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 Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]

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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyLun 12 Juil 2021 - 13:41



1er Avril 1167.
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Le contact tant espéré ne vint pas, et Alaric, comme c’était son droit le strict, la fuit, elle et son titre, elle et ses problème, elle et elle…. Il avait raison, depuis le début elle savait que cela ne mènerait nulle part, si ce n’était à leur disgrâce voir à leur perte. Avait-elle été stupide de se laisser aller ainsi à n’écouter que sa petite personne sans réfléchir aux conséquences. Tomber amoureuse, et puis quoi encore ?

- Toi aussi Alaric. parvint-elle à lui répondre sans que sa voix ne se brise tout à fait.

Elle parvint à patienter des longues secondes à écouter la porte se fermer, les pas lourds remonter le couloir jusqu’à s’atténuer dans les escaliers. Elle aurait pu s’avancer vers le balcon pour l’observer encore quelques secondes, mais pourquoi ? A quoi bon se faire encore plus mal ? Lentement, la comtesse se laissa glisser sur ses genoux, sa chemise presser contre elle, et se mit à pleurer silencieusement, comme elle avait si bien appris à le faire avec les années.

Quand elle finit par retrouver son calme, elle s’admonesta de nouveau. Elle qui pensait avoir repoussé sa lâcheté loin d’elle, voilà qu’à la première porte dérobée venue elle avait tenté de se soustraire à son chemin de croix ! Non, c’était injuste envers Alaric, ce n’était pas qu’une bifurcation sur son trajet, ça aurait été résumé à bien peu de chose cette nuit à deux, car elle était certaine qu’il avait ressenti la même chose. Elle l’avait senti quand il l’avait regardé, quelques minutes plus tôt, et elle l’avait senti en réalité dans presque chacun de ses gestes depuis qu’il l’avait embrassé contre cette porte qu’il venait de franchir.

Non, elle n’avait pas « profité d’une occasion ». Mais simplement cédé à une chose qui ne faisait que l’éloigner de son but. Une chose à n’en point douter magnifique. Mais impossible… n’est-ce pas ? Elle quitta la cabine quelques minutes plus tard après avoir pris le temps de faire un brin de toilette puisqu’elle était seule. En passant devant le bar où Herold semblait faire ses comptes de la veille, elle le salua, mais le Tavernier perspicace ne fut pas dupe de son sourire, et elle détourna les yeux pour fuir son inquisitrice inquiétude. Elle quitta la mouette chantante, avec peu d’envie d’en entendre à nouveau le cri.

***

Avant de rencontrer la mère de ses filles, Herold avait connu des histoires de cœurs bien plus souvent qu’à son tour, presque autant que des histoires de cul en réalité. Et il en connaissait beaucoup des variantes douloureuses. En observant le jeune homme devant lui, et malgré l’énervement qu’il avait soigneusement entretenu au fil de la journée pour lui remonter les bretelles, il n’eut pas le cœur à le blâmer plus que ça.
Il avait typiquement la tête de celui perdu entre le cœur et le cul. Et il fallait admettre qu’il s’était entiché d’un cas compliqué. Bien que bourru, il soupira, et leur servit chacun une bière dont une qu’il déposa devant le garde.
Comment elle l’avait appelé déjà ? Al, Hal, Hale ? Surement un surnom, il ne se voyait pas l’appelait comme ça. Il tendit sa grosse paluche par-dessus le comptoir pour une présentation en bonne et due forme.

- Je m’appelle Herold, Herold Dorin, patron, serveur, et bonne oreille il parait.

Il but une gorgée de sa bière après que « Alaric » donc, lui ait rendu sa présentation et sa poignée de main. Il aurait été bien malin en l’appelant Hale. Et envoya un regard circulaire à la salle. Tout le monde détourna le regard pour s’occuper à nouveau de ses petites affaires. Le spectacle était fini. C’est ce qu’il aimait dans sa clientèle. C’était des gens bien. Enfin peut-être pas bien dans le sens où on l’entendait généralement. Mais c’était des gars respectueux. Des amis, des partenaires, des contacts. Leurs familles avaient souffert de la faim ensemble, et s’en étaient sorti ensemble. Quand la ville avait frôlé l’implosion face à la famine et au crime, ils étaient restés comme un noyau soudé et avaient encaissé les vagues jusqu’à ce que la tempête se calme.

La clientèle de la mouette se renouvelait assez peu. En vérité, à l’exception des pirates qui venaient discrètement boire dans les tavernes du port, Alaric était sa première nouvelle tête depuis bien longtemps. Mais il ne s’en plaignait pas. Il était de parti pris dans la petite histoire qui se déroulait dans les sentiments du jeune homme, mais il se décida à jouer les choses dans les règles de l’art, comme un tavernier professionnel.

- Allez, dit moi ce qui te tracasse mon gars, que je puisse te dire à quel point c’est stupide. lui lança-t-il avec un clin d’œil.


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AlaricGarde de Sombrebois
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyLun 12 Juil 2021 - 22:18
Alaric ne savait pas très bien pourquoi il avait proposé une bière au tavernier. Sans doute parce qu’à défaut de lui échapper, il était préférable de sympathiser. Herold ! C’était bien le prénom prononcé par Eve, lorsqu’elle lui avait parlé de la Mouette chantante la première fois. Il saisit la main que l’aubergiste lui présentait d’une poigne ferme avant de se présenter à son tour d’un bref « Alaric » sans autre forme de politesse. Le soldat avait pensé écoper de sévères réprimandes vu le ton bourru employé par le tavernier, mais sans qu’il n’en comprenne les raisons, ce dernier s’était radouci à son égard. Finalement, il avait peut-être bien fait de proposer ce verre : la boisson avait tendance à rapprocher les inconnus. Un silence néanmoins tendu s’installa entre eux, au cours duquel il but une gorgée du breuvage amer. Un coup d’œil par-dessus son épaule lui apprit que – malheureusement – Eve n’avait pas encore passé la porte de l’établissement. Allait-elle seulement revenir ? Après tout, elle n’était pas obligée de loger ici, même s’il s’agissait de son lieu favori. Et si, au cours de ses inaugurations mondaines, elle avait pris la décision de l’ignorer, de ne pas rentrer afin de l’éviter, sachant qu’Alaric l’attendrait ?

Le soldat reporta son attention sur Herold qui n’avait pas l’air de vouloir lâcher l’affaire. Il le trouvait presque sympathique, hormis ses airs austères et son net penchant protecteur envers la jeune noble. D’ailleurs, l’homme était-il au courant ? Le contraire aurait été étonnant, mais afin de ne pas commettre d’impairs, il lui chuchota :

- Vous savez qui elle est, n’est-ce pas ?

Pas besoin de plus d’explications. D’ailleurs, Herold lui répondit par l’affirmative, ce qui confirma sa première impression. Au fond, l’homme n’était-il pas la seule personne à laquelle Alaric pouvait se confier ? Il ne pourrait jamais avouer à quiconque l’aventure qu’il avait passée avec Eve, de peur de révéler son identité. « Bonne oreille » avait-il précisé. Peut-être, mais était-ce une bonne idée de discuter avec lui, alors qu’ils ne se connaissaient pas du tout ? Pourtant, le soldat en savait quelque chose, il était toujours plus aisé d’aborder des sujets intimes et compliqués avec des étrangers.

- Vous savez, moi je m’en fiche de son titre, murmura-t-il, les yeux perdus sur sa chope. Mais le reste…

D’une main, il balaya l’ensemble de la salle, une comparaison au reste de la société.

- Elle n’a aucun avenir avec moi.

Et moi je n’en ai aucun avec elle.

- Mais pourquoi je me demande ça, hein ? ajouta-t-il sans laisser le temps à l’aubergiste de répliquer quoi que ce soit. C’est vrai, je voulais quelque chose de… Je ne sais pas… De pas sérieux.

Son ton montait un peu, ses mains s’agitaient sur le comptoir alors qu’il essayait de mettre des mots sur ses pensées. D’un mouvement aussi sec que sa voix, il attrapa sa chope et but une large gorgée avant de la reposer avec fracas. Quelques regards les dévisagèrent à nouveau, mais le soldat n’y prêta aucune attention.

- Donc, c’est parfait, non ? Ça ne mène nulle part, elle est contente, je suis content, c’était agréable, mais c’est terminé. Mais pourtant…

Il secoua la tête, une moue renfrognée sur le visage.

- Je n’ai pas envie que ça se termine, avoua-t-il, abattu.

Il y avait réfléchi tout l’après-midi : il n’avait aucun droit d’en vouloir à Eve. Elle lui avait offert tout ce qu’il avait désiré, mais Alaric était un grand insatisfait. Les paroles d’Eïlyn n’avait pas cessé de tourbillonner dans son esprit désorienté : se contenter de joies temporaires, c’était tout ce qu’il pouvait espérer.

Quelque chose ne tournait pas rond dans ses réflexions. Il était décidé à savourer chaque instant de sa vie sans se préoccuper des conséquences éventuelles, et pourtant, il pensait à l’avenir inexistant qu’il l’attendait aux côtés de la comtesse. Alors il comprit ; ses sourcils froncés se détendirent, ses yeux bleus s’éclaircirent. Si Herold lui répondit, il ne l’entendit pas. Les Trois lui avaient fait comprendre que sa vie pouvait s’envoler d’un claquement de doigts. À Sombrebois plus qu’ailleurs, il avait combattu créatures et bandits, risquer sa vie parfois en riant à la barbe des dieux. Le Miraculé qu’on l’avait appelé dans la milice. Les Trois ne veulent pas de moi, avait-il dit à Sydonnie, J’ai rien fait pour vivre encore, avait-il confessé à Aeryn. À quoi bon s’inquiéter de l’avenir, lorsque l’on pouvait mourir à tout moment ?

Alaric releva la tête vers Herold.

- Vivre près d’elle serait une plus jolie façon de survivre.
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyMar 13 Juil 2021 - 1:22



1er Avril 1167.
Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 Vlx2
Une fois de plus, Herold observa Alaric, sans s’offusquer de sa montée de voix et de ses gestes soudain brusque. La fougue de la jeunesse, et un petit tempérament bien marqué. Mais les types violent, on les remarquait dès qu’ils passaient le seuil de la porte. Tant que personne ne chercherait querelle au garde, son établissement ne risquait pas grand-chose. Et la chouette chantante n’était pas un endroit de querelle. Sauf si on exceptait les épouses et mères qui venaient récupérer époux et fils en fin de soirée. Et le plus souvent c’était lui qui en prenait pour son grade. Comme s’il devait faire la leçon à la moitié des hommes de cette fichue ville.

Il laissa Alaric aller au bout de son cheminement sans l’interrompre, c’était ça être une bonne oreille. Peu de gens se confiaient réellement à un tavernier dans le but d’obtenir ses conseils, tout le monde était près à donner son avis sur une situation, même quand ils n’y étaient pas invités. Non, le tavernier, il écoutait, et vous laissait boire tant que vous aviez une pièce, la réflexion vous la faisiez enfin seul, sans être emmerder par l’avis d’un autre.

- Et survivre d’une jolie façon, c’est déjà pas si mal par les temps qui courent. se contenta-t-il de conclure en ayant trouver une verre à frotter machinalement, sa bière à peine entamée sur le comptoir face à celle d’Alaric.

Comme si elle avait attendu derrière la porte le bon moment pour faire son entrée, Eve choisit cet instant pour pousser la large porte. Elle avait les traits tirés, mais cela n’enlevait que très peu à sa beauté. Elle parcouru la salle du regard et cligna des yeux en trouvant Alaric face à Herold. Ce dernier hocha la tête pour la saluer. Elle le lui rendit en traversant à grand pas, pour sa petite taille, la pièce. Entourée d’une cape de laine épaisse, on ne devinait qu’à moitié sa tenue de monte sombre. Elle se jeta à plat ventre sur le comptoir et saisit une bouteille bouchonnée derrière celui-ci avant de retrouver le sol sous ses pieds avec son butin à la main.

- ça fait une de plus, Chapardeuse. bougonna l’homme au larges épaules.

- Trouves un témoin qui atteste m’avoir vu la prendre, et je te la paye. dit-elle en prenant la main d’Alaric pour l’entrainer à sa suite. Vient.

Herold les observa s’éloigner, un peu inquiet. C’était un jeu entre eux, mais le cœur n’y était visiblement pas cette fois. Il regarda quand même ses clients, et comme d’habitude ils firent tous bien attention de ne pas tourner la tête vers le bar pour ne pas être le « témoin » qui servirait dans leur prochaine dispute concernant la dette « sans fin et qui allait couler son affaire » de la jeune femme.
La noble lâcha la main d’Alaric après quelque pas, quand elle fut sur qu’il la suivait. Sa peau était encore froide du dehors et elle souffla sur ses doigts. Elle franchit la porte menant à la seconde partie. Celle-ci était différent de la nuit dernière. On avait replacé les tables, les bancs, les chaises, comme une grande extension du bar lui-même. Il y avait aussi un petit comptoir ici, mais à part l’emplacement vide pour deux fûts, il ne semblait y avoir que des gobelets à cet endroit.

Eve en saisit deux de sa main libre et l’emmena s’asseoir à une petite table ronde plutôt qu’à l’étage. Elle n’était pas certaine qu’il aurait été une bonne idée d’y amener Alaric, quelque soit la nature des minutes à venir. Elle se laissa tomber étonnamment lourdement sur la chaise vu sa frêle stature et remplit une première fois son gobelet à moitié et le descendit d’une traite ou peu s’en faut. Elle le reposa et resservit plus largement cette fois avant d’avancer la bouteille au-dessus de celui du jeune homme.

- Je te sers ? proposa-t-elle, puis reposa la bouteille, de son côté. Consciente qu’elle y reviendrait rapidement. Elle soupira longuement avant de se laisser aller dans sa chaise. Longue journée. commenta-t-elle simplement avant de boire une gorgée de son verre, ses yeux posés sur Alaric.

- Alors, pourquoi le nouveau capitaine confirmé de Sombrebois était-il venu me rendre visite à l’origine ? Le questionna-t-elle, visiblement parfaitement au courant de sa nomination. Son ton n’était pas froid, loin de là, mais pas tendre comme lorsqu’elle lui avait dit bonjour au réveil le matin même. Elle détourna les yeux rapidement pour ne pas lui laisser l’occasion de lire dans son regard.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyMar 13 Juil 2021 - 21:17
- Oui, murmura Alaric.

Il n’avait plus le temps de se perdre en questionnements inutiles. Une relation compliquée ? Bah, tout était difficile et comme il venait d’en prendre conscience, la présence d’Eve dans sa vie la rendrait, à coup sûr, bien plus agréable. Plus exaltante, plus surprenante, mais peut-être aussi plus douloureuse. La souffrance n’était jamais loin de la passion, il en avait été le témoin. La disparition de Sydonnie avait été à la hauteur des sentiments qu’il avait ressentis pour elle. Pour cette raison, il n’avait plus eu envie de s’attacher à quiconque. Mais n’était-ce pas préférable de vivre pleinement et chuter de temps en temps plutôt que de subir les affres du temps sans éprouver aucune émotion, bonne comme mauvaise ?

Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le salut d’Herold offert à la nouvelle venue. Le soldat sursauta lorsqu’elle s’affala sur le comptoir, juste à côté de lui, afin d’attraper une bouteille. Sa cape de laine cachait en grande partie ses vêtements luxueux, ceux-là même finiraient sans doute échangés, jetés en boule dans un recoin de sa cabine. Chapardeuse. Il comprenait mieux pourquoi, à présent.

Alaric n’eut pas le temps de répondre qu’il était effectivement témoin de la scène, emporté par la main froide d’Eve. Sans un mot, il la suivit dans la salle attenante, dont le décor avait radicalement changé. En ce début de soirée, les lieux étaient encore déserts ; ils s’assirent à une petite table ronde. Était-il de mauvais augure qu’elle ne l’emmène pas à l’étage ? Il sentit son cœur se serrer, inquiet quant à la suite des événements. À la manière dont la jeune noble se laissa tomber sur sa chaise et affonna son godet, Alaric devina qu’elle avait passé une mauvaise journée. Il savait qu’il n’était pas étranger à son humeur, Herold le lui avait confirmé. Pour autant, il ne regrettait pas d’avoir quitté La mouette chantante le matin : il avait eu besoin de réfléchir à ce qu’elle lui avait annoncé, de remettre de l’ordre dans ses idées.

- D’accord, accepta-t-il, conscient qu’il n’y toucherait probablement pas.

Il ne fut pas surpris que la comtesse soit au fait de sa nomination. Avait-elle toujours su qu’il serait jugé par Yohan de Morguestanc, ou ne connaissait-elle que quelques bribes, des ébauches de plan qu’elle analysait avec soin ? À l’origine… Était-ce vraiment ce qui allait se passer ? Faire comme s’il ne s’était rien passé entre eux ? Alaric soupira. Il avait besoin de ces réponses et il avait la désagréable impression de l’utiliser.

- Est-ce que tu connais bien la châtelaine Roxanne du Val d’Asmanthe ? Rosen m’a fait penser qu’elle pouvait être… dangereuse et moi, je ne sais pas si je peux lui faire confiance. Je crois… Qu’elle prend juste sa mission très au sérieux, mais je ne pense pas qu’elle soit si hostile envers la baronne.

Et puis, il savait que la blonde pouvait se montrer agressive, sans cesse sur ses gardes, à se méfier des inconnus. Trop occupé avec Eïlyn et les miliciens, le soldat n’avait pas encore eu la possibilité de lui parler seul à seul. En soi, il n’avait d’ailleurs pas de raison de l’aborder en tête à tête si ce n’étaient les soupçons de Rosen à son égard, ainsi s’était-il contenté de l’observer discrètement, sans rien remarquer de suspect dans son comportement.

Eve avait tourné la tête, préférant toiser les chaises et tables vides plutôt que son interlocuteur. Alaric était pourtant bien décidé à se plonger dans ses yeux clairs, qu’importe les sentiments – ou ressentiments – qu’elle éprouvait envers lui.

- Et aussi, il y a ce symbole…

En douceur, il attrapa sa main droite et leva sa paume vers le plafond. Du pouce, il traça le V souligné en son centre. Il ne lui sourit pas, mais maintint son regard rivé sur elle.

- Rosen l’a découvert lors de son entrevue avec le couple royal, mais elle n’en sait pas plus.

Il marqua une petite pause, savourant le contact entre ses doigts froids.

- Quand tu me l’as dessiné, tu parlais de possibles alliés, mais… Tu m’as aussi sous-entendu que tu m’avais prévenu parce que tu voulais contrecarrer certains plans… mais si Rosen l’a appris du roi ou de la reine et que ce sont leurs plans que tu veux faire échouer…

Alaric secoua la tête, perdu. Eve rêvait de justice, de paix, elle n’aimait pas son statut et préférait la compagnie des gens du peuple. Elle incarnait l’une de ces héroïnes de comptines et lui rappela un bonhomme rusé qui volait les riches afin de redistribuer les pièces d’or aux pauvres.

- Est-ce que… Dis-moi ce que tu essayes de faire, chuchota-t-il, alors qu’il n’y avait toujours personne dans la grande salle.

Il referma ses doigts sur les siens, raffermissant sa prise dans une étreinte qu’il espérait rassurante. Et si la noble se décidait à le regarder droit dans les yeux, elle pouvait lire ce qu’il n’avait pu lui crier à haute voix : tu n’es pas seule, laisse-moi t’aider.
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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyMar 13 Juil 2021 - 22:12



1er Avril 1167.
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Eve avala sa salive pour stabiliser sa voix avant de répondre au jeune homme qui lui présentait finalement les raisons de sa venue dans la cité.

- Roxanne, un choix intéressant s’il en est. Je me demande pourquoi elle. Non je ne la connais pas très bien, elle n’est pas de celle qu’on peut étudier par les cercles. dit-elle en buvant une nouvelle gorgée de son verre pour réchauffer son ventre rendu trop froid par la fatigue et la peine. Je te dirais que Rosen, vu sa personnalité, a raison de la craindre. La châtelaine pourrait tous vous faire égorger sans sourciller si elle doutait de vos objectifs. Mais dis-toi que malgré sa froide détermination, elle a l’avenir du duché et de son peuple à cœur. Et ça passera avant tout le reste. J’essaierais de savoir pourquoi on l’a choisi, mais je ne te promets rien.

Elle frémit de tout son long quand Alaric saisit sa main avec lenteur, pourtant ses mains n’étaient ni plus froides que les siennes ni moins amicale. Elle regarda son pouce tracer la forme qu’elle lui avait elle-même confié et écarquilla les yeux, non pas sur le tracé, mais sur la manière dont Rosen en avait eu part aussi. Elle se redressa sur sa chaise, et dit d’un ton pressé.

- Et tu ne sais pas qui précisément lui a fait ce signe ? Le roi ou la reine ? Le soit-elle seulement ? questionna-t-elle le capitaine sans pause.

Elle bondit sur ses pieds, sa fatigue évanouie sous les flots d’interrogation, ses doigts s’échappant de ceux d’Alaric. Elle se mit à arpenter quelques mètres de terrain à force d’aller et retour, un bras croisé sous sa poitrine soutenant l’autre dont elle se mordillait machinalement le pouce.

- C’est un groupe. Des hommes et des femmes, de toutes classes. Ils servent Marbrume depuis… je ne sais pas depuis quand à vrai dire, avant l’arrivée de la famille de mon oncle au pouvoir. Mais si elle sait, ou pire… si elle les utilise…

Sa cape voletait derrière elle.

- Cela explique peut-être Roxanne… Elle en ferait partie ? Ou essaie-t-elle de les mettre à jour ? Dans les deux cas cela veut dire qu’ils sont DEJA à Sombrebois. Non il était sûr de ses dires, il ne se trompe pas.

Elle s’arrêta au milieu de ses allées et venues, et se massa lentement les tempes de son pouce et de son annulaire, les yeux clos. Cela faisait beaucoup à digérer, et elle sentait ses émotions déjà rendu instable par la présence du capitaine prendre le dessus sur les restes et du prendre de longues inspirations pour ne pas se mettre à renifler comme une enfant frustrée. Elle reprit plus calmement, sa voix à peine assez forte pour qu’Alaric ne l’entende.

- Un conflit se prépare Alaric, ou plus exactement, il a déjà commencé, mais chaque parti se contente de préparer ses forces pour le moment. Je ne sais pas encore qui tire les ficelles derrière. Mais je sais que la reine n’y est pas étrangère, loin s’en faut. Sombrebois n’est qu’un des champs de bataille, mais celui qui l’emportera là-bas aura frappé le premier avec succès.

Elle soupira encore et glissa ses yeux vers Alaric a qui elle sourit avec fatigue, comme si elle tentait de le rassurer.

- Moi et quelques autres, comme ce brave Sergent de Morguestanc, nous essayons de faire en sorte que cette fois les gens comme Herold, toi ou Pénélope, et tous les autres ne soient pas encore les plus touché par ce conflit.

Elle revint lentement vers la table.

- Ma chère tante et moi, nous avons une dette en suspend que j’en profite pour régler. Mais j’aurais surement agi ainsi même sans cela. dit-elle avant de finir son verre qu’elle reposa dans un bruit creux. Elle se retourna et s’assit directement sur la table tout près du capitaine de la garde, ses doigts à moins d’un millimètre des siens. Une longue seconde passa.

- Je préférais quand tu me faisais l’amour. commenta-t-elle soudain, d’une voix distraite en réfléchissant à la situation, comme si ce commentaire était d’une parfaite logique et point déplacé. Son doigt effleura le sien.



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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyMer 14 Juil 2021 - 18:50
Alaric hocha la tête, reconnaissant. Eve n’avait fait que confirmer les craintes de Rosen ; le soldat n’était pas pressé de lui annoncer la nouvelle. Cependant, il comprenait les motivations de Roxanne et pour l’avoir expérimenté, il savait à quel point on pouvait prendre des décisions radicales pour sauver ses intérêts et les personnes auxquelles on tenait. Si la comtesse obtenait des informations supplémentaires sur la châtelaine, c’était temps mieux, mais le soldat possédait déjà une meilleure base pour mieux comprendre les agissements de la rousse.

Le reste de la conversation prit une tournure inattendue. Le mystérieux symbole était plus obscur pour la noiraude qu’il ne l’avait cru au départ. Les sourcils relevés, le regard interrogateur, il ne put que l’observer se lever vivement de sa chaise et s’échapper de ses doigts. Perdu, il secoua la tête. Le menton posé dans le creux de sa main, il se remémorait l’échange avec la baronne de Sombrebois.

- Elle était bouleversée quand je lui ai montré, se souvint-il. Je n’ai pas insisté, mais elle a dit qu’elle pensait que c’était le « V » de leur victoire, et elle parlait du roi et de la reine, même si elle ne me l’a jamais dit de vive voix.

Eve creusait une véritable tranchée dans la grande salle. Alaric tâchait de suivre ses paroles, qui tenaient plus de pensées énoncées à hautes voix que de véritables réponses. Il se rendait compte qu’il avait été loin du compte dès le départ : il n’avait jamais été question d’une seule et unique personne, mais d’un groupe d’individus très anciens, selon ses dires. De nouveaux questionnements s’enchaînaient dans l’esprit du soldat, tandis que sa comparse ne cessait d’en susciter de nouveau. Roxanne ferait partie des V ? Qui était ce « il » qui ne pouvait pas s’être trompé ? Le roi ? Ou bien une personne dont le soldat ne connaissait aucunement l’existence. Cette histoire prenait des proportions qu’il n’avait jamais imaginées. La noble lui donna raison, lorsqu’elle se décida enfin à éclaircir ses propos. S’il comprenait bien, Sombrebois serait au centre d’un conflit qui se jouait dès à présent, un champ de bataille aménagé pour deux adversaires dont Alaric ignorait tout. Et Eve, où se trouvait-elle dans tout ça ? Au centre, pour atténuer les dégâts ? Son sourire rassurant ne le convainquit pas. Au moins, il était désormais certain que le sergent de Morguestanc était dans son camp, dans leur camp. Il avait effectivement eu cette impression dès leur première rencontre, et il se réjouissait de ne pas s’être trompé.

- Le conflit oppose la couronne et ce groupe, c’est ça ? demanda-t-il, alors qu’elle vidait son second verre.

Lui n’avait toujours pas touché au sien. Il avait besoin d’avoir l’esprit clair, c’était beaucoup d’informations à digérer. S’il savait écrire, il aurait noté sur un codex tous les renseignements qu’elle venait de lui fournir. Faute de mieux, Alaric ne pouvait que compter sur sa mémoire et, même si elle n’était pas mauvaise, elle n’était clairement pas infaillible. Et puis, l’affirmation d’Eve tomba au milieu de leur conversation des plus sérieuses.

Interloqué, Alaric releva son visage vers elle, frissonna lorsque sa main entra en contact avec la sienne. Une chaleur agréable s’empara de son corps, ne nichant entre ses jambes. Un sourire naquit sur ses lèvres.

- Moi aussi, murmura-t-il.

Il laissa danser ses doigts sur le dos de sa main, sans la quitter des yeux, avant de l’attraper dans les siennes en même temps que son courage.

- Eve… Je suis désolé de t’avoir blessée. Je…

Il avait été plus simple de l’annoncer à Herold.

- Je n’aurais pas dû t’en vouloir et, tu sais, c’était plutôt à moi que j’en voulais.

Il marqua une petite pause, le temps de trouver ses mots ; sans doute pas les plus beaux, mais ils avaient le mérite d’être sincères.

- Mais la vérité c’est que… Tu me donnes envie de vivre, Eve. Qu’importe les dangers ou les épreuves, si tu es d’accord, moi je veux continuer de ressentir ça avec toi.

Alaric se leva de table.

- Je ne veux plus être comme Pénélope ou Hérold, l’une des personnes que tu veux protéger, annonça-t-il en réaction à ce qu’elle avait dit un peu plus tôt. Je veux être une personne qui t’aide. Je veux être là pour toi.

C’est ça, mon niveau.

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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyJeu 15 Juil 2021 - 3:21



1er Avril 1167.
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Elle avait préparé tout un discours pour lui expliquer à quel point c’était stupide. Les nombreuses raisons qui rendaient leur aventure aussi dangereuse que stupide. Elle s’était crue prête à abonder dans son sens s’il voulait fuir, ou à réfréner ses ardeurs s’il voulait se montrer courageusement stupide. Mais comme la glace sous le feu, ses bonnes résolutions moururent dans son esprit à mesure qu’il parlait, à la fois hésitant dans ses mots, mais convaincu dans sa volonté. Rien que ses doigts courant sur le dos de sa main avaient une mauvaise influence sur elle. Elle savait que c’était mal, dangereux, inutile. Mais l’idée d’avoir cette main serrant la sienne dans les épreuves à venir, cela lui donnait du courage, de l’espoir.
Il se redressa, debout face à elle, et elle laissa naturellement aller son front contre son torse. Ce que ça présence avait pu lui manquer pendant ces quelques heures…

- T’es un idiot, tu me fais perdre mes mots. dit-elle d’une voix pas vraiment agacée mais bien tendre, serrant sa chemise entre les doigts de sa main libre, l’autre pressant sa main. On va droit dans les ennuis, tu le sais ?

Bien sûr qu’il le savait. Alaric était un homme de chose simple, mais certainement pas un imbécile. Elle releva la tête, et tout naturellement, leurs lèvres se trouvèrent sans s’être vraiment cherchées. Par les trois, ce que c’était agréable.

- Je sais que tu ne voulais pas me blesser. Et je ne voulais pas te mentir, je ne pensais juste pas qu’on en arriverait à… ça.

Elle avait envie de lui, elle avait envie de sentir ses mains sur elle, de s’oublier des heures et des heures dans la passion qu’il faisait naître en elle. Mais si le capitaine devait se joindre à cette bataille, il méritait qu’elle lui donne les cartes qu’elle pouvait lui donner, ou du moins celles qu’il pouvait comprendre.

- Non, la couronne et ce fameux groupe ne sont pas les belligérants de ce conflit. C’est quelque chose d’autre. Que je ne comprends pas encore tout à fait. Disons que sa majesté la Reine, et une partie de la Noblesse plus ancrée dans les traditions ainsi que le Temple, affronte un groupe plus progressiste qu’on pourrait dire mené par mon cousin, Vincent, l’Héritier de la couronne. Même s’il détesterait sans doute qu’on le dise à cette place. Mais ils ne sont que deux forces que d’autres s’amusent à mettre en conflit pour servir leurs desseins.

Elle réfléchit, difficilement vu comment ses pensées s’égaraient autant que ses lèvres sur celle de son amant, même au milieu de son explications.

- Le troisième groupes, celui du symbole, Yohan les appelle les Victorieux, faute de mieux, mais on ne connait pas leur nom, ni leurs membres, sauf un. Morn de Sarssel. C’est un groupe… indépendant… qui agit pour la cité dans l’ombre. On les pensait sans parti pris voir plus en faveur de notre cause, mais si Rosen a d’autres informations… dit-elle en plongeant son regard dans le sien. Il faut absolument que tu saches qui du roi ou de la reine lui a montré ce signe, et comment, dans le détail. Confie-le à Yohan, ou à la personne qu’il aura mise près de toi. Je suis certaine qu’il ne t’a pas abandonné à ton nouveau rôle sans quelqu’un de confiance sur qui te reposer.

Elle pressa plus fort ses doigts.

- Ne parle qu’à eux Al, je ne sais pas sur qui tu peux compter là-bas. Il faut qu’on sache si les Victorieux sont compromis, mais discrètement. Et soit prudent si tu tombes sur leur marque entre temps, je ne suis plus certaine qu’ils vous soutiennent s’ils ont pactisé avec la reine.

Cela faisait beaucoup à ingérer. Peut-être trop, mais elle n’avait pas encore tout à fait fini.

- Je ne t’ai pas encore parlé des intentions du roi parce que simplement… je n’en sais rien. reconnut-elle avec dépit. Beaucoup prennent mon Oncle pour une brute sanguinaire et cruelle. Qui n’utilise pas d’autres armes que la force. Mais crois-moi quand je te dis que son esprit et sa volonté sont de fers. Et il est bien plus habile à sa charge que ne le croit ses nobles et même sa femme. Je pense que lui aussi veut mettre à jour ceux qui se cachent encore dans l’ombre pour tirer les ficelles de ce conflit. Mais il pourrait tout aussi bien être entrain de simplement entretenir les querelles intestines de la cour. Tant qu’ils s’entre-déchirent, ils ne se retournent pas contre lui. Ça peut paraître froid et cruel, mais ça s’est déjà révélé efficace. Vois-le comme le seul joueur principal que l’on connait dans cette horrible partie que nous jouons, mais dont on ignore tout autant le but que les autres.

Elle lui sourit avec un air désolé.

- Bienvenue parmi les personnes qui m’aident Capitaine. dit-elle avant de littéralement se jeter à son cou pour l’embrasser avec une férocité né de la peur autant que de l’envie.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyJeu 15 Juil 2021 - 16:06
Alaric rit, puis posa son menton dans ses cheveux, caressant le dos de la noble de sa main libre.

- Je crois me souvenir que s’attirer des ennuis est une de tes spécialités, dit-il d’un ton moqueur. Frôler le danger avec toi est une plus jolie façon de vivre.

Leurs lèvres se trouvèrent d’instinct, caressantes pour un baiser tendre qu’il n’aurait jamais voulu arrêter. Tu me fais perdre mes mots, avait-elle murmuré. Il ne l’avait pas avoué, mais durant ses réflexions sur le toit de l’auberge de Jo’, lui aussi avait rassemblé bon nombre d’arguments négatifs, à l’encontre de cette étrange relation. Noblesse oblige, lui avait-elle dit, lorsqu’ils avaient discuté de la relation décriée qu’avaient entretenue Hector et Rosen de Sombrebois. Si tu as le pouvoir d’agir sur une situation et d’aider ceux qui doivent être protégés, même au prix d’un sacrifice personnel, c’est ton devoir d’agir.

- Je sais, souffla-t-il.

Lui non plus n’avait pas pensé qu’ils arriveraient à « ça ». Au départ, Eve ne lui avait quémandé qu’une nuit sans lendemain, et lorsqu’il avait accepté de monter les marches menant à la cabine, c’était également son intention. Une intention qui était déjà voilée de sentiments qu’il n’osait s’avouer. Les questions et réponses qu’ils avaient échangées à Sombrebois lui avaient permis de découvrir une personne différente de l’image qu’elle se donnait, une personnalité curieuse, mais tout aussi attachante. Ce souvenir, couplé à la vision de la jeune noble souriant sur la piste de La Mouette chantante, avait fait chavirer son cœur alors qu’il avait tout fait pour l’étouffer. Peut-être se trompait-il lourdement, peut-être que cette étincelle disparaîtrait dès qu’il quitterait Marbrume – il avait pourtant l’impression de se mentir lorsqu’il imaginait cette hypothèse – peut-être que Eve choisirait de le sacrifier au profit de ses grands projets bien plus tôt qu’il le désirait – c’est-à-dire jamais – mais pour l’heure, il ressentait une telle harmonie avec elle, une envie réciproque qui les liait tous les deux qu’il était persuadé d’avoir fait le bon choix.

Ainsi lovés, elle lui donna les dernières informations qu’elle possédait, lui prouvant qu’elle acceptait sa folle proposition. En silence, il l’écouta, tâchant de recouper les renseignements les plus importants. Quatre groupes œuvraient dans l’ombre : celui de la reine, du roi, du prince-héritier et des mystérieux victorieux. Pactes, complots et secrets étaient les maîtres de mots de leurs relations bancales, promptes à voler en éclat à la moindre occasion.

- Je lui demanderai, promit-il avant d’effleurer ses lèvres à nouveau.

Dans ses gestes et sa voix, il percevait son angoisse et ses doutes, la peur qui lui tenaillait le ventre tandis qu’elle lui livrait des révélations confidentielles.

- Eïlyn est la coutlière du sergent, mon quartier-maître. Je peux lui faire confiance, affirma-t-il.

Même si sa partenaire lui avait annoncé qu’elle ne comprenait pas grand-chose aux problèmes liés à la noblesse, Alaric était certain qu’il pouvait compter sur sa discrétion et son soutien.

- Et Rosen, qu’est-ce que je peux lui dire ? Elle va se douter de quelque chose, si je lui pose des questions…

Aussi cruelle que pouvait être la stratégie du roi, Alaric en comprenait la logique. Il avait acquis la mainmise sur Marbrume et il entendait bien la garder. La noble lui avait demandé ce qu’il avait pensé de son couronnement : son avis n’avait pas changé. Pour le peuple, il demeurait un symbole puissant qui fédérait la cité et ses alentours, un emblème d’une paix relative, d’un nouvel espoir. Mais lorsqu’on creusait un peu plus loin… Les jeux politiques le dépassaient toujours. Ce qui l’importait, c’était l’aide qu’il pouvait lui amener.

Le soldat ressentit tout le désespoir et l’envie dans son baiser, auquel il répondit avec autant de hargne. Une main sur sa joue, l’autre dans ses cheveux, il la serrait un peu plus contre lui, tandis que sa langue dansait avec la sienne.

- Merci pour l’admission, comtesse, souffla-t-il à son oreille.

Il aurait voulu lui dire de ne pas s’en faire, que tout allait bien se passer. Mais lui faire une telle promesse aurait été un mensonge. Eve était loin d’être stupide, même si elle trouvait du réconfort dans ses bras, elle savait qu’il ne détenait pas toutes les solutions à ses problèmes. Et Alaric le savait autant qu’elle.

- Viens.

Le soldat saisit sa main et l’entraîna vers la balustrade. Sur la mezzanine, il l’embrassa encore, ses doigts précipités délaçant les liens de son corsage. De peur que quelques clients ne gagnent la salle de fête, il ouvrit la porte en s’appuyant de son dos, emmenant la jeune noble à l’intérieur. Cette fois, aucune mélodie n’accompagnait leurs pas fougueux, si ce n’est la douce symphonie des battements de leurs cœurs.

Un sourire sur les lèvres, il la hissa sur le petit bureau. Ses mains posées sur ses cuisses, Alaric parsema une kyrielle de baisers à la base de son cou. Son nez chatouillait son corps, mais il ne se lassait pas de respirer son parfum.

- Moi aussi je te protégerai Eve, murmura-t-il contre sa peau.

Il se recula de quelques centimètres afin de planter son regard intense dans ses yeux sublimes.

- Il n’y a pas qu’entre tes bras que je pourrais te satisfaire, ajouta-t-il, plus sérieux qu’espiègle.

Alaric fondit sur ses lèvres à nouveau et il pria les Trois avec ferveur pour que leur bulle de volupté dure le plus longtemps possible.
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau]   Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 EmptyJeu 15 Juil 2021 - 19:07



1er Avril 1167.
Sans y perdre de plumes [Ft. Dame Corbeau] - Page 2 Vlx2
Eve sourit, et sa voix coquine jaillit de ses lèvres.

- Peut-être bien, mais là tout de suite, je m’en contenterais. dit-elle, débouclant son pantalon avec empressement.

Les jours qu’ils passèrent ensemble, ou plutôt les nuits, furent une bénédiction pour tous les deux. Parfois frustrante, trop écourtée par la double vie de la jeune femme qui le rejoignait à une heure déjà avancée pour repartir avec le soleil. Pourtant chaque minute passée ensemble était merveilleuse, pleine, suffisante pour justifier tous les tracas. Il aurait été mensonger de dire qu’ils ne passèrent pas une bonne partie de leur temps nu. Et comme l’avait supposé Eve, à mesure qu’ils se découvraient, dans l’intimité autant que leur discussion, leurs rapports éclipsaient de loin leur première fois.

Même si elle n’aborda pas ouvertement le sujet, la noble se rendit compté que sa consommation de vin, fameuse pourtant, avait vite laissait place à l’ivresse provoquée par le corps de son homme. Elle il lui arrivait de passer des journées entières sans une goutte. Une sacrée performance pour elle. Sauf la nuit où Herold et sa femme les avaient interceptés avant qu’ils ne rejoignent sa cabine et avaient passé la nuit à les faire boire en leur posant des milliers de question sans intérêt tout en leur racontant au moins autant d’anecdotes de leurs vies. S’ils avaient bien essayé de s’esquiver au début, ils avaient fini par se laisser porter par l’ambiance, et ils avaient fini ivre tous les quatre au petit matin.

Elle parvint à se libérer pour la journée précédant son départ, et ils passèrent chaque heure ensemble, le long des quais et dans les rues de la ville, même si Eve évita soigneusement de les guider vers bourg-levant. Elle le questionna beaucoup sur sa jeunesse pourtant simple, mais qui pour elle revêtait une sorte de mystère, d’inconnu. Elle essayait de comprendre son monde, son histoire. De franchir les distances qui les séparaient.
Aussi puéril que cela puisse paraître, elle lui tenait régulièrement la main ou s’accrochait à son bras, même en public, ne laissant aucun doute sur leur relation au marchand curieux dont elle regardait les étals. Mais dans ses robes simples du peuple, et même si elle restait particulièrement belle, ils étaient en réalité plutôt bien assortis.

Ils réabordèrent quelques fois le sujet du complot, réfléchissant à des manières de communiquer efficace mais discrète à travers les nombreux convois. De comment faire pour que lui et Eylïn puissent leur faire parvenir des rapports et inversement. Alaric perçu une point de jalousie dans la voix de son amante quand il lui raconta sa rencontre avec son quartier maître, mais il l’asticota jusqu’à ce qu’ils en rient tous les deux.
Elle lui conseilla de limiter, au moins en partie, l’implication de Rosen. La baronne se trouvait déjà dans une position précaire et elle ne pensait pas que dans son état, il fut bon de l’exposer à trop de stress, au risque de la voir flancher au pire moment. Mais elle reconnut tout de même la connaître assez peu et se fier à lui en cas de décision à prendre au final.

Leur dernière nuit fut tendre, emprunte d’une tristesse non dite, pas de larme, pas de plainte, pas de regret. Mais la manière dont elle serrait son bras contre elle suffisait amplement à tout dire. Alors qu’elle nouait sa cape au petit matin, le mot lui échappa.

- Fait attention sur la route d’accord ? Je t’aime.

Elle s’empourpra en s’apercevant de son pavé dans la marre, mais ne retira pas ce qu’elle venait de dire, et l’embrassa longue une dernière fois.

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