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| Sortie en amoureux (PV Idalie/Aymeric) | |
| Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Sortie en amoureux (PV Idalie/Aymeric) Dim 14 Mar 2021 - 21:05 | | |
21 novembre 1166 Chambre du couple - Petit matin Le soleil darde timidement ses premiers rayons sur l'horizon et Aymeric est à la fenêtre, observant le domaine dont il est l'intendant. Le temps semble clément et vouloir le rester, ce qui, à cette période de l'année, est une excellente nouvelle. Les jours raccourcissent et la météo a tendance à être grisâtre mais ceux qui ont l'expérience de l'extérieur et le bon sens, et Aymeric ne considère pas en faire partie, il pense ici aux fermiers de la propriétaire des lieux, sont convaincus que le temps restera clément au moins deux nuits. Cela fait trois semaines qu'ils sont mariés et ils sont peu sortis. Alix comme Idalie ont tendance à aller à l'arrière du bâtiment, là où sont les lapins, les poules, les cochons et la petite chèvre, histoire de ramener œufs et lait, là où Aymeric glisse vers l'écurie, quelques pas plus loin, pour s'occuper de la vache, du boeuf, du taurillon et de leurs désormais trois chevaux. Et pour lui, c'est trop peu. Bon, fallait aussi qu'Idalie prenne ses repères, en tant qu'épouse et amante, ce qui était neuf pour elle, mais aussi en tant qu'habitante du Labret, ce qui reste déroutant quand on a vécu à l'Esplanade, même si elle a un passé à la campagne, elle aussi.
Leur bonheur conjugal aurait pu être terni par la disparition du frère d'Idalie, mais étrangement, cela semble avoir renforcé le couple. Idalie a confiance en Aymeric et s'est tournée vers lui pour trouver du soutien et s'il est difficile d'en juger par soi-même, il semble qu'Aymeric a pu le lui apporter. Et il n'est pas particulièrement à plaindre, car Idalie cherche dans la sexualité un exutoire à sa peine, un moyen d'oublier et de célébrer la vie. Enfin, c'est l'impression qu'Aymeric a. Son épouse aime partager des moments intimes avec lui et il n'a jamais eu à se poser en demandeur, ce qui est très agréable. Mais il estime désormais qu'il a manqué d'initiative. Certes, la brusquer aurait été une mauvaise chose. Son regard quitte l'extérieur pour se tourner vers le lit, où son épouse dort, allongée sur le ventre, bras écartés, cheveux étalés sur le traversin. Elle occupe un peu de son espace à lui, mais parce qu'elle a pris l'habitude de s'endormir sur son épaule à lui. Et il a appris à s'en dégager avec douceur. Les joies maritales sont là aussi. Il sourit en y songeant, puis soulève la couverture pour admirer le fessier magnifique de celle qui partage son lit, y dépose un baiser et la couvre alors qu'elle se réveille.
- Femme, j'ai pris une décision !
Annonce-t-il un peu solennellement. Le "Femme", il le garde pour les moments privés, un côté un peu enfantin, un peu jouette, où il s'amuse à jouer au mâle dominant. Mais Idalie doit savoir que ça n'est pas son tempérament. Il n'a pas besoin de s'imposer par la force ou par son rang. En général, ils discutent et finissent par tomber d'accord, et pas toujours dans le sens prévu par le Comte au départ. Et jamais il ne s'en est plaint. Mais possible que cela change à cet instant.
- Je t'ai laissé le temps de prendre tes marques, faire en sorte que tu te sentes à l'aise ici, et avec moi, et de faire tes découvertes, à ton rythme. Mais sache que ton homme a aussi des attentes, et des envies. Certaines sont naturelles, d'autres moins. il y a des choses, par exemple, que je ne peux exiger que d'une épouse. Note, je pourrais le demander à une prostituée, comme d'autres choses, mais pour ce à quoi je songe, elle exigerait sans doute ma fortune et ça ne serait pas suffisant.
Il s'assied sur le lit, du côté de son épouse, et poursuit son laïus.
- Se faire passer pour toi détruirait totalement sa réputation, aussi, mais loin de moi cette idée, de toute façon. Alors, j'aime bien notre demeure, j'y suis bien, j'aime bien les gens qui y vivent, toi incluse évidemment, mais notre monde ne se résume pas à ces terres qui ne sont même pas nôtres. Et le Labret est plus vaste que ce qu'on en voit. Alors, la météo semble clémente et j'ai envie d'en profiter. Je veux t'emmener à Usson, visiter ma forge. J'en suis propriétaire, enfin, nous en sommes propriétaires puisque nous sommes mariés. Je pense que tu te rappelles du forgeron avec le petit garçon qui était à notre mariage, c'est notre employé. On pourra aller voir comment ça se passe pour lui. Puis on verra le four à pain, lieu de rencontre. Des gens seront ravis de te saluer. On fera un petit tour dans deux trois commerces. La fromagère qui fait notre fromage, ma seule vraie réussite depuis que je suis ici, la couturière qui a fait mon costume de mariage et à qui je compte donner des peaux pour qu'elle te fabrique un manteau pour les grands froids, la boulangerie...
Il a un sourire étrange
- Et j'ai envie de finir à l'auberge. Nous mangerions à une table, ou dans notre chambre, et nous y resterons ensuite toute la nuit, et pas que pour dormir, histoire de changer aussi nos habitudes. Un peu ce que nous aurions fait si j'étais resté un milicien et que tu n'étais plus noble. J'ai envie qu'on ait une seconde noce, comme ceux du peuple. Alors, forcément, on ira aussi au Temple, faire un don supplémentaire pour les remercier de leur excellent travail.
Et chose étrange, pour la première fois, il ne lui demande pas vraiment son avis.
- Habille-toi sans trop de chichi, confortablement car on va voyager. En chariot, on en profitera pour faire des livraisons. Une garde réduite pour le voyage, je m'en charge, un bon petit déjeuner et on y va. Je préviens Alix qu'elle sera seule deux jours et que je lui confie la maison. Avec ilda et notre érudite, puis Guillaume et les mercenaires, elle ne craint rien. Je crois même qu'elle comprendra.
Il s'habille vite, pressé comme un adolescent à l'aube de son premier bal et quitte la pièce pour organiser rapidement cette sortie improvisée. Il ne doute pas que cela pourra faire du bien à son épouse de se changer les idées, et ici ils pourront joindre l'utile, car ils doivent faire tourner leurs commerces et maintenir les contacts liés avec les autres artisans, à l'agréable.
