[Interlude] des retrouvailles !

Rien ne vaut un vrai lit ! J’en ai commandé aux artisans de Sombrebois et je peux enfin passer une bonne nuit de sommeil après avoir ainsi crapahuté dans la nature. C’est donc en pleine forme que je me réveille un peu avant l’aube et après m’avoir lavé grâce à la bassine prévue à cet effet, que je sors, bien entendu équipé de mon armure, les rues n'étant pas sûres.

Je décide d’aller au terrain d’entraînement histoire de tirer du fourreau mon épée à deux mains, pour lui faire prendre l’air, mais je suis arrêté par une silhouette reconnaissable, il s’agit de Victor de Rougelac ! Que fait-il ici ? Les gardes ont parlé de personnes importantes qui seraient arrivées avant nous, mais je n’aurais jamais imaginé que le gouverneur en faisait partie !

Je me dépêche donc de le rejoindre et je m’incline devant lui, comme il sied à un chevalier devant un homme de sa stature et je lui dis :

Je vous souhaite bien le bonjour, mon Seigneur.

Je le laisse me répondre puis je lui indique :

Je suis venu ici par pur hasard, en escortant un convoi. Nous sommes arrivés la veille au soir et j’ignore quand les prêtres que nous avons escortés voudront repartir. Avez-vous besoin de moi pendant ce laps de temps ? Comme toujours, mon épée est à votre service.

Je ne mens pas en parlant, car Victor est celui qui m’a aidé à regagner mon statut et je lui en serais toujours reconnaissant. Quoi qu’il me demande, je le ferais sans hésiter, que ce soit assassinat, enlèvement, tant que cela ne concerne pas un représentant des Trois. Je peux être la flèche foudroyant ses ennemis, il n’a qu’à m’indiquer la direction et je frapperai tout ceux qui s’oppose à lui.

Le Comte de Rougelac avait donc réussi a soudoyer garde ou milicien en faction au château pour quitter les lieux de manière discrète. Pourtant, Victor marchait à pas décidé vers le coeur du Bourg non sans deux hommes qui l'escortaient. Alors qu'il s'éloignait du château, il avait emprunté un accès qui jouxtait un terrain d'entrainement qui à cette heure ci devait être désert de tout occupant. Et bien force est de constater qu'un homme se plaisait à s'entrainer dans la pénombre et cet homme, le mondain le reconnu rapidement.

- Ser Desmond, voilà que vous tombez à point nommé.

Il le laissa se plier à quelques mots et gestes d'usage et reprit son chemin. Il ne cherchait pas à savoir si la Muraille le suivait, il en était de toute façon convaincu et à la fin de la réplique de l'épéiste, Victor exécuta un mouvement de poignée comme pour indiqué que tout ceci n'avait que peu d'importance.

- Très de bavardage ! Laissez ces prêtres vaquer à leur occupation. J'ai du travail pour vous. Suivez-moi, je réunie quelques alliés pour une mise au point. Des choses se déroulent ici et cela ne me dit rien qui vaille.

Après de longues minutes et quelques murmures passé de ci de là, le Comte et son acolyte gagnèrent une cave où en moins d'un quart d'heure, une partie de la toile du Comte s'en trouvait présente. Des oiseaux, hommes de mains tous fondues dans la société sombreboisienne depuis que le bourg était en réhabilitation.

- Je vous ai tous réuni ici car une menace plane. Vous n'êtes pas sans savoir que ma présence est protocolaire. Je suis le Gouverneur de ce lieu et l'un des représentant, tout du moins, "observateur" de la couronne. Seulement voilà, l'une de mes compagne de voyage, la Chatelain du Val d'Asmanthe semble parfaitement connaître mon réseau ici et me susurre des mots qui me déplaisent.

Son regard se durcit, les sourcils se fronçant, il frappa du poing sur la table.

- Nous comptons soit des traitres dans nos rangs soit un ou des agents que vous auriez récemment recruté et qui joueraient double jeu. JE VEUX que vous débusquiez cette ou ces taupes à la solde de cette putain de rouquine ! JE VEUX ces bâtards vivants ! Des résultats, JE VEUX des résultats, vous serez récompensé pour vos efforts, et vous savez ô combien je peux me montrer généreux.

Il fixa un à un chaque participant, rajoutant, le ton moins inquisiteur.

