le cul !
- C'est ça, c'est ça, tu as raison... Allez, bien le bonsoir !

Les deux miliciens disparurent à l'intérieur. Clervie se tourna vers son interlocutrice.

Vous voyez Ombeline ? Ils réagiront tous comme ça autant qu'ils sont. Je ne suis à la milice que depuis le printemps dernier, une bleusaille, une femme, qui plus est, n'inspire pas le respect. Il aurait fallu que j'aie au moins tué un fangeux pour cela.
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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyMar 23 Juin 2020 - 15:20
La jeune femme leva les yeux au ciel en décroisant les bras, invoquant Anür pour avoir un peu plus de patience à l'égard de cette milicienne qui n'avait rien compris à la manière, pourtant assez simple, de fonctionner d'une grande majorité de ses collègues. Pas étonnant qu'elle se fasse molester en permanence si elle n'était pas capable de la jouer fine ! L'espace d'un instant, elle lui rappela un peu Manon lorsque cette dernière était arrivée à la Balsamine : jolie mais complètement gourde dès qu'il s'agissait de comprendre les règles du jeu.

Comme pour lui envoyer un signe, les Trois voulurent qu'un duo un peu aviné et surtout pas très futé se pointe à l'angle de la rue et s'approche. La petite milicienne teigneuse se fit alors un devoir de prouver ce qu'elle avançait un instant plus tôt, à savoir qu'elle n'avait le soutien de personne. Et pour une démonstration, ce fut une sacrée démonstration. Ombeline en resta comme deux ronds de flan tant la situation lui sembla pourtant simple à retourner en leur faveur. Les deux soudards n'étaient visiblement ni effrayés ni impressionné par la tentative d'intimidation de leur collègue féminine et après quelques railleries somme toute plutôt bénignes, ils passèrent leur chemin en allant se trouver une place à l'intérieur de l'établissement. Médusée par un tel manque de tact, la belle-de-nuit réalisa qu'à défaut de pouvoir attraper un tueur, elle pouvait au moins donner deux ou trois leçons à cette fille en matière d'homme.
Les poings sur les hanches et l'air contrariée, elle se planta devant la milicienne qui, à défaut de s'être présentée correctement, serait appelée Corbac.

Non mais vous vous moquez de moi ? Ne me dites pas que c'est comme ça que vous réagissez à chaque fois ? Pas étonnant que votre quotidien soit un enfer, vous vous conduisez comme un... Comme gros bœuf agressif ! Personne n'a envie de respecter un bœuf, par Anür ! Vous creusez votre propre tombe à cause d'une fierté ma placée, ma fille !

Lâchant un bref soupir, elle se passa une main dans les cheveux pour les arranger différemment et défroissa quelques plis de sa robe d'un geste rapide et plus machinale qu'utile (elle aurait été bien en peine de dire si sa robe avait des plis de toute façon).

Vous n'obtenez rien d'eux parce que vous vous y prenez comme un manche. Je connais une milicienne qui en a dans la cervelle et plus dans les braies que tous les abrutis réunis dans ce bordel et c'est précisément pour ça qu'elle est sergente aujourd'hui pendant que vous, vous faites le sale boulot. Je sais très bien comment sont considérées les femmes dans la milice et je sais aussi très bien comment on fait pour soutirer quelque chose à un homme. Et si vous arrêtiez deux minutes de mettre votre orgueil en jeu, vous aussi vous verriez que c'est pourtant facile.

Attrapant sa compagne de galère par le bras, elle la tira à sa suite à l'intérieur de la Balsamine et se fraya un chemin jusqu'à un coin en retrait près de l'escalier. Justin, posté là, ne leur prêta en apparence aucune attention.

Là. Avant d’aller se faire trouer la couenne par un meurtrier en vadrouille, je vais vous apprendre deux ou trois choses sur les hommes parce que c'est criminel d'être aussi malhabile.

Ombeline repéra avec plus ou moins de précision la position de Manon dans la salle et lui fit de grands signes pour qu'elle approche. La jolie petite blonde était très appréciée mais elle n'hésita pas un instant à approcher en délaissant les clients qui tentaient de l’amadouer, tout sourire, pour savoir ce que lui voulait sa comparse.

Je veux que tu dises à la dame ce que ta soudaine révélation de cet hiver t'a appris.

Quoi, à propos du bond de chevreuil ?

Mais non bécasse, à propos des clients, rectifia la brune en étouffant un rire.

La jeune fille lui pinça le bras en représailles mais souriait elle aussi. Après une seconde de réflexion, elle comprit de quoi voulait parler sa camarade et répondit en s'adressant cette fois à la milicienne :

Un homme c'est comme un chien : tu n'en tireras rien avec des coups de pieds, mais il fera le tour du monde pour toi si tu le caresses comme il faut.

Elle n’est pas en train de vous parler de le caresser vraiment, bien entendu, précisa Ombeline pour parer à toute remarque outrée de la milicienne.

Manon hocha la tête et continua sa petite explication :

Il n’y a qu’une chose qui compte plus pour un homme que sa queue, et c’est sa fierté. Suffit de trouver dans quel sens ils aiment être brossés et ensuite c’est facile !

La brune remercia son amie qui s’en fut aussi vite qu’elle était arrivée. Reportant son attention sur Corbac, elle désigna du menton une table non loin où trois hommes étaient assis.

Tu vois ces trois-là ? Le type au milieu se vante à propos d’une bagarre depuis tout à l’heure. J’ai aucune idée de sa tronche mais il a l’air plutôt grand, je me trompe ? Donc un grand type avec des épaules larges, qui aime parler fort de ses supposés exploits de bagarreur. Avec ce que t’a dit Manon et ces informations, comment tu ferais pour lui demander de t’aider ?

La jeune femme semblait tout à fait sérieuse à propos de cet exercice et hocha même la tête pour encourager sa partenaire d’enquête à répondre.
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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyLun 29 Juin 2020 - 12:34
Clervie se retint à très grande peine de rire aux larmes lorsque la putain lui vanta les mérites d'une certaine sergente. A l'heure actuelle, il n'y en avait qu'une à Marbrume, une certaine d'Al... quelque chose. Sur elle, à son arrivée, Clervie avait entendu tout et son contraire, mais savoir qu'elle connaissait visiblement bien la prostituée venait de donner un gros crédit à la rumeur concernant le fait que son avancement en à peine deux ans, en n'ayant sûrement jamais manié les armes auparavant, serait peut-être dû à une certaine habilité dans le domaine où travaillait son interlocutrice. Et elle avait un nom à particule ! Parole de Sombrelune, quelle honte que de déchoir ainsi et avoir encore moins de classe que les soudards braillards qui riaient grassement dans le bordel. Quant à l'avancement... A vrai dire, la jeune femme y avait pensé, à son arrivée, vu son besoin d'enquêter sur certaines personnes de l'Esplanade pour connaître la vérité sur ce qui était advenu à sa famille. Mais elle s'était rendu compte qu'en plus d'être impossible pour elle, au vu de son tempérament trop franc, trop intègre et trop fier, elle n'en avait peut-être pas besoin. Même non gradé, prendre le manteau vert permettait de fourrer son nez partout où l'on le désirait si on était malin. On pouvait obtenir des informations très intéressantes dans les bas-fonds, apprendre par coeur les relèves de gardes pour se rendre dans les endroits où l'on avait besoin de contacter certaines personnes, et en plus, certaines affaires menaient souvent à devoir parler discrètement à des bourgeois ou à des nobles. A partir de là, Clervie ne voyait pas d'intérêt à devenir tout à fait l'un des chienchiens du Roi à venir lui quémander caresse et pitance, alors qu'elle rêvait de lui mordre la main, voire la jugulaire.
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus aucune admiration pour ses pairs, ni pour les gradés, avec leurs méthodes plus que discutables et leur façon ignoble de faire fi de toute présomption d'innocence lorsqu'ils arrêtaient les gens. Elle obéissait aux ordres parce qu'elle y était obligée, devant assurer sa survie et sa couverture, mais n'aspirait bien qu'à sortir un jour de là. Quand les coupables de la mort de sa famille auraient reçu leur châtiment.

Néanmoins, elle était prête à concevoir qu'Ombeline et sa camarade n'avaient sûrement pas tort sur un point. Flatter l'orgueil mâle pouvait être d'une grande efficacité. Une jeune noble connaissait en effet l'astuce et l'appliquait... dans son milieu social. Seulement, Clervie répugnait à faire les yeux doux à ses camarades, car elle savait que pour eux, toute parole, tout sourire impliquait forcément de les laisser partager son grabat la nuit. Mais visiblement, l'idée que cela parût répugnant à la jeune femme ne semblait guère être comprise de la prostituée, puisqu'elle ré-insistait sur ce point, bien qu'elle assurât à la jeune milicienne qu'elle n'était point tenue d'aller jusque là.

Clervie savait donc très bien quelle réponse donner à la question de la prostituée et avait malheureusement compris à quoi cela allait aboutir. Par les Trois ! Allait-il vraiment falloir en passer par-là ? Elle devrait passer les trois prochaines semaines à éviter le "soupirant" qu'elle risquait de se coltiner.
L'angoisse lui nouait maintenant la gorge, mais elle était au pied du mur. Aussi finit-elle par répondre d'un ton qu'elle voulait assuré :

J'imagine que je commencerais par lui demander gentiment s'il a une place libre à sa table, puis que je l'écouterais religieusement raconter ses exploits, en demandant tous les détails. Je lui glisserais, si possible, un compliment sur ses biceps ou sa poigne si par exemple il en faisait démonstration en faisant un bras de fer avec l'un de ses camarades. Pour finir, je lui dirais qu'il est le genre d'homme avec qui l'on se sent en sécurité. Et là, je lui glisserais à quel point le quartier n'est pas sûr depuis qu'un certain tueur s'y promène en attaquant les pauvres femmes sans défense à coup de couteau et qu'il serait temps qu'un homme brave, fort et courageux comme lui vienne lui donner la bonne leçon qu'il mérite, la raclée du siècle avant que la milice ne l'amène au gibet. C'est bien ainsi que tu me conseilles de procéder, Ombeline ?
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MessageSujet: Re: [Animation Mai] Quand la chair devient la cible   [Animation Mai] Quand la chair devient la cible EmptyJeu 24 Sep 2020 - 14:44
Raté ! lui répondit l'aveugle avec un large sourire.

Elle était bien contente de voir que son interlocutrice était tombée dans le piège. Rien d'étonnant après la petite démonstration qu'elle lui avait fait un peu plus tôt. Ombeline était bien décidée à lui faire comprendre la subtile nuance que l'on finissait par percevoir lorsque toute sa vie n'était qu'une question d'échange d'argent ou de service.

Si tu fais ça, il va rapidement piger que tu as besoin de lui à un point où il pourra se permettre de te demander quelque chose en retour. L'idée c'est plutôt de lui faire faire quelque chose comme si ça venait de lui, histoire qu'il oublie de te demander le moindre "service" en retour. Pas la peine de perdre du temps à trop minauder, les hommes ici sont comme ceux de ta caserne : plus rapide à la comprenette si tu vas droit au but.

Au même moment, un grand éclat de rire général parvint d'une autre table où un groupe de miliciens encore en uniforme s'esclaffait autour d'une bière frelatée. Ils étaient l'illustration même de ce que peut être un homme une fois aviné : une créature bruyante et pas très futée.
Faisant abstraction du bruit, Ombeline reprit son explication. Ayant enfilé le rôle d'instructrice, elle se montrait bien moins agressive et si elle demeurait un peu brusque, on pouvait deviner à son ton qu'elle pesait ses mots pour mieux se faire comprendre, à l'image d'un professeur tentant d'enseigner une leçon importante.

Si ce type est fier de sa force, il vaut mieux essayer de piquer son orgueil, mais sans l'insulter. Lui lancer un défi sans en avoir l'air, pour qu'il sente le besoin de prouver qu'il est à la hauteur de ce qu'il prétend être. Par exemple, tu peux le railler un peu en disant qu'il a beau gagner des bagarres de taverne, il ne fait pas vraiment le poids contre un vrai dur. C'est souvent assez pour piquer l'intérêt et la fierté d'un gars dans son genre. S'il te demande ce que tu sous-entends par-là, c'est le moment de le ferrer ! Tu peux alors commencer à raconter les ragots sur notre tueur à toute la tablée sur un air de confidence. En choisissant bien tes mots comme "lui c'est un type qui fait vraiment peur" ou "même la milice arrive pas à mettre le grappin dessus" pour lui donner une allure d'adversaire auquel un mec balèze voudrait se frotter pour prouver que c'est le meilleur.

Manipuler les gens du peuple était à la fois simple et compliqué : beaucoup de prétentieux de L'Espanade avaient la sale manie d'oublier que sous leurs allures crasseuses et mal dégrossies, les habitants des quartiers modestes étaient en réalité doué d'un sens très aiguisé des réalités. Leurs raisonnements étaient simples, directs et terre-à-terre, on ne les berçait pas aisément de mots doux. Les grandes valeurs, les subtilités frivoles, les demie-vérités ou les sous-entendus cachés n'étaient pas à leur portée et soulevaient trop vite la méfiance ou l'incompréhension. Une approche plus frontale, quoi que réfléchie, avaient de meilleures chances d'aboutir.

À la fin tu ajoutes l'information qui fait mouche : d'après tes informations à la milice, le tueur est supposé attaquer ici ce soir ! Et tu comptes bien l'attraper avec ses petits bras de femme pour moucher tous ceux de ta caserne. Vu que tu as impliqué que le tueur était plus fort que ce type, si tu arrives à l'attraper alors ça voudra dire que tu es plus forte que lui et ça, il le comprendra sans même avoir à réfléchir. Tout comme ses comparses, qui pourraient bien se fiche de lui après ça. Du coup, il y a des chances qu'il commence à se moquer de toi en te disant que c'est pas avec tes attributs de femelles que tu arriveras à quelque chose, ou une autre réplique du genre. Et c'est là que tu as ton angle d'attaque : c'est le moment de le mettre au défi en lui balançant quelque chose comme "Ah ouais ? Ben si t'es si fort, t'as qu'à m'aider. On verra bien qui de lui ou toi en a le plus dans le ventre". À ce moment précis, c'est quitte ou double. Il peut faire marche arrière et se dégonfler, ce qui te permettra de te moquer un peu de lui avant d'aller tenter ta chance ailleurs, ou il peut relever le défi et c'est dans la poche. Le plus beau c'est qu'il considèrera que sa récompense c'est d'avoir eu raison !

La jeune femme n'en était pas à son premier coup d'essai. Elle avait eu pendant des années les bons conseils de feu son amie Mahaut et avaient parfois payé au prix fort ses maladresses. Elle n'appréciait pas les manières de la milicienne, mais malgré tout elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir l'aiguiller pour rendre son quotidien peut-être plus facile. Ça ne coûtait rien d'essayer de lui apprendre à la manière douce ce qu'elle-même avait appris d'une manière bien moins agréable.

Croisant les bras sur sa modeste poitrine, elle pencha légèrement la tête sur le côté pour s'assurer de bien entendre la réponse de sa comparse, mais ajouta tout de même pour conclure sa leçon :

Je dis pas que ça va sauver tes fesses à la caserne, mais tu devrais arrêter d'essayer de montrer que tu en a une plus grosse qu'eux en te hérissant à chaque fois. Tente plutôt l'humiliation en passant par leur égo. Si t'arrives à faire semblant de pas être atteinte par leurs remarques avant de leur renvoyer dans les dents, tu devrais sortir plus souvent victorieuse. Pour le reste... Je suppose que tu vas juste devoir apprendre à coller des beignes plus costaudes, dit-elle en haussant les épaules, bien consciente que certains ne savaient répliquer que par la violence lorsqu'on les mettait en échec. Bon, tu veux essayer avec celui-là ou je m'en occupe ? On va avoir besoin que d'un seul gus j'imagine, pas besoin de ramener une armée entière, ça serait pas très discret, je me trompe ?
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