Marbrume


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 Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]

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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyDim 5 Déc 2021 - 16:04


Cesser d’écoper ; redresser le navire
Rosen feat Alaric


17 avril 1167
Sombrebois



Le soleil peine à poindre au travers des lourds nuages sombres et menaçants qui recouvrent le ciel depuis bien quelques heures à présent. Cela doit faire une bonne partie de la journée en fin de compte qu’il lutte inflexiblement pour sa place, pour survivre, pour ne pas se laisser submerger par cette lourde masse étouffante.

Soleil de toute vie… que serions nous sans lui ? Certainement gelés jusqu’aux os ou dévorés par une horde de créatures affamée. Mais l’astre du jour est tenace… et même s’il doit laisser sa place la nuit, il finit toujours par revenir au petit matin, assidu, triomphant. Personne ne saura jamais le détrôner… Je soupire.

Le brinquebalement presque permanent de la petite charrette me tape fortement sur les nerfs et me retourne l’estomac. Je ressens de plus en plus souvent des douleurs dans le ventre ces derniers jours, j’imagine bien que la délivrance approche… combien de temps reste-t-il ? Deux semaines ? Un mois ?

Je ne sais plus, je crois que j’ai perdu le fil. Desmond voulait me faire rester au Labret afin que je donne naissance là-bas. Mais il fallait que je rentre au plus vite. Je n’aurais pas dû partir, d’ailleurs… Mais j’avais les idées si peu claires.

Pas qu’elles le sont à présent, mais je crois pouvoir dire que ça va déjà mieux. J’ai fait ce que j’avais à faire, peut-être pas de la manière dont j’aurais dû, peut-être pas au mieux, mais ce que j’avais à faire quand même. Et voilà où ça m’a menée.

Je me demande bien pourquoi tout est-il aussi compliqué. Pourquoi et comment ma vie a-t-elle pu devenir aussi chaotique. Bien sûr, elle l’a toujours été d’une certaine manière. Mais malgré ce manque cruel de stabilité, tout allait bien, avant Sombrebois. Alors pourquoi ?

Oui, je le sais, pourquoi. Pourquoi tout avant était plus simple. Quand je ne ressentais rien, rien ne m’importait. Et je réagissais certainement de manière plus posée, réfléchie, et calculée. Et ça me réussissait plutôt bien. Peut-être que de redevenir un monstre serait la solution.

Pourtant, j’en suis loin, aujourd’hui. Peut-être pas tant sur la forme, mais dans le fond, quand même. Alors quoi ? En y réfléchissant bien, tout réussissait bien à Hector.

Oui, Sombrebois était un havre de paix, un endroit heureux, à l’image même de son baron. Comment faisait-il ? C’était tout sauf un monstre, lui. C’était même tout le contraire. Je crois que quelque chose m’échappe.

Il avait le secret du bonheur. Quoi qu’il pouvait lui arriver, quelque soit la contrariété qu’il pouvait éprouver, il restait toujours égal à lui même, redevenant heureux et joyeux bien vite. Peut-être au fond, reste-t-on toujours égal à nous même. Mais tout cela a assez duré désormais.

Il faut que tout aille bien. Que je puisse m’occuper de moi et du bébé. Être heureuse, moi aussi. Mais qu’est-ce que le bonheur ? Est-ce la force qui permet de tout surmonter ? La mystérieuse faculté à être plus fort que tout et à ne rien laisser nous abattre ?

Serait-ce plus fort que ce vide dévorant ? Je crois que je ne perds rien à tenter d’emprunter cette voie. Je n’en serais pas plus faible qu’aujourd’hui, pour sûr. Je crois que j’ai tout à y gagner, même. Et si le vide m’a abandonnée lui aussi, alors autant le remplir avec ce qu’il y a de mieux.

Peut-être que je me suis trompée, le jour où j’ai traité Hector de faible et de lâche. Je sens mon cœur se serrer. Il était un éternel heureux, mais je crois que j’ai détruit ça.

C’est bien pour ça qu’il est parti… non ? Je peux y arriver. En y rependant d’un coup d’œil en arrière, tout aurait pu être totalement différent si j’avais su m’intégrer comme il l’aurait fallu à Sombrebois.

Si je n’avais pas cette barrière, si je n’avais pas réagi de façon démesurée et inadaptée à chaque écueil. Si j’avais su me départir de ces ténèbres… oui, les choses seraient sans doute différentes.

Maintenant, il va falloir que je me démerde de rattraper tout ce foutoir d’une manière ou d’une autre, en espérant qu’il ne soit pas trop tard. J’ai fait ce que j’avais à faire, encore une fois, et mon séjour là-bas n’aura pas été vain.

« Dame de Sombrebois, nous arrivons, m’annonce un idiot de mercenaire tout aussi stupide que son grand dadais de chef qui n’a même pas daigné me raccompagner, ceci dit en passant. 
- Je vais descendre. »

Enfin ! Je me redresse un peu, attends que l’engin s’immobilise pour poser les pieds à terre et me mettre debout. Là, je m’étire un peu, fais quelques mouvements puis me penche pour récupérer ma besace et la mettre à l’épaule. Je suis contente d’être enfin de retour malgré tout.

Nous sommes à quelques dizaines de mètres du bourg et j’avance lentement pour ne pas faire trop d’efforts. De toute façon, l’allure d’un convoi n’est pas des plus rapides. Le soleil a dépassé le zénith depuis un petit moment à présent et les nuages se sont un peu dissipés, comme s’ils avaient finalement décidés de laissé le soleil en paix.

Alors que j’approche de plus en plus du bourg, je sens l’angoisse se promener dans mon ventre. Je prends une grande respiration, essaie de m’apaiser tant bien que mal. Je m’adresse rapidement à la seconde charrette qui suit derrière pour reparler des modalités convenues avant de retourner à l’avant du convoi.

Lorsque j’arrive enfin devant les portes de Sombrebois, je tombe nez à nez avec Alaric qui est visiblement venu m’intercepter au vol avant même que je n’ai le temps de franchir l’enceinte du bourg. Au vu de sa mine, il n’a pas vraiment l’air ravi. Y a-t-il eu du nouveau depuis mon absence ? Rien de réjouissant si c’est le cas.

« Il s’est encore passé quelque chose… ? », lui demandé-je alors d’une voix presque étranglée.

Je suis tellement fatiguée… j’aimerais pouvoir hiberner pendant deux lunes. Mais je trouve à peine le temps de me reposer pour une sieste, avec tout ce qui me tombe dessus.

Mais je dois me tenir à ce que j’ai dit. Je le dois.

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Alaric



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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyDim 12 Déc 2021 - 18:13
Alaric soupira alors qu'Eïlyn terminait la lecture de la lettre du comte de Rougelac. Il n'était pas étonnant qu'il refuse sa proposition ; l'homme craignait trop de perdre les bonnes grâces de la couronne. Le vieux renard aimait fouiner, mais uniquement dans les affaires qu'il était certain de contrôler. « Ramener la baronne à la raison » il en avait de bonnes ! La missive faisait écho à celle reçue la veille, de la part de la châtelaine du Val d'Asmanthe « Je vous crois apte à la tempérer », tu parles ! Il n'empêche que les écrits de la noble avaient éveillé de nouvelles inquiétudes auprès de sa seconde, soulevé quelques interrogations chez le capitaine. Il n'avait pas encore tout raconté à son quartier-maître, mais il devinait qu'elle comprenait peu à peu les enjeux qui se dessinaient à Sombrebois.

— Capitaine Alaric, Coutilière Chantebrume !

Karl avait pénétré sous la tente de commandement, ce qui lui valu deux paires d'yeux sévères braqués sur lui. Trop simplet sans doute pour s'en rendre compte, il leur annonça la nouvelle.

— La baronne de Sombrebois est en vue. Elle sera aux portes du bourg d'une minute à l'autre.

Alaric poussa un grognement, mais remercia néanmoins le milicien qui s'éclipsa aussi rapidement qu'il était venu. Enfin, elle était revenue. Un mélange de soulagement et de colère dansaient dans sa poitrine lorsqu'il pensait à Rosen.

Elle n'a pas besoin de savoir tout ça, murmura-t-il en désignant la lettre entre les mains de la coutilière. Je compte sur ta discrétion.

Les mots de Roxanne étaient étranges, mais faisaient étrangement sens. Il ne savait toujours pas dans quel camp elle appartenait, mais il semblait qu'elle avait réellement à cœur le bourg et ses habitants, qu'elle œuvrait dans l'ombre à l'instar d'Eve afin de leur faciliter la vie. Pouvait-elle faire partie des Victorieux ? Eïlyn avait laissé sous-entendre que le sergent connaissait bien la châtelaine, n'aurait-il pas dû être au courant dans ce cas ?

Bon, ben souhaite-moi bonne chance, dit-il en se passant une main dans les cheveux, cherchant dans cette vilaine manie une once de courage.

Son quartier-maître lui offrit un large sourire, l'un de ceux qu'elle adressait lorsqu'elle se moquait gentiment. Il commençait à la connaître, maintenant.

— Bonne chance, Cap'!

Faire front uni, faire front uni, faire front uni.

***

Elle avait l'air fatiguée... Rien de plus étonnant, vu les distances qu'elle avait parcourues dernièrement. Son ventre rebondi alourdissait sa silhouette, sa mine semblait tracassée, mais le soldat lui avait déjà trouvé plus de cernes. Peut-être que cette fameuse fuite vers le Labret lui avait été bénéfique, finalement. Il fallait bien qu'elle ait profité à quelqu'un... À sa question, il secoua doucement la tête, avant de se mettre à marcher à ses côtés, lorgnant les mercenaires et le convois. Après quelques ordres concis et clairs, les miliciens s'occupèrent des nouveaux arrivants, tandis que tous les deux marchaient d'un pas tranquille vers le château.

J'étais inquiet quand j'ai appris que tu étais partie, finit-il par dire en brisant le silence qui s'était installé entre eux. Eïlyn m'a raconté, mais il me manque... des détails.

Il apposa une main qui se voulait réconfortante sur son épaule. Il y a encore une semaine, lorsqu'il était rentré à Sombrebois, Alaric avait cru qu'il étriperait la baronne une fois qu'elle aurait remis les pieds dans le bourg. Certes, une part de lui bouillonnait toujours, mais il avait eu le temps de digérer la nouvelle, de prendre certaines dispositions, d'assoir sa position au sein de ses troupes, mais également avec le gouverneur du sud et la châtelaine.

On a besoin de parler, tous les deux. Préfères-tu te reposer avant ?

En vérité, il n'avait aucune envie d'attendre - il avait suffisamment attendu. Mais malgré tous ses tracas, il ne pouvait nier qu'il avait une femme enceinte face à lui, qui avait traversé les marais en tous sens pendant deux semaines. De son propre choix, certes. Mais les choix de Rosen étaient rarement les bons, les récents événements l'avaient encore prouvé. Face à son refus, ils accélérèrent le rythme afin de gagner le château. Pénélope ne tarda pas à prendre des nouvelles de la blonde, même si Alaric ne leur laissa guère le temps pour de longues retrouvailles et l'entraîna à l'écart d'oreilles et d'yeux indiscrets. La bibliothèque leur offrit ce luxe.

Le soldat la fit s'assoir, alors que lui-même s'adossait à l'une des étagères sur laquelle de vieux bouquins prenaient la poussière. Les bras croisés sur son torse, il la toisa quelques secondes avant de prendre la parole. Par où devait-il commencer, déjà ? Il n'avait pas envie de lui adresser reproches sur reproches, mais de tempérer ses paroles, de la laisser lui relater sa version des faits.

Que s'est-il passé avec Roxanne ? demanda-t-il d'une voix posée et maîtrisée – il s'en félicitait. Une femme t'a tendu un piège, c'est bien ça ?

Même si Eïlyn doutait de la baronne – à juste titre – Alaric l'imaginait mal avoir orchestré tout ça. Cependant, il avait besoin de son aide afin d'y voir un peu plus clair.

Pourquoi avez-vous quitté Sombrebois, toutes les deux ?
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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyLun 13 Déc 2021 - 11:23


Cesser d’écoper ; redresser le navire
Rosen feat Alaric


Je crois bien que j’ai du mal à déglutir, mais rapidement Alaric me fait signe que non. Aucune autre mésaventure n’est arrivée au sein du bourg lors de mon absence. Bon.

La tension redescend un peu. Je prends le temps d’informer les miliciens présents qu’on a quelques caisses de fruits et légumes à faire décharger, et qu’un chargement de bois devait être remis en échange aux paysans qui ont raccompagnés les mercenaires et moi même. Hilde et Rodron pourront sans doute s’en occuper rapidement.

Les mercenaires eux, logeront probablement à l’auberge le temps de leur séjour. Il me semble que Desmond ne tardera pas à arriver… d’ici quelques jours, si j’ai bien compris.

M’enfin… qu’importe. Je me dirige donc vers le château accompagnée par Alaric, un lourd et désagréable silence pesant entre nous. Finalement, il le brise pour dire qu’il s’est inquiété, posant sa main sur mon épaule. Son contact m’emplit d’une soudaine tristesse incompréhensible.

Il me propose ensuite de me reposer avant de parler. Me reposer, je le ferai plus tard, quand j’aurai fait tout ce que j’ai à faire. Je le regarde donc sans mot dire, toujours quelque peu troublée par tout ce qui m’est tombée dessus dernièrement, hochant négativement la tête. J’ai pris récemment l’étonnante habitude de ne parler que lorsque c’est nécessaire.

A peine avons-nous passé l’entrée que Pénélope se jette sur moi.

« Rosen ! s’écrie-t-elle en me prenant dans ses bras. Pour l’amour des Trois, tu es enfin rentrée ! »

Elle me demande de venir manger un morceau, mais je suis loin d’avoir faim, et Alaric loin d’avoir envie d’attendre visiblement.

« Je n’ai pas faim… mais je voudrais bien un peu d’eau de… enfin, un peu d’eau... mais je me souviens qu’il m’en reste dans mon outre. »

Avant de monter, je lui remets rapidement un petit sachet d’herbes.

« Tiens, c’est le remède pour Mérédith… je suis sûre qu’elle ira mieux avec ça. Comment va-t-elle ? »

L’éclat que prend soudain son regard, lui, me met du baume au cœur.

« Merci ! s’exclame-t-elle en me resserrant fort dans ses bras. Elle s’accroche… je lui dirai que tu es rentrée. 
- Je passerai la voir quand j’aurai cinq minutes. »

Elle se débrouille alors pour me fourrer un morceau de tourte dans les mains avant que je n’ai atteins les escaliers. Je redoute bien cette conversation avec Alaric. J’ai l’impression que plus ça avance, et que plus je m’enlise. Mais il faut bien parler.

Nous nous rendons donc à l’étage, dans ce qui était initialement la bibliothèque mais qui est en passe de devenir mes appartements privés une fois que les travaux – qui sont presque achevés et qui consistent à la relier à ma chambre - seront finis.

Je m’assieds devant Alaric qui s’est adossé à une étagère. Accoudée à la table, l’assiette posée au plus loin de moi, je me masse rapidement les tempes le temps de le laisser formuler ses questions, me frottant le visage par la même occasion.

Que lui répondre ? Et par où diantre commencer les explications ?! Je n’en ai pas la moindre idée. Je prends une gorgée d’eau, m’essuie la bouche du revers de ma main et referme mon outre.

« C’est… » 

Quoi, au juste ? Compliqué ? Je crois qu’il est assez intelligent pour s’en douter sans que je n’ai à le signaler. Ni même ce qui le dissuadera de vouloir ses explications, d’ailleurs. Je prends une profonde inspiration, mon regard rivé sur la table.

« Ce n’est pas seulement une femme… le rectifié-je. Tu te souviens, quand je t’ai demandé de surveiller le bourg parce que j’avais des problèmes ? Juste avant que tu ne partes pour Marbrume. »


Oui, bien sûr qu’il s’en souvient. On s’est relayé pendant bien deux ou trois jours pour être sur le qui vive en permanence.

« Je t’avais demandé de la discrétion. Parce qu'en fait, c’était… un sacré merdier qui aurait pu me coûter la vie si jamais il s’était passé quelque chose. »  


En fin de compte, j’ai impliqué Alaric dans cette histoire, de la même manière qu’Edwige… Ce qui les embarque dans la même galère où je navigue. Mais il est tellement difficile d’avoir les idées claires, lorsque l’on est empêtré malgré nous dans un tel guêpier. Mais je vais en finir avec tout ça. C’était stupide... Quoi ?

Et s’il l’avait interceptée à supposer qu’elle ait fait quelque chose, seul, il aurait fait quoi ensuite ? Lui demander de l’accompagner bien gentiment jusqu’à moi ?! Combien de chances y avait-il que ça se passe bien si jamais… Ah, s’il avait pu essayer de savoir ce qu’il se passait. De me demander des explications. Peut-être que les choses seraient différente aujourd’hui.

J’en serais peut-être venue à lui expliquer... Mais on était tellement focalisé du mauvais côté.

« En fin de compte, tu aurais mieux fait de rester ici et de forcer des explications, ce jour-là. »


J’aurais dû…. bon Dieux ! J’aurais dû lui arracher la langue et l’éventrer, cette sale garce. Mais au lieu de ça, comble de l’ironie, c’est à peine si je ne suis pas partie lui manger dans la main.

J’ai fui ce que j’aurais dû chercher à savoir et j’ai essayé de m’engouffrer dans une place où je n’avais rien à faire. Il faudrait que je prenne du recul et que j’y vois plus clair.

Mais ça va aller, maintenant. Je ne laisserai plus rien m’atteindre. Je vais me reposer, me remettre d’aplomb et tout ira bien. Je vais avoir mon enfant et je serai bien, comme je me le suis promis.  

« En fait, on était complètement à côté de la plaque, Alaric. Ce n’est pas de Roxanne qu’il fallait se méfier. »

Oh bien sûr, elle n’a pas arrêté de me menacer à tout bout de champ, mais je crois qu’elle n’aboie plus qu’elle ne mord, tant qu’il n’y a pas de menace sérieuse à supprimer. Et moi, si je m’étais un peu moins focalisé sur les menaces… j’aurais peut-être eu l’esprit plus clair pour remarquer le reste. Pour remarquer l’essentiel.

« Elle aurait pu me faire exécuter bien des fois, si elle l’avait voulu, mais elle a toujours essayé de me préserver. Mais… elle en a eu marre de tout ce bordel, alors je crois que plutôt que d’avoir à me mettre les fers… elle a préféré partir. J’ai essayé de la retenir, elle n’a rien voulu savoir. J’ai même demandé à Victor de lui dire de revenir… Moi… je crois que si Desmond ne m’en avait pas empêchée, j’aurais suivie Roxanne pour aller jusque devant la Couronne. Tu sais, j’étais dans un état… Durant des jours, je n’arrivais même plus à parler et… et la moindre mouche me déclenchait des crises d’angoisses. Il m’a proposé d’aller me reposer au Labret. J’ai trouvé que ça serait une bonne idée de pouvoir ramener de la nourriture et le remède que Hector devait ramener de là-bas pour la petite, et de m’éloigner du bourg le temps que les choses se tassent. Après tout ce qui s’est passé… On a essayé de me coller le meurtre de toute une famille sur le dos, plus l’embuscade envers Roxanne et les miliciens, et elle même en a été à se demander si je n’avais pas fait tuer Hector. Voilà où on en arrive… alors m’éloigner quelques temps me paraissait une bonne idée. Victor, il semble trop occupé pour passer ici actuellement. Je suis allé le voir pour lui raconter la situation et lui demander de venir se montrer, pour rassurer les gens. Mais il a d’autres priorités. »

Je marque une pause avant de poursuivre.

« A présent, c’est le cloaque qui en a après moi. Alors je me demande s’ils n’ont pas un lien de près ou de loin avec les intrigues de la couronne. C’est dingue tout ça, je sais… Mais je ne vois pas autrement pourquoi ils chercheraient à me piéger de la sorte. Pour arranger quelqu’un, sans doute. Mais qui ? »

Si maintenant les sectaires essaie de comploter contre moi... Bien sûr, j’aurais pu penser que c'était l’autre timbrée qui s’amusait juste à tenter de me causer du tort par tout les moyens.

C’est comme ça, la chasse à courre, à cor et à cri. Quand on a un gibier en vue… on ne le lâche plus tant qu’on n’en a pas définitivement fini avec lui. Mais voilà, il y avait l’autre, aussi.

Comment l’a-t-elle appelée, déjà... ? La… la voix… la voix je ne sais plus quoi. En tout cas, ça ne semblait pas être n’importe qui au sein de la secte. Mes pertes à venir, disait-elle. Voilà.

Je crois que j’y vois plus clair à présent. Elle m’a traquée depuis je ne sais combien de temps pour trouver l’opportunité de m’atteindre, et là, elle n’a eu qu’à préparer l’étincelle en m’arrosant copieusement de ses sordides visions.

Et l’autre par après, n’a eu qu’à embraser le tout en m’apportant le concret. Quel beau travail d’équipe… avec ça, c’était l’assurance de me faire vriller et que je détale au galop. Simple, efficace, mais tellement prévisible. Moi, prévisible... un comble, n'est-ce pas ? Mais la vie est faite de contradictions.

Et donc… se pourrait-il que… ? Je farfouille à la recherche d'un parchemin vierge dans les tiroirs.

« Alors ce que je vais faire… »

Je finis d’installer tout ce dont j’ai besoin face à moi, toujours sans un regard pour mon interlocuteur.

« C’est d’envoyer une missive à Morn de Sarssel afin d'essayer de renforcer la sécurité du bourg quelques temps. Avoir plus de miliciens, ce serait bien. J’aimerais en faire patrouiller le long du mur afin que personne ne s’infiltre et être informée de chaque personne inconnue qui rentre à Sombrebois. Je mettrais bien un couvre feu avant la tombée de la nuit, aussi. »

Oui, je me souviens de ce moment où le Roi m’a parlé de ce Morn. Étrangement, il semblait vouloir m’aider… à moins qu’il ne souhaitait juste contrecarrer les plans de sa femme. Attention, pour contrecarrer la reine... je sors… le fou !  

Bon…

« Tu sais… le Roi, il semblait vouloir me donner une carte à jouer lorsqu’il m’a parlé de lui. Il a dit… je ne sais plus les mots exacts, mais il a dit que c’était un homme droit qui avait les intrigues de la reine en horreur, il me semble. Alors… puisque c’est lui qui s’occupe de la sécurité, on va essayer de voir s’il peut nous aider. Avant qu’on ne pense réellement que je suis une cinglée qui essaie d’organiser le génocide de Sombrebois… »


Je soupire de voir où les choses en sont, fixe et ajuste du bout des doigts le parchemin face à moi.

« Il faudrait aussi que tu me fasses surveiller et que je ne m’isole plus avec qui que ce soit. Trouve le moyen de faire venir des miliciens au château, juste pour ça. Pour ma sécurité, par exemple. Comme tu voudras pour le prétexte… Mais fais-le. Je ne tiens plus à me faire impliquer dans le moindre meurtre, ni qu’on accuse d’autres personnes de me servir d’homme de main. De toute façon, ces prochains jours, je me reposerai. C’est pour bientôt… Et je ne quitterai plus le bourg avant de longs mois. »

Voilà qui plaira à l'autre idiot de colosse, j’en suis sûre…  

« Et pour l’amour du ciel, qu’on n’empêche Desmond de m’approcher quand il sera de retour. C’est déjà un miracle que personne ne le pense complice, avec tous les ennuis qu’il s’est déjà attiré. Et c'est le pire oiseau de malheur qu'il m'est été donné de voir. Toujours à m'attirer dans des emmerdes. Alors qu'on lui dise n'importe quoi, que je ne suis pas disponible ou que je me repose s'il demande à me voir, peu importe. Sa baraque sera bientôt finie de toute façon, bientôt, on n'aura plus à le voir au château. »  

Ça, en revanche, ça plaira certainement à Alaric. Je lève ensuite les yeux vers lui, le regardant enfin.    

« Je sais que j’ai déconné... Que j’ai été trop méfiante, trop rétive, trop impulsive… mais je n’ai rien à avoir dans tout ça. Je voulais juste retrouver le corps de Hector et le ramener… Je n’ai même pas pensé une seule seconde que Roxanne me suivrait. Et si je suis partie précipitamment, c’est parce que je ne savais pas comment faire autrement. Mais ça va aller maintenant. Je vais me tenir tranquille et rester au château me faire oublier... je vais tout reprendre en main maintenant. »

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Alaric



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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyJeu 16 Déc 2021 - 18:00
La vérité, c'était que tous les deux s'étaient concentrés sur un problème différent. Rosen avait craint une menace à l'intérieur du bourg, hantée par la disparition de son époux et les responsabilités qui lui échoyaient. Alaric n'en avait que peu tenu compte, absorbé par la visite étrange d'Eve et de ses annonces, alerté par tant de visages inconnus qui allaient et venaient dans Sombrebois. Cette différence les avait séparés et le résultat en était là : deux personnes pour deux combats. Le soldat était un peu trop fier pour reconnaître ouvertement son échec, mais il écouta la baronne sans broncher. C'était beaucoup d'informations et trop peu de détails, des explications à foison sans de nets éclaircissements. Roxanne, le cloaque, Morn de Sarssel... Autant de noms qui n'avaient aucun sens dans le méli-mélo de la baronne de Sombrebois. Néanmoins, il comprenait un peu mieux les réactions de la blonde, sa prétendue fuite, son altercation avec la châtelaine. Ou presque... Quand elle eut terminé, il ne l'avait toujours pas quittée des yeux ; il la toisait, calme, l'air confiant, alors que ses méninges tournaient à plein régime, que la colère qu'il avait ressentie à son égard ne s'apaisait que trop peu.

Que vient faire le cloaque dans cette histoire ? finit-il par demander, d'un ton ferme sans être sec. Que sais-tu que tu ne me dis pas ? Pourquoi as-tu foncé tête baissée ?

Si elle avait bel et bien senti un piège, même s'il n'avait pas été là, elle aurait dû en parler à Roxanne. La baronne d'un domaine ne quittait pas précipitamment ce dernier sans en informer quiconque, dans le seul but de récupérer le corps de son mari, une information qui, en plus, lui avait été transmise par une femme étrange à laquelle elle ne pouvait clairement pas se fier. Alaric se décolla de l'étagère et balaya les alentours du regard. Tout se transformait, ici aussi. Des travaux à n'en plus finir avaient envahi Sombrebois ; parfois, il se demandait s'il reconnaîtrait encore les lieux une fois les changements terminés. Il soupira.

Je t'avais demandé de faire profil bas, murmura-t-il. Je pars une semaine et tu as vu le résultat ?

Il parlait sur le ton du constat, sans reproches. Un simple énoncé de fait prononcé avec une indifférence palpable.

Partir au Labret n'a fait qu'accroître les rumeurs à ton sujet. C'était une mauvaise idée.

Il se retourna vers elle. Ses yeux bleus étincelaient, non pas d'une rage froide comme elle avait déjà eu l'occasion de voir, mais brillant d'une déception à peine contenue.

Tu es assez grande pour savoir ce que tu fais avec Desmond...

Il ne termina pas sa phrase ; il n'en avait pas besoin, son visage étant suffisamment explicite, son ton assez éloquent.

Tu dis que tu vas tout reprendre en main, mais... Qui était là pour s'occuper du bourg quand tu es partie ? Cette pauvre Eïlyn était seule. Quand je suis revenu, je l'ai aidée. On a géré ce bourg, Rosen. Nous avons envoyé une lettre à la châtelaine du Val d'Asmanthe. Et non, elle ne rentrera pas tout de suite, ajouta-t-il afin de l'empêcher de rétorquer quoi que ce soit. Oh, et ce brave comte de Rougelac m'a prévenu que tu te trouvais à Marbrume, ces derniers jours. Une surprise, puisque je pensais que tu te reposais au Labret.

Du menton, il désigna son ventre arrondi.

En quoi traverser les marais en tout sens est-il reposant ? Te rends-tu compte des dangers qui rôdent, là-dehors ?

Faire front uni, faire front uni, faire front uni.

Il prit une longue inspiration. Il ne devait pas s'énerver. Il délia ses doigts qui s'étaient crispés sans qu'il ne s'en rende compte, secoua la tête puis gagna à nouveau la table où Rosen était assise.

Crois-moi ou non, mais je suis inquiet pour ta santé, mais aussi pour la sienne.

Il hésita à apposer une main sur le giron de la baronne, mais se ravisa au dernier moment. Quel monde pouvait-il offrir à cet héritier ? Il aurait tellement voulu être en mesure de l'améliorer, de faire quelque chose de significatif, de créer un endroit meilleur pour tous ces enfants qui n'avaient pas choisi de subir cette pauvre vie. Mais peut-être qu'il en était capable, après tout... D'influencer sur leurs destins, d'une manière ou d'une autre.

Je suis rassuré de savoir que tu comptes enfin te reposer... Et rester tranquille.

Il n'aurait pas besoin de lui quémander cette régence, finalement. En la faisant surveiller comme elle le désirait, il serait au courant de ses moindres faits et gestes et pourrait s'occuper de ses propres affaires dans le même temps. D'ailleurs, Rosen avait dit une chose qui l'avait intéressé plus que le reste. Un nom qu'elle avait donné qui avait résonné dans sa mémoire. Eve le lui avait transmis à la Mouette chantante.

Morn de Sarssel, répéta-t-il, plongé dans ses pensées.

Il ne releva pas qu'elle le pensait incapable, visiblement, de s'occuper de la sécurité du bourg, sa véritable mission au sein de Sombrebois.

Tu fais donc confiance au roi ? Sais-tu au moins comment faire parvenir un courrier à ce Morn ?

Enfin, il allait pouvoir lui demander ce qu'il attendait depuis plus d'une semaine, la réponse qu'il avait hâte de faire parvenir à Eve. Rosen lui avait déjà avoué à demi-mot, mais il avait besoin d'en être certain. Morn était lié aux Victorieux, le roi avait parlé de Morn à la baronne...

C'est le roi qui l'a dessiné, n'est-ce pas ?

En douceur, à l'aide de son pouce, il traça le V souligné sur le dos de la main de la blonde sans la quitter des yeux. Il se força à lui offrir un sourire chaleureux. Du haut de ses nouvelles responsabilités, Alaric doutait : pouvait-il encore lui faire confiance ? La vérité, c'était que tous les deux menaient à présent des combats différents... Rosen était-elle encore capable de se tenir à ses côtés sur le champ de bataille ?



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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyVen 17 Déc 2021 - 3:50


Cesser d’écoper ; redresser le navire
Rosen feat Alaric


Il faut bien peu de temps avant qu’Alaric ne m’assaille de questions. J’ai pourtant essayé d’être la plus concrète possible, de lui expliquer tout ce que j’ai pu et de lui donner un maximum d’éléments et de réponses, allant au-delà de ses trois simples questions.

Mais non, ce n’est pas assez, puisque visiblement lui aussi se met à chercher ce que je peux cacher. Mazette. Mais qu’ont-ils tous à vouloir tout savoir ? Faudrait-il vraiment que j’en vienne à raconter mes misérables mésaventures à tout le monde ?! Semblerait. A moi la corde, après ça.

Il faudrait que j’écrive ma biographie… oui, je pourrais faire ça. Ça s‘appellerait ‘les conneries de Rosen’ je suis sûre que ça aurait du succès…. Imaginez un peu un crieur s’égosiller sur l’esplanade :

« Les conneries de Rosen ! les conneries de Rosen ! Les conneries de Rosen racontées par elle même ! Achetez donc les conneries de Rosen ! Payez ses conneries ! »

Pour sûr, tout le monde se jetterait dessus et tout partirait en un clin d’œil. Je me retiens de glousser. Le moment est malvenu. A la place, je laisse Alaric parler et me dire ce qu’il a dire sans l’interrompre.

« J’ignore ce que le cloaque vient faire là, Alaric. Mais c’est ce que j’aimerais bien savoir. »

Et si… ? Non, quelque chose me dit, encore une fois, que ça n’a rien à voir avec ce que l’autre folle s’est amusée à me faire subir à la fin de cet été. Comme dit, aussi fou que cela puisse paraître, mon intuition me dit que ça a voir avec la reine, mais peut-être que je me plante lourdement. Quelqu’un d’autre, alors. Mais la question reste entière ; pourquoi ?

Je ne vois pas quel intérêt peut porter le cloaque à Sombrebois autrement. Si je perdais ma place ici… à qui cela profiterait-il, sinon à a reine qui semble parvenir à supplanter son époux sur ce plan ? Victor ? Non, étrangement, je ne le vois pas dans cette intrigue-là. Le bourg semble presque le laisser indifférent à présent.

Je ne réponds rien quant aux critiques qui suivent. Je fais de mon mieux, si seulement il pouvait s’en rendre compte. Mais qu’importe. Au moins ne devient-il pas désagréable à ses évocations, alors passons. Inutile de revenir sur ce qu’il s’est passé. Le passé est passé, il faut se focaliser sur le futur et j’ai pris des dispositions pour tenter de redresser les choses. J’ose espérer que cela suffira.

« Et si j'ai agi de la sorte, c'est parce que je ne savais pas comment faire autrement sur le moment. Je sais, j'ai eu tort, et j'ai beau le regretter ça ne change rien, on ne peut pas revenir en arrière. Je ne peux pas tout t'expliquer clairement, et ça ne changerait rien à tout ça de te le dire, sinon risquer de t'attirer des ennuis supplémentaires. Et je crois t'en avoir déjà attirés suffisamment comme ça. »

Quand il mentionne l’autre idiot, je le regarde en me retenant de le dévisager de travers. Quoi, je suis assez grande pour savoir ce que je fais avec lui ? Était-ce seulement la question ?! Je ne veux pas savoir ce qu’il est en train d’insinuer, et je me retiens de lui balancer dans les dents que oui, je couche avec Desmond, pour lui demander si ça lui pose problème.

Non, ça serait une très mauvaise idée et de toute façon, tout ce que je peux dire ou faire se retourne contre moi d’une façon ou d’une autre, alors… encore une fois, je passe. S’il n’a pas été capable de comprendre que j’ai donné un ordre simple et concis pour ma sécurité, à savoir que personne ne vienne me voir en privé – même si oui, j’ai bien précisé surtout pas Desmond - tant pis.

Mais quand il me parle de Roxanne, je ressens mon cœur bondir dans ma poitrine. Pas tout de suite…

« Elle va revenir ?! Quand ? », Je m’exclame d’une voix mal contrôlée montant presque dans les aigus, le regardant d’un air surpris.

Mais qu’est-ce qui me…

« Hem… je veux dire, elle a répondu ? demandé-je après m’être raclé la gorge pour reprendre contenance et surtout, une intonation un peu plus posée. Qu’a-t-elle dit exactement ? »

‘Elle va revenir ?! ’ ça sonnait étrangement comme cet hiver, alitée au temple, lorsque j’ai demandé du même air plein d’espoir à Victor : ‘Hector a été retrouvé ?!’ prête à bondir du lit à moitié vacillante pour courir le rejoindre, où qu’il soit. 

Mazette... mais je n’ai pas le temps de m’attarder sur la question qu’Alaric poursuit en parlant de ‘ce brave comte de Rougelac’ je crois que je pourrais m’étouffer. Brave… parle-t-il seulement bien du gouverneur ? Je crois que oui, à ma connaissance, il n’y a pas d’autres Rougelac à Marbrume chez qui je suis allée à mon retour.

« Eh bien… oui, je suis partie un ou deux jours au Labret… mais je n’ai pas eu le temps de me reposer. J’ai fait le tour des fermes pour chercher des fournisseurs et celui des herboristes pour Mérédith. C’est au retour que je suis passé chez notre vertueux gouverneur. Pour faire une halte et lui parler de la situation. »

Et Alaric me répète encore qu’il s’est inquiété pour moi, et aussi pour l’enfant. Je vois son regard s’appesantir sur mon ventre quelques secondes, peut-être l’air songeur aussi. Je me demande bien pourquoi il s’inquiète autant. Après tout… le danger est partout, pas juste à l’extérieur.

Et quand notre heure vient, on ne peut rien y faire. Il faut accepter que dans ce monde, la vie est hostile et malheureusement souvent courte… Ah, qu’avais-je dit à Hector, déjà, lors de notre première dispute ?

C’était chez cette femme qui nous hébergeait une nuit… Marie. Je lui avais dit quelque chose d’horrible… qu’il ne s’inquiète pas trop pour moi et l’enfant, que de toute façon, dans ce monde, on ne fait pas de vieux os et que le bébé mourrait bien vite. Je lui avais dit ça d’un air si cruel… Avec le recul, je n’arrive même pas à comprendre comment j’ai pu lui dire un truc pareil.

Et il m’avait répondu…

« Je vous en supplie ! Ne me tuez pas... »

Oui, c’était ce qu’il m’avait répondu. Ne me tuez pas…

Mais je souffrais tellement… Je ne suis pas une bonne personne, je le sais. Pourtant, c’est le jour où Desmond m’a accusée d’être méchante avec les gens qui voulaient m’aider que j’ai réalisé pourquoi, lorsque je me suis écriée :

« Je ne suis pas méchante ! Je suis juste en colère ! »

Oui, j’ai toujours été en colère. Même si au milieu du vide qui m’habitait, je n’ai jamais su le remarquer autrefois. Parce que c’était au fond de moi… et je ne le ressentais pas consciemment. Et ce soir là, j’étais en colère après Hector qui m’avait abandonné en plein marais, à cause d’une stupide dispute.

Je regarde Alaric, j’ai du mal à déglutir. Encore plus à répondre quoi que ce soit. Je ne voulais pas l’inquiéter, même si j’ai encore du mal à penser qu’on peut s’inquiéter pour moi. Je me sens tellement… abandonnée de tous, je crois.

Et depuis bien trop longtemps. Je lui dirais bien qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que je n’étais pas seule. Mais je préfère me taire au risque d’envenimer les choses. Je sais combien il ne peut pas supporter Desmond. Mais Desmond, c’est peut-être actuellement la seule personne qui me reste fidèle malgré toutes mes conneries, et qui sait pourtant mieux que personne le monstre que je peux être.

J’ai aussi envie de lui demander pourquoi il s’inquiète encore, que de toute façon tout le monde m’abandonne et qu’il devrait le faire aussi. Mais là encore, je me tais. Dire ça à quelqu’un qui s’inquiète pour soi, ce n’est pas très… juste, je crois. Ça doit même être blessant… Et je n’ai aucune raison de le blesser. Il faut que j’arrête de me comporter comme si j’étais seule maintenant. C’est vrai, je devrais penser à mon enfant aussi…

« Je ne voulais pas t’inquiéter…
dis-je alors quelque peu penaude. Oui, je vais me reposer maintenant. Il faut bien que je prenne un peu de temps pour moi… Le bébé… il va arriver d’ici début mai… mais je n’ai encore rien prévu pour lui. Je ne sais même pas encore comment je vais l’appeler… Il faudrait que je prépare son arrivée, maintenant. Ça va être ma priorité. »

Et alors que je m’apprêtais à reprendre la plume pour commencer la rédaction de mon brouillon, Alaric demande donc si je fais confiance au Roi et si je sais comment envoyer la missive. J’arque un sourcil mais avant que je puisse répondre quoi que ce soit, me dévisageant d’un air souriant qui ne lui va pas le moins du monde - surtout à cet instant - il prend ma main pour retracer ce maudit… V ? Oui, ce que j’estime être la lettre V.

« Arrête de me sourire comme ça, on dirait un arracheur de dents »
, je marmonne mal à l’aise, le taquinant d’un humour plutôt pince sans rire.

C’est qu’il faut se lever vraiment bonne heure, pour voir cet homme sourire ! Mais cette fois en tout cas, je ne retire pas ma main.

« Mais oui, c’est le Roi… Pourquoi ? Et toi, que sais-tu que tu ne me dis pas, hein ? »


Oui, je lui retourne la politesse avant de rajouter :

« J’aimerais bien que tu me dises ce que tu appris, aussi. Mais sinon, eh bien… c’est simple, s’il faut choisir un camp entre le Roi et la Reine... Je choisis celui du Roi. C’est juste un guerrier, Alaric. Pas un intriguant. Un guerrier qui prend un malin plaisir à contrer les plans diaboliques de sa femme, parce que les intrigues ne doivent pas réellement être dans sa nature. On est un guerrier ou un intriguant, rarement les deux. Et… méfie toi toujours des femmes. Je pense que Roxane est du côté du Roi, aussi. Donc pour répondre à ta question, oui, je fais plutôt confiance à notre monarque. Et par extension, à Roxanne et Morn de Sarssel aussi. »

Oui, en réunissant toutes les pièces depuis le début, tout devient toujours plus clair. Et je me souviens... la façon dont Roxanne a répondu à la reine que nous nous amusions elle et moi, sur un ton qui pourrait presque friser la provocation.

Le fait que selon l’autre cinglée, elle a une influence sur les décisions du Roi. Je suis à peu près sûre que Morn, Roxanne et le Roi sont du même côté. Reste à savoir qui est de celui de la reine, même si je commence à avoir ma petite idée. C’est étrange, comme des fois, on peut avoir des éclairs de lucidité quand on se donne la peine de se libérer l’esprit et de s’extraire de ses problèmes.

« Tout me paraît si clair, maintenant... je murmure, le regard songeur à présent dérobé sur le côté. J’aimerais tellement que Roxanne soit encore là... tu sais… »
  
Je regarde finalement Alaric, perplexe. Mais pourquoi cette pointe de détresse dans ma voix ? Et pourquoi cette maudite sensation à chaque fois que je pense à elle ?! Ça devient tellement… pesant, dans ma poitrine.

« Il faudrait… il faudrait vraiment que je lui parle. Je suis sûre qu’elle pourrait nous aider. Si je ne m’étais pas autant méfiée d’elle… je… »

Mais à quoi bon après tout ? Je suis sûre qu’elle ne veut même plus entendre parler de moi.

« Si… si seulement je n’avais pas été si stupide ! Elle serait encore là. »

Mais je voulais juste qu'elle arrête ses menaces et qu'elle me fasse un peu confiance... Ah, c’est insupportable. C’est comme si mon cœur était dans un étau… Mais c’est comme ça, à me méfier de tout à tort et à travers... j’ai vraiment tout gâché.

Quelqu’un qui voulait qu’on voulait qu’on se rencontre hein… et la reine qui semblait vouloir la chasser… Oui, il faut vraiment que je lui parle. J’y vois plus clair à présent. Ce lourd voile qui ternissait ma vision est enfin tombé.

Je souris finalement à Alaric, et qu’est-ce que ça me coûte, avec cette désagréable sensation de tristesse qui m’étreint.

« Mais c’est peut-être mieux comme ça. Si ça peut éviter qu’elle ne soit encore exposée à des dangers en restant près de moi… alors c’est mieux. Si quelqu’un doit se faire assassiner, autant que ça soit juste moi. »


Oui, juste moi, c’est amplement suffisant.

« On va s’en sortir, je rajoute toujours lui souriant. On va s’en sortir, maintenant. »

Je reprends la plume et je regarde Alaric en jouant avec le duvet contre ma bouche.

« Alors... dis moi, combien faudrait-il de miliciens en plus tu penses pour renforcer la sécurité ? Je crois qu’il n’y a que trois ou quatre coutilleries si je ne m’abuse. Quoi que… je vais plutôt demander à Morn de passer à Sombrebois afin que nous puissions lui exposer la situation au sujet des intrigues qu’on essuie et lui demander directement s’il peut nous accorder une ou deux coutillerie de plus ? T’en pense quoi ? »

Oui, je me tiens à ce que j’ai dit. Ça va aller, maintenant. Ah, Hector… si j’avais seulement pu comprendre tout ça avant… tu serais encore là, hein ? Tu ne serais parti loin de moi et de tous les ennuis que j’ai provoqués… Mieux vaut tard que jamais dit le dicton, pourtant, ça ne me réconforte pas le moins du monde. Mais je sais que tout va aller maintenant. Tout va changer. Je vais refermer cette faille...

J’ai payé assez cher toutes mes erreurs et tous mes crimes, j’ai réglé ma dette à présent. Je peux repartir sereinement à zéro.

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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyDim 19 Déc 2021 - 17:47
Tu ne peux pas tout m'expliquer clairement ? répéta-t-il, abasourdi. Tu veux contacter Morn de Sarssel pour renforcer la sécurité, tu crains une attaque du cloaque, je suis le capitaine de la garde, mais je ne peux pas tout savoir ?

Alaric poussa un juron avant d'arpenter l'ancienne bibliothèque. Il lui était inconcevable que la baronne lui cache volontairement des informations aussi capitales quant à la gestion et la survie du bourg. Décidément, elle n'en était la régente que lorsque cela lui plaisait. Il ne comptait plus le nombre de fois où elle s'était absentée plus que de raison, lorsqu'elle avait manqué à ses devoirs. Mais tu dois être meilleure que ça, Rosen, avait-il envie de lui hurler. Meilleure que moi. Il la dévisagea, se souvint étrangement de leur dernière discussion houleuse, quand ils avaient cherché Hector dans les marais, quelques semaines plus tôt. Il ne savait pas grand-chose de sa vie avant qu'elle ne débarque à Sombrebois. Elle avait cependant insisté sur une chose : elle n'était pas une bonne personne. Était-ce possible que ses mensonges et autres secrets soient liés à un passé plus tumultueux encore qu'il ne l'avait cru ? Avait-elle fait partie de ce groupe d'hérétiques et ces derniers se rappelaient-ils désormais à elle, maintenant qu'elle était détentrice d'un pouvoir plus grand ? Si tel était le cas, alors il comprenait pourquoi elle n'en avait rien dit à la châtelaine, ni pourquoi la rousse s'était envolée... Méfiant, le soldat ne la quittait pas des yeux. Elle semblait pourtant sincère, lorsqu'elle disait qu'elle ne voulait pas lui créer plus d'ennuis... Oh, il n'était plus à un souci près avec la blonde, mais il appréciait l'effort fourni. Enfin, il détourna le regard, le posa sur l'extérieur grâce à une étroite meurtrière. Lui aussi lui cachait bien deux-trois trucs après tout... Et plus il y pensait, plus il voyait la ligne distincte qui se traçait entre eux deux.

Rosen parut tout aussi sincère à l'évocation de Roxanne ; Alaric arqua un sourcil, croisa les bras sur son torse pour se montrer plus sévère.

Qu'elle me juge apte à assurer la sécurité du bourg en son absence, qu'elle reviendra bientôt, résuma-t-il d'un ton ferme. Et pour le comte...

Il secoua la tête, dépité.

Grâce à toi, il sait que je n'étais pas là lors de votre... Dispute et m'a demandé des comptes. Dois-je préciser que ça aussi, c'était une mauvaise idée ?

L'air bourru, il essayait tant bien que mal de garder une certaine contenance. Penser au bébé, voilà ce qui avait le mérite de le détendre. Et pourtant, comme Odalie le lui avait dit, la naissance de l'héritier serait déterminante. D'ailleurs, Eve aussi avait sous-entendu que tout deviendrait encore plus compliqué une fois l'accouchement terminé. Rosen serait bien moins utile à la couronne... La couronne, mais qu'elle était-elle, déjà ? Le roi, la reine ? Il était clair que tous les deux jouaient des parties différentes et sans aucun doute s'amusaient-ils à dévoiler des cartes, dont les effets avaient des conséquences dramatiques sur la vie des petites gens. Quoiqu'il en soit, l'idée que l'enfant d'Hector vienne au monde lui insufflait une joie douce, un bonheur simple qui parvenait à contrebalancer craintes et doutes qui pesaient sur ses épaules.

J'ai appris que Roxanne avait à coeur le peuple et que, effectivement, il ne fallait pas s'en méfier. Mais tu as préféré découvrir ça à ta manière, ne put-il s'empêcher d'ajouter.

Eve lui avait dit que la blonde était peut-être trop fragile, trop instable pour qu'il lui relate toutes les informations qu'elle lui avait fournies. Quant à la conteuse, elle lui avait conseillé de taire sa relation avec la comtesse, ce qui, d'une certaine manière, l'empêchait de parler d'elle face à la baronne. Moins il l'évoquerait, moins il aurait de chances de se trahir à leur sujet.

Le duc ne devient pas le roi s'il n'est pas un intriguant, objecta-t-il en se renfonçant un peu plus sur sa chaise.

Mais il pourrait tout aussi bien être entrain de simplement entretenir les querelles intestines de la cour. Tant qu’ils s’entre-déchirent, ils ne se retournent pas contre lui. Ça peut paraître froid et cruel, mais ça s’est déjà révélé efficace. Vois-le comme le seul joueur principal que l’on connait dans cette horrible partie que nous jouons, mais dont on ignore tout autant le but que les autres.

Néanmoins, il devait avouer qu'après toutes les informations qu'il avait obtenues, il se méfiait de la reine encore plus. Eve lui avait dit qu'elle espérait que les Victorieux n'avaient pas « pactisé » avec Eugénie... Elle semblait plus méfiante vis-à-vis de sa tante.

Alaric ne réprimanda pas plus la baronne de Sombrebois. Oh, il aurait pu ajouter une couche, affirmer que la châtelaine serait effectivement toujours au château si elle n'avait pas autant merdé. Mais à quoi bon ? Elle s'en voulait terriblement ; en tout cas, le soldat ne l'imaginait pas mentir à ce sujet. Il devait lui apporter du soutien. Faire en sorte qu'elle reprenne quelques couleurs, confiance en elle. Oui, il pouvait désirer sincèrement que la blonde se sente mieux, qu'elle reprenne la situation en main comme elle aurait dû le faire un mois plus tôt. Il lui sourit, plus naturellement cette fois. Un poids se détachait de ses épaules, alors qu'il prenait conscience d'une nouvelle subtilité dans les relations humaines ; désirer le bonheur de l'autre, tout en sachant que l'on n'en ferait pas partie éternellement. L'aider lorsque c'était en son pouvoir, s'en éloigner lorsque sa tâche serait terminée.

Tu ne m'as pas répondu, la coupa-t-il, alors qu'elle réfléchissait plus à voix haute qu'elle ne s'adressait à lui. Comment comptes-tu joindre Morn de Sarssel ? Ton courrier ne doit pas être intercepté. Même si tu as décidé de faire confiance au roi, il faut rester prudent. N'oublie pas que tu risque de perdre tout intérêt aux yeux de Sa Majesté une fois ton accouchement terminé...

Un accident est si vite arrivé.

Puisque tu n'as rien à craindre pour le moment, je crois que la châtelaine du Val d'Asmanthe ne reviendra pas avant ton accouchement.

Puis, d'une voix plus profonde, preuve qu'il avait longuement hésité avant de lui faire ces confidences, il lui déclara :

J'ai promis que je t'aiderai. Même si tu ne me dis pas tout. Et sache que je t'en veux toujours mais eux...

Il désigna le bourg à travers la meurtrière.

Ils ne savent pas tout ça. Tu ne peux plus faire passer tes problèmes avant les leurs. Tu es la baronne. Et moi, je suis le capitaine de la garde. Occupons-nous tous les deux de nos tâches et...

Les yeux ancrés dans les siens, il termina :

Rattrapons tout ça.

Il aurait pu dire « Tout ira bien » mais il n'aurait pas sonné juste ; il n'y croyait plus. Trop d'inconnues, de mystères, de secrets entre lesquels il lui était difficile de jongler. Son acolyte n'était qu'une femme brisée, enceinte et veuve, noble uniquement de nom, qui avait démontré qu'elle était capable du pire plutôt que du meilleur. Alaric l'aiderait tant qu'il le pourrait. Mais Rosen n'était plus la seule personne qu'il désirait protéger. Fais attention sur la route, d'accord ? Je t'aime.
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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyLun 20 Déc 2021 - 2:50


Cesser d’écoper ; redresser le navire
Rosen feat Alaric


J’ai regardé Alaric s’indigner alors que je lui ai dit que je ne pouvais pas lui expliquer mes problèmes. Je l’ai regardé jurer, froidement, peinant à prendre sur moi devant cet agressivité enfin libérée. Il suffit de peu de temps parfois pour voir les masques tomber. Sourire qui sonne faux un instant, juron au suivant.

A le voir réagir ainsi, je me demande bien comment il pourrait espérer que je lui raconte quoi que ce soit. Puis-je seulement encore lui faire confiance ? Je lui ai fait tout un rapport en omettant un seul détail qui n’a aucune importance dans cette histoire.

Mais lui… il ne m’a parlé d’un seul petit détail de ce qu’il a appris en omettant tout le reste. C’est préoccupant. On aurait pu échanger, j’aurais peut-être pu lui confier ce qu’il veut savoir… mais non. Qu’importe, ça m’est égal. Chacun pour soi, et tous pour sa merde, j’ai bien compris le message.

Puis il m’a fixée désagréablement. J’ai continué à prendre sur moi. Ça devient de plus en plus dur, mais ça va aller. Tout va bien aller, puisque c’est ce que j’ai décidé.

Je me gratte nerveusement la poitrine, juste à la base du cou. Je crois que j’ai la peau un peu sèche… Non, je ne m’énerverai pas. Oui, je vais garder mon calme. Il faut que ça change. Il faut que tout change, et qu’importe s’il n’y a plus personne pour croire en moi.

Il a ensuite pris son air supérieur, comme si… comme si quoi, au juste ? Aucune importance ; qu’il me décoche ses flèches les unes après les autres. Ce qui est déjà mort ne saurait mourir à nouveau. Mais n'est pas mort ce qui à jamais dort...

Ça ne m’atteint pas. Plus rien ne m’atteindra plus jamais. Colmater la brèche. Reforger l’armure. Non, je n’ai plus envie de débattre, d’argumenter. Le roi un intriguant ? Bien sûr, ça se tient. Je n’ai pas voulu dire le contraire. Mais je n’approfondirai pas le sujet, le dialogue est rompu. Terminer la conversation au plus vite.

Et il m’a souri comme je lui ai demandé ce qu’il pensait qu’on devrait chercher à améliorer dans la sécurité, avant de me couper pour me demander comment faire parvenir la lettre. D’accord… Il ne m’écoute même pas et il est encore en train de jouer aux cons avec moi. Je repose la plume dans l’encrier. Ici aussi, je referais bien la décoration de la pièce.

Je suis interpellée quand il reparle de Roxanne. Qu’elle reviendra quand je serai en danger ? Roxanne, ange gardien… merveilleux. Je rétorquerai bien que je n’ai besoin de personne pour me défendre ou me protéger, mais je préfère me taire là encore. Il m’en veut ? La belle affaire. Oh, son aide, il peut bien se la garder.

Prenant ma tête entre mes mains une fois qu’il a fini de parler, je prends de longues inspirations pour essayer de m’apaiser. Je me sens sur le point d’éclater comme un fruit trop mûr. Quand enfin au bout de quelques secondes, j’estime avoir réussi à retrouver à peu près mon calme, je reprends la plume.

« Je ne sais rien de plus que toi. Soit je suis prise pour cible simplement pour le plaisir de nuire… soit il y a des motivations complotistes visant à me faire tomber pour une raison que j’ignore. Tu as promis que tu m’aiderais ? Si tu veux m’aider, explique moi ce qu’il se passe. » 


Sinon… qu’il ne me dise pas quoi faire, ça n’a aucune importance. Je ne l’ai pas attendu pour prendre de décisions. Je suis une grande fille, je peux me débrouiller seule. Je me suis toujours débrouillée seule… Mais qu’on ne me dise pas après que mes choix sont toujours les mauvais si on ne me conseille pas lorsque je le demande à deux reprises.

Je commence ensuite la rédaction, concentrée sur ma tâche.

« Et pour Morn… tu as déjà envoyé une lettre à Roxanne, n’est-ce pas ?
relevé-je sans lâcher des yeux le parchemin que je noircis, concentrée sur ma lettre. Alors tu trouveras le moyen de la faire parvenir à l’intéressé. Au pire des cas, tu n’auras qu’à la lui faire parvenir à elle pour qu’elle la transmette. Je suis sûre qu’elle saura elle… »

Si elle le veut bien. Sinon… qu’ils aillent tous au diable, ça m’est égal. Mais chaque chose en son temps. D’abord, écrire cette missive. Ensuite, me faire corriger pour la réécrire proprement. L’envoyer. Après, faire le tour de mes tâches pour voir ce qu’il y a à faire.

M’assurer que les paysans ont bien été réglés, déjà... Puis regarder mon courrier, voir à y répondre. Aller rendre visite à Mérédith. Ah oui, voir avec ce rabat-joie à me trouver deux miliciens pour me coller au cul pour ‘ma protection’. Faire les comptes. Enfin, peut-être, m’accorder un peu de temps, si je trouve le dit-temps pour ça, mais j’en doute encore. Chaque chose que je fais, je la fais à la hâte pour pouvoir faire autre chose.  

Plus de temps à perdre. Quand le vin est tiré, il faut le boire.

Je me gratte à nouveau la poitrine, je ne sais pas pourquoi ça me démange comme ça… on dirait que c’est granuleux au toucher, alors je baisse la tête pour regarder, il y a une certaine rougeur générale et comme de petites croûte de sang. Et ça picote de façon extrêmement désagréable.

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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyDim 26 Déc 2021 - 20:07
Alaric haussa les épaules. Il s'arracha à la contemplation du ventre de la baronne et se releva. Il préférait marcher lorsqu'il était nerveux. Mais l'ancienne bibliothèque ne lui offrait pas l'espace nécessaire. Il soupira, fatigué. Le soldat avait beaucoup réfléchi sur ce qu'il dirait à Rosen. Toute la vérité, sans doute pas, mais d'un autre côté, ne méritait-elle pas de connaître ce qui risquait de se dérouler au sein de son bourg ? Néanmoins, Eve l'avait mis en garde et, au vu du comportement qu'avait adopté la blonde ces derniers jours, il ne pouvait que lui donner raison. Alaric avait déjà tué pour Marbrume ; il en rêvait – cauchemardait – encore parfois. Pour protéger le château, ses gens, son peuple désormais, il était capable de prendre des décisions radicales. Faire ce qui était juste équivalait parfois à choisir le moindre mal. Était-ce pour cette raison que la châtelaine du Val d'Asmanthe avait quitté Sombrebois ? Roxanne avait-elle opté pour le moindre mal ? Pendant un bref instant, il imagina le bourg non plus dirigé par la baronne, mais par une autre personne, envoyée par la couronne. Il chassa cette pensée aussi vite qu'elle lui était venue. Il devait y avoir un autre moyen, non ? Rosen avait l'air de vouloir arrêter ses frasques, du moins, essayer, ce qui, il en convenait, était un premier pas, bien qu'il ne soit guère suffisant.

Le but n'est pas difficile à deviner... Si tu n'es plus là, à qui reviendra Sombrebois ?

Mais cette histoire de cloaque ne tenait pas debout... Alaric ne leur trouvait aucune place dans les différents groupes que lui avait décrit la jeune noble. À moins que ces hérétiques ne soient qu'une conséquence du passé de Rosen, comme il commençait à le soupçonner. Dans ce cas, il s'agissait d'une complication supplémentaire dont il se serait bien passé. Y'en avait-il encore dans le bourg ? Il pourrait toujours prospecter et se renseigner à ce sujet... Pour l'heure, cependant, autant se contenter de ce qu'il savait déjà.

Comme je te l'ai dit, j'ai seulement appris que Roxanne n'était pas dangereuse pour toi. Et... j'ai aussi entendu ce nom. Morn de Sarssel, précisa-t-il. Il est lié à un groupe qu'on appelle les Victorieux. Leur symbole, c'est le « V », révéla-t-il, laissant le temps à la baronne d'assimiler ses propos. Alors ce que tu viens de me dire, je ne sais pas ce que je dois en penser... Est-ce que les Victorieux sont à la solde du roi ? S'ils sont dans son camp, peut-on encore leur faire confiance ? La reine est une intrigante, tu as raison.

Son ton avait baissé sans qu'il ne s'en rende compte ; les murs n'avaient-ils pas des oreilles ? Ce qu'ils se disaient entre ces murs leur vaudraient une peine qu'il n'osait même pas imaginer.

Est-ce possible que le roi ne participe à tout ça que pour embêter son épouse ? Tu ne trouves pas ça... Ridicule ?

N'avaient-ils pas autre chose à faire ?

On doit passer à côté de quelque chose, mais... J'en sais pas plus, Rosen.

Il soupira. C'était tout ce qu'il pouvait lui dire et c'était déjà pas mal. Allait-elle utiliser ces informations à bon escient ? Il n'en savait rien ; l'anxiété accélérait son rythme cardiaque.

— Je ne sais pas qui croire. Le roi, Roxanne, Morn... Si on se trompe avec cette lettre...

Il ne termina pas sa phrase ; la baronne savait que les conséquences seraient dramatiques. Certes, elle était habituée aux répercussions désastreuses, mais Alaric était justement là pour améliorer la situation. Et s'il faisait tout l'inverse en le lui dévoilant ? Et si, et si.

Je ne sais pas si le sergent de Morguestanc acceptera encore de jouer les pigeons pour moi, lui avoua-t-il d'un air contrit.

Deux lettres, même. Il lui tardait de révéler à Eve ce qu'il avait appris. Et qui sait, peut-être qu'elle avait aussi appris quelque chose de son côté ? Un instant, son regard se perdit dans le vide, son corps se figea, paralysé par une peur sourde qui lui étreignit le cœur. Il jouait à un jeu dangereux, mais elle, bien qu'elle soit protégée par son titre, paradoxalement, elle était d'autant plus exposée. Il adressa une prière silencieuse aux Trois. Pourvu que tout aille bien.

J'essaierai, conclut-il. Alors, que vas-tu lui dire ? demanda-t-il en désignant le parchemin sur le petit bureau.

Il se rapprocha et posa fermement sa main sur son avant-bras.

Arrête. Tu vas finir par te blesser.
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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyLun 27 Déc 2021 - 13:51


Cesser d’écoper ; redresser le navire
Rosen feat Alaric


Je me suis bien vite rendue compte qu’Alaric s’est mis à tourner en rond dans la pièce comme un ours en cage, un peu à la manière que j’ai certainement eu de le faire dans les geôles de la caserne de Marbrume cet automne, je crois. A qui reviendra Sombrebois si je ne suis plus là ?

Je ne suis pas très douée en politique, après tout je ne suis noble que depuis quelques lunes. Officiellement, moins de deux.

« Je ne sais pas vraiment à vrai dire, si j’étais écartée de Sombrebois… J’imagine que le régent en attendant la majorité de l’héritier… serait le gouverneur, non ? C’est ce qui me paraît le plus logique en tout cas. » 


Victor serait-il capable de faire une chose pareille ? Oui, assurément. Pactiser avec les sectaires ? Je l’ignore, mais cela me paraît bien trop risqué. Et ce sale rat me paraît d’un naturel prudent et réfléchi. Alors… cela m’étonnerait que ce soit lui.

« Mais je ne vois pas Victor là-dedans. »

Non, il n’est définitivement pas aussi cinglé que moi pour prendre un tel risque. Qui sait après tout ? Je suis toujours en train de me méfier de tout le monde, mais jamais des bonnes personnes.

Mais je me souviens surtout les mots du Roi, quand la reine est partie raccompagner le mondain. Il les a traité de vipères. Non… d’un couple de vipère. Et peut-être que la reine a tout intérêt à ce que Victor récupère la régence Sombrebois.

« Sinon... la couronne, sans doute. Et on revient à ce que j’ai présumé tout à l’heure. »

Oui, étrangement, je vois bien la reine dans cette histoire. Je m’arrête d’écrire comme Alaric m’explique enfin ce qu’il a appris, me laissant tout de même quelque peu sur ma faim ; il ne me donne aucune information sur sa source et me parle de bien peu de choses en réalité.

Les victorieux ? Voilà un bien drôle de nom.

« Je pense… que le roi voulait vraiment faire échouer les plans de sa femme, quand il m’a parlé de Morn de Sarssel et qu’il m’a fait ce signe un peu plus tard. Pourquoi sinon ? Il a bien dit que cet homme ne la supportait pas et que c’était quelqu’un qui avait les intrigues en horreur. C’est pas le genre de type que l’on peut corrompre, de ce que j’en ai compris. Le roi a sans doute ses raisons. Mais... dès son arrivée, Roxanne… je crois qu’elle savait très bien que quelqu’un allait m’en faire voir de toutes les couleurs. Et elle semblait vouloir m’aider elle aussi. Alors si elle en fait partie… qu’importe, je continuerai de lui faire confiance. »

Après tout… si elle a choisi de me faire confiance alors qu’elle a failli mourir par ma faute… Mais me fait-elle seulement confiance ? C’est ce qu’elle voulait, en tout cas. Ce qu’elle essayait. Et j’aurai la réponse à son retour. Je prends le temps de réfléchir avant de poursuivre, me grattant toujours distraitement le haut de la poitrine et le cou.  

« Roxanne doit en faire partie. J’en suis presque persuadée. Il faudra que j’essaie de voir ça avec elle… quand elle sera revenue. Que je trouve le moyen d’aborder ce sujet… »

Une mince affaire me direz-vous quand tout ce que j’entreprends se termine en catastrophe… mais tout ira bien.

« Parfois… le meilleur moyen de gagner, c’est de perdre. C’est ce qu’à dit le roi en me faisant ce symbole, je crois. Ou un truc du genre… Tu penses que c’est une mauvaise idée de contacter Morn de Sarssel ? »


Je fais toujours les pires choix possibles… alors je crois que si Alaric ne le sent pas, je ferais mieux de l’écouter. Je ne voudrais pas encore empirer la situation… je m’apprête à répondre tout de même à sa question, mais je m’interrompt bien vite lorsqu’il se rapproche de moi pour m’arrêter, craignant que je ne me fasse mal. D’accord… rajouter à la liste des choses à faire avant la fin de la journée : aller quérir une consultation médicale.

Une bonne saignée me fera le plus grand bien j’en suis sûre… j’ai les humeurs qui suintent à travers la peau. Mais sur le moment, je le regarde juste, surprise, me perdant dans un souvenir presque similaire un court instant. Je n’avais jamais fait attention à cette proximité physique de sa part.

Que ce soit pour tracer un symbole à plusieurs reprise dans ma main, ou pour me demander d’arrêter de me gratter. Ou encore pour passer son bras par dessus mes épaules… Parfois, je devrais avouer que ça a quelque chose de troublant, surtout quand il me fixe comme ça. Je rétracte alors mes doigts pour fermer ma main afin de cesser mon geste. Mais bordel, ce que ça démange ! Je ne serais pas contre un cataplasme bien frais.

« Je… je pensais lui demander de venir pour lui exposer la situation de vive voix, déjà, lui réponds-je en détournant le regard pour le poser sur ma missive. Et lui demander comme je t’ai dit de nous accorder une ou deux coutilleries en plus, pour faire des patrouilles dans les environs et surveiller que personne ne s’infiltre dans le bourg subreptissement. Mais voudra-t-il seulement venir... »

Et quel est le risque si on se plante ? Que notre homme aille dire au Roi que nous sommes des incompétents pas capables de gérer un bourg et qu’il faut mettre quelqu’un d’autre à la place ?

Oui, c’est sans doute un risque. Un risque qui sera minimisé si nous arrivons à nous entretenir avec lui de vive voix, j’en suis persuadée. Si on arrivait à lui faire comprendre que la reine nous complique sans doute les choses… Mais voilà qui se révèle compliqué. Et pire, si une embuscade lui était tendue sur la route... encore un autre risque. Beaucoup de risques pour un bénéfice bien hypothétique...

« Ce serait bien le pire des sergents s’il nous laisse tomber en pleine crise, je soupire. Mais dis moi, Alaric… cette femme qui t’a raconté ça… qui est-ce ? Es-tu bien certain d’elle ? Es-tu certain de pouvoir lui faire confiance ? »

Un piège est si vite tendu… n’est-ce pas ? Alaric est pourtant d’un naturel méfiant excessif pour se laisser berner de la sorte. Je le fixe gravement, cherchant à déceler le moindre indice de fiabilité dans la moindre réaction, aussi infime puisse-t-elle être.

Je me rends compte que je n’ai pas vraiment encore eu l’occasion de m’entretenir avec lui à ce sujet, que je n’ai pas trouvé un moment pour lui demander qui était venu le contacter pendant que j’étais retenue à la capitale, et dans quel but.

Nous avons été interrompu assez vite lorsqu’il a commencé à m’en parler, et j’ai été bien trop occupée – et préoccupée - par Roxanne après ça. Mais il va falloir que je tire cette histoire au clair.

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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyJeu 6 Jan 2022 - 12:19
Alaric arqua un sourcil. Il n'avait pas cru que Rosen réfléchirait sérieusement à sa question. La baronne disparue, Sombrebois aurait besoin d'un nouveau régent – ou tout autre titre – de jolies terres en pleine reconstruction qui feraient des envieux. Qui en faisait sans doute déjà maintenant. Victor était un roublard et Alaric ne le portait pas dans son cœur, pour autant, ce n'était pas de lui qu'il se méfiait. Vu la courte correspondance qu'ils avaient échangée, le soldat avait compris que le comte, bien que revenu dans les faveurs de la couronne, craignait d'autant plus cette dernière. Il ferait tout pour rester dans leurs bonnes grâces et ne prendrait pas de décision de son propre chef. Autrement dit, le gouverneur du Sud n'était pas celui qui tirait les ficelles... Pour le moment.

Il l'écouta, méditant sur les informations qu'elle lui transmettait. À l'entendre, le roi avait tout fait pour que la blonde contacte ce Morn de Sarssel. Pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé plus tôt, dans ce cas ? Il aurait eu tellement plus d'explications et de détails à fournir à Eve si Rosen avait daigné lui rapporté son entrevue avec le monarque !

Je ne sais pas si elle en fait partie, murmura-t-il, perdu dans ses pensées.

La jeune noble lui avait dit quelque chose d'étrange, quelque chose comme « Ils ne peuvent pas déjà être là, il ne peut pas s'être trompé » lorsqu'elle avait évoqué les Victorieux pour la première fois. Bien sûr, la comtesse pouvait se tromper ; un fait indéniable qui ne cessait d'effrayer le garde de Sombrebois. Le meilleur moyen de gagner, c'est de perdre. Qu'avait-il voulu dire ? Perdre quoi ? S'il existait réellement une bataille tacite entre le roi et la reine, alors ils n'étaient tous que des pions sur leurs échiquiers géants. Un paysan ou un soldat peu changer le cours de l’histoire aussi surement qu’un roi. Sans même que personne ne le sache. Peut-être était-ce sa place : influencer le déplacements des pions afin que cette partie ne devienne pas un véritable champ de bataille. Sombrebois n’est qu’un des champs de bataille, mais celui qui l’emportera là-bas aura frappé le premier avec succès. Le roi acceptait-il de perdre Sombrebois ? Accepter de perdre une manche afin de gagner la bataille finale ? Tout cela était trop compliqué pour lui et il en avait assez de chercher des réponses où il ne trouvait que des questions supplémentaires. Eve était persuadée que les Victorieux pourraient l'aider et au moins, Alaric et la baronne étaient d'accord sur un point : la reine mijotait quelque chose. Sigfroi se fichait pas mal du bourg, mais se plaisait à mettre des bâtons dans les roues des jeux morbides de son épouse ? Très bien.

Non, on va envoyer cette lettre, confirma-t-il. Mais on ne va pas lui demander de l'aide. N'oublie pas, on doit rester prudent.

De nouveaux joueurs s'étaient invités à la table de la couronne.

Mais peut-être peut-on lui soutirer des informations ?

Alaric réfléchit un instant, son menton mal rasé posé sur ses doigts.

Contente-toi de lui dire que le roi te l'a... recommandé ? Et que tu aimerais t'entretenir avec lui ? Sans rien dévoiler de plus.

Le soldat soutint le regard grave de la baronne. Il se doutait bien que cette question finirait par tomber. Il ne pouvait en vouloir à Rosen de se méfier des informations transmises par Eve. Lui-même n'avait-il pas menacé la jeune noble lorsqu'elle était venue à Sombrebois ? Il réprima un sourire : ce souvenir semblait si loin désormais, alors qu'il ne datait que de quelques semaines.

Je me suis méfié d'elle au début, mais tout ce qu'elle m'a dit était vrai. Comment ne pas lui faire confiance ?

Il avait répété son texte plusieurs fois.

Je ne connais pas sa véritable identité, mentit-il sans sourciller.

Les entraînements payaient.

Mais elle m'avait donné une adresse à Marbrume et j'ai pu l'y retrouver. Aucun piège ne m'y attendait alors...

Enfin, presque.

J'ai décidé de lui faire confiance.

Il se rapprocha de la baronne et se pencha par-dessus son épaule, observant avec intérêt le parchemin encore vierge. Il le désigna du menton et croisa les bras sur son torse.

Alors, qu'écris-tu, finalement ?


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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyJeu 6 Jan 2022 - 16:38


Cesser d’écoper ; redresser le navire
Rosen feat Alaric


« Moi, en tout cas, je suis sûre d’une chose ; qu’elle est du côté du Roi. Et qu’elle est au courant des petites manigances de la reine, à une certaine mesure au moins. »

Ça, j’en suis persuadée à présent. Si seulement j’avais pu y voir plus clair avant, au lieu d’essayer de mordre sans discernement tout ce qui pouvait m‘approcher ! Mais c’est fini tout ça, maintenant. Je vais tout reprendre en main. Je vais agir de façon réfléchie. Je vais…

Je soupire.

Oui, on envoie la lettre. Non, on ne demande pas d’aide. Bon, ça tombe bien, je ne comptais pas en demander directement dans cette missive. Demander des informations… oui, c’est bien, aussi. Mais risqué. Bon, pas tant que ça en fin de compte si l’on se fie aux dires du roi.

Reste que j’aimerais bien avoir des hommes en plus pour surveiller les alentours. Quant à ma question de savoir s’il fait vraiment confiance à cette femme… Eve je crois de son prénom, si je me souviens bien ? Voilà que la réponse me déconcerterait presque.

« Tu fais confiance à quelqu’un dont tu ne connais absolument rien ? »

Un instant dérangeant, nos regards s’accrochent comme ils le font souvent et légèrement, j’incline la tête comme je le fais malgré moi de temps à autre – moins toutefois qu’à l’accoutumé.

Son regard me paraît un peu trop… déterminé ? Je ne sais ce qu’il me cache encore celui-là, mais je suis prête à parier qu’il y a anguille sous roche. Je finis par secouer la tête pour me reporter vers mon courrier.

Arrêter de me méfier de tout le monde, arrêter de me méfier de tout le monde… je vais finir par en perdre la raison à me méfier à tort et à travers de tout le monde ! n’est-ce pas pour ça que j’en suis là, d’ailleurs ?! Si, bien évidemment que si. Mais bon sang !

Qu’il ne m’aide pas avec ses grands sourires de crapules et ses inflexibles regards ! Je porte ma main à mon cou, me grattant pensivement de la pulpe des doigts lorsque la voix d’Alaric que je n’ai pas vu se rapprocher me fait presque sursauter. Je retire ma main comme prise en flagrant délit.

« Rien qui ne saurait être envoyé en l’état… » je grommelle finalement pour matérialiser un agacement qui ne saurait venir de ce simple fait.

Je soupire alors avant d’entamer l’écriture que je lis au fur et à mesure, corrigeant au besoin ce s'il me conseille de rectifier quelque chose.

Citation :


Seigneur de Sarssel,


Je vous envoie cette missive car j’aimerais m’entretenir de vive voix avec vous suite aux recommandations de notre monarque, Sigfroi de Sylvrur. Alors si d’aventure il vous est possible de venir ici prochainement, je vous serai sincèrement reconnaissante.


En espérant votre venue prochaine,


La baronne de Sombrebois


« T’es sûr que c’est vraiment une bonne idée de mentionner le roi ?
 lui demandé-je sceptique. Et si ça retombe aux mains de la reine... Tu sais, Sylvrur s’est arrangé de me parler de lui lorsqu’elle n’était plus dans le coin. D’un autre côté… envisagerait-il de venir, sans ça ? »

La question reste entière… et puis combien de chances que cela retombe entre les mains d’un espion de la reine ?

J’ouvre alors le tiroir pour chercher un autre parchemin qui servira à rédiger la lettre au propre.  

« J’espère que s’il accepte de venir, il se fera pas attaquer en cours de route, pesté-je à présent. J’aimerais d’autant pas que l’on pense que je cherche à l’occire lui aussi maintenant... Peut-être devrais-je rajouter d’être prudent sur la rou... »

Je m’interrompt en examinant le parchemin que je tiens dans les mains. Celui-là a déjà été utilisé… Mais ce n’est pas moi qui ai écrit ça ? Mon écriture est plus… maladroite et irrégulière. C’est… c’est… mon sang se fige, je n'entends même plus Alaric me répondre.

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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyDim 9 Jan 2022 - 12:51
Je reste méfiant, la rassura-t-il. Mais elle a l'air de vouloir nous aider, et on a besoin d'alliés, répondit-il, sûr de lui.

C'était au moins un argument que la baronne ne pouvait nier. Alaric aurait pu lui raconter un peu plus, mais même sans les mises en garde d'Eve et d'Odalie, il préférait garder leur histoire pour lui. Pour la sécurité de la jeune noble, mais également pour la sienne ; moins de personne serait au courant, et mieux ce serait. Et puis, il y avait quelque chose de terriblement grisant à l'idée de posséder un secret comme celui-là, un lien ténu connu d'eux seuls, dissimulé dans leurs souvenirs et leurs sourires.

Néanmoins, le garde réprima un soupir de soulagement lorsque Rosen s'affaira à l'écriture de la lettre. Il avait craint un instant qu'elle ne l'accablât encore plus de questions, mais peut-être était-il plus doué qu'il ne l'imaginait pour masquer ses émotions. Chassant Eve de son esprit, il tâcha de se concentrer, alors qu'il observait le tracé maladroit s'inscrire sur le parchemin. Tant de caractères dont il ne pouvait comprendre le sens ; un univers entier auquel il n'avait pas accès. Il s'était fait la même réflexion lorsqu'Eïlyn avait dessiné de jolies courbes quelques jours plus tôt, des lettres adressées à Roxanne et Victor. Alaric n'avait jamais ressenti le besoin de savoir lire, ni écrire : à quoi bon ? Encore maintenant, alors que la baronne terminait sa missive, il était persuadé qu'il ne pourrait jamais apprendre cet art délicat destiné à des personnes bien plus nobles que lui. Tout de même, pour un illettré, il avait tendance à écrire et lire beaucoup ces derniers temps. Il soupira avant d'écouter attentivement les mots que la blonde avait choisis. Satisfait, il hocha la tête. Rêvait-il ou avait-elle écouté son conseil ?

On ne peut pas envoyer la lettre comme ça, il faut la coder.

Après tout, s'il demandait une fois de plus à Yohan de transmettre son courrier, coder ce dernier ne serait pas un problème. En outre, il doutait fort que Morn de Sarssel ne sache pas le déchiffrer, vu la réputation de l'homme. Un détail, cependant, avait retenu son attention, une pièce de puzzle qu'il n'avait pas encore saisie jusqu'alors, mais qui s'imbriquait un peu plus à la fresque immense qu'il tâchait de recomposer.

La reine était-elle là au début de votre rencontre ?

S'il se souvenait bien, Rosen n'avait pas rencontré le couple royale seule. Le comte de Rougelac avait été présent ce jour-là et c'était suite à cette entrevue qu'il avait été nommé gouverneur du Sud.

Et Victor de Rougelac ?

Il avait eu tendance à minimiser l'influence du comte, après avoir compris que l'homme n'était guère au fait de nombreuses décisions prises par la couronne. Il se souvenait encore du repas qu'ils avaient organisé, des déclarations qu'ils avaient échangées, du petit jeu auquel ils s'étaient prêtés, alors que Rosen avait à peine ouvert la bouche durant le repas. Le mondain n'était ni au fait de la venue de Roxanne de Val d'Asmanthe, ni de la coutilerie de Yohan et du nouveau poste du garde de Sombrebois. Mais si Alaric y réfléchissait mieux, Victor n'était surtout pas au courant des décisions prises par le Roi...

Pour faire venir Morn de Sarssel, je pense qu'il est nécessaire de mentionner le roi. Qui te dit que Sigfroi ne lui en a pas déjà parlé ?

Ils avaient tendance à croire qu'ils étaient les seuls à essaye de comprendre et de réfléchir à un plan d'attaque. Mais c'était complètement faux : les nobles trafiquaient dans l'ombre et ils devraient composer avec.

Si le roi te l'a recommandé, alors il devrait venir...

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite que Rosen s'était arrêtée subitement. Ses yeux portés sur le plafond durant ses réflexions, il les reposa sur la blonde, figée à son bureau. Un nouveau parchemin était posé devant elle, décorée d'une écriture qui, lui semblait-il, était différente de la sienne. D'instinct, il posa une main sur son épaule, une autre sur le bureau et se rapprocha de la baronne.

Rosen ? demanda-t-il calmement.

Pour dire vrai, il ne savait pas comment il devait réagir, ni ne comprenait ce qui l'avait mise dans cet état. La lettre, le bébé, les récents événements, souffrait-elle d'une quelconque manière ?
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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyDim 9 Jan 2022 - 21:29


Cesser d’écoper ; redresser le navire
Rosen feat Alaric

C’est la plume de Hector, je la reconnais bien vite au nombre incalculable de fois où je l’ai regardé écrire, à côté du lit, alors qu’il faisait sa paperasse en veillant sur moi à la fin de l’automne avant que l’on ne m’envoie au temple. Son testament… Et alors que je me concentre pour le lire avec attention, je me rends compte d’un détail qui me donne bien vite la sensation d’une gifle en pleine face. La date…

Je prends un instant pour être sûre de ce que je vois.

C’est…

C’était…

C’était la veille de son départ ?!

Mon cœur se serre. Quoi, comment… pourquoi à ce moment-là ? A-t-il donc tout organisé pour disparaître ?! C’est insupportable… Je lis et relis la lettre que j’ai entre les mains.

Alors c’est vraiment ça sans nul doute ? Le remède n’était qu’un prétexte et il est parti sachant qu’il ne reviendrait pas… Ça fait mal… putain, ce que ça fait mal. C’est comme si quelque chose dans ma poitrine tordait mon cœur en tous sens.

Je me retiens de chiffonner ce maudit parchemin pour le jeter dans un coin de la pièce. Sale… sale… J’ai envie de cracher sur son cadavre. Comment a-t-il seulement pu oser me faire ça !

Non, il n’a pas perdu le chemin du retour suite à une agression ou autre, il m’a… délibérément abandonnée quand il est parti. C’est bien ce que Desmond m’a sous entendu, après tout… Je suis sans doute la seule assez stupide pour ne pas avoir voulu voir la vérité en face !

Cette espèce de salopard… et moi qui ai tout lâché pour aller le… Bon Dieux ! Qu’on me retienne ! Je vais aller profaner sa tombe à cette espèce de sale parjure ! Mes mains tremblent et je crois que si je ne desserre pas ma mâchoire, ma lèvre inférieure va pisser le sang dans pas longtemps.

Ma respiration pourrait ressembler au râle d’un cadavre s’apprêtant à se relever, j’en suis sûre. Il faut… il faut que j’aille voir Marie-Ange. Il m’a abandonnée... Je lis et relis. J’ai besoin d’une saignée, et d’autres choses. Je dois vraiment aller voir Marie-Ange.

Ses mots… ses mots emplissent mon crâne dans un brouhaha assourdissant.

« Je vous en supplie ! Ne me tuez pas... Je vous en supplie ! Ne me tuez pas… Je vous en supplie ! Ne me tuez pas... »

Une main sur mon épaule me ramène à la réalité.

« Rosen ? »

Je lève la tête vers Alaric, le regard peut-être légèrement hagard et la voix chevrotante, coupée par une déglutition laborieuse.

« Oui… tu disais ? Ça te va alors ? »

Je me gratte le cou sans vraiment prendre la peine de le faire avec délicatesse. J’ai plus important à faire que de m’apitoyer sur mon sort… Mais j’ai envie de tout retourner dans la pièce.

C’est comme un raz-de-marée qui prend de l’intérieur… Et ses mots ! Ses mots… ses mots tournent en boucle dans mon crâne, tantôt empreint de souffrance, tantôt empreint de haine.

« Je vous en supplie ! Ne me tuez pas... Je vous en supplie ! Ne me tuez pas… Je vous en supplie ! Ne me tuez pas... »

Je respire profondément, de façon régulière. Je ne peux pas sombrer. Non, je ne peux pas sombrer : je dois me relever. Mais les mots continuent leur farandole, et la voix de Hector poursuit ses suppliques - résonnant de plus en plus comme des reproches - sans jamais s’arrêter.

Fait effrayant, j’ai beau essayer de la faire taire, je n’y parviens pas ; au contraire des insectes imaginaires que j’étais capable de chasser en clignement d’yeux, cette voix refuse de se taire, comme si elle était réelle et autonome.

« … Rosen… ne me tuez pas ! »


c’est insupportable...

« J’ai mal au crâne… me plains-je dans une expiration de souffrance en prenant ma tête entre mes mains. J’ai mal au crâne ! » 

Puis je la lâche pour me gratter à nouveau, prenant de grandes respirations pour m'apaiser malgré ce vacarme mental.

« Alors, c'est bon ce que j'ai écris ? »


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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyMer 12 Jan 2022 - 18:01
Alaric perçut les tremblements de la baronne, aussi rapides que les battements de son cœur. Ses mains s'étaient crispées sur le bureau, posées au-dessus du parchemin. De toute évidence, les caractères qui ornaient le manuscrit l'avaient secouée. Alaric pesta mentalement : il était incapable d'en comprendre le sens et, par extension, de comprendre les réactions de Rosen. Malgré sa réponse relative à sa lettre, le soldat n'était pas dupe. Elle n'était pas obligée de lui dire ce qui l'avait bouleversée, même s'il était inquiétant de la voir dans cet état. Alaric ne savait déjà plus comment se comporter avec elle et ce trouble soudain ne l'aidait en rien.

ça me va, confirma-t-il, avant de scruter à nouveau le parchemin mystérieux.

Les caractères tracés étaient différents de ceux de la blonde. Les siens étaient plus maladroits, les traits moins naturels, l'encre dépassait en certains endroits. Peut-être était-ce celle d'Hector ? C'était la solution la plus plausible.

Les plaintes de Rosen le sortirent de sa rêverie. Interdit, il ne sut que répondre ; ses yeux se portèrent instinctivement sur la porte fermée, comme s'il espérait que Marie-Ange choisirait ce moment adéquat pour pénétrer dans la pièce. La prêtresse aurait sans doute été plus efficace pour contrer les maux de tête. Alaric grimaça avant de reporter son attention sur la baronne. Elle semblait si faible, la tête ainsi enserrée de ses mains. Recroquevillée sur le bureau, dévorée par – il supposait – des remords et des craintes qu'il ne soupçonnait pas. L'espace d'un instant, il oublia les reproches et la colère qui l'avait habité ces derniers jours. Peut-être l'avait-il jugée trop sévèrement ? Ses doutes s'envolèrent lorsque Rosen changea d'attitude d'un claquement de doigts. Le soldat hocha la tête – il lui avait déjà répondu quelques minutes plus tôt – et la dévisagea un bref instant. Ou peut-être qu'elle était complètement folle. Détraquée par les aléas de sa vie, modulée par des traumatismes aussi bien récents que plus profondément enfouis. Mais elle était la baronne et il n'était qu'un soldat. Alaric inclina doucement la tête.

Pas besoin de noter une seconde fois, je vais demander à Eïlyn de coder la lettre.

Il attrapa le parchemin et le roula avec précaution, veillant à ne pas tâcher l'encre à peine séché. Le manuscrit glissé sous le bras, il balaya les alentours du regard, mal à l'aise.

Maintenant, tu devrais te reposer, conseilla-t-il. Eïlyn et moi avons géré le bourg pendant une semaine, ce n'est pas pour un jour de plus.

Il désigna son ventre arrondi du menton.

Si tu ne veux pas le faire pour toi, fais le au moins pour lui. Dès ce soir, tu auras un garde auprès de toi en permanence. Je te raccompagne à ta chambre ? proposa-t-il.

Cette entrevue n'avait pas été aussi catastrophique que prévu. Il avait obtenu toutes les informations qu'il avait désirées, et même d'avantage. Il n'avait pas dû pousser la blonde à la confession, à sa grande surprise – et son grand soulagement – elle avait abordé le sujet d'elle-même. Mieux encore, elle avait suggéré une garde rapprochée, ce que le capitaine comptait bien utiliser à son avantage. Il ne croyait pas que la baronne était en danger tant que l'accouchement n'avait pas eu lieu, bien qu'elle refusât de lui donner tous les détails. Ce dont il tiendrait compte : Rosen pouvait lui reprocher de ne pas tout lui dévoiler, mais elle-même gardait secrètes bien des choses. Elle lui divulguait ce qu'elle voulait bien et il en avait fait de même. Après tout, tous deux avaient choisi des chemins bien différents. Mais le combat, finalement, semblait demeurer le même.


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MessageSujet: Re: Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric]   Cesser d’écoper ; redresser le navire [Rosen x Alaric] EmptyMer 12 Jan 2022 - 20:52


Cesser d’écoper ; redresser le navire
Rosen feat Alaric


Au travers de cette affreuse leitmotiv qui s’obstine dans ma tête, je perçois que ça lui va. Une bonne chose de faite. Je passe ma main sur mon visage lourdement, puis me redresse un peu, toujours fatiguée, toujours cette voix persécutante dans la tête que je me décide à ignorer avant qu’elle ne me rende réellement folle.

Lui, il regarde le testament intrigué, mais à aucun moment, il ne cherche à savoir. Lui ai-je seulement dit ? Non, je crois que je n’en ai pas eu l’occasion. Me l’a-t-il demandé ? Non, je viens de le réaliser. A aucun moment, il ne m’a demandé ce qu’il en était.

Comme je pensais finalement qu’il allait me demander ce que c’est, ce qu’il se passe, il ne dit rien, pas une question. Et alors que je le regarde et que je me sens prête à fondre en larmes, que j’allais pour expliquer pour Hector en prenant le parchemin, je n’ai pas le temps de placer le moindre mot qu’il me dit alors qu’il va emporter la lettre pour Morn comme ça pour la faire réécrire.

Sans même que je sache ce qui sera concrètement réécrit en mon nom. Oh, peu importe de toute façon. Il veut me ramener à ma chambre et m’envoyer un garde rapidement comme convenu.

« Oui, tu peux me raccompagner... »


Je pourrais tout aussi bien aller me jeter du haut des remparts. Tout serait fini… j’en aurais fini avec cette interminable torture. Je range le testament à sa place sans essayer à nouveau d‘expliquer quoi que ce soit. Je récupère la chevalière de Hector comportant le blason de Sombrebois que je tends à Alaric.

« Pour cacheter la missive... tu me la rapportes dès que c’est fait, d’accord ? »


Ma voix tremble toujours. J’ai besoin de chaleur… de quelqu’un à serrer contre moi. Mais il vaut mieux que je reste seule, c’est mieux pour tout le monde. Dans quelques jours, tout ira mieux. Quelques jours… je dois juste tenir quelques jours encore.

Je vais aller dans ma chambre, m’effondrer dans le lit… et rester cloîtrée jusqu’à demain au moins. Tant pis pour Mérédith, le bain chaud après le long voyage, le repas convivial et le réconfort d’une ambiance familiale. Ça attendra encore.

Je pose ma main sur ma poitrine, mais cette fois, ce n’est pas pour me gratter. J’étouffe… Je regarde Alaric et pendant une seconde, j’ai l’impression à nouveau que je vais fondre en larmes et me jeter dans ses bras pour lui dire que je suis désolée et lui demander de rester avec moi. Mais je me reprends de justesse, j’inspire juste brièvement et bruyamment à cause de l’oppression, me lève puis souris.

« Allez ! »

Un sourire et un regard sans doute bien tristes.

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