Sous les jupons de l'histoire (PV Clarence)

Si Clarence brille par sa maîtrise, on ne peut guère en dire autant de l’armateur qui vient de montrer un très déplaisant trait de caractère. Elle a appris qu’il est de bon ton de garder les confidences et les secrets pour les alcôves ou, à tout le moins, pour les moments où il n’y a point d’oreilles ou de témoin. Or, il semble que l’armateur ait décidé de mettre la jolie Iris à l’épreuve du feu, alors que des regards se tournent vers eux, à l’évocation d’une dette.

Rougelac ne lui a guère précisé cela, ce qui est très ennuyeux. Avoir toutes les cartes en main pour réussir une mission est essentiel et il semble que ce joker ait échappé au Comte, ce qui est surprenant compte tenu de son influence. Quoiqu’il en soit, Iris tamponne délicatement ses jolies lèvres roses à l'aide de sa serviette, le regard faussement peiné.

- Il est surprenant que vous évoquiez cela ici, à table. Mon cousin ne parle jamais affaire lors des repas, il dit que c’est malséant.

Elle dépose correctement sa serviette sur ses genoux et avise l’épouse de l’armateur dont le regard est vrillé sur Béatrix. Un sourire soulève la jolie bouche d’un rose tendre. Il n’y aura guère cent occasions d’hameçonner la proie qui se trouve là. Puisqu’il semble établi que l’armateur est direct, elle le sera tout autant, tout en gardant ce mystère des demi-mots et des sous-entendus dont elle est si friande, tandis que l’attention de l’épouse est portée sur Béatrix.

- Les finesses diplomatiques me conviennent fort bien, Monseigneur, d’autant que je ne vous apprendrai rien en soulignant le fait qu’il existe bien des manières d’effacer une créance. Succulentes, ces petites bouchées de viande, ne trouvez-vous pas ?

Elle vient, avec une rare élégance, de couper un tout petit morceau de viande enrobé de pâte feuilletée absolument exquise, le portant à sa bouche avec un fin sourire. La viande est un met qu’elle n’a pas l’habitude de déguster et elle le savoure réellement avec délice avant d’accompagner le tout d’une gorgée d’eau fraîche.

- Quant à ces masques, j’ai simplement remarqué que tout le monde ne porte pas le même que le mien. J’avoue que j’ai grande hâte de voir ce que l’on nous réserve. Qu’en dites-vous, Roland ? Avez-vous une idée ?

Le regard émeraude se pose sur le jeune homme, pétillant d’une malice extrême. Le stratagème mis en place est simple. Attiser une potentielle convoitise chez l’armateur pour ensuite instiller une certaine jalousie à l’égard de son filleul.

HRP: