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 [convocation] Le gout salé d'une larme

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyMar 5 Juil 2022 - 17:24
Conscient du regard brûlant de reproches de Sa Douce, Théophile fit comme si il n’avait rien vu. Surtout que le discours du Vicomte l’étonna au plus haut point. C’était flagrant de vérité, mais voulait-il vraiment avouer le nombre de camarades qu’il avait vu discriminer les femmes ? Ou maltraiter des plus faible ? Ou bien encore le genre de gros porc qui avaient profité de leur statut pour abuser des femmes et pis, des enfants ? Non, le soldat n’avait pas envie de donner des munitions au Seigneur de guerre. Car les gens honnêtes en pâtiraient. Le choix moral à faire se présentait déjà devant lui. Laisser filer quelques brutes de bas étages pour sauver la vie de dizaines d’autres.

« Que ce soit la milice, comme partout, il y a toujours un mouton noir dans le lot. J’ai bien peur que nos points de vue divergent sur quel côté de la balance penche entre l’honnêteté et la corruption. Mais peut-être avez vous des informations que je ne possède pas en étant au coeur de ce qui vous paraît être un problème. »

Car le Seigneur des Marches Boréales avait l’air bien sûr de lui en parlant de ses supérieurs. Théo ne doutait pas de son Coutilier. Son Sergent était un homme assez lunatique mais il n’était pas dans son intérêt qu’il y ait du désordre. Quand au Capitaine, l’archer aimait à penser que c’était un homme aux épaules solides, qui prenait les bonnes décisions, même quand elles étaient parfois difficiles. Il le voyait mal être un pourri.

« En tous cas, c’est étonnamment honnête de la part de quelqu’un de votre rang Mon Seigneur de me répondre aussi franchement. Comme vous venez de l’exprimer, je m’attendais à ce que vous penchiez plus du côté diplomate. Je vous prie de m’excuser pour cette interruption. J’ai un peu trop tendance à vouloir secourir les jolies Dames qui croisent mon chemin. »

Comme si il allait confirmer qu’Alice était si spéciale à ses yeux. Si il y avait bien quelque chose qu’il avait retenu c’était que le Vicomte ne devait surtout pas savoir leur lien. Le soldat voulait protéger sa femme, mais quelque chose lui disait que dans cet échiquier politique, il serait plutôt la faiblesse de l’Ambassadrice. Si elle tenait toujours autant à lui...A part les quelques gestes qu’ils avaient échangé dans le carrosse, leurs retrouvailles n’avaient été que sujettes à ce complot.

Nous avons besoin de soutien dans la cité. Un soutien qui ne doit pas être vu du Roi et encore moins de son épouse.


Dans quoi Alice était-elle embarquée. Par les Trois ! On parlait ici de meurtre à grande échelle, comment pouvait-elle adhérer à tout ceci ? Lui avait-on aussi fait miroiter que c’était pour le bien commun ? Théo ne voyait que cette possibilité. Il en pouvait pas en être autrement. Qu’il avait été naïf en croyant qu’il serait si simple de la retrouver...Même si jamais son coeur ne battait plus pour lui, il n’était pas question qu’il la laisse. Et il ne pouvait pas non plus fermer les yeux sur ce qui se tramait. Mais il avait besoin d’en savoir plus.

« Je nous interromprais donc pas plus, maintenant que je sais vous être un simple divertissement. Je ne voudrais pas causer un incident diplomatique. »

L’archer ébaucha un signe par lequel il cousait sa bouche et reprit sa position de garde.
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyMar 5 Juil 2022 - 22:58
26 Mai 1167.
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Le seigneur des Marches Boréales haussa les épaules.

- Il y a bien assez de diplomates dans cette cité pour que je ne me joigne pas à eux quand j’ai le choix. Je regrette votre silence, seulement Théophile, je crois que si vous ne me craigniez pas tant, que ce se soit pour votre amie ou vous-même, nous aurions grand plaisir à débattre. Mais soit…

Rapportant son attention sur la jeune femme, il poursuivit.

- Alors, Ambassadrice, maintenant que vous y avez pensé. Envisagez-vous que cet ajout à notre petit partenariat soit possible ?

- Qu’espérez-vous donc en faire, Seigneur Dédale ? Ne croyez-vous pas qu’une telle chose soit dangereuse ? Même pour vos ambitions grandissantes ? Questionna Alice d’un ton redevenu calme, bien que teinté d’un soupçon de reproche. Vôtre audace va-t-elle vraiment jusqu’à tout risquer sur une telle chose ?

Une fois de plus le noble s’amusa à la prendre de court, mais avec plus de délicatesse cette fois-ci, comme si l’absence du milicien dans la conversation l’encourageait à une certaine retenue, que ce soit par respect ou par ennui.

- Vous m’avez mal compris ma Dame. Je n’escompte en aucun cas en obtenir pour moi-même. Même si je ne doute pas que ce genre de chose changera le monde, je ne suis à l’aise qu’avec mon épée et mes forces propres pour obtenir ce que je convoite. Et puis certain ici me regarderaient encore plus de travers… Non, non, Ambassadrice. C’est pour les vôtres que je propose cet ajout à notre marché.

- Je…

Elle aurait voulu refuser, bien entendu. L’idée même que cette arme soit de nouveau utilisée dans un conflit avait de quoi remuer son estomac et faire monter la bile dans sa gorge. Mais la possibilité d’un monde où ceux qui voulaient les stopper en seraient les seuls utilisateurs ne serait-elle pas encore plus abominable ? Peut-être pourraient-ils trouver un moyen de la contrer en l’étudiant ? Elle savait une simple vérité de toute façon. Ce choix ne lui appartenait pas. C’était à l’enclave de décider.

- Et en échange de quoi ? Finit-elle donc par demander.

S’en suivit près d’une heure de négociations et de chiffres sur des choses dont Théophile ignorait jusqu’à l’appellation, mais que sont esprit vif lui laissa supposer être des noms de codes pour autre chose. Une preuve de plus que Dédale avait précisément su où et quand arrêter ses révélations très honnêtes. Après tout, qu’avait-il entendu de réellement consistant dans cet échange ? Que Dédale croisait des gens étranges ? Qu’il n’était pas satisfait de la manière de diriger du roi ? Qu’il se vantait dans le privé de pouvoir faire mieux ?
Ces éléments ne pouvaient-ils pas s’attribuer à chaque habitant de l’esplanade ? Dès que les données essentielles étaient arrivées, ils avaient utilisé un code défini d’avance. Le temps du paraître bien long aux deux gardes du corps qui tenaient place derrière les sièges, même si ni l’un ni l’autre ne le montra.

Ce fut la voix d’Alice qui mit fin à l’échange.

- Si cela nous convient au vote, alors, vous aurez votre escale selon ces termes.

- Parfait! Je vais faire apprêter le véhi…

- Cela ira, je vous remercie ! Nous allons marcher quelques peu, le temps de s’éclaircir les idées.

Ce fut au tour de Dédale d’afficher une moue surprise, sans doute était-ce la première fois que l’Ambassadrice faisait ce choix. N’ayant pas vraiment de raison de les en empêcher, il se contenta d’un sourire forcé et les fit raccompagner à l’immense portail après s’être levé pour les saluer une dernière fois d’une profonde révérence. Bien sûr, le petit duo attirait les regards et ce n’était que le début, puisque, à peine passé l’angle Alice lui saisit la main et se mit à courir. Atteignant une vitesse malgré sa tenue qui laissait à penser que le muscle avait remplacé la chaire molle des ses cuisses.

Elle tournait brusquement dans une rue, puis dans une autre, ne semblant pas suivre la moindre logique puisqu’elle les faisait autant se rapprocher que s’éloigner des portes de l’Esplanade. Il comprit sans doute qu’elle s’assurait qu’on ne les suive pas depuis le manoir de Dédale. La chose se confirmant quand elle s’interrompit dans l’une des rares ruelles peu fréquentées de la zone noble, leur souffle court. Malgré l’objectif, il pu sentir qu’elle s’amusait bien plus à cet instant que durant tout l’échange face au Vicomte.

Visiblement l’endroit devait servir de débarras aux habitants environnant puisque caisses et pots en tout genre. Alice s’assura une minute que personne ne débarquait au bout de la rue puis s’enfonça entre les caisses jusqu’à un coin posé dans l’ombre. Elle l’arrêta d’une main avant qu’il ne la suive plus avant et d’un petit mouvement amusé du doigt lui indiqua de se retourner.

- Et garde ton oeil sur la rue, Milicien…

Était-ce son ouïe qui le trompait, ou y avait-il une sorte de défi ou de proposition dans sa voix quand elle disparu derrière une pile de caisse. Le bruit du tissu qu’on froisse se faisant entendre.


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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyMer 6 Juil 2022 - 0:36
Le déception que ressenti Théophile en écho à celle du Seigneur de Guerre était quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas. Tout comme il n’était pas prêt à ce qu'il se trouve à réfléchir sérieusement aux implications de toute cette histoire, mais également à la personne qu’était ce sang-bleu. Alice avait été très claire sur ce qu’elle pensait de cet homme. Un prédateur prêt à tout pour ses ambitions, c’est d’ailleurs ce qu’elle répéta. A aucun moment le Loup ne s’offusqua précieusement ou ne s’énerva des accusation de l’Ambassadrice. Alors qu’elles auraient enragé un homme bien moins serein ou sûr de lui. S’était-il trompé sur le Vicomte en ne se fiant qu’à Sa Douce ?

Alors l’archer continua de l’étudier, ainsi que sa femme, durant le temps infini que prit leur négociation dont il était volontairement mis à l’écart. Rien ne lui permit de réellement statuer. Alors il se contenta de mémoriser patiemment tous leurs mots, même si ils n’avaient pas de sens pour lui, en fixant une pierre derrière le maître des lieux et Gaël.

Qu’avait cherché à accomplir Dédale des Marches Boréales en le testant de la sorte ? C’est la question que se posait Théophile en quittant le domaine. Peut-être savait-il qu’il avait planté les graines du doute chez ce soldat. Peut-être savait-il qu’un fugace instant, l’archer avait songé qu’il pourrait peut-être utiliser l’intérêt qu’il éveillait chez l’homme pour le bien commun, et qu’à cet effet il était prêt à revenir se mettre à nu devant lui si il pouvait empêcher un massacre ?

Le parfum de Sa Douce lui rappela qu’il n’était pas prêt à la mettre en danger. Le borgne se retourna et s’apprêta à la suivre, non sans un dernier regard pour le Loup, comme une promesse que tout ceci n’était pas terminé.
L’espoir vint se loger de nouveau en lui lorsque la délicate main d’Alice se glissa dans la sienne et qu’elle l’entraîna dans un jeu de piste avec ce qu’elle pensait être des espions du noble. Son attitude était redevenu celle de son Alice, celle qu’il avait perdue à Estaing. Un instant, sa boutade souleva le coin de ses lèvre et le fit obéir à son ordre.

« Ambassadrice...C’est ainsi que moi aussi je dois t’appeler ? Qu’est-ce que c’est que tout cette histoire ? Par les Dieux ! Comment peux-tu adhérer à tout cela ? A ce massacre ? Et comment peux-tu tout donner, jusqu’à ton intégrité, à un homme qui a détruit sa propre famille ? Qu’est-ce qu’elle a cette Enclave ? »


Le ton prenait des note de colère de plus en plus évidentes à chaque question. Pendant qu’il tentait de décoder l’échange entre les deux partenaires commerciaux, Théophile s’était souvenu de ce nom qui l’avait fait tilter. Rodrick...le seul qui connaissait était le nom du père de ses amis Loghart et Aeryn. Un salaud qui avait battu et asservis sa propre progéniture...Il avait fallu que sa seule fille soit complètement beurrée pour qu’elle ose enfin dire son nom. Peut-être était-il complètement à côté de la plaque, mais il avait besoin de s’assurer que cet enfoiré n’était pas l’homme pour qui Sa Douce travaillait. Toutes ses questions sans réponses...Ca ne pouvait pas durer.

« Et comptes-tu m’expliquer ce qu’il t’es arrivé ? Ou dois-je me battre contre ce putain de monde en entier avant de découvrir d’autres choses ?! »


C’était terriblement injuste pour Alice, et l’archer le savait pertinemment. Pour autant, il était incapable d’être raisonnable, pas après avoir dû se maîtriser face au Seigneur des Marches Boréales. Sa femme n’avait aucunement eut l’occasion de s’expliquer durant le peu de temps qu’ils s’étaient vu en tête-à-tête. Mais ces longs mois à traverser seul étaient terriblement douloureux.

Le milicien avait fini par se tourner de nouveau vers l’Ambassadrice, prêt à la plaquer contre ces caisses de bois jusqu’à ce qu’elle apaise le tumulte bruyant qui se déchaînait en lui.

« Je... »

Un morceau de peau satinée de sa femme s’offrit à ses yeux et arrêta son cerveau du haut de penser. Il fut totalement anesthésié par le léger parfum mentholé qui se dégageait d’elle. Une autre sorte d’agitation courait en lui. La vision de ce simple grain de beauté, caché sur sa clavicule et qui venait de se découvrir, suffisait à échauffer son sang. Mais avant ça, il devait...

« Je ne sais…pas quoi... »


Qu’allait-il dire ? C’était important...Mais la retenir prisonnière entre lui et les planches n’étaient pas une si mauvaise idée en fait...Théophile s’approcha de sa femme, le palpitant cognant durement, le souffle court. Il s’arrêta une seconde face à elle pour se perdre de nouveau dans les champs verdoyant emprisonnés dans ses pupilles, et elle le voile qui couvrait le bas de son visage atterrit à leurs pieds. Puis il l’entoura de ses bras pour la coller contre lui et prit d’assaut sa bouche. C’était possessif et dominateur, son instinct primaire réclamant ce qui était siens. Pillant ses lèvres, imposant à leurs langues une danse où il était le seul maître, il avait enfin l’impression de retrouver le chemin vers chez lui.
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Dame CorbeauMaître du jeu
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyVen 8 Juil 2022 - 14:29
26 Mai 1167.
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La jeune femme se rembrunit, blessée par l’accusation qu’il lui jetait. Mais après tout, pouvait-elle le blâmer ? Que savait-il de celle qu’elle était devenue, des sacrifices qu’elle avait consentis, des actes qu’elle avait dû commettre ? Après tout, si la situation avait été inversée, ne l’aurait-elle pas jugé aussi pour avoir dans ses fréquentations un homme comme Dédale ?

- Que sais-tu de ce que je donne ou pas Théophile ? Est-ce vraiment cela que tu penses de moi ? Que je me satisfais d’alimenter l’égo et l’ambition d’homme qui ne vivent que par et pour le conflit ? Demanda-t-elle peinée plus qu’elle n’aurait voulu l’être. Mais en colère aussi. En colère de voir le combat qu’elle menait réduit à une vision si manichéenne par un homme qui servait d’outil à un être pire encore et pire que tout, par un homme qu’elle… qu’elle avait aimé. Oui, avait, il le fallait.
Elle fit glisser le tissu de la robe sur son épaule, extirpant son bras nu du léger tissu, puis répéta l’opération pour le second.

- Tu crois vraiment vouloir savoir ce qui m’est arrivé ? Et si savoir était pire que l’ignorance Théo ? Et si…

Elle le vit apparaître la colère dans l’œil, puis cet éclat se muer en autre chose tout aussi brûlant qui lui fit chauffer la peau comme si on y promenait une braise rougeoyante. C’était douloureux et agréable. Comme lorsqu’il la plaqua sans ménagement contre lui, son buste désormais nu s’écrasant sur le plastron froid, ses bras en seule protection.
Théophile n’avait jamais vraiment été brutal avec elle jusqu’à cet instant. Passionné oui, mais jamais vraiment au point de se montrer brusque. C’était nouveau, dérangeant… mais pas réellement désagréable elle devait le reconnaitre. Retrouver le gout poivré de sa langue, qui la picotait autant qu’il la chatouillait dans une approche si vivace avait quelque chose d’exaltant.

Elle avait l’impression que tout autre considération que le contact de leurs lèvres était secondaire, inutile même. Si bien qu’elle s’y perdit de longues secondes, glissant ses bras derrière sa nuque, ses doigts s’enfouissant dans ses cheveux, s’agrippant à lui avec autant de force qu’il ne la serrait contre son corps. C’était si délicieusement bon. Étrange, nouveau, mais aussi familier, rassurant. Mais ce n’était qu’une impression… elle le savait au fond d’elle. Malgré tout ce qu’elle ressentait à cet instant, ça ne pouvait pas être plus important que le reste. Trop de vie, trop de chose, en dépendait.

Elle finit par poser ses mains sur ses épaules et à pousser dessus, de plus en plus fort pour parvenir à repousser sa passion malgré son envie de s’y plonger. A son grand soulagement autant qu’une brutale frustration, leurs lèvres se séparèrent enfin et elle parvint à l’éloigner d’une longueur de bras, sa respiration haletante pas vraiment dû à l’effort.

- Je… je ne peux pas Théo… Des gens comptent sur moi. Je ne peux pas les oublier, même pas pour toi.

Après une seconde à réunir son courage, elle parvint à relever les yeux sans montrer ses doutes et ses envies à l’homme de sa vie. De son ancienne vie.

- J’ignore tout de la famille dont tu parles, mais je ne sers pas le Protecteur Rodrick, pas plus qu’il ne me sert. Chacun de nous a été élu par les autres pour remplir un rôle. Pour l’Enclave. Pour survivre et vaincre l’ennemi de l’humanité. Je suis l’Ambassadrice, il est le Protecteur. Pas parce que nous sommes des gens bien ou aimant, mais parce que nous savons tenir ce rôle. Viendra le temps de la moralité où nous pourrons nous permettre d’être regardant sur le passé ou la personnalité de ceux que nous choisissons. Mais notre ennemi ne se montrera pas plus conciliant parce que nous avons bon cœur. Et malgré tout ce que je peux haïr chez un homme comme Dédale, il n'a pas tort sur le fait que le pouvoir que tu sers n’est en rien moralement supérieur à ses ambitions. Cependant, si ça peut te rassurer… On se moque bien de qui dirige cette ville et nous n’avons pas pour but de participer à ses guerres de pouvoir intestines.

Elle fit glisser le bas de sa robe et lui permit de découvrir que malgré les apparences, elle n’était totalement nue sous sa robe, mais portait en réalité un pantalon sombre si ajusté qu’on aurait presque dit une seconde peau.

- Prête-moi ta veste. Et ta ceinture. Il faut qu’on quitte l’Esplanade et deux miliciens seront moins notable que toutes ces breloques. Dit-elle en détachant les perles de ses cheveux pour fourrer le tout dans les replis de sa robe au sol qui ressemblait de plus en plus à un baluchon. Elle s’arrêta, toujours à demi-nue en sentant toujours son regard.

- On pourra parler Théo, mais pas ici.



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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyDim 10 Juil 2022 - 0:00
Les mains d'Alice qui vinrent se loger dans sa nuque, dans ses cheveux, sa chaleur, son souffle contre le siens....un moment c'est comme si tout était normal, comme si le monde ne s'était pas effondré autour d'eux. Les rondeurs qui s'étaient plaquées contre lui étaient plus fines mais ça ne l'empêchait absolument pas de vouloir les vénérer jusqu'à ce que Sa Douce crie grâce.

Pourtant, elle finit par s'éloigner de lui et le pousser, brisant le moment de magie. Ses mots le transpercèrent tel une lame.

"Même pour moi ? Je vois..."

Alice l’avait effacé de sa vie. Elle en avait fait mention plus tôt mais Théophile en avait abstraction. Jusqu'ici, tout ce qui avait compté était qu'elle soit en vie. Sa récente prise de conscience et ces trois années d'attente avaient pris le pas sur la raison. Désormais, il était temps d'ouvrir les yeux. Le borgne se détourna de cette femme qui était si semblable et à la fois si différente de son âme-sœur. Ils étaient toujours compatibles, le baiser qu'ils avaient échangés l'avait confirmé. Mais leurs âmes ne résonnaient plus. Celle de Théophile avait tenté de s'accrocher à celle d'Alice, désespérément. Sauf que dans le cœur de celle qu'il avait tant aimé malgré son absence, il n'y avait plus rien pour lui.

"Tu avais décidé avant même que l'on se revoit. Je comprends mieux pourquoi tu avais espéré ne pas me trouver."

Si elle ne l'avait pas croisé aujourd'hui, l'Ambassadrice aurait pu mener à bien sa transaction sans avoir peur qu'il contrarie ses plans. Elle n'aurait pas eu à enlever des beaux atours pour enfiler les vêtements d'un homme qu'elle ne voulait plus à ses côtés. Par les Dieux, que ça faisait mal !
L'archer se tourna et commença à enlever son armement. Ainsi, la jeune femme ne pouvait pas voir son expression au moment où son cœur se compressa si fort qu'il avait l'impression qu'il il ne pourrait jamais retrouver sa taille normale en se désserant. Il sentait que son palpitant s'effritait, laissant tomber définitivement des miettes de lui dans cette ruelles. Il se jura de ne jamais revenir ici alors qu'il terminait de deboutonner sa veste. Tout ce dont il rêvait était de fuir, boire jusqu'à ce que son foie cri pitié et se plonger dans un corps anonyme pour oublier cette journée.

Mais impossible d'effacer la menace qui plannait. Autant il pouvait tenter de soigner son coeur blessé dans cet engrenage infernal, autant la menace qui pesait sur Marbrume et ses habitants ne pouvait pas. Surtout pas si il pouvait tenter de l'empêcher. Peut-être avait-il une chance de retrouver la femme qu'il avait aimé en chemin. Si elle atteignait son objectif, elle n'avait plus de raison de le tenir loin, non ? Usant de son stratagème favori, le milicien cacha tout sous son sourire insolent avant de tendre sa veste et sa ceinture à l'Ambassadrice.

"Ne te plaint pas de l'odeur, c'est toi qui a réclamé."