- S'il le faut, doublez vos effectifs mais d'hommes et femmes de confiance. Assurez-vous également de mettre en place non pas un mais deux plans de sortie du Bourg. Ma nuit fut brêve et je peux vous dire que ce déplacement m'inquiète. Nul besoin de paniquer mais redoublons d'efforts. Il nous faudra aussi surveiller cette bougresse de petite trainée qui ose fouiner dans mes affaires.

Il termina en posant son regard sur Desmond après avoir congédier la plupart des participants.

- Mets tes hommes sur le qui vive. La Chatelaine du Val, nourrice à ses heures perdues on dirait, cache quelque chose... hmmm... une intrigue, ou un projet d'importance. Elle cherche à me mettre au pied du mur et attend que je ne me retrouve en difficulté pour alors m'imposer je ne sais quel chantage. Tu sais ô combien je n'aime pas avoir des coups de retards mais là, force est de constater que cette Roxanne me laisse songeur. Hors de question de me faire baiser par une petite salope arrogeante qui crois pouvoir me donner des leçons, tu m'entends!

Il prit une pause avant de reprendre.

- Elle m'a parlé des Barn, des gens du peuple qui possédaient le monopole des routes commerciales et donc infiné des liens étroits avec la couronne, avant de trouver une fin tragique. Toi qui passe ta vie sur les routes, tu as du en entendre parlé peut-être. Toujours est-il que sa venue dans ma chambre, tardivement hier soir, sonne comme oiseau de mauvaise augure. Quelque chose se trame... et se déroulera surement durant le séjour de la délégation royale.

Victor, toujours aussi aimable m’accueil avec un petit compliment qui me fait plaisir. Il est vrai que je tombe toujours bien ! Je le suis donc, habitué à sa manière de fonctionner et je suis curieux de savoir ce qui le tracasse ainsi, lui qui est d’habitude si calme.

Nous arrivons ainsi dans une sorte de lieu un peu à l’écart et je l’écoute sans l’interrompre. Je ne connais pas cette Chatelain du Val d'Asmanthe, mais elle va prendre dans son fondement pour avoir osé déplaire à mon allié. Il donne des consignes et je les complète ainsi :

Si vous en chopper un, amenez-le ici et prévenez-moi, quelque soit l’heure, je m’occuperais de lui faire cracher tout ce qu’il sait.

La torture, qui était pour moi un simple hobby, est devenu une véritable passion. Je peux même dire que j’y excelle et que l’on trouvera difficilement, une personne plus compétente que moi. Une fois tout le monde partit, Victor me donne une consigne et je lui dis :

Je n’ai qu’une seule mercenaire avec moi, le reste de la protection était assuré par une autre compagnie, le tout étant sous mon nom pour assurer l’anonymat des personnes que je convoie. Je peux, si vous le désirez, les embaucher pour s’assurer qu’ils nous aideront le moment venu.

Cela peut coûter cher, mais mon interlocuteur a d’importantes ressources financières. Il me pose une question et je lui dis en toute franchise :

J’ai entendu parler d’un convoi avec des morts quand j’ai quitté Sombrebois, il y a quelques semaines de cela. Je ne crois pas que le nom des Barn a été prononcé, mais en venant ici, nous avons déterré une petite dizaine de cadavre très étrange, ils avaient été complètement vidés de leurs sangs. Les rumeurs allant bon train, elle parle peut-être d’eux.

Rougelac n'était pas opposé à ce que son allié de longue date s'occupe d'éventuels interrogatoires mais il savait aussi que l'homme n'était pas un modèle de discrétion, ainsi, il ne lui demanda pas de s'occuper de la filature de la Chatelaine du Val d'Asmanthe. Desmond indiquait durant l'entretien qui se terminait en tête avec tête avec le mondain, n'être accompagné que d'un de ces mercenaires et proposait de mettre à disposition les épées liges qui s'étaient chargés du transport des prêtres. Victor resta indécis un cours instant avant de prendre sa décision sur ce sujet.

- Assure toi pour le moment qu'ils seraient prêt à servir nos intérêts le cas échéant. Evitons pour le moment de trop impliqués de personnes dont la confiance ne nous est pas encore acquise.

Echangeant au sujet de la famille Barn, Desmond venait étayé l'histoire tragique de ces membres ce qui confirmait les dires de la rouquine. Quel chose était à l'œuvre, encore tapis dans l'ombre et cette menace surgirait tôt ou tard. Les mises en gardes de Roxanne prenaient tous leurs sens mais pour autant cette femme lui inspirait défiance.

- La Chatelaine doit être déjà au courant de ta présence à Sombrebois et de tes liens avec moi. Garde un œil attentif à tout ce qui pourrait se produire hors du château, il ne servirait à rien que t'immisce dans les évènements qui vont se produire au château. Nous devons rester prudent et garder contacte. Pour le reste de mon séjour, mieux vaut que nos futurs entretiens se fassent à la vue de tous, le contraire nous serait préjudiciable. La milice et certainement la couronne nous observerons, autant ne pas éveiller de soupçons. En privé, fait ce que tu as à faire, en public maintenons les apparences entre ma fonction de Gouverneur et ta charge d'épée lige.

J’écoute les paroles de Victor et acquiesce quand il me demande d’aller voir les mercenaires qui sont venus avec moi, afin de les convaincre de me suivre en cas de problème. Le sujet suivant concerne Roxanne, que j’ai vue quelques fois, comme nourrice, je crois et je lui dis :

J’ai déjà vu cette femme au château. La chose qui me parait étrange, c’est que l’on me l’a présenté comme la nourrice du futur seigneur de Sombrebois. Pourtant, c’est elle qui est partie à la recherche de la maîtresse des lieux, avec de nombreux soldats.

Je lui précise :

J’ignorais qu’il s’agissait d’une châtelaine.

Je prends ensuite mon courage à deux mains et je lui indique :

Je sais que je ne suis guère au courant des différentes intrigues à la cour. Je ne m’y suis jamais intéressé, mais leurs majestés lui ont confié un pouvoir bien grand pour commander ainsi des miliciens.

Je suis même inquiet pour lui et je lui propose :

En cas de problème, vous pouvez me retrouver à ma bâtisse, le premier étage est complètement indépendant du reste de la bâtisse et l’escalier peut facilement être démoli. Même si nous n’avons croisé aucun Fangeux sur la route, il est tout à fait possible qu’une attaque ai lieu et je souhaite qu’il ne vous arrive rien.

Je lui laisse le temps de me répondre, espérant qu’il suivra mes consignes de confiance. La mercenaire que j’ai emmenée avec moi, Laure la Dure, membre permanent de la Guilde des Bouclier que j’ai recruté le vingt-six avril sait très bien tirer à l'arc. Elle beau être très maigre, avec un nez trop grand, une bouche minuscule et des cheveux filasse, c’est une ancienne chasseuse et j’ai entièrement confiance en elle et en ses capacités. Après tout, elle a réussi à survivre à l’épreuve d’admission.

Il semblait indispensable que l'allié du Comte soit au courant de l'identité de la châtelaine. Roxanne jouait un rôle important au sein de la place forte de Sombrebois mais nombre de protagoniste semblait trouver la rouquine étrange. Elle entretenait cette vision, à tord ou à raison, tout portait à croire que part ces prises d'initiatives, la jeune femme allait certainement être au cœur des observations durant ce séjour.

Desmond prenait donc la mesure des bribes de révélation du Comte de Rougelac et s'engageait donc à se tenir à son service durant son séjour avant de regagner la capitale pour reprendre ses intrigues de cours. L'épéiste exprimait son inquiétude et proposait au Gouverneur un lieu synonyme d'échappatoire temporaire à tout évènement imprévu.

- Nous nous comprenons. Nos vies comptes plus que Sombrebois. En cas de situation critique, nous devrons quitter les lieux. Il est donc important de parer à toute éventualité si des évènements exigeraient que nous prenions congé des marais.

Il lui adressa un sourire entendu avant de se montrer toutefois un peu plus rassurant.

- Ne dressons pas hâtivement de tableau trop inquiétant. Des choses sont à l'œuvre, je le sais, je le sent. je ne veux surtout pas avoir trop de coup de retard sur cet échiquier. Tout porte à croire que certaines apparences sont trompeuses. Je ne suis pas à l'aise lorsque je ne maitrise pas toutes les subtilités d'une partie et là en l'occurrence, il semble que quelque chose ou quelqu'un à prit une certaine avance sur quelques choses qui pourrait survenir. Je ne peux pas t'en dire d'avantage, je peux juste t'avertir de rester sur tes gardes.

Avouer son entetien durant la nuit avec la Chatelaine du Val d'Asmanthe était chose prématuré car Victor ne savait pas encore s'il fallait comptait la rouquine comme potentielle alliée ou ennemi, mais en tout cas, elle avait semer le trouble dans son esprit, assurément.

- En cas de problème je vous rejoindrais en ce lieu si la situation m'y oblige. A présent je dois regagner le château aux premières lueurs du soleil. Mon absence pourrait éveiller des soupçons.