Marbrume


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 Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptySam 3 Juil 2021 - 22:57
1er avril 1167



Par habitude, Alaric passa une main sur son front pour repousser ses mèches de cheveux trop longues. Pour la énième fois de la journée, ses doigts brassèrent l’air, effleurant sa peau. Il secoua la tête, dépité par cette manie qui ne le quittait guère. Quelques jours plus tôt, avec joie, Rosen avait accepté de lui couper les cheveux, afin que le soldat se débarrasse pour de bon de son air négligé et que sa vue, enfin, soit dégagée.

Avec l’arrivée de la châtelaine à Sombrebois et la reprise du bourg par la couronne, Alaric avait senti l’air changer, la roue tourner. Lui-même avait obtenu un nouveau poste des mains de Yohan de Morguestanc, une fonction tout à fait illustre, compte tenu de sa position et de sa non-appartenance à la milice. En clair, il avait décidé d’apparaître plus sérieux et responsable, de faire honneur aux nouveaux alliés qu’il avait rencontrés, la plupart étant plus gradés que lui. Il avait fait bonne impression et il comptait bien continuer sur cette lancée. Cependant, en imposer avec son nouveau style n’était pas la seule stratégie que le jeune homme avait établie : il y avait des informations qu’il désirait détenir et il savait exactement où il pouvait les obtenir.

Alaric inspira longuement. L’odeur puissante d’iode frappa ses narines, emplit ses poumons d’un air frais qui lui fit du bien. Les vagues s’écrasaient en douceur contre les quais, la rumeur de ce contact contre la pierre se mêlait au brouhaha incessant qui caractérisait le port de Marbrume. Même s’il restait sur ses gardes, il avait l’impression de passer inaperçu parmi cette foule hétéroclite, entre habitants, marins et miséreux. Ainsi, il avait progressé entre les venelles des docks, véritable dédale à l’est de la cité fortifiée. Pourtant, il n’eut aucun mal à reconnaître la devanture de sa destination : l’enseigne annonçait en jolies courbes de fer forgé La mouette chantante.

Quand Eve lui avait proposé de se rendre un jour dans cette auberge, il n’avait pas cru que l’occasion se présenterait aussi rapidement. Plusieurs raisons avaient poussé Alaric à revenir : tout d’abord, il se sentait toujours redevable auprès de la noble mystérieuse et il voulait la remercier face à face. Son escapade risquée à Sombrebois avait fourni au soldat des renseignements capitaux qui lui avaient permis d’anticiper le retour de la baronne et les conséquences qui avaient suivi. Ensuite, il demeurait des questions sans réponses, ainsi que de nouvelles interrogations et il espérait bien que Eve accepterait d’y répondre. Mais peut-être était-ce trop demandé ? Peut-être lui avait-elle déjà dit tout ce qu’elle avait pu ? Cependant, si elle lui avait livré cette adresse, c’était pour qu’il y mette les pieds, non ?

Une rafale de vent plus puissante que les autres fouetta son visage acheva de le convaincre. Sans hésiter davantage, Alaric ouvrit la porte de la taverne. Un mobilier en bois sans fioriture garnissait les lieux, mais il avait le mérite de ne pas être grignoté par les rats. Une odeur de cuisine chatouilla ses narines et il sentit son estomac son contracté, alors qu’il avait déjà mangé à l’auberge de Jo sur le temps de midi. Quelques clients étaient attablés, certains d’entre eux le dévisagèrent lorsque la porte d’entrée grinça et qu’il pénétra dans l’établissement. Les habitués le jaugèrent un instant, mais Alaric n’y prêta pas attention, se contentant de saluer d’un signe de tête poli l’assemblée.

- Un nouveau à la Mouette ! s’exclama, à coup sûr, le maître des lieux.

Alaric lui sourit. Il n’avait plus aucune idée de son prénom, pourtant certain que la jeune noble lui en avait parlé juste avant son départ. D’après ses dires, l’homme était en mesure de la contacter si jamais elle n’était pas présente dans sa seconde résidence.

Parce que l’aubergiste lui semblait sympathique et parce qu’il ne voulait pas se montrer impoli en ne consommant aucune boisson, Alaric commanda une bière avant de s’installer au comptoir.

- Quelqu’un m’a recommandé votre établissement, expliqua-t-il après avoir bu une gorgée.

Face au regard interrogateur du tavernier, il précisa :

- Elle s’appelle Eve. Elle m’a dit que vous sauriez où la trouver.
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyDim 4 Juil 2021 - 14:15



1er Avril 1167.
Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] Vlx2
Herold avait monter sa petite affaire dans un ancien entrepôt des quais, profitant d’un large espace, il avait pu répartir les choses comme il le souhaitait, surtout avec l’aide d’une mystérieuse donatrice aux cheveux noir de jais. Grâce à cela, la taverne qui occupait la première moitié du bâtiment, avait l’ambiance calme et feutrée qu’il aimait tant. Et la seconde partie…
Il examina le nouveau venu de la tête au pieds. Un solide jeune homme, avec le regard plus triste qu’il ne devrait, mais alerte et pas laid. C’était terrible. A force d’élever trois filles et de vivre avec une femme qui passait son temps à se pomponner, Herold en était venu à naturellement avoir un avis sur la beauté des garçons qu’il croisait. Il roula des yeux et maudit sa famille, même si au fond il les adorait toutes comme des précieux trésors. C’était juste un crime de mettre de telles habitudes dans la tête d’un homme ! Il soupira pour lui-même et sa virilité avant de répondre au nouvel arrivant.

- Prends ta bière mon gars, et vient avec moi.

L’idée qu’Eve fasse de sa gargote son lieu de prédilection pour accueillir ses connaissances lui avait parut saugrenue au début. Mais au final, les occasions étaient rares et la jeune femme choisissait soigneusement les personnes à qui elle confiait cette adresse. Son instinct devait être bon, car aucun n’ennui n’en avait découlé jusqu’ici. Herold n’aimait pas les problèmes, et la petite brune en avait fait sa spécialité, un art même. Le pire c’est qu’il savait qu’il n’hésiterait pas une seconde à plonger dans les ennuis si elle en avait besoin. Il avait une dette de vie envers elle, et il s’en acquitterait. Enfin si elle le laissait un jour s’approcher suffisamment de ses soucis pour ça. Mais elle ne semblait pas pressée.

Il souleva la planche du comptoir pour quitter son bar, et emmena Alaric vers l’arrière du bâtiment d’où émanait une forte musique. Il ouvrit à la volée une porte, et le brouhaha s’intensifia au point d’en devenir assourdissant.
La deuxième partie de la mouette chantante n’était finalement pas si loin de ce à quoi ressemblait l’entrepôt d’origine. Une grande salle avec une sorte de balcon au-dessus, et une estrade où jouait un groupe de barde. La moitié du quartier semblait réuni ici, des familles entières, des couples qui dansaient à toute vitesse au son de la musique entrainante. Des rires, des chants maladroits qui reprenait maladroitement le rythme, des discussions incompréhensibles. Une vraie fête de village au sein d’un seul bâtiment.

- Hé, la chapardeuse ! Quelqu’un pour toi ! lança le tavernier pour couvrir une partie du bruit ambiant de sa forte voix.

C’est alors qu’Alaric la vit, au milieu de la foule. Elle tenait les mains d’un garçon et d’une fille, sans doute pas plus d’une dizaine d’année chacun et tournaient avec eux en sautillant au rythme de la musique. Elle riait comme eux.
Sa tenue était plus simple qu’à leur première rencontre, une robe bleu sombre si ordinaire, qu’elle n’était pas plus notable que la tenue de n’importe quelle femme du peuple. Bien sûr c’était sans compter sur sa beauté étrange qui lui donnait une aura particulière, et rendait une robe simple, plus qu’agréable à observer. Elle tourna la tête vers eux en s’entendant apostrophée.

Une mèche noire était collée à sa joue, et sa peau brillait d’une fine couche de sueur, ses yeux brillèrent étrangement quand elle croisa le regard du capitaine et son sourire s’agrandit. Elle laissa sa place dans la danse et traversa la foule presque au pas de course pour les rejoindre.

- Al ! lança-t-elle en se jetant littéralement à son cou.

Si elle n’avait pas été deux fois moins imposante que le combattant sans doute seraient-ils tombé à la renverse. Au lieu de quoi il posa un pied derrière lui pour encaisser le « choc », manquant de renverser sa peinte, alors qu’elle lui écrasait ses lèvres, juste à la commissure des siennes pour le saluer bien trop familièrement peut-être.
Elle réattéri sur ses pieds, ses joues étaient rosies par l’alcool, mais elle semblait parfaitement consciente de ses actes. Elle posa sa main sur celle tenant la chope et la porta à sa bouche pour boire une longue gorgée rafraichissante.

- Merci ! dit-elle sans avoir demandé. Viens !

Elle lui prit la main libre et l’entraina dans la foule alors que Herold levait les yeux au ciel et regagnait son bar. Elle le mena jusqu’à un espace assez dégagé pour ne bousculer personne et se retourna pour passer ses doigts sur la nuque de Alaric et se mette à doucement tourner avec lui. Visiblement, elle voulait danser.

- Je ne pensais pas te revoir de sitôt. Que me vaut le plaisir, je te manquais ? le taquina-t-elle.


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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyDim 4 Juil 2021 - 21:34
Alaric se sentit dévisagé de la tête aux pieds, comme si le tavernier l’estimait digne ou non pour répondre à sa requête. Il ne lui fallut pas très longtemps pour annoncer son verdict. D’un hochement de tête, le soldat saisit sa chope de bière et le suivit vers l’arrière du bâtiment. À mesure qu’il s’en rapprochait, il perçut des sons rythmés, des musiques jouées d’instruments à cordes. Il fronça les sourcils et lança un regard interrogateur au dos de son guide. Il manqua de lui demander où il comptait l’emmener, lorsque ce dernier ouvrit une porte : le bruit décupla alors, chansons assourdissantes et clameurs joyeuses le firent sursauter. Lorsqu’il avait mis les pieds dans la salle de La mouette chantante, jamais il n’avait cru qu’une telle pièce existait ! Femmes, hommes et enfants dansaient sur la piste, d’autres buvaient par petits groupes, l’air heureux. Le lieu respirait la bonne humeur et la gaieté : on aurait pu croire que Marbrume vivait bien, que les fangeux n’étaient jamais apparus, que la famine ne sévissait pas dans les ruelles.

Chapardeuse ? Alaric suivit le regard de l’aubergiste. Alors, il la vit. Danser, virevolter avec deux jeunes enfants tandis que sa robe bleue tournoyait autour d’elle. Son cœur rata un battement et une douce chaleur s’en empara. Un sourire était plaqué sur son visage, ses yeux riaient et ses pommettes étaient rougies par la chaleur de la salle – et l’alcool devina-t-il. Son regard s’illumina d’autant plus lorsqu’elle l’aperçut à son tour. Elle franchit la distance qui les séparait à grandes enjambées avant de se jeter à son cou. Surpris, Alaric manqua de perdre l’équilibre et de renverser le contenu de sa chope, mais cette constatation s’évanouit aussitôt que ses lèvres se plaquèrent au coin des siennes. Il ne parvint pas encore à en placer une lorsqu’elle but une rasade de sa bière et l’entraîna vers la piste de danse.

- Att…

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase, sa main prisonnière de la sienne, son corps emporté par l’élan de la jeune noble. Il avait imaginé la retrouver accoudé à un comptoir, ou peut-être à une petite table, dans un coin d’une auberge tranquille. Là, tous les deux auraient pu discuter, et il lui aurait poser quelques questions à l’abri d’oreilles indiscrètes. Oui, c’était bien la raison de sa venue et il se l’était répété durant tout le trajet entre Sombrebois et Marbrume : je la remercie, je lui pose quelques questions, je m’en vais. Pourtant, compte tenu du caractère d’Eve, il aurait pu se douter que leurs retrouvailles seraient plus festives.

Le contact de ses doigts brûlants contre sa nuque lui procura un frisson non désagréable, mais il fit de son mieux pour qu’elle ne perçoive pas son trouble. Il n’était pas mécontent de sa performance, gardant un visage le plus neutre possible, jusqu’à ce qu’elle tourne doucement autour de lui. Si elle pensait vraiment qu’il allait danser avec elle… Non seulement il en était incapable, mais en plus, il n’était absolument pas venu pour s’amuser ! Il était vrai qu’elle lui avait laissé sous-entendre qu’elle aimerait le revoir dans des conditions plus divertissantes, mais en ce qui le concernait, ce moment n’était pas encore venu. D’un autre côté, vu la musique et le brouhaha ambiant, il pouvait discuter de ce qu’il voulait, il était à peu près sûr que personne ne les entendrait. En revanche… Eve n’était certainement pas d’humeur à avoir ce genre de discussion.

- Je voulais te remercier.

Malgré lui, il calqua son corps sur le rythme de la noble et, hésitant, posa sa main libre sur ses hanches. Sous sa robe mince, ses doigts perçurent la douceur de sa peau. Je la remercie, je lui pose quelques questions, je m’en vais. Il but une gorgée de sa bière. Non, ce n’était pas une bonne idée. D’un autre côté, vu la lampée que la jeune femme s’était permise, il ne lui restait déjà plus grand-chose, ce qui le soulagea.

- Tout s’est passé comme tu m’avais dit et…

Non, décidément, il ne pouvait pas commencer à la questionner là, alors qu’elle était juste en train de s’amuser. Il pouvait la laisser profiter de sa soirée puis revenir un autre jour, maintenant qu’il connaissait l’adresse. À notre niveau, tout ce qu’on peut faire c’est continuer à vivre, aussi intensément qu’on le peut, et en prenant les joies où elles se trouvent, même temporaire. Vous devriez essayer à l’occasion. Pourquoi il se souvenait des paroles d’Eïlyn maintenant ? Je la remercie, je lui pose quelques questions, je m’en vais. Ses bonnes résolutions fondaient comme neige au soleil.

- Enfin, je ne vais pas t’embêter. Je suis content de voir que tu vas bien.

Il avait pensé à elle à plusieurs reprises après son départ : était-elle rentrée saine et sauve à Marbrume ? Quelqu’un avait-il découvert son escapade ? Ce soir, en tout cas, elle semblait en pleine forme. Son état pétillant était communicatif, et une brève lueur, au fond de lui, y était sensible. L’envie, repoussée par des pensées plus sombres, commençait petit à petit à revenir. Alaric s’approcha un peu plus d’elle, tout en veillant à ne pas marcher sur ses pieds. Seule la chope de bière les séparait et s’il devait être complètement franc avec lui-même, sa seule envie était de s’en séparer. Il se força à détourner ses yeux bleus des siens et embrassa la salle du regard.

- Alors, c’est ici que tu te caches pour ne pas te faire attraper ? dit-il, une moue moqueuse sur les lèvres.

Il but une gorgée en écoutant sa réponse, puis lui tendit la chope afin de lui proposer le reste.

- Elle chante souvent, la mouette ? ajouta-t-il pour la taquiner.
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyDim 4 Juil 2021 - 22:19



1er Avril 1167.
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La jolie noble aux cheveux de jais se contenta d’hocher la tête quand il la remercia, comme si cela n’était qu’un détail. Elle l’observait intensément, trop intensément, comme si elle essayait de lui envoyer des pensées, ou de percevoir les siennes, ou pire encore, parce qu’elle les percevait ! Non bien sur que non, mais elle ne cessait pour autant de le regarder. Sans réellement bafouiller, le capitaine sautait d’un élément à l’autre, peut-être en proie à un conflit intérieur, et Eve espéra en être à l’origine.

- C’est plutôt ici que je peux être moi-même et dehors que je me cache Al… Ici on respire, tu te souviens ? dit-elle en lui prenant la chope des mains pour la finir sans hésitation. La mouette chante aussi souvent qu’elle le peut ! Veux-tu voir de la magie ? proposa-t-elle malicieuse.

Lentement, d’une main elle passa la chope dans son dos et tendit l’autre de l’autre coté comme pour la récupérer, mais elle ressortit vide, et la première aussi, sans l’objet. Bien sûr Alaric vit l’enfant qui courait à travers la foule avec sa prise. Elle lui fit un grand sourire.

- Je dois encore travailler les détails, mais je trouve qu’il y a du potentiel. Non ? le questionna-t-elle sur un ton sérieux que ses yeux rieurs démentaient, que sa main libre guidait le bras désormais désarmer d’Alaric dans le bas de son dos.

Sans aucun obstacle entre eux, elle ne se gêna aucunement pour se coller contre lui. Elle maitrisait un équilibre subtil, provocante sans être non plus aguicheuse, elle ne se frottait pas contre lui mais son corps était pressé contre le siens et les tissus de leur tunique n’avaient pas vraiment l’effet de barrière qu’on aurait pu leur prêter.
Un de ses bras à elle, s’était avancé jusqu’au coude derrière la nuque d’Alaric, la mettant presque sur la pointe des pieds tandis que son autre main caressait du bout des doigts la naissance de son cuir chevelu dans des petits cercles pas vraiment désagréable.

- Cela te va plutôt bien, un peu moins sauvage peut-être, mais ça n’entame pas ton charme c’est certain. dit-elle sans gêne. Mais tu ne m’as pas répondu Capitaine. T’ai-je manqué ? Un petit peu ?

Elle continuait doucement à se balancer et Alaric suivait sans tout à fait la faire danser, mais pivotant avec elle lentement. Elle semblait s’en satisfaire. Malgré l’ambiance bruyante, une certaine intimité les entourait à cet instant, et rendait le moment plus agréable, presque comme un secret qui parvenait à rester cacher en plein jour.

- Je suppose que les rouages de ton esprit sérieux ont tourné à plein régime… et même qu’ils tournent encore en ce moment même. Oui, tu n’es pas tout à fait là pour moi…

Elle ne semblait pas vraiment blessée de cette compréhension. Et la manière dont elle avait insisté sur le « pas tout à fait », de sa voix si particulière. Espérait-elle qu’il la détrompe ? Ou était-elle convaincue que, c’était lui qui se mentait en cherchant d’autres raisons à cet instant ? C’était le genre de la jeune femme, pleine d’assurance et joueuse, comme à leur première rencontre. Mais Alaric, contrairement à beaucoup, avait vu la fragilité fugitive derrière cette volonté. Ses doigts toujours dans ses cheveux, elle reprit.

- Tu es venue discuter. Mais j’ai encore envie de danser un peu. Avec toi. D’accord ? demanda-t-elle d’une voix où il put déceler une légère teinte de crainte et d’espoir mêlés. Elle posa sa tête sur son torse, fermant ses jolis yeux et continua à tourner en écoutant le cœur du jeune homme battre dans son buste.

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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyLun 5 Juil 2021 - 13:18
C’est plutôt ici que je peux être moi-même et dehors que je me cache Al… Ici on respire, tu te souviens ? Il lui sourit avant de hocher la tête. Oui il se souvenait très bien. Pour lui, cependant, ce n’était pas tout à fait le genre d’endroit où il appréciait respirer : trop de monde et pas assez d’espace. Néanmoins, il reconnaissait que l’ambiance chaleureuse des lieux était appréciable, un petit coin de tranquillité et de félicité où les habitants de la cité pouvaient oublier leurs soucis.

Il ne répondit pas à sa question rhétorique, se contenta de hausser un sourcil interrogateur, tandis que Eve cachait dans son dos sa chope désormais vide. Même si l’enfant s’était montré discret pour venir réceptionner le récipient, Alaric l’avait repéré rapidement, ce qui n’avait en rien entacher la performance de la jeune noble. Le large sourire qui s’épanouit sur son visage acheva de le convaincre qu’elle était ici tout à fait à sa place et qu’elle était sincèrement heureuse de le revoir. Je la remercie, je lui pose…

- Impressionnant, opina-t-il.

La légère ironie qui teintait sa voix s’évanouit aussitôt dès que sa main se retrouva dans le bas du dos de la jeune femme. Alaric prenait à peine conscience de ses doigts sur ses reins qu’Eve se collait un peu plus contre lui ; désormais, plus aucun obstacle ne les séparait. Il eut l’impression que ses cheveux se dressaient sur sa tête lorsqu’elle passa l’une de ses mains dans sa chevelure, constatant sa nouvelle coupe qui ne lui déplaisait pas. Ce rapprochement soudain, mais point déplaisant, n’était en rien comparable à leur première rencontre, où elle s’était contentée de le taquiner, de jouer avec lui pour le plaisir de découvrir ses éventuelles réactions.

- Oui, un peu, avoua-t-il.

Il avait essayé de noyer le poisson lors de sa première tentative, mais il ne pouvait pas fuir une nouvelle fois sa question. Plusieurs fois, il s’était surpris à déplorer son départ rapide : il aurait préféré l’avoir à ses côtés, lorsque les nombreux convois avaient débarqué à Sombrebois. C’était étrange, mais il savait que sa présence l’aurait rassuré, mais d’une certaine manière, Eve ne l’avait jamais quitté. Il s’était appuyé sur ses dires et ses mises en garde pour aller de l’avant et anticiper la venue des nouveaux individus, ce qui avait plutôt bien fonctionné jusqu’à présent.

Tous les deux se mouvaient sur un rythme bien différent de la musique jouée à tue-tête dans la salle. C’était comme si une bulle les entourait, comme si personne ne pouvait rompre cette intimité nouvelle qu’Eve avait engendrée et qu’Alaric n’avait pas refusée. Elle ne s’était jamais cachée pour lui faire du charme, ce qu’il avait dédaigné au début, parce qu’il ne savait pas à qui il avait à faire. Puis ils avaient joué à son petit jeu à l’aube et il s’était fait une idée toute différente de la jeune femme. Jamais il ne lui dirait, mais par la suite, il avait regretté que cette petite partie de questions réponses n’ait pas eu lieu en soirée. Alors, peut-être que sa réaction face à sa proposition aurait été différente. Peut-être.

Il entendait les craintes et les doutes dans ses paroles, l’envie également qu’il soit venu juste pour elle et ses jolis yeux. Il était inutile de lui mentir, de toute façon, elle avait compris facilement les raisons de sa visite rapide. Alaric n’était pas doué avec les mots, aussi se contenta-t-il de répondre « D’accord », tandis que son pouce traçait de petits cercles concentriques dans le bas de son dos. Il l’avait trouvée jolie et éclatante lorsqu’il l’avait observée danser pendant quelques secondes, mais maintenant qu’elle avait posé sa tête contre lui, il la sentait plus fragile, démunie. Était-elle venue s’amuser ici et boires quelques godets parce qu’elle fuyait la réalité de sa condition ? Les personnes présentes ici connaissaient-elles sa véritable identité ?

Elle avait dû le remarquer instantanément et peut-être en profiterait-elle pour se moquer, mais les battements de son cœur s’étaient emballés dès qu’elle avait posé sa tête contre son torse. Lui dont sa poitrine l’avait tant fait souffrir, il se sentait plus vivant ce soir. C’était étonnamment fascinant et grisant de ressentir cette sensation à nouveau alors qu’il pensait l’avoir perdue à jamais.

En douceur et sans mouvement brusque, il augmenta le rythme de la danse. Déplaçant un peu plus rapidement ses pieds, ses gestes, gourds et malhabiles, témoignaient de son manque d’habitude, mais sa souplesse lui permettait d’effectuer des pas amples tandis qu’il maintenait un peu plus fermement Eve contre lui. Il planta ses yeux dans les siens et lui sourit, l’enjoignant à suivre son tempo improvisé, rendu caduc par sa maladresse, mais au moins aurait-il le mérite de la faire rire.

- Moi aussi, je veux danser avec Eve.
- Hm ?

Alaric rompit le contact visuel avec la jeune noble à contrecœur. À côté d’eux, le petit garçon de tout à l’heure les toisait, ses menus bras croisés sur son torse, une moue boudeuse sur les lèvres.
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyMar 6 Juil 2021 - 17:01



1er Avril 1167.
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Le jeune capitaine put sentir le corps de sa compagne frémir doucement sous la caresse. Un frisson long et agréable, provoqué par une douce chaleur plutôt que la morsure d’un froid mordant.
Elle releva les yeux pour les planter dans les siens alors qu’il l’entrainait un peu plus vivement, la pressant contre lui. Sans doute n’avaient-ils pas la plus belle des allures, mais il aurait semblé difficile de rendre leur pas moins personnels. Si la technique manquait clairement, les sensations semblaient amplement en compenser l’absence. Elle finit par lentement baisser les yeux, et il eu la douloureuse mais agréable conscience qu’elle observait ses lèvres, et il n’eut pas beaucoup d’effort à faire pour savoir à quoi elle pensait à cet instant, au milieu de la foule, pressée de tout son être contre lui.

Elle avança d’un centimètre, et une voix interrompit l’instant et la jeune femme détourna les yeux à contre cœur de son cavalier pour observer son petit partenaire d’entourloupe. Difficile de résister à ce petit air boudeur. La noble finit par éclater de rire, en posant un instant son front sur le torse de Alaric, puis elle releva les yeux et lui sourit.

- Je suis bien trop demandée ce soir ! plaisanta-t-elle. Sans s’évader de ses bras toujours autour d’elle, elle leva le bras lui indiquer l’escalier qui montait vers la sorte d’énorme mezzanine qui surplombait la pièce. Monte là-haut, la troisième porte. C’est ma cabine, j’arrive bientôt.

A contre cœur, elle s’éloigna doucement de lui, laissant ses bras glisser sur ses hanches et lui fit une courte révérence de bon aloi à la fin d’une danse.

- Merci bien Capitaine. le taquina-t-elle avant de se tourner vers son minuscule camarade. A toi sacripant !

Aussitôt elle bondit vers et glissa ses mains sous ses bras pour le soulever et le faire tournoyer. L’enfant poussa un cri mêlant peur et excitation avant que tout deux se mettent à rire alors qu’elle le faisait sautiller dans ses bras. Pas bien épaisse peut-être, mais pleine d’énergie !
Ils s’enfoncèrent dans la mêlée des danseurs. Le Sombreboisien finit par suivre le chemin indiqué pour rejoindre l’étage. Il s’agissait au final d’un énorme balcon qui avait été découper en cinq cabines individuelles. La troisième porte s’ouvrit sans résistance lorsqu’il poussa sur la poignée.

La pièce n’était pas grande, mais agréable, un petit bureau sur la droite avec une chaise, encrier, bougie et une feuille de papier encore vierge. Une banquette large et confortable de l’autre face à une petite table où reposait une cruche et des verres. Un petit tabouret avec une bassine rempli d’eau claire, à coté du quelle été posé de petites serviettes, ainsi que le large plaid à moitié étalé sur la banquette lui indiqua qu’il ne devait pas être impossible que l’occupante passe parfois la nuit ici.
Il fit de son mieux pour ignorer la tenue déposée en boule dans un coin, des bottes hautes, un pantalon bien trop étroit pour un homme, une chemise noire velouteuse, et un corset bas d’un cuir sombre lui aussi.
On s’était changé ici.

Il s’avança jusqu’à l’autre extrémité de la pièce totalement ouverte par laquelle on entendait la musique en contre bas. Le balcon était assez haut pour qu’on ne voit pas dans les cabines depuis la piste de danse à moins que les occupants s’avancent jusqu’à la barrière de bois comme venait de le faire le garde. Il ne tarda pas à retrouver Eve parmi la foule, ses cheveux détachés en cascade tournoyant dans la foule. Il remarqua qu’elle levait souvent les yeux vers sa position, et nota son sourire quand elle constata qu’il était là. Elle tournoya encore toute une chanson avant de jeter son bagage humain dans un groupe d’enfant qui hurlèrent de défi, mais déjà la jeune femme se faufilait dans la foule vers les escaliers. Il l’a perdu de vue alors qu’elle montait les premières marches, sauf à se pencher dangereusement dans le vide.

Il ne pouvait vraiment entendre ses pas remonter le petit couloir de bois, mais il la sentit approcher tout de même. Il vit la poignée de la porte trembler doucement, et une longue seconde s’écoula avant qu’elle ne tourne pour s’ouvrir. Le battant s’entrouvrit, et son hôte se glissa dans la pièce en refermant immédiatement dans son dos.
Il la vit passer le petit anneau de corde autour de son attache, un verrou de fortune commun dans les maisons du peuple. Elle posa son dos contre le bois, les mains derrière elle. Son buste se soulevait rapidement, sans doute à cause de la danse qu’elle venait de quitter. Son regard était posé sur le capitaine, aussi intense que tout à l’heure, même si cette fois elle ne semblait pas s’essayer à lire dans ses pensées, mais plutôt comme si elle était dans l’attente de quelque chose, presque le mettant au défi.

- Je suis là. dit-elle simplement d’une voix envoutante.

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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyMar 6 Juil 2021 - 22:00
Il l’aurait embrassée. Sans y réfléchir, il aurait goûté ses lèvres avec douceur au début, avec passion ensuite, sa langue aurait caressé la sienne, dans une danse plus maîtrisée que celle de ses pas. Le gamin avait brisé l’élan de la jeune noble, de même que les pensées d’Alaric. La bulle éclatée, il avait retrouvé ses esprits, avait repris conscience du cadre, du lieu où ils se trouvaient. Pas seuls tous les deux au milieu de nulle part, mais entourés de dizaines de personnes dans la salle jouxtant La mouette chantante, où la musique, lyrique et puissante, n’atteignait plus ses oreilles. Le charme était rompu ; était-ce un signe ? Pourtant, il lui rendit son sourire, avisa la balustrade qu’elle lui désignait et hocha la tête. Je la remercie, je lui pose quelques questions, je m’en vais. Le soldat eut envie de rire. Progressant à reculons, les bras le long du corps, ses yeux ne la quittaient pas, amusés par la vision enfantine qu’Eve lui offrait. Elle était ici chez elle, elle était qui elle désirait vraiment et lui, il s’en rendait compte, la désirait un peu plus.

Bientôt, elle et son jeune cavalier furent engloutis par la foule et Alaric monta les marches. Il compta les cabines afin de ne pas se tromper, puis entra dans la petite pièce. Il balaya la chambre du regard : un bureau agrémenté d’une chaise, une petite table munie d’une cruche d’eau, une bassine prévue pour un brin de toilette et une large banquette recouverte d’une couverture. Dans un coin, il repéra des vêtements – ses vêtements, luxueux dont elle s’était débarrassée sans doute avec joie – roulés en boule, oubliés, jetés là jusqu’à ce qu’elle remette le masque que la société exigeait.

Face à lui, pas de porte mais une ouverture sur la piste de danse. Alaric s’avança jusqu’à la rambarde de bois et s’y accouda. Ses yeux bleus trouvèrent sa cible sans grand effort : au milieu de plusieurs enfants, Eve tournoyait, sautillait et riait. Leurs regards se croisèrent et il lut qu’elle était vraiment heureuse d’être là, mais plus surprenant, qu’elle était sincèrement réjouie par sa présence. Avait-elle cru qu’il ne reviendrait jamais la revoir ? Ne lui avait-elle donné cette adresse que par principe, sans imaginer qu’il en franchirait la porte ? Il l’observa se faufiler à travers les danseurs et devina qu’elle gagnait à son tour les escaliers menant à la mezzanine. Son cœur s’emballa, il passa pour la énième fois sa main dans des mèches de cheveux qui n’existaient plus.

Alaric quitta le garde-fou et rentra dans la chambre, les yeux rivés sur la porte d’entrée. Sa respiration était comme bloquée, tandis qu’elle pénétrait enfin à son tour dans sa cabine, non sans verrouiller la porte derrière elle. Eve, adossée au mur, reprenait son souffle, mais ses prunelles étaient ancrées dans les siennes. Je suis là.

- Je vois, répondit-il simplement, alors que ses traits se faisaient plus sérieux.

Et le corps de la jeune femme criait « Pour toi ». Il fut un temps, il se serait demandé s’il ne se trompait pas, s’il ne voyait pas des signes là où il n’y en avait pas. Il s’avança vers elle à pas lents, laissant courir ses doigts sur le petit bureau puis sur le dossier de la chaise, caressant les aspérités du bois.

- Tu sais, je ne pensais pas que tu aurais tant envie de me revoir, avoua-t-il.

D’autres paroles auraient pu suivre, mais il n’en vit pas l’utilité. « Tu avais raison, je ne suis pas venu juste pour toi », « je suis désolé, en fait je comptais t’utiliser » « j’avais juste besoin de tes informations » Ces arguments n’avaient plus eu lieu d’être dès qu’il avait posé les yeux sur elle à la suite de l’aubergiste, pendant qu’elle dansait avec les enfants, illuminée par son sourire et la sincérité de son visage.

- Tout ça…

Il embrassa la pièce de ses bras.

- Me rappelle une autre histoire.

C’était pourtant la première règle : ne pas parler de filles en présence d’une autre. Mais Alaric avait l’art de ne suivre aucun principe, surtout lorsque ses paroles, emplies d’honnêteté, coulaient de sa bouche.

- Alors je me demandais si reproduire ce schéma était une bonne idée.

Au fond, c’était bien la raison pour laquelle il n’avait pas répondu à sa tentation, lors de sa première nuit à Sombrebois. À ce moment-là, il avait eu l’impression qu’il avait assez donné, et qu’il avait tout perdu. Cependant, il connaissait l’erreur qu’il avait commise : il s’était attaché à Sydonnie, il l’avait laissée s’emparer de son cœur sans émettre de résistance simplement parce qu’il était trop heureux de partager de nouveau quelques bouts de sa vie avec quelqu’un. Quand il y repensait, il avait toujours eu hâte de retourner à Marbrume pour la revoir, tandis qu’elle se noyait dans son travail de sergente, de faibles pensées tournées vers lui.

- Mais toi, tu es vraiment contente que je sois là.

Alaric était plus proche d’Eve, désormais. En avançant, il ne l’avait pas quittée des yeux. Malgré le tambourinement dans sa poitrine et le rappel à ses tempes, il percevait l’envie dans le regard de la noiraude, dans sa posture et ses gestes, dans sa voix qui l’appelait, tel un enchantement suave qui bouleversait ses sens. Un sort dont il était bien trop heureux d’être la victime. En douceur, il posa la main droite sur sa joue gauche, enroulant une mèche de cheveux entre ses doigts. Si Eve était tout aussi heureuse de le voir que lui, alors peut-être que cette fois, il ne serait pas le grand perdant de ce second récit.

- Moi aussi, je suis là.

Apposant sa seconde main autour de son visage, il s’empara de ses lèvres. Dans son élan, il plaqua son corps contre le sien, provoquant un claquement sec contre la porte, rendu inaudible par le concert en contrebas. Comme si les bardes pouvaient les voir depuis leur estrade, ils avaient entonné un rythme plus frénétique, ce qui soutira un sourire au soldat, dont les lèvres n’avaient pas quitté celles de la jeune femme. Lui qui avait imaginé cette sensation quelques minutes plus tôt, avait été loin du compte : la réalité était plus intense, plus vraie. À contrecœur, mais en quête de souffle, il mit fin au baiser, son front collé au sien. Attrapant ses mains dans les siennes, il caressa ses doigts ; son sourire espiègle rajeunissait ses traits. D’une brève tension sur le bras de la noble dans la direction de la banquette, il lui offrit un regard timide qui contrastait avec le baiser fiévreux qu’il venait de lui offrir.
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyMar 6 Juil 2021 - 23:52



1er Avril 1167.
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Elle sentait ses jambes trembler d’anticipation, de doute et d’envie. Dès qu’elle avait croisé son regard si triste et pourtant si intense, elle avait senti une bulle dont elle n’avait même pas conscience, parvenir à un point de rupture en elle et éclater, libérant une vague d’impatience et de sentiments.

Quelques jours plutôt, quand elle avait échangé avec ce jeune homme méfiant mais si humain, elle en avait senti les prémices. Sur la route du retour elle s’était fait une raison, l’avait justifié. Elle avait taquiné le capitaine alors qu’elle était usée par la fatigue du voyage, avait passé une nuit dans la chambre face à la sienne, puis avait découvert une personne sensible avec qui elle avait peu être un peu elle-même sans se soucier des apparences ou de son rôle car seule l’humaine qu’elle était, intéressait le Capitaine. Oui c’était logique un mélange de fatigue et sujet délicats qui avait laissé une impression de complexité.

Elle l’avait enterré loin en elle au point de se convaincre même que le jeune homme ne se donnerait pas la peine de tenir sa promesse de lui rendre à nouveau visite. Pas par méchanceté, ou parce qu’elle doutait de sa sincérité, mais juste car leurs vies étaient compliquées. Et qu’il avait toutes les raisons du monde de ne pas vouloir en rajouter en la fréquentant. Et pourtant, il était là, et quand il la regardait, même si elle sentait toujours son esprit plein de questions et de craintes, il la regardait elle, juste elle.

Son cœur ratait des battements à chaque mot du jeune homme tant elle parvenait à y donner d’interprétation différente. La rejetait-il ? L’encourageait-il ? Elle qui était si fière de son intelligence et de sa capacité à cerner les gens, se retrouvait aussi perdue qu’une enfant face à un problème trop complexe mais qui espère quand même en trouver la solution. Son ventre se creusa quand elle se rendit compte à quel point il s’était rapproché pendant qu’elle tentait de réfléchir. Une partie d’elle avait soudain envie de prendre ses jambes à son cou, juste pour ne pas avoir à trouver de réponse. Tout le reste souhaitait qu’il se rapproche encore plus.

- Très contente… parvint-elle à murmurer.

Elle trembla littéralement au contact de ses mains, se sentant si fébrile qu’elle aurait pu tomber en tout petits morceaux et être balayée par le vent. Mais si une énergie féroce qui s’empara d’elle quand enfin il l’embrassa. Même en l’ayant espéré, elle ne s’était pas rendu compte à quel point elle avait eu envie de cet instant. Sa barbe de quelques jours piquait sa peau douce, Il sentait le cuir et légèrement le foin, surement dû à son voyage. Mais jamais un baiser ne lui fut si agréable, même si son expérience en la matière n’était finalement pas si grande que cela. Ses mains s’agrippèrent à sa tunique alors qu’il la plaquait contre la porte. Elle soupira contre sa bouche, en demanda plus encore en avançant ses lèvres à la rencontre des siennes.

Elle faillit gémir de frustration quand il rompit ce délicieux échange et se rendit compte qu’elle n’avait plus assez de souffle pour cela, ce qui expliquait justement la fin du baiser. Elle regarda ses mains posées sur les siennes, puis son sourire qui lui allait si bien. Elle se fit la promesse de tout faire pour le voir plus souvent. Elle fut quelque peu surprise dans le premier instant de le sentir si timide après avoir voler ce baiser avec tant d’intensité.
Mais elle se souvenait de de la douleur qu’elle avait lu dans ses yeux quand il lui avait parlé de Sydonnie. De la manière dont il avait rejeté sa provocation le premier soir de leur rencontre. Il était si jeune et avait le cœur brisé, était-ce si étonnant que cela qui soit aussi fébrile qu’elle à cet instant ? Aucune certitude au-delà de leur envie. Elle lui montra la sienne.

Elle le poussa brusquement, le forçant à reculer jusqu’à ce que sa botte butte sur le rebord de la banquette et qu’il chute à moitié pour se retrouver assis sur la matière matelassée. Sans hésiter elle s’installa à califourchon sur lui et glissa ses doigts dans ses cheveux, comme sur la piste de danse. Mais cette fois-ci, il n’y eut personne pour l’arrêter dans son envie. Elle s’empara à son tour de ses lèvres et vint gouter sa langue d’un envieux assaut de la sienne. Ses gestes était vif, mais pas impatient, ni vraiment brutal, juste intense.
Elle aurait surement pu passer la prochaine heure à se contenter de découvrir toutes les subtilités des baisers d’Alaric, et cette étude aurait déjà était des plus stimulante. Mais son corps voulait plus, elle voulait se donner à lui et que leurs être ne fassent qu’un. C’était si puéril, si à l’eau de rose, si… agréable.
Elle abandonna ses lèvres et caressa son cou en reculant pour l’observer, s’assurer qu’elle n’était pas la seule à ressentir cela. Et fut ravie de ce qu’elle trouva dans son regard.



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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyJeu 8 Juil 2021 - 10:02
Son soupir contre ses lèvres ainsi que la tension de ses doigts délicats empoignant sa chemise lui confirmèrent qu’Eve était plus que réceptive à son baiser. Fiévreuse, elle répondit à son regard en le poussant vers le bord de la banquette, où il manqua de tomber à la renverse. Il battit des bras pour rattraper son équilibre et s’assit en riant, tandis qu’elle s’installait sur ses genoux et lui rendait un baiser plus passionné encore. Il aimait sentir ses doigts fourrager dans ses cheveux, respirer son parfum frais, fleuri et légèrement iodé, goûté ses lèvres douces, mais tout aussi avides lorsqu’il s’agissait de s’emparer des siennes. Lui, il avait reposé ses mains sur ses hanches afin de la maintenir contre son corps, jouant avec le tissu de sa tenue qu’il jugeait superflu. Les yeux bleus du soldat, obscurcis par le désir, accrochèrent les iris de la jeune noble, un message tacite qui lui enjoignit de continuer.


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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyVen 9 Juil 2021 - 16:15



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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptySam 10 Juil 2021 - 14:06


- On peut aussi discuter jusqu’à ce que tu t’endormes, proposa-t-il, l’air narquois.

Sans culpabilité aucune, il prenait un malin plaisir à la taquiner, à rappeler ce souvenir qui désormais, lui apparaissait terriblement loin. Il ne parvenait pas à comprendre lui-même, mais dans les bras d’Eve, il n’avait jamais douté. Les Trois savaient pourtant qu’Alaric avait l’art de se poser des questions sans réponse. Jamais il n’aurait cru qu’une telle alchimie opérerait entre eux, comme s’ils étaient nés pour vivre cet intense instant. Cette fois, il ne craignait pas d’être le seul à avoir ressenti cette passion dévorante, cette envie irrépressible de s’unir à l’autre, pour le meilleur… Juste le meilleur. La situation avait été différente avec Sydonnie. Sydonnie. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’y avait pas pensé. La noble avait effacé la sergente de son esprit avec une facilité déconcertante. Il avait souffert pendant plusieurs mois, penaud, déçu à cause de sa disparition mystérieuse, il avait même éprouvé une colère vive à son égard avant qu’enfin, il n’osât respirer à nouveau. C’est le genre d’endroit où il n’est pas désagréable de chercher à respirer, lui avait dit Eve avant de quitter Sombrebois. Elle ne s’était pas trompée. Néanmoins, la milicienne avait laissé des traces douloureuses dans sa poitrine, des craintes solidement enracinées dans son esprit.

- Reste encore un peu, murmura-t-il en resserrant son étreinte.
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptySam 10 Juil 2021 - 15:19



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La jeune femme gloussa à la remarque de son amant, perdu qu’elle était dans la redescente de son orgasme. Ses orteils la chatouillaient, comme si elle avait des fourmis, une particularité de son plaisir qu’elle n’avait jamais expérimentée autrement que seule… jusqu’ici.

- Je ne suis pas tout à fait certaine d’être en état de discuter tout de suite. finit-elle quand même par lui répondre.

La manière qu’il avait de la presser contre lui, son bras naturellement passé autour d’elle, son front contre le sien. Elle se sentait bien, au-delà de l’immense plaisir qu’il lui avait procuré, elle se sentait réellement et profondément bien. Depuis combien d’années n’était-ce pas arrivé ? Elle fit courir ses doigts sur son torse nu, s’amusant à chasser de petite goutte de sueur autant qu’à faire frissonner sa peau. Elle le sentit l’attirer un peu plus fort, comme pour s’assurer de sa présence. Et le ton de sa voix… Elle en eut le cœur chaviré.
Pendant quelques fugaces instants, elle en voulu à cette Sydonnie qu’elle ne connaissait même pas mais qui l’avait fait souffrir, qui lui avait laissé une faille dans le cœur où elle pouvait à présent sentir une peine latente, une crainte. Elle avait fait souffrir SON… !!! Son quoi ? Elle chassa cette question pour le moment, elle ne voulait pas que ça devienne compliqué, elle voulait juste être là, avec lui. Juste Alaric et Eve.

- Je reste Al. dit-elle avant de l’embrasser avec tendresse. Jusqu’à ce qu’il sursaute soudain en sentant les doigts de la jeune femme s’égarer, et à sa grande surprise, obtenir très vite un résultat malgré le peu de temps écouler. Elle lui chuchota d’une voix chaude à l’oreille. Mais je vais devoir trouver de quoi me divertir…

Elle lui mordit le lobe de l’oreille avant de le faire basculer sur le dos, et d’en effet trouver une activité très intéressante pour les occuper tous les deux.

…………………………………

De nombreuses heures avaient passées quand Eve rouvrit les yeux cette fois-là, la tête posée sur le torse d’Alaric qui se soulevait doucement au rythme de sa respiration lente et assoupie. On ne peut pas dire qu’ils avaient beaucoup dormi. Elle n’était pas tout à fait certaine de pouvoir compter toutes les fois où leur danse avait repris. Parfois à moitié somnolant, des baisers doux et le frottement de leur corps avait suffit à les remettre en émoi, d’autre fois l’un d’eux se montrait bien plus explicite sur son objectif, et il n’avait pas été bien difficile de pousser l’autre à y répondre positivement.

Son corps était presque aussi fourbu qu’après les deux jours de voyage vers Sombrebois, et elle dut se retenir de pouffer pour ne pas réveiller son amant alors qu’elle comparait l’endurance de ses deux « étalons ». Elle se releva doucement, sa main caressant le ventre musclé du jeune homme, et elle dut se faire violence pour ne pas chercher à voir si elle pouvait encore lui soutirer une petite chevauchée tardive. Serait-elle un jour capable de satisfaire sa faim de lui ? A cet instant, elle en doutait, et c’était un doute très agréable.

Assise sur le bord de la banquette, elle prit le temps de réunir assez d’énergie pour envisager de se lever. Elle considéra le fait d’être parfaitement nue, et sourit en trouvant une solution. La musique avait cessé depuis longtemps et la salle s’était vidée. Elle n’était pas tout à fait certaine de quand, ni de s’ils avaient été assez discret pour ne pas se faire remarquer sur la fin. Elle en doutait… fortement.

Appuyée sur la rambarde, elle sirotait doucement un vin frais heureusement rallongé à l’eau uniquement vêtue de la chemise de son compagnon qu’elle portait à son nez de temps à autre. Même son odeur lui plaisait. Un grincement derrière elle lui indiqua qu’Alaric émergeait à son tour, et elle revint s’asseoir près de lui alors qu’il clignait lentement des yeux. Elle espéra qu’elle aurait de nombreuses occasions de le voir se réveiller, même si c’était improbable.

- Bonjour… lui dit-elle toute souriante, repoussant au loin les complications de l’avenir. Tu as soif ? C’est du vin mais il est léger. proposa-t-elle en lui tendant sa coupe.

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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptySam 10 Juil 2021 - 18:34
Alaric voguait entre les limbes de l’inconscience. Des images remplies de silhouettes de plus en plus floues dansaient encore derrière ses paupières. Il ne les discernait plus, mais il savait qu’il s’agissait d’un rêve réconfortant, de personnes qu’il avait aimées qu’il avait eu la chance de revoir dans un profond sommeil. Court, mais reposant. Le rire d’Eve résonnait dans sa tête, mais à l’instar de ses songes, il s’éloigna jusqu’à ce qu’enfin, il prenne conscience qu’il était réveillé. Alors seulement, les souvenirs de sa nuit lui revinrent en mémoire. Il garda les yeux clos, profitant de quelques minutes pour savourer ces réminiscences tantôt agréables, tantôt effrénées. Il avait cru que Sydonnie était insatiable… La sergente n’avait dévoilé aucun appétit, à côté d’Eve ! Pour la défense de la noble, il n’avait pas été en reste non plus. Le corps nu de la jeune femme à ses côtés avait été un appel à la luxure pendant des heures ; il avait été incapable de lui résister, comme elle n’avait pu s’empêcher de lui prodiguer et réclamer moult caresses. Jamais repus, la fatigue les avait pourtant contraints à s’endormir dans les bras l’un de l’autre, un sommeil sans cauchemar, réparateur et serein, comme Alaric n’en avait plus connu depuis des mois. Peut-être même des années.

Le soldat s’étira, avant découvrir la place vacante à ses côtés. Elle n’était plus là ; le sourire béat qui ne l’avait pas quitté depuis leurs premiers ébats disparut aussitôt. Son cœur se figea, alors que paradoxalement, ses battements s’accéléraient. Le soldat se redressa sur ses coudes ; ses muscles courbaturés protestèrent. Pas de doute, il n’avait pas imaginé les scènes sulfureuses qui gambadaient encore dans son esprit. Et pour cause : Eve s’assit à ses côtés, avant de le saluer et de lui proposer un verre de vin qu’elle s’était servi. Il se sentit idiot d’avoir pu penser qu’elle l’avait quitté sans prévenir, mais plus encore, il fut soulagé de la revoir en face de lui. Pas tout à fait réveillé, il hocha la tête, but une gorgée dans son verre et grimaça. Léger ou pas, ce n’était pas le genre de boisson qu’il affectionnait au réveil. Il avisa la cruche d’eau sur la table, mais ne se leva pas.

- Jolie chemise, commenta-t-il.

Trop grande pour elle, elle n’avait pas eu besoin de la déboutonner pour l’enfiler. Dommage. Il y avait quelque chose qui se dégageait d’elle, quelque chose qu’il n’avait pas perçu lors de son arrivée à Sombrebois, trop enlisé dans ses peines pour le remarquer. S’il lui avait succombé cette nuit-là, la passion à laquelle ils s’étaient livrés aurait-elle été identique ?

- Alors…

Il but une rasade supplémentaire ; elle passa déjà beaucoup mieux. Il n’avait aucune envie de briser la bulle qu’ils s’étaient constituées, aussi suspendit-il sa phrase et la dévisagea. Par les Trois, il aurait pu lui faire l’amour, là, tout de suite, sans y réfléchir, simplement parce qu’il la désirait. L’amour. Il se morigéna d’y avoir pensé et balaya ce questionnement pour plus tard. Oui, beaucoup plus tard. Il avait eu assez d’une relation compliquée, il n’était pas question de replonger dans un schéma similaire.

Il se leva à contrecœur, afin de se ressaisir et d’éviter ses yeux clairs. Il passa ses chausses en vitesse, puis se dirigea vers le centre de la pièce. Le plancher grinça sous ses pieds nus, un détail qui lui avait échappé jusque-là. La musique… Elle s’était complètement arrêtée, plongeant le lieu dans un silence étrange. Maintenant qu’il avait les pensées un peu plus claires, il était vrai que le spectacle en contrebas s’était achevé alors que tous les deux roulaient encore sur la banquette, pour une énième aventure. Ses joues s’empourprèrent et il masqua sa gêne dans la cruche d’eau qu’il vida en quelques lampées. Fébrile, il la reposa sur la table, manquant de la faire basculer.

- Ce n’était pas juste…

Il soupira. Il en avait assez de ne jamais trouvé les mots dont il avait besoin. Ou plutôt, il en avait assez de ne pas avoir le cran d’affirmer ceux qu’il désirait employer.

- Je ne veux pas que ça se limite à cette soirée.


Il était rare qu’Alaric soit aussi direct. Il n’avait jamais rien osé demander à Sydonnie, parce qu’il n’avait pas voulu la déranger. Dans d’autres contextes, il avait tardé à dire à Rosen ce qui l’énervait chez elle, parce qu’il n’avait pas voulu la blesser, il n’avait jamais confronté Hector au sujet de ses dérives, parce qu’il avait estimé que ce n’était pas sa place. Mais depuis, il avait changé. Les Trois avaient parsemé sur sa route des pertes, des choix difficiles et des situations toujours plus dangereuses et complexes à gérer. À notre niveau, tout ce qu’on peut faire c’est continuer à vivre, aussi intensément qu’on le peut.

- Ici, toi et moi…

Il accrocha son regard.

- On peut vivre comme on le veut.

Alaric marqua une petite pause avant d’ajouter :

- Je sais que je suis pas souvent à Marbrume et toi tu as sûrement… des obligations.

Il ignorait lesquelles, mais une jeune noble devait en avoir.

- Mais… parfois… On pourrait se retrouver, non ?
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptySam 10 Juil 2021 - 19:49



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Eve fit glisser sa main dans ses cheveux, les envoyant voleter derrière elle, prenant un petit air hautain qui finalement lui allait assez mal quand on commençait à la connaître. Elle tira légèrement sur le col de la chemise bien trop large.

- Tu aimes ? C’est la dernière mode en ville parait-il !

Sans pouvoir expliquer pourquoi, la manière dont il la dévisagea, son mot suspendu dans les airs, elle sentit son sang bouillir, un frisson lui remontant la colonne, et l’espace de quelques instants fugace, elle eut l’impression d’être la chose la plus précieuse de l’univers. L’expérience fut aussi effrayante qu’enivrante, mais cessa assez vite pour qu’elle ne sache pas de quel coté penchait finalement la balance. Elle récupéra son verre quand il se redressa, bien vite d’ailleurs. Et ne se priva aucunement de l’observer avec appétit, jusqu’à ce que ses petites fesses musclées disparaissent sous le tissu. Elle sirota son vin pour cacher son sourire.

Son cœur eu un raté quand il reprit la parole, et elle fut contente d’avoir son gobelet devant son visage pour éviter que le rosissement de ses joues ne soit trop évident. Elle savait que ce n’était pas une bonne chose, mais elle était contente, ravie même de l’entendre prononcer ses mots. Cela allait tout compliquer, elle en était certaine. Tout aurait été plus simple s’il s’était contenté de la rejoindre dans son lit quelques jours plus tôt. Ils auraient passé un bon moment, et se seraient oubliés les jours suivant. Maintenant… Elle laissa ses jolis yeux moins tristes que la veille, accrocher les siens, et oublia quelques secondes tous les ennuis en perspective juste pour savourer ce contact.
Elle soupira en posant son verre, et se leva s’approchant de lui, ses bras passant naturellement autour de son cou. Elle du se mettre sur la pointe des pieds pour l’embrasser.

- Oui, je crois bien que parfois on pourrait se retrouver Alaric. Pour vivre comme on veut.

Elle avait peine à imaginer tous les obstacles qui se mettraient en travers de cette simple volonté commune. Mais si elle se battait pour changer les choses, rajouter un combat de plus à son immense liste n’était pas vraiment inimaginable. Et si ce combat là en particulier, lui apportait du bonheur et de la tendresse, pourrait-on vraiment lui en vouloir ? « M’en voudrais-tu Yvy ? » se demanda-t-elle intérieurement.

- Assieds-toi Alaric. dit-elle d’un ton qui n’était pas autoritaire, mais ne souffrait pas la contradiction.

Elle ne pouvait pas simplement le laisser s’engager dans tout cela sans même qu’il ait conscience de l’existence de « tout cela ». Être juste Eve ne pourrait plus le protéger s’ils décidaient de se revoir, si ce moment de plaisir, de fusion, devenait les prémices d’une attache, d’un lien, d’une… relation. Elle ne savait pas trop où cela pouvait aller, ni même ce que, lui ou elle, entendaient vraiment par le fait de se revoir.
Juste s’amuser ? Passer le temps ? Leurs corps s’entendaient bien, c’était un euphémisme. Et elle était presque certaine qu’avec un peu d’entraînement, ils feraient passer cette première nuit pour un coup d’essai maladroit. Elle enfouit l’étincelle de luxure qui naissait entre ses reins pour se concentrer sur l’instant présent.

Elle s’aperçu qu’elle lui pressait fortement les mains, même si elle doutait de pouvoir lui faire mal, y aurait-elle mit toute sa force. Elle relâcha la pression sans pour autant les lâcher. Assise en tailleur face à lui, elle sentit une boule de crainte lui nouer le ventre à l’idée de le faire fuir. Mais elle s’était promis de ne plus être lâche.

- Je suis Eve de Clairmont, Comtesse, Maîtresse des terres d’Anor, héritière des rives Est. Fille de sang en second rang de la maison Sylvrur.

Elle eut un pauvre sourire.

- En somme Alaric, je suis la nièce du roi. résuma-t-elle avec un soupir. Je ne suis pas juste une noble. Je suis de la famille royale. Avec tout ce que cela implique. Et cela peut tout changer pour nous, pour toi.

Elle caressa doucement sa joue.

- Prend le temps d’y réfléchir d’accord ? J’ai aimé nos instants ensemble, autant que j’espère que tu les as aimés. Mais ce que tu proposes… ce que NOUS voulons. corrigea-t-elle. ça n’aurait déjà pas été simple avec n’importe quelle noble. Avec moi c’est… pire.

Elle se leva pour éviter qu’il ne puisse trop lire son angoisse sur son visage et lui jeta sa chemise dessus en se forçant à sourire.

- Je dois assister à deux inaugurations aujourd’hui. Dit-elle en commençant à ramasser sa tenue pour se rhabiller, lui tournant le dos pour qu’il ne puisse pas la voir les yeux brillant. C’était tellement stupide, ils avaient passé une nuit ensemble et voilà qu’elle reniflait comme une adolescente à l’idée de se faire rejeter par un garçon. Mais peut-être que si tu veux, en début de soirée, on pourrait se retrouver. Et parler…

Elle ne s’était toujours pas retournée, de crainte de lire le refus dans ses yeux qu’il n’aurait pas encore osé prononcer.

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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] EmptyDim 11 Juil 2021 - 13:43
Quand Alaric capta son regard, il crut qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes. Mais le soupir qui s’en suivit et le tendre baiser qu’elle déposa sur ses lèvres avaient quelque chose d’inquiétant. Même son affirmation ne parvint pas à le rassurer ; une ombre obscurcissait ses yeux clairs. Il la dévisagea quelques secondes avant de s’asseoir comme elle le lui avait demandé, la boule au ventre, les muscles crispés. Il fut d’autant plus alarmé par l’emprisonnement ferme de ses mains autour des siennes, comme si Eve craignait qu’il ne la fuie, qu’il ne s’évapore sans qu’elle ne puisse le rattraper. Angoissé, il caressa ses doigts, l’enjoignant à lui livrer ce qu’elle avait sur le cœur.

La sentence tomba et il ne sut comment il devait réagir. Eve de Clairmont. Il venait de passer une nuit de folie avec la nièce du roi. Non, mieux : il venait de quémander d’autres nuits à la nièce du roi. D’autres s’en seraient sûrement vantés, pas Alaric. Il ne donnait pas cher de sa peau si leur petite aventure parvenait aux oreilles de la famille royale. Il déglutit, ne sentit pas sa main caresser sa joue. Eve avait raison : avec elle, c’était pire. Impossible, inaccessible… Inutile ? Le soldat n’avait pas besoin d’une énième relation compliquée, il voulait des plaisirs simples, vivre à nouveau sans – trop – se préoccuper des conséquences, des malheurs qui sévissaient tout autour de lui. Il aurait mieux fait de se taire. Ils se seraient quittés simplement, elle n’aurait pas eu besoin de lui révéler sa véritable identité et peut-être se seraient-ils revus, occasionnellement, dans cette petite cabine où l’extérieur importait peu. Mais non, il avait fallu que pour une fois il exprime ce qu’il désirait et il avait tout gâché.

En silence, il la regarda s’habiller, annonçant qu’elle devait partir. « Reste encore un peu » lui avait-il murmuré la veille. Il n’était qu’un abruti fini. Un doux rêveur que les Trois aimaient laisser croire, incapable d’apprendre de ses erreurs.

- Je comprends mieux pourquoi tu ne voulais pas parler de ta famille, murmura-t-il.

Il attrapa sa chemise et entreprit de s’habiller à son tour. Ses gestes se faisaient plus brusques, alors que ses doigts buttaient sur les boutons qui refusaient de se défaire. Le ressentiment grondait en lui, assombrissait ses pensées, noircissait son jugement. Pourquoi l’avait-elle entraîné là-dedans ? Parce que ce n’était qu’un jeu, tu le sais bien.

- Depuis le début, tu savais que ça ne mènerait nulle part, dit-il, amer.

Il lui en voulait, mais il s’en voulait encore plus. Après tout, il avait toujours su qu’elle était noble. Ce n’était pas la faute d’Eve s’il avait été assez idiot pour tomber dans ce piège grotesque. Pourtant, en était-ce réellement un ? Ses paroles laissaient sous-entendre qu’elle n’était pas contre un rapprochement entre eux, simplement qu’il était préférable qu’il comprenne dans quelle histoire il s’embarquait. Mais pouvait-elle seulement lui laisser cette chance ? Trop de questions, trop de complications dont Alaric se serait bien passé.

- Tu as raison, j’ai besoin d’y réfléchir.

Après avoir mis ses bottes, il se releva de la banquette.

- Je ne…

Voudrais pas retarder la comtesse. Voilà ce qu’il avait voulu dire. Cependant, Eve lui tournant toujours le dos, il remarqua qu’elle était légèrement voûtée, l’air abattu. Cette situation ne lui plaisait pas plus à elle qu’à lui : pire, elle savait être la cause de ces nouveaux tourments. En rajouter une couche serait inutile, surtout qu’au fond, il n’avait aucune envie de la blesser. Ses réactions à chaud avaient parfois tendance à être excessives ; il se détesta un peu plus pour cela. Sortir un peu, prendre du recul, c’était certainement la meilleure des idées qu’il pouvait avoir.

- Je serai là ce soir.

Il s’approcha d’elle, hésita à caresser son dos, rassurant. Sa main à hauteur de ses omoplates, il suspendit son geste, avant de finalement la laisser retomber le long de son corps.

- Passe une bonne journée, Eve.

Le cœur lourd, Alaric quitta la cabine.

***

Dans la salle de la Mouette chantante, Alaric avait perdu toute notion du temps. Il fut presque surpris de découvrir autant d’animation sur les quais, un soleil voilé de légers nuages éclairait la cité fortifiée ; la matinée était déjà bien avancée. Son estomac cria famine, mais il l’ignora et entreprit de marcher sans but dans les différentes venelles de Marbrume. Eve de Clairmont. Bon sang ! Pourtant, plus il y réfléchissait, plus cette haute position dans la noblesse prenait tout son sens. Qui d’autre que la nièce du roi aurait pu le prévenir des plans de la couronne à Sombrebois ? Sombrebois ! Il avait complètement oublié ses préoccupations premières. Il avait dit à Rosen qu’il retournait à Marbrume pour essayer d’obtenir plus d’informations sur Roxanne et sur le mystérieux V qu’Eve avait tracé dans sa paume, un symbole que ni la baronne ni lui n’avaient réussi à interpréter. Si elle savait à quoi il avait perdu son temps, la blonde le tuerait. Ou l’applaudirait ; il n’était pas toujours aisé d’anticiper ses réactions.

Ses pas le menèrent à la taverne de Jo’, où il entra avant de s’accouder au bar après avoir salué la clientèle. Le tavernier l’accueillit d’un large sourire puis lui servit un godet d’eau et un bol de restes de bouillon.

- Alors, tu n’es pas rentré de la nuit…
- Hm, fit Alaric, avant de boire quelques gorgées de la soupe fumante.
- D’accord, d’accord, s’excusa l’aubergiste. J’ai cru que…
- C’est compliqué.

L’homme hocha la tête, ayant reçu cinq sur cinq le message de son client et ami. Prétextant avoir du travail en cuisine, il le laissa seul, la tête déposée sur sa paume, le coude sur le comptoir. Ses yeux se perdaient dans les ondes délicates à la surface du bouillon. Avec l’arrivée de la fange, les malheurs avaient rayé ses côtés enfantins et joueurs, la joie qui inondait jusqu’alors ses traits s’était tarie, avant de refaire de brève apparition lorsqu’il avait rencontré la sergente. Avec Sydonnie, il avait décrété qu’il cesserait d’être raisonnable. Mais depuis qu’il avait pris cette décision, il avait beaucoup souffert, croyant même que les Trois ne lui pardonnaient pas ses quelques écarts de conduite. Aussi s’était-il renfermé à nouveau dans des principes austères, embrassant sa fonction à Sombrebois comme si elle était tout ce qui lui restait. Eve avait rallumé cet éclat dans ses prunelles. À cette seule idée, un pâle sourire étira ses lèvres.

- Ah ben quand même.

Jo’ était revenu et le toisait, ses larges bras posés devant lui.

- C’est peut-être compliqué, mais t’as pas l’air d’aller mal.
- Ouais… C’est vrai.

Dans les bras d’Eve, il s’était senti si bien. Elle lui manquait déjà. Eve de Clairmont.

- Je monte, l’avertit-il, après avoir terminé son bol.
- Oublie pas de fermer la fenêtre, cette fois !

Alaric hocha la tête et gagna sa chambre. Refermant la porte derrière lui, il ouvrit la petite fenêtre qui donnait sur les combles et se hissa à l’extérieur. En souplesse, il gagna la toiture ; il connaissait les prises offertes par la bâtisse par cœur, n’avait jamais craint de tomber en contrebas. Là, il prit un grand bol d’air et se coucha, les yeux vissés sur le ciel. Peser le pour et le contre… Le cœur ou la raison ? Il semblait que cet inlassable questionnement ne le quitterait jamais.

Quand il ouvrit les yeux, il avait pris sa décision.

***

Le soir n’était pas encore tombé, mais Alaric n’avait pas envie de traîner plus longtemps dans les rues sales de Marbrume. Et puis, Eve lui avait dit de revenir début de soirée, peut-être était-elle déjà rentrée ? Rentrée. Comme si c’était chez eux. Il grogna pour chasser cette pensée et passa la porte de la Mouette chantante. Le soldat ne prêta pas attention aux différents regards qui lui étaient adressés et se dirigea vers le fond de la salle.

- Ah, toi ! s’exclama le tavernier, d’un ton bourru qui le fit sursauter. Où tu vas comme ça ?
- Euh, Eve m’a…
- Elle n’est pas encore là.

L’homme lui fit signe de s’approcher et Alaric s’exécuta, à contrecœur. Il avait espéré pouvoir l’attendre dans sa cabine, seul, mais c’était sans compter sur l’intervention de… Harold, Herold ? Il ne s’en souvenait pas.

- Vous vous êtes peut-être bien amusés, hier soir…

Des rires gras résonnèrent dans la taverne. Les joues du soldat s’empourprèrent ; il avait envie de fuir, sans pouvoir essayer un « ce n’est pas ce que vous croyez » superflu. Le sourire malicieux du maître des lieux se mua brusquement en un visage plus sérieux, accompagnant la suite de sa phrase d’un ton plus dur, plus bas également, afin que le reste de la discussion reste entre eux deux.

- Mais elle avait les larmes aux yeux, ce matin. Alors, si tu la fais souffrir…
- Ce n’est pas mon intention, le coupa-t-il.

Il s’assit sur une chaise haute, et avec toute l’assurance dont il était capable, il lui demanda :

- Et si vous buviez une bière avec moi, en l’attendant ?
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