Marbrume


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 [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]

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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyDim 19 Juin 2022 - 17:05


Parlons peu, parlons bien
Rosen feat Alaric


Alors que je viens de rentrer depuis moins d’une minute – c’est du moins l’impression que j’en ai – On vient déjà me chercher pour me dire que je suis à nouveau demandée, par des visiteurs qui attendent à la porte du bourg l’autorisation d’entrer. Je sens que cette journée va vraiment être longue…

« Qui ça ? je demande alors distraitement, plus blasée qu’autre chose, détail que j’essaie de ne pas trop montrer pour faire bonne impression.
- Un groupe de personnes que vous semblez connaître. Ils sont sept, Marie, Claudin, Jürgen, Gi…
- C’est bon je vois qui c’est, laissez entrer ! »

Ça par exemple ? Si je m’étais attendu à les voir tous débarquer ici !

« Dites leur que je les attends devant le fort. »

Et le milicien repart. Mes visiteurs arrivent assez vite, et force est de constater qu’il ne manque personne de la bande : même les filles sont là !

« Vous êtes tous venus me voir ?
je lance d’une voix émue, en tentant de garder une contenance pour ne pas me faire remarquer. Pour un peu, je leur sauterais presque au cou. Ça fait plaisir de vous voir ! Mais l’auberge alors ? »

Il y a un blanc. Je les regarde sans trop comprendre pourquoi.

« Quoi ? je demande alors. Qu’est-ce qu’il y a ?

Je crois que ma voix sonne un peu triste.

« Nous sommes venus voir Rosen de Sombrebois… lance Marie quelque peu… abasourdie ?
- La gosseline insupportable qui n’arrêtait pas de rendre tout le monde fou, surenchérit Jürgen.

Il n’a pas perdu son humour celui-là.

Je me mets à rire.

« Mais c’est moi ! m’exclamé-je. C’est bien moi, j’ai pas tant changée quand même…
- Non, non… répond Jürgen. C’est un peu comme une affreuse chenille devenue un joli petit papillon... »

Eve lui fout un coup de coude comme Gilles décrète que j’ai pris au moins dix ans dans la gueule. Moi, je ris.

« Semblerait qu’elle ait fini par comprendre que la vie n’est pas si amusante que ça... », argue Marie.

La vie, ce jeu pas si amusant que ça… mon sourire se ferait presque penaud. Ah, Marie… cette Marie toujours lasse, jamais souriante, marquée par la vie. Cette Marie que mieux que personne je crois pouvoir comprendre maintenant que, par moment, je me sens un peu comme elle.

« Alors… demandé-je en me raclant la gorge. Qu’est-ce que vous venez faire ici ?
- On s’est dit que v’nir porter hommage au p’tit hériter de Sombrebois était une idée sympa », me répond Claudin.
- Ah, c’est gentil… dis-je. Mais...
- On dit juste merci, généralement, me coupe Eve d’un ton sévère. T’as toujours pas appris les bonnes manières depuis que t’as posé ton cul ici ? Ben dis donc, c’est à se demander comment t’as fait pour tenir tout ce temps… pas étonnant que t’aies tant de problèmes.
- J’allais le faire… mais… c’est plus que des problèmes à ce niveau là. D’ailleurs, vous n’auriez pas dû venir… Vous savez, je suis en danger en ce moment et aujourd’hui… je pourrais bien me faire assassiner.
- Ça tombe bien, on a déjà mené les fleurs pour tes funérailles, rajoute-t-elle en me lançant un bouquet sorti subitement de je ne sais où dans la figure. Par contre tu nous excuseras, on est arrivé un peu en avance.
- Merci, Eve… »

Je pourrais rire encore, tellement que je suis contente de les voir. Mais c’est Claudin qui attire mon attention en reprenant la parole.

« Ya plein de rumeurs sur ton compte, Goss, m'informe Claudin. Certains disent même qu’t’as accouché d’un fangeux. Mais c’qui revient le plus souvent, c’est qu’y va finir par vraiment t’arriver des bricoles si tu continues à faire n’importe quoi comme ça. »

Clara qui s’est mis à rire à l’évocation du bébé fangeux se prend un coup de coude d’Eve à son tour et s’arrête aussi sec.

« C’est un peu parler dans le vent… commente Gilles, prenant la parole pour la première fois.
- Mais… je fais attention, maintenant… je fais vraiment attention ! »

Marie lève les yeux au ciel. Quoi ! C’est pourtant vrai, non ?

« Mais je ne sais pas comment me tirer de tous ces ennuis… c’est tellement compliqué ! Rien que dans le bourg… je sais pas ce qu’il se passe la plupart du temps. J’aurais besoin d’hommes de confiance qui puissent m’aider à surveiller…
- On pourrait sûrement t’en trouver quelques uns, mais faudra pas t’attendre à des miracles, dit Claudin.
- En attendant, nous, on peut rester ici, me dit Eve. Me semble qu’ya pas encore de prostituées ici, si ?
- Eve ! J’ai pas besoin de ça !
- T’as pas besoin d’aide ?
- Mais !
- T’inquiète, on fera comme à la Bonne Fortune, me lance Charline. On sera discrète, on ne va pas transformer ton bourg en lupanar géant !
- Et puis sur un bon oreiller… ça se récolte assez facilement, les confidences, rajoute Eve.
- Mais c’est dangereux…
- Tu connais quoi du danger Rosen ? Cachée derrière tes quatre murs à longueur de journées et escortées par tes chiens de garde dès que tu mets le nez dehors ? Tu crois vraiment côtoyer le danger ? C’est des menaces qui te font peur maintenant ? Nous le danger on le vit quotidiennement quand des mecs trop enthousiastes décident que c’est sympa de cogner sur des catins. Ou quand Marie se retrouve seule à la fermeture avec des clients trop avinés. Ou quand les mecs se font dénoncer pour la contrebande et qu'ils doivent trouver une solution en urgence pour tout faire disparaître. Quand tu volais tous les jours pour bouffer et pour ramener ce que tu pouvais, là, tu le connaissais le danger. Quand tu manquais te faire couper la main et te faire pendre chaque jour. Tu te souviens ? Nous nous sommes toujours démerdés et c’est pas prêt de changer, Alors arrête de pleurnicher parce que t’es pas capable de garder ta langue dans ta poche et que tu passes ton temps à t’attirer des ennuis. Sors toi les doigts du cul et montre un peu de quoi tu es capable. On peut te donner un coup de main, mais t'es la seule qui pourra te sortir de ton merdier Rosen.

Je hoche de la tête, Claudin rajoute que j'ai jamais laissé personne m'atteindre et que ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Oui, je ne vais pas me laisser abattre pour de stupides menaces. Je sais qu'ils ont raison.

« C’est bien aujourd’hui les festivités ? demande Jürgen pour détendre l’atmosphère.
- C’est cet après-midi... », réponds en souriant.

Claudin me designe alors quelque chose dans la charette

« Tiens, cadeau pour le lardon »

Et à l’intérieur, je peux voir un grand mobile en bois.


***


C’est peu avant la cérémonie d’Athanase que je vois Alaric venir vers moi pour me parler. Il faut dire que ça tombe bien vu que je voulais moi même aller le trouver, bien que je n’ai toujours pas trouvé une seule minute pour moi ce matin. Sitôt levée, tout le monde m’est tombé dessus, Eve, Desmond, Edwige, puis j’ai dû aller trouver Victor et recevoir les autres de la Bonne Fortune.

Maintenant Alaric, et après ça, je dois encore retrouver Roxanne qui a décrété que nous irions au temple ensemble. Autant dire que je commence à être de fort mauvaise humeur et que je ne sais pas encore ce qu’il va me dire, mais je sens que ça va être encore des emmerdes. J’évite toutefois de montrer mon agacement. Je crois que je vais devenir vraiment douée pour prendre sur moi, si ça continue comme ça.



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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyLun 20 Juin 2022 - 20:58
C'est un Alaric ragaillardi qui intercepta la baronne de Sombrebois dans la forteresse. D'un accord tacite, il l'enjoignit à le suivre et, côte à côte, ils gravirent les marches jusqu'à la chambre de la blonde où, il en était certain, aucune oreille indiscrète ne trainerait. Il ne savait pas où avait filé la châtelaine depuis leur entrevue houleuse, ni n'avait revu Eve depuis que la porte de sa chambre s'était refermée, mais il était heureux de pouvoir parler à Rosen en tête à tête.

Comment s'est passé ta matinée ? demanda-t-il d'un ton banal, alors qu'ils gravissaient les marches.

Ce n'est qu'une fois à l'intérieur de la noble suite qu'il aborda les sujets plus sérieux. En quittant le campement de la milice, il avait essayé de classer par ordre de priorité les différents points qu'il devait évoquer, ceux qu'il préférait négliger et, enfin, ceux qu'il lui dissimulerait volontairement. Alaric n'était pas prêt à tout lui dévoiler : l'instabilité de la baronne le poussait à garder quelques secrets.

J'ai discuté avec la châtelaine, commença-t-il, adossé à la porte d'entrée.

Même s'il était parvenu à se calmer, en reparler assombrit son humeur un bref instant.

Elle n'a pas voulu me dire grand-chose... Mais, tu savais déjà que Sombrebois était en danger. Hé bien, c'est pour ce soir.

Il réfléchit quelques secondes, avant d'ajouter :

Elle m'a juste dit qu'une tempête brutale approchait.

S'il avait eu une connaissance développée de l'écriture, il aurait ajouté des guillemets en prononçant le terme « tempête », au lieu de quoi, il se contenta d'énoncer le mot avec emphase, distinctement.

Qu'il faudrait prendre les armes et... Tu sais, je me demande si elle ne fait pas partie des Victorieux. Elle m'a dit qu'elle voulait protéger le royaume, pas Sombrebois, ajouta-t-il, l'air grave. D'ailleurs, elle a sous-entendu qu'elle sacrifierait Sombrebois, si c'était pour le bien du royaume.

Il se décolla de la porte et s'avança vers Rosen, chercha à capter ses yeux clairs. De lourdes cernes les soulignaient, ses cheveux, bien qu'arrangés pour les festivités, avaient perdu dans leur éclat, ses joues étaient creusées. Alaric devina qu'elle était épuisée ; bien plus que lui. Pourtant, il devait lui en parler : c'était son rôle à lui, son devoir à elle.

Il faut se méfier d'elle, Rosen. Je crois qu'elle veut nous aider, tant qu'elle le peut... Mais peut-être que ce soir, ses plans ne seront pas les mêmes que les nôtres...

Il apposa une main amicale, rassurante sur l'épaule de sa baronne. En parlant de ses plans, il était temps de la mettre au courant. Il lui expliqua qu'il ressortait d'un entretien avec son quartier-maître et que tous les deux avaient pris plusieurs décisions. Il proposa à la blonde de s'asseoir avant de lui raconter tout ce qu'il avait à lui annoncer. Il ne comptait guère lui parler d'Odalie et de ses prédictions : il était inutile de l'alerter plus que de raison. Il imaginait que, de toute façon, les mises en garde de la rousse seraient suffisantes pour la convaincre.

D'autres choses ne tournent pas rond, depuis hier. Un convoi est arrivé avec un Haut-Prêtre. C'est la guilde de Desmond qui l'a escorté.

En prononçant le nom de la muraille, il dévisagea Rosen. Tout le monde dans le château connaissait les liens licencieux qui unissaient l'ancien noble à la baronne de Sombrebois ; Alaric n'aurait pas été étonné d'apprendre que l'idiot de Rougelac lui avait raconté quelques détails sur l'oreiller, volontairement ou par mégarde.

Mais des mercenaires d'une autre guilde les accompagnaient aussi, incognito, précisa-t-il, prouvant qu'il s'agissait là d'un élément important. En chemin, ils ont trouvé plusieurs cadavres complètement nus, avec une marque étrange dans leurs chairs. J'ai pensé... Que peut-être ces assassinats avaient un lien avec ce qui se prépare à Sombrebois. Mais Eïlyn m'a assuré que tout était normal, même avec les coutileries arrivées récemment, et je lui fais confiance.

Il marqua une petite pause. Il devait y aller avec parcimonie, ne pas lui dévoiler tout d'un coup, de peur de couper le fil sur lequel la baronne de Sombrebois se balançait depuis des années.

Tu m'as dit l'autre jour que tu craignais le cloaque... Roxanne ne sait pas exactement qui va nous attaquer, elle m'avait l'air sincère à ce sujet. Tu as une idée ?


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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyMar 21 Juin 2022 - 4:37


Parlons peu, parlons bien
Rosen feat Alaric


Alaric me fait signe de le suivre et je suis donc en haut avec une tension grandissante et une humeur massacrante. Comment s’est passé ma matinée ? On ne peut mieux, j’assure grave ! Est bien ce que j’aimerais amèrement lui répondre.

« Laborieuse… Mais ça pourrait être pire », est ce que je réponds finalement avant de prendre des nouvelles de la sienne. »

Je couche Athanase dans son berceau comme nous entrons par ma chambre. Évidemment, ce petit monstre a décidé qu’il n’était pas d’accord et se met à protester par des pleurs énergiques. Heureusement, ces derniers finissent par se calmer quand je lui tends une peluche.

Je m’en retourne ensuite vers Alaric qui s’est adossé contre la porte et l’écoute parler attentivement. Étrangement, je le trouve plutôt loquace, pour une fois. Il me parle de Roxanne, d’une tempête ? De prendre les armes, des victorieux, que Roxanne veut sacrifier Sombrebois.

Tellement d’informations que j’ai du mal à tout assimiler. Tellement que j’ai déjà pourtant comprises.

Soudainement, Alaric se détache de la porte pour s’approcher de moi, me mettant en garde contre Roxanne avant de poser sa main sur mon épaule. Moi, je reste décontenancée un instant.

Pourquoi donc cette façon de me l’annoncer, comme si la nouvelle allait être difficile à encaisser, allait m’affecter ? Des fois je me fais peur, je dois bien l’avouer. Est-ce qu’il peut seulement deviner à quel point je peux être sous l’emprise de Roxanne ?

Est-ce que j’ai l’air si fragile ? Si… fleur bleue ? Mazette. J’espère bien que non, même si je me souviens avec quel engouement je me suis exclamée, quand il m’a annoncé qu’elle reviendrait : ‘Elle va revenir ?!’ . Même si je me souviens à quel point j’ai voulu lui faire confiance à ce moment-là, rongée par cette stupide culpabilité de l’avoir mise en danger alors qu’elle a essayée de me soutenir malgré ses menaces, alors qu’elle a essayé de m’aider à avoir une vie qui me conviendrait mieux et alors qu'elle m'a laissé vivre là où le bon sens semblait lui crier de me faire brûler vive.

A quel point je pensais y voir clair subitement alors que j’étais et suis encore en plein brouillard. Mais qu’il se rassure ; je ne laisserai plus mes émotions prendre le pas. J’ai bien compris à présent, aussi beaux puissent-ils être par moments, les sentiments ne sont que faiblesse et poussent à agir de façon totalement irraisonnée. Dire que j'étais prête à lui confier la gestion du bourg juste pour qu'elle revienne... cette connerie. Ah, ce n'est plus de culpabilité à ce niveau là que j'éprouve, c'est du mépris envers moi même d'en être arrivé à ce stade tellement que c'en est affligeant. Je comprends mieux pourquoi elle disait ne pas pouvoir revenir si elle a l'intention de laisser le village sombrer dans le néant.

Quand Alaric me parle du convoi de Desmond, je contiens un agacement certain. Le crétin ! Je l’ai vu ce matin, et à aucun moment il ne m’a parlé de ça ! Mais pourquoi on ne me dit jamais rien à moi ?! Ah, au diable Desmond. Et quand il me parle à son tour du cloaque, je soupire presque, l’impression d’avoir la tête pleine comme un œuf.

« Ça tombe bien que tu sois venu me parler, je voulais le faire aussi. Viens, on va s’asseoir. »


Je l’entraîne dans le salon, récupère dans le buffet la bouteille d’eau de vie que j’avais entamée la veille toute seule, après m’être dit que de toute façon, quel que soit les efforts que je puisse faire, ils ne serviront à rien. Une bouteille seulement entamée d’un petit verre.

« Oui, je me suis remise à boire », signalé-je maussadement en nous servant chacun un fond, fond que je bois d’un trait, m’essuyant la bouche du revers de ma main.

Oui, je vais avoir besoin de ça pour passer au travers de cette journée.

« Donc. Sombrebois est en danger ? »

Au moins, Alaric a le mérite de parler simplement sans détour. Et ça grands Dieux ! Ce que ça fait un bien fou ! Non, je n’ai pas réalisé que le bourg était en danger. Je croyais que seulement mon fils et moi étions en danger.

« Prendre les armes pour sacrifier Sombrebois ce soir ? »


Je crois qu’un truc m’échappe et je passe passivement ma main sur mon visage pour essayer d’améliorer ma concentration avant de tout mélanger. Chose que j'ai l'impression déjà de faire au vu du non sens total devant lequel je me trouve soudain confrontée.

« Oui, elle fait partie des victorieux. Elle me l’a dit hier. S’ils sont tous aussi déterminés qu’elle, je crois qu’on est dans une sacrée merde. J’ai un mauvais pressentiment… et j’ai aussi l’impression qu’elle peut à tout moment se retourner contre nous. Mais malgré ça, on n’a pas le choix que de devoir lui faire confiance, pour l’instant. »

Pour l’instant… mais jusqu'à quand ?

« Malgré tout ce qu’elle peut manigancer, j’ai voulu croire qu’elle restait au moins sincère dans ce quelle disait, mais maintenant, je n’en suis plus si sûre. »

Je soupire en regardant mon verre, joignant mes mains devant moi.

« Et puis, elle dit être là pour assurer ma sécurité et celle d’Athanase, mais… si un moment donné, la reine ou n’importe lequel de ses adversaires lui proposait une trêve, un accord de paix ou du moins quoi que soit susceptible de l’intéresser en échange de ma mort, elle m’assassinerait sans le moindre état d’âme, et elle ne s'en cache même pas si tu veux tout savoir. »

Oui, c'est bien ce qu'elle a sous entendu hier soir en me disant de profiter qu'elle ait à me protéger tant que c'est le cas.

« Et donc, en attendant, elle a dit qu’Athanase aussi était en danger. Que des alliés de la reine allaient préférer le voir mort qu’entre de mauvaises mains. »

Je le dévisage gravement.

« On a plus d’un adversaire à affronter Alaric... Je ne sais pas combien, mais il y en a au moins deux. Peut-être bien trois avec les victorieux, même si je préfère croire pour l'instant qu'il ne sont pas contre nous, eux. Mais est-ce seulement les seuls ? »


Ah, je vais devenir folle à force de cogiter ! Je saisie mes cheveux avant de me frotter à nouveau le visage.

« Je vais devenir cinglée si je n’arrête pas de tout tourner dans tous les sens pour essayer de comprendre »,
grogné-je.

Des réponses... je veux des réponses. J'aurai des réponses. Je regarde mon verre, hésite à me resservir un dernier fond. Raisonnable ? Je ne sais pas. Nécessaire ? Je le crois bien. Après une courte hésitation, je me ressers un fond d'alcool et repose la bouteille loin de moi, près d’Alaric, pour éviter de n’être tentée par un troisième. C’est vraiment pas le jour où m’étaler à terre en dégueulant de partout.

« Je ne savais pas pour la découverte du voyage de ces guildes... En fait, Desmond est venu me saluer de bonne heure ce matin, mais il ne m’a pas dit grand-chose sur son convoi. Mais c’est pas étonnant, moi, on ne me dit JAMAIS rien de toute façon, pesté-je. Il m’a dit qu’il a escorté des prêtres ici car ils voulaient rendre hommage à mon fils, mais… en effet, c’est étrange, non ? Parce que je n’ai vu aucun d’eux depuis leur arrivée la veille. Ils ne sont pas encore venus me voir. C’est pourtant la première chose que l’on fait, non, quand on arrive ? J’ai bien essayé de demander à Desmond de les garder à l’œil, mais… il n’est plus aussi con qu’avant, je crois. Il m’a dit qu’il n’allait pas les espionner car ça ne ferait pas ses affaires. »

Je bois mon second verre d’une gorgée, le repose un peu brusquement. Une douce chaleur commence à me rasséréner doucement. Bien trop peu comparé à toute la tension accumulée depuis ces longs mois.

« Je lui avais pourtant juste demandé de rester à proximité d’eux au cas où ils auraient besoin d’un renseignement ou de me trouver. J’ai peut-être manqué de subtilité… mais en manquer face à cet idiot, je crois que que mon amour propre en prend un sacré coup, là. »

Je hausse les épaules en lorgnant sur mon verre vide, me grattant distraitement le haut de ma poitrine qui me pique me démange et me brûle désagréablement. Dire que je pensais m'être débarrassée de ces rougeurs suintantes...

« Il m’a parlé d’un accord avec des concurrents pour ce convoi,
dis-je, ayant du mal à me souvenir exactement des mots de Desmond. Quelqu’un n’aurait pas pu faire ce convoi, je crois. Je ne suis plus très sûre de me souvenir... en tout cas rien sur les cadavres découverts. Mais pourquoi des mercenaires auraient besoin de voyager à couvert d’une autre guilde ?! »

Encore une histoire inextricable… décidément, c’est encore plus inquiétant que ce que je ne pensais.

« Elle ressemblait à quoi, cette marque ?
je le questionne. Je me demande qui étaient ces hommes… S’ils étaient nus… c’était peut-être juste pour revendre les vêtements, ou alors pour voler leur identité. Mais si ce ne sont pas des miliciens du bourg, qui est-ce ? Tu saurais me dire dans quel secteur étaient ces cadavres ? Plus proches de Mabrume ou de Sombrebois ? Combien il y en avait ? On va espérer que ce ne soient pas de faux prêtres qui sont venus m’assassiner moi ou Athanase… Parce que je me passerais bien de cet hommage-là très franchement. Bordel… il faut les garder à l’œil, Alaric. Et il faudra aussi garder Victor à l’œil. Il semblerait qu’il y ait une certaine tension dans l’air entre lui et Roxanne, d’ailleurs. Je pense qu’elle lui a fait des menaces, parce qu’il m’a dit qu’il ne se laisserait pas faire. Mais il n’a pas voulu me le confirmer. Ah, et Roxanne m’a dit qu’il y a des gens mal intentionnés dans mon entourage et de me méfier de Victor évidemment, mais je ne sais pas… j’ai tellement l’impression de passer à côté de quelque chose ! »

Quant au cloaque bon sang… mais ce mot est vraiment dans toutes les bouches ?!

« Alaric… je n’ai vraiment aucune idée de ce que me veut le cloaque et même Roxanne a été incapable de me renseigner concrètement. J’ai déjà eu des soucis avec une sectaire dans le passé… mais je pense vraiment que ça n’a rien à voir avec ça. Peut-être que je me trompe, je ne sais plus... Si tu veux mon avis, ils font surtout du mercenariat pour la reine ou quelqu’un d’autre. Je ne pense pourtant pas que ce soit eux qui pourraient vouloir du mal à Athanase. Roxanne disait que les alliés de la reine étaient sans doute trop zélés ou qu’ils ne voulaient juste pas de ce changement. Et que ça ne ferait sûrement pas les affaires de la reine si mon fils mourrait. C’est logique, ce serait comme laisser échapper la clé du bourg dans l’océan. Elle disait que je faisais changer les choses, que ça ne plaisait pas. Mais qu’est-ce que des sauvages bouffeur de cadavres en ont à faire de la société ?! Alors si ce n’est ni le cloaque ni les victorieux, ni la reine, je ne vois pas. Je crois qu’il y a encore une donnée inconnue… »

C’est vraiment à devenir fou tout ça. Des réponses ! Je veux des réponses bon sang !

« Tu te souviens quand je t’ai demandé de surveiller le bourg personnellement et que l’on se relayait pour le faire presque en permanence ? »

Oui il doit s’en souvenir. Il a dû sacrifier de nombreuses heures de sommeil pour ça.

« Y’avait une sectaire dans le bourg et je ne voulais pas prendre le moindre risque qu’elle ne s’amuse à assassiner qui que ce soit ici. Alors oui, toi aussi tu vas me demander pourquoi je ne l’ai pas tout simplement fait arrêter. J’aurais aimé que les choses soient si simple, mais je redoutais que si je faisais ça, je risquais d’aller au devant de plus gros ennuis encore. C’est une trop longue histoire et on n’a plus beaucoup de temps devant nous à présent… »

J’aurais aimé qu’on puisse parler plus tôt de tout ça. La cérémonie ne va pas tarder, il faut que je termine au plus vite cette conversation pour aller trouver Roxanne et tirer les choses au clair sur cette histoire une bonne fois pour toute avant qu'elle ne m'accompagne au temple en haut.

Je soupire, me saisie du verre pour le faire tourner lentement par à coup devant moi, le fixant distraitement.

« Raah... Je suis sûre que Roxanne manigance quelque chose, grommelé-je. Mais quoi ? Pour une raison que j’ignore, elle a besoin de moi pour ses plans. Ça n’a pourtant aucun sens… qu'est-ce que je pourrais apporter à son putain de royaume hein ? Regarde moi, tout ce que je touche est maudit... je suis une vraie plaie, une malédiction à moi toute seule. Sacrifier Sombrebois dis-tu ? Mais à quoi je lui servirais hein, s’il n’y a plus de Sombrebois ? Ça n’a aucun sens… je ne servirais plus à rien, et Athanase non plus. Il n’y aurait plus de bourg à essayer de me retirer pour tout remettre en ordre, à supposer qu'il finisse en cendre. Tout redeviendrait dans l'ordre... ou alors, sacrifier Sombrebois serait juste me faire rendre le tablier, auquel cas on retourne à la case départ, parce que je ne vois pas plus à quoi je lui servirais dans ce cas-là. Ah, si au moins on arrivait à lui délier la langue une bonne fois pour toute ! »

Et autrement qu'entre mes jambes !

Je regarde Alaric, encore perdue dans mes errements pour obtenir des réponses qui refusent de venir.

« Et si jamais c’était les victorieux qui... »

Je me fige alors interloquée, coupée dans mon élan, soudainement frappée par un éclat de lucidité fugace. Comme l'éclair qui zébrerait le ciel en éclairant enfin l'espace d'une seconde le bâtiment où l'on veut se rendre, mais que l'on ne voyait plus, perdu au beau milieu d'une nuit noire. Une réponse. Une réponse, parmi tant d'autres à trouver, qui daigne enfin se pointer.

« Non, ce ne sont pas des alliés de la reine qui en veulent à Athanase... »

Bordel, mais c'est quand que je vais me réveiller à la fin ?!

J’étouffe un rire nerveux.

C'est quand ?


Mais quand ?


Quand ?

Je cherche tellement dans tous les sens que je ne vois pas l’évidence qui se trouve sous mes yeux...

‘Et Athanase… est-il réellement en danger ?
‘Il l’est. Certains préfèreront le voir disparaître qu’utilisé par des mains qu’ils n’apprécient pas.’


Oh… bien sûr, certains… qui ça déjà, attendez que je me souvienne... ah oui ! Les alliés trop zélés de la reine, naturellement… c’était bien ça ?

Mon rire explose franchement en dehors de mes poumons comme je couche ma tête contre la table pour l'enfouir entre mes bras.

Certains, ouais.
C’est ça.

Petite garce.

Ce que je peux être longue à la détente quand même ! Bien joué, je lui tire mon chapeau.

« Alaric… si jamais je tombe ce soir… et que tu as la chance de me survivre… pour l’amour du ciel…. Ne laisse pas Roxanne s’approcher d‘Athanase. »

Non, elle n’est pas là pour nous protéger. Elle est là pour s’assurer qu’Athanase ne finisse pas entre les mains de la reine. Ni plus, ni moins. Tout aurait été plus facile si j'avais suivi mon instinct dès le départ. Si j'avais écouté la raison au lieu de m'enliser dans cette misère de stupide souffrance ridicule et puérile.

Ah, ma belle Roxanne…

si tu le penses toujours dans quelques temps… on en rediscutera.

Tellement fabuleuse et prévoyante, à ne pas exclure malgré ma grande stupidité que je puisse enfin finir subitement par sortir la tête de ce tas de fumier pour réaliser ce qu’il se passe autour de moi. Ne pas exclure que je ne suis finalement peut-être pas si stupide que ça... cette considération. Vraiment aussi prévisible qu'imprévisible... moi qui pensais la connaître !

Ah… toujours aussi parfaite. Et mon esprit s'enfonce doucement dans une imagerie mentale onirique.

Qu'est-ce que je peux l'aimer...

Maintenant, on va pouvoir en discuter.


CLAC.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyMar 21 Juin 2022 - 21:40
Alaric opina et s'assit à son tour, sans pour autant prendre ses aises dans le salon. Il s'installa sur le bord du canapé et refusa le verre que la blonde lui tendit, grimaça lorsqu'il l'observa vider le sien d'un trait. Le soldat haussa un sourcil interrogateur à l'évocation de son addiction, mais n'ajouta aucun commentaire. Il veillerait cependant à ce que sa baronne ne termine pas ivre morte avant les festivités. Surtout qu'Eïlyn lui avait demandé de lui éviter tout scandale en public...

Oui, confirma-t-il sans ambages.

