Marbrume


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 [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyJeu 5 Mai 2022 - 22:59
Genevray, le 28 Février 1167

Enfin ! Genevrey était enfin en vue pour les hommes du convoi. Que ce soit Théophile, ses camarades ou même les convoyés, ils étaient tous heureux de voir les palissades du village. Même si les risques étaient moins importants sur cette partie de la route que dans les marais, le danger n’était pas inexistant. Chef s’était efforcé de le leur rappeler avant le départ d’Usson.

Pourtant, l’ambiance avait été bien plus détendue que ce qu’ils avaient pu connaître sur la première partie. Tous étaient restés aux aguets, silencieux, mais la chape de plomb ne pesait plus sur leurs épaules. Etait-ce l’absence de la frondaison luxuriante et lugubre qui allégeait ainsi les esprits ? L’archer ne le savait pas. Tout ce qui lui importait était que, deux heures plus tard, il se retrouva dans le petit village, assit devant une assiette de ragoût fumant. Le borgne tenta de ne pas dévorer mais la faim avait eu raison de la bienséance et c’est aussi goulûment que les autres qu’il engloutit.
Une partie de dé, puis une autre, et encore une autre s’enchaînèrent avant que le sommeil des justes n’aient raison d’eux.

Genevray, le 29 Février 1167

Au petit matin, les hommes se retrouvèrent à nouveau autour de la table, profitant d’un petit-déjeuner aussi copieux que possible, se préparant à reprendre la route. Chef, qui manquait jusque là à l’appel, s’approcha et s’assit lourdement sur le banc de bois.

« Nous ne partons que demain. Un des convoyés a un problème avec son matériel et du coup ils annulent le départ. De ce que j’ai cru comprendre, c’est l’un de ceux qui a le plus d’argent dans ce bled. On nous a dit que si on voulait être sûr de repartir demain, il fallait l’aider à trouver le coupable et s’assurer que ça ne recommence pas. »


Chef soupira. Ses traits étaient tirés et c’était compréhensible. Leur détour à Genevray n’était déjà pas prévu et le retard non plus. Cela leur faisait trois jours imprévus dans le planning qu’on leur avait annoncé. Que ce soit lui, Papa ou même Grincheux, ils avaient des familles à retrouver à Marbrume. Des familles qui seraient inquiètes de ne pas les voir revenir au moment prévu. Les trois miliciens bougonnaient, la contrariété les avaient démoralisés.

D’un regard, Théophile s’accorda avec Puceau et Le Rouquin. Eux aussi n’étaient pas ravis de rester un jour de plus à l’extérieur pour cette première sortie mais ils étaient capable de passer au-dessus. Même si la fatigue des jours précédents était présente, ils avaient pu profiter de la soirée de la veille pour reprendre visage humain, laver leurs affaires et récupérer un peu d’énergie. Suffisamment pour se lever et s’avancer vers les lieux du crime.

« Finissez le petit-déjeuner, on va s’avancer voir ce qu’il en est. »

Au passage, le borgne tapota l’épaule de son gradé. Il ne le laisserait pas tomber et ferait son possible pour qu’il retrouve ses femmes au plus vite. Ils étaient une équipe pour le meilleur et pour le pire.

Le trio tenta de trouver l’origine de leur problème et on leur indiqua un endroit proche de la sortie du village. Un marchand, relativement richement vêtu, vociférait et beuglait contre un pauvre milicien en poste ici. Entre deux cris, il battait des bras et montrait parfois une charrette proche d’eux. Elle était vandalisée. Pas juste une roue cassée. Non, ça aurait été considéré comme un simple accident.

La ridelle avait était rayée sur tout du long, et ce n’était pas tout. Le pourtour entier était décoré de dessins pas très flatteurs. Entre autres, Théo pouvait apercevoir au moins deux services trois pièces, des seins, des cochons…Il y avait des formes qu’il avait du mal à déterminer, même en s’approchant un peu plus.

« Ah vous voilà enfin ! J’espère que vous serez un peu plus utile que Régis ! Trouvez ma femme, je suis sûr que c’est cette mégère qui a fait ça ! Je vais chercher quelqu’un qui pourra s’occuper de cette horreur. »

Sans plus d’explications, le marchand déguerpis d’un pas décidé et l’air toujours aussi fâché. Le pauvre Régis laissa échapper un soupir de soulagement et salua ses collègues.

« J’pensais pas que M’sieur Notré trouverais un moyen de vous enquiquiner vous aussi. Pauv’ Sarah, elle s’est mariée à c’type mal léché et elle s’retrouve coincée avec lui. L’problème c’est qu’lui il va voir ailleurs, alors c’est normal qu’elle soit en colère. Elle a déjà sacagé leur grange, et une aut’ fois le poulailler d’une des amantes de son mari. Même si j’comprends faut la trouver. Elle est pas vraiment en sécurité à l’extérieur de Genevray. J’vais rester là pour gérer M’sieur Notré, j’vous laisse la trouver. »


« Bon courage l’ami, on la ramènera et on va voir ce qu’on peut faire pour calmer la situation. »

Même si Le Rouquin et l’archer avaient eut envie de rire en s’approchant, et avaient eu du mal à cacher leur hilarité face au marchant irrité, le discours de leur camarade les avaient calmé. Ils se doutaient bien ce qui attendait l’épouse bafouée à son retour. Au mieux des remontrances, au pire une sacré correction. Théo n’avait jamais usé de la force envers Alice. Les Dieux en soient témoins, jamais il n’avait même pensé à lui faire du mal. Même lorsqu’elle l’avait déjà eut agacé, poser sa main sur elle pour autre chose qu’une caresse était impensable. Pourtant, il savait bien que certains hommes n’avaient aucun respect pour la gente féminine, ne les traitant que comme des objets ou des faire-valoir.

En soupirant, les trois miliciens marbrumiens s’éloignèrent à leur tour, réfléchissant à la manière d’orienter leur recherche. Ils ne savaient pas depuis quand le délit avait eu lieu.

« Je vais voir si je trouve des traces. »

Le Rouquin revint sur ses pas après ces quelques mots jetés de sa voix nasillarde. Pisteur aguerri, il trouverait des preuves si il y en avait près du lieu du crime. Ne restait que Puceau pour l’accompagner à la chasse au dahu. Le garçon, peu loquace, était observateur, mais très mauvais pour la quête de témoins que l’archer allait entreprendre. Cependant, Théo avait déjà observé un phénomène étrange. Les femmes étaient assez friandes de son côté timide, quelque chose à voir avec de la mignonnerie, et il était peut-être finalement un atout.

D’ailleurs, sa première cible apparut près d’eux à ce moment là. Une femme, un peu plus âgé que lui après une étude rapide de son joli faciès, marchait vers la sortie de Genevray. Ses traits creusés lui apportaient le charme de l’expérience et il avait fort envie d’utiliser le prétexte de leur enquêter pour observer les changements qui pouvaient intervenir dans ses pupilles sérieuses.

« Bonjour Madame. Désolé de vous déranger, mais auriez-vous vu quelque chose concernant la charrette stationnée là-bas ? »

Un sourire charmeur et engageant vissé sur son visage, le borgne désigna ledit chariot, source de leurs ennuis.

« Ou une femme aux cheveux noirs, d’âge moyen, à l’air furibond ? »

Régis leur avait vaguement décrit Sarah avant de les laisser enquêter. Bien qu’il n’ait pas précisé qu’elle était en colère, il fallait au moins ça pour en arriver à ce genre de forfait.

Le soldat abaissa la voix, un air malicieux sur son visage et s’adressa à son témoin potentiel d’une manière conspiratrice. L’amusement qu’il laissa échapper indiquait que l’affaire était aussi ridicule qu’elle n’y paraissait au premier abords. Pourtant l’homme avait de l’argent, et c’est ce qui lui permettait d’exiger à ce que tout ceci soit pris bien plus au sérieux que cela ne devrait l’être.

« Pour tout vous dire le propriétaire de la charrette a décidé d’aller faire un tour de trop au bordel et sa femme n’a pas vraiment apprécié...La charrette n’a pas été sa seule manière de montrer son mécontentement mais c’est certainement la plus...impressionnante. »

Et la plus ridiculisante pour son époux. En tous cas, le borgne appréciait cet humour potache de bas étage. Après tout, il restait un grand enfant malgré sa taille bien au-dessus de la moyenne.



Dernière édition par Théophile Castaing le Ven 16 Déc 2022 - 22:33, édité 1 fois
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GuillemettePaysanne
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyVen 6 Mai 2022 - 18:48
Le matin est bleu gluant. Quand le soleil a point, il est resté grillagé derrière des stries de nuages noirs comme du charbon, bavant leur lassitude sur les têtes des grands rouvres décharnés. Je laisse filer le troupeau au ruisselet d'argent qui gazouille sous sa gelée et fait tinter les herbes raides de givre. Une énorme peau de mouton, jetée sur mes épaules, frisotte jusqu'à mes oreilles, et je souffle dans mes doigts en suivant d'un regard long la lente dérive des nuages.
J'envoie Capscha au cul du troupeau, et lui signe de les bifurquer à ma gauche, vers l'amont du ruisseau. File, je te rejoins. La chienne bondit en rasant la terre et, dans une bousculade silencieuse, emporte le bétail.

Je dois descendre au village ce matin, le pain, le vin, et les oignons manquent. J'ai une outre de lait tiède, une de mes chèvres donnant plus qu'il n'en faut à son boiteux de petit. La Marianne me l'échangera bien contre quelque rouleau de chou cuit. Je ne cuisine pas. Je ne mange que par nécessité. Et je me débrouille avec les bois. Alors le chou cuit au bouillon de lard, je me l'offre comme une étrenne.
Ma besace à l'épaule, j'engage ma descente par mon petit chemin vert : je l'appelle ainsi parce qu'il est tapissé de mousse de l'hiver à l'hiver, et que ça lui fait comme une grosse peau qui mue à chaque printemps et qui le serre gentiment au cou. Il me mène au village.

Plus tard, je sors de la taverne durcie comme une pierre : mon lait n'a pas fait de petits ce matin, une flopée de miliciens a dévoré tout le chou la veille. La Marianne m'a lâché un sourire las sur un haussement de son épaule de génisse, et me l'a payé. J'ai pris une miche de plus, pour la peine, une de celles dans laquelle ils disent mettre de la crème de brebis. Ils disent, parce qu'il faut avoir la langue pointue pour le sentir, mais ça donne quand même un doré plus rond, plus roux, et rien que pour ça, on la lui achète.

J'atteins les portes quand on me hèle, d'une voix qui roucoule comme une laie à ses marcassins. Je me tourne. Ils sont deux hommes, miliciens pleins de mon chou, et c'est le grand qui me fait des douceurs de voix et de visage. Le grand, dont le visage régulier se fait des plis aux joues dans son sourire lisse, dont un oeil gris et plat se perd dans le lointain, et qui joue à me faire des courbettes pour m'intéresser à son affaire. Le petit, brun de noisette, me suit d'en dessous de ses sourcils avec une douce passivité. Je reviens au drôle qui fait le serpent dodelinant :

« Pour tout vous dire le propriétaire de la charrette a décidé d’aller faire un tour de trop au bordel et sa femme n’a pas vraiment apprécié...La charrette n’a pas été sa seule manière de montrer son mécontentement mais c’est certainement la plus...impressionnante. »

J'ai une oreille distraite, et j'ai déjà oublié ses deux premières injonctions. Peu importe me semble-t-il. Une histoire de fesses. Je me crispe. Oui, vaguement, tout à l'heure, je me souviens que j'entendais brailler depuis chez le boulanger. Et ça ne braille pas tant par ici. Mais mon appétit refoulé m'a irrité les sinus, et je n'y ai pas accordé plus d'attention. Je me prépare à me défaire comme d'une tique des deux miliciens quand une exclamation brève, tombant à plat contre les arbres derrière nous, indiquant la mollesse de l'élan de l'envoyeur, m'interrompt.

Un troisième larron remonte à nous. Nous sommes presque extirpés du dernier goulot de masures du village, et les bois sombres, bleus de gel, grondent juste derrière nous. Le troisième milicien, rouge de poil comme une courge, ahane en grinçant qu'elle aurait été vue monter par ici. Je grimace d'ennui.

" Quand ça ? "
" Y'a pas une heure. "
Un gloussement du borgne.
" Elle a filé juste à temps ! "

Je m'apprête à m'échapper discrètement quand, appuyant de son ton enjôleur, ce dernier ajoute vitement :

" Où mène ce chemin, s'il vous plait ? "

" Nulle part. Ma grange. Et mes bêtes. " Je siffle presque, je me vois comme secouant mes chevilles empoignées par la vase. Le charmant milicien a un ronronnement de gorge qui me donne des envies de sourire. Et je n'aime pas quand mon visage se dénoue malgré moi. J'ai passé l'âge. Je darde un oeil noir comme les troncs qui s'emmêlent dans mon dos sur son sourire avenant.
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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyMer 11 Mai 2022 - 18:45
Le témoin n’était pas loquace, c’était le moins qu’on puisse dire. Pourtant, les femmes étaient connues pour leur propension à avoir la langue pendue. Il y avait toujours des exceptions à la règle et celle-ci semblait en être.
Avant que l’archer ne puisse creuser ce sujet, Le Rouquin revenait déjà vers eux avec ses premières conclusions.

« J’ai trouvé des traces. Elles vont vers là-bas. »

Le doigt du pisteur indiquait un chemin qui partait du village et s’enfonçait dans la nature environnante. Pourquoi la femme aurait-elle quitté ainsi la sécurité du village ? Craignait-elle à ce point son mari ?
Le borgne fronça un instant les sourcils en se posant ces questions, mais les réponses ne viendraient que quand ils l’auraient retrouvée. Ils savaient donc par où commencer, restait à espérait qu’elle ne soit pas partie dans un endroit inaccessible, ou qu’elle ne soit pas tombée aux mains de quelques bandits qui rôdaient. Ils devaient faire vite. Plus ils s’attardaient ici, plus elle prenait de l’avance. Sans savoir quelle était l’ampleur de leur retard sur leur cible.

«  Quand ça ? »
« Y'a pas une heure. »

La maline avait réalisé son méfait juste avant que le village ne s’éveille complètement. Son mari y compris. De ce que Théophile avait remarqué quand le marchand repartait, même si il était richement vêtu pour le coin, il n’en restait pas moins que tout avait été enfilé à la va-vite. Le gars en charge de préparer la chariote pour le voyage avait du réveiller son patron en constatant son absence.

« Elle a filé juste à temps ! »


Se rendant compte que leur témoin était toujours là, malgré que ses pieds avaient commencé à se tourner pour partir, l’archer en profita pour lui demander des renseignements supplémentaires. Après tout, elle se dirigeait vers ce même chemin que Le Rouquin venait de désigner. Sans doute pourrait-elle au moins leur donner quelques indications.

« Où mène ce chemin, s'il vous plait ? »


« Nulle part. Ma grange. Et mes bêtes. »


Théophile haussa les sourcils. Il ne s’attendait pas à une issue unique. Et les Dieux avaient décidé d’être miséricordieux avec les miliciens malchanceux en leur amenant sur un plateau celle qui pourrait les aider à résoudre au plus vite leur problème. La fugitive ne s’était probablement pas dirigée par-là au hasard. Pensait-elle que personne ne viendrait fouiller dans ce coin ? Une route avec une unique destination ne devait pas voir beaucoup de monde passer. Connaissait-elle la femme face à lui ? Ou croyait-elle ensuite pouvoir partir dans les alentours sans que personne ne le remarque ? Ils ne pourraient le savoir qu’en s’y dirigeant.

Le milicien ne comptait pas lâcher leur témoin si facilement. Si c’était chez elle par là, elle pourrait les mener et leur indiquer d’éventuelles cachettes. Ou si toutes les deux étaient effectivement des connaissances, et pourquoi pas des complices, garder un œil sur elle serait une bonne idée. Ne sachant pas dans quelle case la ranger pour l’instant, le borgne se rapprocha et baissa le tête, histoire de créer une certaine intimité.

« Votre grange ? Que diriez-vous de nous servir de guide, Madame...? »

Demander le nom de quelqu’un était souvent la première étape pour instaurer un pont entre deux personnes. Mais un gentleman se présentait en premier.

« Pardon, j’en oublie la plus élémentaire des politesses. Je suis Théophile Castaing. »

Le milicien effectua une légère courbette, comme l’on en faisait à une dame d’un rang plus élevé, puis il montra ses deux camarades tour à tour.

« Et voici mes camarades Thibaut Dubost et Barthélémy Tastet. Nous sommes des miliciens de Marbrume et on nous a demandé de prêter main forte pour régler au mieux cette histoire. »

Puceau tenta de ne pas détourner le regard en se sentant un instant l’objet de l’étude de la femme. Il perdit la bataille et finit par regarder les bois avec le bout des oreilles rouges. Cela arracha un sourire à l’archer, alors que Le Rouquin tentait déjà de trouver d’autres signes qui les renseigneraient sur la criminelle.
Cela remémora à Théophile l’une de ses réflexions. Il n’était pas exclus que la brune leur cache une amitié avec la fugueuse. Si c’était le cas, elle devait comprendre qu’ils étaient des alliés dans cette histoire. Sa mine se fit un peu plus sérieuse, bien que toujours avenante. Le milicien était concentré sur le message qu’il tentait de faire passer

« Ecoutez. Je ne sais pas si vous connaissez la femme que l’on cherche ou non. Mais si c’est le cas, soyez assurée qu’elle n’a rien à craindre avec nous. Je vous promet de faire mon possible pour que son mari ne puisse rien contre elle si c’est bien lui qui a commis le premier une erreur. Et même si ce n’est pas le cas, je me tiendrais entre lui et elle si il tente de lui faire du mal. »

L’intensité avec laquelle il retenait l’attention de sa vis-à-vis se relâcha et son bras montra la direction de ce qui était visiblement le royaume de ce joli brin.

« Après vous.»
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GuillemettePaysanne
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyDim 15 Mai 2022 - 18:35
« Votre grange ? Que diriez-vous de nous servir de guide, Madame...? »

Je m'en ébrouerai presque d'irritation. Il ne me laisse pas l'occasion de me glisser entre les pierres jusqu'à mon chemin vert qui point un cheveu de mousse juste après les premiers arbres. La voie, large comme deux boeufs à la sortie du village, se noie vite, dévorée d'écorces et de buissons, dans le ventre du bois. Mon chemin vert s'en va sinuer depuis le premier coude de la route mourante, monte sur la gauche assez raide, et s'allonge puis s'étire en tentacule fatigué jusqu'aux abords de ma grange.
Mes bêtes m'attendent. Je n'ai pas le temps. Mais il enchaîne déjà. Me demande mon nom, me donne le sien, me fait salut moqueur, m'huile de chatteries et d'oeillades et j'en voudrais rire et gronder à la fois.

« Et voici mes camarades Thibaut Dubost et Barthélémy Tastet. Nous sommes des miliciens de Marbrume et on nous a demandé de prêter main forte pour régler au mieux cette histoire. »

Je lorgne ses deux acolytes. Le petit fait chuter son front presque trop vite pour que mes yeux ne croisent les siens, et l'autre les yeux comme une truffe de chien, fouine déjà les alentours. Je soupire, soudain lasse. Que les tourments divins me les étouffent, ces miliciens...

« Ecoutez. Je ne sais pas si vous connaissez la femme que l’on cherche ou non. Mais si c’est le cas, soyez assurée qu’elle n’a rien à craindre avec nous. Je vous promet de faire mon possible pour que son mari ne puisse rien contre elle si c’est bien lui qui a commis le premier une erreur. Et même si ce n’est pas le cas, je me tiendrais entre lui et elle si il tente de lui faire du mal. »

Son babil est sans fin. Il feint de ne voir ma réticence, et je me suis contrainte, face à lui, les talons plantés dans la terre, à l'attendre jusqu'au bout. Je manque de lui siffler au visage que si peu m'importent ses histoires qu'il pourrait aussi bien les conter au cul de mes brebis. Mais je garde les dents bien serrées, les mains ouvertes et ballantes, et j'attends.

« Après vous.»

Après moi donc. Allez farfouiller par mon coin. Peu me chaut.

Je ne réponds pas, pivote sur mes pieds, et m'engage sur la route. Les quelques pas qui nous séparent de la lisière sont franchis avec raideur, puis, dès que je bifurque sur ma gauche et intègre, entre deux buissons mous et hirsutes, ma petite voie de chevreuil, je me sens m'assouplir. Je jette un oeil en dessous sur mes suiveurs attentifs. Le borgne sourit toujours, bien qu'un pli barre étrangement son front. Le rouge darde de tout côté ses yeux pointus, et son air absorbé me plaît. Je ne vois que pointer le haut du crâne du dernier bonhomme. En me retournant, je croise l'oeil de mon interlocuteur, et me détourne sèchement.

Entre les troncs dodus et les roches si grises qu'elles en luisent, nous ahanons quelques centaines de pas. Le quart d'heure passé, ma grange lugubre, aux cloisons mal agencées et au pignon noir coiffé en frontal du tronc entier d'un grand pin sombre, à la porte large, à deux pans, à travers laquelle on devine la litière de branches jaunes dont j'ai tapissé le sol, nous lorgne d'un regard coulé peu engageant.

" Permettez-vous de chercher. Moi, j'ai mes bêtes à retrouver. Je n'ai rien vu, je ne sais rien, je vous laisse vaquer ici comme bon vous sembl... "

Un roulement de tonnerre m'interrompt et je bondis sur place. J'ai ma grange derrière les épaules, et là, à gauche, se déverse bien vite mes trente brebis et chèvres, Capscha furibarde claquant des mâchoires à leurs épaules. Dès qu'elle me voit, elle vient buter son corps brun contre mes genoux avec un gémissement ulcéré, tandis que tout mon petit monde se jette contre la porte fermée de la bergerie.

Je réfléchis à toute vitesse, commence à m'éloigner de la porte en trillant pour recentrer les yeux idiots et affolés des brebis sur ma silhouette, et me fais ainsi encercler de nuages sales et de quelques branches de cornes torsadées. Mes yeux se braquent sur là d'où leur fuite est venue.
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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyDim 22 Mai 2022 - 10:59
Sans un mot, le témoin guida les miliciens à travers le chemin touffu. Les trois compères se glissèrent dans leurs rôles respectifs sans avoir besoin de se consulter.
Le Rouquin continuait naturellement son travail de pistage. Que ce soit les traces au sol, la manière dont la végétation se présentait, ou d’autres signes que seul un homme expérimenté comme lui connaissait, il se focalisait sur chaque détail.
Le borgne continuait de surveiller la femme, qui n’avait pas daigné se présenter. Il devait déceler chez elle le moindre comportement suspect et enregistrer tout ce qui pourrait leur servir par la suite. Comme la fois où elle se retourna pour vérifier leur présence. Bien qu’ils étaient trois, deux d’entre eux étaient habitués à déambuler dans les bois et savaient se faire relativement discret.
Seul Puceau, un pur produit de Marbrume, était plus bruyant. Sa carrure, modelé par l’exercice courant, était trapu et lourde. Sa musculature et son habileté à l’épée lui donnaient d’ailleurs le rôle de chaperon, s’assurant que ses collègues soient à l’abri d’une attaque surprise. Tout du moins, autant qu’il le puisse.

Ils finirent par déboucher sur une grange, sans doute celle de la dame, et qui était en fort mauvais état. Mais ce n’était pas étonnant. Après tout, la vie était difficile ici, en dehors du village. Les journées devaient déjà être suffisamment remplies et le temps à accorder à ce genre de travaux proche du néant. Dans le peu de discussion qu’ils avaient eu, Théophile n’eut pas l’impression qu’un homme partage son destin. Après tout, elle l’avait confirmé en disant « ma grange » et en n’ayant personne à prévenir pour la présence des miliciens.

Permettez-vous de chercher.

Elle n’hésita pas un seul instant, n’ayant décidément pas de compte à rendre à quiconque. Elle seule était maître à bord, avec à priori un troupeau à gérer. Sans qu’elle n’ait indiqué de quels animaux elle s’occupait.

La réponse vint d’elle-même lorsque lesdites bêtes se présentèrent à eux. Enfin, pas tout à fait. Les caprins tentaient de rentrer dans le bâtiment, comme si Etiol était à leur poursuite. En soit, des bêtes qui courraient, ça n’avait pas forcément quelque chose d’intriguant. Mais quelque chose dans leur comportement était inhabituel. C’est ce que dû ressentir le chien présent, tentant de remettre le troupeau en ordre avant de venir se réfugier près de leur témoin.

De suite alertés, les trois hommes d’arme sortirent leur attirail de combat. L’archer eut une flèche prête à partir en un clin d’oeil, le pisteur eut ses dagues en mains tout aussi vite et le dernier compère, tel un berserker, attendait leurs ennemis ses lames dressées, un air farouche peint sur ses traits.

Bientôt une silhouette se dressa à l’horizon. Sa démarche laissait présager un humain simple. Ils n’avaient pas à craindre de devoir faire face à l’une des créatures qui peuplait les cauchemars de tout homme de l’époque actuelle.
L’arrivée de deux silhouettes supplémentaires contrebalança la relative bonne nouvelle. Si ces trois-là avaient effrayés les bêtes et les pourchassaient jusqu’ici, c’est probablement qu’ils essayaient de s’emparer de l’une d’entre elle. Même si ils n’avaient pas affaire à la Fange, ils en subissaient directement les conséquences. La pauvreté et le malheur s’était abattu sur les survivants, entraînant certains dans des sombres chemins.

Pourtant, quelle que soient leurs raisons pour ce vol, il n’en restait pas moins que c’était un crime que des miliciens ne pouvaient laisser passer. Les choses allaient s’envenimer et la femme habitant ici ne pouvait rester à l’extérieur.

« Rentrez dans la grange, on s’occupe de ça ! »

Théophile lui désigna son habitay de la tête, son air charmeur totalement envolé. Se battre à trois contre trois ne leur posait pas particulièrement de problème. Ils étaient des hommes entraînés et n’en étaient pas à leur première escarmouche. Pour autant, comme tout combattant avisé, ils ne sous-estimaient aucune échauffourée. Surtout pas sans savoir de quel bois ces types étaient faits.

Les voleurs pouvaient être de simples malheureux réduits à l’errance à cause de la fange ou des bandits rodés et ce, depuis de nombreuses années. Dans tous les cas, ils avaient appris que des armes étaient nécessaires et avaient sortis les leurs. Même si ils étaient encore loin, la bonne vue de Théophile sur son unique pupille lui permettait de voalider qu’il ne s’agissait pas de simple bâtons.

Suffisamment convaincu de leur intentions, le borgne se mit en position de tir ici-même. Aucun endroit dans les alentours n’était suffisamment accessible pour lui offrir un point de vue en hauteur, il devrait se contenter du sol pour le moment.
Il ajusta sa visée, pour prendre en compte la distance et le léger vent qui soufflait, et lâcha la corde. Et l’archer ne s’était pas trop trompé dans ses prévisions car la flèche s’était fichée dans le bras droit du gus du milieu, le stoppant dans sa course avec un cri de douleur.

Lancé de dés:
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GuillemettePaysanne
Guillemette



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyLun 1 Aoû 2022 - 12:12
Trois grosses silhouettes bâtardes émergent de derrière le rideau de feuilles charnues et sombres. Je fais face à ma grange, mes miliciens à ma gauche, mon troupeau en fouillis s'emmêlant entre eux et moi, et les arrivants à droite. Je vois deux paires d'épaules si lourdes qu'elles tombent, empâtées de bras épais comme des cuisses et dont les coudes saillent comme des genoux. Le troisième, aussi aigu qu'une charpente, se tient très raide, et allonge les jambes avant le torse. Ils sont tous armés.

Je sens trembler un peu mes joues et mes mollets. Pour atteindre la grange, close, je dois passer entre les combattants.
Que nenni.
A l'instant où siffle une flèche, je souffle sec en pivotant sur mes talons. Un jappement aigu vrille le troupeau à mon sillage d'un bond angoissé, et Capscha s'élance à leurs jarrets.
Je jaillis par-dessus le premier lit de broussaille qui ceint ma grange et d'un KAI puissant, je chasse mes bêtes plus au fond du bois, les mains tenant mes jupes sales, pendant que les basses branches me rayent le crâne. Je m'accroche un pied dans une racine, et, fauchée par l'élan du troupeau, m'écrase entre deux jeunes troncs, le front sur un roc saillant.
Le souffle coupé, je laisse filer les sabots et leur tonnerre avant de me relever. Des cris ont éclaté dans mon dos. Je respire, à genoux, quelques sèches et rauques goulées d'air, avant de me retourner.
Qui sont ces hommes ? Et pourquoi ? Pourquoi ici ?
Des épées contre des brebis ? Absurde. Totalement absurde.


J'halète encore un peu, et m'essuie le front. Du sang me rigole jusque dans le sourcil gauche. J'hausse les épaules et me relève lourdement. Le troupeau est avec Capscha. Je ne m'en fais pas.
Je n'ai pas d'arbre apprêté, si près de ma grange, alors je me glisse vers le lieu de combat aussi prudemment que mon souffle battant de l'aile et mes genoux usés me le permettent. De tronc en tronc, j'entends enfler les bruits de combat.
De nouveau ramassée sur mes cuisses tendues, chevilles tremblantes de tension, je risque un regard entre les buissons.
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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyMer 3 Aoû 2022 - 21:38
Les pas de la bergère s’éloignèrent en même temps que les sabots des chèvres. Ce brouhaha, auquel les aboiements du chien contribuaient non sans mal, n’empêcha pas les trois miliciens de continuer à surveiller les bandits du coin de l’oeil.

Celui que Théophile avait blessé était trop préoccupé par la flèche dans son bras pour penser à poursuivre sa cible ou s’attaquer à qui que ce soit. Prostré, endolori, sa main était suspendu au-dessus de la hampe de bois sans qu’il n’ose la toucher. Ou peut-être avait-il essayé avant de se rendre compte que c’était une mauvaise idée.
Puceau et le Rouquin avaient chacun fait face à un adversaire et l’archer ne pouvait pas vraiment tirer sur l’un d’entre eux au risque de blesser ses amis. Sa seule solution fut de mettre le troisième larron, celui qui lui avait déjà servi de cible, en ligne de mire. Ce dernier s’en aperçu bien rapidement et bafouilla, la peur vissé au ventre.

« No...Nooon ! S’..S’il vous plait ! Pi...Pitié ! »

Le regard dur, le borgne faiblit pas. Après tout, avaient-ils eut de la pitié pour la femme dont ils avaient attaqué le domaine ? Qui sait de quoi ils auraient été capable si les miliciens n’avaient pas été sur place ? Mieux valait ne pas tenter de l’imaginer. Pour autant, Théophile n’était pas un adepte de la violence inutile. Il allait leur laisser une seconde chance, leur permettre de déposer les armes avant qu’il ne leur arrive quelque chose de malheureux. Car il ne faisait aucun doute que les tuniques vertes avaient déjà l’avantage.

« Rendez-vous ! Ou faites face aux conséquences ! »

Les malfrats qui tentaient encore de se battre n’avaient ni la même force, ni la même technique que les miliciens. Un seul coup d’oeil à leur comparse blessé leur suffit à se rendre compte qu’ils étaient désavantagé. Sans demander leur reste, ils fuirent vers les bois, laissant sur place le poids mort. Un véritable aperçu de qui était ces types…

Le Rouquin jura et s’élança derrière eux, lâcha quelques mots aux passage.

« Reste avec la fille, on s’occupe d’eux »

Avant qu’il n’aille chercher la jolie bergère, il devait sécuriser le crétin qui ne savait même pas quoi faire de lui. Il rangea son arme et fit un pas en direction de son futur prisonnier. Ce dernier reprit rapidement son air apeuré et laissa tomber l’étude de sa blessure pour tenter de se relever et fuir le milicien. La première tentative fut un échec, ses bras tremblant trop pour lui servir d’appui. A la seconde, alors que l’archer n’était plus qu’à quelques enjambées de lui, fut un peu plus fructueuse. Le bandit tenait enfin debout et recula de plus en plus vite.
En soit, ne pas tourner le dos à son adversaire était plutôt un bon choix. Sauf quand on ne souhaitait pas trébucher sur une pierre. Un accident bête, mais pour lequel le malfrat écopa d’une sacrée chute, le laissant évanouit sur place.

« C’était bien la peine de faire les beaux avec vos cure-dents... »

Du bout du pied, le milicien vérifia si l’homme faisait semblant ou non. Rien ne valait un bon coup dans le lard. Aucune réaction...Et vu le sang qui s’écoulait de sa tempe ça paraissait assez logique au final. Le laisser libre était pourtant exclus. Du moment où il se réveillerait, le bandit tenterait une nouvelle fuite ou une nouvelle escarmouche. Ni l’un ni l’autre n’était envisageable pour le milicien qui finit par lui ligoter les mains tant bien que mal. Il le traîna jusqu’à la grange du témoin et l’attacha à une barrière grâce à une corde qui y était déjà présente. Sans doute pour les bêtes.

C’est ce moment que choisi le maudit cabot pour venir aboyer juste à côté de ses oreilles sensibles.

« Tout doux l’ami, ce gars ne vous fera plus rien. »

Bien entendu, cela ne changea pas grand-chose à l’attitude de l’animal qui se contenta de grogner en montrant les dents.
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GuillemettePaysanne
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyDim 14 Aoû 2022 - 23:32
D'entre les feuilles, je vois un homme, dos à moi, un de ces bras-troncs pendant, noyé de sang épais. Je vois, par-delà le blessé, un archer qui a abaissé son arme. Et j'entends des grognements de cochon. Jaillissant à mon flanc droit, juste derrière un arbre, deux silhouettes verdies par les ombres me couvrent brièvement de leur surplomb. Je bondis de côté, sans un bruit, mais hoquetant ma surprise.

Je suis repérée. Je me jette en arrière, et sans me retourner file d'où je suis venue. Je les entends maugréer, baver leur halètement comme des boeufs essouflés, et leurs gros pas malaisés dans les racines et les pierres blanches sonner avec une irrégularité précipitée.
J'ai encore le temps de me demander qui ils sont.
L'odeur de suint vient rapidement me piquer la narine droite, et je bifurque sans réfléchir. Capscha me déboule dans les genoux et je me jette au sol en roulant entre deux jeunes charmes touffus. J'entends s'exclamer, j'entends siffler du fer dans le vent, et une paire de claquements de dents secs. J'hurle :
" A la maison ! Capscha ! "

Elle bondit, disparaît. Je dérape en poussant des talons pour me remettre d'aplomb, et me jette à nouveau dans le bois. Mais le bois, ici, je le connais.
J'ai repéré : à ma gauche, il y a le contre-haut coiffé des pins qui y siègent comme des gens d'armes. A droite, si je suis la courbe des rochers veinés de blanc, j'atteins le ruisselet, et en sautant en aval, il y a la bassine, où je fais mon linge. Je n'ai pas de plan, et mes jupes me pèsent comme si j'étais dans un étang poisseux.
Vite, plus vite.
Les gros bruits roulent dans mon dos. J'ai tourné pour le ruisseau. Je n'ai toujours pas de plan. Je le rejoins au moment où un éclat me vient. Juste à son abord je me replie sur mes genoux, roulée au sol, face dans la poussières, les coudes le long des côtes. Il m'atteignait, il bute sur mon flanc et s'en va labourer le lit du ruisseau pour se reprendre.
Je suis déjà debout, et ai filé vers l'amont. A l'amont, il y a ma grange.

J'entends aboyer. Mon souffle commence à s'érailler sérieusement, et son léger goût de sang fait décoller ma panique. Je siffle Capsha par pointillés sanglotés, je m'entends geindre, je rate des racines qui m'auraient élancées, je contourne des troncs le bras en levier pour me redonner du sol sous les pieds. Je suis à bout de souffle, et me fais alors complètement submerger de la terreur de la proie sur le point d'être rattrapée.
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyDim 28 Aoû 2022 - 22:42
Aussi vite qu'il était arrivé, le chien déguerpit. Mais l'attitude qu'il avait eut avait été suffisamment étrange pour alerter l'ancien soldat. Les oreilles dressées, la tête tournée vers un bruit que lui seul pouvait capter, il ne lui avait pas fallu longtemps pour se décider à s’y diriger.

Quelque soit l’origine de cette attraction, le borgne songea qu’il devait le suivre. Quoi que ce soit qui attire ainsi un chien berger, c’était un danger potentiel, un de plus qui menaçait les lieux. L’archer jeta un dernier coup d’oeil à son prisonnier pour s’assurer qu’il était suffisamment dans les vapes pour ne être un problème pendant un moment. Comme il l’avait indiqué au chien, ce type serait pas capable de faire du mal à qui que ce soit avant un bon bout de temps.

« Allons voir ce qu’il se passe par là-bas. »


C’est ainsi que se motiva Théophile à se relever et suivre les traces du cabot. Celui-ci avait déjà atteint les fourrés et ne restait de sa présence que le son de son passage précipité. Le borgne percevait clairement les branchages fin de la végétation du sous-bois qui se brisaient sous le poids de l’animal empressé.

La course ne dura pas bien longtemps avant que le grognement du chien ne se fasse de nouveau -entendre, ce qui fit accélérer la foulée du milicien. Son guide à quatre pattes s’était placé entre sa maîtresse et le danger qui menaçait celle-ci. Le poil dressé, les croc sortis et prêts à mordre, il ne faisait aucun doute qu’il ne laisserait personne faire du mal à la femme derrière lui.
L’un de ces brigands s’était écarté pour poursuivre la bergère. Au final, se pensant en relative sécurité, satisfaire son petit oiseau lui avait semblé plus important que se mettre à l’abri de trois miliciens expérimentés. Il allait vite comprendre son erreur…

Cette fois-ci, Théophile n’eut aucun remords. Son arc fut rapidement dans ses mains, une flèche prête à percer sa cible. La corde fut à peine tendue et relâchée, que la pointe métallique traversa le bras gauche du malfrat. Son cri eut le mérite d’être un peu plus viril et contenu que celui de son camarade. La rage y était plus prédominante que la douleur, comme si le fait d’être interrompu était plus problématique que d’être aussi gravement blessé.

Il se tourna vers son agresseur, couteau à la main et fonça vers lui. L’image qu’il renvoyait était celle d’un fou, les yeux rouges et révulsés par fureur, sa salive fuitant par salve de sa gueule abîmée par la vie dans la nature.

« Tu va l’regretter ! »


L’archer eut à peine le temps de positionner la branche de son arme devant lui pour se protéger que la lame de l’assaillant y fit une entaille. Mieux valait ça que de perdre son œil valide…Pour contrecarrer le coup et tenter de repousser son adversaire, Théophile lui envoya une de ses grandes guibolles entre ses deux jambes. Vu la grimace du bandit, ses bijoux de familles n’avaient pas particulièrement aimé cette agression.

Par réflexe, l’archer recula d’un pas. Il put ainsi observer un peu plus facilement ce qui se tenait derrière l’affreux. Là, protégée par son fidèle compagnon, se tenait la bergère. Sa jolie figure était dans un sale état. Son regard apeuré confirmait que la poursuite dans les bois n’avait pas été de tout repos pour elle. Pourtant, et même si le borgne aurait vraiment aimé qu’il en soit autrement, elle allait devoir se reprendre si elle voulait survivre. Car déjà leur ennemi se relevait.

« Tu es un bâtard résistant. On dirait que ta mère ne t’a jamais appris quand il fallait te coucher. »

Ce n’était peut-être pas la meilleure idée que de venir parler de sa génitrice à un gars qui voulait vous tuer. Mais l’avantage, c’est qu’au moins il ne pensait plus du tout à la femme pour l’instant, laissant à celle-ci ou au chien tout loisir de l’aider, ou bien de fuir. D’une manière ou d’une autre, le soldat n’aurait plus à se préoccuper de son sort. Il aurait bien assez à faire car, tel un berserker, ledit bâtard était prêt à asséner un nouveau coup malgré ses blessures.

« Et toi t’es un bâtard mort ! »
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GuillemettePaysanne
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyJeu 10 Nov 2022 - 19:48
Je me suis écroulée, le cul par-dessus tête, comme un cabri affolé. Une lance de fureur m'a couru dans la colonne mais la terreur de sentir le poids brutal du corps mâle qui me poursuit l'a bien vite mouchée. J'ai juste le temps de me retourner que Capscha est là, crocs dehors, gencives rouges et nues et fait hésiter le bandit. Il n'était qu'à deux pas de moi, déjà penché vers l'avant, le bras déjà tendu sur moi. Il n'a pas le temps de gronder vers la chienne, un trait d'archer lui traverse le biceps. Il gargouille des insultes brutales.

Je dérape des talons dans les racines pour tenter de me relever, de reculer, de m'extraire des buissons dont les doigts m'agrippent comme des serres de corbeau. L'homme s'est détourné de moi et s'empoigne avec l'archer, le bélître de tout à l'heure. J'ai le temps de rassembler mes pieds sous moi et de récupérer des morceaux de souffle épars qui me sifflent dans la poitrine. Mes bras tremblent des épaules jusqu'aux ongles, et je voudrais pouvoir pleurer.

L'homme blessé me présente l'épaisseur de sa nuque, remontant vers le milicien. Je me recule dans les taillis, aspirant Capscha, en crabe, dans mon sillage, puis me redresse lentement dès qu'un bouquet de troncs m'extrait de la scène. Je me mets à pleurer à gros bouillons en m'engageant, traînant mes chevilles, dans la direction de ma grange. De l'aide, il faut de l'aide !
Je me force à m'arracher au sol et prends le pas de course. Un gros bruit de bois qui claque me fige. Non. Non non non. Je tourne les talons, ramasse toute pierre aigüe que je croise, et me glisse jusqu'en surplomb de ce que je soupçonne être leur position. Le gros bandit perd son sang le long de son avant-bras. Comme je les vois là, le milicien est poussé à arquer son dos en arrière, la face tordue de son adversaire se penchant sur lui comme une grosse poire jaune. Je sors ma fronde.

La première pierre lui griffe une épaule, mais j'ai déjà rechargé, et la suivante vient frapper le haut de son nez et retombe sur le milicien. Je sursaute au beuglement, et bondis en arrière sans réfléchir. J'entends des voix et des bruits de cavalcades à mon épaule droite. Je m'accroupis. Ce sont les deux autres miliciens qui arrivent en renfort.
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyDim 20 Nov 2022 - 14:00
L’insulte avait fonctionné bien plus que l’archer ne l’avait espérait. Le bon point étant que la bergère avait pu fuir les lieux, traînant son chien derrière elle. Mais, armé seulement de son arc, contre une montagne habituée à manier une arme blanche, Théophile n’était pas en position d’avantage. Heureusement, le soldat avait déjà eut à gérer ce genre d’imprévu. Et la meilleure tactique était de se défendre jusqu’à ce qu’il trouve une nouvelle ouverture, et que ses jambes puissent trouver un point d’attaque. Il fallait bien qu’il tire avantage de ces grandes guibolles qui l’avaient fait souffrir quand elles avaient décidé de pousser si haut !

« T’f’ra moins l’fier quand tu mang’ra l’sol ! »

Le borgne se concentra sur les coups d’estoc que lui balançait le malfrat. Le fait qu’il soit crasseux n’excluait pas qu’il était fort et qu’une seule entaille risquait de sérieusement blesser le milicien. Même l’haleine putride de son adversaire ne le déconcentrait pas, car il lui fallait toutes ses forces pour repousser au maximum les coups puissants qui lui étaient assénés.

D’un coup, le brigand se releva, comme piqué par une mouche et tourne sa tête. Théophile comprends bien vite qu’il ne s’agit en fait pas d’un insecte mais d’une pierre, quand une seconde vint casser et faire abondamment saigner le nez de son adversaire. Malheureusement, il reçut le projectile en ricochet, brûlant sa joue. L’adrénaline courant dans son système, le soldat oublia bien vite la douleur pour mettre de la distance entre lui et son assaillant.

Finalement, avant que l’un ou l’autre des deux combattants ne puisse réellement se ressaisir, les camarades de l’archer surgissent et firent face brigand. Comprenant qu’il était désormais en très mauvaise position, sa trogne eut un rictus encore plus mauvais si possible, déformants complètement ses traits.

Pendant un instant, personne ne bougea. Tous sur leurs gardes, les quatre hommes se jaugeaient, attendant un geste de l’un ou l’autre. Un craquement de bois rompit le calme. Malgré leur entraînement, Le Rouquin et Puceau ne purent s’empêcher de tourner un instant leur yeux, cherchant l’origine de ce bruit. Avoir rencontré des fangeux sur la première partie de leur route avait laissé quelques traces et réflexes...Ce bref laps de temps fut suffisant pour que le malfrat trouve une solution. De son pied, il balança un nuage de poussière, mais aussi les cailloux et branches qui se trouvaient avec, sur les miliciens. Puis, comme si la Fange lui courait après, il fuit.

« Fils de pute ! »

Le Rouquin jura tout haut ce que les trois tuniques vertes pensaient. Tous les trois avaient protégés leurs yeux, Théophile en première ligne. Sa pupille unique ne pouvait pas être endommagée, c’était tout simplement inenvisageable que de se retrouver aveugle ! Pas après avoir fait tant d’efforts pour gommer son handicap.
Plutôt que d’attendre que la poussière retombe, le borgne tenta de sortir du nuage pour chercher sa cible des yeux et lui coller un carreau dans l’arrière-train. Malheureusement, le temps qu’il s’extraie, sa proie avait déjà filé dans les épais fourrés.

« L’enflure ! Vous avez vu la bergère ? »


« Oui, un peu plus loin. »

Puceau désigna un fourré dans la direction d’où ils venaient. Gardant toujours son arc à la main, l’archer se dirigea vers l’endroit où devait s’être caché la femme. Alors que ses grands pas le menaient rapidement à destination, sa joue gauche se mit à pulser. La pierre avait abimé le brigand, elle lui avait certainement fait un magnifique bleu par la même occasion ! Pas qu’il s’en plaigne, le principal était de s’être débarrassé de ce chiendent. Et puis, il avait déjà connu pire. D’ici un ou deux jours, il ne sentirait plus rien.

« Vous devriez pouvoir sortir maintenant, celui-ci ne devrait pas revenir avant un moment. »

Le milicien n’osa pas demander à ses deux amis ce qu’il était advenu du deuxième larron, de peur de donner des informations au dernier larron si l’idée lui avait pris de les espionner malgré sa blessure. Théophile attendit donc patiemment, mais toujours sur ses gardes, que leur protégée sorte de sa cachette afin de la ramener en sécurité à sa grange.
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyMer 23 Nov 2022 - 20:44
Je n'ai pas bougé pendant tout l'assaut. Enfin... Le semblant d'assaut. L'homme s'enfuit en ronflant comme un cochon vers le noir du bois. Je tremble de tous mes membres, Capscha vissée à mon flanc qui est restée tendue comme une corde d'arc, le nez sur les hostilités.

« L’enflure ! Vous avez vu la bergère ? »

« Oui, un peu plus loin. »

« Vous devriez pouvoir sortir maintenant, celui-ci ne devrait pas revenir avant un moment. »

Je voudrais bien, mais je n'ai pas encore récupéré mes jambes. Je tremble comme une feuille de peuplier, et mon souffle alourdi de sanglots cascade irrégulièrement de mes narines dilatées. Le borgne s'avance, et lorsqu'il finit par me distinguer au travers des branches, me tend une main. Je me sais pâle comme un cierge, et saisis son bras au poignet. Il me hausse lentement sur pieds avec un sourire fatigué, s'enquérant de mon état. Je bégaie un remerciement et me recule, malaisée.

J'ai mes bêtes à aller chercher.

Le jour est encore jeune. Je voudrais respirer un peu. Je regarde avec angoisse vers le coeur de la forêt, là où mes bêtes ont fui, et m'en détourne. Le borgne m'emboîte le pas, pas bien assuré, et m'accompagne en un petit babil (que je devine forcé) jusqu'à la grange.
J'appuie mon front sur la grande porte vermoulue en fermant les yeux. Sans les rouvrir je lance :

" Attendez là. "

J'entre, les bras pesants, les jambes de plomb. Je vais farfouiller dans ma niche et en sors ma vessie à vin. Je m'en enfile une lampée âcre qui me fait grincer un peu, m'essuie du dos de la main, et ressors.

" Là. " Bras tendu, nez vers ses bottes, front buté et regard fuyant.
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptySam 26 Nov 2022 - 19:19
Du bruit finit par signaler à Théophile où se trouvait leur témoin. S’avançant vers elle, il lui tendit la main pour l’aider à sortir. Il préférait qu’elle s’en saisisse d’elle-même pour ne pas l’effaroucher. La matinée avait été suffisamment éprouvante pour qu’il n’en rajoute pas une couche. Au contraire, lorsqu’elle fut enfin debout et qu’elle semble tenir sur ses deux pieds, il s’inquiéta doucement de son état.

« Vous allez bien ? »

Elle bredouilla vaguement avant de se détourner de lui. Décidément, cette fille là était plus sauvage que beaucoup de celles qu’il a pu rencontrer. Le Chaton l’était aussi, mais de manière plus frontale et plus brute.

Alors que la bergère repartait vers chez elle, Théophile suivi pour veiller sur ses arrières.

« C’est agréable de pouvoir se promener ainsi dans la forêt, voir les saisons changer les plantes jour après jour. A cette époque-ci certains petits oiseaux sont partis plus au Sud et on n’entends plus leur doux gazouillis, c’est bien dommage. »


Le soldat se rappellait que cette partie de l’année rendait la nature particulièrement triste. Le jour tombait vite, les heures étaient plus fraîches, les bandits devenaient plus désespérés de voler. La plupart des villageois avaient un rythme de vie plus calme sur ces mois d’hiver où le jour était plus court. Mais pas les soldats, dont les quarts étaient toujours les même. Ils devaient se consoler de retrouver un feu chaud en rentrant dans leurs chaumières, et pour les chanceux comme lui, une femme qu’il aimait avec qui réchauffer les draps.
Mais là n’était pas la question. Pour l’instant il devait tenter d’arracher la jolie bergère de son mutisme et de ses sombres idées. Même si elle s’énervait contre lui, ce serait mieux que de la laisser ressasser seule ce qui lui était arrivé.

« Mais il doit rester quelques espèces. Des martins-pêcheurs peut-être ? Des cormorans ? Des mésanges ? Et puis les chouettes, les hiboux, et tous les autres animaux qui vagabondent la nuit. Ils doivent tenir compagnie à votre troupeau. »


Comme si il parlait à un courant d’air, le borgne se retrouva bien vite seul devant la grange de leur témoin. Finalement, elle ouvrit la bouche pour l’empêcher de la suivre à l’intérieur. Soit, après avoir été coursé par des brutes depuis plus d’une heure, on ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Mais Théophile était un peu déçu qu’elle le congédie si facilement, sans même un regard.

Le soldat soupira et chercha du regard les deux assaillants qu’ils avaient neutralisés. Ils étaient tous deux encore dans les vapes, attachés et prêts à être livrés à leurs collègues du village. Peut-être qu’ils en tireraient quelques informations pour dénicher leurs complices. Difficile de croire que seuls trois hommes s’étaient rassemblés pour survivre. Ils devaient être un groupe plus important, mais ce n’était pas du ressort de la milice Marbrumienne. Trouver la femme du marchand par contre l’était, si ils voulaient pouvoir repartir.

La bergère finit par refaire surface, tendant au borgne une outre. A l’odeur qu’il sentait depuis le goulot, ce n’était pas de l’eau là-dedans ! Théophile sourit et attrapa l’offrande pour en boire une gorgée, juste assez pour se désaltérer. Etant encore en mission, il ne pouvait se permettre de laisser la douceur de l’enivrement s’emparer de lui. Il verrait ça ce soir au village….

« Merci, cette course m’avait bien donné soif ! »


Avec un sourire, il rendit l’outre à sa propriétaire. Encore une fois, la jeune femme ne le regardait pas. Etait-elle gênée par sa pupille blanche ? Ce ne serait pas la première. Mais ça ne serait pas suffisant pour le faire lâcher prise, surtout que ça n’avait pas semblé poser problème lorsqu’ils s’étaient rencontré au village.

Ses doigts allèrent se loger sous le menton de la bergère et le faire doucement remonter afin que leurs yeux puissent se croiser.

« Avez-vous déjà été attaquée ainsi ? Des hommes sont-ils déjà venu vous voler des bêtes ou s’en prendre à vous ? »

La question était sérieuse, impossible que la jeune femme ne le remarque pas même si le visage du milicien tentait toujours de paraître aimable et rassurant.
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyJeu 15 Déc 2022 - 11:58
Il me rend l'outre avec un soupir, et, sidérée, je sens ses doigts pousser mon visage vers le haut.

« Avez-vous déjà été attaquée ainsi ? Des hommes sont-ils déjà venu vous voler des bêtes ou s’en prendre à vous ? »

Je me dégage avec brusquerie. Son regard me dérange. Mon corps se contracte en son centre quand je le croise. Il y a du tiède dans ce garçon. Du policé, du laqué, quelque chose de mou et d'engageant. De trop mou et trop engageant. Mon mari, c'était un arbre : solide, rugueux, immuable. Ce borgne, dans ses ondulations souples, il fait presque reptile. Il enrobe trop bien, il cajole. J'aime pas ça. Comme si je plongeais une main dans une boue chaude. Je préfère le dur des cailloux, le sec des rameaux, le franc d'une chèvre parce qu'il y a avec eux une distance animale, naturelle, qui laisse de l'air pour les poumons. J'ai besoin de tourner autour de l'Autre, longtemps, pour le jauger, pour m'assurer qu'il comprendra bien mes limites. Je ne parle pas aux gens, en général. D'autant moins quand ils m'approchent d'eux-mêmes. Quand ils tendent le bras pour me flatter le crin, comme à une chienne ou une jument. Bas les pattes.

J'ai reculé tout net, et ai un peu buté de l'épaule contre ma grange. Je réponds, l'oeil toujours ailleurs.

" Non. En général, personne vient. Et quand je croise le monde, je les vois avant qu'ils m'aient vue. "

Qu'est-ce que tu voudrais ? M'offrir ta présence réconfortante ? Il est trop à l'écoute de son propre allant pour bien saisir mes réticences. Je le vois comme un adolescent dégingandé dont la voix intérieure lui tonne si bien aux oreilles qu'il faudrait lui siffler dans le pavillon pour qu'il entende un son du dehors. Un chaud, un tiède, un souple. Je me raidis. Je préfère le glacé du silence méfiant. Celui qui se méfie se tient à distance.

" Veuillez m'excuser... J'ai encore mes bêtes à retrouver. " Je glisse en me décalant de quelques pas. Manquerait plus qu'il me propose l'escorte. Quoique le souvenir du dernier assaillant, rouge de sang et soufflant comme un boeuf me fait brusquement pâlir. Entre le milicien et l'agresseur, mon choix de préférence est vite fait. Je m'immobilise, face au bois d'où nous venions, et, d'un air d'attente, tourne le nez par-dessus mon épaule.
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MessageSujet: Re: [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote !   [Terminé] - Que je la raye sa chariote ! Que je la crève sa chariote ! EmptyVen 16 Déc 2022 - 22:31
D’autant plus déroutée par le geste de Théophile, la bergère finit carrément par reculer. Sans vraiment savoir de quoi il en retournait, le borgne pouvait tout de même détecter une forme de peur chez cette femme rude. Etait-ce la poursuite qui l’avait ainsi rendue méfiante du genre masculin ? La réponse n’interviendrait pas de suite, la bergère venant juste de les congédier pour aller chercher le reste de son troupeau. Etait-ce bien prudent de la laisser ainsi partir seule ? Rien n’était moins sûr. L’un d’entre eux devait l’accompagner. Et bien entendu, l’archer s’auto-désigna sans aucune concertation avec ses camarades, étant habituellement assigné en premier à la prise en charge des victimes et blessés.

« Attend... »

« Castaing, on devrait retourner au village avec ces deux-là. »


Le Rouquin venait de l’interrompre, tout en détachant un des deux criminels qu’ils avaient maîtrisés. Ils auraient pu s’occuper d’eux sur place bien entendu, mais ils n’étaient pas chez eux ici. Le responsable serait celui qui déciderait de leur sentence. Mais ça ne réglait pas le fait que l’archer voulait accompagner la bergère pour assurer sa sécurité.

« On ne peut p... »

Comprenant l’intention de son ami, Le Rouquin l’arrêta avant même qu’il ne puisse continuer de défendre son point de vue.

« Je comprends, mais on a pas le choix. »

L’archer observa la femme. Dépenaillée, sale, la peur encore présente au fond de ses prunelles, tout rappelait au soldat que son devoir n’était pas terminé. Un type rôdait toujours, là dehors, et elle n’était pas en sécurité. La raison dictait à Théophile qu’elle n’avait pas eu besoin de lui, mais ses tripes l’invectivaient et l’incitaient à continuer la traque. La bergère ne semblait pas vouloir de sa protection, les quelques rictus qu’elle avait fait en le regardant de face étaient suffisants pour comprendre sa réticence. Contrairement a ce qu’il avait pensé, son iris blanc la mettait mal à l’aise, tout autant que sa présence tout court.

Alors qu’il hésitait, Puceau et Le Rouquin avaient déjà commencé à détacher leurs deux prisonniers. Théophile ne pouvait rester seul ici, alors qu’il y avait une autre femme en danger, et que sa coutilerie devait repartir au plus vite dès que cette deuxième femme serait retrouvée. Vaincu par les arguments auxquels il faisait face, le borgne serra le poing avant de lancer un dernier sourire à leur témoin, qui n’avait finalement pas vu grand-chose.

« Soyez prudente. »

Ne voyant pas quoi rajouter d’autre, le milicien se contenta d’une petite révérence avant de suivre ses deux camarades. Il restait derrière eux, son arc avait été sorti pour l’occasion, et il fut attentif aux bruits alentours, tout autant qu’à leurs prisonniers.

Chaque pas les éloignaient de la bergère, mais n’allégeaient en rien la pointe de culpabilité qui tenaillait l’ancien soldat. Surtout qu’ils revenaient sans réelle information sur leur première cible. Mais quelle ne fut pas leur surprise de voir que les choses étaient plutôt animées près de la chariote vandalisée. Chef cueillit ses hommes avant qu’ils ne puissent comprendre de quoi il en retournait.

« La femme du marchand est rentrée d’elle-même. Ces deux là se donnent en spectacle depuis un petit moment. Qu’est-ce que vous avez là ? »

Les trois miliciens narrèrent alors ce qui les avait amenés à retourner au village accompagné de deux crapules. Chef les fit bien vite abandonner leur charge auprès de leurs camarades de Genevray, et il fit tout ce qui était possible pour que ses hommes prennent leur place le plus rapidement possible dans le convoi de retour. Maintenant que la raison de leur retard était réglé, ils pouvaient retourner à Usson, laissant derrière eux les aventures du jour.

Alors qu’il passa la porte de sortie, Théophile tourna un instant la tête dans la direction de la ferme. Silencieusement, une prière aux Trois se forma dans son esprit pour la bergère solitaire.

Faites qu’elle reste en sécurité.
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