Lorsqu'elle les récupéra, il prit dans son carquois une chemise de secours qu'il y avait roulé, et engouffra sa tête dedans. Lorsqu'elle émergea, il questionna Alice.

" Dans combien de temps dois-tu repartir ? Je connais un endroit près du port où personne ne te cherchera. Nous serons à l'abri des oreilles indiscrète. Et là j'espère que tu pourra être un peu plus claire. Je ne peux pas faire comme si de rien n'était. Alors même si c'est pire, il faut que je sache. Si il y a une chance pour que j'aide ces gens, je prends le risque."

Théophile jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour voir où elle en était.

"Viens"

Il n'avait même pas encore fini de remettre son arc en bandoulière qu'il commença à marcher. Ça lui avait toujours fait du bien et permit de mettre de l'ordre dans ses idées. Et là, clairement, il en avait besoin. Il n'attrapa ni le poignet, ni la main de l'Ambassadrice alors qu'il brûlait de le faire. Ils étaient dans une sorte de rôle après tout, non ?

Les petites rues qu'il fit prendre à Alice leur évitèrent la foule, et d'éventuelles demandes des passants. Les échanges du Seigneur des Marchés Boréales et de l'Ambassadrice, ainsi que les avertissements de cette dernière tournaient en boucle dans sa cervelle. Le Roi était-il un homme aussi mauvais qu'il lui avait été décrit ? Serait-il capable d'utiliser un produit dangereux pour rester au pouvoir, quitte à tuer des centaines de gens ? Son manque d'organisation de la milice était-il signe de faiblesse ? Tout comme son traitement des mordus ? Trop de questions sans réponses...ou des réponses qu'il n'aimait pas. Comme reconnaitre que le Seigneur de Guerre ferait un formidable chef. Peu étaient aussi inspirants que lui de nos jours.

Le duo fini par arriver à l'arrière d'un bâtiment décrépit, usé par le temps et qui n'avait pas été entretenu comme il aurait mérité. Sans hésitation, l'archer tappa à l'une
des carreaux du rez-de-chaussée. Une femme qui devait avoir le milieu de trentaine en sorti et lui sourit.

"Théophile mon choux, ça faisait un moment. Depuis quand tu passes par la fenêtre ?"

La femme aux longs cheveux bruns abandonna de faire le lacet de sa robe. Un vêtement pratique que les hommes pouvaient enlever rapidement. C'est ce pourquoi la plupart d'entre eux payaient après tout. Lui servant un de ses plus beau sourire charmeur, presque canaille, celui qu'elle prenait pour un client la détrompa sur l'objet de sa visite.

"Leati, ma belle, on a besoin d'un endroit calme. Je te payes le prix de deux heures. Et c'est sans problèmes. S'il te plaît ?"

Pourquoi cacher qu'il connaissait les lieux ? Alice l'avait oublié il y a longtemps apparemment. Assez pour devenir cette femme aussi manipulatrice que les nobles qu'ils détestaient dans le temps. Car c'est ce qu'elle lui semblait être, à jouer de faux-semblants aussi facilement. Passer d'une personnalité à l'autre ne lui posait visiblement aucun problème. Laisser entendre qu'il avait cédé à la luxure pour attiser sa jalousie était puéril. Et pourtant, il ne pouvait cesser de se demander si ca faisait effet sur Alice. Et en même temps, il est sûr que personne ne chercherait quelqu'un de sa qualité dans ce bouge.
Jaugeant le borgne, la prostituée finit par soupirer.

"Tu payes trois heures et je reviens dans deux. Tu as de la chance d'être un des rares clients respectueux sinon ça aurait rien été du tout."

Acquiescant, le milicien pris les pieces dans sa bourse et deposa la paiement convenu dans la main de la belle de nuit. Elle se poussa pour leur laisser le passage.

"Je serais juste au-dessus, tu n'as qu'à taper au plafond quand tu pars."

Une fois que Laetitia fut prête à sortir, Théophile se tourna vers l'Ambassadrice et lui tendit la main.

"Je vais t'aider à monter."
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyMer 13 Juil 2022 - 12:11
26 Mai 1167.
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Le ton plus que les mots étaient douloureux à ses oreilles. Elle le connaissait suffisamment pour savoir quand il était blessé au point de rendre la pareille. Alors qu’il se retournait pour s’éloigner, elle leva la main pour l’arrêter, une excuse sur les lèvres, mais son geste se suspendit. N’avait-il pas raison ? N’était-ce pas ce qu’elle espérait provoquer chez lui ? Alors pourquoi cela faisait-il si mal ?
Elle finit par laisser retomber son bras en se contentant d’un :

- Bientôt…

Et d’enfiler les vêtements pour ressembler grossièrement, pour un regard inattentif, à une milicienne accompagnant son collègue. Ébouriffant ses cheveux pour les rattacher en une queue lâche mais pratique. Elle hésita un instant à laisser son petit baluchon de pierres précieuses sur place. Elle n’avait jamais eu le moindre intérêt pour ses babioles qui ne servaient qu’à paraître. Mais finalement elle s’en saisit et le jeta négligemment sur une épaule avant de suivre Théophile qui s’éloignait déjà à grandes enjambées.

Elle savait qu’elle n’avait pas besoin de lui à cet instant, elle avait suffisamment de contact en ville pour disparaître le temps que le navire soit prêt à partir. Et il était essentiel qu’elle transmette la révélation de Dédale à quelqu’un pour le cas où elle-même n’aurait pas l’occasion de revenir à l’enclave. Pourtant, elle le suivit. Elle doutait que Dédale tente réellement quelque chose. Mais sa manière de se comporter avec Théophile et elle, cette assurance tranquille d’être inatteignable… Cela ne lui avait pas plu le moins du monde.

Pas plus qu’elle n’apprécia le choix de planque que lui proposa son époux d’ailleurs. Pas tant pour le métier de la teneuse des lieux. Elle avait du vivre dans des endroits bien pire que cela depuis leur séparation et fréquenter bien plus infréquentable. Non, c’était l’évidence affichée de sa connaissance des lieux et de la personne pour des raisons tout sauf professionnelles. Voilà un changement qui s’était donc opéré chez son mari pendant leur deuil respectif. Théophile Castaing, espiègle, taquin mais profondément bon, avait découvert la cruauté.

Elle ne prit pas sa main, même si elle savait que cela trahirait son émotion, elle ne s’en sentait pas capable à cet instant. C’était bien plus simple de mentir et paraître pour une cause importante que pour sa propre vie… Elle se hissa d’un geste souple et précis dans la petite pièce et offrit un hochement de tête à la partante aussi cordial qu’elle le pouvait. Et rejeta les images et les questions qui la harcelaient chaque fois qu’elle regardait un endroit en se demandant si c’est là qu’il l’avait fait avec elle.

Elle choisit un coin de mur loin de tout meuble ou appui qui aurait pu supporter le poids de deux personnes et s’y accola avant de se laisser glisser au sol, les bras autour de ses genoux. Une nausée qui, elle le savait, n’avait rien de physique lui remua malgré toutes les entrailles. Elle inspira lentement jusqu’à être certaine de pouvoir prendre un ton détaché. Elle lui avait dit qu’elle essaierait de répondre à ses questions, mais à cet instant, dans cet endroit, avec lui, elle avait surtout besoin de changer son esprit de la direction jalouse et triste qu’il empruntait bien trop vite pour elle. Peu importe le sujet.

Du moins c’est ce dont elle voulait se convaincre, mais le pauvre choix qu’elle fit, pas réellement moins douloureux en disait malheureusement bien long sur son état émotionnel. Remuant un passé qu’elle aurait dû laisser enterrer. Rouvrant les plaies de la perte et de la trahison.

- Comment va Alaric ? Il continue de s’intéresser aux plantes ?


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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyJeu 14 Juil 2022 - 16:59
Le borgne observa l'Ambassadrice monter elle-même par la fenêtre. Chose dont elle aurait été incapable dans le temps. Le soldat la suivit et s'acouda au manteau de la cheminée, dos à celle qui fut sa femme. La voir de nouveau différente de ce qu'il connaissait d'elle avait de empoigné douloureusement son palpitant. Encore...Combien d'autres choses allait-il découvrir sur cette nouvelle version de son épouse ?

La première question qu'elle lui posa le decontenança un instant. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'elle s'enquiert de son frère. Ils avaient été proches, comme frère et sœur, mais le borgne pensait qu'Alice aurait des choses à lui demander à lui. Mais peu importait...c'était une preuve de plus que ces puissants sentiments qu'il avait au fond de ses tripes n'étaient plus partagés. Comment allait son frère ? Pouvait-il lui répondre qu'il portait sur lui la culpabilité de l'avoir abandonnée ? Non. Car il doutait que ça émeuve cette femme qui connaissait leur tourment et n'avait à priori pas cherché à les aider. Cachant sa douleur sous un ton badin, l'archer tenta une réponse honnête, sans pour autant trop en dévoiler.

"Al ? Il est devenu apprenti guérisseur auprès d'un maître plutôt réputé dans la cité. Cet idiot veut partir au Labret ou dans le sud. Son maître et moi réussissons à le garder en sécurité pour le moment mais je ne sais pas combien de temps ça va durer."

Théophile osa enfin un regard en arrière. Et ce qu'il put observer de sa pupille unique fit fondre sa colère. Sa peine devint moins vive, plus sourde. La vision d'une Alice aussi vulnérable le ramena plusieurs années en arrière. Là où c'était les jeunes de leur âge qui l'avaient auparavant blessée, c'était désormais lui le boureau. Quelqu'un lui aurait filé un bon crochet dans l'estomac que ça n'aurait pas été pire.

"Alice..."

Le soldat se tourna et s'avança de quelques pas. Sa main dans ses mèches, signe immuable de son inconfort, il tenta de comprendre ce qui l'avait mise dans un tel état. Et puis il comprit. Ce qu'il avait pris comme un mélange d'endroit sûr, et surtout comme outil pour la faire réagir, avait atteint son but. Sa femme avait sous les yeux la preuve de ce que l'homme qu'elle avait longtemps aimé avait fait en son absence. Et ce n'était qu'une des nombreuses femmes avec qui il avait tenté de faire disparaître la solitude que son petit lit de la caserne éveillait immanquablement.

Soudain, la réalité de ce qu'il avait fait le rattrapa, presque au point de le faire chanceler. Cette fois-ci, c'est lui que la culpabilité assaillit.

"Je..."

Que cherchait-il ? Une excuse ? Il n'en avait aucune. Si son corps avait reçu à chaque fois une libération salvatrice, son coeur commençait à entrevoir ce que contre quoi ses amis l'avaient averti. Le déni dans lequel le soldat s'était plongé avait été si profond qu'il se demandait comment il était possible qu'il n'ait rien vu auparavant.

Théo osa s'avancer et s'asseoir en tailleur face à celle qu'il aurait dû protéger, y compris de lui-même.

"J'ai encore fait n'importe quoi c'est ça ? "

Comme lorsqu’il avait mis si longtemps à accepter que son amie de toujours lui avait demandé de l'épouser car elle l'aimait bien plus que ce qu'il ne croyait. Par les Dieux, Alice avait toujours été si clairvoyante. Et lui si aveugle ! Des fois, il se demandait si la perte de son œil gauche n'avait pas emputé une partie de ses facultés à voir ce qu'il y avait sous ses yeux. En réalité, il savait pertinemment que des fois, il préférait surtout faire comme si de rien n'était.

" Même si je t'ai assuré le contraire, je suis toujours ce garçon perdu. En temps que soldat, enfin milicien, je sais ce que je dois faire. On me fais confiance parce que je sais faire mon travail. Mais en dehors de ça...J'ai l'impression de prendre les mauvais chemins, comme toujours. J'ai tout perdu en peu de temps. Toi, notre maison, mes parents...il n'y avait plus rien, plus personne, pour me montrer le droit chemin. Al a bien essayé de me faire réagir et je me suis juste perdu dans le déni. Mais je ne peux plus faire ça, n'est-ce pas ?"

Pas après l'avoir revue. Pas après que le Seigneur de Guerre ait fait écho à ce que son père avait tenté de lui enseigner.

" Tu connais mon père, il m'aurait mis une sacrée taloche et ce serait bien mérité."

Malheureusement, sa cervelle n'avait pas aussi bien mûri que Lionel Castaing l'aurait souhaité...il était peut-être temps qu'il arrête de se donner des excuse et qu'il soit l'homme qu'il devait être. Celui que ses parents et Alice avaient essayé de faire ressortir de lui.

" Dis-moi. S'il te plaît...je veux devenir meilleurs. Te mériter à nouveau. Expliques-moi cette histoire d'Enclave, du Roi. Tu as dit que vous avez besoin de personnes ici. Est-ce qu'il te faut juste une oreille attentive ? Quelqu'un pour former des jeunes soldats comme le suggérait le Vicomte ? Quelqu'un qui travaille avec lui ? "

Il était prêt à encaisser. Quoi qu'elle veuille bien lui partager. Quoi qui les rapprocherait à nouveau. Si c'était pour elle, si c'était pour le bien commun, ne pouvait-il pas écouter jusqu'au bout ? Ne pouvait-il pas voir tout ceci comme une mission et étudier calmement le plan ?

Toujours sans la toucher, l'archer posa ses mains, paumes en l'air, sur ses chevilles. Il l'invitait à s'y accrocher et à ce qu'elle puisse se reposer sur lui, tout comme elle l'aurait fait avant.

" Je suis désolé d'avoir mal réagit. Tu était tellement différente que je ne t'ai pas reconnue. Mais je sais que tu es quelqu'un de profondément bon. Tout ce que les autres ont pu te faire subir n'ont jamais entaché ta gentillesse. J'aurais juste dû m'en rapeller avant...Laisses-moi une chance de me rattraper..."

Malgré tout son beau discours, le milicien était perdu. Son faciès affichait la dualité qui régnait en lui. L'enfant casse cou d'Estaing et le soldat descendant d'une longue lignée de combattants dignes avaient du mal à s'accorder au même endroit et au même instant. Pourtant, il ne lui avait jamais paru aussi important qu'il y arrive.
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2022 - 21:32
26 Mai 1167.
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Elle s’était contentée d’opiner du chef avec un léger grommellement pour lui faire signe qu’elle avait entendu sa réponse. Ainsi donc c’était cela qu’il avait choisi ? Aider les autres. L’ironie de la chose aurait pu lui serrer la gorge. Mais à cet instant il n’y avait que l’image de Théophile dans les bras d’un millier de femmes différentes qui s’imposait à son esprit. Étrange comme des choses aussi puérile et inutile que la jalousie, parvenaient à prendre le pas sur le bon sens le plus primaire ou le devoir.
Elle aurait dû le planter là et rejoindre ses contacts, le laisser vivre sa vie de débauché alcoolique entre les cuises des premières venues. Et qu’il y choppe la chaude pisse tient, voilà qui serait le bienvenu ! Elle avait d’autres choses à faire !

Mais elle restait là, prostrée, à créer ses visions concupiscentes pour ensuite les détester et les jeter là où elle ne pourrait pas les voir. Puis en créer une nouvelle… Elle se détestait d’être aussi faible à cet instant. Elle qui avait crû être parvenue à se détacher de tout cela, du bien comme du mal, pour essayer de faire quelque chose d’important, de crucial. Après tout qu’étaient ses sentiments en comparaison du bien de l’humanité ? Sa vengeance, ses regrets, son amour ? De la fumée dans le vent ! Rien de plus !

Et pourtant elle était là, assise sur le sol, ses genoux serrer contre elle comme une enfant à vouloir que le passé change soudain pour qu’elle puisse empêcher tout cela. Qu’elle pardonne à un garçon trop jeune, qu’elle surveille un mari trop triste, qu’elle apporte un peu de bonheur et peut-être qu’elle en ait en retour. Elle s’en voulait terriblement de ne désirer que cela à cet instant. Elle manqua de sursauter en découvrant soudain Théophile assis face à elle, elle n’avait même pas fait attention à son approche.

Malgré la colère qu’elle voulait ressentir pour lui et qui lui aurait sans aucun doute facilité la tâche de l’ignorer, la manière dont il posa sa question lui arracha un sourire. Un sourire meurtri et triste, mais un sourire tout de même. Elle hocha la tête, incapable de répondre à cet instant. Elle ne pouvait pas le blâmer. Pas entièrement. Après tout, il était un bel homme seul et veuf qui avait choisit d’oublier sa peine dans les bras d’une autres… plusieurs autres sans aucun doute au vu du genre de sa « conquête ». Des femmes sans plus de visage que d’intérêt pour lui à l’exception du plaisir à prendre.

Mais d’une certaine façon, c’était sans doute pire ainsi. Le Théo qu’elle avait aimé plus qu’elle-même était borné, parfois emporté, mais ce n’était certainement pas un coureur de jupons. Il n’avait pas cherché à se rebâtir, il n’avait pas éprouvé des sentiments pour une autre au point de l’oublier. Ça elle aurait pu aisément le comprendre, même être heureuse pour lui. Non. Il avait forniqué jusqu’à oublier sa nature, jusqu’à se punir, jusqu’à la punir. Oui d’une certaine façon, il avait trouvé un moyen d’abimer leur relation même par-delà la mort. La détestait-il à ce point ? Oh il l’aimait. Elle l’avait senti lors de leur baiser. Aucun doute là-dessus, leur sentiments réciproque étaient encore là, quelque part. Mais la haine et l’amour étaient de bien proches voisins.

Que pouvait-il y avoir de pire que de découvrir que la personne qu’on aime est morte ? Apprendre que peut-être, au fond d’elle, elle vous haïssait, semblait une réponse valide à cette question.

- Plutôt deux… parvint-elle à murmurer pour tenter de se donner bonne contenance alors qu’il essayait tant bien que mal de rétablir la communication entre eux. Heureusement pour son cœur chavirant, le fait qu’il revienne sur les sujets plus importants qu’eux lui permit de ne pas sombrer pour de bon dans sa tristesse actuelle. Y avait-il seulement encore quelque chose à mériter ?

Elle sentait ses excuses sincères, mais pas pleinement, comme si une part de lui restait en retenue, incapable de se décider à lui accorder son pardon avec ce qu’il avait vu. L’image de celle qu’elle avait été se confronter en lui à celle qu’il avait l’impression qu’elle était devenue. N’était-ce pas après tout, exactement ce qui la torturait aussi ? Le passé et le présent qui se confrontent ? Elle n’était pas certaine de pouvoir lui laisser la chance qu’il demandait, pas plus qu’elle n’était certaine qu’il en veuille vraiment. Ils avaient changé. Tout les deux. Pour le meilleur et pour le pire. Et à présent, ils devraient tous les deux s’accepter ainsi, ou s’oublier pour de bon.

Elle ne saisit pas ses mains. Elle ne voulait plus être celle qui s’appuie sur la force de l’autre, surtout pas tant qu’elle ne comprendrait pas qui était devenu cet autre. Mais elle libéra ses jambes et s’assit en tailleur à son tour pour s’ouvrir à la conversation. C’était le mieux qu’elle pouvait pour le moment. Malgré ses yeux brillants qui auraient pu se remplir de larmes, elle parla d’une voix presque assurée.

- L’Enclave est un port. A plusieurs jours d’ici. Une forteresse avec un accès à la pleine mer mais… dissimulée. Finit-elle par dire en choisissant le mot avec précaution. Elle lui avait promis des réponses, mais lui avait aussi dit qu’elle ne protégeait pas qu’elle-même. Une contradiction qui lui laissait un champ d’action limité.

- Elle ne fait pas la taille de Marbrume, loin s’en faut et elle n’a pas vocation à servir de cité de refuge. Mais plutôt à être l’ultime bastion dans une lutte éternelle.

Elle s’adossa contre le mur en soupirant. Elle se souvenait de son propre ressenti dubitatif la première fois qu’elle avait entendu ces mots. Puis elle avait vu, elle avait appris. Malheureusement ici, elle n’avait que sa conviction à présenter à son ancien amant. Il devrait s’en contenter.

- Ce mal, là dehors, cette… Fange. Ce n’est que la partie visible d’une lutte bien plus profonde. Une lutte qui traverse le temps. Ce n’est pas une force brute qui ne fait rien à part détruire Théo. Il y a une volonté derrière tout cela, une volonté si ancienne et différente qu’elle ne perçoit même plus la cruauté de ses méthodes. Mais cela n’enlève rien à son intelligence. Elle ne fait pas que nous abattre à vue Théo ! Elle nous chasse de bien des manières. Elle s’infiltre partout jusqu’à nous rendre incapable de la combattre. Il ait facile de frapper ses agents là dehors, une cible de choix que tout le monde peut identifier et détester. Mais qui au final ne sert qu’à dissimuler plus aisément ceux qui peuvent se fondre parmi nous. Elle a des agents dans la cité, dans toutes ses strates. Du simple milicien jusqu’à l’entourage de la couronne. Peut-être le Roi lui-même, ou son épouse au vu des actes récent.

Elle plongea son regard dans celui de l’homme qu’elle ne pouvait tout à fait s’empêcher d’aimer.

- Je sais que cela parait fou, invraisemblable. J’ai moi-même eu bien de la peine à y croire. Mais j’ai vu… des choses que je ne pourrais expliquer autrement. J’ai changé, oui, parce que le monde change.

Cette fois-ci elle lui prit la main, pas pour qu’il la soutienne, mais pour tenter de lui transmettre une part de la conviction qui l’animait.

- Mais si tu crois encore à la bonté qui m’anime, alors crois-moi quand je te dis que le mal est déjà là, et qu’il faut le combattre et l’éliminer avant qu’elle n’arrive. Sinon, tout cela… dit-elle en englobant ce qui les entourait bien au-delà des murs de l’habitation. …Et bien plus encore, disparaitra. Il ne restera pas même notre souvenir.


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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2022 - 23:36
La douce voix de sa femme s’éleva sans qu’elle ne vienne prendre ses mains. Elle avait copié sa posture, se postant en égale. Pourtant, il remarqua fort bien dans ses pupilles les larmes qu’elle retenait. Le borgne était désespéré de ne rien pouvoir faire pour les faire disparaître, même si elles ne dévalaient pas ses joues pour le moment. Les savoir présente, et se voir refusé d’être son soutient était douloureux. Il s’était toujours senti impuissant face à sa douleur et sa tristesse. Mais rarement à ce point.

Par les Dieux, elle était vivante, n’était-ce pas tout ce qui comptait ? Ne pouvait-il pas se contenter de savoir que son coeur battait ? Qu’elle respirait ? Si il devait être honnête, non. Il n’en était pas capable. Pas en sachant qu’elle avait traversé seule ces épreuves. Qu’elle s’était retrouvé de chandelière innocente à résistante face à force supérieure.
Ces choses dont parlait Alice, elles faisaient écho à tant de choses qu’il avait vécu ces derniers temps. Sans compter ce que lui avait raconté Aeryn sur son inexplicable rencontre avec une entité étrange. Ce qu’il venait d’entendre le convainquait d’autant plus que son amie n’avait pas halluciné.

La chaleur de Sa Douce, qu’il sentit enfin contre sa propre peau, le soulagea d’une partie de son fardeau. C’était le don qu’elle avait toujours eut, et qui lui avait tellement manqué. Elle seule pouvait le comprendre. C’est pourquoi elle avait été la seule à pouvoir voir le garçon qu’il était vraiment sous le masque qu’il portait.

Brisant ses défenses, il abaissa la tête et monta leurs mains soudées jusqu’à son front. Laissant ses paupières se fermer, il apprécia sentir l’aura de sa femme se répandre en lui. Même si c’était une infime partie de ce qu’elle pouvait lui offrir. Il n’aurait pas dû grappiller une fois de plus ce qu’elle avait à donner. Pourtant, il ne pouvait s’en empêcher. Son manque d’elle était trop fort. Retrouver la plus doucereuse des drogues après en avoir été sevré tout ce temps le rendait d’autant plus accroc. Ce fut presque groggy qu’il finit par la rassurer sur le fait qu’elle non plus n’était pas folle. En tous cas qu’il la croyait sincèrement.

« Ces derniers temps, j’ai l’impression que les choses se précipitent. Les horreurs s’enchaînent les unes après les autres, et de plus en plus vite. Des choses tellement étranges que je n’y aurais jamais cru si je n’en avais pas été témoins. Mes amis en ont aussi fait les frais. Certains d’entre eux ont un père disparu qui s’appelle Rodrick. Pas qu’ils aient vraiment envie de retrouver le bonhomme….Ce n’était pas vraiment un modèle d’amour parental. Mais quand tu as prononcé son nom, ça me paraissait presque évident que c’était lui. Comme si nos disparus revenaient à la vie. Mais là n’est pas le sujet...Je n’en connais pas l’ampleur mais je sais parfaitement qu’il y a bien trop de choses de mauvaises en ce monde. Et je commence seulement à me rendre compte d’à quel point ça peut dépasser tout ce que l’on aurait pu imaginer il y a quelques années en arrière. »


Comme il avait envie de la supplier de le faire embarquer avec elle vers ce bastion reculé. De s’y réfugier à jamais avec elle, sans jamais se préoccuper du reste du monde. Ses lèvres se posèrent sur le dos de la main de sa femme. Son odeur n’était plus tout à fait la même. Finit la senteur de menthe ou de pin de leurs savons qu’elle fabriquait. Le parfum était désormais plus semblable aux vêtements qu’elle portait en tant qu’ambassadrice. Et pourtant, il arrivait toujours à détecter ce quelque chose qui faisait que c’était elle et rien qu’elle. Aussi unique que les battements de son coeur.

Sans qu’il ne puisse réellement se l’expliquer, leurs genoux étaient désormais collés alors que son menton avait remplacé ses lèvres sur les métacarpes. Aussi son souffle se perdait sur son poignet et son avant-bras, y glissant comme les baisers qu’il aurait aimer pouvoir lascivement y déposer.
Le visage de sa Douce était au-dessus de lui, et c’était bien ainsi. Inférieur à elle, qu’il plongea de nouveau son œil unique dans une des prunelles verte.

« Me raconterais-tu ce qu’il s’est passé ? Du moment où on t’a abandonné à ce fameux moment où tu as décidé de te dépasser pour cette cause à l'Enclave. Je me battrais mais pas seulement pour notre souvenir. Pas seulement pour sauver les innocents. Je veux me battre pour toi Alice, il n’y a toujours eut que toi dans mon coeur. J’ai été incapable de t’oublier. Même quand on me disait qu’il n’y avait pas d’espoir j’en était incapable. Même quand j’ai vu presque toutes les nuits ton visage se changer en une de ces créatures. Tu es la moitié de moi-même, je ne resterais pas sans rien faire. Pas quand je peux t’aider et essayer de me faire pardonner de t’avoir laissé affronter tout ça toute seule. J’aurais dû être là. Je ne peux pas rattraper le temps perdu mais je peux au moins tenter de faire en sorte que le futur soit différent. »

Au fur et à mesure que sa voix s’était assurée, que sa détermination s’était affermie, Théophile s’était relevé vers sa Douce. Peut-être puiserait-elle en lui tout comme il le faisait avec elle. Ils étaient plus forts tous les deux ensemble. Ca avait toujours été le cas.
Comme dans la ruelle, il se retrouva visage contre visage, nez contre nez, leurs souffles se mélangeant.

« Tu n’as que quelques mots à prononcer et je te suivrais jusque dans l’antre d’Etiol si il le faut. Mais je ne peux pas te perdre à nouveau. »

Sa dextre vint se poser sur la douce joue de celle qui représentait une partie de lui.

« Si il faut que je laisse jusqu’à mon dernier souffle contre cette chose qui nous menace tous, alors je le ferais. J’ai été...décontenancé aujourd’hui. Tu n’as jamais été cette femme froide que tu as montré devant le Vicomte. Mais quand tu es aussi près de moi, je sais que la seule vérité est que nos âmes ont toujours une place l’une à côté de l’autre. Même si ça ne se fera pas si facilement avec un idiot comme moi. »
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyVen 5 Aoû 2022 - 11:42
26 Mai 1167.
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Comment parvenait-il à faire battre son cœur si fort ? A une époque elle était ravie de cette sensation quotidienne et rassurante. L’assurance continuelle de l’amour qu’il lui faisait ressentir. Mais l’époque de leurs vies innocente et presque simple d’Estaing était révolue depuis longtemps et aujourd’hui elle ne pouvait s’empêcher de craindre que ce lien, toujours aussi fort, ne mette en danger la cause qu’elle servait. Elle parvint malgré tout à se montrer presque catégorique dans son refus.

- Je ne peux pas t’emmener Théo… pas comme ça, pas si vite. Je… ce n’est pas mon rôle. Il y a trop de chose en jeu pour que je transgresse nos règles, même pour toi. Le Protecteur… Rodrick. Il ne prendra pas le risque d’une trahison même si je t’… même si je te fais confiance. D’autres s’occupent de trouver ceux qui peuvent nous rejoindre. C’est eux qui devront te trouver, c’est eux qui devront te croire.

Elle sentait son souffle s’accélérer encore alors que les lèvres de Théophile parvenaient presque à effleurer les siennes et elle savait qu’il était conscient du trouble qu’il provoquait en elle par sa seule proximité. Au moins était-elle parvenue à ne pas céder à son envie de le voir de nouveau à ses côtés sans se soucier du reste. Elle sentait bien que son corps et une bonne part de son esprit n’attendait que cela. Retrouver cette sécurité, ce sentiment de bonheur familier. Mais elle devait lutter contre. Elle devait penser à ce pourquoi elle avait accepté son rôle. S’il était l’élu de son cœur, Théophile ne devait pas pour autant pouvoir s’affranchir des règles qui avaient garanti la survie de l’enclave.
Elle ferma les yeux et laissa sa joue reposer plus avant dans la paume chaude et caleuse, savourant ce contact autant qu’elle essayait de se défaire de l’intensité de son œil unique.

- J’ai dû fuir vers l’Ouest… parvint-elle finalement à reprendre d’une voix presque murmurée. Quand Alaric et moi avons été… séparé. La fange s’enfonçait dans les marais comme un étau à la poursuite des survivants et je me suis retrouvée derrière cette vague, avec d’autres. Incapable de la traverser pour rejoindre la cité, à mesure qu’elle s’épaississait nous avons été repoussés vers les montagnes, traqués le plus souvent. Beaucoup sont mort, par les griffes, la faim ou la maladie. Les créatures… elles montaient rarement vers les pics. Peut-être à cause du froid. Mais nous avons trouvé un abri dans des grottes. Plusieurs semaines durant. Nous chassions pour survivre et j’utilisais mes maigres connaissances pour soigner nos maux. D’autres nous rejoignaient parfois, des groupes qui comme nous avaient survécu à l’assaut initial pour se retrouver bloquer hors de portées de la cité. Plusieurs ont essayé de la rejoindre pour prévenir le duc. Aucune aide n’est jamais venue car je ne suppose qu’aucun n’a réussi.

Bien que peu enviable raconté ainsi, Alice édulcorait pourtant énormément le récit qu’elle narrait. Que ce soit pour éviter de raviver les horreurs qu’elles avaient subi, ou pire encore celles qu’elle avait commises, elle estompait les détails d’un passé qu’elle espérait enfoui à jamais.

- Les créatures ont fini par nous trouver. Peu ont survécu, moins encore en état de voyager plus encore vers l’Ouest. Mais nous avons essayé. Nous n’avions pas le choix. La plupart sont mort sur la route. Mort de fatigue, mort de maladie, mort de fin, mort de peur, mort de fatalité. Nous n’étions plus qu’une poignée, résignée à attendre la fin quand ils nous ont trouvé. Les Vahasi Savasci.

Elle rouvrit les yeux et se rendit compte du regard perplexe de son ancien amant. La tension physique qu’il faisait naître en elle s’était presque atténuée. Presque. Rien de mieux que d’horrible souvenir pour refroidir les ardeurs n’est-ce pas ?

- Ce sont des guerriers, expliqua-t-elle donc. Comme tu n’en as jamais vu. Ils sont les gardiens et les habitants de l’Enclave. Enfin… plus seulement. Comme pour nous, beaucoup de réfugiés ont fini par les rejoindre après qu’ils les aient sauvé. Ils ne sont pas Langrois à l’origine. Ils font partis de ceux qu’on appelle le peuple des routes. Tu te souviens d’eux ? On voyait souvent passer leurs caravanes à une époque. Des marchands à la culture et aux mœurs étrange. C’est l’un deux qui m’a montré pour la première fois un herbier…

L’événement était lointain et flou, presque autant que le passage des caravanes qu’elle évoquait, de simples détails dans le quotidien d’une vie qu’on omettait aussi rapidement que le fait de voir une mouche voler. Estaing voyait passer son lot de caravane à l’époque, la plupart des marchand locaux ou du duché voisin. Mais il pouvait effectivement se souvenir d’exceptions. Parfois des convois étaient occupés par des gens aux habits bien plus coloré ou voyant que ceux qu’ils avaient l’habitude de voir passer. Des saltimbanques ou des vendeurs exotiques la plupart du temps, dont personne ne se soucier réellement de la provenance.
Imaginer que tout un peuple, une culture et un monde différent des leurs se cachait derrière ces visions pouvait être déstabilisante. Comme de découvrir que la porte qu’on n’avait jamais pris la peine d’ouvrir, habitué à la voir close, donnait en réalité sur un univers différent.

- L’Enclave accueille autant des nôtres que des leurs à présent. C’est si… différent.

Il était difficile d’exprimer réellement ce sentiment qu’elle éprouvait pour ces lieux qui lui avaient permis de survivre et plus encore de trouver sa place.

- Ils n’ont pas de roi, pas de seigneurs, pas de serf. Si un ordre hiérarchique existe, c’est uniquement pour le service de tous. Chaque vie en vaut une autre, Théo. Chaque voix compte. Seule leur lutte contre l’ennemi de l’humanité ne souffre pas la discussion. J’aimerais tant te mont…

Prise à son propre piège, elle n’avait réussi à repousser sa demande que pour lui souligner comme elle aimerait partager tout cela avec lui. Idiote. Elle le devenait sans aucun doute quand elle plongeait son regard sans sa pupille si intense. Elle reprit plus posément.

- Ils nous ont sauvé et nous ont donné une raison de vivre, une raison de nous battre. Même si presque tous ignorent la profondeur des ténèbres qui nous guettent, la plupart sont heureux de dédier leur vie à une cause juste.


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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyLun 8 Aoû 2022 - 18:31
Les mots qu'Alice ne disait pas étaient suffisant pour comprendre qu'elle avait souffert. Et il avait peur de savoir à quel point. La curiosité se battait avec un sentiment d'auto-préservation. Et puis les pupilles hantées qu’il avait en face de la sienne suffisaient à le convaincre d’à quel point ces mois d’errance et de survie avaient été difficiles. Et Théophile n’avait pas été là, tout absorbés par sa propre peine. Personne n’avait jamais pu remonter le temps et désormais, tout ce qu’il pouvait faire était de continuer à apporter sa chaleur à celle qu’il avait abandonné. Abandon qui justifiait qu’elle ne veuille désormais plus de lui. Il l’avait laissée tomber et il ne pouvait prétendre vouloir être à ses côtés sans contre-partie.

Ses lèvres effleurent juste celles de Sa Douce avant qu'il ne recule le torse. Si Alice avait parfois grondé son mari quand il tentait de lui voler un baiser, jamais elle ne s'était ainsi fermée à lui. Il pourrait la forcer, surtout en sentant son visage s'affermir dans sa paume. Il pourrait se frayer un chemin jusqu'à son cœur comme il l'avait fait dans la ruelle. Mais cette fois-là avait été une exception. Il avait en horreur les hommes qui forçaient les femmes. Et puis deux refus en une journée, venant de celle qui l'avait toujours soutenue, était un coup assez dur. Suffisant pour que même lui comprenne que ce ne serait pas si facile de se faire pardonner.

Leurs jambes étaient toujours collées, fantôme de ce qu'ils étaient plus jeunes. Des amis et confidents.

« Tu aimerais me montrer mais c'est impossible c'est ça ? Je crois que j'ai bien compris. »

Même si le constat était amer, ajoutant une nouvelle pierre dans l’édifice de pertes prenant place dans le for intérieur de Théophile, son ton ne l’était pas. Il adressa même un léger sourire à la jeune femme. La souffrance de l’Estagnol avait été fermée dans un coin de son esprit, comme il l’avait fait après son départ de son village natal. Il pourrait y faire face en temps et en heure.

« De toute façon il parait que je suis un compagnon de voyage insupportable. Pourtant je ne suis pas celui qui ronfle le plus fort, ni celui qui sent le plus des pieds. Mais ces gars-là, ceux avec qui je travaille, ils sont bien trop délicats. Tu imagines qu’ils osent dire que je suis un casse-pieds ? Alors que je suis pourtant bien plus sage et conciliant qu’à une époque. Jamais je ne leur ai mis de la bouse dans leur paillasse, comme cet imbécile de Patrick. En même temps si il avait fait autre chose que passer son temps à essayer de t’en mettre dans les cheveux, ça ne lui serait jamais arrivé. »

Encore une fois, l’humour avait été le moyen le plus simple qu’avait eut Théophile pour faire face à la situation et tenter d’apaiser les sentiments négatifs qui tournaient dans cette pièce. Un soupir sonna la fin de cet aparté.

« Par les Dieux...Quelle situation. Je savais que les chances de te retrouver étaient minces mais te retrouver et ne pas pouvoir être a tes côtés...Est-ce que ça ne ferait vraiment qu’empirer les choses si j’insistais ? Si je pouvais, je prendrais tout ça pour moi. Ne rien pouvoir changer à ce que tu as vécu... »

Ca ne le tuerait pas, enfin pas réellement. Son âme tourmentée pourrait continuer de respirer et d’avancer, même si il n’était pas sûr qu’il ressorte indemne de ce bourbier. Son palpitant était devenu dysfonctionnel avec la disparition d’Alice, perdre une partie de son esprit n’était peut-être que la suite logique. Alors quitte à être damné, autant qu’il le soit pour de bonnes raisons. Elle ne pouvait pas l’aimer pour toute une pelletée de choses ? Alors il allait les détruire. Une par une.

« Dans tous les cas, je ne resterais pas sans rien faire. Si il faut que j'abatte tout ce qui se trouve entre nous pour que je puisse à nouveau t'avoir dans mes bras, alors je le ferais. »

Son air déterminé ne pouvait laisser aucun doute. L'esprit du milicien tournait déjà à toute vitesse pour savoir comment il y parviendrait. Là où certains étaient étonné de ces rapides changements d’humeur, Alice ne pouvait pas s’y laisser prendre. Il avait voulu alléger sa peine, tout autant que ça avait permis à sa cervelle de fomenter quelques plans pour faire avancer les choses d’une autre manière. Les paroles qui venaient d’être prononcées n’étaient pas anodines. Elle connaissait suffisamment l’homme pour savoir qu’il ne démordrait pas de cette idée. Quitte à faire des dégâts collatéraux sans qu’il n’en soit conscient.

Théo se releva à tout vitesse, ne lui laissant pas le loisir de tenter de l’arrêter. Comme si le temps qu'il pouvait passer assis était révolu. Son propre corps avait ce fourmillement familier, qu’il parvenait à maîtriser la plupart du temps désormais. Mais pas aujourd’hui. Pas quand tout son monde était sans dessus dessous. Sans compter qu'il avait du mal à se retenir de vouloir revenir se loger contre son âme-sœur.  

« Les forces dont tu parles sont donc déjà en place. Est-ce eux qui contrôlent le Cloaque ? Les Pacificateurs ? Le Roi et surtout la Reine en feraient partie ? C’est vrai que l’ancien Duc contrôle tout maintenant. La Fange a plutôt été une aubaine si on regarde les choses d’un œil critique. Si on pense que cette situation a été provoquée par cupidité, on peut croire que le couple royal est prêt à tout pour garder sa place. Même faire quelque chose qui a l’air si horrible que tu en as perdu tes moyens au moment où tu te le refusais. Qu’est-ce qui pourrait les déstabiliser sans que cela ne mette autant de vies en jeu ? »

Le grand milicien faisait les cent pas dans la pièce, s’arrêtant parfois à la fin d’une question, mais reprenant bien vite son balai. La logique tentait de se frayer un chemin en lui, alors que l'amour et l'honneur tentaient eux aussi de prendre le dessus. Aucune question n’était réellement destinée à Sa Douce, bien qu’elle puisse sans doute parfaitement capter son cheminement.

« Le sérum des Pacificateurs étaient peut-être une partie dans ce plan. Et si ils utilisaient d’autres lieux secrets comme celui-ci ? Combien de personnes ont-ils déjà enfermés sans qu’on ne le sache... »


Autre chose titillait l’esprit du borgne, le tirant de ses précédentes réflexions. Une seconde de silence rompit le brouhaha dont il avait rempli la pièce. Les soi-disant sauveurs d’Alice et de ses compagnons de voyage, ce peuple des routes, il en avait bel et bien déjà entendu parler. Mais ce n’était pas le souvenir des saltimbanques qui passaient à Estaing qui lui revenait en mémoire. C’était le visage effrayé d’Aeryn.
La si fière et solide mercenaire, dont le visage portait les stigmates d’une rencontre déboussolante et effrayante, avait tout perdu de sa superbe face à la menace. Là où certains hommes s’en seraient félicité, Théophile s’en désolait profondément. Son amie n’était pas le genre de femme à se laisser marcher sur les pieds. La possibilité qu’on veuille son sang, que ce peuple réclame sa liberté durement acquise pour se servir d’elle, avait quelque chose d’injuste.

Rompant sa litanie précédente, l’ancien soldat vint s’accroupir face à l’Ambassadrice. Comme un papillon attiré par la lumière, il ne put s’empêcher de croiser de nouveaux leurs mains.

« Ta mère, était-elle du peuple des routes ? Iris faisait partie d'une de ces caravanes si je me souviens bien ? Ma mère m'avait dit qu'elle est restée a Estaing pour que ton père et elles puissent avoir une attache. »

Alice leur appartenait-elle au même titre que Ryn ? Ce peuple avait-il réellement besoin de venir s'approprier les gens qu'il aimait ? Ils avaient sauvé Alice oui, mais à quel prix ? Le borgne n'était pas dupe. Sa Douce avait raconté les grandes lignes de son périple, laissant la douleur poindre dans ses magnifiques pupilles. Désormais, elle devait jouer un rôle car elle se sentait redevable envers eux. Ils l’avaient déjà changée à leur contact. Son âme était-elle en danger ?
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Dame CorbeauMaître du jeu
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyJeu 11 Aoû 2022 - 15:11
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Elle s’en voulut d’admirer une fois de plus la détermination dont il était capable de s’armer même au moment le moins évidant. Cette même détermination qui l’avait poussé contre tous les avis, contre toutes les croyances et moqueries à reprendre un arc à la main pour dépasser son handicap et redevenir un archer d’exception. Elle l’avait aimé pour cela, mais elle avait aussi parfaitement conscience de la dangerosité de cette force qu’il possédait ou plutôt qui le possédait.

Théophile était capable de mettre en péril bien des choses par sa volonté d’agir malgré les obstacles du moins, tant que cette énergie ne serait pas canalisée. D’ici là, il semblait plus intelligent de limiter les connaissances qu’elle lui transmettait. Si elle ne lui donnait pas les armes avant d’être certaine qu’il ne soit près, peut-être parviendrait-elle à le contenir. Le protecteur accepterait-il de le voir rejoindre leur cause ? Théophile rencontrerait-il un sondeur ? Y survivrait-il ? Elle ne pouvait pas répondre à ses questionnements seule, alors elle pour le moment elle devait cloisonner sa compréhension du problème.

- Le cloaque n’a pas de maître à l’exception du Quatrième, si la voix-donnée agit avec notre ennemi, c’est uniquement car elle espère en retirer quelque chose dans sa quête de son dieu. J’ignore sa compréhension réelle de l’enjeu. Mais elle et ses fidèles ne sont pas de simples outils. Je ne sais pas si le Roi ou la Reine sont directement impliqué et s’ils le sont, est-ce en toute conscience ? Notre ennemi n’a que faire de la fortune ou du pouvoir, si l’un d’eux est à son service, alors soit il n’a pas conscience d’être manipulé par son ambition, soit son esprit et bien plus tortueux que nous l’imaginons. Peut-être est-ce juste l’un de leur proche conseiller qui les manipule dans l’ombre ? Expliqua-t-elle plus posément que lui pour tenter de lui montrer la complexité de la toile qu’elle et ceux de l’enclave devait réussir à démêler pour agir.

- C’est pour cela que nous ne devons pas agir précipitamment Théo. C’est aussi pour cela que l’on ne soutiendra pas les ambitions de Dédale malgré son insistance. Et si nous tranchions la mauvaise racine, persuadés que nous endiguions la maladie mais qu’au final le mal profite de nos actes pour s’infiltrer plus profondément encore ? La vie s’accroche difficilement dans Marbrume, nous n’avons pas le loisir d’agir sans réfléchir ou à l’instinct.

Elle soupira en laissant sa tête aller contre le bois de la paroi.

- Nous devons dénicher ses agents, même les plus anodins, et remonter la chaine. Et combattre ses forces à l’extérieur. Si seulement nous pouvions la trouver… dit-elle tout bas en se mordant la lèvre inférieure de frustration. Elle fixa malgré tout son regard sur lui.

- Tu dois me promettre de ne pas agir tout seul Théo, ni pour moi, ni pour toi, ni pour quiconque. Je… je sais ce que tu veux retrouver. Et je ne sais pas si cette chose existe encore aujourd’hui, je me le demande moi-même. Mais même si c’est le cas, tu dois prendre en compte ce que je t’ai dit. Il y a beaucoup de vie en jeu, ici et dehors, ta force ne doit pas devenir une menace pour elles, même si tu veux agir pour le bien, tenta-t-elle de le convaincre sans évoquer le fait qu’il pourrait bien croiser la route d’un faucheur si jamais les autres estimait qu’il devenait un danger pour la cause. En acceptant son rôle, elle avait aussi accepté les aspects les plus noirs qui l’accompagnaient. Les faucheurs en étaient l’un des éléments. Une nécessité que l’on regrettait mais dont on ne se priverait pas.

Elle se promit intérieurement d’éviter à Théophile de se retrouver sur le chemin de l’un de ces êtres, malgré lui s’il le fallait.

- Nous ne savons rien des purificateurs, pas plus que des ambitions réelles de leur maître. Jusqu’à aujourd’hui rien n’a indiqué une connivence entre ces deux forces, à l’exception de la volonté de voir l’humanité prendre fin. Il est facile de supposer un lien, mais rien jusqu’alors ne nous l’a prouvé.

Elle cligna des yeux, surprise par son soudain changement de sujet. Que venait faire ses origines dans cette histoire ? Et pourquoi l’observait-il comme s’il tentant de percer une façade qu’elle lui afficherait, de mettre en lumière un aveu qu’elle pourrait lui faire par rapport à sa mère et son lien avec le peuple des routes. Alors elle comprit. Elle pressa ses mains avec fermeté et secoua la tête.

- On ne m’a pas forcé ou manipulé en se servant de mes origines Théo. Ma mère était une descendante des Sérèlen, oui, eux aussi font partie du peuple des routes. De la même manière que le Morguestanc et Hendoire font partie de Langres. Lié par quelque chose de plus profond, mais malgré tout différent. Si je sers le peuple de l’enclave, c’est parce qu’il m’a élu pour cela. Tous mon élu, Théo, survivants, rescapés, habitants, guerriers. L’enclave fonctionne comme une entité unique, je… Tu devras le voir pour comprendre. Mais avant cela, tu devras rencontrer un des sondeurs.


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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyVen 12 Aoû 2022 - 19:23
Plus il écoutait Sa Douce parler de cette Enclave et des gens qui y vivaient, de ces gens qui contrôlaient l’endroit, des règles qu’ils y imposaient, plus Théophile était persuadé que ce peuple des routes obtiendrait tout de sa femme. Et elle ne s’en rendait pas compte, trop émerveillée par ce qu’ils avaient à lui offrir. Et ça, ça ne plaisait pas vraiment à l’archer.

En réponse au geste qu’elle venait d’avoir pour l’amener à la croire, il resserra lui aussi ses doigts sur les siens. Il ne pouvait pas taire ce qu’il pensait de la situation, sa peur qu’on l’enlève à lui pour de mauvaises raisons et qu’elle n’y voit que du feu.

« J’ai entendu dire que le peuple des routes réclamait l’appartenance des descendants de son sang. Tu ne te sens peut-être pas forcée Alice mais ils se servent quand même de toi. Tu es enchaînée au rôle pour lequel ils t’ont élue. Si jamais nous arrivons à nous occuper de ce problème, il y en aura toujours un autre qui suivra. Mes ancêtres étaient déjà soldats. Les raisons de se battre ont toujours existé. Et tant qu’il y aura des humains, il y en aura toujours. Dédale est peut-être un ambitieux, mais il était totalement clairvoyant à ce sujet. Il ne me semble pas être la pire des ordures, je dirais même qu’il m’a paru meilleur que d’autres nobles qui t’offrent le plus brillant des sourires. Et tu ne l’aimes peut-être pas mais vos discours sont assez semblables. Si ce n’était pas pour toi Ma Douce, j’en serais venu à me demander lequel de vos idéaux prévaut sur l’autre. »

Malheureusement, dans ce cas de figure, le borgne n’était pas sûr de choisir l’Enclave comme porteur de la vérité et du bien commun. Sans lâcher sa femme, il vint s’asseoir à ses côtés.

« Je pense que je ne t’ai jamais raconté l’une des conversations que j’avais eu avec mon père. »


Bien qu’Alice avait été celle sur laquelle il s’était le plus reposé, il y avait eut certains sujets pour lesquels il ne s’était jamais épanché auprès d’elle. Le soldat avait voulu la protéger au maximum de ce que lui pouvait voir des horreurs du monde. Désormais, c’était inutile. Futile même, contrairement à ce que son instinct l’intimait à faire.

« C’était après que j’ai du tuer pour la première fois, après avoir prêté serment. Sur le moment, je n’avais pas réfléchit aux conséquences de mon acte. Je ne m’étais pas posé la question de savoir pourquoi cet homme avait commis un crime ou si lui planter une flèche dans la tête avait été proportionné avec ce qu’il avait fait. Non, je me suis seulement contenté de faire ce que l’on m’a ordonné. Puis en revenant au village, ça m’a frappé. Cet homme n’existerait plus. Avait-il une femme ? Des enfants ? Pourquoi avoir ainsi tenté de massacrer un troupeau entier ? Les autres gars avaient une sale tête et en les écoutant j’ai compris que le pauvre type était persuadé qu’une des bêtes avait donné une maladie à un de ses enfants, qui était mort par la suite. Quelques jours plus tard, la plupart des moutons ont dû être tués car ils étaient effectivement malades, ils auraient tué plusieurs villageois. Mais l’homme restait mort. »

Le jeune soldat ne le compris que plus tard, mais l’homme aurait eut d’autres moyens de mettre fin au problème. La vengeance et la douleur l’avaient aveuglé, comme cela pouvait arriver à n’importe quel homme dont l’amour prenait une telle place.

« J’étais mortifié. Alors je suis allé voir mon père. »

Prenant une inspiration, il reprit à haute voix les quelques mots que jaillirent de ses souvenirs.

« Papa, comment tu sais ce qui est juste ? »

« Ca n’existe pas. Ce qui te paraît juste sera injuste pour quelqu’un d’autre. »


« Alors, quel est le bon choix ? »

« Ca n’existe pas non plus. Parfois, tout ce que tu peux choisir est la moins pire des choses à faire. »

« Papa…. »

Théophile tut les derniers mots de son père « Fils, le jour où tu repensera à ces mots, j’espère que tu sera l’homme bon que je te sais pouvoir devenir. Et alors tu saura ce que tu dois faire. En attendant, observe et apprends » . Pour le moment il ne se sentait pas encore digne d’être ce fameux homme bon. D’ailleurs, il avait complètement oublié cette discussion avant d’en faire par à Sa Douce.

Ca lui donnait matière à réflexion. Assez pour chercher comment devenir quelqu’un dont Lionel Castaing aurait été fier de présenter comme son fils. La perte d’Alice avait pris toute la place dans son coeur et son âme qu’il n’avait pas remarqué à quel point le manque d’un autre de ses repaires était important.
Chef était un très bon coutilier, mais il ne lui arrivait pas à la cheville. Sans parler du Sergent. Le Seigneur de guerre l’avait bien vu, peu d’hommes dans la milice avaient ce quelque chose qui faisait un soldat aguerris. Il y avait un sacré manque de ce côté là. Peut-être pourrait-il tenter d’apporter sa propre pierre à l’édifice. Car, bien qu’il sache qu’il n’aurait probablement l’étoffe d’un chef de guerre, il pouvait apporter et faire embrasser le sens de l’honneur à des gars qui ne savaient pas toujours pourquoi ils s’engageaient. A part fuir la misère.

« La justice est quelque chose de subjectif Ma Douce. Tu donnes l’impression que ces Vahasi Savasci détiennent la vérité absolue. Alors qu’il y a plein de choses que vous ne savez pas. Alors que vous mentez, au moins par omission, aux gens qui vous ont équitablement élu. En quoi cette façon de faire vaut-elle mieux que les autres ? »

De nouveau, sa main vint se loger contre la joue d’Alice. C’était toujours les même gestes qui revenaient inlassablement. Peut-être que son inconscient tentait d’amadouer l’Ambassadrice, touche par touche, afin qu’elle ne regagne pas le bateau qui l’emmènerait loin de lui. Mais le milicien se rendait compte à chaque phrase que même si son corps pouvait rester auprès de lui, l’esprit d’Alice était bloqué avec ces gens. Quelle plaie ! Que devait-il faire pour retrouver sa femme ?

« Je suis désolé si je t’ai donné l’impression de m’enflammer. C’était peut-être bien le cas d’ailleurs...Il s’est passé tellement de choses récemment que j’en ai perdu quelque chose en chemin. »


Il en avait perdu de vue qui il était, tout simplement.

« Je ne peux pas te promettre de ne pas agir. Pas quand je vois de la détresse et que je suis le seul à la voir. Et puis tu sais, je ne suis pas seul. J’ai des amis et des camarades sur qui compter. Tu sais Alice, à force de ne rien faire, il ne vous restera plus rien à sauver. Je ne deviendrais pas quelqu’un prêt à tout pour de la vengeance, j’ai pu observer par moi-même un homme rongé qui faisait plus de mal que de bien, même pour sa propre cause. Mais je ne peux pas me contenter de ne rien faire parce que, peut-être, cela fera peut-être plus de mal que de bien. Car personne ne peut deviner quel sera le futur. En attendant, les mordus, les victimes des sectes, les gens qu’on a abandonnés à la Fange, sans compter tous ceux qui ont tout perdu à cause de la situation, qu’advient-il d’eux ?  »

Tout comme le soldat l’avait demandé à Dédale, qu’advient-il des petites gens quand les grands tirent les ficelles du monde du haut de leurs grandes demeures ? Tous ceux qui pensent pouvoir régner s’en fichent. Seul leur propre pouvoir les alimentait. C’était une vie solitaire, ou ils se tiraient tous dans les pattes pour être au-dessus des autres. Théo lui, n’en voulait pour rien au monde. Alice aussi avait pensé ainsi auparavant

«  Mais toi, es-tu heureuse dans ce rôle ? Est-ce que cela te satisfait d’avoir sacrifié ce qui aurait pu être notre bonheur pour une cause que l’on t’as demandé de faire tienne ? Et ne me parles pas de ceux qui dépendraient de ton rôle. Je parles de toi uniquement Alice. »
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Dame CorbeauMaître du jeu
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyJeu 20 Oct 2022 - 19:01
26 Mai 1167.
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Elle aurait aimé le contredire, lui prouver les torts dans lesquels il plaçait la similarité des situations évoquées. Mais elle ne le pouvait pas et se ronger l’âme devant ces barrières faîtes de promesses et de serments. Car aucune des paroles de cet homme qui avait hanté tant de ses pensées n’étaient fausses par elles-mêmes. Au contraire, elles étaient pleines d’un bon sens qui aurait sans doute permis à l’humanité de se sauver d’elle-même s’il avait été plus répandu.

Mais cette logique n’était viable que si l’on se cantonnait à des conflits normaux. Des hommes en tuant d’autres, pour toutes les raisons que le père de son époux avait acquises autant par expérience que par instinct et qu’il avait essayé de transmettre à son fils avec une réussite relative si on examinait ce qu’il avait concrètement fait de cette leçon d’humilité au-delà du potentiel qu’elle lui connaissait. Mais si on pouvait percevoir la situation dans son ensemble, cette leçon devenait vaine. Il ne s’agissait plus de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de choisir le moindre mal. L’homme était imparfait par nature et Théophile avait raison d’estimer que cette imperfection teintée chaque lutte intestine.

Mais quand l’existence de l’humanité toute entière était menacée, non pas par elle-même, mais par une force d’une nature si différente qu’il était difficile de croire qu’elles puissent partager le même espace, alors le moindre des deux maux n’était plus suffisant. La morale, le bien, le mal, la justice tout cela n’avait pas de sens. Il s’agissait de survivre en tant qu’espèce quel qu’en soit le coût. Ou disparaitre comme ceux qui avaient échoué face à la tempête avant eux.

Contrairement à ce qu’il ressentait dans ses dires, elle ne s’en remettait pas aveuglément aux Vahasi Savasci. Elle s’en remettait à eux parce qu’elle avait vu. Parce que s’ils ne savaient pas tout, ils savaient l’essentiel et livraient cette lutte, sans faux semblants, sans objectifs cachés. Une chose dont était incapable ceux de sont peuple. Si un Dédale, un Sigfroi ou même un Théophile étaient capable d’apporter du bien aux autres par leur force de personnalités et d’acte, par cette capacité qu’ils avaient à agir et mener. Ils ne pouvaient se départir malgré tout de ce qui entaché les décisions humaines. L’ambition, l’avarice, l’envie, la colère, la bonté, l’empathie…. l’amour… Elle-même avait crû longtemps que tous les êtres humains, où qu’ils soient, quoi qu’ils fassent, quel que soit leurs conditions, partageaient ces vices aussi bien que ces vertus.

Mais elle avait découvert ces dernières années que cela n’était pas une fatalité, pas un trait insurmontable dont on ne pouvait se défaire. Seulement la conséquence d’une société basée sur la considération personnelle avant celle des autres, avant celle de l’ensemble. Dans le Morguestanc, non, dans tout Langres, chacun naissait avec le devoir de lutter pour sa propre vie, du seigneur au fermier. De penser à son bien-être, à sa vie. Elle était tout autant l’esclave de cette éducation que les autres.

La preuve en était que la main de Théo sur sa joue était si douce, si chaude, si réconfortante et ses mots si insidieux, si simples et faisaient écho en elle sans effort. Penser à elle, être heureuse, oublier une cause et repenser à Alice, uniquement Alice. Cette Alice qui avait juste envie de prendre cette main et de la presser plus fort sur sa peau. De l’entrainer vers le lit sans tenir compte de tout ceux qui avaient dû y passer vu l’occupante, de l’accueillir entre ses cuisses et d’oublier tout ce poids sur ces épaules, de n’être vraiment qu’Alice.
Là était les conséquences qui priveraient toujours l’homme de la paix durable. Voilà pourquoi ce qui est juste et bon n’existait pas. Car rien ne pouvait être juste est bon quand le premier réflexe était de penser à soi. Des larmes embuèrent ses yeux et elle lui sourit, un sourire peiné, douloureux et pourtant sincère et plein d’une tendresse véritable.

- Je ne suis pas heureuse Théo. Je ne suis pas satisfaite de ce que j’ai sacrifié pour cette cause. Chaque jour, chaque nuit je rêve de ce que nous aurions pu vivre. C’est si difficile Théo. Quand je te regarde… il me semble tellement plus normal de tout laisser, de revenir vers toi, de vivre une vie heureuse à tes cotés peu importe les épreuves. Cela me parait si… facile. C’est là qu’est ma faiblesse. Et c’est contre elle que je dois lutter malgré ma nature.

Elle soupira profondément, essayant de chasser la boule de chagrin solide qui se formait dans son ventre. Elle avait l’impression il y a quelques heures encore d’avoir fait un immense chemin sur sa perception d’elle-même et du monde. Mais il avait suffit de sa compagnie quelques brefs instant pour qu’elle s’aperçoive de la fragilité de sa détermination qu’elle croyait de fer. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose que d’affronter cette vérité ?

- Je vois des gens près au sacrifice de ce qu’ils ont de plus précieux pour que nous ayons une chance Théo. Ils ne sont pas plus courageux que toi ou moi, ils ont simplement appris le monde sous une autre forme. Une vision de la vie où l’être humain n’est pas son propre centre, mais juste la minuscule partie d’un tout plus important. Je ne te parle pas d’un dogme plein de bonnes intentions qu’on prêcherait au Temple ! Mais d’individus qui trouvent simplement normal de faire passer le bien commun avant leur propre bien être. C’est imparfait, ils ne s’enorgueillissent pas d’une perfection morale et voient les défauts de cette cuirasse. Mais à l’heure actuelle, c’est là plus solide que nous ayons pour affronter le mal qui menace de nous faire disparaître dans les limbes. Il reviendra à d’autres de nous sauver de nous-mêmes. Peut-être ceux qui comme toi ne peuvent pas s’empêcher d’agir devant la détresse…

Malgré tout, elle n’avait pas oter sa joue de sa main. Elle finirait par le faire, elle le savait, elle sentait sa résolution regagner du terrain, tirer des leçons de cet instant douloureux. Mais jusque-là, aussi égoïstement qu’en était capable la jeune fille de village qu’elle avait été ; Elle voulait en profiter.

- J’espère que tu me comprendras Théo, je l’espère du plus profond de mon être. Mais je ne peux pas renoncer.




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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [convocation] Le gout salé d'une larme   [convocation] Le gout salé d'une larme - Page 2 EmptyJeu 27 Oct 2022 - 18:16
Etait-il censé continuer à être compréhensif malgré toutes ses tentatives ? Rien ne semblait atteindre sa Douce, alors même qu’il venait d’entendre qu’elle n’était pas heureuse ainsi. Théophile était perdu. Que devait-il faire pour la convaincre ?

Peut-être qu’il n’y avait aucune solution pour qu’elle reste de son propre chef, trop engluée dans les responsabilités qu’on lui avait confié. Ce qui lui traversait la tête en ce moment ne lui plaisait pas, tellement c’était égoïste. Mais il était à ce point désespéré de la perdre qu’il préférait s’arranger avec sa conscience plus tard plutôt que de se mordre les doigts. Vivre seul n’était plus envisageable quand il savait que son bonheur était à portée de main.

« Et si je n’ai pas envie de comprendre ? Si je n’ai pas envie de penser aux autres ? »

Ce ton sombre ne lui correspondait pas. En même temps, Alice l’avait-elle un jour connu aussi misérable ? Aussi désespéré ? Non, Théophile Castaing avait juste envie d’être égoïste, quitte à balayer ce pour quoi il s’était battu, et ce qui aurait pu le rendre fier aux yeux de son père.

« Par les Dieux tu es ma femme ! Ils n’ont aucun droit sur toi ! Même pas de mettre ce fardeau sur tes épaules ! Qu’est-ce qui devrait m’empêcher d’être égoïste et de te refuser le droit de partir sur ce bateau ? »

Sa voix n’était qu’une supplique. Il sentait qu’Alice n’en démordait pas, qu’elle allait le quitter de nouveau. De son plein gré cette fois. Et il entendait parfaitement ses raison. Mais il n’arrivait pas à garder ce masque calme, ni écouter la petite voix qui connait raison aux Vahasi.

« Quand tu es aussi près de moi...après avoir rêvé de toi pendant tout ce temps...j’ai envie de tous les envoyer se faire voir...j’ai pas envie d’être raisonnable. Si nous devons mourir face à ces horreurs, alors je veux m’abreuver de toi jusqu’à ce que nous soyons engloutis. »


Le désespoir, l’injustice et le désir tournoyait en Théophile alors qu’il imaginait la chaleur et le parfum de sa Douce monter sur ce bateau, ne lui laissant que l’image de ses longs cheveux dorés pour seul souvenir de leur amour. Ce n’était pas acceptable.

Sa main qui enserrait celle de l’Ambassadrice remonta sur le poignet délicat de la jeune femme et d’un coup sec, le soldat amena sa femme sur lui. De la joue, sa senestre migra vers la nuque d’Alice et il s’en aida pour l’inciter à pencher son cou. Ses lèvres eurent tout loisir de venir goûter de nouveau cette peau qu’il avait déjà parcouru tant de fois auparavant. Son rythme cardiaque, sa respiration, le brouillard dans son esprit, tout s’accéléra. Il n’était plus aux commandes.

Que ce soit ses dents qui mordillait la chair tendre sous lui, sa langue qui dessinait les courbes de la mâchoire sous elle, son souffle brûlant qui s’écrasait contre le pouls rapide qu’il entendait dans les veines de l’Ambassadrice, tout ceci était juste. Même si sa conscience l’invectiva, il n’en avait cure. L’homme était raisonnable, ou presque, tout le reste du temps. Ce moment, il ne pouvait le vivre qu’en écoutant la part sombre qui sommeillait en lui. Celle qui l’avait poussé à de nombreuses reprise à chercher le réconfort où il le pouvait. Alors, quand il avait l’objet de tous ses désirs et de ses espoirs sous les yeux, comment pouvait-il rester un adulte responsable plus de deux minutes ?

« Tu m’es essentielle...je ne peux pas te laisser repartir sur ce maudit bateau... »


Non. Il ne le pouvait pas.
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