Marbrume


Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez

 

 Cachez ces Saints que je ne saurais voir !

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyVen 10 Sep 2021 - 7:14
Merci Goupil pour ce superbe titre !

Sombrebois, le 31 mars 1167


Anür soit louée ! Gudrun venait de sortir d'une conversation particulièrement productive avec la lavandière. Elle lui avait confié qu'elle cherchait une jeune fille pour l'aider au temple, et la blanchisseuse lui avait alors indiqué qu'une de ses voisines avait justement une fille d'un âge qui paraissait convenir. La famille était pauvre, mais respectable, et la jeune fille faisait montre d'une énergie peu commune. La prêtresse se promettait d'y repasser au plus vite, mais elle avait déjà délaissé le temple trop longtemps, et se dépêchait d'y revenir en boitillant, car Marie-Ange n'était pas présente ce matin là. De plus, pensant que sa course serait brève, elle n'avait pas mis son éternel manteau de laine et la fraîcheur de l'air commençait à être mordante.

Elle regagna le bâtiment, et, au moment où elle passait les portes, elle aperçut une silhouette solitaire, debout devant les statues. La lumière du matin illuminait les petits vitraux, mais ils ne suffisaient pas à éclairer le temple qui restait assez sombre, en dehors de quelques bougies allumées. Elle entra doucement, pour ne pas déranger cet homme en pleine prière. Après quelques pas, elle se ravisa. Il n'avait pas l'air de prier, et sa posture laissait à penser qu'il attendait peut-être quelque chose, ou quelqu'un. Elle s'approcha de lui avant de lui adresser la parole.

- Bonjour. Excusez-moi, je ne voudrais pas vous déranger en pleine prière.

Observant son visage, elle n'arrivait pas à se rappeler si elle l'avait déjà vu au village. Il lui semblait bien que non, mais cela faisait tout juste une semaine qu'elle était arrivée à Sombrebois. Néanmoins la présence de lunettes sur son nez était assez marquante, elle l'aurait sans doute retenu. Cette marque de richesse jurait étrangement avec son apparence maigre, sale et négligée.

- Je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrés. Je suis Sœur Gudrun. Aviez-vous besoin de quelque chose ? Vous souhaitiez peut-être vous confesser ou me demander un quelconque service ?
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyVen 10 Sep 2021 - 9:10

« Renard attaquant un lièvre »*
31 mars 1167

Bien qu’il ait initialement prévu de quitter Marbrume le temps d’une dizaine de jours, tout au plus, de bourg en bourg, d’auberge en auberge, d’histoire en histoire, d’affaire en affaire, vingt-et-un jours s’étaient déjà écoulés sans que les remparts se profilent à l’horizon. Au contraire. L’insatiable curiosité et le culot sans borne du contrebandier constituaient une motivation sans faille, à l’origine même de sa dernière lubie : traiter avec la Baronne de Sombrebois, en personne. Car au-delà du client de choix qu’elle deviendrait peut-être, la Dame excitait bien trop les médisances pour que le marchand n’éprouve pas l’irrépressible besoin de se faire son propre avis. Après tout, le chaos n’appelait-il pas le chaos ?

Sa malchance notoire n’étant cependant pas demeurée à Marbrume, il avait sollicité une entrevue un jour où, semblait-il, la maîtresse des lieux n’était pas là… et à en juger par l’effervescence fébrile au château, personne n’avait la moindre idée du jour où elle reviendrait.
Qu’à cela ne tienne ! Peu enclin à se laisser abattre, Le Goupil avait décrété qu’il attendrait autant de temps que nécessaire, et passé la nuit sur place, en conséquence.

Le lendemain, l’absence persistante de la Baronne et l’ennui, en ce bourg sinistre, le conduisirent à errer au gré des habitations et bâtiments, jusqu’à le mener aux portes du Temple. Avant qu’il ne le réalise, le contrebandier se tenait à l’intérieur, au pied des statues à l’effigie des trois raclures qui leur servaient de divinités.

Depuis quelques années, ces sanctuaires suscitaient, chez le marchand, une fascination bien loin de celle de tout croyant respectable. Il se demandait comment, en des temps si difficiles où famine et misère sévissaient, le Clergé pouvait encore entretenir éhontément des monuments aussi vastes et luxueux. Bien entendu, le Temple de Sombrebois restait modeste, et sans commune mesure avec celui de Marbrume, mais… que d’excès, et pour quoi ? Trois incapables, sourds aux appels et menaces qu’on leur adressait.
L’intérêt déviant du renard s’étirait aux offrandes et questionnait l’obstination naïve des pécores qui s’en trouvaient à l’origine. Elle touchait jusqu’aux humbles prêtres et prêtresses, porteurs d’une parole prétendument divine.

Pour l’heure, c’était néanmoins vers les statues d’Anür, Serus et Rikni que se concentrait toute l’attention de l’hypocrite. L’homme se demandait plus précisément de quelle façon les deux déesses pouvaient bien être saillies – potentiellement par l’hybride à cornes – avec des queues pareilles.
Épineuse interrogation qu’il n’eut pas l’occasion de résoudre avant d’être abordé par ce qu’il crut d’abord être une importune, et se révéla être finalement une importune prêtresse.

Avec lenteur, la tête du Goupil roula sur son épaule gauche pour mieux observer la femme à présent à ses côtés. Elle était d’une fadeur improbable, mais… s’était-il jamais envoyé une membre du Clergé ? Il faudrait qu’il y songe.

— Me confesser... médita-t-il en levant de nouveau les yeux et la tête vers les statues.

D’instinct, il avait d’abord été tenté de repousser cette improbable proposition… mais plus il y songeait, plus de distrayantes perspectives se dessinaient dans son esprit. Dans un sourire, Le Goupil articula ses longs bras ballants pour agripper sa ceinture de ses doigts arachnéens, opéra un quart de tour en direction de ladite Gudrun et s’inclina d’une manière trop grotesque pour sembler sincère.

— Point de service à requérir, prêtresse, mais une poignée de questions et une conscience lourde d’innombrables péchés à confesser, avoua-t-il en se redressant, sans paraître accablé par ses allégations, alors par quoi commençons-nous, ma sœur ? De vous à moi, je doute que les deux soient envisageables...

Il y avait, dans la voix du Goupil, une intonation étrange chaque fois qu’il appuyait les termes « prêtresse » ou « sœur ».
Une intonation proche du mépris le plus vérace.

__________________
* : l’illustration de la bannière se trouverait en marge de la première épître de Jean. Il semblerait que l’on puisse y voir une référence au combat du bien contre le mal. Alors, de quel côté seras-tu, Gudy ? ;]


Dernière édition par Le Goupil le Ven 10 Sep 2021 - 18:19, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyVen 10 Sep 2021 - 12:11
L'inconnu se retourna vers elle et s'inclina d'une façon peu commune. C'était étrange, mais elle avait vu bien des choses étranges parmi le petit peuple, et encore plus ici, dans ce duché aux mœurs si déviantes. Cependant... Quelque chose dans sa façon de se tenir, ou bien dans sa façon de parler, laissait penser qu'il avait reçu une certaine éducation. Ce qui expliquait les lunettes, mais pas son allure générale. Enfin, la Fange avait fait d'eux tous des fantômes de ce qu'ils étaient autrefois... Elle-même avait bien conscience d'en avoir fait les frais également.

Si elle se gardait bien de juger son apparence, elle ne put s'empêcher de trouver le ton de l'homme déplaisant, sans pouvoir dire clairement ce qui la dérangeait. Elle s'efforça de garder comme toujours une expression neutre.

- Il me semblerait difficile d'aborder des questions théologiques sans avoir eu de confession auparavant... Je doute que la liste de vos péchés soit infinie, et de toute manière, vous pouvez voir que je suis tout à vous ce matin.

Elle fit un geste pour lui montrer le temple vide.

- Allons, venez.

Elle se dirigea vers l'alcôve destinée aux confessions, un peu isolée des rangées de bancs où les fidèles s'installaient pour prier. Là, elle s'assit, invitant l'étranger à en faire de même, sans se départir de son air impassible.

- Je vous écoute.
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyVen 10 Sep 2021 - 18:06

« Renard attaquant un lièvre »
Des questions théologiques ? C’était donc à cela que les prêtres et prêtresses passaient leur temps : deviser sur les prétendues mœurs de trois abominations de pierre ? Voilà que se profilait une nouvelle interrogation, cependant bien vite balayée par les paroles de la femme.

Il était certaines personnes à l’égard desquelles le choix des mots relevait d’un exercice périlleux, mais indispensable. Le Goupil était de celles-là.

— Tout à moi, toute la matinée, hein ? répéta-t-il en suivant des yeux la prêtresse en train de s’éloigner.

Assez peu fier, au final, le marchand concédait volontiers ses erreurs. Or, en cet instant, il devait bien admettre s’être trompé : indiscutablement, si cette femme était fade de face, elle était beaucoup plus acceptable de dos. Assez pour qu’il reconsidère une opportunité trop rapidement évincée.