Sombrebois était bel et bien en danger, il ne pouvait plus douter à ce sujet. Comme la place de Roxanne n'était soudainement plus sujet à questionnement. Ainsi donc la châtelaine du Val d'Asmanthe était un membre de ces fameux Victorieux. Heureusement qu'Alaric n'avait pas essayé de boire l'eau-de-vie proposée ; il aurait pu s'étrangler avec le breuvage. Pour lui, il s'agissait d'une information capitale, l'une des pièces du puzzle manquantes que Rosen venait de lui déblatérer sans plus de cérémonie. Que savait-elle donc de plus qu'il jugeait essentiel ? Serrant les dents, il l'écouta sans l'interrompre. La reine revenait plusieurs fois dans les propos de la baronne et Alaric prit soin de noter l'apparition d'Eugénie de Sylvrur dans leur conversation. Il était clair désormais qu'elle était leur ennemi. Mais pourquoi ? Qu'est-ce que la première Dame de Marbrume désirait si ardemment pour se permettre d'attaquer Sombrebois ? Comme l'avait dit Eve, c'était elle qui avait fait en sorte de reprendre le château, de venir en aide au bourg. Parce qu'elle désirait quelque chose, mais pourquoi ne pas simplement se servir, dans ce cas ?

Je crois... Qu'il y en a quatre, murmura-t-il. Le roi, la reine, les Victorieux et... Je ne connais pas trop le quatrième. Mais si les Victorieux sont à la solde du roi, ça enlève une équipe sur le terrain, ajouta-t-il, pensif.

Et quel était le quatrième ? Le groupe progressiste mené par l'héritier ? C'était ce que Eve lui avait dit, lorsqu'il l'avait retrouvée à Marbrume, mais il ne voyait pas ce que son cousin venait faire dans cette histoire. Il restait la place étrange qu'occupaient les bannis : ils étaient dans toutes les discussions et la remarque de sa seconde à leur sujet n'était pas pour le rassurer.

Alaric attrapa la bouteille lorsqu'elle se resserra un nouveau verre et la posa à côté de lui, de sorte qu'elle devint hors de portée de la baronne. Il lui lança un regard sérieux, presque paternel, l'un de ceux qu'on adressait à son enfant pour le mettre en garde. Il croisa ensuite les bras sur son torse, ajoutant une once de sévérité dans sa posture, tandis que la blonde évoquait sa rencontre avec Desmond. Comme par hasard l'ogre de Rougelac n'avait rien dit d'intéressant. Le capitaine de Sombrebois soupira.

Tu sais pourtant ce que veux Desmond, railla-t-il.

Ne l'avait-il pas mise en garde à ce sujet ? Mais Rosen avait-elle seulement suivi l'un de ses conseils ? C'était bien pour cette raison qu'il avait arrêté de lui en donner, d'ailleurs. Mais aujourd'hui, c'était différent. Plus que jamais, ils devaient faire front uni. L'avis de Roxanne dans sa missive...

Une marque ailée, apparemment. Je ne l'ai pas vue, mais j'ai demandé à Eïlyn d'enquêter.

Il ne voulait pas l'inquiéter avec cette histoire, même s'il se voyait mal ne pas la tenir au courant. En revanche, il gardait en mémoire les suppositions de son quartier-maître : et si toute cette histoire de cadavres et de convoi n'était qu'une diversion ?

Je crois que c'était dans les environs de Piana, dit-il, essayant de se souvenir des paroles d'Aeryn. Ils étaient dix ou sept.

Se méfier de Victor, évidemment. Roxanne se serait donc entretenue avec le gouverneur de Sombrebois ? Guère étonnant. Le roi et la reine avaient tous les deux posés leurs pions pour la bataille. L'espion qu'il avait manqué de rattraper, tôt ce matin, lui appartenait-il ? S'il en avait l'occasion, si cette fameuse tempête se terminait sans trop d'accrocs – mais il n'y croyait pas – alors il faudrait qu'il creuse ce sujet. Il détestait l'idée qu'une toile ait été ainsi tissée dans Sombrebois. Ces complots, ces intrigues, tout cela était bon pour Marbrume. Alaric rêvait d'une vie plus calme... Une utopie, sans aucun doute.

Le comte est dans le camp de la reine, lui expliqua-t-il. Je m'en méfie comme de la peste. La reine... Èe'la Comtesse de Clairmont – il s'était rattrapé de justesse – pense qu'elle veut quelque chose qui se trouve à Sombrebois. Athanase ? supposa-t-il, sans la quitter des yeux.

Alaric déglutit. C'était maintenant qu'elle se décidait enfin à lui parler des sectaires ? Le capitaine lorgna son verre, auquel il n'avait pas touché, laissé sur la table basse à ses côtés. Il résista à la tentation de l'affonner. Le cloaque au service de la reine ? Quand il y réfléchissait, ce n'était pas moins fou que de supposer que les bannis étaient à la solde du roi. L'idée demeurait effrayante.

Il secoua la tête, incapable de lui répondre. Non, il ne comprenait pas non plus ce que voulait la reine, ce que la châtelaine manigançait. Il ne parvenait pas à déceler la logique dans toutes les menaces qu'il imaginait.

Les partisans de la reine, murmura-t-il, parce qu'elle avait souvent parlé de ces derniers, sont des nobles attachés aux traditions.

Il citait ce que lui avait annoncé Eve, quelques mois plus tôt.

Ils n'ont pas dû aimer ton mariage avec Hector...

Mais la raison semblait dérisoire, pour s'en prendre à l'ensemble d'un bourg. Le rire dément de Rosen le sortit de ses réflexions. Il la dévisagea, lut la l'étincelle de compréhension dans ses prunelles, sans qu'elle ne daignât lui raconter ce qu'elle avait saisi.

Qu'as-tu compris ? la pressa-t-il en se penchant vers elle.
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyMer 22 Juin 2022 - 17:51


Parlons peu, parlons bien
Rosen feat Alaric





Alaric m’a annoncé qu’il pensait qu’il y avait quatre parties, et je lui ai répondu dans un marmonnement pensif.

« Je crois que le Roi est celui qui a fondé ce groupe. Il m’a dit qu’il a mis Morn de Sarsell à la tête de ses forces armées pour être tranquille car sa femme ne pourrait rien pour le corrompre puisque c’est un type droit, et qu’il serait ainsi tranquille, je te l’avais dit ? Il me semble que c’est aussi un victorieux du coup. Peut-être devrais-tu essayer d’aller lui rendre visite si l’occasion se présente après tout ça, pour voir s’il peut nous apprendre quelque chose et nous aider. »

Que je commence à avoir mal au crâne à force de réfléchir !

« Desmond… il voudrait m’épouser, ai-je dit. Il m’a dit qu’il allait récupérer son titre cet automne, mais si ça peut te rassurer, c’est le dernier homme de tout le Morguestanc que j’épouserais. Ce serait un piètre baron… Sombrebois mérite bien mieux. Un parti financier plus acceptable et un homme capable de diriger le fief mieux que moi. De toute façon, si je survie à tout ce bordel, je crois que c’est la reine qui me forcera à accepter un prétendant de son choix. Pour l’heure, j’ai encore quelques mois de veuvage devant moi… Mais pour revenir à Desmond ; il est fidèle à Victor. Mais j’ose espérer qu’il m’apprécie assez pour me parler avec transparence. Mais je devrais t’avouer que s’il devait choisir entre Victor ou moi… je crois bien qu’il choisirait Victor. Alors je ne me fais pas d’illusion et je sais très bien que les intérêts de Victor vont vers la reine. »

C’est ensuite la voix d’Alaric qui me tire de ma stupeur et me fait faire un bond comme je sombrais déjà dans des arabesques rouges sang ondulantes. Il faut vraiment que je me repose ou je vais finir par dormir debout… Ce que je viens de comprendre ?

« Ben… que si jamais je meurs, les victorieux qui sont à la solde du roi ne laisseront pas la reine mettre la main sur Sombrebois et préféreront tuer Athanase… Le seul victorieux qu’on a avec nous au château à ma connaissance… c’est Roxanne. »

Je reprendrais bien la bouteille - qu’Alaric s’est empressé de récupérer lorsque je l’ai repoussée vers lui - pour me servir encore un fond de verre. Mais un fond + un fond + un fond, et ainsi y passerait plusieurs verres. Et visiblement, Alaric n’est pas ravi à l’idée que je ne boive même une seule goutte au vu des tous petits fonds que je me suis servi. Vraiment la quantité d’une ou deux bonnes gorgées, pas plus.

Non, ça ne serait pas raisonnable d’en rajouter même si à ce moment-là la bouteille accapare sérieusement mon attention. Je regarde Alaric me regarder.

« J’aurais dû… j’aurais dû l’éloigner de toute cette folie quand j’en ai eu l’occasion. Dès sa naissance comme je voulais le faire… ou bien fuir avant ça, comme Roxanne me l’avait proposé. »

Je reste un peu pensive à cette évocation. Fuir avec de l’or, avec mon fils, me permettre d’avoir l’espoir d’une vie sereine et… aurait-elle vraiment pris le risque de laisser le bourg à la reine ? De penser à moi avant cette stupide mission dont elle s’est affublée ? Non, c’est stupide, elle ne m’aurait jamais fait passer avant, elle devait avoir certainement une idée pour ne pas que cela puisse profiter à la reine.

« Mais je ne voulais pas fuir. Hector se serait battu jusqu’à la mort pour son bourg. Il n’aurait pas fui devant l’assaillant. A plus forte raison avec un peuple à protéger. C’est chez lui, ici. C’est chez son fils maintenant. Chez Athanase, baron de Sombrebois. Alors s’il le faut, je mourrai l’arc à la main, mais je ne fuirai pas. Je resterai jusqu’au bout. Mais lui… je ne peux pas lui faire subir tout ça. Il n’a rien demandé… maintenant c’est trop tard, et si jamais Roxanne survit et que moi je trépasse… personne ne l’arrêtera. Mais moi… je refuse que mon fils meurt, alors il faudra bien trouver une solution d’ici ce soir… » 
 
Je soupire en cherchant encore et encore des solutions là où je n’en trouve pas.

« Je ferai tout ce que je peux pour essayer la voie diplomatique, si tant est que l’on puisse en trouver une et que l’on ait l’occasion d’avoir des pourparlers... et que Roxanne me laisse accepter, ce qui risque d’être compliqué dans le cas où, par exemple, un représentant de la reine me demanderait simplement Athanase… j’aurais beau vouloir accepter que la couronne puisse le récupérer, juste pour éviter qu’il ne se fasse tuer… je ne suis pas sûre que Roxanne me laisse le faire. Je crois qu’il va se passer quelque chose… qu’elle sait quoi et ce qu’elle fera, et que ça ne va pas me plaire du tout. » 

[Si tu le penses toujours dans quelques temps…]

Quel merdier… Y a-t-il un moyen d'éviter le pire ? Je dois trouver une solution pour arrêter cette folie. Si je ne protège pas mon fils et mon bourg, qui le fera ? Certainement pas Roxanne. J’ai déjà bien trop fait n’importe quoi en me perdant dans ma détresse et voilà où on en est. Hector m’a fui, il s’est fait assassiné par le cloaque qui a agit pour la reine et s’est arrangé pour que je fasse remonter ça au grand jour. Tout me paraît clair encore une fois, jusqu’à ce qu’une nouvelle information va venir encore tout contredire.

« Et le cloaque, c’est bien pour la reine qu’il agit, j’en suis sûre maintenant. C’est lui qui a tué Hector. Lui qui m’a dit où aller le trouver. Après que j’ai signé sa lettre, la reine a dû faire rechercher activement Hector pour le tuer afin qu’Athanase devienne officiellement le baron de Sombrebois et… de pouvoir me faire assassiner pour le récupérer. Alors je ne sais pas ce qui nous attend ce soir mais si on reçoit un assaut… je ne pense pas que ce soit de la reine, à moins que ce soit pour m’arracher mon fils par la force. Mais elle n’aurait aucun intérêt à tout détruire ici, autant me faire simplement assassiner pour que ça se passe en douceur. Ça, j’ai encore une fois l’impression que c’est le plan des Victorieux… sacrifier Sombrebois pour ne pas qu’il tombe entre les mains de la reine… voire le plan de ses partisans, s’ils ne veulent pas d’Athanase comme baron de Sombrebois. Ya une sectaire qui est venue dans le bourg en plus de la première dont je t’ai parlé. Je dormais sous le Saule et… j’ai entendu une voix qui perturbait mon sommeil. Et elle parlait de ‘mes pertes à venir’. Cette femme c’était la ‘Voix donnée’ apparemment. Et euh… je ne vois pas ce qu’il y a à Sombrebois que la reine pourrait vouloir, sinon comme tu as dit Athanase. Mais elle pourrait me faire simplement assassiner pour l’avoir, alors... »

Je soupire à nouveau en me frottant les yeux.

« Tu la connais bien, hein, Eve ? Assez pour qu’elle se permette de parler en ton nom et qu’elle emploi ton prénom, en tout cas,
dis-je après qu’il ait légèrement bafouillé en abordant son sujet. Et tu m’avais dit lui faire confiance, ce qui n’est pas ton genre de faire si vite confiance aux inconnus, Alaric. A plus forte raison quand il s’agit de toutes ces intrigues. »

Il peut bien essayer de le nier, je ne suis pas stupide. Il est parti la voir à Marbrume il y a quelques mois. Vu le temps qu’il y est resté, il a peut-être bien pu la voir plus d’une fois. Et la façon qu'elle avait de parler d'Alaric et d'elle comme une seule entité.

« On a essayé de parler ce matin mais ça ne s’est pas très bien passé. En fait, elle m’a carrément proposé de sauter du haut des remparts et m’a tout bonnement traitée de bonne à rien à travers une longue diatribe. Je pensais qu’elle voulait faire ma connaissance et essayer de me comprendre, alors j’ai voulu m’ouvrir mais ça l’a vite agacée. J’aurais pas dû me mettre tant à nue, je crois, dis-je en posant ma tête contre ma main et chassant une poussière sur la table. J’ai essayé de répondre à ses questions mais elle n’était pas satisfaite. Je crois qu’elle pensait que je savais vraiment concrètement ce que me veut le cloaque... mais j’en sais rien bordel… j’en sais rien ! Je lui ai même parlé des Barn, en plus. Pour moi ils servent les intérêts de la reine, c’est tout ce dont je suis à peu près sûre. C’était tellement tendu que j’ai pas réussi à parler de grand-chose avec elle en fin de compte. Elle n’a pas voulu me répondre à la seule question que je lui ai posé sur les Victorieux, à savoir s’ils représentaient une menace ou non à son avis. Maintenant que j’ai réalisé pour Athanase… j’ai la réponse. Et d’ailleurs, quand je lui ai dit qu’il était en danger – chose que Roxanne m’a dite – Eve était surprise, comme s’il n’y avait que la reine qui était sur notre dos. »

Je soupire en regardant le plafond.

« Et si sacrifier Sombrebois était symbolique… ils parlent tous avec tellement de… mystères, sous entendus, et que sais-je. Le symbole de Sombrebois… c’est quoi ? Sacrifier Athanase ? »

Je n’arrive pas à me sortir ces maudits victorieux de la tête.

[Si tu le penses toujours dans quelques temps…]


« Si ça se trouve, ils se sont tous mis d'accord pour venir se taper dessus à Sombrebois. La reine voudrait envoyer des forces armées pour récupérer Athanase officiellement maintenant qu'il a reçu sa cérémonie, ses partisans voudraient du coup vouloir venir le tuer, et les victorieux voudraient venir s'assurer que la reine n'arrive pas à avoir Athanase vivant et pour se donner toutes les chances, vont faire en sorte de toute détruire. »

Je tapote de mes doigts sur la table nerveusement.


« Eh ben si on a une bataille de quatre armées à gérer, ça va être quelque chose... »

Bon quatre armées, c'est vite dit. Nous ne comportons dans 'L'armée' Sombrebois - serait-il sans doute plus juste de dire 'troupe' - que 8 personnes, dont une prêtresse et une cuisinière qui ne savent pas se servir d'une arme et ne feraient pas de mal à une mouche. Contre 16 du côté des victorieux rien que dans le château. Sans compter une personne potentiellement neutre avec Eve, et un pion de la reine avec Victor. Voilà qui nous fait une belle jambe...

Je me masse les tempes pour essayer de me calmer l’esprit.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyJeu 23 Juin 2022 - 19:16
Alaric secoua la tête.

Les Victorieux existent depuis avant l'arrivée de la famille royale sur le trône. Morn de Sarssel est à la tête des Victorieux... C'est peut-être la vraie raison pour laquelle il est à la tête des forces du roi ? suggéra-t-il.

Si Roxanne était là simplement pour empêcher que la reine ne s'emparât d'Athanase... C'était tant de préparatifs pour une si petite personne. Instinctivement, le capitaine de Sombrebois porta son regard vers la chambre de la baronne, où reposait l'enfant. Dire qu'Athanase dormait paisiblement sans se douter des conséquences de son existence. La rouquine irait-elle jusqu'à le tuer pour éviter qu'il ne tombât dans de mauvaises mains ? Elle en était capable, il n'en doutait pas un seul instant.

Alaric l'écouta parler de ses regrets, de ses résolutions. À la différence de la baronne, il ne pensait pas qu'elle aurait dû fuir plus tôt. Le royaume – ce qu'il en restait – n'était pas suffisamment vaste pour échapper à de tels complots. La blonde aurait vécu une vie de fugitif perpétuelle, son gamin dans les bras. Ils auraient laissé dans leur sillage des cadavres, des alliés promptement assassinés par leurs ennemis, qui, tôt au tard, auraient mis la main sur eux. Quant à la proposition de Roxanne... Et bien, elle aurait certainement pu les cacher, mais surtout, elle aurait tout aussi bien pu les retrouver, une fois sa propre mission changée. En revanche...

Mourir à Sombrebois ne te servira à rien, Rosen, dit-il doucement. S'il le faut, Athanase et toi partirez tous les deux. Je ne laisserai pas l'enfant d'Hector devenir orphelin.

Il savait que la blonde serait difficile à convaincre, mais il s'y emploierait du mieux qu'il le pourrait. Il n'avait aucune envie qu'elle se suicide avec le bourg, dans une lutte perdue d'avance. N'était-ce pas un peu trop facile ? Il était temps que la baronne comprenne qu'elle avait des amis, des alliés sur lesquels compter. Elle n'avait pas besoin de demeurer seule sur les portes de la forteresse en attendant son heure.

Alaric perdait de ses couleurs à mesure que Rosen parlait du cloaque et de son lien avec les sectaires. Du meurtre d'Hector, de l'importance présumée de la reine, cette histoire rocambolesque de Voix donnée... Les visions et prédictions allaient bon train dans l'entourage du capitaine de Sombrebois. Était-ce possible que cette mystérieuse voix soit la même qui se soit adressée à Aeryn ?

La question au sujet d'Eve le sortit de ses réflexions. Elle avait utilisé son prénom pour parler de lui devant Rosen ? D'un côté, son rang le lui permettait, malgré l'étrangeté de l'usage. Lui, par contre, avait bien fait de se rattraper : il n'était pas question que la blonde découvrît quoi que ce soit à leur sujet.

Pas tant que ça, dit-il en accompagnant ses propos d'un geste désinvolte de la main. Au début, je ne savais pas qu'il s'agissait de la comtesse de Clairmont. Elle a fini par me le dire, quand j'ai quitté Marbrume.

Un mensonge enroulé d'une vérité qui, il l'espérait, passerait inaperçu.

Elle craignait de me le dire, évidemment. Qu'elle me l'ait avoué est une preuve qu'on peut lui faire confiance, ajouta-t-il, serein.

Somme toute, il s'agissait de la réalité. Rosen n'avait pas besoin d'en savoir plus à leur sujet.

Alaric ouvrit la bouche, interloqué, pour la refermer presque aussitôt. Il ne s'était pas attendu à ce que son amante soit aussi... Véhémente avec la baronne de Sombrebois. Il faudrait qu'il lui demande sa version des faits. Si la situation n'avait pas été aussi tendue, il en aurait ri. Certes, le sujet n'était pas drôle – surtout pour la blonde – mais il imaginait sans peine la scène sur les remparts. Hélas, si Eve avait sorti cet atout, sans doute était-ce parce qu'elle n'avait pu obtenir ce qu'elle désirait. À croire que leur recherche d'informations respective avait fait chou blanc...

Les Barn ? demanda-t-il, essayant de décomposer les informations qu'elle lui transmettait.

Alaric poussa un long soupir avant de passer une main dans ses cheveux.

La comtesse de Clairmont ne sait pas tout, tu sais. Elle essaie juste de nous aider. Je suppose que la reine n'est pas la tante idéale, dit-il en essayant de détendre l'atmosphère.

Le soldat leva les yeux vers le plafond, réfléchissant aux dernières paroles de la blonde. Il était vrai qu'il avait fait le plein de mystères et de métaphores, ces derniers temps. Rosen n'avait peut-être pas tort. Mais sacrifier Athanase revenait à la même conclusion qu'elle avait formulée un peu plus tôt. Mais qui d'autre serait le symbole de Sombrebois ?

C'est peut-être bien quelque chose dans ce goût-là, osa-t-il répondre. La comtesse m'a dit qu'un conflit se préparait ici, mais qu'il ne s'agissait que d'une étape. Celui qui remportera la bataille de Sombrebois aura un avantage sur ses adversaires.

Il marqua une petite pause.

Rosen, ajouta-t-il d'un ton sérieux, l'air grave. Les nobles peuvent jouer autant qu'ils veulent, ils ne se doutent peut-être pas que nous sommes aussi des joueurs. C'est pour ça qu'il faut se préparer au mieux. Les empêcher d'arriver à leurs fins ou, au moins, les ralentir.

Il prit ses frêles mains dans les siennes.

Nous devons faire front uni, lui proposa-t-il.
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyVen 24 Juin 2022 - 4:57


Parlons peu, parlons bien
Rosen feat Alaric


Je laisse retomber la tête mollement sur la table lorsque Alaric m’apporte sa précision sur les victorieux. On me dit tellement rien à moi, forcément, et le résultat c’est que je me perds dans des questionnements et théories sans fondement. Ce qu’on gagnerait en fluidité si l’on arrivait réellement à communiquer mieux que ça.

« D’accord, je vais arrêter les théories pour aujourd’hui ou ma tête va éclater,
marmonné-je. Tout est tellement confus… la seule chose que je crois pouvoir dire que je sais assurément, c’est que je ne suis sûre de rien du tout. »

J’écoute Alaric me dire qu’il ne me laissera pas me faire tuer ici, qu’il ne laissera pas Athanase devenir orphelin. Je lui adresse un sourire ému, presque triste. Si seulement ça pouvait tout régler… je crois que je serais prête à remonter en haut et me jeter dans le vide pour de bon si j’étais sûre qu’Athanase serait hors de danger, à l’abri dans le château royal de Marbrume. Mais non, je sais bien que ce serait pas le cas. Ça ne le sera jamais. Il y aurait des tentatives d’assassinat bien vite là aussi. Le roi est visiblement bien décidé à contrer son épouse jusqu’au bout.

Orphelin… mais est-ce si terrible d’être orphelin ? Je ne me souviens pas vraiment de mes parents et cela ne pas m’a pas empêché de vivre ma vie, comme un aveugle qui compense avec ses trois autres sens. Oui, j’ai passé ma vie à compenser. Mon sourire se fait alors plus triste comme je lui réponds simplement :

« Tu oublies qu’il serait condamné sans moi… alors sois rassuré, je ne compte vraiment pas crever. »


Je l’écoute me dire qu’il ne connaît pas tant Eve que ça, même si certaines choses laisse pourtant présumer le contraire. Bon, après, j’imagine bien qu’ils ne se connaissent pas depuis des années non plus… m’enfin.

« Les Barn… je ne sais pas vraiment qui c’était. Des commerçants je crois si je ne dis pas de bêtises, mais je n’en suis pas sûre. En tout cas, Roxanne semble les connaître. Ils étaient dans le bourg et… la sectaire dont je t’ai parlé devait se marier avec l’un d’eux. Certainement une couverture. A mon avis elle les a tous tués, seule ou avec ses copains. C’était sur le chemin du retour quand on a ramené le corps de Hector qu’on les a retrouvé morts. Roxanne se demandait si je ne les avais pas fait tuer… comme si je n’avais que ça à faire, t’sais, et que j’avais le moindre intérêt à faire ça. »

Je fais une moue de dépit en expirant. 

« Mais je suis certaine que la sectaire n’est pas morte, elle, et que c’est bien elle qui avec ou sans les siens les a tués. »

Quant à la petite princesse… je me permettrais bien de lui dire que c’est d’elle qu’il tient ses renseignements, mais je m’abstiens. Je n’ai pas envie de chercher le conflit, ça serait inutile. Du reste, j’imagine bien qu’il a tout à fait raison.

« Je sais… j’aimerais juste que les choses soient plus simples, des fois »,
lui confié-je, lasse. 

Il confirme plus ou moins mes dernières théories d’un bloc, puis il y a un petit silence qui s’installe pendant quelques secondes. Je me perds alors dans mes pensées, mon regard glisse sur les rainures du bois de la table et s’y perd. Si seulement on pouvait savoir ce qu’il se tramait… si on pouvait avoir plus d’indices que ça. Ce serait tellement plus simple. On pourrait tellement mieux se défendre.

« Rosen... »

Je relève brusquement les yeux vers Alaric pour l’écouter et pour une fois, j’ai presque l’impression qu’il croit en moi. Il plonge son regard dans le mien avec une certaine détermination qui me fait chaud au cœur et va même jusqu’à prendre mes mains dans les siennes. Faire front uni… Je me souviens encore quand, il n’y a pas si longtemps que ça, il essayait de me soutirer la régence de Sombrebois, mettant en avant mon besoin de repos pour enrober l’expression de sa défiance à la façon dont l’on enrobe une couleuvre dans du… bref, vous connaissez la musique. Dans du sucre, oui. Et une couleuvre reste malgré tout une couleuvre, qu'elle soit confite ou non.

Vous suivez bien ? Parfait, on reprend donc. Sa correspondance douteuse avec Victor à mon sujet, ces sourires faux qu'il m'a adressé à mon retour... A quel point on s’est éloignés depuis ce jour, même s’il s’arrangeait pour veiller sur moi, il y a eu cette rupture, cet éloignement qui me faisait ressentir cette solitude malgré sa présence. Je me figurais que c’était comme un devoir, somme toute, que de veiller sur moi. Et c’était sans doute le cas, d’ailleurs. Cette confiance mutuellement mise à mal là où pourtant nous aurions dû être plus que jamais soudés. Pourrait-elle finalement revenir ? J'aimerais.

Mon sourire s’étire à nouveau, fragile, épuisé. A chaque fois que je souris, j’ai l’impression que mes yeux enflés et brûlés par la fatigue collent en se plissant. Faire front uni... Je presse ses mains quelques secondes en acquiesçant de la tête.

« On résistera jusqu’au bout. On leur montrera de quoi on est capable et on leur donnera bien du fil à retordre. On va tout donner ! je m’exclame en essayant d’être convaincante. Je vendrai chèrement ma peau… alors s’ils la veulent, ils auront intérêt à s’accrocher ! »

Puis je lui souris un peu plus.

« Je ne fuirai pas Alaric. J’ai déjà bien trop fui... Si on me déclare la guerre, j’y répondrai comme il se doit. Et si je n’ai aucun moyen de négocier quoi que ce soit pour obtenir la paix dans le bourg… alors le sang coulera. Je n’ai pas quitté Sombrebois quand il n’y avait rien à défendre, ce n’est pas pour le faire ce soir alors que l’on vient pour m’affronter et le menacer. Je ne serai pas lâche. Pas ce soir. Je me battrai jusqu'à la fin pour le protéger. Et puis… où voudrais-tu que l’on aille moi et Athanase ? Si on reçoit un assaut ce soir, il n’y aura nul part où aller. Tu te souviens cette nuit au manoir de l’horreur, dans les faubourgs ? Ça sera pareil, là. On sera cerné par la fange en pleine nuit. Et les Trois savent à quel point les cris et le sang l’attire… alors il n’y aura aucun endroit où fuir, même si je le voulais. »

Je lui lâche alors les mains avant de rajouter :

« Et imagine un peu l’état de Roxanne si on fait ça… je crois qu’elle ne serait pas contente du tout. Vraiment pas. »

J’ai un léger rire s’apparentant plus à un simple spasme.

« Et elle fera tout pour nous retrouver. Elle s’en donnerait les moyens. Ça serait une vraie course contre le temps pour y parvenir avant les sbires de la reine ou que l’on ne se fasse bouffer. On irait pas bien loin avant qu’elle ne nous rattrape. Tu sais qu’elle laisserait Sombrebois sombrer sur le champ. Et même si je confiais Athanase à quelqu’un… ça serait pareil. Et puis qui voudrait l'emmener ? Elle se lancerait à sa poursuite aussi sec, me laissant certainement me faire tuer avant de le tuer lui une fois qu’elle l’aura rattrapé. Ce serait un scenario du genre... j’en suis sûre. Ne la sous estime pas, elle est bien trop déterminée pour que l’on ait la moindre chance de faire quoi que ce soit. Et elle a toujours un coup d’avance. Toujours. Je suis sûre qu’elle a même prévu le coup et qu’elle me fait surveiller et/ou la porte du bourg au cas où je tente ça… elle ne nous laisserait pas partir Alaric. C’est trop tard maintenant, même pour lui. Alors, arrivera ce qu’il doit arriver. »

Je ne m’enliserai plus dans les regrets, il n’y a plus de temps pour ça. Le temps est précieux désormais et j’ai tout intérêt à l’utiliser à bon escient. Et puis… si j’ai l’occasion de combattre aux côté de Roxanne, ça sera quelque chose de sûrement très grisant. Je crois que ça serait beau, même si je dois tomber cette nuit. Ça serait une belle fin… Tomber au combat, tomber libre. Ne plus être l'objet - le pion - de personne.    