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| | | Idalie de BeauharnaisComtesse
| Sujet: Re: Sortie en amoureux (PV Idalie/Aymeric) Lun 15 Mar 2021 - 17:57 | | | Idalie frissonna en sentant la couverture se soulever et laisser passer un courant d'air, puis un baiser se déposer contre ses fesses. Elle marmonna quelque chose d'absolument incompréhensible avant de se tourner sur le côté et d'ouvrir lentement les paupières, l'air ensommeillée. Elle sourit calmement à son mari qui, lui, était bien réveillé, assez pour avoir eu le temps de prendre une décision et de la lui expliquer de long en large comme lui seul savait le faire. Attentive malgré ce réveil singulier, Idalie écouta Aymeric, haussant un sourcil à la mention de la prostituée et au drôle de trait d'humour qui suivit. Quelle manière étrange d'entamer cette journée! Aymeric avait aujourd'hui une exigence envers son épouse : qu'elle l'accompagne à Usson afin d'y découvrir leur forge, le four à pain, les commerces, la couturière, la boulangerie et, surtout, l'auberge, où ils mangeraient et séjourneraient. Un passage au temple était également au programme – il s'agissait évidemment d'un incontournable. Idalie se redressa dans le lit pour s'asseoir et regarder son époux dans les yeux. Il semblait tenir à cette escapade et l'idée de protester ne traversa pas l'esprit de la nouvelle comtesse. Depuis la disparition de Zephyr, elle se sentait fatiguée et peinait parfois à contenir ses émotions, mais Aymeric ne lui avait jamais reproché son incapacité à camoufler entièrement sa tristesse. Au contraire, il lui avait été d'un grand soutien et elle avait même découvert dans leur intimité une échappatoire, une étonnante source de réconfort. Leurs étreintes l'apaisaient, lui faisaient oublier momentanément le malheur qui s'était abattu sur sa famille. Dans les bras d'Aymeric, elle avait le sentiment que, malgré toutes les épreuves, la vie valait encore la peine d'être vécue. « C'est une bonne idée, approuva-t-elle finalement tandis qu'Aymeric s'habillait la hâte. Maintenant que j'ai assimilé le fonctionnement de la maison, il est temps d'approfondir ma connaissance d'Usson, et rien ne pourrait me ravir davantage que de découvrir le village à tes côtés. »Idalie se leva et arrêta son mari empressé le temps de l'embrasser tendrement. « Je me dépêche, promis, dit-elle en se détachant de lui. Tu peux demander à Ilda de monter au passage, s'il te plaît? »Sur cette demande, Idalie laissa Aymeric quitter la pièce. Passant une main sur son visage pour en chasser les derniers vestiges du sommeil, elle jeta un coup d'œil à l'extérieur. Le ciel était clair, signe qu'une belle journée se profilait, mais elle restait nerveuse à l'idée de s'aventurer au-delà du domaine aussi longtemps, d'autant plus que ses rêves étaient peuplés de Fangeux ces derniers jours. De Fangeux qui s'attaquaient à son frère. « Madame? »Perdue dans ses pensées, Idalie sursauta en entendant la voix d'Ilda. « Je ne vous ai pas entendue entrer, dit Idalie quand la domestique s'excusa. Ne tardons pas ce matin, Aymeric souhaite que nous partions pour Usson. Nous ne reviendrons que demain, alors je compte sur vous pour veiller sur Alix en notre absence.- Bien entendu, Madame. »Idalie acquiesça, puis désigna à Ilda une toilette simple et demanda à être coiffée d'un chignon rapide à réaliser. La domestique s'exécuta, non sans observer sa maîtresse d'un air préoccupé. « Cela me changera les idées, dit Idalie pour la rassurer. Et Aymeric sera auprès de moi. Ne vous en faites pas, Ilda. Je vais mieux. »C'était plus ou moins vrai, mais seul le temps pourrait cicatriser ses blessures – et il valait mieux occuper ce temps de façon utile. *** Même lorsqu'elle avait la vague à l'âme, Idalie restait une femme des plus efficaces. Avec l'aide d'Ilda, elle s'habilla et se coiffa en un temps record, fit préparer le petit déjeuner et un encas pour la route, s'assura de communiquer les tâches à faire pour les deux prochains jours et de planifier avec l'érudite les leçons d'Alix. Lorsqu'Aymeric arriva dans la salle à manger, tout était sur la table. « Tout est prêt, annonça Idalie avant de s'interrompre pour appeler Alix. Il ne manquait que toi. Le plus important. »Elle sourit et cueillit un baiser tendre sur les lèvres de son époux avant de prendre place à table en sa compagnie et de profiter du repas pour discuter en famille. *** En sortant de la demeure en compagnie d'Aymeric, Idalie resserra son châle de laine autour de ses épaules. Le ciel était clair et ensoleillé, mais le temps restait malgré tout plutôt frais. C'était une belle journée automnale, et elle espéra que les Trois leur offriraient des conditions aussi clémentes pour le retour. La nouvelle comtesse jeta un coup d'œil à la petite garde qui allait faire le chemin avec elle et Aymeric, puis au chariot. Elle ne put s'empêcher de frissonner. La peur la prenait toujours au ventre lorsqu'elle devait monter à bord d'un moyen de transport aussi lent. Les personnes ralenties par leurs chariots avaient toutes péri lorsqu'elle avait fui Auvray. Elle devait sa survie à son cheval. Idalie ravala ses craintes et se contenta de glisser ses doigts dans ceux d'Aymeric pour le suivre. Ils avaient des livraisons à faire et il avait déjà tout préparé. Les mercenaires les attendaient. Demander à revoir l'organisation parce qu'elle était effrayée aurait été aussi capricieux que ridicule. « Crois-tu que, parfois, nous pourrions voyager à cheval? demanda-t-elle toutefois pour voir si Aymeric était ouvert à l'idée. J'admets être plus rassurée ainsi et j'aimerais aussi donner à Clarinval l'occasion de se dégourdir les pattes en allant un peu plus loin que les abords du domaine. »Elle ajouta, consciente que sa demande était singulière : « Je ne voudrais cependant pas que nous soyons mal vus par les Labretiens... Je comprendrais ton refus. » |
| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: Sortie en amoureux (PV Idalie/Aymeric) Lun 29 Mar 2021 - 15:50 | | | C'est chouette, il n'a eu aucun mal à convaincre son épouse de l'accompagner, elle qui aurait pu trouver mille et une excuses pour ne pas venir. Au contraire, elle pense aussi que se changer les idées peut l'aider, puis cela fera une première sortie "officielle" pour le couple dans le Labret. Pendant qu'Ilda prépare Idalie, Aymeric prépare le chariot en le remplissant du stricte minimum. Il constate avec plaisir que ce que ce chariot transporte aurait pu l'être par deux hommes costauds, mais que ça ne gênera pas outre mesure le puissant Landroval. C'est plus encombrant que lourd, à dire vrai et cela lui convient fort bien. Cela convient aussi aux mercenaires qui vont accompagner le Comte le temps du déplacement. Des peaux, qui ne pèsent rien, du lait, sans doute le plus lourd, quelques babioles, en fait des outils et décorations en bois pour son forgeron, négociés avec un menuisier ravi du troc qui a été fait. Il aurait volontiers emmener Alix avec eux, mais une sortie en amoureux, c'est important aussi et il est convaincu que sa fille comprendra. D'autant qu'il va lui réserver une sortie à elle aussi, pour aller voir ses "petits".
- Comtesse, même en tenue confortable, vous êtes étourdissante !
Ce n'est même pas un compliment fait pour qu'Idalie se sente flattée, Aymeric le pense et ne se prive pas pour le dire, se demandant encore ce qu'une femme pareille pouvait trouver à un ours comme lui, qui est tout sauf noble et raffiné. Ce n'est pas le gaillard qu'on rêve d'avoir lors d'une réunion de nobles qui dissertent sur l'avenir du monde, cela finirait en duel, dans le meilleur des cas. Mais au moins en est-il conscient. Tout comme il semble avoir compris les craintes d'Idalie. Et s'il ne pourra lui mentir en prétendant que tout danger est écarté, du moins cherche-t-il à la rassurer.
- Peu de marais ou de hautes cultures à cette époque où un fangeux pourrait se dissimuler. Nos amis mercenaires et moi-même avons l'oeil aiguisé, car le danger est qu'un fangeux nous surprenne. J'essaie, dans la mesure des choses, de voyager aussi léger que possible, ce qui permet de le faire en petit comité, plus discret. Si le déplacement sera obligatoirement lent en raison d'une trop forte charge, alors l'équipe qui nous accompagne sera plus conséquente. J'ai déjà été pris en chasse par un fangeux, cela court vite mais largement moins qu'un cheval. Landroval, même en tractant une carriole et nous inclus, ira plus vite. Au pire, on jettera un poids ou deux qui nous ralentit. Et je parle des marchandises, pas de moi. Je fais attention à mon poids !
Décidément, Aymeric et ses tentatives d'humour... Cela peut prêter à sourire, mais l'objectif est surtout de dédramatiser au maximum. Et le mieux est qu'il ne ment pas. Le vrai danger est d'être surpris, et là, même avec le cheval le plus rapide du monde, la messe est entendue, ou d'être plus lent que le fangeux. Et ici, ils ne le sont pas. Il faut dire que Landroval est un cheval de guerre et non un cheval de trait. Il est jeune, vigoureux et puissant et adore éprouver ses muscles, même s'il est d'un calme olympien. Bref, un cheval dressé pour le combat. Tout le contraire d'Asphodèle, fougueuse, aimant aller à pleine vitesse, mais qui montre des signes de nervosité s'il y a trop de bruit. Landroval a un côté "pépère", mais Aymeric sait qu'il peut le pousser. Il n'a pas encore eu le temps de faire pleinement connaissance avec Clarinval, qui d'après Guillaume est un bon cheval, bien entretenu qui plus est, bref, pas une carne. Mais Aymeric est sorti de ses rêveries par une question un poil incongrue d'Idalie. Il la regarde, incrédule, avant de sourire.
- Je sais que tu sais monter, je l'ai vu. Mathilde monte aussi, pour citer une autre femme. La personne qui a élevé Landroval et Asphodèle et qui me les a vendus une fortune se prénommait Isabelle, une femme aussi. Depuis la fange, les temps sont nouveaux. Des femmes peuvent rejoindre la milice, certaines peuvent posséder un commerce et se déplacer rapidement ici au Labret n'est pas un luxe. Alors, oui, bien sûr que tu peux monter et je doute que cela choque outre mesure. Maintenant, tu sais comme moi que les avis des gens, j'm'en bats un peu les steaks. Vous deux !
dit-il en s'adressant aux deux mercenaires qui l'accompagnent et ont pris des chevaux de la Compagnie, compagnie qui lui a fait cadeau d'un poulain en échange de l'hébergement longue durée qui facilite la vie à tout le monde. Les mercenaires sont là pour protéger le domaine et déjà sur place, ce qui est plus simple pour organiser les choses, et eux réduisent fortement les coûts, ne serait-ce que le déplacement qui aurait dû se faire d'Usson au domaine si l'arrangement n'avait pu avoir lieu. Aymeric leur fout une paix royale tant qu'ils respectent quelques règles, comme ne pas transformer le lieu en lupanar et le tenir en ordre comme si c'était le leur. Et sur ce plan, ils sont irréprochables. En échange, il leur garde volontiers leurs chevaux, partage parfois le produit de ses chasses et les laisse s'entraîner à leurs guises. Pour l'ancien militaire, c'est que du bonheur, et pour les mercenaires aussi. D'autant qu'en plus du logement, ils sont payés, au même tarif qu'avant qu'ils débarquent. Le chef des mercenaires et le Comte s'apprécient, ce qui ne gâche rien.
- L'un de vous va pouvoir monter Asphodèle et c'est un privilège, unique. L'autre aura l'honneur de voyager avec le cheval de la Comtesse. Une fois que nous aurons déchargé les affaires, et nous tâcherons de faire vite, vous pourrez repartir au domaine en chariot. La Comtesse et moi même reviendront demain avec nos chevaux !
Le changement ne prend pas trop de temps et les Trois semblent bénir le couple pour l'heure, aucun incident n'est à déplorer sur les vingt minutes qui séparent le domaine et Usson. En chemin, Aymeric fait une courte halte, à peine le temps de descendre du chariot, une fois à l'auberge, le temps de réserver "la meilleure chambre pour lui et son épouse et deux repas ce soir". L'aubergiste a fait partie des "fournisseurs officiels du mariage", surtout pour le personnel qui a aidé au service et avant d'être installé au domaine, Aymeric y a déjà dormi, aussi avec Alix. L'aubergiste a aussi hébergé certains invités, et autant dire que côté prestige, il a été ravi du mariage. Bref, il y a peu de risque que le couple comtal soit déçu par le service, Aymeric et Idalie étant ce qu'on peut appeler des VIP, si la correspondance médiévale existe.
- C'était important de réserver pour s'assurer qu'on n'ait pas un manque de lit ce soir. Même si la période est calme, je préfère m'en assurer et il n'y a pas de souci.
Sourit Aymeric à Idalie, avant de reprendre la route.
- Pour l'heure, on traverse Usson en chariot, mais on fera le chemin inverse à pied et là nous prendrons notre temps. Mais ici, c'est ma rue commerciale préférée et nous irons ici, chez cette couturière, et là, chez la boulangère, tout à l'heure. Mais avant, on passe chez la fromagère pour lui donner le lait et récupérer du fromage, que nous déposerons à la Caserne, où nous ferons garder les chevaux. Et c'est de là que nous partirons à pied pour visiter.
En amoureux, car il aura chassé les mercenaires d'ici là. Et une rue plus loin, il s'arrête devant l'atelier de fromagerie, qui n'est pas le magasin, situé en face et sans demander l'aide à personne, il se laisse glisser dans le chariot pour prendre l'une des deux cruches de lait fermée hermétiquement et la porter vers l'atelier, devant le regard atterré des mercenaires, surpris qu'il ne leur demande pas de le faire. Il a deux hommes costauds avec lui qui sont à ses ordres et il n'en exige rien, ne songeant même pas à leur demander de l'aide. En entrant dans l'atelier, il sourit :
- La bonne journée, amie fromagère. Voici le lait convenu et je viens récupérer la meule pour la Milice. Je vais les livrer, juste le temps de prendre la seconde cruche de... Ah, vous l'avez apportée, merci ! C'est un des mercenaires qui m'accompagne, car je suis de sortie avec madame la Comtesse. Nous passerons plus tard si ça ne vous dérange pas, qu'elle voit un peu ce que nous faisons et comment. Enfin, que vous lui expliquiez, moi je ne fournis que le lait après tout.
Et alors qu'il allait porter seul la meule de fromage, le mercenaire vient l'aider, se disant que le Comte prendrait mal le fait que le mercenaire fasse le boulot à sa place. Mais la meule est grosse et Aymeric ne refuse pas le coup de main. C'est un bosseur mais il a appris depuis longtemps le travail en équipe. Bref, il ne refuse pas de l'aide mais ne l'exigera pas. En cela, il reste le milicien qu'il était. Cela a déjà rendu chèvre sa première domestique, à l'Esplanade, puis celle qui lui a succédé à Usson. Même Ilda a du mal, peu habituée à ce qu'un noble ne réclame aucune aide. Guillaume, plus habitué, ne s'en étonne plus. C'est aussi celui qui peut dire merde à son patron sans avoir à craindre une remontrance. D'autant qu'il ne lui dit pas "merde" mais "non, ça, je m'en occupe, c'est mon domaine", parfois suivi d'un "non mais" s'il est vraiment de mauvaise humeur. Aymeric considère Guillaume comme son père de substitution. Il lui a appris tout ce qu'il sait et qui sort du domaine des nobles. L'élevage des chevaux, les pièges, le dépeçage du gibier, c'est surtout Guillaume. Et c'est tout ce qu'Aymeric aime. Bref, le chemin vers la caserne n'est pas trop long, Usson étant plus petite que Marbrume. Le Comte n'y est pas connu de tous, mais il était il y a plus d'un an un coutilier de l'externe, ce qui a permis de nouer quelques liens avec des miliciens d'ici, c'est aussi un fournisseur et l'un de ceux qui peuvent déranger le sergent Langlois. Et ces gens, les miliciens apprennent vite à les repérer. D'autant qu'Aymeric est très respectueux et montre toujours bras blanc sans qu'on ait à lui demander. Et le chemin de l'écurie et de la cuisine, Aymeric connait.
- Vous pensez pouvoir me garder ces deux chevaux pour cette nuit ? Merci. Comtesse, je vais vous faire découvrir un lieu insolite d'une caserne : les cuisines. Messieurs, vous prenez possession du chariot et vous m'attendez ici ? J'en ai pour cinq minutes à peine !
Et Aymeric porte seul la meule vers la cuisine, avant que l'un des cuistots ne sorte en le voyant et ne vienne l'aider.
- J'ai bin failli attendre, msieur le Comte. C'est qu'les gars qui partent en mission, ils sont heureux de ce frometon. J'viens pas vous aider, j'viens sauvegarder la boustifaille, sinon les hommes, ils vont me pendre. Oh, c'est votre dame ? Pardon pour la question, mais j'ai pas pu v'nir à vot' mariage, voyez ? C'est que même les jours de noces, les hommes, faut qu'ils bouffent. 'tendez-moi, je reviens !
C'est à peine s'il s'éloigne pour aller chercher une petite bourse, histoire de payer le fromage fourni, prix réduit pour la Milice, évidemment, et qui en prime permet d'avoir une réduction des taxes royales. C'est une manière pour Aymeric de joindre l'utile (car il se sent toujours milicien) à l'agréable, puisque personne ne crache sur les réductions d'impôt.
- Même au sixième jour de mission, le fromage est toujours bon qu'ils me disent, les miliciens qui rentrent de mission. Votre fromage est vraiment apprécié ici, changez pas pour le rendre moins dur. Mes hommages, m'sieur dame les Comtes.
Un sourire suffira à Aymeric pour remercier son interlocuteur et repartir vers le chariot et il en profite pour tendre la bourse gagnée à Idalie.
- Si tu as une envie, une course à faire, c'est de l'argent de poche, en quelque sorte. J'ai prévu ce qu'il faut pour notre sortie et le don au Temple mais ainsi tu n'es pas démunie non plus. Et il y en aura d'autres pour tes prochaines sorties, avec ou sans moi. Par contre, tu seras toujours accompagnée, pour ta sécurité. J'ai appris à combattre et j'ai une réputation, suffisante pour me protéger contre le petit malandrin et inutile contre les gros bandits qui n'en auraient rien à faire non plus de mon escouade, mais ça n'est pas ton cas. Je préfère rester prudent et tu pourras parfaitement être accompagnée d'une mercenaire. Je les trouve plus prudente que les hommes, à parler vrai.
Arrivé au chariot, il prend le sac avec les outils et les autres affaires fabriquées par le menuisier ainsi que le sac avec les peaux de lapin.
- Bras chargés, pas simple de te prendre la main. Mais on va passer par le forgeron, qui est facile à repérer. Il est sur la place et il dégage beaucoup de fumées. Puis le Temple, non loin, où je donnerai quelques peaux et deux écus or, ce que je donne tous les mois. Je sais que tu reprendrais volontiers ton bénévolat, je te laisserai en discuter avec eux, si cela reste dans tes projets. Puis un saut par la boulangerie, si la faim nous tenaille, le grand air, ça creuse. La fromagerie et son atelier, puis la couturière. Elle vit proche de l'auberge, on pourra donc y prendre notre temps sans risquer d'être trop coincé par le couvre-feu. Ils ne plaisantent pas avec, même si on a un titre. Ils ont l'ordre de tirer à vue et ils tirent à vue. Et honnêtement, je ferai pareil.
Il lui sourit. Bon, en même temps, il lui montre aussi quelques pans de sa vie à lui. Côté milice, les hommes parlent plus facilement aux hommes mais ils ont pu voir son épouse, pour le cas où, et c'est loin d'être inutile. Après tout, c'est la soeur du Sergent Zephyr et l'épouse du Comte, ex coutilier, de Beauharnais. Outre son titre, cela fait deux autres bonnes raisons de répondre à un appel de sa part. Et Aymeric a paré au plus pressé pour qu'ils aient désormais le temps. La forge, ils en sont propriétaires et c'est important pour Aymeric que son forgeron sache qu'il peut aussi traiter directement avec Idalie, si besoin. Le Temple sera son affaire à elle plus qu'à lui, car même s'il est pieux et généreux, Aymeric n'est pas quelqu'un qui travaillera bénévolement au Temple, plutôt celui qui partagera le fruit de son labeur avec le Temple, ce qui est utile aussi. La fromagère est une partenaire commerciale régulière, puis la boulangère, bah, c'est un lieu de passage obligatoire. Comment survivre quelque part si on ne sait pas où se trouve le meilleur pain, hein ?
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| | | Idalie de BeauharnaisComtesse
| Sujet: Re: Sortie en amoureux (PV Idalie/Aymeric) Mer 31 Mar 2021 - 0:22 | | | Idalie n'avait encore rien dit de ses craintes qu'Aymeric s'empressa de la rassurer. Elle sourit légèrement et acquiesça, tentant de se raisonner. La route jusqu'à Usson n'était pas très longue et bien d'autres avant elle l'avaient parcourue sans y laisser leur vie. En une belle journée comme celle ils avaient droit, les Fangeux devaient se tenir à l'écart. Les mercenaires et Aymeric seraient à l'affût, tout comme elle. Ils ne traîneraient pas. Les risques étaient minimes. Idalie serra doucement la main d'Aymeric en se répétant ce discours intérieurement. Tout irait bien.
Malgré sa volonté de suivre le plan établi par son époux, Idalie osa tout de même tâter le terrain pour les prochaines escapades et demander si voyager à cheval était envisageable à l'avenir. La réaction d'Aymeric la surprit. Non seulement il lui permit de monter, se fichant bien de ce que les autres en penseraient, mais il fit le nécessaire pour faire préparer Clarinval à l'instant. Ils feraient l'aller en chariot et reviendraient tous les deux à cheval, une perspective qui enchanta la comtesse.
Reconnaissante, Idalie attendit que les mercenaires se soient éloignés pour remercier Aymeric d'un baiser chaste, mais amoureux.
« Merci », murmura-t-elle.
Idalie prit place dans le chariot, profitant du chemin pour observer attentivement les alentours. Si la route la rendait toujours anxieuse, elle s'était quelque peu détendue à l'idée de revenir à cheval et parvenait à apprécier le paysage qui défilait tranquillement sous ses yeux. Après quelques minutes, son regard s'humidifia, la tristesse étreignant son cœur. Elle aurait aimé pouvoir partager ces images avec son frère, lui montrer les splendeurs du Labret au fur et à mesure qu'elle les découvrait. Elle garda ces pensées pour elle et chassa son chagrin, offrant un sourire à Aymeric pour lui signaler que tout allait bien. Il avait maintenant l'habitude de ces élans de mélancolie passagers et savait qu'elle lui parlait ou cherchait du réconfort auprès de lui lorsqu'elle en avait besoin.
Ils firent un arrêt à l'auberge, mais seul Aymeric entra dans l'établissement, où il ne resta qu'une poignée de minutes. Idalie hocha la tête aux explications de son époux. Réserver était une sage décision, car la nuit ne pardonnait pas, au Labret. Aymeric avait pensé à tout dans les moindres détails, et la comtesse se demanda depuis combien de temps il songeait à cette sortie.
« Je te suis, tu es mon guide, dit-elle en souriant. Je suis impatiente de découvrir tous ces endroits. »
Ils passèrent chez la fromagère, et Idalie ne fut pas surprise de voir son mari se saisir lui-même d'une des deux cruches de lait. Comme Aymeric ne souhaitait pas s'attarder dans l'établissement pour le moment, elle resta dans le chariot, se promettant de saluer proprement la fromagère quand ils reviendraient. Ce fut cependant elle qui demanda aux mercenaires de transporter la deuxième cruche de lait, sa façon à elle d'aider son époux sans qu'il s'en rende réellement compte.
La meule de fromage embarquée, ils filèrent en direction de la caserne. Cette fois, Idalie descendit du chariot, Aymeric manifestant le désir de lui faire découvrir la cuisine.
« Peut-être l'un des hommes p... », commença-t-elle, ne s'interrompant qu'en voyant qu'Aymeric était déjà en chemin seul avec la meule.
Elle plissa subtilement le nez, puis emboîta le pas à son époux, s'assurant de saluer poliment les personnes qu'ils croisèrent. Elle fut soulagée en voyant un cuistot s'approcher pour aider Aymeric.
« Oui, je suis l'épouse du comte, confirma-t-elle lorsque l'homme demanda si elle était la dame d'Aymeric. Je suis Idalie. Ravie de faire votre connaissance. »
Elle sourit chaleureusement au cuistot. Celui-ci s'en alla chercher une petite bourse qu'il remit ensuite à Aymeric en guise de paiement pour le fromage. Quelques salutations plus tard, les deux époux quittèrent les cuisines pour rejoindre le chariot, et Aymeric en profita pour lui tendre la bourse. Elle s'en saisit délicatement, croyant qu'il souhaitait simplement qu'elle la conserve en lieu sûr, puis pencha doucement la tête en l'écoutant. L'argent était pour elle, à utiliser selon son envie et lors de ses sorties, lesquelles devraient se faire en la compagnie d'un mercenaire.
« Ne t'en fais pas, je n'oserais pas sortir sans protection, fit-elle. Je ne saurais me défendre seule contre des bandits et je ne connais pas encore très bien le Labret. Je serai prudente. Et je ferai bon usage de cette bourse, promis. »
Elle déposa un baiser contre la joue d'Aymeric, puis rangea la bourse. Elle ne ferait pas de folies et utiliserait probablement le montant pour acheter quelque chose d'utile pour la maison ou offrir un cadeau à Alix, voire à Aymeric lui-même.
Les bras chargés, Aymeric expliqua les prochaines étapes. Idalie acquiesça, d'accord avec le plan de match, puis retira gentiment le sac contenant les peaux de lapin d'entre les mains de son époux pour le transporter elle-même.
« Je comprends, et si nous sommes pris par le temps, nous pouvons toujours remettre l'une ou l'autre visite à demain matin, proposa-t-elle. Ne t'en fais pas pour le sac, il n'est pas lourd et, ainsi, je me sens utile. Et tu peux me prendre la main maintenant, un avantage non négligeable. »
Elle sourit, puis glissa ses doigts entre ceux d'Aymeric pour le suivre jusqu'à la forge. Elle observa l'endroit avec intérêt et curiosité, ayant toujours trouvé fascinant le travail des artisans, capables de transformer de simples matières premières en véritables œuvres d'art.
« M'sieur l'Comte! s'exclama Gontrand, le forgeron, en voyant les deux nobles pénétrer dans l'établissement. M'dame la Comtesse, ravi de vous r'cevoir pour la première fois ici! Encore félicitations pour vot' mariage.
- Vous êtes fort aimable, dit Idalie. Je suis très heureuse de finalement voir cette forge dont Aymeric m'a tant parlé. Vous semblez être fort occupé!
- Toujours, M'dame la Comtesse, mais j'sais pas c'qui me prend le plus d'énergie entre la forge ou Pyo! »
Comme si, en prononçant son nom, Gontrand avait invoqué l'enfant, celui-ci arriva en courant, sortant d'on-ne-sait-où, échappant sans doute à la vigilance de la bonne âme qui le surveillait. Le forgeron tenta de le rattraper en s'étirant, mais rata sa cible de peu, et ce fut Idalie qui l'intercepta. Par réflexe, la jeune femme prit Pyo dans ses bras, ne lâchant pas pour autant le sac de peaux de lapin. Gontrand se répandit en excuses et, pour la première fois depuis des jours, Idalie rit sincèrement.
« Allons, allons, ne vous excusez pas pour cet inattendu, mais très mignon paquet. D'autant plus que Pyo et moi avons convenu de devenir bons amis au mariage, n'est-ce pas Pyo?
- V'oui! Pace que... »
La suite ne fut qu'une série de babillages au sujet d'une conversation entre Alix et lui mentionnant Idalie, la nouvelle maman d'Alix, et d'autres choses peu compréhensibles. Idalie porta une grande attention aux propos du petit, laissant les hommes traiter leurs affaires ensemble, puis rendit Pyo à Gontrand lorsque le temps fut venu de quitter la forge.
« Merci M'dame la Comtesse, et désolé encore, hein... Je... J'ai proposé à M'sieur le Comte d'vous organiser une vraie visite si ça vous intéresse, j'pourrai tout vous expliquer. Mais juste si vous voulez, j'veux pas vous l'imposer. Enfin, j'aurais pas le droit de toute façon, mais...
- Ce sera avec le plus grand des plaisirs », interrompit Idalie en constatant que le pauvre Gontrand s'enfonçait de plus en plus.
Soulagé, Gontrand salua le couple avec beaucoup d'égards. Pyo envoya la main aux deux nobles, et Idalie la lui renvoya tandis qu'elle sortait en compagnie de son époux, empruntant la direction du temple.
« C'est un brave homme, commenta-t-elle alors qu'ils marchaient. Pyo a de la chance d'avoir été recueilli par une personne avec un cœur si bon. Et sur une note toute autre, j'ai très hâte que Gontrand me parle de la forge dans de plus amples détails. Cela me permettra d'être au courant d'un peu tout si tu es occupé ailleurs. »
Idalie sourit, puis reporta son attention devant elle.
« J'aimerais prendre un moment pour prier, si tu le permets... Te joindras-tu à moi? » Nul besoin de préciser pourquoi elle souhaitait prier et, surtout, pour qui.
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| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: Sortie en amoureux (PV Idalie/Aymeric) Mar 6 Avr 2021 - 14:58 | | | La sortie n'est pas anodine pour Aymeric et n'a pas pour unique but de changer les idées qui assombrissent Idalie, c'est aussi l'occasion pour lui de montrer à son épouse le travail qu'il fait, le réseau qu'il s'est tissé, le comment il fonctionne sur le plan commercial et l'importance que cela peut revêtir qu'il se déplace lui-même, même s'il ne le fait pas à chaque fois. Guillaume le supplée souvent, comme ces deux dernières semaines, et il le fait de bon coeur car changer d'univers fait du bien, de même que voir des gens. A la Caserne, il peut parler chevaux, avec la fromagère, discuter le bout de gras tout en goûtant l'une ou l'autre création, prendre un peu le pouls de la ville, voir comment les derniers décrets, les dernières initiatives du sergent sont vécues et se tenir au courant des rumeurs, en ce compris celles qui concernent le domaine où il travaille. Mais surtout, on lui fait goûter différentes choses du côté du four, ce qui fait qu'il rentre repus. A l'occasion, des mercenaires font le déplacement aussi, car c'est l'occasion d'aller au Temple. Par contre, il tique quand Idalie lui dit que son argent de poche sera bien utilisé.
- Ma mie, cet argent est vôtre et vous en usez comme vous l'entendez. S'il vous prend la lubie de le planter dans l'espoir qu'un arbre à écus pousse ou qu'il vous plaît d'aller le jouer dans un tripot, grand bien vous fasse. Mais j'imagine qu'il ira plutôt vers une denrée sucrée ou un vêtement qui aurait l'honneur de vous plaire. Si je vous le donne, c'est pour deux raisons. La première, c'est vous laisser et prouver aux autres votre indépendance. Ainsi, ils vous traiteront comme mon égale. La seconde, c'est que faire vivre le commerce est important. Je suis perçu comme un commerçant juste, car quand on fait affaire avec moi, chaque partie est heureuse. Je ne cherche pas à arnaquer. Mais je négocie, aussi pour trouver le prix juste ou pour bien faire entendre mes attentes. Ce fromage à pâte dure est un bon exemple. Il prend du temps à être fabriqué et vendu plus frais, il y aurait un roulement plus rapide, et donc plus rentable. Mais le fromage Beauharnais/Pessan est un fromage qui dure, maintenant, la chose est comprise. Et c'est donc gage de qualité. J'ai dû me battre pour ça, mais parce que je savais combien c'était précieux pour les miliciens. Comme vous dépenserez en votre nom, vous aussi serez perçue comme une commerciale, ce que vous êtes, vous pourrez négocier, et vous pourrez me suppléer quand d'autres missions m'auront emmené ailleurs. Idalie, mon amour, cette sortie n'est pas qu'une sortie agréable. Je travaille aussi. Nous travaillons.
Et il la fait connaître de ses partenaires. La Milice et principalement le responsable des ravitaillements a vu qui était madame la Comtesse de Beauharnais et il sait qu'il pourra traiter avec elle. Il ne lui a pas présenté le sergent Langlois, car les choses de la guerre sont son domaine à lui. Il n'a jamais cédé ces discussions à quiconque, pas même au chef des mercenaires, pourtant compétent. La forge est l'une des deux possessions d'Aymeric, avec la fermette des faubourgs de Marbrume. Il n'est que co-propriétaire du reste, à l'exception de ses deux chevaux. Autant dire qu'il y tient, à sa forge... et à son forgeron, qu'il bichonne. Autant dire que quand surgit Pyo, il a un grand sourire, mais le bambin, plutôt que vers l'un des deux hommes, se précipite vers Idalie, ce qui permet à Aymeric d'adresser un regard entendu à Gontrand : il est temps de meubler cette forge d'une présence féminine et que le forgeron se lance. Mais ce n'est pas de cela dont nos deux hommes vont parler. Il y aura vérification des outils. Aymeric est un bricoleur honnête, mais pas un forgeron. Il ne peut donc qu'écouter les doléances de son subordonné, qui a toujours été très raisonnable. Le travail se passe bien, le bilan financier est plus que correct, la proximité des mines lui facilite grandement le travail tout en réduisant les coûts. Apparemment, les nouveaux bannis sont venus renforcer les équipes de mineur, maintenant que les récoltes finissent.
- Fort bien. Gontrand, voici donc ton autre patronne désormais, elle passera probablement quand je ne le pourrai pas, et parfois d'initiative, mais plus pour Pyo que pour la forge, je le crains. Mais la connaissant, comme c'est une personne avec une grande curiosité et qui comme moi apprécie les artisans, elle aura certainement de l'intérêt et des questions concernant ton travail. C'est elle qui a supervisé les travaux de rénovation du Bonheur des âmes, tout en aidant à la négociation des prix. N'hésite pas à lui faire part de tes doléances quand elle viendra sans moi. Au pire elle me les transmettra. Petit bonhomme !
Il fait un salut quasi militaire, mais avec un seul doigt, à l'intention de Pyo qui tente d'y répondre tout pareil avant de se retourner vers son père d'adoption, même si l'adoption n'est pas encore lancée. Il adresse un sourire à son épouse.
- Attention, c'est un passionné, il faut parfois le freiner, mais tu verras qu'il aime son métier.
Le Temple d'Usson n'a pas la majesté et le gigantisme de celui de Marbrume mais reste parfaitement repérable, même de loin, comme tout temple devrait l'être. Et alors qu'il arrive sur le seuil du Temple, Idalie lui propose de se joindre à elle pour une prière.
- Tu remarqueras que nous sommes rapidement alpaguer par ceux du Clergé quand nous nous y rendons. Je n'en avais pas l'habitude à Marbrume ou ma présence était plus discrète. J'avais en quelque sorte ma prêtresse attitrée que je pouvais quérir pour mes questions ou mes dons, mais sinon j'étais assez tranquille. Ici, c'est plus an... Bonjour mon Père.
Et effectivement, un couple de prêtre, donc un prêtre et une prêtresse, sont venus vers le couple comtal pour les accueillir dès que la rumeur de leur présence est parvenue aux bonnes oreilles. Et Aymeric fait contre mauvaise fortune bon coeur.
- Mon Père, ma Mère. La rumeur prétend que les mariages connaissent une légère hausse depuis que le nôtre a eu lieu. Est-ce vrai ?... Je m'en réjouis. Nous vous apportons en plus du don pécunier habituel six peaux de lapin, qui pourront servir les jeunes couples désargentés pour leurs nuits de noce. Je ne suis pas sorti chasser depuis mon mariage, donc pas de peaux sauvages ou de bois miraculeusement trouvés au détour d'un chemin. Si la météo est clémente, je tenterai encore une sortie ou l'autre. Inutile que je vous présente mon épouse, je vous ai aperçus le jour de notre mariage. La cérémonie était magique.
Un grand sourire et il poursuit
- Possible que parfois elle me supplée pour les dons. Ce qui me fait songer que je ne lui ai pas expliqué comment cela fonctionne. Une fois par mois, je fais un don en argent et j'y ajoute mes surplus de chasse. Il m'arrive de temps à autre, mais rarement, de trouver des bois de cerf et je sais qu'ici ils seront bien utilisés, particulièrement pour les cérémonies. Et l'autre quinzaine, nous faisons une livraison avec nos dons à nous, mais aussi ceux de nos fermiers. Ils ont ainsi quelques donateurs réguliers, et chacun vient une semaine bien précise, histoire que le Temple n'ait pas un surplus une semaine puis des pénuries les autres. Nos fermiers se concentrent surtout sur les plants servant à l'herboristerie, même si, forcément, les légumes de saison en sont. Et ici, ils acceptent sans difficulté les charcuteries ou fromages qui n'ont pas le plus bel aspect, donc difficiles à vendre, mais qui restent pleinement consommables.
D'autres font des dons en matériel, ou en temps. L'aide d'un bon artisan est importante aussi et ici, au Labret, les gens sont généreux. Il y a un côté gestion en bon père de famille auquel Aymeric s'est joint sans se faire prier. En découvrant que le couple est venu pour prier, la prêtresse se propose de les accompagner, ce qu'Aymeric accepte avec joie. Il est pieux, mais convaincu que les Trois écouteront plus aisément les mots venus d'une prêtresse, formée pour leur parler, plutôt que des siens, purs dans l'intention mais au verbiage discutable. Au sortir du Temple, comme souvent, Aymeric se fait silencieux et plus étrangement, sa démarche est plus tranquille, comme si le Temple l'avait apaisé. il ne fait pas de détour quand ils passent devant le four, où nombreux sont ceux qui viennent faire cuire leur pain ou leurs préparations. Posséder un four n'est pas à portée de toutes les bourses et ce four "commun" est une bénédiction pour beaucoup et un chouette lieu d'échange.
- Alors, msieur le Comte, on dirait bien qu'le mariage vous réussit. Z'êtes plus doués dans ce domaine que dans la charcuterie qu'j'entends dire par ici
C'est un grand et vrai sourire qui accueille cette petite pique.
- J'ai fait exprès de faire une charcuterie moyenne, pour pas nuire à votre réputation. Vous imaginez, si le premier comte venu fait de l'aussi bon travail que des gens qui le font depuis des générations, le coup qui vous aurait été porté !
- Ouais, on va faire semblant de la croire, celle-là. Z'allez d'voir faire appel à nous, comme vous l'avez fait pour le fromage. Quoi que le coup de la saumure au vin, c'est d'la belle invention. Tous nos voeux, madame la Comtesse et merci d'avoir fait vot' mariage ici, ça a fait plaisir à plein de monde !
Pas de doléances cette fois-ci, ou alors est-ce parce que le Comte et "madame" se baladent main dans la main et qu'ils ont fait le choix de lui foutre la paix ? Cela chuchote encore quand le couple s'éloigne pour aller à la boulangerie. Difficile de savoir si Idalie a faim, Aymeric ne sait pas encore la lire à ce point. Mais lui a faim et il fait le tour des possibilités sans y toucher et la boulangère le laisse faire. Apparemment, le bougre fait toujours ainsi. Et c'est un grand sourire commercial qui accueille Idalie. Visiblement, la boulangère considère qu'elle peut commander sans attendre que son comte de mari le fasse. Il semble clair qu'à la boulangerie, c'est elle qui commande et pas son mari. Pour une raison toute simple, le mari de la boulangère n'est pas boulanger et ne gère le commerce qu'officiellement. Son épouse a hérité du commerce de son père, connait le métier et cela convient très bien aux deux.
- Z'avez fait vot' choix ?
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| | | Idalie de BeauharnaisComtesse
| Sujet: Re: Sortie en amoureux (PV Idalie/Aymeric) Mer 7 Avr 2021 - 23:58 | | | Aymeric avait raison : même si cette sortie revêtait l’aspect d’une simple promenade entre amoureux, le couple comtal travaillait. Et il n’était pas seulement question des quelques livraisons effectuées. Idalie et Aymeric - enfin, surtout Aymeric pour le moment - recueillaient les doléances des habitants, tissaient et renforçaient des liens commerciaux, se faisaient connaître des habitants et s’assuraient de faire bonne impression, le tout autant auprès de la milice que des artisans et du clergé. Idalie profitait du moment pour tenter de se changer les idées, mais elle n’en tentait pas moins d’absorber toutes les nouvelles informations qui lui parvenaient. Usson avait encore bien des secrets pour elle, et elle se devait de les connaître pour faire honneur à son nouveau titre et à son époux.
Alors qu’ils quittaient la forge, Idalie sourit à son mari. Gontrand était, aux dires de ce dernier, un passionné qu’il fallait parfois freiner. Elle s’imagina qu’il lui expliquerait les rouages de la forge et de son métier avec plus de détails qu’il n’en faut, et l’idée l’amusa et la ravit.
« Je ne recule devant rien, Monsieur le Comte, répondit-elle, le ton léger. Je suis certaine que sa visite sera très intéressante et formatrice. Mais rassure-toi : je ne prévois en revenir forgeronne. »
Ils empruntèrent le chemin du temple, où demanda à Aymeric s’il acceptait de se joindre à elle pour prier. Il la prévint que les membres du clergé venaient souvent à leur rencontre et qu’il était moins tranquille en ce lieu de culte qu’au temple de Marbrume. Un couple composé d’un prêtre et d’une prêtresse s’approcha alors d’eux, et Idalie les salua avec un grand respect. Elle avait croisé les deux religieux lors de son mariage sans avoir le temps d’échanger longuement avec eux. La situation allait assurément être rectifiée très bientôt, car elle était une fervente croyante et avait à cœur de se rendre souvent au temple.
« Je serai ravie de venir déposer les dons en compagnie de mon époux ou à sa place, dit-elle après avoir écouté les explications d’Aymeric. J’espère aussi que vous accepterez mon aide pour vos bonnes œuvres. Je souhaite de tout cœur contribuer au bien-être de cette communauté qui m’apporte déjà tant. »
La proposition sembla accueillie positivement et Idalie promit de venir passer une journée au temple pour en apprendre davantage sur les projets en cours et parler de ses propres idées. La nouvelle comtesse entra ensuite dans le modeste bâtiment pour prier avec Aymeric et la prêtresse. L’espace d’un instant, elle adopta un air plus grave. Ses prières se tournèrent vers son frère disparu et elle écouta chaque syllabe que la prêtresse prononça. Quand la prêtresse les laissa seuls, Idalie la remercia avec sincérité et adressa une dernière prière aux Trois avant de quitter les lieux.
Une fois à l’extérieur, le couple comtal garda le silence. Après avoir glissé ses doigts entre ceux d’Aymeric, Idalie observa les alentours sans ressentir le besoin de parler. Elle s’offrit un moment de découverte et de contemplation, sachant que son époux ne lui reprocherait pas de ne pas entretenir constamment la conversation.
Le four commun se dessina devant eux et capta vite l’intérêt d’Idalie. L’endroit était vivant et chaleureux, les habitants échangeant les dernières rumeurs pendant la cuisson de leurs aliments. Un homme se permit même une petite pique au comte, qui ne manqua pas de répondre d’un ton joueur. Idalie rit doucement et salua l’homme, offrant au passage quelques commentaires élogieux sur les effluves qui embaumait l’espace.
« C’est fantastique de voir tous ces gens, dit-elle à Aymeric alors qu’ils s’éloignaient. Cet esprit communautaire me manquait beaucoup à Marbrume. Il me tarde d’en savoir plus sur chacun et d’être une présence active à Usson, comme je l’étais à Auvray. »
Prochain arrêt : la boulangerie. Idalie salua aimablement la boulangère et se présenta avant de jeter un regard appréciateur aux délices qu’Aymeric détaillait déjà. Elle n’avait pas particulièrement faim, comme c’était le cas depuis plusieurs jours, mais elle n’avait pas l’intention d’offenser la commerçante en partant sans choisir quoi que ce soit. Et puis, elle savait qu’elle devait avaler quelque chose.
« Mon choix sera votre choix, décida-t-elle quand la boulangère la questionna. Tout semble absolument divin et je pourrais tergiverser encore longtemps. Je fais confiance à votre palais : emballez pour moi votre création préférée. Deux fois, s’il vous plaît, car j’aimerais aussi en faire profiter notre fille.
- On dit qu’vous z’avez la dent sucrée comme moi, M’dame la Comtesse, alors j’ai c’qu’il vous faut! répondit la boulangère en se mettant au boulot. Vous m’en donnerez des nouvelles! M’sieur l’Comte, z’avez choisi ou vous voulez tester vot’ chance avec ma recommandation? »
La boulangère prit la commande du comte et emballa le tout avec plus d’application qu’à l’habitude pour faire bonne impression devant la nouvelle venue. Idalie remercia la commerçante, puis sortit en compagnie d’Aymeric, le paquet dans les bras.
« Un baiser ou je garde ta collation en otage », menaça-t-elle faussement dans un murmure après quelques pas.
Idalie conserva son précieux paquet jusqu’à la capitulation de son époux. Elle tendit ensuite à Aymeric son pain et goûta à celui que la boulangère avait sélectionné pour elle pendant qu’ils marchaient.
« Il y a de la confiture, annonça-t-elle. Et elle est savoureuse à souhait. Alix va adorer, même si le pain sera un peu moins frais demain. »
Idalie sourit à Aymeric et, dans un geste affectueux, lui retira de la barbe quelques vilaines miettes. Cette sortie lui faisait du bien. Elle n’effaçait pas sa tristesse, mais elle lui changeait les idées et lui donner envie de faire partie de la communauté que formaient les Labretiens. C’était aussi une bonne occasion d’être « seule » avec Aymeric, de vivre avec lui autre chose que leur quotidien avec Alix, Ilda et les autres habitants du manoir.
Leur promenade les menèrent ensuite à la fromagerie. Cette fois, Idalie entra dans l’établissement en compagnie de son époux. Après avoir servi un client, la fromagère se dirigea vers eux et s’exclama :
« M’dame la Comtesse, ravie d’vous voir! Et M’sieur le Comte, toujours un plaisir aussi, même si deux fois en une journée, ça commence à faire beaucoup! J’vais croire que vous voulez qu’j’vous invente une recette de fromage pour vous seul. Le “Aymeric”, j’sais pas si c’est très accrocheur pour la vente, par contre. En tout cas, ça s’rait pas un fromage très raffiné. Sinon, faudrait l’nommer avec l’nom d’votre épouse. Moins d’barbe, plus de finesse. Bref! »
La fromagère tapa des mains et poursuivit :
« J’fais goûter des délicatesses à M’dame la Comtesse, M’sieur? J’montre mon atelier? J’vous révèle tous mes secrets? Possible que j’mente pour le dernier point, j’m’excuse d’avance, mais j’protège mes recettes familiales! »
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| Sujet: Re: Sortie en amoureux (PV Idalie/Aymeric) | | | |
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