Sous les jupons de l'histoire (PV Clarence)

L’art d’évoluer avec grâce et mesure dans une telle société ne s’acquiert pas en un instant. Il faut du temps, de la patience, une certaine façon d’appréhender ses semblables, pour pouvoir déambuler dans une pièce tout en regardant tout le monde sans même donner l’impression qu’on observe. Dépourvue de cet enseignement typique des mondains, Iris est pourtant parfaitement à l’aise dans ce milieu, jouant un jeu qu’elle semble connaître à la perfection. Elle s’y est préparée depuis bien longtemps, nourrissant son imaginaire de réceptions, de dîners et de fééries telles qu’elle en voit aujourd’hui et c’est bien cela qui lui apporte cette aura de confiance, cette tranquille assurance qui l’enveloppe tel un manteau et qu’elle diffuse tel un parfum entêtant.

Mesurée, Iris refuse d’un élégant geste de la main l’offre d’un verre de vin. Elle va limiter au maximum sa consommation d’alcool et cela pour garder l’esprit clair, ainsi qu’elle le fait quand elle pratique son art au Jardin. Il n’y rien de pire que l’alcool dans une pareille situation, vecteur de catastrophes dont elle ne peut permettre la survenance. Pour que tout se passe bien, elle préfèrera de l’eau, sans chercher à goûter les nectars raffinés qui sont proposés.

Sans le vouloir, sans aucun calcul, elle marche au même rythme lent dispensé par les instruments de musiques officiant dans un autre salon. Elle est attirée par ces sons, comme un papillon par la lumière et elle sourit, le cœur calme, à tous ceux qui croisent son regard, cherchant la silhouette de l’armateur parmi tous les convives jusqu’à ce qu’un duo haut en couleurs l’aborde. Iris plonge en une très élégante révérence avant de sourire aux nouvelles venues.

- L’honneur est pour moi, Mademoiselle. Je suis enchantée de vous rencontrer.

Charmante, avenante et parfaitement polie, Iris écoute donc les propos de Béatrix non sans noter le léger brouhaha provoqué par l’entrée du Comte de Rougelac. Elle a entendu le hérault, elle a brièvement tourné la tête vers lui, notant la présence du masque rouge, un choix on ne peut plus adapté à Victor, avant de reporter son attention sur Béatrix alors que le Comte s’éloignait déjà. Elle répond à voix basse, le visage habilement dissimulé derrière la dentelle de son éventail, de manière à ne pas être entendue par la rondelette petite dame à la tenue vert pomme.

- Un jeu, dites-vous ? J’ai bien hâte de voir cela.

Quelques mots soufflés derrière un tissu ne font pas une confidence, après tout. Elle les regarde ensuite toutes les deux avant de dire, d’une voix enjouée :

- Mademoiselle Dufort, voulez-vous me faire les honneurs de votre résidence ? Ce salon est décidément fort beau mais je présume qu’il n’est pas le seul de cette admirable demeure que je ne connais point.

Debout, un doux sourire aux lèvres, Iris attend donc la réponse de Béatrix non sans la quitter des yeux.

Loin de tomber dans l'émerveillement insouciant, Iris semblait garder la tête sur les épaules, déclinant au passage judicieusement la coupe de vin offerte. Ne cédant à aucun appel à la déraison, la femme qui avait prit le nom de de la Broye, l'espace d'une soirée, faisait ses premiers pas dans la cours des grands de la plus propre des manières.

Quoi de plus simple alors que de requérir la présence exclusive de la fille des hôtes en s'intéressant aux lieux. Une démarche plutôt courante que de s'offrir une visite guidée ? Béatrix étira ses fines lèvres avant de porter son attention sur la jeune femme qui semblait alors être de trop dans ces échanges.

- Veuillez nous excusez Amandine. Je vous retrouverais un peu plus tard, je vous en fais la promesse. Nous avons encore tant de choses à nous dire et tant de nouvelles gens à recevoir.

La rondelette et oisive Dame de cours s'exécuta alors à une difficile courbette d'usage avant de s'envoler papillonner jusqu'à un groupe de noble un peu plus loin, laissant Béatrix s'emparer de l'avant bras gauche d'Iris pour alors l'entraîner avec une gaieté d'usage dans la prochaine pièce n'étant autre qu'un large salon perpendiculaire au premier dont le large tapis centrale donnait une forme de solennité au lieu.

La proximité de nombreux convives l'empêchait de céder quelques murmures à l'endroit de la rouquine, alors le temps de traverser cette pièce, la demoiselle Dufort en profita pour rassasiée la curiosité de sa comparse.

- Ah mademoiselle de la Broye, j'ai tout aussi hâte que vous que cette soirée prennent des allures moins "classique". Vous y prendrez certainement goût ! Hihihi.

Un homme les flirt soudainement, mais pas le temps pour les deux femmes de se retourner pour identifier l'auteur de cette éphémère et insolente proximité qu'elles voient une ombre disparaître derrière la prochaine porte.

- Étrange que cet individu, je me demande bien de qui il s'agissait. Mais revenons à nos moutons. Avant de vous mener jusqu'à la salle de banquet, promenons nous jusqu'au petit boudoir sur notre gauche.

Feignant l'adolescente enjouée, Béatrix entraîna Iris loin de la foule, là où le silence semblait d'or. Refermant soigneusement la porte, Béatrix soupira d'aise avant de relâcher l'étreinte qu'elle portait à l'endroit de la rouquine.

- Vous êtes donc la jeune femme dont m a parlé mon très cher ami le Comte. C'est parfait.

Elle se retourna et désigna une autre porte de l'index de sa main droite.

- C'est derrière cette porte que vous devrez entraîner votre proie tout à l'heure, durant ce jeu. Pour tout vous dire, vous avez judicieusement choisit le masque incarnant la souris, ce portant le noir incarneront les chats et les rouges, les juges.

Elle se fendit d'un large sourire rajoutant.

- Tout du moins, je viens de le décider puisque je suis l'organisatrice de ce jeu et comme... votre armateur à choisit le noir, je m'accommode donc des règles pour la bonne exécution de votre contrat.

Elle lui adresse un clin d'oeil.

- Ne traînons point plus que de raison, au risque d'éveiller la curiosité de quelques-uns de mes convives, enfin de ceux de mes chers parents. Rendons-nous à la salle où se tiens le banquet. Le banneret que vous recherchez, monsieur de Fresacq s'y trouve déjà en compagnie de son épouse. Oeuvrez à votre aise, je serais là non loin pour vous aider si besoin... comme par exemple pour éloigner son épouse, à votre convenance. Si vous avez des questions, posez les maintenant, il sera ensuite trop tard.

Suivant la jolie Béatrix loin de la foule des courtisans palabrant à en perdre haleine, Iris suit un instant du regard cet homme qui les a effleurées si subtilement avant de disparaître. Un éphémère froncement de sourcil salue la brève performance avant qu’elle ne se concentre à nouveau sur sa compagne qui l’entraîne dans une autre pièce, loin des regards et des oreilles indiscrets.

- C’est bien moi, en effet. Je suis ravie de voir que nous nous entendons. Notre ami commun a déjà disparu dans les méandres de votre résidence, une résidence qu’il semble connaître sur le bout des doigts.

La jolie rousse déambule le nez en l’air dans ce petit boudoir, regardant partout pour pouvoir s’inspirer plus tard et peut-être décorer sa maison avec autant de goût. Puis elle regarde la porte derrière laquelle aboutira sa mission et opine légèrement de la tête pour signifier qu’elle a parfaitement compris.

- C’est astucieux d’avoir prévu un jeu. Peut-être que si vous parvenez à échauffer les esprits avec un peu de vin et beaucoup de bûches dans les cheminées, cela sera suffisant pour entraîner ce noble seigneur sur un chemin de perdition. Peut-être…

Si ce n’est pas le cas, il sera toujours temps de sortir toute sa palette de séductrice, ce qui n’est pas encore le cas pour l’heure.

- Un chat, une souris, un juge. Bien bien…Je suis heureuse de savoir que vous pourrez m’aider à éloigner l’épouse. C’est elle qui risque de me poser le plus de soucis. Le comte m’a également signalé qu’un de vos domestiques est lui aussi dans la confidence. Un sommelier, si j’ai bonne mémoire ?

Clarence s’arrête près de Béatrix et lui sourit aimablement.

- Lui aussi pourra m’aider à atteindre mon but en apportant un soin tout particulier à ce que la coupe de Monsieur de Fresacq soit constamment alimentée. Quant aux questions, j’en ai une, oui. Serait-il possible de veiller à ce que je sois à proximité du couple Fresacq lors du repas ? Pas trop proche pour ne pas être directement sous leur regard, mais pas trop loin non plus, juste pour être dans son champ de vision, le temps du banquet…

Elle applique un conseil donné par Aby. Voir sans être vue. Être vue sans pour autant donner l’impression de se donner en spectacle, attiser la convoitise, émoustiller les sens sans avoir l’air de s’en donner la peine. Clarence sait attirer l’œil d’un mouvement élégant, elle sait que le repas est un moment important.

- Autre chose, avant de rejoindre tout le monde…Sans vouloir vous obliger à quoi que ce soit, pensez-vous pouvoir occuper toute autre personne qui voudrait m’empêcher d’atteindre mon but ce soir ? Je ne peux me permettre le moindre retard, le moindre faux pas. Et les opportuns risquent de tout gâcher.

La jolie rousse sait qu’elle est attirante. Si elle l’est pour Victor, elle l’est sans doute pour d’autres messieurs, il lui a suffi d’observer les regards dont on la gratifie pour s’en assurer. Or, il suffit d’un seul de ces messieurs un peu trop entreprenants pour que tout échoue. Chose absolument impensable.

Béatrix semblait ravi de constater de l'entrain de sa complice du soir. Toutes deux avaient a y gagner même si pour la fille des organisateur de ce bal, aucune info complémentaire n'avait été soufflée à ses oreilles concernant l'identité réelle d'Iris et ce qu'elle avait à y gagner. Chacune avait un intérêt en tout cas à voir tomber l'armateur et la rouquine était désireuse de mettre toutes les chances de son côté pour poser ses griffes sur l'homme.

- Je ferais le nécessaire pour que les cheminées soient suffisemment nourri. Mon sommelier se chargera que votre souhaite soit exaucé. Monsieur Fresacq ne manquera ni de chaleur ni d'alcool.

Béatrix lui récupère l'avant bras et lui confit quelques derniers mots avant qu'elles ne réapparaissent en public.

- Je vous placerais à trois places face à lui. Cela devrait suffire, ni trop proche, ni trop loin. Côté opposé à son épouse, bien entendu. Pour le reste, comptez sur mon habileté à chasser tout intrigue de votre zone de pêche.

Un léger clin d'oeil complice et les voilà réapparaître dans l'un des salons où la vague d'invités semblaient à présent se presser vers la grande salle de réception.

- Suivez le mouvement. Pour ma part, je dois m'excuser et retourner à quelques obligations. Je reviendrais très rapidement au plus proche de notre intrigue ma chère. Et pour vous mettre dans la confidence, oui notre ami commun connait fort bien ce lieu...

Elle quitta l'avant bras de l'usurpatrice d'identité, fendant la foule dans le sens inverse de la vague qui commençait à déferler dans la salle où allait se tenir le banquet et le bal. Livrée à présent à elle-même. Plusieurs choix s'offrait alors à la rouquine. Retrouver le Comte, fort habile à se dissimuler dans l'épaisse foule de convives. Traquer sa proie dans la salle du banquet. Se fondre dans un groupe, hommes, femmes ou mixte. Oubien encore suivre l'intrigant jeune homme qu'elle avait pu observer à trois reprise depuis son arrivée dans la cours intérieure de la résidence Dufort.

Info hrp a écrit:

Selon le choix que tu prendra, vient m en parler, je te donnerais alors quelques éléments pour la suite de l intrigue)

Iris est satisfaite, ou à tout le moins elle est rassurée, assez en tout cas pour se sentir de suite un peu mieux, moins sur la défensive, moins inquiète. Même si ce n’est guère apparent, la jolie rousse est sur des charbons ardents, à tenter de tout voir et de tout comprendre, de tout maîtriser pour ne pas faire face à un brutal imprévu. La présence de Béatrix lui convient bien plus que celle de Victor qu’elle n’ira de toute façon pas voir, avec lequel elle n’ira pas converser en ces murs. Le Comte est l’instigateur de ce complot. S’il est vu en sa compagnie, il sera compromis tout comme elle le sera elle aussi. Autant ne pas prendre de risque inutile.

En dehors de la pièce, Iris est donc seule parmi la foule, les deux émeraudes brillant de joie. Là aussi, elle manifeste enfin un peu de sa véritable nature enjouée et gaie, une nature vive et curieuse qui s’émerveille de tout, y compris de tout ce qu’elle voit ici, de toutes ces belles personnes si somptueusement parées, de tous ces ors, ces lambris magnifiques, ces lourds candélabres supportant de splendides bougies pleurant des larmes de cire jaune. C’est son rêve qui se déploie sous ses yeux. Alors certes elle ne peut guère en profiter autant qu’elle le voudrait mais elle vit ici un instant unique. Un instant qui ne se représentera jamais. Quand la foule se déplace vers la salle de banquet, elle suit le mouvement, le visage habilement dissimulé derrière un joli éventail, le regard se posant partout.

N’importe qui la voyant en cet instant où elle pénètre en cette salle superbe ne pourra que tomber sous le charme d’une candeur teintée d’une séduction pénétrante. Elle salue d’un geste élégant les personnes qui la gratifient d’un sourire ou d’un geste de la tête avant de s’arrêter près d’un groupe de personnes non loin de l’entrée.

Chercher à entrer en contact directement avec sa cible n’est pas, à ses yeux, une bonne idée. Par contre, s’afficher sous son jour le plus avenant, montrer son sourire le plus doux, briller par une conversation érudite et raffinée, voilà de quoi attirer l’attention sans pour autant vouloir être le point de mire général.

Elle salue donc tous les présents de ce petit groupe composé de cinq personnes. Une jolie révérence plus tard et voilà la conversation engagée avec l’un des hommes seuls de ce petit groupe, un homme qui a parfaitement entendu son nom lors de son introduction en la résidence. Le négociant, d’une petite cinquantaine d’années, se rappellent visiblement d’anciens contrats passés avec la maison de la Broye et semble s’interroger beaucoup sur la situation financière de sa fausse famille.

Iris replie gracieusement son éventail, affichant les bijoux somptueux que lui a prêté Victor, des rubis étincelant sous les lueurs des bougies, signes que la maison de la Broye se porte on ne peut mieux.

- Je ne vous cache pas, Monsieur, que ce monde des affaires est surtout un monde d’hommes et que j’ai fort peu de goût ou d’attrait pour les chiffres. Un mien cousin a repris les affaires familiales qui se portent on ne peut mieux.

Elle tend la main vers un verre rempli d’eau, apporté par un serviteur, une main délicatement ornée d’une bague de prix, tandis qu’à son poignet scintille brièvement un beau bracelet d’or tressé.

- Ce qui me permet d’être présente ce soir parmi les plus brillants éléments de la société marbruméenne.

Jouer la gestion d’affaires dont on ne sait pratiquement rien est un jeu dangereux. Personne ne pourra en vouloir à une jeune et jolie jeune femme de vingt printemps de préférer les atours et les parures, les amusements et les fêtes, plutôt que les affaires qui sont d’un royal ennui. N’est-ce pas ? En tout cas, elle décoche au négociant un sourire tranquille avant de rappeler, de sa voix la plus douce, que le cousin fictif peut parfaitement entrer en contact avec lui, à sa meilleure convenance. Une gorgée d’eau fraîche et elle ne le quitte pas des yeux.

La répartie de l'usurpatrice semblait faire mouche auprès de son auditoire. Avançant des arguments se tenant à l'image de la société comme on l'a connaissait où la place de la femme n'était pas particulièrement aux affaires, de prime abord, Clarence avait donc passer cette première difficulté sans vraiment éprouver la moindre faiblesse, la moindre hésitation. Non, tout en elle transpirait sérénité et confiance comme si elle vivait se rôle comme une seconde vie où elle pouvait allier l'émerveillement de cette découverte d'un autre monde au consciencieux d'un travail qui ne tolérait aucune erreur de jugement.

Les convives autour de la rouquine acquiescèrent donc non sans que l'interlocuteur d'Iris laisse son regard s'attarder sur ce bracelet d'or dont il ne pouvait qu'attester de son authenticité. Et face aux flatteries d'usages de la jeune femme, le négociant s'offre une légère révérence.

- Et votre présence nous sied. Un éclat de plus qui je l'espère illuminera cette soirée.

Il n'en fallait pas plus pour que finalement la discussion ne se détourne de l'objet principal de cette apparition. S'étant crédité d'une fort belle entrée en matière dans ce groupe, la fille déchue de notable pouvait alors prendre plus d'aise, les sujets plus légers se succédant sans que nul ne puisse discerner de la supercherie que représentait la demoiselle de la Broye.

Clarence pouvait donc profiter de quelques minutes de répits, mais allait-elle se saisir de cette occasion pour se rapprocher de sa cible ou trouverait-elle plus judicieux de prendre le temps de s'imprégner des lieux et de ces protagoniste avant de tourner autour de sa proie ? D'autant qu'à mesure que les minutes s'écoulaient, l'espace se faisait de plus en plus absent avant que finalement la salle de banquet ne soit totalement ouverte sur un balcon pour laisser un peu d'air pénétrer les lieux. Plusieurs choix s'offraient à nouveau à l'usurpatrice dans ce cadre toujours aussi luxuriant et paradisiaque de façade. D'ailleurs, le petit personnel commençait à présent à déambuler avec quelques plateaux d'argent garni de mignardises salées plus succulentes les unes que les autres, de quoi encore détourner l'esprit et l'estomac surtout de la jeune femme sous couverture.

Citation :

1) Questionner le négociant sur sa cible, Monsieur Fresacq, l'armateur
2) Choisir de errer seule jusqu'aux tables
3) Se fondre dans un groupe de 6 jeunes femmes oisives d'apparence qui ne cessaient de glousser et rire
4) Décider de prendre un peu l'air au balcon qu'on venait d'ouvrir.

Merci de me donner ton choix en off.

La vacuité de ces conversations est tout simplement abyssale. Pendant que l’un gonfle le torse, l’autre se vante, au milieu de minauderies et des petits rires complaisants auxquels participe la jolie rousse. Elle sait l’importance des apparences, elle sait aussi que pour pénétrer un cercle il faut au moins avoir un langage et des attitudes communs, aussi ne dépare-t-elle pas au milieu des présents, jolie fleur de sang, d’or et de feu, au milieu de tous ces paons si aisément dupés. Il a suffi de montrer, fort innocemment, un bracelet magnifique, un sourire et de parler affaires tout en feignant subtilement l’ignorance de ce monde typiquement masculin pour que tout un chacun reconnaisse la jeune Iris comme l’une des leurs. Aby n’avait donc en rien exagéré : ils sont tous si profondément attachés à leurs traditions et leurs apparences qu’ils n’y voient que du feu.

Cela arrange fort bien les affaire de la prostituée, au moins ne doit-elle pas fournir trop d’efforts, d’autant qu’il fait désormais une chaleur terrible dans la pièce qui se remplit de monde, petit à petit. La chaleur humaine conjuguée à celle des âtres fait qu’elle tend la main vers un nouveau verre d’eau qu’elle ingère à toutes petites gorgées. L’éventail dont elle s’était emparée lui est désormais fort utile, ne serait-ce que pour pouvoir respirer. D’ailleurs, on vient d’ouvrir les fenêtres par là-bas. Peut-être serait-il opportun de s’y diriger, ne serait-ce que pour éviter de faire un malaise en pleine réception, ce qui serait du plus mauvais effet.

- Je vous prie de bien vouloir m’excuser, chers amis, la chaleur en cet endroit est décidément incommodante, je vais prendre l’air au balcon.

Refusant poliment une de ces jolies et appétissantes collations apportées sur plateau, la jolie rousse plonge en une élégante révérence avant de s’éloigner, le menton haut, en direction de ce balcon. Il sera toujours temps de questionner les présents sur l’armateur plus tard. Pour l’instant, l’important est de garder la tête froide et quoi de mieux pour ce faire qu’un vivifiant bol d’air au balcon de la résidence. Quelques têtes se tournent au passage d’Iris qui ne les remarque pas, elle file droit sur son objectif, atteignant enfin les doubles portes grandes ouvertes et ce large balcon qui l’accueille. Immédiatement, le soulagement est là et, les yeux mi-clos, un fin sourire aux lèvres, Clarence pose une main sur la rambarde, l’autre repliant l’éventail d’un geste sûr.

Le paysage est ravissant, il y a des lumières partout, des rires, des conversations, c’est une très belle soirée, probablement ordinaire pour tout le monde sauf pour elle. Chaque seconde compte, chaque instant est inscrit en sa mémoire afin qu’elle puisse en faire part à Clémence, du moins ceux qui ne poseront pas question. Par-delà le balcon, la cité. Sa sœur.

- Bientôt, ma sœur, nous ne manquerons plus de rien…, songe-t-elle, les yeux luisant.

Clarence fondait dans ce paysage comme pouvait fondre neige au soleil. Tout semblait si naturel dans sa gestuelle, sa verbe, son attitude qu'elle passait inaperçu dans cette foule d'invité. Enfin, inaperçu, pas tant que cela car sa beauté ne laissait pas certains regards insensibles autant envers la gente masculine que féminine, attisant tout autant l'intérêt que la jalousie.

L'usurpatrice décida donc de prendre un bol d'air revigorant en rejoignant la balcon que l'on venait d'ouvrir, profitant de cet instant pour admirer entre contre bas quelques allées de l'Esplanade et s'offrir un moment pour penser à sa soeur. Derrière elle, la musique, les conversations et les rires de la Haute allaient bon train mais soudain une ombre se faufila derrière la silhouette de la jeune femme avant qu'un parfum ampli de fraîcheur vint alors titiller les narines d'Iris.

Une main flirta à hauteur de hanche de la demoiselle de la Broye avant que l'inconnue ne révèle son identité en contraignant subtilement la rouquine à se retourner par un léger mouvement de bras.

- Bien le bonsoir mademoiselle de la Broye. Je vous ai aperçu a de nombreuses reprises en ce début de soirée, mais tout me portait à croire que vous essayez de me fuir. Tout du moins, sauf votre respect, c'est ce que j'ai pu en conclure.

Il s'agissait là du jeune homme qui était entré dans la résidence juste avant elle et qu'elle avait entre-aperçu dans chacune des pièces de réception. Il était bel homme, et de plus près, son charme était encore plus révélateur. Il ressemblait à ses don juan qu'on pouvait voir dépeindre dans les romans à l'eau de rose. Les Trois l'avait préservé de toute erreur de conception.

Prenant la paume de la main gauche d'Iris, il s'attela à un baise-main, la fixant d'un charmant et mordant regard vert émeraude.

- Je me présente, Roland de Fresacq.

Fresacq... cela devait certainement parlé à Iris puisque ce nom était aussi sa cible, mais l'âge ne concordait pas.

- Permettez-moi de vous avouer que dès lors que mes yeux se son poser sur vous, mon cœur s'est soudainement emballer, mademoiselle de la Broye.

Voilà qui pouvait s'avérer embetant pour Clarence qui faisait face à un jeune homme cherchant à lui faire la cour et de façon assez direct. Une assurance qui n'avait d'autre source que sa beauté faisant tomber le commun des jeunes femmes de bonne famille.

- Puis-je peut être vous offrir une coupe et me joindre à vous dans ce cadre nocturne qui met en avant tous vos atours ma chère ?

info mj a écrit:

1) Econduire l'homme te fera regagner la salle de réception où les convives commencent pour certains à gagner leur place autour de la table
2) Rester en sa compagnie, soit car Iris cède à ce tableau idyllique de prince charmant, soit pour en savoir plus sur le lien qu'il possède avec sa cible. Si tu opte pour ce choix, il te révèlera être le neveux de l'armateur.

Clarence ferme les yeux, retenant un soupir agacé. Elle voulait tout simplement profiter d’un moment de solitude et de paix mais il semble que rien ne lui sera épargné ce soir, pas même cela. La prostituée sait qu’elle a une mission mais ne peut-elle pas, un court instant, agir comme si elle n’était pas une catin ? Vivre un beau moment loin de la crasse et des contacts rémunérés ? Il semble que non, une jeune voix masculine s’adresse à elle. Faisant son deuil de ce moment unique, elle se tourne donc pour rencontrer le regard émeraude, effrontément charmant, de ce jeune homme entraperçu à plusieurs reprises au cours de la soirée.

- Vous fuir, Messire ?, répond-t-elle en souriant. Vous vous méprenez. Je suis juste absolument fascinée par ce que je vois depuis mon arrivée.

Elle lui abandonne sa main volontiers en ajoutant, espiègle :

- Seriez-vous jaloux de l’intérêt que je porte aux détails architecturaux plutôt qu’à votre personne ?

Reprenant sa main en douceur, elle effectue à son tour une gracieuse révérence.

- Je suis enchantée de vous rencontrer, Monsieur de Fresacq.

Le nom ne les est évidemment pas inconnu, c’est celui de sa cible du soir, le but même de sa mission. La surprise luit un instant au fond des prunelles de Clarence. Quoiqu’il en soit, s’il est lié d’une manière ou d’une autre à l’armateur, il serait intéressant de lui faire la conversation, au moins quelques instants, ne serait-ce que pour tenter d’obtenir une ou deux informations supplémentaires. Le jeune homme est direct, sans réelle subtilité en ce qui concerne son approche, ce qui ennuie profondément Clarence. Les hommes sont donc tous les mêmes, dès lors qu’ils aperçoivent la jolie silhouette d’une candide jeune fille, ce qui est souverainement agaçant même si elle n’en montre rien. L’habitude conférée par son métier lui permet de jouer la comédie.

- Cette réception ne manque pourtant pas de jolies demoiselles, Monsieur de Fresacq. Quoiqu’il en soit, je vous remercie pour votre compliment et consens à partager un moment en votre compagnie.

Le sourire de la prostituée se fait malicieux. Il est beau garçon, sûr de son charme et de l’attraction qu’il exerce. Et toute occupée à sa mission, Clarence n’en demeure pas moins une jeune femme romanesque et qu’il y a -t-il de plus romanesque que ce genre de rencontre imprévue ? Peut-être qu’elle est là, la seule et unique belle rencontre de sa vie. Peut-être. C’est en tout cas ce que son esprit romantique lui souffle dangereusement à l’oreille, un souffle qu’elle se surprend à écouter alors que la raison lui hurle de s’en aller.

- Votre nom ne m’est pas inconnu, il me semble l’avoir entendu au cours d’une conversation que j’ai eue un peu plus tôt en compagnie d’autres invités. Êtes-vous venu seul ? Peut-être vos parents vous accompagnent-ils ?

Elle est charmante et douce, très belle à la lueur des candélabres tandis que ses boucles bougent subtilement sous la brise du soir. Elle aussi est l’image même de la jolie princesse qui attend son prince, peut-être est-ce cela qui a contribué à ce que le jeune de Fresacq se risque à l’aborder.

- Cette soirée est-elle à votre gout ?

Fort de ses atouts, atours et manières de don juan, Roland ne semblait pas peu fier d'obtenir si aisément les faveurs de la donzelle, tout du moins, il n'avait pas à pousser ses talents pour immiscer un début de liaison avec cette inconnue au nom pourtant bien connue dans les cercles mondains.

Après quelques gestes d'usages réciproques, le duo qui se trouvait sur le balcon extérieur pouvait sans peine parler à voix haute sans que personne ne puisse épier leur conversation. Une aubaine pour l'un comme pour l'autre. Roland semblait déterminer à gagner la confiance de la jeune femme pour la mettre dans son lit, ce que cette dernière était encore loin de se douter. Et à contrario, voilà une opportunité intéressante pour Iris de glaner quelques informations utiles pour la suite de son dessein. A moins que... et c'était là le double tranchant de sa situation, que la jeune femme ne se perde corps et âme dans un rêve jusque là inaccessible. La raison gagnera-t-elle sur la folie ? Rien n'était encore moins sûre.

Pour l'heure, l'usurpatrice attendait des réponses à ces questions et le bellâtre d'une vingtaine de printemps allait volontiers mordre à l'hameçon déjà tendu et frétillant au bout de la ligne de la demoiselle de La Broye, fort taquine et délicieusement charmante.

- Vous devez certainement parler de mon oncle et de ma tente. Mon oncle est connu comme le plus riche armateur de la capitale et il ne manquerait pour rien au monde ce genre de festivité, malgré les apparences. Il à l'air si froid, distant et détaché, mais ce n'est qu'apparence...

Le jeune homme se mit à ricaner, dévoilant l'un de ces craquant sourire que la gente féminine lui connaissait bien.

- J'ai bon espoir de bientôt m'associer à lui. Mais je parle, je parle trop.

Il la fixe de ce regard émeraude ravageur.

- Cette soirée est véritablement devenu à mon goût depuis ces quelques instants en votre délicieuse compagnie, ma très chère Iris.

Il lui offre son avant bras, jetant discrètement un œil vers la salle à manger où les convives commençaient à s'installer. Il vint alors lui murmurer à l'oreille, avec une pointe de sensualité dans le timbre de voix.

- Je suis donc bien venu seul... mais qui sait... peut-être rentrerais-je fort bien accompagné tout à l'heure ?

Voilà qui pouvait compliquer la tâche d'Iris si elle devait gérer la présence de ce dragueur tout du long de la soirée. A moins qu'il puisse lui être utile d'une quelconque façon? Il fallait laisser place à l'imagination et à la débrouillardise de la catin pour répondre à cette question.

Il semblait en tout cas évident que Roland souhaitait à présent rejoindre la tablée et se faire voir au bras de sa potentielle conquête. Avantage, inconvénient pour Iris ? L'avenir le dira.

- Les apparences sont très souvent trompeuses en effet, surtout quand l’assemblée déambule masquée.

Elle esquisse un fin sourire tendrement moqueur sous son masque doré.

- Il y a donc fort à parier que votre oncle apprécie le reste de la soirée, j’ai ouïe dire que certaines surprises se préparent, sans que je ne sache lesquelles. Vous savez…Ce genre de détail que l’on ne peut entendre que lors de conversations de dames…Pleines de secrets et de sel.

Iris se dissimule un instant derrière son éventail. S’il savait qu’il fait la cour à une catin…La situation est périlleuse certes, mais elle ne manque pas de saveur aux yeux de la jolie rousse qui le regarde de la tête aux pieds, effrontément. Roland est l’archétype même du bel homme, sûr de sa séduction et de son charme, qui le sait et qui en joue avec brio. A ceci près qu’il a, pile en face de lui, la même joueuse, tout aussi convaincue de sa séduction et de ses charmes maintes fois étrennés.

- Peut-être trouverez donc en cette assemblée gentille mie qui consentira à vous céder ses atours en échange de quelques jolies paroles ou habiles madrigaux.

La main sur l’avant-bras de Roland, elle encaisse le souffle chaud à son oreille et répond de la même façon, sensuelle et pleine de promesses :

- Cependant pour poursuivre plus avant cette conversation en ma compagnie, loin des regards, il vous faudra bien plus que de subtils jeux de mots, cher ami. Allons-nous dîner ? J’ai une faim de louve.

C’est elle qui initie la démarche de retour vers l’assemblée, la main toujours posée sur l’avant-bras de Roland, amusée. Il est l’heure de passer à table, reste à savoir où la jolie Clarence sera installée. Si elle parvient à approcher l’armateur par le biais de son neveu, l’opportunité n’est pas à dédaigner, après tout. Puis qui sait ? Si l’armateur n’est pas farouche, peut-être y a-t-il d’autres options à envisager, pourquoi pas.

Elle aurait pu être offensée par la remarque de l’armateur et son sous-entendu que n’importe quelle jeune fille d’excellent lignage aurait pu prendre pour une insulte. Après tout, il n’y a ici que le gratin du gratin, le haut du panier, le petit lait exquis de toute la noblesse marbruméenne. Parler ainsi ouvertement d’une Gwendoline qui aurait du accompagner ce Roland si séduisant, devant elle, la remisant derechef au rang de pis-aller de convenance aurait atrocement gêné n’importe quelle jeune fille. Peut-être même est-ce que le cas, en réalité, alors que la jolie Iris baisse un peu les yeux, jouant parfaitement la fausse modestie et le visible inconfort.

Pourtant sous ses longs cils de soie, derrière ce regard un peu attristé, il y a une furieuse envie d’en découdre. Elle vaut bien mieux que toutes les Gwendoline du monde. S’il n’y avait, au début, qu’un désir de parfaitement exécuter sa mission afin de pouvoir rapporter de quoi aménager une vie confortable à Clémence et enfin faire de dignes réparation dans leur maison, il y a désormais autre chose. Le secret et violent désir de lui montrer qu’elle n’est pas qu’une potiche qu’on peut suspendre à n’importe quel bras.

Lorsque l’armateur s’adresse à elle, elle soutient son regard de la plus noble façon qui soit avant de sourire, avec toute la franchise d’une innocence de façade.

- Il n’est guère surprenant qu’il ne vous évoque rien, Monseigneur. Mon cousin se charge d’ordinaire de la représentation familiale lors des grands événements mondains. Il n’a pas pu venir ce soir en personne, il m’a donc mandatée à sa place.

Elle sourit toujours.

- Je suis Iris de la Broye.

La jolie main parée de bijoux de prix s’empare d’un verre rempli d’eau claire et boit une gorgée avant de reprendre.

- Ceci est ma première soirée mondaine, je suis heureuse d’être entourée de personnes de qualité, dit-elle en saluant l’armateur d’une très élégante inclinaison de la tête tout en battant des cils, séduisante. Je suis curieuse de voir ce que nous réserve nos hôtes. Ces masques, quelle charmante idée, ne trouvez-vous pas ? ajoute-t-elle avec un sourire exquis.