Penser comme une baronne… hein ? Au lieu de penser comme une... sauvageonne. Eh bien moi, en tant que baronne de Sombrebois, si je dois essayer de m’assurer que le fils d’une petite maligne en qui je n’ai plus du tout confiance parce qu’elle s’est déjà amusée à me fausser compagnie ne tombe pas entre les mains de l’ennemi... la première chose que je fais si je veux faire les choses diplomatiquement, c’est de la faire surveiller en premier lieu pour ne pas qu’elle me file encore entre les doigts.

Et en second… je crois que je la fais enfermer avec son fils dans la pièce la plus proche sitôt qu’un assaut se profile et que je laisse des hommes devant pour la protection et m’assurer qu’elle ne sorte pas. Je ne prendrais sûrement pas le risque qu’elle aille courir n’importe où en plein chaos pour se faire tuer si je cherche à les protéger en premier lieu. A plus forte raison si elle n’en fait qu’à sa tête et que je sais pertinemment qu’elle risque de se transformer en forcenée incontrôlable et foncer dans le tas.

Surtout si elle n’a pas la moindre notion en combat… On a bien vu ce que ça a donné à mon mariage, ce que ça a donné au manoir de l’horreur. Quand le mode survie s’enclenche, je charge tout ce qu’il y a devant moi perdant toute perception de ce qui m'entoure. Et que je me retrouve devant un fangeux ou une foule en panique revient exactement au même. Mais j’espère bien qu’elle aura un point de vue différent sur ce coup-là ; je ne tiens pas à rester enfermer pendant que l’on se fait attaquer, parce que je crois que j’enfoncerais la porte pour sortir me battre. C’est peut-être ça qu’elle manigance… m’empêcher de prendre part au combat, à d’éventuelles négociations que je pourrais accepter, voire l’inverse. Ou que sais-je... Tout est tellement flou. J'ai bon espoir en me souvenant de ses mots ; que viendrait vite le temps où être sauvageonne me serait utile. Sûrement ce soir, pour le coup.

« Bon… je crois que je devrais me trouver une arme, moi… dis-je en me grattant la poitrine. L’arc, c’est bien, mais ça n’est pas vraiment la meilleure arme au corps-à-corps qui soit, si jamais ça s’impose... »

Je passe ma main sur ma nuque en réfléchissant. Mais quelle arme utiliser ? Je ne sais même pas combattre… le poignard ne fera jamais le poids contre une hache ou une épée, il va de soit.

« Je prendrai la hache de jet de Hector, ça pourra toujours me servir, mais je ne saurai jamais utiliser sa grande hache. Et puis elle est bien trop lourde pour moi. La dernière fois que je l’ai utilisée… j’ai réussi à la soulever sous le coup de la rage et de donner quelques coups avec pour me défouler, mais j’ai eu mal à l’épaule pendant des jours. » 

La table à manger s’en souvient… Quoi prendre alors ? Je réfléchis quelques secondes en empruntant pour une fois, un cheminement logique et concis. Quelle est l’arme du citoyen qui ne sait pas se battre ? Hmmm… des bâtons, des outils des champs… des poêles ou des casseroles, pour les femmes. La baronne de Sombrebois va avoir une classe monumentale ce soir je sens... J’oublie les ustensiles de cuisine, ce serait encore pire que le poignard. J’essaie de me souvenir d’une vieille conversation entendue, entre deux miliciens à la bonne Fortune, il un ou deux ans :

‘Plus l’arme est courte, plus elle est maniable mon gars, mais plus elle demande de la technique. Si t’as jamais appris à combattre et que tu te sens pas capable de manier une épée, prends donc…’

Prends donc quoi ?! Ah, bien sûr, c’est la partie la plus importante que j’ai oublié. Je crois que je n’avais pas écouté, en fait, trop occupée à me moquer du type… Ah non, ça me revient maintenant. J’ai coupé la conversation…

‘une bière !’ m’étais-je écrié moqueusement en posant devant lui la choppe commandé, interrompant sans le moindre respect le milicien qui essayait de l’aider. Et les autres miliciens autour avaient ri stupidement, encore plus stupides que moi qui ne m’étais jamais douté que ce simple conseil pourrait un jour me sauver la vie.

‘Une bière dans la tête ça peut vraiment donner la mort, ne riez pas trop mes bons messieurs…’, avais-je ensuite persiflée sottement.

Personne n’avait pu faire le lien avec la bière qu’un client insatisfait, de longs mois auparavant, m’avait lancé au visage. Ce qui m’avait inspirée de faire assassiner par pure vengeance son épouse, par un assassin nommé Kalam, après que nous l’ayons cruellement torturée. J’ai même eu le plaisir de voir le bougre se donner la mort en découvrant le cadavre de sa chère femme. Un désagréable frisson me parcourt en y repensant. Pas si plaisant avec le recul. Pas plaisant du tout, même.

Une époque qui me paraît si loin aujourd’hui. Avec le recul, parfois, j’ai l’impression que ce n’était même pas moi tellement que j’étais différente. J’ai mérité chaque souffrance de cette vie, je ne pourrais jamais le nier. J’émerge alors pour revenir au moment présent. Le temps presse...

Bon, je ne sais pas me battre, c’est un fait. Autant prendre une arme plutôt défensive en ce cas, qui tiendra tout éventuel ennemi à distance au maximum.

« J’irais voir tout à l’heure si Rodron peut me trouver une lance. » 




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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyLun 27 Juin 2022 - 17:12
Roxanne semble les connaître. Bien sûr, la châtelaine semblait connaître tous les noms intéressants, ce n'était guère étonnant. Alaric nota dans un recoin de son esprit l'anecdote que la baronne lui avait relatée, sans savoir ce qu'il pouvait en tirer. D'une manière ou d'une autre, Rosen s'était mis à dos au moins l'une des membres du cloaque et imaginait que le clan tout entier lui en tenait rigueur. Pourtant, même si elle supposait que son ennemie n'était pas morte – une hypothèse intelligente – cette histoire avait l'air d'être terminée. Ou plutôt, elle était passée à une nouvelle phase, liant ainsi le cloaque aux partisans de la reine. Il n'empêche, le capitaine de Sombrebois estimait que le plan présumé de la Première Dame de Marbrume était terriblement compliqué, si son unique but était de s'approprier l'enfant d'Hector. Néanmoins, il ne prenait aucune information à la légère. Il aviserait le moment venu : que pouvait-il faire de plus ?

Alaric lui sourit en retour, rassuré par le ton passionné de la blonde. Comme il l'avait prédit, elle était bien destinée à se battre, jusqu'à la mort s'il le fallait. Mais si ses théories étaient exactes, Roxanne du Val d'Asmanthe serait là, en partie, pour qu'un tel sort ne lui échoie pas. Le capitaine, lui, gardait des réserves vis-à-vis de la mercenaire du roi – était-elle réellement autre chose, après tout ? Il ne savait pas pour quel prétendu royaume elle œuvrait, ni quelle était sa mission de si grande envergure qui légitimait le sacrifice d'un bourg entier, le cas échéant. Dans tous les cas, il craignait que la rousse ne se dresse encore sur son chemin et l'empêche de mettre à l'abri la baronne ainsi que son fils. S'il n'y avait que ces deux-là qu'il désirait sauver à tout prix...

Il y a peut-être un endroit où fuir, avoua-t-il. Mais...

Comment lui expliquer qu'une diseuse de bonne aventure lui avait fourni un itinéraire à gagner, de nuit, lorsque le bourg serait en danger ? Ce n'était que folie et lui-même avait du mal à croire que ce plan existât vraiment.

Dans les marais, non loin d'ici. J'ai fait préparer une charrette et des chevaux, au cas où. Seulement, je ne pense pas que c'est vraiment une option.

Il marqua une petite pause, grimaça en sentant le regard interrogateur, presque sévère de la baronne de Sombrebois. Il savait qu'il en avait trop dit ou pas assez ! Il soupira et rejeta la tête en arrière, tout en passant une main dans ses cheveux.

Il paraît que je pourrais y trouver de l'aide, mais la personne qui m'a dit ça, je ne suis pas sûr de pouvoir lui faire confiance. Elle parlait par énigmes, m'a prédit que le bourg serait en danger, que je devrais le fuir quand ça arriverait. Tu sais que je ne prête pas vraiment attention à tout ça, mais puisque Eve m'avait aussi mis en garde... Je ne suis pas, conclut-il, penaud, la tête basse.

Et puis, Rosen n'avait pas tort : Roxanne risquait de mettre son grain de sel dans le scénario catastrophe qu'il avait prévu. En fait, il ne savait tout simplement pas ce que ferait la châtelaine une fois le moment venu, son rôle demeurait trop imprévisible. Au moins était-il certain qu'elle n'était pas au courant d'Odalie, ni de ses prédictions. À moins que... Serait-ce pour cette raison qu'elle ne connaissait pas exactement les forces en présence pour la bataille à venir ? Non, elle en savait bien plus que ce qu'elle voulait bien avouer... En tout cas, elle ignorait que la voyante avait rencontré Alaric, et elle ignorait également sa liaison avec Eve et les informations que sa comtesse lui avait transmises. Il en profiterait. C'était idiot, puérile sans aucun doute, mais l'idée de mettre des bâtons dans les roues de Roxanne n'était pas pour lui déplaire. Ridicule, étant donné qu'ils appartiendraient au même camp ce soir... En théorie.

Tu as raison, elle ne serait sans doute pas ravie... Et voudrait peut-être nous accompagner. Mais je ne lui fais pas assez confiance pour ça, s'empressa-t-il d'ajouter, l'air grave, les bras croisés sur son torse.

Elle ne laisserait pas partir la baronne, mais lui ?

Tu ne dois pas lui raconter ce que je viens de te dire. Jure-le moi, Rosen.

Pour une fois qu'il avait l'impression qu'il avait un coup d'avance sur la rousse, il entendait bien le garder.

Alaric pencha la tête sur le côté, interloqué, alors que la blonde réfléchissait à l'arme qu'elle désirait équiper.

Une lance ? répéta-t-il, incrédule. Sais-tu au moins l'utiliser ? Je sais que tu veux te battre, mais il ne sera pas question que tu sois en première ligne. L'arc, c'est très bien pour toi. C'est ce que tu utilises le mieux.

Et puisqu'ils parlaient de bataille, il aborda le dernier sujet de sa visite.

Je positionnerai les miliciens d'Eïlyn, ainsi que ceux du convoi, afin que les patrouilles autour du château soient nombreuses, et que toutes les portes soient gardées. Je pense en garder cinq près de nous en permanence durant les festivités et je veillerai personnellement à ce qu'ils ne s'amusent pas. Veux-tu préparer autre chose ?


Dernière édition par Alaric le Mar 28 Juin 2022 - 10:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyMar 28 Juin 2022 - 0:02


Parlons peu, parlons bien
Rosen feat Alaric


Lorsque Alaric m’informe qu’il a fait préparer une charrette – juste au cas où - pour fuir, je reste décontenancée un instant. Quoi, mon capitaine de Sombrebois qui projette de se faire la malle pendant qu’on se fait attaquer ?! Étrangement, je n’aurais pas cru ça d’Alaric. Parce que je le connais, Alaric. Et ce n’est pas un pleutre. Alors pourquoi ?

Face à mon regard peut-être un peu trop inquisiteur, il arbore une légère grimace avant de me révéler maintenant qu’une personne en qui il n’est même pas sûr d’avoir confiance lui a donc dit où aller et qu’il y trouvera de l’aide. Non, elle ne lui l’a pas dit. Elle le lui a prédit.

Je m’accoude à la table en me pinçant l’arrête du nez.

« Au diable les prédictions… je marmonne maussade. J’ai déjà eu mon lot. »

Oui, au diable les vieilles biques bannies et édentées qui découvrent voire prédisent de nouveaux sacrifices. Au diable les folles des marais qui me prédisent des pertes et au diable toutes les diseuses de bonnes aventures quelles qu'elles soient !

Je prends une profonde respiration puis je relève la tête pour regarder à nouveau Alaric. Méfiant il l’est, d’habitude. Mais j’ai l’impression qu’il baisse un peu trop sa garde ces derniers temps. Et d'ailleurs... je réalise qu'il a appelé la comtesse par son prénom, cette fois.

« Éliminer le capitaine des forces militaires adverses est un excellent moyen de prendre un avantage considérable sur elles, mais j’imagine que je ne t’apprends rien, hein ? lui demandé-je sans être désagréable, juste pour énoncer un fait. Tu ne t’es pas demandé si ce n’était pas juste un piège ? »

Les pièges, je suis forte pour les repérer, mais encore plus pour me jeter dedans. C'est pas grave, tant que je peux me dévorer la patte pour en sortir, après tout, n'est-ce pas ? J'espère juste qu'Alaric sait ce qu'il fait... Je laisse reposer ma tête sur ma main, songeuse, jouant à nouveau de mon index sur les rainures de la table. 

« Explique moi exactement tout ce que tu sais de cette personne et pourquoi tu lui ferais confiance, ainsi que cette aide dont elle t'a parlé, lui demandé-je. Et non, Roxanne ne serait pas ravie du tout, mais je ne pense pas qu’elle nous accompagnerait. »

Je l’imagine arriver derrière nous comme si de rien n’était, au milieu du chaos, en demandant gaiement de son habituelle nonchalance :

‘Vous me faites une petite place ?’

J’ai un nouveau rire, presque mignon, je crois. Moins inquiétant que le précédent en tout cas. Mais elle pourrait bien faire ça, et juste après s’être installée, l’air de rien, me planter sa lame en travers de la gorge puis dans le corps d’Athanase. Ah, Roxanne…

Remarquant alors que je souris de façon peut-être un peu triste et attendrie à la fois, je me ressaisie, sors de mes rêveries et me racle la gorge avant de présumer finalement :
 
« Je crois plutôt qu’elle me tuerait directement avec Athanase, puis elle retournerait se battre. Elle ne prendrait pas le risque que les hommes de la reine nous intercepte avant elle pour me tuer et le récupérer. »

Lorsque Alaric me demande de ne rien lui dire, j’acquiesce un peu à contrecœur.

« Tu as ma parole, je ne lui en parlerai pas. Mais je ne suis pas sûre que l'idée lui plaise si elle découvre que je savais que tu avais l'intention de nous laisser en plan et que je ne lui ai rien dit... »


Me ferait-il finalement confiance ? L'idée me paraît étrange. En tout cas, je crains qu'il ne me mette en fâcheuse posture avec ses conneries... S'il détale et que Roxanne apprend que je le savais et que je ne lui ai rien dit... je crois qu'elle ne me ferait plus jamais confiance, si tant est qu'elle puisse me faire un peu confiance, actuellement. C'est quand même assez grave...

Sinon, cela mis à part, il ne semble pas trouver que de prendre une lance serait une bonne idée.

« Non, je ne m’exposerai pas. Je resterai près de Roxanne, je pense que c’est ce qu’elle voudra de toute façon. Après tout… elle est là pour me protéger, de ce qu’elle dit. Et oui pour l’arc, bien sûr. Mais au corps à corps ? Si jamais on subit un assaut à l’intérieur… il me faudra bien une arme, non ? Mon poignard ne me sera d’aucune utilité en face d’une épée ou d’une hache… c’est trop court. Et je ne sais pas me battre, Alaric. Je n’ai pas le temps d’apprendre en si peu de temps de me servir d’une épée. Et je ne suis pas sûre que l’arc à l’intérieur soit très pratique. La lance… ça me permettrait de tenir les adversaires à distance, et c’est sans doute l’une des armes les plus simples à utiliser. Tu ne penses pas ? Je tire vite et juste à l’arc, d’accord, mais je pense qu’il ne sera utile qu’en haut, sur le chemin de garde pour protéger la porte du château. A l’intérieur… il me faudrait autre chose au cas où l’on s’approche trop près de moi. Tu aurais une meilleure idée que la lance ? Si tu penses que l'arc suffira dedans... je te fais confiance. »

Alaric sait mieux que moi, il a l'expérience de ce genre de choses. Je me souviens encore quand Hector voulait m’apprendre à manier sa hache. J’ai trouvé l’idée stupide. Je ne suis pas une guerrière… mon arme, comme me l’a si bien rappelé Alaric, c’est l’arc. Aujourd’hui, je me dis que j’aurais peut-être dû en fin de compte. Si je survis à cette nuit, je reconsidérerais cette question. Quand on a tout un village à défendre… il faut bien savoir se battre, même si on est une femme.

« Préparer autre chose… il y aurait tant à préparer, hein ? Aura-t-on seulement d’ici ce soir s’il arrive quelque chose… »

Je soupire un instant en réfléchissant.

« Je ne sais pas si partir est une bonne idée… et la fange ? Tu y a pensé ? Même pas loin… c’est plus que dangereux, la nuit. Mais si c’est ce que tu veux… vas-y. Je ne sais pas quelle aide tu pourrais bien trouver, mais si tu veux partir je ne t’en voudrais pas. »

Je m’arrête une seconde, pose ma main sur son avant bras.

« Je me débrouillerai. Tout ça… c’est à cause de moi, après tout, alors tu n’as pas à subir ça. C’est mon combat, ce n’est pas le tiens. C'est moi qu'on vient défier. Je te laisserai un peu d’or si tu veux. Mais si tu pars comme ça alors qu'on se fait attaquer… tu seras considéré comme un déserteur en plein combat. Alors sois bien sûr de ce que tu fais. Certaines erreurs sont très difficiles à rattraper, tu sais… et… »


Je sens ma gorge se nouer désagréablement, tant que j’ai du mal à déglutir.

« Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose à cause de moi. »   

Il est toujours difficile pour le moral d'entendre que l'on va perdre son capitaine alors qu'un combat se profile. Et peut-être bien fait-il une grave erreur qui nous condamnera tous. Mais qui serais-je pour le blâmer ou le juger ? Je suis la seule responsable de ce qui arrive. La seule.

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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyMar 28 Juin 2022 - 11:00
Bien sûr que je me le suis demandé ! s'écria-t-il en se redressant d'un bond, les poings serrés le long de ses flancs.

Alaric avait déjà envisagé moult possibilités, le problème était qu'il ne parvenait pas à découvrir le fin mot de cette histoire. Odalie pouvait utiliser sa relation avec Eve pour le manipuler, comme elle pouvait réellement lui offrir de l'aide. Mais pour quelle raison, au juste ? Rien n'était gratuit dans ce monde et il était clair que le capitaine de Sombrebois aurait une dette conséquente envers la diseuse de bonne aventure, si elle avait prédit la vérité. La mâchoire crispée, il s'évertua à reprendre le contrôle de lui-même. Il se rassit après avoir inspiré longuement.

Je ne sais rien d'elle, avoua-t-il. Je l'ai rencontrée dans les marais, entre Sombrebois et Balazuc. Mais... Elle savait des choses à mon sujet... Qu'elle ne pouvait pas connaître.

Même si elle n'avait pas prononcé le prénom de la comtesse de Clairmont, ses sous-entendus s'étaient révélés éloquents. Hors, sa relation avec la jeune noble avait à peine débuté lorsqu'il avait croisé la voyante dans les marais du royaume. De moins en moins, Alaric estimait qu'il s'agissait d'une vulgaire tireuse de cartes, tout au plus s'était-elle fait passée pour une saltimbanque, alors qu'elle connaissait des informations confidentielles, qu'elle avait préféré lui transmettre enveloppées d'énigmes et drapées de visions effrayantes.

Eve m'a annoncé que le bourg était en danger, ensuite cette femme me prédit la même chose, et Roxanne m'a confirmé qu'une tempête brutale se déroulerait ce soir. Je ne peux pas croire à une coïncidence, tu comprends ?

C'était la superposition des renseignement glanés ici et là qui apeuraient le soldat. Tous se mettaient d'accord sur un fait : Sombrebois serait en danger ce soir ainsi que ses habitants et invités. Il ne pouvait simplement pas effacer l'étrange discussion qu'il avait échangée avec Odalie, un choix qu'il jugeait dangereux et inconscient.

Pour l'aide dont elle m'a parlé, je n'en ai aucune idée...

Tout ce qu'il savait, c'était qu'il devait se rendre sur un tertre dans les marais, non loin du bourg, et d'y planter le bâton offert, sans doute pour qu'il soit reconnaissable de ses mystérieux alliés. En réalité, il avait bien une petite idée sur l'identité de cette aide providentielle. La voyante ne s'était-elle pas rendue chez les bannis, une fois leur entrevue terminée ? Ces mêmes bannis qui étaient sur toutes les lèvres récemment, éloignés de Traquemont, comme s'ils étaient occupés ailleurs... Ici, peut-être ? Quoi qu'il en soit, Alaric se voyait mal révéler à la blonde ses suppositions. Elle avait suffisamment de soucis comme ça pour qu'il en rajoutât une couche.

Tant que la châtelaine ignore ce plan, il n'y aura pas de problème, affirma-t-il.

Il espérait que la baronne parviendrait suffisamment à tenir tête à la châtelaine, malgré l'influence que cette dernière exerçait sur elle.

Hé bien, la lance te permettrait de tenir des ennemis à distance, fit-il en grattant pensivement sa barbe, mais c'est une arme lourde, pas facile à manier.

Il laissa ses yeux bleus courir sur le corps frêle de la baronne, sur le poids qu'elle avait perdu ces derniers mois. Il n'ajouta rien, mais son regard parla pour lui : « Serais-tu seulement capable de tenir une arme lourde et lente durant tout un combat ? » Il ne tenait pas à la vexer, mais il en doutait fortement.

Ce n'est pas ce que je veux, la contredit-il.

Comment pouvait-elle imaginer qu'il désirait fuir Sombrebois ?

C'est mon combat autant que le tien. J'étais ici avant toi. Je me suis battu pour Sombrebois avant toi.

Ses doigts enlacés sur ses cuisses se contractèrent, agrippèrent le tissu de ses chausse qu'ils serrèrent à en perdre des couleurs.

Tu crois que je n'y ai pas réfléchi ? s'étrangla-t-il.

Un déserteur. Une honte. L'angoisse lui nouait les tripes.

Ce n'est qu'un dernier recours.

Un dernier recours, que, à l'heure actuelle, il n'était absolument pas certain de saisir. Un déserteur...
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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyMar 28 Juin 2022 - 19:52


Parlons peu, parlons bien
Rosen feat Alaric


Lorsque Alaric s’est mis à crier, je me suis tendue, ai regardé en direction de ma chambre. Si jamais il me réveille Athanase… ben il ira le rendormir ! Fort heureusement, je n’entends aucun pleurs. J’ai donc à nouveau regardé Alaric, mal à l’aise à présent. Et j’ai l’impression d’avoir un peu mal aux seins… Ah, ce lait… quelle plaie. Ça fait que couler et c’est souvent désagréable.

« Je comprends. Mais... quelle aide pourrais-tu trouver ? Et si cette femme voulait aider et qu’elle sait ce qu’il va arriver… Pourquoi ne pas nous avoir déjà proposé de l’aide avant ? Ou nous avoir parlé de cette aide… cette histoire est inquiétante. Peut-être pourrais-tu faire envoyer quelqu’un d’autre, si c’est une aide pour le bourg ? »

Mais est-ce le cas ? Je soupire ensuite au sujet de Roxanne.

« Je ne lui dirai rien, répété-je. Je t’ai donné ma parole. Mais j’espère que tu sais ce que tu fais… »

Le pire, c’est qu’il est incapable de me l’assurer. Dans quelle histoire je me fais encore impliquée moi, hein ? Ah la la… je suis toujours à me plaindre qu’on ne me dit rien, et quand on me fait une confidence, je trouve le moyen de me plaindre. Il faudrait savoir à la fin ce que je veux…  

« C’est si lourd, une lance ? 
demandé-je alors surprise. Je ne pensais pas que ça pesait bien plus qu’un balai... »

Un balai… Hmmm ?

« Alors je fais quoi en cas d’attaque ? Je garde l’arc à l’intérieur ? Ou bien… je prends un balai, et j’attache mon poignard au bout ? Ça serait sans doute plus léger, non ? » 

Un style incomparable, bien à mon image. Alaric semble de plus en plus nerveux au fur et à mesure que nous parlons et je crains qu’il ne finisse simplement par se lever pour partir en trombe, furieux. J’ai le don pour pousser les gens à bout… même quand je ne fais rien pour.

« Alaric… » 

Je cherche mes mots. Je ne suis pas vraiment sûre d’avoir tout compris à son histoire. Va-t-il juste partir, ou bien aller chercher de l’aide et revenir avec ?

« Je voulais dire… que… »


Je soupire.

« Nous sommes tous concernés ici, mais ce n’est pas après toi qu’on en a. On vient pour moi. C’est même pas… c’est même pas vraiment Sombrebois qui est visé je crois. C’est juste moi. Je dérange. Et je n’ai pas envie que tu sois tué par ma faute, que ce soit pour défendre ce que j’ai mis en péril, sur la route en partant d’ici en pleine nuit ou après pour la conséquence de tes actes. Alors je t’en prie, quoi que tu fasses, sois prudent ce soir. »

Qu’est-ce que je pourrais bien faire pour tout rattraper, hein ? Y a t-il seulement une solution…

« Je suis vraiment désolée… Tu n’imagines pas à quel point je m’en veux. »

Il n’y a pas de mots pour le décrire. Mais ça ne changera rien. 

« Je vais régler ça. Je trouverai un moyen… je les ferai tous démordre et je leur montrerai ce qu’il en coûte de s’attaquer à Rosen de Sombrebois, afin que plus jamais ils n’aient seulement l’idée de ressayer. Ils vont le regretter ! Tu vas voir à quel point ils vont le regretter… » 

Ah, ça sera une guerre de longue haleine… mais qu’importe que je perde ou que je gagne cette bataille. Je gagnerai la guerre, à la fin. Parce que je gagne toujours.

« Ils ne savent pas de quoi je suis capable, mais ils vont vite le découvrir. »

Oui, je vais tout rattraper. Je repense aux mots d'Edwige ce matin, quand je lui ai dit que j'ai été heureuse qu'elle ait fait partie de ma vie. Un honneur de m'avoir connue, a-t-elle répondu... je regarde Alaric, essayant de chasser la tristesse de mon regard. Alaric qui m'accorde finalement une certaine confiance. Roxanne, qui pense que je peux être un atout. Finalement... peut-être que les choses vont aller en s'arrangeant, si je laisse passer un peu de temps.

« Dis… si tu as l’occasion de reparler à Eve prochainement... »


Et quelque chose me dit que c'est fort probable.

« Tu lui diras de ma part qu’elle avait raison et que je ferai mieux,
dis-je avant de rajouter : il faudrait que je m'améliore dans la communication, hein ? J'ai encore un peu de mal, je crois. Bon... ben il va falloir que j'y aille. J'aimerais dire deux mots à Roxanne à propos de cette tempête ce soir... et de cette histoire de sacrifier Sombrebois. Peut-être qu'elle m'en dira un peu plus à moi, même si elle ne m'a rien dit avant de concret à ce propos, alors... c'est pas gagné je crois. Je te tiens au courant si j'apprends quelque chose d'important. »

Je me lève et attrape la bouteille et les verres pour les ranger.


« La cérémonie d'Athanase est dans pas longtemps, alors ne t'éloigne pas trop du château. Et... »


Je me retourne pour lui adresser un sourire que j'aimerais moins triste.

« Merci de me faire confiance. »



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyDim 3 Juil 2022 - 14:47
Roxanne sait ce qu'il va se passer, ça ne l'empêche pas de ne rien nous dire, rétorqua-t-il d'un ton plus sec qu'il ne l'aurait voulu.

De son point de vue, la rousse était encore plus dangereuse qu'Odalie. Si cette dernière se cachait derrière des paroles sibyllines, la châtelaine, elle, ne niait pas les renseignements qu'elle possédait, sans pour autant accepter de les transmettre, simplement parce qu'elle ne les avait guère envisagés dans son large plan. Ce simple état de fait le rendait fou. Quant à la diseuse de bonne aventure, elle avait joué son rôle en semant le doute dans l'esprit du capitaine de Sombrebois et, même si Eve était parvenue à le rassurer quelque peu la veille, il savait qu'il ne devait pas prendre ses propos à la légère.

Il secoua la tête, mâchoire crispée.

Non, ça devra être moi, affirma-t-il. C'est à moi qu'elle l'a demandé.

Qui mènerait à bien cette mission sans penser qu'il ne s'agissait que de folie ? Même s'il connaissait des miliciens suffisamment fidèles et compétents pour se rendre sur le tertre de la tortue, il lui semblait impossible de confier cette tâche obscure à quiconque. Il fallait avoir vu Odalie pour y croire, il fallait l'avoir observée, écoutée. Et puis, n'avait-elle pas dit que c'était lui qui pourrait changer le cours du destin ? Elle l'avait investi d'un rôle personnel, sans pour autant l'obliger à l'interpréter. Mais, et si elle avait raison ?

J'espère que tu sais ce que tu fais. Alaric eut envie d'éclater de rire. Ne s'était-il pas montré clair, quelques minutes plus tôt ? Il était évident qu'il était tout sauf confiant. Si le capitaine était sûr d'une chose, c'était qu'il ne savait rien. Du moins, pas assez pour faire face à la menace qui planait sur la place-forte. Cependant, il ne fit guère part de son ressenti à la baronne de Sombrebois : si elle n'avait pas compris à quel point il était perdu, c'était peut-être pour un mieux. Il n'avait aucune envie de miner un peu plus son moral ou de l'effrayer plus que de raison. Cette journée s'annonçait éprouvante pour la blonde : elle aurait besoin de toutes ses capacités pour la surmonter.

Alaric grimaça.

Je ne suis pas sûr que te confectionner une arme soit la meilleure des idées. Et, crois-moi, une lance est bien plus lourde qu'un balais.

N'était-il pas logique qu'un bâton d'acier et de métal soit plus lourd qu'un morceau de bois muni d'une brosse ? Il ne savait plus quoi faire pour la convaincre de ne pas s'armer. Rosen voudrait prendre part à la bataille et il ne parviendrait pas à l'en empêcher. Surtout s'il ne restait pas à ses côtés tout au long de l'assaut. Néanmoins, si la châtelaine avait pour but de protéger l'héritier, alors sans doute veillerait-elle au grain. L'idée de laisser la baronne entre ses mains ne lui plaisait pas, mais il savait qu'il n'aurait pas le choix. Ce soir, il aurait des concessions à faire, des décisions à prendre ; il lui faudrait opter pour le moindre mal à n'en point douter...

Alaric la dévisagea sans mot dire, soupira lorsqu'elle s'excusa à nouveau.

Il est trop tard pour être désolé.

Il inclina la tête, l'air grave.

Avant aujourd'hui, tu ne t'es jamais dit que ma vie pouvait être en danger à cause de la tienne, n'est-ce pas ? demanda-t-il doucement malgré la sévérité de ses propos.

Elle avait beau dire que tout était de sa faute, mais qu'elle le voulût ou non, elle avait lié son capitaine et le reste de la maisonnée dans ses histoires. Oh, en soi, cette conséquence n'était pas un problème pour le soldat. Lorsqu'il avait accompagné Hector dans son domaine, il avait compris rapidement que son nouveau poste serait critiqué, en raison de sa proximité avec le baron méprisé. Mais au moins ce dernier avait-il toujours pris soin de ses sujets, n'avait rien fomenté sans les tenir informés. Il ne s'était pas plaint de longues heures durant, prétextant qu'il était seul au monde, alors que des dizaines de bras étaient tendus vers lui. Jamais Alaric n'oublierait son retour à Sombrebois un peu plus d'un mois auparavant. Jamais il n'oublierait le vide qu'il y avait trouvé, la crainte dans les yeux du peuple, l'incompréhension dans les prunelles des habitants du château. Il était ravi de constater que Rosen ne pensait plus uniquement à elle, désormais. Néanmoins, il y avait des conséquences à assumer ; avait-elle au moins conscience de l'étendue de ces dernières ? Ne pas avoir envie qu'un de ses proches soit tué par sa faute était un noble sentiment... Mais c'était tout ce que c'était. Des actes seraient nécessaires, mais peut-être pas suffisants.

Il hocha la tête à sa requête, réfléchit à tout ce qu'il désirait dire à Eve avant que le soir ne tombe. Rosen serait un sujet qu'il devrait mettre sur la table, même s'ils auraient d'autres problématiques à aborder. Il était cependant curieux d'apprendre comment son amante en était venue à proposer à la baronne de se jeter depuis les remparts.

Il se leva, s'épousseta les mains sur ses chausses.

L'important, c'est que tu essaies, lui répondit-il pour la rassurer.

Plus les jours se succédaient, plus Alaric avait le sentiment qu'il était trop tard. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes d'être aussi pessimiste. Il espérait que Rosen pourrait le détromper.

Méfie-toi de Roxanne, répéta-t-il, elle est dangereuse.

Il la gratifia d'un pâle sourire qui n'atteignit pas ses yeux. Lui faire confiance ? Pour certaines choses, pas pour d'autres. Mais elle était la baronne et il était le capitaine. Elle devait au moins avoir la sensation qu'ils faisaient front uni pour qu'elle tienne le coup. Et Rosen devait tenir le coup. Pour Sombrebois.
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyLun 4 Juil 2022 - 13:06


Parlons peu, parlons bien
Rosen feat Alaric


Lui et pas quelqu’un d’autre ? Et pourquoi ? Je suis fatiguée de toujours poser des questions pour n’avoir aucune réponse, alors j’abandonne l’idée de demander. Pour sûr, il ne le sait même pas lui même, de toute façon. Alors soit, faisons nous baiser de tous les côtés puisque nous ne sommes rien capable de faire de mieux…

« C’est pas parce que Roxanne ne nous dit rien que c’est normal que d’autres personnes qui sauraient aussi ne nous disent rien non plus… et si Roxanne ne nous dit rien… d’ailleurs. C’est parce qu’elle est impliquée dans cette histoire ! »

Maintenant, c’est moi qui hausse le ton. Ce n’est pas contre Alaric, évidemment. Je suis juste en colère ! En colère de ne jamais être capable de faire quoi que ce soit d’autre que de me faire baiser – littéralement d’ailleurs, ceci dit en passant. Roxanne et ses maudits victorieux… Non, plus de théories. Mon crâne va exploser. Il faut que je trouve une solution et vite.

« D’accord, alors je resterai avec mon poignard si l’arc me fait défaut. » 

Et si je croise une épée ou une hache… oh, eh ben je me démerderai avec mon désavantage. Au pire je crèverai et j’en aurai au moins fini avec tout ça. Avec un peu de chance, tout rentrerait dans l’ordre. Si j’en étais certaine… ça serait vite réglé. On me traiterait de lâche une dernière fois, sans doute. Mais mon suicide réglerait tous les problèmes. Ce serait le mieux, alors.

Je l’ai ensuite regardé se lever à son tour comme j’ai refermé le meuble et mon regard s’est assombri. Que répondre à sa question ? Que je ne savais pas ? Non, je ne savais pas que ça finirait comme ça. Mais ce serait mentir que de dire que je ne savais pas qu’on cherchait à me nuire.

Et ça m’était égal, au fond, qu’on me nuise. Je me croyais tellement au dessus de tout. Que rien ne pouvait m’atteindre et que même en me jetant dans la souricière, je leur montrerais que je pourrais en ressortir indemne, car là est la force de mon essence. Mais pas une seule seconde je n’avais imaginé que j’entraînerais tout Sombrebois avec moi à l’intérieur. Tout un village incapable de se défendre, contrairement à moi.

« J’ai pas voulu vous mettre en danger… j’ai pas voulu tout ça ! J’ai voulu tout faire pour l’éviter. J’ai même signé leur maudit contrat sur mon fils justement pour éviter ce genre de choses… mais tu sais, je crois que quoi que je fasse, ils chercheront toujours un moyen de se débarrasser de moi ou de parvenir à leurs fins. Même si je n’avais pas fait d’erreurs… ils auraient trouvé autre chose. Ils ne me laisseront jamais en paix. Si je survis, ils essaieront de m’assassiner d’une façon ou d’une autre. Sans doute mon fils aussi. Ou bien il y aura d’autres assauts après celui-là, s’il doit y en avoir un. Et après ? Les gens vont se faire massacrer encore et encore ? Les survivants partiront. Sombrebois ne sera plus un endroit sûr pour personne... »

Je serre les dents.

« Je le leur ferai payer, répété-je pour la énième fois. Qu’importe si je ne sais pas qui je devrais faire payer… je ferai payer tout le monde et je rendrai chaque coups. La couronne, le cloaque, les victorieux… ils vont tous y passer les uns après les autres, ou tous en même temps s’il le faut. Avec de l’aide ou même sans, ça n’a aucune importance. Et après ce soir, quand on en aura fini avec tout ça… »

Je relève la tête pour le regarder dans les yeux avec détermination.

« J’éloignerai mon fils de toute cette folie. »

Cette fois, je ne lui demanderai ni son aide ni son avis. Je ferai ce qu’il y a à faire. Je ne laisserai pas mon enfant se faire tuer. Je ne fuirai pas. Mais je le mettrai à l’abri, comme j’aurais dû faire depuis longtemps, si seulement je n’avais pas été trop lâche pour abandonner l’idée de m’en séparer ou de craindre que les conséquences soient désastreuses. Cette fois, je le ferai et qu’importe ce qu’il doit m’arriver. Ce que toute mère ferait pour protéger son bébé.

« Ça ne sert à rien d’essayer de m’en dissuader, j’ai pris ma décision. Il a le droit d’avoir une vie normale sans risquer de se faire tuer chaque jour de sa vie, juste parce qu’il a eu le malheur de m’avoir pour mère. Tu sais… si j’étais sûre qu’il serait hors de danger avec la couronne, je le leur amènerais même. Mais si je faisais ça… toi comme moi, on sait qu’il risquera de se faire assassiner pareil tôt ou tard. Et je ne sais pas vraiment ce qu’il adviendrait du bourg… » 

Je soupire et je retourne finalement m’asseoir.

« Je ferai tout ce qu’il faudra faire pour que ça aille maintenant. Et pour Roxanne… si je ne m’en étais pas tant méfiée, on en serait pas là. Mais ne t’en fais pas… je reste prudente. C’est quoi qui t’a fait réaliser qu’elle était dangereuse ? Tu sais, je l’ai vu le premier jour de son arrivée ici, alors sois tranquille. »

Plus exactement la première minute où je l’ai vue, alors qu’elle était pas loin de me briser le poignet. Bien avant qu’elle n’arrive à Sombrebois et qu’elle me menace de faire tuer tout le monde... Mais s’il savait ce qu’il en était réellement… je crois qu’il me regarderait de travers quand je lui dis d’être tranquille. Au moins pourrait-il être assuré que je me tienne tranquille auprès d’elle dorénavant…

Je ris à nouveau.

« Tu vas voir… je vais causer une telle pagaille qu’ils n’auront même plus le temps de penser à Sombrebois. Et tu sais, hein, à quel point je suis douée pour causer la pagaille ? Pour une fois dans ma vie, je le ferai à bon escient. » 

Les idées ne manquent pas… de la plus légère à la plus extrême. De la plus simple à la plus compliqué. De la plus sécurisée à la plus dangereuse…

« Une telle pagaille que quand ils verront l’ampleur de mes représailles… ils n’oseront même pas répliquer de peur que je fasse encore pire. Crois-moi… il vaut mieux pour eux qu’ils arrivent à me tuer ce soir. »

Je laisse courir mon ongle sur le bois, causant un léger crissement à peine audible, mon esprit se perdant dans de nombreuses idées de vengeance toute plus grisantes les unes que les autres.



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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyJeu 7 Juil 2022 - 11:54
Alaric arqua un sourcil.

Bien sûr qu'elle est impliquée. Et pourtant, elle refuse de me parler.

Rosen venait-elle seulement de comprendre que la châtelaine les manipulait à sa guise afin de mener sa mission à bien ? Il était un peu tard pour s'en rendre compte... La vérité, c'était qu'un grand nombre de personnes et de groupes étaient liés à ces intrigues. C'était ce qui rendait la compréhension de la bataille compliquée, incomplète. Le capitaine de Sombrebois avait du mal à comprendre les accointances entre les différents camps opposés. Néanmoins, pour l'heure, ce n'était guère le plus important : il devait faire tout ce qu'il pouvait pour préparer au mieux le bourg à affronter la tempête brutale qui les menaçait. Il n'avait ni les capacités, ni le pouvoir de faire plus... Malheureusement.

Alaric soupira, inquiet, fatigué également. Il ne voulait pas avoir cette discussion avec la baronne. Sans doute était-ce le meilleur moment : quand auraient-ils encore l'occasion ? Mais il préférait laisser derrière les remords et les regrets, afin de pouvoir avancer. Tous les deux, ainsi que l'entièreté du bourg, étaient au pied du mur : il n'était plus question de se lamenter sur le passé, mais de trouver un moyen de l'escalader, quitte à s'en écorcher les mains. Sans doute serait-ce d'ailleurs l'unique solution.

Tu ne l'as peut-être pas voulu, mais nous devons y faire face. Alors ne te jette pas dans la gueule du loup, ils n'attendent que ça.

Rosen se croyait-elle si forte qu'elle pourrait rivaliser avec les troupes inconnues de ses ennemis ? Il comprenait la colère qui enflait en elle, lui-même la ressentait également, mais il ne fallait pas qu'ils se laissent emporter par ces sentiments négatifs. Ils devaient garder les idées claires, la tête sur les épaules.

Avant de penser à te venger, pense à survivre, lui conseilla-t-il d'un ton ferme. Nous ne savons même pas ce qui nous attend, après tout. Seule, tu ne seras pas de taille, Rosen.

Ses paroles pleines de rage étaient peut-être pleines de conviction, mais elles n'étaient que des mots. Si la reine était effectivement la commanditaire de la guerre à venir, alors il était inutile de dire que la blonde n'avait aucune chance. Personne n'aurait aucune chance. Aucun affront serait possible, aucune revanche envisageable. Et si Sombrebois tombait, il faudrait pleurer les morts, avant d'en créer de nouveaux. Se rendait-elle compte de l'état dans lequel elle se trouverait, le cas échéant ? Imaginait-elle qu'elle se transformerait en guerrière immortelle, capable de semer la mort et le chaos chez ses adversaires ? L'histoire aurait été jolie, sur un fond de vièle, au coin d'une taverne, une bière à la main. Car les espoirs de la baronne n'étaient que des rêves.

Alaric se contenta de hocher la tête, lorsqu'elle évoqua la dissimulation d'Athanase. Inconsciemment, le soldat leva ses yeux vers la pièce où ce dernier dormait paisiblement. Ses poings se serrèrent le long de ses flancs. Il la comprenait, mais, une fois de plus, il se demandait si son plan n'était pas illusoire. Comment parviendrait-elle à le cacher ? Comment être sûr que personne ne pourrait le retrouver ? Et surtout, serait-elle capable de vivre éloignée de lui, sans recevoir de ses nouvelles ? Alaric se demanda ce qu'il ferait dans pareille situation, mais il n'en avait aucune idée. Certainement ferait-il ce qu'il lui avait déconseillé de faire : mourir pour lui. Malgré ses mises en garde, il comprenait le dilemme auquel elle devrait faire face.

Il fallait s'en méfier, mais pas lui montrer, souffla-t-il, ennuyé.

Mais malgré ses recommandations, la baronne de Sombrebois n'en avait fait qu'à sa tête. Sois tranquille. Alaric manqua de rire. À la place, il se pinça l'arrête du nez, comme si ce geste anodin avait le pouvoir de chasser tous ses soucis.

Tellement de choses m'ont prouvé qu'elle était dangereuse.

Y'avait-il encore besoin d'en parler ? Elle était membre des Victorieux, son passé était plus flou qu'une prostituée du Goulot, ses aptitudes stratégiques ainsi qu'une épée à la main étaient trop développées pour une prétendue nourrice et, surtout, elle prétendait servir un royaume dont il ne restait presque plus rien, motivée par des convictions inébranlables qui la pousseraient à se débarrasser de quiconque se dresserait en travers de son chemin. Et le pire, c'était qu'elle ne s'en cachait pas ! Mais s'imaginait suffisamment au-dessus des autres pour les dispenser de ses renseignements pourtant essentiels aux yeux du capitaine de Sombrebois.

Elle se débarrassera de toi dès que tu seras inutile. Et peut-être que ce sera déjà le cas ce soir.

Alaric s'était rapproché de la porte, sa main posée sur la poignée de cette dernière.

Moi, j'aimerais que tu arrêtes de semer la pagaille, murmura-t-il. Tu as dû voir que cette stratégie ne fonctionnait pas très bien...

Un voile de tristesse adoucit ses yeux clairs.

N'oublie pas que tu es la baronne de Sombrebois. Nous dépendons tous de toi. Tu dois aider ceux qui doivent être protégés, même au prix d’un sacrifice personnel, parce que... C’est ton devoir.

Noblesse oblige.

Je te laisse te préparer pour la cérémonie. On se reverra tout à l'heure.

Il ouvrit la porte.

Je ferai tout pour vous protéger, ajouta-t-il avant de s'en aller. Tu n'es pas seule, Rosen.

Il lui adressa un pâle sourire et quitta les appartements de la baronne de Sombrebois.
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric]   [Interlude] Parlons peu, parlons bien [Rosen x Alaric] EmptyVen 8 Juil 2022 - 5:00


Parlons peu, parlons bien
Rosen feat Alaric


« C’est normal qu’elle ne veuille absolument rien nous dire si elle est liée directement à cette attaque… si ce sont les victorieux par exemple… s’ils auraient appris que la reine allait récupérer le bourg et que la seule solution qu’ils ont trouvé serait de le détruire, ou quelque chose du genre. »


En mon for intérieur, je ne sais pas pourquoi mais cette idée ne me quitte pas. Ne pas me jeter dans la gueule du loup dit-il… je crois que c’est un peu tard. Je me retiens de lui répondre que si je pouvais mourir, ça m’arrangerait et que ça arrangerait tout le monde. Mais je sais que je ne mourrai pas. Ce serait trop facile… bien trop facile. Et lentement, je sens que j’arrive à l’apogée de cette sombre malédiction qui me colle à la peau.

« C’est plus compliqué que ça, Alaric. Nos rapports c’étaient quand même globalement arrangés… Mais j’ai fait cette connerie de partir subitement sans rien dire à personne. Mais tu sais… c’était compliqué et je voulais juste retrouver le corps de mon mari... il fallait que je le ramène… et je ne savais pas comment faire sans que ça ne finisse mal. »

Pour une raison étrange, Alaric pense que je ne leur serais déjà plus utile ce soir.

« Elle dit être là pour éviter qu’on ne meure avec Athanase… alors je ne pense pas que ce soit le cas ce soir. Mais dit-elle seulement la vérité ? Je ne pense pas qu’elle me dirait qu’elle compte m’éliminer non plus si c’était le cas… Mais tu sais… je m’inquiète surtout pour Athanase. Je sais pas… j’ai un mauvais pressentiment et… je ne sais même pas si j’aurais l’occasion de le sauver. Je crois que c’est trop tard… »

Je ressens une boule dans la gorge immense. J’aurais dû le mettre à l’abri plus tôt. C’est la seule chose vraiment importante que j’avais à faire… mettre mon fils à l’abri. Mais je ne l’ai pas fait. Je ne l’ai pas fait. Et ce soir arrive le moment tant redouté, je le sais.

Alaric se dirige vers la sortie, puis s’arrête pour terminer sa phrase. Semer la pagaille ne me réussit pas bien ? Au contraire, ça fonctionne un peu trop bien et il serait temps que j’apprenne à me servir de cette arme correctement au lieu de me blesser avec continuellement. Il a raison… je suis la baronne de Sombrebois et je me dois de faire ce qu’il faut pour remplir mon rôle maintenant et protéger mon peuple. Mais quand il parle de sacrifice, je prends ma tête entre les mains, paumes sur les yeux et je crois que tout mon corps se crispe.

Je ne veux plus entendre ce mot… je ne veux plus l’entendre. Plus jamais.

[Il faut souvent faire des sacrifices n’est-ce pas ? Le principal est de ne pas oublier pourquoi on doit les faire.]


« Je ferai tous les sacrifices qu’il faudra faire pour Sombrebois,
dis-je avant de relever la tête vers lui. Moi aussi, je ferai tout ce que je peux pour vous protéger. »

Pour la deuxième fois, je l’ai vu regarder en direction d’Athanase, comme s’il pouvait seulement le voir. Roxanne aussi a fait ça hier, il me semble. Le regard d’Alaric me paraît soudain bien triste. Je le regarde s’éloigner après avoir dit que je n’étais pas seule. Pas seule...

Oui, je ferai tous les sacrifices nécessaires pour aider les miens. Qu’est-ce qu’elle disait d’autre, déjà ? J’essaie de me souvenir de ses mots exacts.

’Un choix. Il faudra choisir… ’


‘Un dilemme sentimental. Ce sera difficile beauté… ’



‘Méfie-toi… une personne de ton entourage cherchera à te nuire. ’


‘Tes proches et ton foyer seront ta seule préoccupation.‘



‘Cette quête de l’émotionnel est remarquable sais-tu ? Mais n’oublie pas de te méfier de cette personne qui cherche à te nuire…‘


Maudite bannie ! Maudite diseuse de bonne aventure !

Et la conclusion…

‘Des gens qui te sont chers pourraient prendre leurs distances si tu ne fais pas attention, des liens émotifs pourraient se briser. Les difficultés économiques risquent d’être accrues ces prochains temps.’

J’avais tant essayé de la faire taire comme elle déballait mon passé et mon présent. Et quand fut venu l’avenir… étrangement, elle fut devenu bien moins loquace, s’amusant sans doute de me voir enfin piquée au vif de curiosité.

Souvent ces mots me hantent et à l’époque, je ne voyais pas du tout de quoi elle pouvait parler. Je pensais que c’était de Marie-Ange, que je devais me méfier. De Hector que je me préoccupais juste, avec ce qui nous séparait. Mais je ne me souciais pas vraiment de Sombrebois, moi, à l’époque. Et elle a bien parlé du foyer... Puis avec le recul… Ce choix… j’ai pensé que c’était cette lettre que j’ai dû signer. Les difficultés économiques… c’était avant ça, que je les voyais.

Et à présent ? Quelque chose me dit que c’est maintenant que tout prend son sens. Tout.

Me méfier de cette personne qui veut me nuire. Ce choix, un nouveau sacrifice à faire... ce foyer que je dois protéger et de nouvelles difficultés économiques.

Ah, il faut que je sache ! Je repousse ma chaise et me précipite chercher Marie-Ange.

« Marie-Ange ! J’ai… j’ai une question importante. Venez. »


Je la prends discrètement par le poignet et l’entraîne à l’étage avant de lui expliquer.

« J’ai besoin de savoir quelque chose… il faut que vous me dites… vous lisez l’avenir, non ? Avec toute votre sorcellerie… J’ai besoin de voir le futur proche. Dites moi ce qu’il va se passer.

- Suivez-moi Rosen. »

Et ainsi nous nous rendons jusqu’à sa chambre où je l’observe sortir son matériel, allumer une bougie, de l’encens, sortir des cartes après une courte prière pour les tirer une fois minutieusement mélangées. Elle analyse carte par carte, patiemment, avant de sembler chercher une vision globale.

« Trahison. »

Un premier mot clair et sans appel.

« De qui ?
- Victor, déjà. »

Quelle surprise…

« Déjà ? Et après ?
- L’autorité elle même. La justice. Un contrat sera en cause. »

Quelle surprise… je me répète ?

« Et après ? Qu’est-ce qu’il va se passer ? Parce que vous ne m'apprenez rien en fait, là !
- Vous sentez la menace arriver. Une menace à laquelle il vous faudra agir de manière réfléchie si vous voulez avoir une chance. Vous devez suivre les conseils d’une personne avisée et ne surtout pas agir sur un coup de tête. Le passé vous rattrape, Rosen. C’est le coût de toutes vos erreurs qu’il va falloir payer.
- Quelle menace ? Vais-je mourir bientôt ?
- Non Rosen, pas vous. Un homme entrera en contact avec vous. Un homme haut placé qui fera le point sur ce qu’il va se passer, sur cette menace. Un homme qui pourrait avoir une proposition à vous faire. Votre situation s’arrangera. Ce passé qui vous rattrape découle de vos erreurs auprès des autorités. C’est de là que vient la menace.
- Pas moi… ? »

Je sens mon cœur se serrer.

« Qui va mourir... ? »

Elle ne répond rien, mais je peux voir soudain à son regard comme une évidence passer l’ombre d’une seconde, d’un battement de cils.

« Vous ?? demandé-je d’une voix presque étranglée. Et quel homme va me contacter ? Le roi ??
- Ceux dont c'est à présent la destiné. La mort n’est qu’une étape. La suite du chemin de la vie lorsque Anür décide de nous rappeler en son sein, ce n’est pas la fin et nous y passerons tous un jour. La redouter ne sert à rien.
- Mais… et cet...
- Ne le sentez-vous pas veiller sur vous la nuit ? »

Je reste décontenancée sans savoir que répondre.

« Ne sentez-vous pas sa présence ?
- Hector ? Mais il est… il n’est plus là…
« Hector... Hector ! s’exclame soudain Marie-Ange d’une voix qui sonnerait presque comme la mienne. Il est là… il est juste là ! Lâchez-moi... Dites que vous le voyez aussi, Marie-Ange ! S'il vous plaît ! Dites-le... »

Et les souvenirs remontent brusquement. Hector… ?! Son image me revient, mon époux assis sur une chaise dans le coin de la pièce comme je luttais pour survivre suite à mon accouchement, terrassée par la douleur et la fièvre. Mon époux arborant un air grave, en train de veiller sur moi.

« Je… je délirais... j’avais de la fièvre… prétends-je, mais ma voix n’a absolument rien de convainquant.
- Je le vois chaque jour, Rosen, veiller sur vous et vous écouter quand vous lui parlez sur sa tombe. Comme je vois chaque âme tombée qui vient à moi au bon vouloir d’Anür. Et il croit toujours en vous. Que vous êtes capables d’y arriver. Que vous ferez ce qu’il faut. La fièvre rapproche de la mort et fait le pont entre les deux mondes, c'est pour ça que vous avez pu le voir ce jour-là.
- Et si je n’en suis pas capable ? Je fais toujours n’importe quoi ! Et je me retrouve seule…
- Les gens n’arrivent plus à avoir confiance en vous justement à cause de vos agissements, et c’est pourquoi vous en êtes là. Vous avez beau être pleine de bonne volonté, ça ne change rien. Il faut vous montrer digne de vos responsabilités. Ce sont les Dieux qui le disent dans les cartes. Vous avez réussi à avoir une bonne image, à faire ce qu'il fallait pour le bourg mais vous la gâchez en vous refermant sur vous même et en rejetant tout le monde. Il faut que vous fassiez un effort pour retrouver la confiance des autres et montrer votre valeur.
- Est-ce que je peux faire quelque chose pour éviter le pire ? Pour arranger ce qu'il est possible d'arranger ?
- Peut-être en écoutant celle que vous aimez. »

Je lui lance un regard accusateur. Marie-Ange est vraiment la pire des sorcières… elle sait toujours tout ce qu’il se passe !

« Plaît-il ?! »

Elle me lance un regard presque sévère. Le regard qui demande de ne pas jouer aux plus cons.

« Je vois l'espérance d'un futur commun. Vous n'avez pas osé faire le premier pas lorsqu'elle est arrivée, vous espériez qu'elle le fasse. Il y a de la passion de votre part malgré vos doutes à son sujet, trop de passion au point d'en oublier tout le reste et la prudence. Il est peut-être possible de renouer quelque chose avec elle, mais vous aurez un coup dur à surmonter la concernant. En finalité pour votre question... Vous aurez besoin d'être en retrait un certain temps pour prendre du recul sur sur ce que vous allez accomplir. Il vous faudra du temps pour vous en remettre. Toutefois… je vois une autre femme. Une femme brune que vous allez rencontrer sous peu. »

Une femme brune que je vais rencontrer... ? Du mal à me remettre de ce que je vais accomplir ?!

« Quelle femme ? Et qu'est-ce que je vais faire de si dur ?! »


La prêtresse se concentre un instant, comme cherchant à fouiller dans son esprit pour obtenir des renseignements qu'il n'y a pas dans ses cartes.

« La mort. Vous ferez ce que vous aurez à faire.
- Comment ça la mort ?! Soyez plus précise Marie-Ange ! La mort n'est pas une femme et j'ai aucune idée de ce que j'aurai à faire !
- Une femme arborant la mort. Vous le saurez le moment venu.
- On va être beaucoup à l’arborer si vous n’essayez pas de faire un effort ! m’emporté-je. Aidez-moi à savoir quoi faire pour arrêter ça ! Si vous pouvez voir l’avenir, vous voyez bien quoi faire pour nous en sortir ? S’il vous plaît, vous êtes notre seule chance !
- Je ne suis pas une déesse Rosen. Je ne peux rien faire pour changer le cours des choses décidé par la Trinité. Je peux seulement vous dire que vous survivrez. Il vous faudra mettre votre fierté de côté pour vous en sortir. Vous gagnerez de l’argent ainsi, et de l’affection. Votre vie sera plus facile, plus légère. Elle vous correspondra mieux.
- Vous êtes en train de dire que je vais me prostituer, là ?! Et qu’en plus je suis faites pour ça ?! Marie-Ange ! Je m’écrie, ma patience atteignant ses limites. J’en ai assez de vos conneries, je me casse ! Merci bien, prêtresse des enfers ! »

Je tourne les talons et quitte la chambre.

- Et ce n'était pas des remerciements ! » précisé-je en revenant passer ma tête dans le cadre de la porte, avant de disparaitre définitivement dans l'obscur couloir.

Quelle espèce de… sorcière ! De mieux en mieux maintenant… Ah, toutes ces cinglées vont me rendre folles avec leurs prédictions à la con ! Que la peste soient de toutes ces sorcières ! En tout cas, me voilà pas plus avancée que tout à l’heure. Que n'ai-je pas fait de de passer mon chemin au lieu de venir trouver cette vipère...

J’ai juste perdu mon temps… Bon, allez, je vais voir Roxanne maintenant… en espérant qu’elle puisse me donner des informations un peu plus concrètes, elle ! Même si j’en doute, très fortement.

Tirage authentique effectué sur le site 32cartes et légèrement adapté. (cliquez sur l'image pour voir entier):

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