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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptySam 16 Mai 2020 - 22:53
La veille...

La veille, une rencontre avait bousculé le quotidien réglé de la baronne de Sibran. Ses occupations ? Elles sont diverses. Apporter un soutien à celles et ceux qui en ont besoin, dispenser conseils et parfois de petits effets aux plus pauvres, comme de la nourriture ou du petit linge, tenir compagnie aux malades et apporter en cela un soutien aux membres du clergé pour lesquels elle montre le plus profond respect. La baronne de Sibran est discrète, silhouette toujours vêtue sobrement, petite ombre qui surgit sans crier gare, toujours là où on l’attend le moins et dédaignant les soirées mondaines.

Hier, dans la matinée, elle a rencontré un de ses pairs dans un endroit où ni l’un ni l’autre ne devrait, en toute bienséance, se trouver. Lui, parce que les bordels entrainent irrémédiablement les hommes sur le chemin de la luxure. Elle, parce qu’il n’est pas convenable, toujours selon la bienséance, qu’une noble dame passe son temps précieux à soigner et aider des putains qui ont délibérément choisi une vie dédiée au vice. Cependant…L’un comme l’autre, quand cela les arrange ou que la situation l’exige, peuvent sciemment outrepasser cette étiquette rigide qui codifie toutes les conduites. La baronne de Sibran devient, quand elle doit se rendre dans des endroits peur sûrs et pour satisfaire son goût immodéré pour l’aventure, Messire Essie, le gentilhomme au chapeau qui dispense les bienfaits qu’elle peut trouver, qu’on lui donne ou qu’elle obtient, le stylet suspendu à sa ceinture.

Hier, elle a rencontré le comte de Rougelac. Cela aurait pu s’arrêter là si le noble seigneur n’avait pas, dans un moment d’égarement propre à ceux qui noient leurs sentiments dans le vin, confondu la baronne avec une des gagneuses de l’établissement. La réaction a été proportionnelle à l’outrage : de chatoyantes couleurs cerclent désormais l’œil gauche du Comte, signe que la baronne n’est certainement pas la petite chose fragile qu’elle peut paraître au premier abord. Dans un jeu propre à ceux qui manient le verbe aussi bien que leurs plumes ou leurs épées, la baronne et le comte ont fini par deviser ensemble, chez la baronne, avant de se donner rendez-vous le lendemain.

En ce froid jour d’octobre, la baronne a donc pris le chemin des jardins royaux, un endroit qu’elle fréquente peu. Elle le connait, évidemment, comme tous les résidents de cette magnifique Esplanade mais elle ne s’y rend pas souvent, faute sans doute de compagnie avec laquelle se promener sous les arbres.
Voilà quelque chose qu’elle n’a jamais réellement vécu. Toute sa vie, elle l’a passée sous différentes férules, celles de ses parents, puis celle de son mari. Jamais il n’y a eu de place pour ce genre de choses, dans la vie de la baronne. Des choses sans arrière pensée. Juste…un rendez-vous. La nouveauté la pousse à l’aventure, comme d’habitude, mais…il y a quelque chose de plus. Quelque chose qui l’intrigue, chez ce comte de Rougelac, qui se révèle être une énigme difficile à résoudre. Bien sûr, elle connait sa réputation. Bien sûr, elle a entendu parler de lui. Bien sûr, elle sait ce qui se dit dans les salons, sous les sourires de circonstances et les œillades entendues. Mais de tout cela, elle n’en a cure. Ce qu’elle a perçu chez lui hier, en sa compagnie, alors qu’ils étaient seuls, va bien au-delà de ce qu’on raconte. Il est même possible que, sur certains aspects, les gens se trompent sur le comte de Rougelac. Et pour le savoir…il n’y a rien de mieux qu’un rendez-vous après tout.

Elle arrive dans les jardins, ravissante silhouette drapée de rouge, de cette fabuleuse robe rouge obtenue par le biais de Dorian le contrebandier et qu’elle a reprise elle-même afin qu’elle puisse parfaitement épouser ses formes. Disposer d’un tel habit en ces temps difficiles est déjà, en soi, une preuve de richesse, cela va sans dire. Le velours tombe sur le sol, masquant ses pieds chaussés de ravissantes petites bottines et accompagnant ses pas d’un léger bruit d’étoffe. La longue cape de laine bleue et doublée qu’elle porte ne dissimule pas les détails de son corsage, relevé d’un galon de fil doré au motif compliqué. Sa chemise est visible, léger soulignement écru sur sa poitrine, modestement dissimulée tout en étant habilement suggérée. Elle porte à son doigt le sceau de la baronnie de Sibran tandis qu’à son cou est suspendue un tout petit collier d’or fin auquel est suspendu une babiole qui n’a aucune valeur si ce n’est celle qu’elle lui accorde : une rose de bois dont les bords des pétales sont soulignés à la peinture dorée. Ses cheveux ne sont pas retenus par le filet de perles d’acier qu’elle porte quotidiennement. Ils sont cette fois relevés en une coiffe tout simplement élégante, raffinée, maintenus par d’invisibles soutiens et révélant sa nuque et sa gorge blanche.

Elle est un peu en avance. Ce n’est pas bien grave. Cela lui donnera l’occasion de regarder les grands arbres et cette magnifique fontaine de près. Les bras et les mains dissimulés dans la cape, elle observe, tout sourire, les statues élégantes, les buissons parfaitement taillés, les arbres, patientant en silence dans une atmosphère paisible. Elle a de la chance de résider ici, elle le sait et chaque soir, elle prie les Trois afin de les en remercier.

La cloche vient à sonner les trois coups de l’après-midi, troublant soudain, sa rêveuse contemplation de cet endroit magnifique...
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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyDim 17 Mai 2020 - 7:08
Intéressante intrigante, ce qualificatif était tout désigné pour la Baronne de Sibran qui avait la veille cueilli au sein même d'un lieu de dépravation le Comte de Rougelac. Pourtant, malgré un fâcheux malentendu, il avait été un fait que la jeune femme et veuve de son état, se montra miséricordieuse à l'endroit de son affamé et libidineux agresseur. Malgré de nouveaux accrocs entre eux, la journée de la veille avait donc été conclue par la promesse d'un lendemain qui les réunirait à nouveau.

Quoi de mieux que les jardins me direz vous ? Lieux presque de villégiature ! Les jardins sont fort appréciés par les sang-bleus. Buissons parfaitement taillés, arbres majestueux, statues élégantes, fontaines, roses trémières, tulipes... Tout autant de touches colorées naturelles que du travail d'orfèvre. Les gens de la Haute s'égare allègrement dans cette zone de verdure, et l'on se retrouve parfois dans des coins reculés, sur un banc, pour des rendez-vous galants... quelqu'en soit la saison. Voila donc les charmes qu'offrait un tel lieu, un décor parfait pour une mise en scène qui ne manquerait pas de tenir ses promesses.

Les jardins royaux, en automne, avaient revêtu leur fin manteau de couleur chaude, passant du jaune à l'orange jusqu'au rouge pour finir marron. A cet occasion, et comme Victor prenait grand soin d'écouter et porter les riches tenues de la maitre couturière Aelys de Beauval, le sang bleu avait soigneusement sélectionné sa livret. D'ailleurs, tout en se faisant habiller par une domestique, il repensait aux mots de cette dernière.

~ l'Automne appréciera de vous voir paré des mêmes teintes que celles des feuilles qui flottent au-dessus des simples hères. ~

Ainsi, il sélectionnait une tunique a col haut Couleur lie de vin brodé de multiples arabesque discret dans une teinte bronze. Ajusté et affiné par la présence d'un brocart, étoffe de soie rehaussée de dessins brochés, jacquard satin grenat, le mondain finissait de se vêtir pour se protéger des premières rudesse automnale d'une cape épaisse de velours cuivre attaché au niveau des epaules par une broche d'argent représentant le blason de la Maison Rougelac. Si une discrète fourrure oranger, sans doute de renard, venait agrémenter et surtout préserver une partie du cou du froid, ses bottes étaient également légèrement fourrées.

C'est ainsi qu'il s'en trouva fin prêt à rejoindre le Palais et ses jardins, plus d'une grosse demi heure avant que les trois coups de cloche retentissent. Lui offrant l'occasion de traquer sa proie, si l'on pouvait s'offrir cette caricaturale comparaison, Rougelac observa la donzelle flâner dans les allées, dans l'attente de ce second acte. Il l'observait tantot sourire devant quelques statuts, tantôt admirative devant de centenaire arbres. Le sang bleu cessa finalement son voyeurisme assumé lorsque retenti les trois coups de cloches.

S'offrant alors le luxe de surprendre la Dame d'Hagerth dans ce paisible paysage, il avança a pas de velours, mains jointes dans son dos pour finalement apparaitre derrière un bosquet dont elle semblait avoir élu brievemebt domicile, ne divulguant sa présence qu'au moment où son souffle chaud chatouillait la nuque de la veuve.

- Vous êtes tout en beauté, baronne de Sibran.

Détaillant du regard la longue cape de laine bleu que portait Esmera, il s'attarda, sans bouder son plaisir, à admirer sa coiffe tout simplement élégante, raffinée, maintenus par d’invisibles soutiens et révélant sa nuque et sa gorge blanche. Une nuque qui... laissa ses pensées flirter avec l'indécence d'être cueillie par ses lèvres. Mais s'interdisant tout geste inconvenant, Victor ne laissa que l'emprunte de son souffle marquer possession de cet chair dénudée qu'il espérait seulement voir l'épiderme se dresser.

- Cet endroit restera à jamais fascinant, ne trouvez-vous pas ? On s'y perd en contemplation comme si chaque venue était la première...

Il laissa alors volontiers la Baronne se retourner pour lui faire face, à moins qu'elle ne préfère rester dos à lui ? Qui sait, l'atmosphère de ce lieu était apres tout sujet à bien des attitudes et des ivresses de sens.

- Je n'ai point manqué à me présenter devant vous à l'heure convenue et je me réjouis de vous voir épouser avec délicatesse un tel paysage... pourrais-je me permettre peut-être de vous faire un jour peindre un tableau en ce lieu où vous en seriez l'élément majeur... le liant de toutes les beauté que recèle ce jardin.

Flatteur à l'endroit de la baronne, il exprimait ainsi tout son art de l'étiquette et d'une certaine forme de double sens dont cette dernière avait pu apprivoiser les pourtours la veille.
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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyDim 17 Mai 2020 - 15:00
Elle aurait pu se retourner, en effet, mais elle n’en a pas envie. Ce jeu du chat et de la souris est bien trop amusant, bien trop exaltant pour qu’elle y mette fin de si abrupte manière. Lorsque le souffle du comte vint se perdre sur sa nuque, un léger frisson hérissa les quelques petits cheveux présents sur sa peau délicate, lui arrachant un sourire. Apparaître de cette façon, subtile annonce de sa présence, est bien à la hauteur de ce qu’elle attendait : le comte est bien trop différent des autres pour seulement s’incliner et prendre sa main pour y déposer un baiser.

- Je fais honneur à celui qui m’accompagne, Monsieur le Comte. Voyez cela comme…une façon de me montrer digne de vous, d’une certaine manière.

Elle continue de regarder les arbres, perdant son regard gris de tempête dans les branches chargées de pourpre et d’or. Un spectacle magnifique, dont elle ne se lassera sans doute jamais. Au milieu de tant de laideur, au milieu de tant de choses horribles, la simple beauté d’un arbre exhibant ses plus nobles couleurs a de quoi réchauffer n’importe quel cœur et plonger celui qui s’y attarde dans une rêverie douce.

- Je suis de votre avis. J’aime beaucoup cet endroit, magnifique et simple, à l’impétuosité contenue. Les jardiniers du Roi font un travail exceptionnel. Il serait dommage de nous en priver, nous qui avons la chance de pouvoir en profiter.

Elle se tourna enfin pour lui faire face, répandant, dans un ce mouvement gracieux, une odeur légère de parfum foral et discret. Une odeur de femme soignée. Elle a tout le plaisir de voir que lui aussi a revêtu de riches atours. Elle ne se souvient pas, d’ailleurs, en avoir jamais vu de semblables. Le tissu, la coupe, les motifs choisis et même ce drapé, souligné par une élégante broche, tout montre le goût de l’élégance de leur propriétaire. Elle a un regard pour son œil cerclé, esquissant un petit sourire modeste, en notant la variation de couleurs qui agrémente le visage de son noble compagnon du jour. Elle tendit alors sa main non blessée, celle qui porte le sceau de sa baronnie, afin que le comte puisse s’en saisir.

- Vous êtes vous-même vêtu avec la dernière élégance. Ces couleurs vous vont bien au teint, Monsieur le Comte.

Elle regarde les alentours, observant qu’ils sont seuls, ce qui apporte un petit plus au moment.

- Il n’y a aucun portrait de moi nulle part, il est vrai que j’aimerais beaucoup voir mes traits figés sur un support, qu’il soit de bois ou de toile. Mais peut-être est-ce vaniteux, d’y songer…Je retiens toutefois votre offre et l’accepte avec plaisir. Quand le printemps sera de retour et que nous pourrons profiter du renouveau de la nature, parmi les fleurs.

La baronne accroche le regard du comte, il n’y lira que de l’amusement, une forme de gratitude et beaucoup de candeur, alors qu’elle vient d’elle-même glisser son bras sous le sien, en murmurant, de la plus subtile des façons :

- Marchons un peu voulez-vous ? Vous deviez m’apprendre à lire entre les lignes, Monsieur le Comte. A moins que…puis-je vous appeler Victor ? Cela paraitrait moins pompeux et moins solennel. Après ce que nous avons vécu hier, il me semble que nous pouvons nous permettre ce petit écart d’étiquette, ne croyez-vous pas ?

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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyLun 18 Mai 2020 - 10:14
Aucun sursaut, nul volte face à l'apparition du Comte de Rougelac dans le dos de la Baronne. Il était de ces personnages qui entrait en scène de façon subtile et peu conventionnelle. La satisfaction de voir un léger frisson parcourir alors la nuque de la Dame d'Hagerth était presque jouissif pour l'intrigant quadragénaire qui avait soigné autant son apparence que son introduction dans cet acte II d'une aventure qui avait prit sa source dans l'endroit le plus insolite qu'il soit. Victor resta interdit de toucher les tissus qui s'offrait à ces doigts, prenant la mesure de la réaction de sa comparse qui continuait de fixer cet arbre aux couleurs chatoyante. Cela augurait des retrouvailles bien intéressantes et religieusement, il écouta la réplique impeccable de la veuve dont le respect semblait transpirer dans son sous entendu.

- Vous avez ce don pour choisir les bon mots Madame la Baronne de Sibran.

Répliqua-t-il lorsqu'elle entreprit de donner son point de vu sur les jardins entretenu par des hommes et femmes sans doute passionnés par la nature et ses trésors. Financement, après ce prélude tout en finesse et légèreté, Esmera se décida alors à se retourner pour faire face à son compagnon de circonstance. Subjugué par cette grâce qu'il n'avait jamais retrouvé après la perte de son épouse, il laissa volontiers ce discret parfum florale éveiller son odorat, le plongeant l'espace d'un instant dans une ivresse des sens dont il s'interdit pourtant de céder à quelques appels à la luxure. Ce n'était ni le moment ni l'endroit et peut-être même que ce n'était point la bonne personne pour cela ? A ce dernier élément, son esprit resta interpellé, se rappelant une fois encore tout les charmes de cette croupe douce et laiteuse qu'il avait failli prendre pour conquête.

Tout deux semblaient avoir attendu ce moment et d'ailleurs leur livret respectives transpirait de bon goût et de richesse, gage certain que l'un comme l'autre souhaitait plaire et se montrer sous son meilleur jour. Mais comme le fit remarquer par un regard suivi d'un sourire la baronne, Victor ne put hélas masquer la présence d'une large imperfection au niveau du visage et plus particulièrement à son œil gauche. L'emprunte laissé par la colère de la veuve y était encore vivace, la variation de couleur portait à croire que la peau luttait à cet endroit pour réparer le tord qu'on lui avait fait subir.

Opportuniste, rendant volontiers grâce à sa condition de noble Dame, Esmera tendit alors sa main valide à son interlocuteur. La saisissant séance tenante, il la porta à ses lèvres pour y déposer un modeste baiser non sans jeter un bref coup d’œil au sceau de la baronnie de Sibran que la dame portait fièrement. A la perspective de poser la silhouette de la baronne sur une toile, la veuve semblait aussi amusée que flatté, devisant sur ce sujet avec modestie.

- Je saurais m'en souvenir lorsque les premiers chants des oiseaux égaillerons ces jardins, chère baronne.

Le ton complice de cette rencontre semblait à présent donné et sous l’impulsion de la mondaine aux mœurs et œuvres caritatives, décision fut prise de flâner au bras du Comte de Rougelac sur les chemins aussi nombreux soient-ils que composait les jardins royaux. Lui rappelant son souhaite de lui accorder le rôle de précepteur en certains art du langage, la baronne reçu en retour un sourire entendu, plus appuyer par la suite par la perspective de briser certains codes de l'étiquette.

- Vous le pouvez, Esméra. Je crois en effet que certaines barrières ont été franchies hier et ce même si cela fut par mégarde. J'aurais souhaité qu'il en fut autrement, mais ne nous attachons plus à ce détails si vous le voulez bien, à moins que vous ayez à redire sur mes rustres manières.

Lui adressant une œillade légère, il ne doutait pas que sa comparse se montre moqueuse et cela serait bien naturel. Il fallait bien dédramatiser cet événement après tout. En cavalier de circonstance, il tira légèrement sur le bras de la noble pour l'inciter à emprunter un chemin qui s'enfonçait plus encore dans une végétation épaisse et arborée, bien loin des axes principaux les plus empruntés par les promeneurs.

- Il vous plairait donc de savoir lire entre les lignes. Rien n'est plus simple si vous prenez le temps de mesurer chaque mot, sa définition première ainsi que son double sens. Les sous-entendus en sont une première pierre à ce vaste édifice. Après quoi, il faut faire travailler votre esprit d'analyse, votre discernement et surtout prendre le temps de la réflexion. Répondre hâtivement vous fera défaut, ou sous une certaine forme de spontanéité. Cet art requiert une forme de vertus et de considération d'un ensemble d'éléments autant verbaux que gestuels.

Il partait dans des explications quelque peu académique, rien ne valait un bon exemple pour que cela prenne tout son sens, mais ce n'était guère évidement de se lancer dans une improvisation sur ce thème bien particulier. Il verrait celons l'humeur et l'envie de sa comparse qu'il tenait toujours par le bras d'ailleurs.
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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyLun 18 Mai 2020 - 14:18
- Il y aurait beaucoup à redire sur vos rustres manières d’hier, tout autant qu’il y aurait à redire sur le langage fleuri que vous avez utilisé. Je pense n’avoir jamais entendu de pareilles choses de toute ma vie. Sans vouloir vous manquer de respect, avouez, Victor, qu’il n’y avait pas besoin de savoir lire entre les lignes pour vous comprendre, si je puis me permettre évidemment…

Comment avait-il dit, déjà ? « Je vais te parler du pays » ? Elle pose sa main finement bandée sur sa bouche, pour dissimuler un léger rire, avant de se rapprocher de lui, la tête presque à hauteur de son épaule. Il n’y a pas de moquerie, aucun sous-entendu. Les paroles prononcées la veille l’amusent, maintenant qu’elle y songe. Et à dire vrai, il y a de quoi rire, on peut sans crainte l’affirmer aussi. Comment un homme aussi racé, élégant et distingué que celui qui se trouve présentement à son bras peut-il proférer de telles obscénités en perdant toute estime de sa personne ? Même sous l’effet du vin, c’est tout à fait extravagant. Un noble comte jurant comme un vulgaire charretier…

- Quoiqu’il en soit, vous avez raison, n’en parlons plus. Cet incident a permis que nous nous rencontrions, fût-ce au prix d’une coloration chatoyante de votre visage et d’une légère blessure à ma main. C’est donc un heureux incident…Comment se porte votre œil, d’ailleurs ? Est-ce encore douloureux ?

Elle le regarde en souriant, l’air espiègle. Il n’y a aucune malice dans ce regard-là, juste une question doublée d’un sincère regret saupoudré de malice bon enfant. Ce faisant, les deux sangs bleus pénètrent plus avant dans les jardins, d’un pas tranquille, disparaissant à la vue de tous au milieu des arbres, des bosquets touffus et des haies soigneusement taillées. Le temps est magnifique, quoique frais. Un temps idéal pour une promenade légère et tranquille entre personne de même éduction. Esméra écoute les conseils du comte, sans l’interrompre une seule fois, comme la personne bien élevée qu’elle est. Attentive, elle suit toutes les explications données par Victor avant de répliquer :

- C’est un exercice qui requiert du tact et une certaine habitude des conversations de salon. Vous savez aussi bien que moi que nos pairs sont à la semblance des requins que les pêcheurs attrapent parfois dans leurs filets : tout sourire, des sourires qui dévoilent des dents prêtes à vous dévorer. Une faiblesse et ils s’y engouffrent, ils vous mettent en pièce en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Et c’est très précisément une des raisons qui me fait fuir ces salons et les mondanités, de manière générale. Je suis hélas bien trop vive pour ne pas m’emporter et avoir un mot malheureux.

La baronne esquisse un sourire en coin, avant d’accrocher son regard gris de tempête sur l’azur de son compagnon de promenade.

- Quand je me sens agressée, je réagis parfois un peu vivement. Et comme je ne voulais pas vraiment prendre le risque de passer pour une sauvage dans ces jolis salons tendus de velours, j’ai préféré rester en retrait. Ce faisant, j’y ai perdu toute la pratique acquise pendant mon enfance à Hagerth puis à la cour de Sibran. Et c’est également ce qui a fait que je ne vous ai pas entendu, pas compris hier, Victor.

Elle s’arrête un bref instant pour contempler un autre bosquet. Il y a là quelques petits oiseaux au plumage bleu, de toutes petites créatures du ciel, cherchant de quoi se nourrir dans les fourrés. Et Esméra adore les oiseaux, elle les regarde donc, en pensant au bonheur qu’ils doivent ressentir à pouvoir voler sans contrainte, libres d’aller où bon leur semble, à toute heure du jour.

- Quel est donc ce discours en demi-teinte que vous avez tenu hier et dont visiblement je n’ai rien compris ? Vous rappelez-vous vos paroles lorsque vous avez séché mes larmes ?

La baronne se tourne vers lui, questionnant sincèrement Victor du regard.

- Voyez comme je manque de pratique, c’est totalement désespérant, vous ne croyez pas, mon ami ?
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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyMar 19 Mai 2020 - 12:55
Contrairement à la vieille, dans le salon de la Baronne, l'évocation des incidents qui avaient amené à la rencontre entre les deux sang-bleu ne semblait plus être qu'un lointain épisode fâcheux dont les souvenirs ne faisaient resurgir plus aucune animosité, plus aucune rancœur, seulement de l'amusement et une certaine forme d'autodérision dont le principal acteur, Victor de Rougelac, considéra les paroles de sa semblable avec légèreté. Il n'était que trop vrai qu'un individu de son rang ne pouvait se vanter de telles manières et d'un verbiage qui aurait fait volontiers se retourner ses aïeux dans leurs tombes.

Adressant ainsi un sourire entendu à l'adresse de sa comparse, l'heure n'était plus à la joute ni à toute sorte de fierté mal placée. Lui accordant le crédit de ses conclusions, le Comte s'employa alors à quelques aveux avant que le duo ne ce décide à clore définitivement cette bavure qui avait au moins eu le mérite de les rapprocher et qui malgré la violence d'une sentence gravée de manière éphémère sur le pourtour de l'oeil du coupable, semblait trouver l'inquiétude de son bourreau en jupons.

- Je clame mon entière culpabilité dans cette affaire et m'excuses que vos chastes oreilles ai pu entendre de telles inepties. Je gage à l'avenir vous promettre de ne plus vous parler de la sorte et rester suffisamment sobre pour ne jamais plus vous confondre avec quelques filles de joie. Mon œil s'en remettra, même si je vous l'accorde, j'y ressent encore une vive gêne. Cela aura le mérite que mon esprit soit acquis à votre cause.

Ainsi donc, de manière bien habile, Victor confirma que ces pensées depuis la veilles étaient toutes tournées vers la veuve qu'il côtoyait à travers le jardin aux couleurs automnales. Devait-elle lire entre les lignes ? Lui offrait il un exemple, aussi simpliste soit-il ? Pour sûr. Chemin faisant alors que la malice, l'espièglerie et la bon humeur se lisaient sur le visage et sur les mots de la jeune femme, les deux promeneurs s'esseulèrent jusque dans une zone moins touristique des jardins, laissant libre cours à quelques confidences qui permettaient au Gouverneur de Sombrebois de cerner et mieux comprendre la veuve.

- Comment ne suis-je point vous comprendre. Nous œuvrons, nous vivons dans un mon de requins. Là où les petites gens sont sans surprises dans leurs intentions, la Haute et plus particulièrement les sphères mondaines, transpirent de faux semblants et de duperie. J'entends votre opinion et je la partage mais... je suis hélas le parfait archétype de ce que vous venez de décrire.

Il lui adressa un regard sincère ampli d'aveux et de compassion, captivé par ce regard gris tempête qui ne semblait cesser de soutenir son propre regard azur.

- J'ai passé des dizaines et des dizaines d'années à aiguiser cet art. J'ai d'ailleurs affirmer mon rang grâce à cela. A... tirer profit des faiblesses de mes semblables, à obtenir ce que je veux par la duperie et la manipulation. Ne me jugez pas pour cela je vous prie. À l'inverse de nombres de mes semblables, mes armes de sont point fait de fer ou d'acier, mais de mots, de chantage et d'influences.

Esmera semblait donc se porter garante d'une certaine forme de naïveté acquise par la perte de certains aspects de son éducation d'antan. Elle avait le mérite d'expliquer pourquoi elle paraissait si discrète dans les soirées et banquets mondain. Comment lui reprocher cela ? Avait elle raison pour autant de bannir de sa vie un aspect essentiel de sa condition de noble Dame ? Victor ne semblait pas vouloir polémiquer sur le sujet afin d'éviter une nouvelle mésentente, mais certains traits sur son visage semblaient trahir cette amer pensée. La baronne par cet instinct d'autodéfense, se mettait à l'écart des intrigues de cours et en quelque sorte n'excluait de sa famille sociale au sens large du terme.

- J'ai la conviction que vous pourriez trouver un compromis et ainsi retrouver vos racines dans la mesure de l'acceptable.

Quelques idées lui traversèrent l'esprit dont une plus vivace que les autres seulement il ne pouvait encore l'exprimer de vive voix car cela serait lourd de conséquences et bien trop hâtif car il avait encore besoin de mieux connaître la Dame d'Hagerth. Chaque chose en son temps. Plongé alors dans quelques pensées, Victor en fut tirer par la voix de la joli brune qui avait cessé le pas près de bosquets où déambulaient une race d'oiseau au plumage bleu. La suivant alors du regard, il fut interpellé par Esmera sur un sujet justement qui rongeait son esprit depuis la veille.

- Je m'en rappel, bien entendu. Mes intentions n'étaient points de vous faire de la peine. J'essayais de vous faire comprendre que malgré les apparences, mon arrogance et une certaine forme de fierté déplacé, j'ai beaucoup d'estime pour les femmes. Cela prête à sourire après ce que je vous ai montré dans ce bordel. Comme je vous l'ai déjà dit, j'ai la profonde conviction que les femmes sont bien plus redoutables et rusés que le sont les hommes. Nous sommes trop crédules et nos faiblesses sont aisément exploitables. C'est pour cela que contrairement à ce que vous pouvez penser, j'attache une place d'importance au rôle d'une femme. Chacune de mes fiancées, épouse ou maîtresses m'apporter ce quelque chose qui me faisait me sublimer. Je vous ai blessée hier pour vous faire comprendre toute la dérision de vos paroles à ce sujet.

Alors qu'elle se tourna face à lui dans un aveux malhabile, Victor posa un index sur les lèvres de la baronne dans un sous entendu qu'elle comprendra certainement.

- Taisez-vous. Ne dite pas de sottise car voila une attitude que je qualifierais de défaitiste. Vous manquez peut-être de pratique mais pas de détermination. Vous êtes loin d'être une cause perdue et je gage que nous pourrons nous entraider pour chacun combler certaines de nos lacunes.
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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyMar 19 Mai 2020 - 21:51
- Comment pourrais-je vous juger, Victor ? J’ai moi aussi usé de ces armes propres à notre rang pour obtenir ce dont j’avais besoin. Ainsi que vous le dites, il suffit de savoir tirer parti des faiblesses de ceux qui nous entourent s’ils sont trop sots pour s’y laisser prendre.

Si le comte pensait avoir affaire à une naïve jeune femme, ces paroles prononcées en toute connaissance de cause lui ôteront tout doute à ce sujet. Esméra a certes des lacunes, essentiellement issues de son manque de fréquentation des cercles mondains, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’elle est naïve comme une jeune brebis lâchée dans une fosse aux lions. La baronne a des griffes et des crocs et elle sait très bien s’en servir. Elle possède un charme naturel et une beauté exquise ce qui en fait un objet de convoitise parmi ceux qu’elle côtoie sans leur avoir jamais cédé quoique ce soit. Et de cela aussi, tout particulièrement, elle sait admirablement se servir. Une promenade, une conversation, parfois un baiser sur une main concédée…La baronne recevait en échange de menues choses qui servaient à l’entretien de sa personne comme celui de ses serviteurs. Conjugué à ce qu’elle reçoit parfois en échange de leçons, en sus de que rapporte Etienne après ses missions, la maison reste entretenue, la baronne est modestement mais proprement vêtue, toujours, et il y a un repas sur la table tous les jours. Elle vit chichement, pour une dame de noble sang, mais elle vit la vie qu’elle veut. Et cela…n’a pas de prix.

Elle n’a jamais cédé quoique ce soit d’autre à un noble sang. La baronne avait renoncé depuis de longues semaines à trouver parmi cette population de l’esplanade quelqu’un qui saurait la mettre en valeur et la comprendre, comprendre son besoin de liberté, comprendre son besoin de se dépenser, comprendre son envie de savoir manier une arme, son envie de braver les interdits. Alexandre de Terresang avait mis des semaines à appréhender toute la complexité de sa personnalité et encore n’avait-il pas tout vu.

Esméra porta un regard tranquille sur son compagnon de promenade. Qu’en sera-t-il de Victor de Rougelac ? Il n’est pas du tout le genre d’homme à s’y laisser prendre, justement. Il a même parfaitement tout compris lorsqu’il s’est retrouvé dans ce petit salon de dame, à deviser tranquillement devant les flammes. Comme dirait les petites gens, on ne la fait pas à Rougelac. La baronne connait sa réputation, les rumeurs qui circulent à son propos, ses manigances, ses mariages malheureux, ses histoires de cœur avortées, son goût pour la débauche et les alcools forts. Elle sait aussi qu’il est probablement la référence absolue en matière d’influence, de manipulation et autres joyeusetés de cet acabit. Le bon sens, la logique voudrait qu’elle reste loin de lui. Qu’elle le garde à distance raisonnable. Et il n’en est rien. Pourquoi ?

Parce que la baronne a vu quelque chose chez le Comte qu’elle n’a vu chez personne d’autre : une capacité de résilience et de réel amendement. Une lueur dans son regard, teintée de vraie compassion et de bonté. Même s’il ne s’agit que d’une lueur, il n’en faut pas plus à la baronne pour comprendre qu’il y a deux Victor de Rougelac. Il y a celui que tout le monde connait et qui s’évertue à entretenir ce masque détestable pour garder son influence intacte, un masque nécessaire à sa survie et qui l’oblige sans doute à commettre des actes que la morale réprouve. Et derrière cela, il y a Victor. L’homme. Et c’est cet homme qu’elle a vu la veille, dans son salon, alors qu’il séchait ses larmes si délicatement. C’est cet homme là qu’elle a choisi de revoir aujourd’hui et il s’avère qu’elle ne s’est pas trompée. Quand il ne joue pas au Comte tout puissant, Victor est un homme charmant. Tout à fait charmant.

Cessant son observation peu orthodoxe de son compagnon, elle répondit, amusée à demi :

- L’Esplanade n’accepte pas les compromis, Victor. Mais…Le défi semble raisonnable. Peut-être qu’avec votre concours, je parviendrai à triompher de ce petit défi, justement.

Elle allait répondre quelque chose à son noble vis-à-vis mais ce dernier l’en empêcha d’un geste doux, plaçant son doigt sur ses lèvres pour la faire taire. Esméra sortit alors sa main finement bandée de sous sa cape et vint, avec la même délicatesse, blottir sa main dans celle du comte, l’obligeant en douceur à ôter son index de dessus ses lèvres.

- Victor…Je sais tout cela, j’ai compris hier soir en rentrant du temple, après y avoir songé toute la journée, et ce dès votre départ. Si j’ai laissé mon empreinte sur vous par mes gestes, vous avez laissé la vôtre en mon esprit par ces paroles que vous avez prononcées. Je voulais juste…vous entendre les redire.

La baronne sourit d’un air espiègle tout en le regardant avec gentillesse. Elle ne repousse pas sa main, elle la garde dans la sienne, serrant ses doigts sur ceux du Comte, autant que le lui permet le petit bandage de tissu fin qui enserre la base de ses doigts et sa paume.

- Une petite friponnerie de dame, sans doute. Une friponnerie qui me permet de voir à nouveau celui que j’ai rencontré hier. Victor. Et non pas le comte de Rougelac. Victor, l’homme que j’ai vu brièvement dans mon salon, celui qui a séché mes larmes avec une douceur exquise. L'homme qui est encore à mes côtés aujourd'hui.

Les petits oiseaux se sont envolés au mouvement d’une branche secouée par le vent. Des feuilles tombent un peu partout autour des deux nobles sangs qui sont arrêtés sous un arbre immense.

- Quelles lacunes pourrais-je vous aider à combler, mon ami ? Vous semblez maîtriser vos paroles, vos actes, toute votre existence avec aisance. Bien mieux que je ne le ferai jamais.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyMer 20 Mai 2020 - 7:18
Aux révélations de la Baronne de Sibran, tout portait à croire qu'elle était loin d'être aussi naïve qu'aurait pu le penser le Comte. Pire, Esmera venait d'user d'un perfide stratagème pour retrouver, revoir, apprécier à nouveau la face cachée du mondain. Lui qui par nature, par soucis de préservation, par réputation s'efforçait de faire paraître en toute circonstance l'homme manipulateur et influent, ce rôle qu'il s'était construit de longues années durant, voilà qu'en quelques mots, quelques gestes, quelques attitudes savamment choisit par la veuve, il laissait entrevoir l'homme de bonté que son âme possédait.

La donzelle l'avait même incité à exprimer ce qu'elle avait déjà entendu la vieille par pur plaisir, se qualifiant alors de friponne pour avoir ainsi chercher à duper son semblable. Quelle garce ! Oui, quelle garce ! Mais ô combien cela ne dérangeait guère plus le Gouverneur de Sombrebois aussi paradoxale que cela puisse être. Esmera n'était donc pas dénuée d'armes pour œuvrer dans les intrigues de cours, elle venait d'en faire na preuve dans ce cadre de verdure aux notes chaudes qui contrastait avec cette fraîcheur ambiante qui n'allait cesser de s'intensifier dans les semaines et mois qui viendraient.

Rougelac posa alors sur la Baronne un regard nouveau alors qu'elle avait habilement chasser de son visage ces doigts insolents pour les piéger alors dans le creux de sa main meurtrie. Un tel geste n'avait rien d'anodin, une marque d'affection certaine sinon qu'en aurait-il été autrement ? Il laissa volontiers sa comparse de promenade reprendre la main dans ce jeu étrange ouse mêlait aveux, duperie et tendresse. Que cherchait-elle exactement ? Il n'en savait rien pour l'heure. Avec une profonde modestie, la Dame d'Hagerth fini par concéder qu'elle n'avait idée de comment l'aider, le jugeant parfait dans sa condition de mondain. Et pourtant, il n'en était rien et Victor eut alors la sensation que la baronne usait une fois de plus d'une certaine fausse naïveté. D'un regard azur, il lui fit comprendre qu'il n'était pas dupe, avant de lui donner la réplique.

- Nul homme ne peut se targuer d'être parfait. Croire être en capacité de maîtriser son existence n'est que pure utopie et vous le savez Esmera. J'ai besoin de vous pour...

Il s'interdit de continuer, se mordant la lèvre inférieure pour ne pas se tenter d'aveux qui serait aussi présomptueux qu'hâtifs a l'endroit de cette femme qu'il ne connaissait que depuis la veille. Il se décida alors à lisser ses émotions pour ne pas tomber ni succomber au pouvoir d'attractivité de cette veuve qui commençait à d'insinuer dans son esprit jusqu'à son cœur.

- J'ai la richesse, le confort et la sécurité. Seulement, certaines décisions m'ont coûter quelques remontrances auprès de mes pairs. J' aspire à plus de notoriété, à laisser mon emprunte dans les livres d'histoire. Mon modeste empire tombera un jour sous la coupe du Roi comme je n'ai nul héritier légitime, alors autant faire de mon mieux pour devenir célèbre et me faire aimer et craindre à la hauteur de mon personnage.

Ainsi il évita abruptement de laisser croire qu'il venait de céder aux charmes de la donzelle et de lui exprimer cette idée naissante qu'elle pourrait incarner le parti qui lui permettrait de se sublimer. Il était trop tôt pour cela, bien trop tôt. La baronne semblait en effet posséder griffes et crocs et qui sait ce qu'elle cherchait réellement à obtenir sur ce masque de gentillesse et de douceur mêlé à une forme d'espièglerie bien habile.

Une feuille a la teinte brune orangée vint alors choir sur les mains entrelacées du couple de circonstances, fallait il y voir une signe des Trois ou n'était-ce qu'une coïncidence parmi tant d'autres ? Fixant sa comparse, le Comte fini par conclure.

- Qu'importe. Je suis certains que vous saurez un jour m'aider. Peut-être pour la première fois, je ne qualifierais pas cela d'une dette. Mon aide sera sans contrepartie si cela vous sied.


Mais était il sincère ? Lui le talentueux dans l'art de la manipulation ? Il était complexe de cerner ses réelles intentions. En tout cas, il portait une estime bien différente du commun à cette Baronne à l'apparence pieuse et dévouée aux plus démunis.
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyMer 20 Mai 2020 - 14:08
Hochant la tête en écoutant le Comte, Esméra ne le quitte pas un instant des yeux, un regard gris de tempête scrutateur et doux à la fois, prêt à fouiller son âme s’il lui en laisse l’opportunité.

- Si je vous suis bien, Victor, vous avez besoin de mon concours pour adoucir votre réputation ?

Esméra esquissa un sourire franc, enjoué, sans aucune duperie ou dissimulation.

- Vous m’honorez, mon ami.

La baronne serra une dernière fois les doigts du comte avant de regarder cette feuille qui vient de les couvrir. Certains y verront un signe des Trois, d’autres n’y verront qu’un charmant hasard. Quoiqu’il en soit, la baronne gardera pour elle son interprétation de la chose avant de défaire son étreinte des doigts de son compagnon de promenade.

- Je n’ai pas besoin de contrepartie de votre part, Victor. Je le ferai pour vous. Pour rien. Parce que j’en ai décidé ainsi.

Sans plus se soucier d’une quelconque inconvenance, elle reprit familièrement sa place à son bras, avant d’initier une nouvelle marche, les yeux pétillant de joie sincère.

- Il y a tant de façons de redorer votre blason, mon ami ! Il y a tellement de choses à faire pour servir notre Roi et pour servir Marbrume ! Vous pourriez user de votre notoriété pour faire tant de biens, tant de choses ! J’ai mille idées à la seconde, Victor, vous n’imaginez pas !

Esméra est toute pétillante à ses côtés maintenant, grâce aux perspectives qu’elle entrevoit, non pas pour elle mais pour l’intérêt général et celui du Comte de Rougelac. Elle ressemble à une enfant recevant une jolie poupée, elle est tout simplement heureuse d’avoir l’attention de quelqu’un d’aussi puissant que Victor, d’avoir son oreille, au moins pour le temps de cette promenade. Grâce à lui, le quotidien de tant de gens pourrait être amélioré, des familles entières pourraient retrouver le sourire, des enfants pourraient à nouveau recevoir un peu de soin, de l’attention ! Si par ses paroles et ses convictions, elle parvient à glisser une idée ou deux en faveur du peuple, alors elle n’aura pas agi en vain.

Elle parle, tout en montrant la ville en contrebas, d’un geste doux, tout en continuant de marcher sous les arbres, sans qu’aucun témoin ne vienne troubler leur échange.

- Si vous pouviez venir avec moi un jour, sortir de votre demeure, pour m’accompagner quand je vais distribuer ce que je peux récolter ici et là ! Votre œil habitué à contempler les âmes humaines pourrait alors voir tout ce qu’il y a à faire…Mais…

Elle s’arrête subitement et le regarde, avant de passer doucement son index sur son torse, soulignant le drapé qui souligne sa silhouette, amusée par cette perspective de partager un tel moment en sa compagnie.

- …mais avec d’autres habits. Plus modestes. Les gens sauraient qui vous êtes en portant de pareilles tenues et manqueraient de naturel, de spontanéité. Supporteriez-vous une telle sortie, Victor ?

Elle est tout à fait sérieuse. La baronne est pleine d’entrain, l’idée lui semble excellente, pour qu’il puisse se rendre compte par lui-même de quoi il retourne là en bas.

- S’il vous plaîîît…dites oui !
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyMer 20 Mai 2020 - 15:01
Inutile de l'avouer, Victor semblait conquis par ce petit brin de femme au sourire franc et au regard hypnotique. Esmera venait très certainement de comprendre ce dont avait besoin son noble compagnon de balade. Il y a de cela une demi année, une proposition similaire avait été faite par une certaine Idalie d'Auvray, seulement cette dernière n'avait su passer outre l'arrogance et les mots déplacés du personnage qu'incarnait le Comte de Rougelac et l'on ne pouvait pas lui en vouloir. La baronne de Sibran avait quant à elle eut le mérite d'approfondir sa découverte du sulfureux mondain et avait su déceler un cœur de chair derrière celui de pierre.

Lui accordant un large sourire, le Gouverneur de Sombrebois commençait à offrir sa confiance à l'endroit de la veuve à mesure de leurs échanges. Intérieurement cela lui faisait un bien fou, même s'il redoutait toujours que des complications puissent survenir. Apres tout, il n'avait jamais été chanceux en amour... mais... non vous n'avez rien lu !!! Il serait trop hâtif de parler de sentiments envers cette jeune femme encore vierge d'héritier... mais... non vous n'avez point lu cela également ! Ne vous méprenez pas !!!!

Mais revenons à nos moutons, s'il y avait des signes qui ne trompait pas, il ne servait à rien de mettre la charrue avant les boeufs, ce qui nous rappelle une vague histoire de charette et de Simone... hum... Toujours est-il que ce second rendez-vous tenait toutes ses promesses. Esmera se proposait à aider Rougelac de manière totalement désintéressée, une marque de bonté mais de naïveté aussi, à moins que cela ne cache autre chose. Retrouvant alors le contact du bras de la donzelle contre le sien, le duo papillonait dans ce vaste jardin qui leur offrit même une vue imprenable de la cité en contre bas, moment parfait pour la Dame d'Hagerth de concrétiser ses espoirs et ses aspirations afin de redonner une certaine forme de splendeur à ce gouja de trousseur de jupons.

Mais voilà, la condition imposait qu'il se montre plus humble et n'arbore aucune signe extérieur de richesse. Offrant une moue quelque peu contrariée à l'endroit de la veuve, comment pouvait il refuser à cette petite frimousse qu on aurait cru retombé en enfance, ce qu'elle lui proposait ? Elle était pleine d'entrain et lui refuser cet élan de force de proposition signerait sans nul doute une transformation sur ce rayonnant petit minois.

- Bien... bien... je ferais un effort.

Il n'avait évidemment pas manquer ce contact contre son torse aussi subtile et délicat soit-il. Fixant longuement ce doigt insolent qui se permettait avec délice de parcourir ses courbes finalement musclées de mondain peu adepte de l'armure de plate, il releva le menton et plongea son regard azur sur sa comparse.

- Vous m'aiderez alors à choisir une tenue plus appropriée ? Cela me semble un compromis équitable ? Vous devrez également m'indiquer à l'avance le programme exacte de cette journée. Car tout ceci n empeche que j'ai des détracteurs et je me dois d'assurer ma propre sécurité, aussi discrète sera-t-elle.

Il évoquait evidement la présence de ces hommes de main qui le surveilleront de loin en se fondant dans le paysage.
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Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyMer 20 Mai 2020 - 21:10
Un éclair de joie non feinte, totalement sincère, illumine le visage de la baronne. S’ils n’avaient été en plein milieu des jardins royaux, il ne fait aucun doute qu’elle aurait battu des mains ou qu’elle lui aurait sauté au cou pour le remercier de bien vouloir accéder à sa requête. Au lieu de cela, les yeux luisant de joie, elle fit une petite révérence pleine de grâce pour lui montrer à quel point son accord était apprécié. Très apprécié.

- Je me réjouis déjà de vivre cela en votre compagnie, mon ami.

Elle soutint son regard, sourire espiègle et pommettes rosies par la fraîcheur du vent.

- Vous aider à choisir ? Oui, je peux faire cela, évidemment, c’est bien la moindre des choses si vraiment vous êtes sans aucune inspiration. Vous savez Victor, il suffit de prendre les vêtements les plus modestes de votre penderie, il est inutile de vous promener en guenilles…Juste…Eviter les brocarts et les velours, comme je le fais. Mais soit ! Il vous suffira de me dire quand vous aurez besoin de mon avis sur ce point et de me faire mander, nous sommes presque voisins, après tout, la route n’est pas très longue jusqu’à votre résidence.

La conversation toute simple, sans faux semblant, qu’ils sont en train de tenir est un bienfait total pour la baronne. Cette dernière n’a pas tellement l’occasion de parler à cœur ouvert avec les gens de sa caste et à raison. Le fait de tout simplement pouvoir discuter, et même s’accorder sur un tout petit projet de rien du tout, cela lui redonne un peu de confiance en l’espèce humaine. Elle a suggéré, il a écouté et, in fine, il a accepté, avec des conditions tout à fait raisonnables. Le sourire ne quitte plus le visage de la baronne.

- Je vais vous montrer, accompagnez-moi.

Elle replace à nouveau son bras sous le sien pour l’amener à l’extrémité des jardins, vers ce petit promontoire qui surplombe la ville. Le spectacle est saisissant. En cette saison, les après-midis sont courts et on peut voir, en bas, les petites torches s’allumer les unes après les autres. Elle tend un bras et montre une zone précise, près du port, là bas au loin. Frissonnant quelque peu sous l’effet du vent, elle serre un peu plus sa cape contre elle et murmure :

- Là. C’est là que j’ai pu voir la pire misère qui soit. Je n’ose m’aventurer plus loin, l’endroit n’est pas bien sûr pour une dame. Il y a là bas des petits enfants sans parents livrés à eux-mêmes, dans un tel état de déprivation qu’on en arrive à se demander s’ils sont bel et bien humains…

Elle tourne son visage vers le Comte et murmure à nouveau:

- Cela ne sera guère long, je vous le promets. Une heure tout au plus, le temps pour vous de voir et de prendre la réelle mesure de ce qu’il se passe. Je vous assure Victor que vous pouvez faire de grandes choses là-bas. De très grandes choses.

La baronne lui sourit gentiment tout en l’observant, comme si elle détaillait tous les traits de son visage. A un mouvement qu’il fit pour la regarder et pour ne pas être surprise en pleine observation assez inconvenante, elle détourna rapidement la tête pour regarder à nouveau la ville, un peu gênée soudain, son bras accroché à celui du Comte.

- Je suis heureuse que vous ayez accepté. Et…Je suis heureuse d’avoir la chance d’apprendre à vous connaître davantage, Victor.


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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyJeu 21 Mai 2020 - 6:56
L'affaire était donc entendu sous une joie non dissimulée de la Baronne de Sibran. Un enthousiasme tel que le Comte de Rougelac en restait presque quelque peu interloqué. Si pour lui, une telle démarche semblait presque anecdotique, tout portait à croire que pour la Dame d'Hagerth, il s'agissait là d'un formidable élan de générosité qui l'aidait plus que de raison à sa cause. Non sans poser une condition qui ne semblait guère trouver quelques réactions de prudence de la part de sa comparse, Victor venait d'obtenir de façon bien habile, une occasion d'affiner la naissance d'une relation plus intime que le voulait l'étiquette. S'arrogeant les services de la veuve en qualité d'aide vestimentaire, il souriait intérieurement de cette perspective d'un moment de complicité au sein même de son manoir dénuée depuis plusieurs mois maintenant d'une présence féminine de haute condition et qui sait ce qu'il allait bien pouvoir manigancé en profitant de la joie et la naïveté de la donzelle.

Esmera parlait à cœur ouvert, sans faux semblant et pourtant si son noble compagnon de balade en faisait de même dans les grandes lignes, il semblait préparer une fourberie, une de plus, afin de gagner plus que la sympathie de la jeune femme. Se faisant, et sous les traits joviales qui faisaient rayonner ce joli petit minois, le mondain se laissa volontiers entraîner jusqu'à un endroit des jardins qui surplombait la cité. Là, la noble en profita alors pour exprimer toutes ses craintes devant l'endroit en contre bas où elle souhaitait œuvrer pour offrir un peu de réconfort à des enfants des rues dans un quartier de Marbrume réputé malfamé. Il était en effet dangereux pour une femme seule de s'y aventurer et après avoir recroiser le regard de son complice, Esmera lui assura que son aide lui serait profitable. Songeur l'espace d'un instant alors qu'elle l'observait en toute gentillesse, le regard du sang-bleu se perdit vers ce dédales de ruelles sont il n'avait que rarement foulé pavés, à part pour formanter quelques bas complots. Il opina alors d'un hochement de tête pour ensuite reporter son attention sur la baronne qui soudainement détourna le regard, comme pour tenter d'éviter de trahir quelques émotions à l'endroit du Comte.

- Je suis heureux de vous avoir à mon bras, Esmera. Cela fait fort longtemps que je n'avais pas trouver une certaine forme de sérénité auprès d'une de mes semblable. Mon mariage avec la Dame de Rougesoleil eut été des plus houleux et... mais je m'égare. Continuons encore quelques minutes à profiter de ces jardins et pensez à convenir d'un jour pour nous rendre auprès de ces enfants.

Apres quelques attentions pour resserrer la cape de la baronne et la protéger du froid tandis que le soleil déclinait, Rougelac initia la reprise de leur balade qui menait le duo à retrouver des artères plus populaire des jardins royaux. Il ne semblait d'ailleurs nullement gêné de s'afficher au bras de la veuve devant quelques nobles marbrumiens qui déambulaient de ci de là. Certainement quelques rumeurs allaient dès le lendemain se propager sur l'Esplanade, quelques rumeurs de plus dans un océan de mots.

- Que me conseillerez-vous d'apporter ? Un peu de tissus et de la nourriture, comme pour la dette que je me dois de solder suite à mon imprudence d'hier ? Dite moi et je m'efforcerai de réunir tout ce dont nous aurons besoin.

Ils marchèrent encore de longues minutes durant, devisant, jusqu'au crépuscule s'il le fallait mais Victor souhaitait profiter le plus longtemps possible de la présence de la Dame d'Hagerth. Ses hommes et certainement la sentinelle de la Baronne les attendaient aux portes des jardins et il se savait donc en sécurité à toute heure de la journée.
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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyJeu 21 Mai 2020 - 22:34
La baronne est tout simplement heureuse. Ce n’est pas bien compliqué de la faire sourire, en fin de compte. Il suffit de lui accorder un peu de crédit et lui dire que ses idées ne sont pas si mauvaises. Faire la charité, faire du bien à ceux qui sont bien moins lotis qu’eux en est une. Celle qui dirige sa vie, pour l’essentiel. D’accord, elle n’a pas toujours suivi des chemins vertueux pour ce faire, mais peu importe. La fin justifie les moyens. La situation est ici totalement différente. Quelqu’un l’a écoutée et a accepté de la suivre. C’est…énorme.

- Cette sérénité est partagée, mon ami. Elle est partagée, soyez-en sûr.

Elle eut un petit sourire charmant alors qu’il a quelques égards envers elle, serrant mieux sa cape pour la protéger du froid. Son bras sous le sien, elle rejoint, en sa compagnie, des allées bien plus fréquentées. Les regards glissent sur eux, évidemment. Peu habituée à être ainsi mise en lumière, la baronne tâche de rester digne et de ne pas prêter attention à ces regards scrutateurs. Nul doute que le Comte les a aussi remarqués et loin de s’éloigner d’elle, il reste à son bras, bien à côté de la baronne, se fichant visiblement de ce que pourraient penser les gens. La baronne, elle, se rapproche du Comte, peu à l’aise.

- Tout le monde vous regarde, Victor. Ils doivent se demander…se demander ce que vous faites là en ma compagnie…

Il y a sans nul doute de bien plus jolies femmes et de bien plus riches héritières qu’elle, sur cette Esplanade, des compagnes d’une autre qualité, des compagnes plus dignes d’un homme tel que lui. Elle avise soudain deux hommes, appuyés contre un muret. L’un d’eux pousse l’autre d’un geste du coude avant d’aviser Esméra et de sourire. D’abominables sourires remplis de sous-entendus tout en regardant le Comte. Rouge jusqu’à la racine des cheveux, elle ne dit rien pourtant, elle trace son chemin en tâchant de répondre à Victor, troublée et mal à l’aise.

- Nous ne nous chargerons que d’une famille…une petite famille que je connais bien…Une maman et ses deux petits garçons. J’ai soigné l’un d’eux récemment, ce sera pour vous l’occasion de voir…de voir à quel point…tout est difficile, quand on quitte ce bel endroit. Je…

Elle ignore superbement les deux inconnus, avant de poursuivre, se rapprochant de Victor pour dire, à voix basse :

- Je pense que si parmi vos domestiques il s’en trouve une qui pourrait se défaire d’une vieille robe, par exemple…Ou d’une chemise ou deux, pour avoir de quoi en tailler pour les deux petits. De quoi couvrir leurs jambes aussi, peut-être un peu de vieux cuir, pour leur tailler des chaussons. Ils sont pieds nus…Un peu de nourriture. Des petits chiffons pour faire des poupées. Le petit jean n’a pas de vrai jouet, il n’a que des bouts de bois et des cailloux…François jouera avec lui. Ne prenez rien de trop voyant, rien de trop lourd, rien qui ne pourrait susciter…une trop grosse convoitise. L’hiver approche. Les gens vont avoir du mal, beaucoup de mal…

A force de parler tout en marchant, ils reviennent à leur point de départ, Esméra marque donc un arrêt, quelque peu indécise. Doivent-ils en rester là ? Que faire maintenant ? La baronne apprécie la compagnie du Comte, sans aucun doute. Cela étant, le froid commence à se faire sentir et le crépuscule s’annonce. La baronne regarde la fontaine avant de le regarder, lui, en silence, mais avec un sourire doux et aimable. La bienséance voudrait sans doute qu’elle esquisse une ravissante révérence avant de le remercier pour la promenade et de rentrer chez elle en toute hâte mais…

- Oserais-je vous inviter à prolonger cette conversation devant un bon feu en ma modeste résidence ? Ou peut-être avez-vous quelque obligation qui vous en empêche ?

Elle penche légèrement la tête, tout en relaçant sa cape de manière à être totalement dissimulée afin de se protéger du froid.

- Je ne voudrais pas vous empêcher de vaquer à vos occupations, mon ami. Je souhaite juste...prolonger ce moment.


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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyVen 22 Mai 2020 - 7:37
Esméra était une jeune femme d'une grande politesse, une générosité incontestable et elle affirmait cette commune qualité avec le Comte qui avait évoqué, exprimé, ce sentiment de calme et d'apaisement qui procure un état de bien-être enivrant dans une durée indéterminée. Plus le temps passait, plus Victor avait la sensation que la donzelle partageait la naissance de sentiments que lui semblait ressentir en lui. Lui adressant un sourire entendu et complice, ils gagnèrent alors des allées plus fréquentes du jardin où évidemment certains voir nombre de regards se portèrent sur eux.

Beaucoup connaissaient le Comte de Roueglac mais la Baronne elle n'était pas aussi connu de ses semblables et cette gêne de se sentir épiée et peut-être raillée la rendait mal à l'aise et elle ne manqua pas d'en exprimer de manière bien habile ce ressenti qui ne semblait nullement gêné son cavalier des jardins. Le mondain avait également pu entrevoir furtivement, appuyé à un muret deux hommes dont les sourire à l'endroit de la Dame d'Hagerth semblaient sans équivoque et il fut bien satisfait de constater qu'elle maîtrisa ses nerfs, un effort qui ne passa point inaperçu auprès du Gouverneur de Sombrebois.

- Si ma compagnie vous importune, je peux vous rendre votre bras Esméra. Croyez bien que je sais ce que je fais. Mais je comprendrais que vous ne voudriez être complice de rumeurs et ragots qui naîtront peut-être sur l'Esplanade après que nous nous soyons affiché ainsi.

L'homme avait de l'allure et il ne semblait absolument pas fébrile, il était même fier et sa démarche semblait presque altière. La dame d'Hagerth décida de garder le bras de son comparse, signe donc qu'elle acceptait certains risques en s'affichant de la sorte avec le légendaire intrigant Rougelac. Mais elle était assignée à une mission presque divine auprès des plus défavorisés et ne manqua pas de garder le fils des événements et plus particulièrement de la conversation qui avait mené au projet d'enrôler le mondain durant l'une de ces mission dans les bas quartiers. Comme son noble compagnon de promenade souhaitait des détails et s'intéressait à l'affaire et à la contribution qu'il pouvait apporter, il obtenu satisfaction et songeur, il réfléchissait déjà à ce qu'il pourrait bien réquisitionner au Manoir.

- Je devrais avoir cela et ne prendrais que le strict nécessaire comme il vous sierra. J'ai également des pièces d'étoffes de plus noble qualité. Je sais que ce ne sera point approprié pour des gens des rues mais... la garde robe de la Comtesse est encore intact dans ces appartements depuis son décès.

Il eut un souvenir plein de mélancolie pour Adelaide avant de se reprendre et se rendre compte qu'ils venaient de revenir au point de départ. S'il n'était biensure pas réellement encore touché par la précarité de cette famille dont il allait apporter un peu de joie, il devait volontiers honorer que la Baronne de Sibran lui propose de prolonger leur entrevue à sa résidence. Deux fois en deux jours, cela laissait à penser quelques sous entendus dont le principal résidait en le fait que la veuve appréciait plus que de convenance le sang-bleu qui lui tenait le bras.

Devant cette fontaine que la jeune femme avait prit pour objet de recueillement ou plus exactement de méditation à l'endroit de son illustre acolyte, Victor s'employa à resserrer légèrement son étreinte du bras comme pour lui indiquer les prémisses d'une réponse favorable.

- Je vous invite à oser madame. Nul doute que vous recevrez un accord sans l'ombre d'une hésitation. Ne vous souciez pas de mes obligations et occupations. Certaines affaires de moindre importances attendrons. Ma priorité est la vôtre madame.

Lui adressant un charmant sourire, il venait de lui avouer qu'il remettait à plus tard certaines obligations, concédant par le fait toute l'importance que la compagnie de la Baronne de Sibran possédait à ses yeux. C'était un enseignement plutôt fort qu'elle pouvait donc comprendre en retour des mots du Comte, prêt à mettre certaines choses en suspens pour prolonger ce moment en sa compagnie.
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2]   ...tout peut arriver [PV Victor de Rougelac] - [2/2] EmptyVen 22 Mai 2020 - 21:30
L’enseignement est parfaitement assimilé, même s’il est assez déroutant, pour la baronne, de passer avant quelques obligations ouvertement avouées. Elle n’a pas vraiment été habituée à ce type de traitement, toujours mise à l’écart, un pas derrière son époux, quand il ne levait pas la main sur elle dans l’intimité froide de leur chambre conjugale. Esméra n’était qu’un bel objet parmi la collection de Philippe de Sibran, un bel objet qui devait se taire et être beau. Rien de plus. Le fait que le Comte ait ce genre de délicate prévenance la fait sourire, un vrai sourire de reconnaissance souligné par un regard espiègle et doux à la fois.

- En ce cas, je serais ravie de vous recevoir à nouveau en ma demeure.

La baronne affermit elle aussi sa prise sur le bras de Victor et initia en douceur la marche vers sa petite maison, une des plus petites de l’Esplanade. Tout en marchant, elle songea, en retenant un rire, à la figure que ferait Sophie en la voyant revenir, accompagnée. La baronne gage qu’elle va certainement pâlir avant de chercher de quoi satisfaire l’appétit des deux sang-bleus. Or, les placards et les réserves ne sont pas énormes, Etienne est d’ailleurs parti en quête de tâches à effectuer contre rémunération en nature. Il sera de retour dans deux ou trois jours, cela dépendra de ce qu’on lui demande sans doute. D’ici là, il faudra se restreindre. Quoiqu’il en soit, le Comte sait certainement que les temps sont difficiles pour tout le monde, la baronne espère donc qu’il ne lui en voudra pas de le recevoir si chichement.

Et il en fut comme elle l’avait prédit. Quand, après quelques minutes de marche durant laquelle les deux nobles sangs discutaient de manière pondérée et tranquille, ils pénétrèrent dans le petit hall d’entrée, Sophie vint de suite allumer quelques chandelles afin d’éclairer les lieux et vit, avec une angoisse qu’elle contrôla assez vite, que la baronne revenait au bras du Comte. Sophie plongea dans une élégante révérence avant de lancer un regard lourd de sens à Esméra. Celle-ci sourit et dit à Sophie, d’un air tout à fait tranquille :

- Faites de votre mieux, nous nous en accommoderons.

La baronne n’a que deux domestiques, elle se défait elle-même de sa cape, révélant alors toute la superbe complexité de cette robe splendide qu’elle porte. La cape avait caché tous les détails sur la jupe, le laçage dans le dos, toute l’élégance d’une boucle tombant sur le haut de son dos subtilement découvert. Elle prit la direction du salon et ouvrit en grand la double porte pour y faire entrer son visiteur et lui montrer les fauteuils qu’il connaît. La pièce est éclairée par les flammes de l’âtre et quelques bougies disposées dans des chandeliers ici et là.

La lumière dorée luisant sur le bois sombre apporte une touche très intimiste à cette pièce meublée avec simplicité mais élégance. Il y règne une odeur de propreté apaisante, il s’agit réellement d’une pièce à vivre dans laquelle on se sent bien, autant par le faste mesuré que par la modestie de celle qui l’occupe. La baronne, en effet, fait elle-même les honneurs au lieu de tourmenter Sophie qui s’active à l’office pour trouver quelque chose à leur apporter.

La baronne ouvre une petite console et en extrait une bouteille ainsi que deux verres sur pied, sans fioriture, solides et pratiques. Elle y verse un liquide à la couleur rubis, dégageant une odeur appétissante d’épices. Elle revient vers le Comte et lui tend un des deux verres, avec grâce.

- Du vin aux épices. Il n’est pas très fort, ou du moins, je me plais à croire qu’il ne l’est pas et que tout le piquant de cette boisson est initié par les épices.

Elle ne le quittait pas du regard, laissant les flammes éclairer son visage. Cette pièce, plongée dans une douce pénombre, est bien différente qu’en pleine journée comme il a pu la voir hier. Tout est différent. L’atmosphère, les tenues, les conversations et même les sourires. L’ambiance est tout à fait sereine et douce, un vrai moment de joie calme, comme elle les aime. Elle a un regard pour les flammes et dit, en songeant à ce qu’il déclarait plus tôt en parlant d’étoffes plus luxueuses :

- Victor, je pense qu’il est inutile de faire porter des tenues de velours ou de soie à ces pauvres gens. Il leur faut des étoffes pratiques et qui peuvent supporter une vie difficile. Non, très objectivement, je pense qu’il vaut mieux privilégier le lin ou le chanvre. Et je gage que feu votre épouse ne portait pas de pareilles étoffes. Voilà pourquoi je parlais de vos serviteurs, comprenez-vous ? Cela étant, c’est très généreux de votre part de l’avoir suggéré.

Elle lève alors son verre en sa direction, subtile, et dit, d’une voix douce, en accrochant son regard azur :

- Je lève ce verre à notre rencontre, mon ami. J’espère qu’elle vous est aussi agréable qu’elle l’est pour moi.

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