— Réflexion faite, j’aurais bien un service à vous demander, ma sœur. Mais cela aussi, je doute que ce soit envisageable... avoua-t-il dans un ricanement.

Il y avait quelque chose de dérangeant dans l’allure du contrebandier, au-delà de son manque de soin et de ses attitudes outrancières. Cette désagréable impression ressortait de sa tête baissée, de ses épaules voûtées et des grandes enjambées qu’il avalait, sur les pas de la prêtresse.
Comme un prédateur piste sa proie.

— Aaah, par où commencer, se demande-t-il en prenant place dans l’alcôve, brr… tant de professionnalisme et de froideur dans un endroit si étriqué, vous pourriez bien me glacer d’effroi… Souriez donc, ma sœur. La balafre suffit à vous garantir un air affreux, nul besoin de l’agrémenter d’une mine austère, assura-t-il avec un rictus désinvolte, dites, les vasques, là… Si on pisse dedans, ça compte comme un péché ? Que je sache si je dois le mentionner.
Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptySam 11 Sep 2021 - 0:23
Gudrun l'entendit répéter ses paroles, comme s'il avait du mal à les comprendre. Il était sans doute fatigué du voyage qu'il venait sans doute de faire. Elle haussa les épaules.

- Comme je vous l'ai dit, j'ai le temps. Nous pourrons discuter de ce service plus tard si vous le souhaitez.

Une fois assis, l'homme sembla soudain plus à l'aise. Ou inversement, peut-être était-il très mal à l'aise, car il se mit à parler de choses diverses et variées, qui n'avaient rien à voir avec sa confession. Elle savait que l'ironie était parfois une façon d'éviter de parler de sujets plus sérieux, alors elle se contenta de le laisser parler quelques instants, pinçant les lèvres pour contenir son agacement. Son flot de paroles grossières lui rappelait Edgar le soir où elle l'avait rencontré. Les autres fois aussi, il avait été vulgaire, il fallait bien l'avouer. Mais l'ingénieur avait un bon fond, et cet homme-ci pouvait bien s'avérer être un bon croyant, si seulement elle avait la patience de le laisser débiter ses âneries encore quelques instants. Elle reprit d'un ton calme mais ferme.

- Nul besoin d'être grossier. C'est mon devoir de vous écouter, mais rien ne m'oblige à vous sourire.

Le dernier point abordé l'agaçait cependant prodigieusement et elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils.

- En revanche, manquer de respect envers les dieux au point de... de... pisser dans ces mixtures sacrées, ce n'est plus un péché, c'est un manque de foi évident. J'ose espérer que c'est une plaisanterie, car je n'ai jamais rien entendu de pareil.

Sa patience était mise à rude épreuve avec cet homme. Elle serra les dents. Elle avait hâte que cet individu s'en aille. Il n'y avait certes personne dans le temple à ce moment-là, mais ça n'était pas une raison pour lui faire perdre son temps. D'un autre côté, elle espérait pouvoir discuter sérieusement avec lui, car sa conscience lui dictait de lui soutirer une confession. Il en avait visiblement besoin.

- Mais vous deviez vous confesser, et vous savez aussi bien que moi ce qui est considéré comme péché. Je sais que ça n'est pas une tache agréable, mais plus vite vous vous en acquitterez, plus tôt vous vous sentirez débarrassé des fardeaux qui vous pèsent.
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptySam 11 Sep 2021 - 8:51

« Renard attaquant un lièvre »
Une faille.

Derrière les bésicles, une lueur embrasa l’azur de ses iris. Tandis qu’il débitait ses obscénités, la moue fugace de la prêtresse, ses sourcils froncés, sa crispation ne lui échappèrent pas.

Le Goupil y décela un encouragement.

— Oh… ma sœur, déclara-t-il soudain d’une voix posée, presque douce, la main gauche portée à son cœur, je… je vois bien que je vous ai froissée. J’en suis vraiment, vraiment, vraiment navré, mentit-il dans un sourire avenant.

Ainsi donc était-elle tenue de l’entendre, quoi qu’il dise ? Contrainte et forcée, de par la fonction qu’elle remplissait, au nom de ce « devoir » évoqué, de rester calme et compréhensive en toutes circonstances ? Quel travail de merde.

— Hum… Je ne sais plus bien, pour ce qui est de la vasque, minauda-t-il en pliant ses longues jambes pour s’installer en tailleur, vous n’aurez qu’à aller y puiser et m’en dire des nouvelles.

De nouveau, le rictus insolent du Goupil ornait ses lippes. Bien loin semblait cet air affligé qu’il avait arboré juste avant. Exprimait-il une vérité ? Un mensonge ? Difficile d'en juger.

— Ne faites-vous donc qu’écouter, toujours, ma sœur ? Si je prétends que des crimes odieux, j’en ai commis à la pelle, mais qu’ils ne me pèsent pas sur la conscience, que je n’ai cure de vous les livrer et estime ne rien avoir à rendre à ces dieux-là, pas plus qu’à d’autres… exposa-t-il en désignant les statues d’un geste de la main, sans leur accorder un regard, qu’il réservait à la femme face à lui, ne ferez-vous vraiment qu’entendre ? N’est-il pas de votre devoir de guider les agneaux égarés jusqu’à cette foi qui semble vous transcender, plutôt que de vous offusquer des sacrilèges qu’ils pourraient bien vous avouer ?
Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptySam 11 Sep 2021 - 10:22
Les excuses de l'odieux personnage assis non loin d'elle sonnaient faux, mais elles furent bien vite effacées par une provocation supplémentaire au sujet des vasques. La suggestion était tellement grossière qu'elle ne pouvait qu'être fausse. Elle le regarda replier ses jambes pour se mettre dans une position que seuls les enfants oseraient s'autoriser dans un temple. Son visage changeait d'expression sans cesse, ne lui laissant pas le loisir d'essayer de le comprendre par ce biais là. Elle n'avait d'ailleurs pas envie de comprendre ses motivations : pour le moment, il était loin de la confession. Elle pria Anür de lui accorder encore un peu de patience.

- Ne racontez pas de bêtises, et n'essayez pas de me dire ce que devrait être mon devoir. Si vous n'avez cure des péchés que vous avez commis, il ne sert à rien de me les confesser, car sans repentir il n'y a pas de pardon possible. Gardez-les jusqu'au jour où ils vous pèseront. Mais gardez aussi en tête qu'à l'heure de votre mort, ils se rappelleront à vous, et vous aurez seul la charge de les assumer si vous ne voulez pas le faire ici.

Elle voulait garder un ton neutre, mais elle n'avait pu s'empêcher de parler d'une voix plus dure que ferme. Elle prit une profonde inspiration pour se calmer.

- Ici ou ailleurs, car il ne me semble pas que vous habitiez ici. Je m'offusque peut-être, mais le vrai jugement vient des dieux, et si je peux vous aider à trouver le chemin, je ne peux pas vous empêcher de vous en écarter si telle est votre inclination.

Par Étiol, cet homme était insupportable, encore plus qu'un Morguestanais habituel. Cette sensation de perdre son temps pesait de plus en plus sur la prêtresse. Elle s'impatienta.

- Alors ? Pourquoi être venu si l'agneau égaré ne veut pas suivre de berger ? Sous-entendez-vous que vous seriez prêt à suivre mes conseils ? Je ne peux vous en donner si vous refusez de m'expliquer la raison de votre présence dans ce temple.
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptySam 11 Sep 2021 - 13:29

« Renard attaquant un lièvre »
Deux failles.

Un ton, des propos qui trahissent l’impatience, un souffle pour mieux se leurrer, une tentative pour se débarrasser. Trop timide, bien trop timide pour qu’il prenne piste.

Du majeur droit, le contrebandier rehausse ses bésicles sur son nez.

— Loin de moi l’idée de définir ce qui relève ou non de votre devoir, ma sœur. J’essaie seulement de comprendre. Quant à ma propension à suivre le berger… Faudrait-il encore que je me fasse agneau.

Le sourire du Goupil se fit plus large, plus mesquin, plus vil que jamais.

— Les raisons de ma venue ici, je vous les ai exposées : l’envie d'uriner – si ce terme sied mieux à vos chastes oreilles. Il est des signes auxquels on ne résiste pas, voyez-vous : la porte béante du Temple, la douce clarté des cierges, cette vasque déjà remplie, qui n’attend que de l’être davantage, énuméra-t-il en se penchant soudain en avant, brisant ainsi les dernières bribes de bienséance qu’il n’avait pas encore souillées, vous voulez des péchés ? Bien, ma sœur, en voici : je ne vis que d’excès et tiens de ces malfrats sans foi ni loi. J’ai trahi, trompé, humilié, pillé nombre d’innocents plongés dans le désarroi en me gorgeant de leur détresse. Parmi eux, il y eut… cette prêtresse, amorça-t-il sans détourner les yeux de ceux de son interlocutrice, plus petite que moi, plus faible que moi, esseulée dans son temple, perdue dans un bourg. Cloîtrée. Prisonnière d’une foi et de dieux impassibles, au corps de marbre et au cœur de pierre, souffla-t-il d’un trait, avant de poursuivre dans un murmure, sur le ton de la confidence, dites-moi, Gudrun… selon vous : où commence le présent, dans ce récit ?
Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptySam 11 Sep 2021 - 16:27
Elle avait beau avoir du mal à déchiffrer les expressions, cette tentative de feindre l'humilité était très grossière, sans doute volontairement. Pour quelle raison, elle n'en avait aucune idée. A moins qu'il ne fut vexé d'avoir été comparé à un agneau, mais c'était pourtant lui qui avait employé cette image. Le petit rictus qu'il arborait depuis le début s'était élargi, sa posture devenait de plus en plus inconvenante, et ses paroles carrément crues.

S'il s'était contenté de bafouer toutes les convenances, elle se serait simplement mise en colère. Mais il n'en avait pas fini, et la suite la piqua au vif. Il tentait de l'insulter, multipliant les qualificatifs pour chercher sans doute une quelconque faiblesse. Elle n'avait rien de petit, d'innocent ou de faible. C'était bien un comble de la chercher sur sa taille d'ailleurs ! Il n'y avait que deux points où il avait fait mouche, mais elle ne le lui dirait certainement pas. Elle était prisonnière, oui, mais sans doute pas au sens où il l'entendait. C'était sa foi qui était prisonnière, mais non l'inverse. Et oui, elle était seule aujourd'hui, mais cela n'avait rien à voir avec ce bourg. Ses tentatives de déstabilisation ne marcheraient pas sur elle. Mais ce qui acheva de la rendre furieuse, ce furent ses insultes envers les dieux, et dans un temple en plus ! Elle le foudroya du regard.

- Ce présent ne commencera jamais. Vous pouvez bien vous amuser à ignorer ce qui est convenable ou non, cela vous regarde après tout. Mais n'injuriez pas les dieux ! Si vous êtes marié c'est grâce à eux. Pire que cela : si vous avez toujours ce ruban à votre poignet, c'est que vous les estimez toujours. Alors gardez un semblant de respect dans vos paroles, et encore plus en ce lieu !

Elle se releva sans pour autant s'éloigner, et croisa les bras. Le toisant d'en haut, elle lui dit :

- Vous n'êtes certainement pas d'humeur à parler des dieux aujourd'hui, alors je vous prierais de bien vouloir sortir d'ici.
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptySam 11 Sep 2021 - 20:27

« Renard attaquant un lièvre »
Et voilà que le masque se fissure tandis qu’elle se dérobe.

Comme si la seule présence de la prêtresse, face à lui, suffisait à le tenir droit, Le Goupil parut s’affaisser de manière grotesque à l’instant où elle se releva. Presque accablé par le poids des mots caustiques de la femme, tout le corps du contrebandier apparaissait soudain privé de ses forces. Ainsi, l’un de ses bras, jusqu’alors en appui sur l’un de ses genoux, glissa dans le vide pour retomber mollement, cependant que sa tête s’inclinait en avant.

— Marié...

Ambre.

Étrangement, il lui semblait être né avec ce ruban au poignet, comme s’il représentait un élément constitutif de sa personne. À la fois familier et mystérieux, porteur de souvenirs et symbole du néant.

— Je pense à ma femme, parfois, admit-il d’une voix éteinte.

L’insolence du renard paraissait morte. Absurdement avachi dans cette alcôve, il inspirait à présent quelque chose de lugubre et de mélancolique. Une autre forme de sentiment dérangeant.

— Parce que, voyez-vous… certaines putains lui ressemblent. Tantôt dans leur apparence. Tantôt dans leur façon de gémir.

Nonchalamment, la tête du Goupil roula sur son épaule pour mieux lorgner la prêtresse. Avec lenteur, il déplia de nouveau ses longues jambes, puis se redressa de toute sa hauteur, sans dévier son regard de celui de la femme.
Il lui serait difficile de le toiser de haut, désormais.

— Ce n’est pas pour vos dieux que je porte ce ruban. Ce n’est pas non plus grâce à eux que ce mariage a eu lieu, affirma-t-il en retrouvant son détestable rictus, mais plutôt parce que mon épouse était belle et que j’étais riche. Comme dans les contes !

Non content de sourire à outrance, Le Goupil se mit à ricaner, étendant ses bras décharnés de part et d’autre de son corps, pour mieux désigner le Temple qui les entourait.

— Et alors quoi, ma sœur ! Toujours aucune âme pour venir vous extirper de mes griffes, pas de prétexte pour vous sauver. Où est donc cette matinée que vous me promettiez, il y a de cela quelques minutes ? Et mes questions ! Et ce service que vous étiez si propice à me concéder ! feignit-il de s’offusquer sans perdre sa bonne humeur, décidément… vous, eux, poursuivit-il en pointant les statues d’un signe du menton, vous êtes de la même race. Vous vous pensez supérieurs, mais êtes comme tous les autres. Des menteurs.
Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyDim 12 Sep 2021 - 0:38
Gudrun se tut, interdite. L'homme en face d'elle avait changé d'attitude du tout au tout, comme abattu. Ses mots paraissaient sincères. Il était marié et sa femme lui manquait. Cette douleur, elle ne pouvait que la comprendre. Mais il reprit bientôt ses discours provocateurs, releva les yeux, et se dressa devant elle. Elle ne bougea pas, le fixant toujours aussi durement dans les yeux. Enfin, peut-être pas aussi durement. Ce petit intermède avait laissé passer... quelque chose. Il n'y avait pas d'ombre sans lumière...

Pendant un court instant, elle eut du mal à comprendre cette expression, "vos dieux", avant de réaliser qu'il parlait simplement des Trois. Qu'il ne se considérait donc plus croyant. Il reprenait contenance peu à peu, allant presque jusqu'à la menacer... De quoi au juste ? Trahir, tromper, humilier, piller ? Il ne pouvait rien lui faire de tout ça.

- Que vous le vouliez ou non, quelles que soient les circonstances de votre mariage, il a été voulu par les dieux, soyez en sûr. Dans quel but, cela nous ne pouvons que le supposer.

Elle avait l'impression de voir l'ombre chuchotante d'Étiol sur le visage de l'homme en face d'elle. Pour ceux-là, il était rare que l'on puisse faire quoi que ce soit. Ils amenaient l'équilibre dans le monde, mais cela ne les rendaient pas moins difficiles à supporter. Au moins, chez elle, il aurait pu vénérer un dieu. Ici, il n'avait rien. Plus que de la colère, c'était de la pitié qu'elle commençait à ressentir pour lui. Son âme finirait errante dans les marécages puants du dieu corbeau, et il n'en avait même pas conscience.

- Pourquoi voudrais-je m'enfuir ? Je suis à ma place ici. Ce qui n'est pas votre cas. Le temps, les questions, le service, vous n'avez rien demandé. Vous ne savez qu'insulter. Vous êtes déçu des dieux ? Vous pensez que je mens ? Soit, il m'arrive de mentir, c'est humain. Vous aussi vous mentez. C'est un fait. Quel rapport avec les dieux ? Eux ne sont pas humains, ils ne mentent pas. Ils ne font pas de fausses promesses. Est-ce que la mort de votre femme vous semble injuste ? Est-ce pour cela que vous leur en voulez ?

Des hommes qui perdent leur femme, vont se consoler dans les bras de filles de petite vertu, s'en plaignent, n'assument pas leurs actes... Elle avait déjà entendu ça. Elle était déjà fatiguée de cette conversation. Cela ne menait à rien, elle avait abandonné l'espoir de le convaincre de quoi que ce soit. Elle s'en voulait de ne pas avoir la patience nécessaire, mais elle ne la possédait pas. C'était un fait également.
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyDim 12 Sep 2021 - 8:51

« Renard attaquant un lièvre »
Si proche de la prêtresse, les paupières du marchand se plissèrent sous l’effort de concentration, comme s’il cherchait à discerner, sur son visage, une chose que lui seul était en mesure de remarquer.

Disparues.

Agréablement surpris par la faculté de cette femme à se reprendre, pour résorber les failles d’un masque qui paraissait désormais lisse, Le Goupil lui concéda un nouveau sourire. Presque dénué d’insolence. Presque.

— Ne transformez pas la réalité à votre convenance, ma sœur, susurra-t-il dans un ricanement léger, je n’ai évoqué que des questions, c’est vous qui les avez imaginées théologiques. J’ai confessé des péchés qui, semble-t-il, ne sauraient être entendus de vous ou des dieux, soit qu’ils ne soient pas assez graves, soit qu’ils soient assumés. Quant à ce service, il suffit de le demander pour que je vous l’expose, reprit-il méticuleusement, qu'y puis-je si votre étroitesse d’esprit vous limite manifestement à ce Temple et aux sujets qui en relèvent ? Je n’ai que faire de vos leçons de morale. Ce que j’aimerais comprendre, c’est ce qui vous convainc, vous. Je ne cherche pas la rédemption et l’avenir m'importe peu. Comme beaucoup d’autres : j’attends, et dans l’intervalle, je vis. Mais les gens comme vous me fascinent. À prêcher une parole qu’ils n’entendent même pas. À moins que ? À croire en des dieux qu’ils ne voient pas… À moins que ?

Les bras désormais croisés sur son torse, le contrebandier observait la prêtresse avec curiosité. Même si son comportement ne changeait guère, au moins paraissait-il un peu moins enclin à la provocation. Pour le moment.

— Des questions, j’en ai, ma sœur. De nombreuses, auxquels vous ne semblez pas prompte à répondre, faute de temps à m’accorder en dépit d’une matinée libre. Qu’y puis-je si vous avez préféré débuter par des confessions qui vous ont déplu et convaincu de ce que ma place n’était pas ici ? On ne saurait donc apprécier l’architecture d’un Temple qu’en étant habité par la foi ? Ne me reprochez pas de ne récolter que ce que vous avez semé. Quant à ma femme... poursuivit-il en se penchant sensiblement pour être à la hauteur de son interlocutrice, comme s’il souhaitait rabrouer un enfant, je ne me souviens pas l’avoir prétendue morte.

Et à en croire le sourire outrancier qui étira aussitôt les lèvres du renard, la fragile accalmie qui préservait la prêtresse d’odieuses provocations venait d’être brisée.
Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyDim 12 Sep 2021 - 14:34
L'inconnu n'en avait pas fini avec ses piques répugnantes, l'attaquant personnellement alors qu'elle n'était là qu'en tant que servante des dieux. S'il voulait attaquer quelqu'un, il aurait tout aussi bien pu s'en prendre au premier venu dans le bourg, mais non, il avait fallu que cet homme tombe sur elle. Un flot de répliques bien senties lui venait en tête à chacune de ses phrases, et elle serra les lèvres pour éviter la tentation de répondre. Tous deux bras croisés face à face, ils se défiaient du regard. Il était insupportable d'avoir à lever les yeux vers lui, mais elle ne serait pas la première à quitter l'affrontement.

- Vous ne voulez pas m'écouter, mais vous voudriez me comprendre ? Soit. Je suis prêtresse. Nous sommes dans un temple. Je pense que cela suffit à expliquer beaucoup de choses.

Elle ne dit rien de plus. Ce rappel ne l'empêcherait sans doute pas de continuer sur sa lancée, mais au moins l'avertissement était prononcé. L'avait-il entendu ? Sa tirade suivante paraissait presque raisonnable. L'espoir qui semblait l'avoir quittée un peu plus tôt resurgit, tandis qu'elle se morigénait pour son manque de patience. Effectivement, elle ne lui avait pas laissé le temps de parler. Il se remit à sourire, se mit à sa hauteur dans un but incertain. Essayait-il de cacher une gêne quelconque alors qu'il venait de se dévoiler un peu ? Craignait-il d'être entendu ?

- Ce ne sont pas des confessions que j'ai entendues. Votre âme tourmentée n'est simplement pas prête... Alors si avant de sortir vous souhaitez poser vos questions, me demander un service, allez-y. Vous ne semblez pas vous gêner pour dire ce qui vous passe par la tête de toute manière, alors je me demande bien pourquoi vous hésiteriez. Quant à votre femme, si vous avez toujours votre ruban mais que vous en parlez au passé, je ne vois qu'une seule explication.

Ou peut-être deux. Elle eut une pensée pour Einar. S'il était encore en vie... S'était-il cru abandonné ? Se comportait-il ainsi aujourd'hui ? Était-il devenu une personne aussi cynique et désabusée ? Son regard vacilla un court instant, mais elle se reprit vite.

- Si elle n'est pas morte, vous a-t-elle abandonné ?
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyDim 12 Sep 2021 - 19:45

« Renard attaquant un lièvre »
Le regard du contrebandier s’embrasa d’une lueur enfantine à l’écoute des paroles de la prêtresse ; comme un gamin se verrait offrir un présent, une sucrerie, une opportunité inespérée de poursuivre le jeu.

— Merveilleux ! s’exclama-t-il en contournant joyeusement la femme pour s’installer sur un banc, oublions mon épouse, voulez-vous ? Je ne sais plus bien qui a abandonné l’autre le premier et ça n’a pas guère d’importance aujourd’hui, encore moins face à ces questions qui m’accablent, décréta-t-il avec ce sourire si caractéristique.

Dans les yeux du renard s’agitait cependant une flamme passionnée, empreinte de sincérité. L’incarnation d’une curiosité dévorante, immuable.

— Supposons que je sois un enfant – vous admettrez que je ne vous demande pas un effort d’imagination considérable – à qui il faut inculquer la foi. Car, après tout, ça n’a rien d’évident ou d’héréditaire. Ce n’est pas un titre, un commerce, une fortune dont on hérite. Comment, donc, enseigneriez-vous la religion à cet enfant ? Comment me guideriez-vous jusqu’au chemin du Temple, ma sœur ? Et de grâce, montrez-vous un tant soit peu pédagogue. Les affirmations ne démontrent rien, déplora-t-il en se souvenant des propos précédents de la femme – comme si le fait d’être une prêtresse dans un Temple suffisait à tout expliquer, que deviennent toutes ces offrandes, par ailleurs ? Ne me faites pas croire qu’en ces temps de disette, les rares oblations comestibles sont brûlées, ce serait un affront ! D’ailleurs, en tant que porteurs de la parole divine, êtes-vous en droit de vous sustenter au nom des dieux ? Oh ! et en parlant d’eux… lequel préférez-vous, et pourquoi ?

Le Goupil restait ambigu. Il semblait osciller constamment entre sérieux et provocation, passant de l’un à l’autre sans indicateur préalable et sans difficulté. Sa carcasse elle-même transpirait l’illogisme : ces yeux, vifs, perçants, pénétrants, et son corps, nonchalant, avachi, amorphe. Des jambes interminables tendues devant lui et des bras pendants derrière le dossier du banc.

Un esprit d’adulte prisonnier d’une attitude enfantine. Un esprit puéril prisonnier d’une apparence mature.
Revenir en haut Aller en bas
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! EmptyLun 13 Sep 2021 - 21:55
Gudrun serait restée bouche bée et yeux écarquillés si elle avait été plus expressive. Elle n'était pas moins sidérée de la réponse de cet homme inconvenant. Oublions mon épouse ! Rien que ça ! Elle était en vie, mais il ne lui accordait plus la moindre importance ! Il n'essaierait pas de la trouver ! Il n'essaierait pas de se faire pardonner ou de pardonner ! Oublions mon épouse ! Joyeusement ! C'était à peine croyable, et pourtant il venait de le dire ! Il poursuivait, laissant de côté ce sujet pourtant essentiel, sans aucun état d'âme !

Elle ne savait plus que penser de cet homme qui lui laissait tantôt entrevoir un peu d'espoir pour son âme, tantôt le douchait par de tels propos. Il jouait avec ses nerfs comme un chat jouerait avec une souris. Mais contrairement à la souris, elle était en colère plutôt qu'apeurée. Néanmoins... Elle ne pouvait l'envoyer sur les roses, puisqu'elle lui avait proposé elle-même de la questionner...

- Les enfants comprennent bien mieux que nous les choses de la religion. Ils n'ont pas besoin d'être guidés vers le temple, ils y sont naturellement enclins. Ils ne se posent pas autant de questions que vous, ils ne demandent pas à être guidés. Ils se fient à leur intuition, qui leur suggère très naturellement que les dieux sont. Comment voulez-vous que je ne sois pas affirmative quand je dis qu'il existe une force qui nous a dotés d'une conscience ? Nos corps sont de la même matière que les brins d'herbe dehors, retournant à la poussière après notre mort, et pourtant ! Nous sommes tellement plus que de simples brins d'herbe ! Comment expliquez-vous cela si vous refusez l'existence des dieux ?

Ses yeux brillaient désormais, pleins d'une fervente ardeur.

- Porteurs de la parole divine ? Nous écoutons davantage que nous ne parlons... Et nous parlons plus aux dieux qu'aux hommes. Mais oui, il faut bien se sustenter et sustenter les miséreux. Est-ce une manière détournée de me demander à manger ?

Elle espérait que non. Il y avait déjà beaucoup d'enfants affamés dans le bourg, elle n'avait pas besoin d'une bouche supplémentaire. De plus les offrandes de nourriture étaient extrêmement rares, d'autant plus ici, à Sombrebois, où la nourriture venant de Marbrume était strictement rationnée.

- Pour ma part, je n'en préfère aucun. Ils ont tous leur importance, ils amènent tous un équilibre qui est primordial en ce monde ! Pourquoi préférer un aspect de la vie alors qu'ils sont tous aussi intéressants ? Vous dites ne pas croire aux dieux, mais pourquoi cette question alors ? Y-a-t-il un dieu qui attiserait votre foi plus qu'un autre ?
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
MessageSujet: Re: Cachez ces Saints que je ne saurais voir !   Cachez ces Saints que je ne saurais voir ! Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Cachez ces Saints que je ne saurais voir !
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Marécages de l'Oubliance :: Petites places fortes :: Bourg de Sombrebois :: Temple du bourg de Sombrebois-
Sauter vers: