Marbrume


Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Partagez

 

 Défier, ou déifier ?

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyDim 22 Aoû 2021 - 19:08



Défier, ou déifier ? - Page 2 Hbsh
La curiosité avait poussé notre duo à poursuivre ses recherches, et donc à repasser par l’index. La suite aurait sans doute pu durer des heures pour un novice, mais bien que très différents, et plein de complexité, nous parlions ici d’érudits. Un homme et une femme qui parcouraient à leur manière la connaissance depuis des années. Il ne leur fut donc pas bien compliqué de trouver un ouvrage en rapport avec la bête. Quelques minutes de plus pour trouver la section dédiée, et ils avaient les yeux posés sur un livre épais à la couverture craquelé par le temps et l’abandon. La première page se brisa entre leurs doigts, devenue rigide par le temps.
Sans doute est-ce une autre édition qu’avait dû parcourir l’homme du livre précédent. Ils prirent donc d’infini précaution pour tourner les pages suivantes.
Il s’agit là d’une sorte de journal composé des notes de plusieurs personnes et évoquant une époque depuis longtemps révolue. Certain passage, annoté par un prêtre, semble moins confus que le reste. Une période en particulier attire l’œil.

« An 897, 3ème jour du 7ème mois, Règne d’Arnifax 1er,

Peu de chose sont aussi belle qu’une naissance. Et cette nuit, nous fêtons la naissance d’une princesse. Esylïn tel sera le nom sacré que le Temple a approuvé. Une grande fête de réjouissance aura lieu à la fin de la semaine. Loué soit les divintés.

Prêtre royal, Térenem »

« An 897, 11ème jour du 7ème mois, Règne d’Arnifax 1er

La princesse a disparu il y a quatre jours à présent. La capitale est fouillée nuit et jour, et si le calme est pour le moment maintenu, la population a peur. L’armée n’hésite pas à faire preuve d’une brutalité excessive pour obtenir des informations, et plusieurs serviteurs que je crois innocent pendent déjà au gibet de la grande cour.
Serus je t’en prie, épargne-nous une autre purge, et protège cet enfant sur ton domaine.

Prêtre royal, Térenem »

« An 897, 24ème jour du 7ème mois, Règne d’Arnifax 1er,

L’état de la reine m’inquiète chaque jour un peu plus. Si j’ai d’abords cru à un contre coup de l’accouchement et de l’enlèvement, j’en viens aujourd’hui à me poser des questions sur sa santé mentale. Elle parle de plus en plus souvent seule, et le reste du temps elle n’accepte de se confier qu’à cet étrange homme du peuple des routes. Un infidèle qui n’a que du fiel et des mensonges à lui offrir.

Prêtre royal, Térenem »


« An 897, 1er jour du 8ème mois, Règne d’Arnifax 1er,

Par les trois, l’horreur à frapper dans la maison du roi. J’hésite à écrire ces quelques lignes, mais nombreux donneront leur version des faits dans les temps à venir, et je crois nécessaire dans laisser la trace d’un témoin direct. La reine m’a enfin parlé hier soir après de longues heures à lui rappeler la force de notre lien. Je l’ai mise au monde comme j’ai mis son enfant au monde. Mais jamais je n’aurais cru regretter si profondément qu’elle accepte. Elle a tué son enfant. Pire que tout cela, elle dit l’avoir dévoré, avoir rongé ses os pour en extraire la moelle. Elle affirme l’avoir fait pour son bien et celui du royaume, mais ce ne sont là que les errements de sa folie. Et de l’influence de cet étranger.
Le roi à décapiter cet homme qu’il n’aurait jamais dû inviter dans sa maison, et la reine a été enfermée dans les geôles, au secret. J’entends déjà les premiers cris dans les rues de la cité.
Comme je le craignais, une autre purge commence… Je dois voir la reine, je dois comprendre.

Prêtre royal, Térenem »


Le livre n’est qu’à moitié parcouru, mais les notes de Térenem s’arrêtent là, et tout le reste semble tourner de manière plus ou moins éloigner autour de cet étrange événement.

HRP:
Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyDim 22 Aoû 2021 - 22:03
Restant silencieuse, Gudrun acquiesça devant la demande d'Edgar. L'index leur livra finalement le bon emplacement, et le livre fut posé sur un pupitre non loin, près d'une chandelle. Edgar, qui semblait trop impatient, voulut tourner la première page qui finit en poussière sous ses doigts, dans un juron digne du charretier le plus expérimenté. Voyant cela, exaspérée, la prêtresse s'interposa entre le livre et le vieil homme, le repoussant doucement. Elle prit la responsabilité de tourner les pages suivantes, avant de tomber sur un passage qui semblait intéressant. Elle commença la lecture... avant de se reculer, frissonnante d'horreur. Pourquoi le père Magelus avait-il fait allusion à un tel récit ? Qui lisait cela ? Elle ferma les yeux pour essayer d'oublier la vision d'horreur que ces mots lui avaient inspirée, mais c'était peine perdue.

- J'ai été témoin de nombreuses choses Edgar, mais une telle ignominie, jamais. Est-ce seulement humain ? Ou est-ce que l'auteur était fou ? Mais qui pourrait même imaginer une telle chose ! Son propre enfant...

L'effet de la lecture finit par s'estomper légèrement, même si elle avait toujours la sensation d'avoir le cœur pris dans un étau. Le fait que le père Magelus ait pu lire un tel récit la rendait profondément perplexe. D'ailleurs, la présence même de cet ouvrage dans la bibliothèque était plus qu'étonnante.

- Qui est cet infidèle ? L'homme étrange ? Je n'ai jamais vu personne provoquer ce genre d'atrocités !
Revenir en haut Aller en bas
Edgar DuvalIngénieur
Edgar Duval



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyDim 22 Aoû 2021 - 22:29
Oui, le vieil Edgar Duval, qui pensait d’ordinaire avoir un raffinement à toute épreuve, se sentait bien con – au bas mot — d’avoir laissé une page lui filer entre les doigts à un état de décomposition que la poussière même des morts pourrait envier. Il était colère. Alors c’était à ça qu’ils en étaient réduis, tous, à subir un obscurantisme des plus profonds depuis le fléau. Ah, quelque part, ce vieil estropié aurait bien voulu se dédoubler pour participer à l’entretien de ce savoir qui n’était décidément pas à sa place ici, plus bas sous Terre que de raison, à souffrir une humidité destructrice au point de s’émieter en ouvrages déconfits et irrécupérables. Mais ça n’était pas le pire, non. Quelque chose d’autre semblait bien préoccupant.

Il observa sœur Gudrun avoir un mouvement de recul ; ce même mouvement qu’on a quand quelque chose choque, débecte, effraie. Avait-elle découvert une contre-vérité qui invalidait toutes ses croyances ? Un pictogramme blasphématoire ? Une illustration obscène ? Voilà qu’elle évoquait une immondice ; quelque chose d’impropre qui invoquait un parent et son enfant.

Il se mit à lire, d’un œil vif, alerte, revenant sur les mots qu’il n’avait pu déchiffrer faute d’impatience grandissante alors que Gudrun l’assaillait aussitôt de questions. Mais il s’arrêta. Lu et relu entre les lignes. Il émit un premier constat.

« J’ai effectivement étudié le règne d’Arnifax 1er, mais jamais ô grand jamais je n’avais entendu parler de cette histoire de cannibalisme infantile. »

Il jeta un œil à Gudrun, la mine grave.

« Ça va ? questionna-t-il sans trop de bienséance. Essayez de ne pas y penser ; je sais, c’est facile à dire. Après tout, comme l’eut écrit feu notre père Magelus, “l’horreur a bien souvent un visage familier”. Et cela semble en effet plus horrible que de finir en pature à un Fangeux. Je vais essayer d’en savoir plus et poursuivre la lecture de ces notes, si tant est que j’y décrypte quelque chose d’intelligible à propos de cet inconnu qui aurait instillé de pareilles pensées à sa majesté… Les pensées peuvent être un vrai poison pour les faibles d’esprits… »

Il perdit son regard au plafond, comme pour réfléchir dans un mutisme momentané. Il poursuivi ensuite, toujours le regard rivé sur Gudrun.

« Vous savez s’il y a d’autres duchés où Étiol était reconnu, autre que le duché d’Hendoire ? Ou Morguestanc seul se serait mis à le taire ? Pardonnez ma question peut être opportune, mais de quelle “infidélité” eut-il été question en 897 ? Sans vouloir me faire l’avocat du diable, il me semble avoir compris, peut-être à tort, que les cérémonies de sacrifices étaient faites au nom d’Étiol. Vous en savez peut-être davantage que moi ? Je ne veux que la vérité et je ferai ce qu’il faut pour l’obtenir, sans jugement aucun. Alors, vous êtes avec moi, ma sœur ? »

Il la contempla un instant, neutre, avant de s’en remettre à sa lecture, bien déterminé à en savoir plus sur ce récit, eut-il détaillé quelque atrocité, le rapprocherait peut-être de la vérité.

Qui était réellement Étiol ?
Revenir en haut Aller en bas
Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyLun 23 Aoû 2021 - 15:05



Défier, ou déifier ? - Page 2 Hbsh
Ainsi poursuivirent-ils l’exploration de cet ouvrage, curieux dans comprendre les secrets, mais étaient-ils seulement accessibles ? Les témoins de l’horrible événement semblaient aussi nombreux qu’hétéroclite, d’un cuisinier du palais à un ambassadeur venu d’un pays lointain. Cependant ils finirent par trouver quelque chose de plus remarquable.

« Je ne sais combien d’heure sont passée depuis que l’on m’a enfermé ici. Peut-être des jours ? Il n’y a point de lucarne pour suivre la course du soleil, et j’écris c’est quelques mots à la lueur d’une torche placée à plusieurs mètres au-dessus de ma geôle circulaire qui ressemblent plus à un gigantesque trou qu’à une pièce. Je n’ose imaginer le sort de ceux qui y sont venu avant moi.

J’ai la chance mon bon Térenem m’accorde encore suffisamment d’amour, ou peut-être est-ce de la pitié ? Pour me confier de quoi écrire ces lignes. Peut-être espère-t-il ainsi percer le secret de la folie qui me ronge ? Je suis désolée Térenem, mon ami, quand tu liras ceci, tu ne pourras que soupirer de désespoir. Je ne suis pas folle.
Je reconnais l’ignominie de mon geste. J’ai mangé mon enfant. J’ai dévoré sa chaire, déchiqueté ses organes, sucer la moelle de ses os. Il ne reste d’elle aujourd’hui qu’un squelette bouilli pour en décoller la moindre parcelle de muscle. Tout le reste est en moi. L’acte est monstrueux, et ses effets pires encore, depuis cet instant, plus rien n’a de gout, d’odeur, de couleur. J’ai en permanence ce gout de chaire affreux sur la langue, et mes yeux ne voit que ce tableau sanguinolent. Mais aussi terrible que cela puisse paraître, c’était un geste d’amour. D’amour pour mon roi, pour le royaume qu’il protège, et pour le monde lui-même.

Je connais la prophétie, j’ai vu les signes tout au long de ma grossesse. Ma fille était Dunyayi yayen kadan, elle représentait un danger pour tous, pour la vie elle-même. Lucian a bien essayé de me convaincre d’agir par d’autres moyen, de l’emmener au Morguestanc, le temps d’y trouver une solution. Mais le risque était tout simplement trop grand. Moi-même, malgré la force de mon sang, je sens déjà sa force qui pousse en moi pour sortir, pour se déchainer et se rependre. Heureusement l’attente ne sera plus très longue. Arn est un homme bon, mais impatient, et prompt à la colère. Sa peine le poussera bientôt à agir, et il ne restera de danger que mes cendres balayer par le vent.

Je sais que Lucian a déjà payé le prix de son amitié, et que notre peuple souffre dans les rues de la capitale pour un crime dont ils ignorent tout. Une fois de plus le sang des miens imbibera les pavés de la ville. Mais Je consens à ce sacrifice, car ce n’est rien face au torrent rouge qui aurait noyé le monde si j’avais agis autrement.

Toi, ma fille, ma petite Esylïn, qui ne pourra jamais lire ces mots, sache que je t’ai aimé de tout mon cœur, et que tu es la plus merveilleuse chose qui me soit arrivée. Mais que les dieux exaucent ma prière, et que plus jamais ton âme ne foule cette terre, il en va de la survie de tous.

Alesylïn, Reine de Langres, fille du peuple des routes, Mère et Epouse aimante. »


Enfin le livre finit sur un ajout plus récent, et sans doute important.

« An 1023, 15ème jour du 3ème mois, Règne d’Irinaël, le clément

Après de nombreuses lectures et études de ce manuscrit, il en vient une conclusion logique. Tout est faux. Bien que très convaincant dans son approche, dans le travail de tous ces styles qui donne au lecteur l’impression de s’immerger dans le travail compilé de dizaine de personne. Et je l’admets d’une cohérence interne qui peut convaincre l’esprit le plus malléable. Il est évident qu’il s’agit au final du travail d’un faussaire très impliqué ou même d’un groupe. Je doute qu’il y ait mauvaise intention derrière ces écrits, mais plus une intention de démontrer les dangerosités de l’âme humaine sous couvert d’un récit fictif.

Comme nous le savons tous en ayant lu les ouvrages officiels des historiens de cette époque, et même la biographie d’Arnifax lui-même, la jeune reine Irinaël est morte en couche, emportant son enfant avec elle. Et si on signale bien quelques tensions raciales avec les représentants sédentaire du peuple des routes. Aucune purge n’est relevable à cette période dans le triste ouvrage qui les ressence. Tout comme il est inconcevable que la reine ait pu avoir de quelconques origines parmi eux, comme le sous-entends cet ouvrage.
S’il n’était pas rare qu’un roi choisisse une de ses favorites en épousailles plutôt qu’une dame politiquement avantageuse, l’idée même qu’il mêle son sang pur à celui d’une telle population est inconcevable.

Cependant, l’exercice de pensée reste intéressant, et je propose qu’une réédition avec une préface appropriée et la suppression de ces mentions quelques peu déshonorante soit faîte et ajoutée au classement officiel, et qu’une copie soit envoyée à la capitale pour vérification.

Grand archiviste du Temple, Arold. »


Ainsi se conclu cet ouvrage.

Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyMar 24 Aoû 2021 - 10:17
Perturbée, faisant les cent pas, Gudrun laissa Edgar lire et sans doute relire le début du texte. Il n'avait jamais entendu parler de cette histoire, mais le contraire eût été étonnant. Elle s'arrêta devant la mine sérieuse de l'ingénieur.

- Vous avez raison, ça ne sert à rien de trop y penser. Et après tout, on finit bien par s'habituer à des choses qui nous auraient semblées horrifiantes il y a encore quelques années.

La question d'Edgar la fit réfléchir.

- Je ne sais pas. Jusqu'au moment d'arriver ici je ne m'étais jamais penchée sur la question du culte des Quatre, il me semblait évident que le royaume entier les reconnaissait. Mais, puisque c'est un prêtre des Trois qui écrit, effectivement, que voulait-il dire par infidèle ? Cela peut vouloir dire tout et n'importe quoi. Il n'est fait mention d'Etiol nulle part ! Et nous ne sacrifions personne au nom d'Etiol ! Encore moins des enfants ! Même si je reconnais que s'il devait y avoir un dieu responsable de cette atrocité, ce serait bien lui. Il y a... toujours eu des personnes qui suivaient ses appels, et ses murmures mensongers. Des faibles d'esprit, qui laissent ces fallacieuses promesses leur brouiller la vision des choses. Comme partout ! Des mères qui abandonnent leur enfant... Des maris qui trompent leurs femmes... Des hommes qui tuent leurs frères par caprice... Enfin, poursuivons la lecture.

Elle reprit contenance et se rapprocha du pupitre pour lire en même temps qu'Edgar un passage qu'il semblait trouver intéressant.

- Ce grand archiviste est bien présomptueux ! Qui irait gâcher autant de papier pour écrire quelque chose de faux ? Si tout ce qui nous semble incroyable était invention, alors on pourrait tout aussi bien dire que les écrits des Quatre en sont aussi... J'ai des frissons rien qu'à oser dire cela !

D'un air décidé, elle s'éloigna du pupitre à grands pas pour retourner à l'index.

- Faites ce que vous voulez Edgar, il faut que j'en ai le coeur net. Etiol joue peut-être un rôle dans tout ça. Mais ce n'est pas lui dont on parle dans ce livre. C'est du peuple des routes, et je n'en ai jamais entendu parler. Ils vénèrent sans doute un faux dieu que vous prenez pour Etiol, car le dieu corbeau ne fait que mentir et chuchoter, jamais il ne pourrait contrôler un peuple entier uniquement comme cela. Cela expliquerait aussi pourquoi vous pensez que le Cloaque est malfaisant. Reconnaître et vénérer Etiol ne signifie pas céder à ses propositions.

Même s'il était vrai qu'elle avait cédé à la tentation de jouer aux jeux de hasard bien des fois, et qu'elle avait proféré quelques mensonges depuis son arrivée ici, dévorer son propre enfant relevait d'un autre niveau de faiblesse d'esprit.
Revenir en haut Aller en bas
Edgar DuvalIngénieur
Edgar Duval



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyMer 25 Aoû 2021 - 21:33
Le vieil ingénieur sembla rester de marbre, prenant le temps de digérer ces informations éparses et ô combien intéressantes ; tant sur Etiol que sur Gudrun. Il ne lui dit mot, la regardant s’éloigner vers l’index, fronçant même légèrement les sourcils en repensant à certaines de ses remarques qui avaient pu ressembler à des bravades… Et des aveux qui confirmaient les dires de la prêtresse néanmoins. Il ne quittait pas des yeux son propre pupitre, le regard embrassant les pamphlets décriés par un Post Scriptum bien trop assertif, même selon Edgar.

« Vous avez raison, ma chère… dit-il à voix basse alors que Gudrun était déjà loin. Il n’y a pas d’ombre sans lumière, et si les Trois ont une existence avérée, nulle raison qu’Étiol ne soit que vulgaires élucubrations d’esprits pathogènes… »

Il sortit à nouveau sa flasque en bois poli pour se requinquer de quelques gorgées d’eau de vie. Il en avait besoin au vu de la situation ; et puis cela stimulait sa créativité, pensa-t-il. Notamment lorsqu’il balaya, encore, toujours, les lignes des témoignages, s’arrêtant sur ces mots incompréhensibles : Dunyayi yayen kadan.

« Est-ce que cela a à voir avec le baragouinages de nos deux hôtes de tout à l’heure… Je me l’demande, Anür me guide… Serait-ce de Ta volonté de taire le nom d’Étiol, le dieu corbeau ? »

Comme s’il s’était adressé à l’ineffable déesse du ciel, il levait le regard, cherchant un signe, la mine apaisée. Puis il regarda le long de l’allée. Gudrun avait disparu depuis un petit moment déjà. Mais voilà que sa silhouette se découpa à nouveau dans l’obscurité ; elle avait sans doute approfondi ses recherches à propos du peuple des routes.

Il s’approcha, sa venue étant largement annoncée par ses coups de canne qui foulaient le marbre sali de la réserve. Il attendit calmement, en retrait, qu’elle détermine un passage intéressant sur l’objet de ses recherches et qu’elle émette ses propres conclusions avant d’espérer aboutir aux siennes propres.
Revenir en haut Aller en bas
Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyJeu 26 Aoû 2021 - 16:31



Défier, ou déifier ? - Page 2 Hbsh
Hélas malgré les recherches, la réserve semble ne contenir que peu d’ouvrage concernant le peuple des routes, peut-être faudra-t-il qu’ils se renseignent dans les archives principales plus tard. Ils finissent tout de même par trouver un petit manuel intitulé « peuplade et cultures étrangères, guide du voyageur moderne ». Voici ce qu’on y trouve à propos de ce peuple en particulier.

« Le bien nommé peuple des routes est un ensemble de tribu nomades parcourant le royaume de Langres et d’autres depuis de nombreux siècles. D’après leur histoire, ils sont originaires d’un lointain royaume du nord qui aurait sombré dans les flammes et l’eau.
Sans doute une montagne de feu et une gigantesque inondation, bien que les récits écrit à ce sujet soient rares et souvent dans un dialecte difficile à traduire pour mes humbles talents de traducteur.

La plupart pratique le métier de marchand, du moins en apparence, toute personne de la caravane peut pratiquer le marchandage avec les étrangers, c’est-à-dire nous, et pourtant posséder un rôle bien précis et très différent au sein de cette même caravane. Il y a des soldats, des médecins, des cuisiniers, des artisans de toute sorte. Ainsi peuvent-ils vivre en quasi autarcie sans aide d’aucune sorte.

Sans doute pour ne pas dépendre trop des pays qu’ils traversent. Ce qui est entendable au vu, par exemple, de notre passif les concernant. Car en effet, si ce peuple s’avère généralement pacifiste dans son contact aux autres, l’inverse n’est pas toujours vrai, et il est triste de noter que plusieurs massacres de caravanes ont eu lieu au cours de notre histoires commune. Souvent dans des périodes de troubles ou de peur, où leur peuple à pu servir de bouc émissaire pour une population ayant besoin de se trouver un coupable. Et plus bassement encore, pour s’approprier leur richesse. Car malgré leur condition nomade, ce peuple est en effet devenu riche par son activité, et les caravanes font parti des rares convoi qui permettent le marchandage entre Langres et les royaumes voisins ou lointains.
Ces actes de violence ont simplement été qualifiés de « purges » par nos historiens, sans doute dans le but d’édulcorer quelques peu les événements.

Le peuple des routes reste très accueillant avec la plupart de voyageur, et ne refuse jamais d’accompagner ou d’être rejoint temporairement par des voyageurs extérieurs voir de plus petit convoi, à condition de respecter les règles de la caravane, qui vous seront expliqué et tombent généralement dans le bon sens. Meurtre, vol, viol sont interdit et sévèrement, de mort pour les cas les plus grave.

Il est tout de même à noté quelque spécificité qui vous aideront à comprendre et accepter le fonctionnement d’une caravane si par quelque hasard ou curiosité, vous vous retrouveriez en leur compagnie.

La plus évidente est la position de la femme dans leur société. Il n’existe aucune forme de supériorité masculine parmi eux, seuls les actes départagent les gens et il n’est ni rare ni anormal de retrouver une femme à un poste majeur si ce n’est à la tête de toute une caravane. Les gens sont défini par les haut-fait qu’ils accomplissent, même s’ils peuvent à nous nous paraître anodins. Par exemple un éclaireur particulièrement doué pour localiser et guider la caravane jusqu’à un point d’eau pour ce faire nomme « Celui qui abreuve le peuple » ou quelque chose d’approchant. Cela semble quelque peu inutile aux premiers abords, mais très intéressant pour les curieux et offre une perspective nouvelle pour essayer de comprendre la position de certains individus dans la caravane.

Ensuite vient leur croyance, d’abord fonctionnelle, puis religieuse. Dans le premier cas on peut leur attribuer de nombreux rites basés sur la perception de signes, que cela soit dans le ciel ou dans ce qui les entoure. Ainsi par exemple, une caravane pourra décaler un voyage de plusieurs jours voire semaine si les signes leur paraissent néfastes. On peut aussi remarquer qu’ils accordent une grande importance au sang. Point de manière aussi fantaisiste qu’on pu le faire croire certains. Ils ne pratiquent à première vue aucun sacrifice et n’en consomme pas, du moins n’ai-je jamais pu assister à la moindre des fadaises qu’on utilisait comme justification certains pour les diaboliser.
Mais il est vrai que le sang a une place prédominante chez eux, dans la croyance et la procréation notamment, et cela a directement à voir avec leurs croyances religieuses, je vais donc, si vous le permettez, d’abord aborder ce sujet pour ensuite vous expliquer le lien avec le sang.

Le peuple des routes vénère les trois aussi, d’ailleurs ils partagent des très nombreuses similitudes avec notre culte et nos rites. Et leurs paroles sacrées citent des événements semblables à nos livres. Cependant, et contrairement à nous. Les dieux n’ont pour eux pas d’essence divine à l’origine. Il s’agit selon eux d’hommes et de femmes ayant dépasser leur condition de mortel il y a bien longtemps de cela pour s’élever au statut de divin par des actes prodigieux.
Cette différence fondamentale explique sans doute pourquoi leur panthéon ne s’arrête pas à notre trinité, mais s’étend comme une toile dans de nombreux domaines jusqu’à accepter par exemple, des déviances que notre royaume réprouve dans sa grande majorité à l’exception d’Hendoire ou d’une ou deux autres enclaves du nord.

On peut par exemple noter l’existence d’Ishara, fille de Rikni qui pour contrarier sa mère aurait jeté une pierre immense dans le ciel nocturne et lui aurait ordonné de briller afin d’éclairer la route des voyageurs durant la nuit noire et est ainsi devenu déesse mineure de la lune.
En partant de ce postulat de panthéon étendu et d’origine humaine, nous pouvons en revenir à l’importance du sang dans les coutumes du peuple de routes, car en effet, certaines des plus anciennes familles n’hésitent pas à se clamer de parenté lointaine avec une divinité et donc du pouvoir qui coule dans leur veine.

Ces familles seraient sans doute ce que nous pourrions rapprocher le plus du système de noblesse de notre propre société, leur accordant une certaine déférence pour cette filiation, bien que cela ne définisse ni la fortune, ni le pouvoir qu’ils possèdent au sein de la caravane. A noté que pour autant aucune famille même les plus illustres ne rechigne à mêler son sang à celui de peuple étranger, même s’ils semblent d’une manière ou d’une autre jauger de la qualité du sang de le ou la candidate à la procréation. Ce qui nous mène à la dernière particularité de la culture de ce peuple, du moins que je puis vous citer. Chaque enfant qui nait d’un membre de la caravane, que ce soit par le père ou la mère, revient selon eux, à la caravane. Ainsi jamais enfant du peuple des routes n’est élevé par d’autres qu’eux.
Même s’ils existent sans doute des exceptions à cette règles par des cas de fugues ou d’arrangement, il est bon d’en tenir compte si jamais vous deviez tomber sous le charme de ce peuple.

Voilà qui conclut notre approche succincte de ce peuple que vous croiserez sans aucun doute durant vos pérégrinations. Ce qu’il est à retenir, c’est que si vous leur montrez un tant soit peu de respect, il s’agira de compagnons de voyages fidèles et aimable qui faciliteront grandement vos traversées les plus lointaine. »


Rien d’autre dans ce livre ne semble concerner ce peuple.

Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyVen 27 Aoû 2021 - 14:49
Gudrun était encore plongée dans sa lecture quand elle entendit le claquement de la canne s'arrêter près d'elle. Elle termina sa lecture, hésitant entre la frustration et le soulagement, et se retourna vers Edgar, qui semblait faire preuve d'une patience admirable depuis qu'il avait repris de l'alcool.

- Il n'y a rien sur Étiol là-dedans. Du moins... Ce n'est pas très clair. Ça parle... de chez moi. Alors, peut-être qu'au final, Étiol est bien impliqué... Peut-être pas. Je n'en sais rien. Vous pouvez jeter un coup d'oeil ?

Lui laissant la place, elle continua à méditer sur ce texte pendant qu'il lisait. Non, décidément, elle allait ressortir de cette bibliothèque avec plus de questions que de réponses. Elle regarda Edgar, pensive. Il lui avait tu des informations capitales pour elle. Mais c'était bien grâce à lui qu'elle les connaissait désormais. Mais... Pourquoi s'intéressait-il à Étiol au juste ? Simplement parce qu'il s'agissait d'un savoir interdit, par curiosité ? C'était beaucoup de risques pour un simple savoir.

- Merci de m'avoir donné l'occasion d'en savoir plus sur... Hum. Enfin, vous voyez ce que je veux dire. Je ne suis pas sûre que l'on puisse trouver davantage de choses ici... Cela fait déjà beaucoup à digérer pour moi. Mais... C'est un savoir dangereux. Je ne suis pas sûre de comprendre tout ce qui est impliqué là-dedans, mais vous devriez sans doute arrêter vos recherches là. Je dis ça pour votre propre bien Edgar, je ne compte pas vous abandonner seul dans cette réserve. Mais vous n'avez aucun intérêt à connaître toutes ces choses, alors que les enjeux semblent nous dépasser.
Revenir en haut Aller en bas
Edgar DuvalIngénieur
Edgar Duval



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 EmptyDim 29 Aoû 2021 - 17:16
L’ingénieur boiteux, silencieux, ne se fit pas prier pour procéder à la requête de Gudrun, désireux d’en savoir plus sur ce fameux peuple des routes dont il a été fait mention dans les pamphlets de l’ouvrage précédent. Malgré son état d’ébriété, il arrivait à lire distinctement, comme s’il répétait le même exercice des myriades de fois ; décidément davantage un homme ès lettres qu’un gaillard rompu aux travaux manuels comme il l’eut été autrefois.

« Je ne suis pas sûr que ce peuple ait quelque chose à voir avec Étiol ou vous-mêmes. Il est fait mention des Trois. Pourquoi le quatrième dieu déchu n’est mentionné nulle part ? Ensuite, j’ai cru lire quelque chose dans les écrits précédents comme “[i]Dunyayi yayen kadan[i]”, ça ressemble assez fortement à la langue que parlaient nos deux visiteurs impromptus de tout à l’heure. Pour rappel, ils ont employé le terme “cloaque”, alors il y a forcément un lien. La reine cannibale connaissait de près ou de loin cette langue inconnue. Et si cette langue n’est pas directement connue par le Cloaque – qui, pour rappel, vénère Étiol plus que tout, au point de considérer la Trinité comme des ennemis. C’est certes une idéologie moins extrême que celle des purificateurs, mais qui remettrait en cause bien… bien des choses… »

Il marqua à nouveau un silence pesant. Voilà qu’elle le remerciait et lui enjoignait tout naturellement de quitter les lieux ; une décision pleine de sagesse en somme, tant ils semblaient tourner en rond dans ce dédale un rien macabre.

« Vous avez raison, sœur Gudrun. Cette escapade a été productive. Si étudier les lois divines a son importance, étudier les lois physique l’est tout autant. Et les faits sont avérés : les Fangeux ont horreur du sel ; je ne l’ai pas vu directement, mais j’ai été amené à concevoir une saline sur le litoral du Labret. Et je ne m’explique pas encore les causes de la réaction du sel sur ces créatures, mais peut-être bien qu’il s’agira d’une piste ô combien plus intéressantes que de parier sur l’existence d’une quatrième divinité quelque peu fâchée avec les Trois, n’en déplaise à votre culte… »

Il haussa les épaules, n’accordant pas davantage d’attention au texte. Il prit soin de refermer l’ouvrage et de le ranger.

Il conclut par cette simple phrase, avant d’inviter sœur Gudrun à le guider vers la sortie, esquissant un geste de main.

« Ce n’est pas le savoir qui est dangereux, mais ce qu’on en fait. Nos lectures nous ont davantage démontré que c’était l’ignorance qui l’était. »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Défier, ou déifier ?   Défier, ou déifier ? - Page 2 Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Défier, ou déifier ?
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Temple de la Trinité :: Bibliothèque-
Sauter vers: