[Event] Réunion au sommet [Clôturé]

La nouvelle avait parcouru l’assemblée comme un éclair. Tous écoutèrent, l’air sombre et grave, le milicien essoufflé qui s’était presque écrasé sur la table pour annoncer la présence de fange au sein même de leurs murs. Et beaucoup s’étaient levés.
Hector de Sombrebois vacilla un instant sous le choc, relâchant sa prise sur Naren. Ce dernier fut promptement encadré par les quatre miliciens, obéissant aux ordres de leur supérieur. Ils jetèrent un regard à la ronde, mais tout le monde semblait avoir oublié Naren et son affaire pour se concentrer sur l’attaque. Personne ne lui prêta attention ni ne voulut le mener aux cachots ; ce dernier partit donc fortement bousculé par les quatre hommes du Duc et disparut de la salle.
Alexandre de Terresang, Yseult de Traquemont et Morion de Ventfroid s’étaient levés prestement, et, à l’image de Hector, semblaient prompts à aller défendre la cité. Ambre de Mirail, l’air fort inquiet, retint un instant son fiancé ; l’échange qui se déroula entre elle et ce dernier fut noté par tous, même le Duc dont l’œil sombre se posa un instant sur l’évidence de la nouvelle. Mais le temps n’était désormais plus aux mondanités, et il ne réagit pas non plus au départ subi de Hugues.

- Le bailli et moi irons rejoindre nos capitaines et sergents pour organiser les troupes, si ces derniers n’ont pas déjà agi sans notre aval, reprit Sigfroi. Je rejoins le quartier des officiers pour coordonner les renforts de façon vive, mais je laisse des hommes à votre disposition pour ceux qui veulent partir agir de suite et contenir l’invasion le temps que le reste des troupes ne s’organisent. Aussi, les cloches ont désormais sonné, mais il faudrait s’assurer que toute personne reste enfermée chez elle, et ce même jusqu’aux recoins des quartiers les plus éloignés de l’attaque. Des volontaires pour patrouiller avec plusieurs de mes hommes ?

- Je m’assurerai de la sécurité des habitants, monseigneur, ajouta rapidement Maxime de Rivain. Je prendrai mon cheval, traverserai chaque ruelle, chaque impasse, et forcerai chaque femme et chaque enfant à claquer la porte derrière eux.

La proposition fut la bienvenue, car il semblait que les autres nobles ici présents comptaient plutôt aller au-devant du danger direct. Il fut le seul à se proposer pour ce rôle, et partit prestement sous l’aval de Sigfroi et des hommes qui l’attendraient au pied du château.

- Bien ! Les autres, je vous mets à disposition toutes les ressources nécessaires : chevaux, épées, mais ne tardez pas. Les miliciens voire les simples hommes déjà sur place qui ont pris les armes pour défendre Marbrume auront besoin de meneurs en plus d’une aide bienvenue ; surtout si les bêtes ont déjà fait beaucoup de victimes. N’oubliez pas votre rôle. Vous êtes des défenseurs de la cité mais aussi des nobles qui se doivent de savoir mener à bien une stratégie militaire. De vos décisions dépendront, peut-être, la mort de centaines de personnes. En tous les cas je me hâte d’envoyer mes troupes, que vous ne soyez pas laissés presque nus face à la fange. A tantôt ; que la Trinité vous garde tous.

Et, sur ce petit discours d’une rare gravité, le Duc quitta la salle à grands pas, préoccupé d’arriver rapidement face à ses meneurs militaires.


Certains nobles partirent donc prévenir leur famille : ce fut le cas d’Ambre, Grâce, et Luna. Parmi les autres prêts à en découdre avec les bêtes, il y en eut un seul qui prit le temps de s’arrêter. Ce fut Yseult, qui, passant dans la grande salle de réception du château ducal actuellement occupée par une poignée de nobles, s’arrêta pour lancer un long discours. Déjà, les murmures s’élevaient dans la salle : l’agitation et le passage en grandes pompes du Duc en avaient marqué plus d’un. Mais la tirade haute en couleurs d’Yseult pouvait potentiellement atteindre le cœur de beaucoup de nobles présents. Assez pour en motiver certains à prendre les armes également ?

Citation :

Charisme d’Yseult : 11
Bonus de +3 pour la qualité du discours, et +1 pour la compétence Eloquence. Il faudra faire 15 ou moins pour réussir ce test.
Résultat des dés : 20.
Echec critique.
…
….
Non, mais non.
Non. Noooooooon.
*Le Mj prend la porte et démissionne, exténué par les échecs critiques.*

En réalité, le discours de la jeune blonde fut accueilli par un silence des plus pesants. Il manquait tout juste les criquets. Voire les tomates pourries, mais à la grande chance d’Yseult, il n’y en avait pas dans la pièce. Un long murmure s’éleva parmi l’assemblée, les femmes reluquèrent avec dédain ses oripeaux masculins ; quant aux rares hommes présents, ils semblaient plutôt être des mondains occupés depuis bien trop longtemps à se prélasser dans des bains pour envisager de ne lever ne serait-ce qu’un doigt au combat. Non, il était bien plus facile de critiquer les actions des futurs morts et attendre d’un air inquiet que les autres s’occupent de la situation. S’il existait une noblesse des plus inutile et indifférente à Marbrume, Yseult venait de tomber dessus. Cette noblesse-là, la cour ducale juste là pour animer les banquets, ne viendrait nullement en aide à la dame de Traquemont.
Cette dernière partit la tête haute, possiblement - si elle en avait encore le courage après les regards moqueurs et les rires de dédain -, mais sans un seul nouvel accompagnant. Elle serait seule face au danger – du moins, seule en compagnie de Morion, Alexandre et Hector.

Il n’y aura pas de nouveau post Mj dans ce sujet. Vous pouvez toujours y répondre si vous le souhaitez pour commenter certaines paroles de vos partenaires rp, etc, mais la partie Mj est donc clôturée pour cette partie noble, étant donné qu’aucun d’entre vous n’aura choisi d’accompagner Naren ou de rester discuter.

Pour ceux partis défendre la Hanse, il faudra communiquer aux Mjs la zone dans laquelle vous souhaitez intervenir (Nord, Sud, Est ou Ouest). Les Mjs vous préviendront lorsque le tour où vous pourrez faire apparaître votre personnage au combat sera venu.

Merci à tous pour cette partie noble qui a été un grand plaisir à mjiter.

Il partait effectivement au combat. Bien évidemment. Ambre n’en avait pas douté une seule seconde, mais les paroles de Morion lui conseillant de l’attendre en sureté au manoir lui tordirent l’estomac. N’était-ce que ce qu’elle pouvait faire : attendre ? Faire les cent pas sur les dalles de pierre du bâtiment Ventfroid, se languissant du retour du maître des lieux ? Rentrerait-il indemne ou Anür aurait-elle la cruauté d’emporter dans son domaine son second fiancé lui aussi ?
La comtesse rendit son baiser à Morion ; elle s’accrocha à ses lèvres, même. Ses doigts crochetèrent le tissu du pourpoint du comte, le retenant brièvement contre elle pour mieux appuyer ses lèvres contre celles du noble. Son baiser fut chaleureux, presque violent.
Puis les tissus du pourpoint s’échappèrent des doigts de la jeune rousse, des derniers mots furent échangés, Morion s’éloigna, et l’instant fut terminé. Telle l’eau qui s’échappe entre les doigts, impossible à retenir.

Ambre tourna le visage vers la châtelaine Yseult, qui s’était approchée avec des mots se voulant réconfortants. Voir une femme se porter garante de la vie d’un homme avait un effet comique, mais Ambre n’avait pas assez le cœur pour s’affranchir des mœurs à cet instant.

- Je l’espère de tout coeur, murmura Ambre. Que la Trinité vous garde vous aussi, ma dame.

Un à un, tous partirent. Le duc, le bailli, les hommes. Ne resta en dernier que Luna Montoya et Grâce de Sombrebois, les moins pressées car elles ne partaient bien évidemment pas prendre les armes. Le regard d’Ambre passa à nouveau sur la tête en bocal, et son endurance semblait avoir atteint des limites. Le cœur au bord des lèvres, l’expression préoccupée et fatiguée, Ambre s’adressa aux deux femmes :

- Dame Grâce, dame Luna… Je prierai pour vos hommes également. Pardonnez-moi mais je me retire prévenir ma famille.

Prévenir sa famille. Oui, c’était la chose la plus pertinente à faire. Et, après être intervenue auprès de son frère, sa sœur et ses parents, la jeune femme irait attendre Morion au manoir.
S’éclipsant de la salle de conseil, Ambre fit un détour rapide aux latrines néanmoins. L’image de Cyras de Sarosse en bocal était gravée dans sa rétine, et, désormais qu’elle était loin des regards et de la pression sociale, elle partit vomir son dégoût et son émotion dans les latrines du château.

Dégobiller dans les latrines ducales ; voilà un bon résumé des impressions d’Ambre sur cette matinée.

Répugnant.
Le duc était un homme répugnant.
Non content d'avoir profité de l'assemblée pour confondre un de ses paires, il profitait de l'occasion pour exhiber son odieux trophée. Pour Sélène, la manœuvre était aussi stupide que barbare. Pensait-il asseoir son pouvoir en menaçant de la sorte toutes les personnes dans la pièce et en leur faisant redouter le même sort ? Ou peut-être s'attendait-il à ce qu'on le félicite pour avoir ainsi vaincu son ennemi ? Tout ce qu'il venait de démontrer, c'était qu'on ne pouvait pas se fier à lui car il était fourbe et cruel. La jeune femme ne comptait pas s'en faire un ennemi, ça aurait été une erreur monumentale, mais elle n'oublierait pas cette réunion, ni cette obscénité vis à vis des morts. Tout le dégoût, le mépris et la colère que lui inspirait cet acte sauvage et gratuit, ainsi que son auteur, fut cependant contenu avec maestria derrière une façade neutre. La haute-prêtresse se contenta de détourner le regard du bocal avec un air parfaitement indifférent, comme si toute cette histoire ne la concernait et ne l'intéressait pas. D'ailleurs, elle n'avait pas non plus beaucoup réagit à l'accusation et à l'arrestation de Naren. Difficile de savoir ce qu'elle pensait vraiment de tout ce ramdam.

En revanche, elle se redressa brusquement sous l'effet de la surprise et de l'inquiétude lorsque le messager vint porter la nouvelle d'une attaque de fangeux en plein centre ville. Les réactions autour d'elle ne tardèrent pas à fuser, certains se rendant immédiatement en ville, d'autres préférant rester au château. Yseult de Traquemont emboîta inévitablement le pas au duc, ainsi que la plupart des hommes présents tandis que les dames se chargeaient d'aller transmettre la nouvelle à leur famille ou de rester à l'abri du palais ducal. Le spectacle des divers amants et époux se séparant soudainement de leur moitié était aussi inattendu qu'attendrissant. C'était dans ses moments-là que l'on constatait à quel point le monde pouvait avoir changé : on faisait fi des convenances, on oubliait le regard des autres car il était plus important d'échanger un baiser qui pouvait être le dernier. Et ces tendres effusions eurent pour effet de rappeler à la jeune femme qu'il y avait une âme en ville, en particulier, qui se trouvait très probablement mêlée aux confrontations, une âme qu'elle ne voulait à aucun prix perdre. Elle se rappela également que son devoir lui imposait de veiller à ce que les innocents soient bien à l’abri des monstres.
Il ne lui fallut pas longtemps pour décider de faire d'une pierre deux coups et elle abandonna la table des négociations pour s'engouffre à la suite de ses paires. Sur toutes l'assemblée, il n'y aurait que deux femmes pour se rendre en ville. L'une se battrait certainement, tandis que l'autre apporterait son aide pour soigner et mettre en sûreté.

Sélène rattrapa le seigneur de Sombrebois, qui marchait en tête du cortège derrière le duc, et lui effleura le bras pour attirer son attention. Le baron semblait prêt à découper du fangeux de ses propres mains malgré tout ce qu'il avait à perdre s'il venait à périr. La haute-prêtresse n'était pas certaine de ce qu'elle pensait de lui, mais ses propositions avaient été plutôt encourageantes pendant la réunion et il lui inspirait une certaine sympathie. Assez pour qu'elle choisisse de lui proposer son aide. Peut-être était-ce aussi une occasion de décider d'une opinion à son sujet.



Le baron ne mit pas longtemps à approuver l'idée.
Ainsi la jeune femme se mit-elle en selle, entourée de quatre soldats portant le blason du temple, après leur avoir donné les détails nécessaire concernant leur nouvelle mission. La troupe armée, guidée par les nobles de Marbrume, se mit en route sans tarder.