Marbrume


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 [Terminé - Quête] - La grande vadrouille

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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyMer 21 Déc 2022 - 21:36
Louisa avait espéré passer une bonne nuit de sommeil, histoire d’être en forme pour l’aventure – sa première aventure !, et peut-être la seule – qui l’attendait au petit matin. Sauf que les visages des personnes qui allaient l’accompagner l’avaient hantée à chaque fois qu’elle fermait les yeux. Mais dans quoi s’était-elle embarquée ? Et avec qui ? Une enfant ? Un ivrogne ? Que les Trois soient avec elle…

Quand elle admit enfin que le repos lui faisait définitivement défaut, elle s’était levée et s’était apprêtée autant que possible pour le voyage. Elle avait ensuite attrapé le paquetage qu’elle avait préparé la veille et s’était discrètement éclipsée vers le hall principal du Temple. Elle avait déjà fait ses adieux – enfin, au revoir… - la veille.

Quand vint l’heure de se mettre en route, la jeune femme quitta le Temple, sa maison, après un dernier regard pour la statue d’Anür et une prière en faveur de sa famille. Elle n’attendit pas particulièrement Sœur Angélique. Elle comptait sur ce dernier moment de solitude pour se vider l’esprit et tenter de se mettre dans de meilleures dispositions.

Elle arriva prestement – peut-être même un peu trop à son goût – aux portes de la ville devant laquelle les chariots étaient déjà alignés en une impressionnante procession, entourés de miliciens afférés. Bon, d’accord, c’était un peu plus rassurant. Elle alla se présenter au plus agité de la bande, qui avait l’air d’être en charge du départ, puis attendit patiemment que ses co-convoyeurs les rejoignent. Certains étaient déjà présents, d’autres firent leur apparition au compte-gouttes. Et Louisa s’efforça de se rappeler les noms de chacun. Margaux, Gaël, Aloys, un autre Alquelquechose, Edgar – était-il sobre à cette heure ? -, … Une enfant, et un tas d’hommes. Ça faisait beaucoup pour ses nerfs déjà mis à mal. Heureusement qu’Angélique était de la partie.

À la demande d’un milicien, Louisa prit enfin place dans le quatrième chariot, en plein milieu du convoi, après avoir déposé son paquetage à l’arrière. Elle resta attentive aux places que prirent les autres, surtout Angélique et Margaux. Puis, le convoi se mit enfin en route.

Lorsque les portes s’ouvrirent devant eux, la prêtresse mit son esprit en sourdine. C’était le première fois qu’elle quittait Marbrume… C’était un peu effrayant. Franchement terrifiant, en fait. Et il fallait que cela se passe alors qu’une invasion de monstres putrides occupait les routes.

Une litanie de prières passa ses lèvres, en un murmure presqu’inaudible.



Dernière édition par Louisa Courtepointe le Dim 5 Fév 2023 - 13:27, édité 1 fois
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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyJeu 22 Déc 2022 - 10:38


Margaux de Piana bailla dans la rue.

Elle avait difficilement pu trouver le sommeil, mais s'était finalement endormie grâce à une potion qui lui avait donné la sorcière. Elle s'était néanmoins réveillée fatiguée, et préoccupée le lendemain. Persuadée de mourir durant le voyage, elle avait soigneusement accrochée la bourse que lui avait donné, la veille, son surveillant, enfilée une humble cape de laine effilochée sur les bords, et enfin, équipée une petite dague effilée à la ceinture.

Le vent frais du matin lui fouettait le visage, la faisait frissonner, malgré la douceur de l'air. La terreur oblitérait toute pensée cohérente ; la petite fille, cependant, continuait de marcher, de s'avancer par la force de sa volonté en direction du lieu de rendez-vous.

Les portes de la ville, qui séparait la civilisation du chaos. L'endroit fourmillait littéralement de miliciens, ce qui acheva de lui fendre le cœur ; instinctivement, portée par un espoir enfantin et irrépressible, elle tenta d'y chercher son père, dans le secret espoir qu'il ait survécu, dans l'élan insensée, fou, qu'il la reconnaisse, qu'il mette un terme au cauchemar qu'elle vivait.
Mais elle n'y trouva pas le visage familier, dont les traits se brouillaient déjà dans ses souvenirs. Elle n'avait même plus peur de la milice - c'était comme si, désormais, toute sensation l'avait quitté, que son coeur s'était endormi, en constatant que le Sergent de Piana ne reviendrait jamais plus, qu'elle devrait à tout jamais se débrouiller seule.

Forçant sur son genou détruit pour avancer plus vite, elle s'était présentée au préposé, qui l'avait fixé d'un air surpris et un tantinet méprisant avant de l'assigner au quatrième chariot, au milieu du convoi. Elle devait suivre la route, ne pas trainer, obéir en toute circonstance aux miliciens, sans poser de questions. La petite fille aux cheveux flamboyants s'était contentée d'acquiescer avec docilité, avait pris sa place près dudit Gaël, non loin d'une prêtresse, en serrant son petit paquet empli de galettes d'avoine au lard.

Elle inclina sa tête devant la prêtresse, avec timidité, chercha du regard les autres personnes qu'ils avaient rencontré dans le bureau de l'intendant. Malgré elle, l'enfant tenta de retrouver le noble du regard - elle savait où elle l'avait vu. C'était un lointain cousin de sa famille qu'elle avait déjà vu à la maison, durant les jours heureux où papa et maman étaient encore auprès d'elle ; et si son visage ne lui avait rien dit, le nom avait éveillé un lointain souvenir, auquel elle s'était accrochée en s'endormant, la veille au soir.
Peu importait qu'il lui parle, car il ne la reconnaitrait jamais ; mais le savoir près d'elle lui donnait une étrange sensation de sécurité, aussi vaine que cela fût.

La gamine finit par grimper dans le chariot qui lui était assigné, s'appuyant à la rambarde de bois pour dévorer le paysage des yeux, sa dague à la main, bien décidée à guetter la moindre ombre de fangeux qui se profilerait.

Ils n'avaient qu'à se tenir bien éloignés d'eux !
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Almère
Almère



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyVen 23 Déc 2022 - 6:06
Le réveil avait été plus compliqué que d'habitude. L'alcool descendu la veille n'avait pas repoussé les mauvais rêves, pas avec les tensions qui couraient au creux de ses bras épais. Almère s'arracha avec peine aux draps, fixa un œil mauvais sur sa sale trogne dans le miroir ébréché. Une main encore engourdie courut à la surface des innombrables balafres qui couvraient son crâne et un doux murmure fila au creux de sa barbe broussailleuse.

- Putain.

Il s'avança de quelques pas hasardeux vers l'unique meuble de la pièce, excepté le lit presque effondré, pour lui arracher ses défroques. Passant le lin usé, il finit par rabattre sa capuche, couvrant le cuir-qui-ne-serait-plus-jamais-chevelu. Il avait encore du mal à croire ce qu'il allait faire. Il fixa un regard dépité sur l'arc qui reposait près du lit, auprès de quelques flèches. Pourquoi pas, après tout. Il s'en saisit, passa la corde en travers de son torse et glissa les projectiles dans ce qui s'efforçait encore, à grand-peine, de lui tenir lieu de sacoche. Finalement, sa dague fétiche trouva sa place habituelle, coincée dans un repli aménagé à l'intérieur de sa botte. La sensation du métal froid contre sa cheville guérie lui était agréable, une légère résistance à sa foulée qui se montrait un rappel rassurant de ce dernier recours.

Enfonçant la porte réticente plus que l'ouvrant, il émergea dans l'unique couloir du bouge qui tenait lieu d'auberge dans ce coin. Après s'être séparé de quelques pistoles, il s'élança d'un pas vif vers les portes de la ville. Il faisait taire tant bien que mal les doutes qu'il avait, gardait sa tête dans le moment présent. Les instants défilèrent avant que finalement, il ne se trouve face à la caravane. Un bref malaise le saisit lorsqu'un milicien vint à sa rencontre alors qu'il approchait. Il se trouvait plus habitué à les fuir qu'à les accompagner. Mais finalement, des hommes d'armes et des brutes s'entendaient sans trop de mal avec une cause commune et il se trouva rapidement à échanger sans gêne. Quelques mots, tout au plus, mais c'était déjà beaucoup pour lui.

À pied, évidemment, il se plaça sur le côté. Il était à mi-chemin entre les miliciens qui protégeaient le troisième chariot et ceux qui défendaient le quatrième. Il aperçut les autres membres du voyage, dont la gamine qui serrait son petit paquetage. Pauv' petite. Il se surprit lui-même à compatir, à presque regretter sa mission, et tourna un regard de nouveau indifférent vers les portes. Et lorsqu'elles s'entrouvrirent pour dévoiler la route qui les attendait, il déglutit et tira sa dague de sa botte pour aussitôt la replacer au creux de sa ceinture. Un milicien observa le geste d'un regard méfiant, la main sur la poignée de l'épée, avant de se détendre en voyant l'arme s'esquiver de nouveau à sa taille.

Al' n'était plus certain de tenir une telle distance avec une foulée incommode. Et ils allaient rencontrer des fangeux. Ce n'était pas garanti par un quelconque fait, bien sûr, juste par un gouffre rance au creux de ses tripes.

- Rikni, veille sur moi.

D'un glaviot frappant le pavé, il marqua sa pieuse parole. Il était temps d'achever des moribonds.


Dernière édition par Almère le Mer 4 Jan 2023 - 22:08, édité 1 fois
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyVen 23 Déc 2022 - 12:50
Piou piou piou

Cui cui cui cu...

La couverture de Rudolf vint recouvrir ses oreilles, agressé de si bonne heure par les piaillements de ces saletés de piafs. Mais ce fut la douce voix de sa femme qui prit le relais.

" Lèves-toi ! Tu crois qu'c'est moi qui vais l'conduire ton chariot ?! "

Un grognement fut la seule réponse que le convoyeur donna à sa femme. Après une brève toilette, l'homme récupéra le paquettage que son épouse lui avait préparé et alla se présenter à l'office des Priost. Il avait été conduit dans le joli bureau de la patronne. Il avait manqué le joli sourire de Dame Priost en se perdant dans son décolleté et ne se decrocha du spectacle qu'au moment où elle se leva pour lui donner un pli.

" Ceci est un pli pour la Baronne elle-même Rudolf. Je vous prie de lui donner en mains propres. Vous ne me décevrez pas, n'est-il pas ?"

" Non M'dame !"

Fier d'avoir rassuré sa patronne, et effacé la légère tristesse qui s'était emparée de ses traits à l'évocation d'un éventuel échec, Rudolf attrapa le courrier et le rangea précieusement dans une petite poche de sa saccoche. Après avoir salué Dame Priost avec la plus belle révérence dont il était capable, Rudolf se rendit à l'entrepôt dans lequel était mis à l'abri les chariots des Priost. Le garde le reconnu et lui indiqua son véhicule habituel, dans lequel on avait déjà placé 2 caisses d'armes. Il avança la cariolle et le gardien alla chercher la bestiole qui serait destiné à le tirer lui et la marchandise pendant les prochains jours

Il fut heureux en constatant que ce serait Abeille son partenaire. Un cheval aussi trapu et résilient que lui. Ils avaient fait plusieurs voyages ensemble. Leurs natures calmes et posées se complétaient parfaitement. La robe marron du canasson se fondait très bien dans le paysage et il avançait à allure régulière. Bref, une brave bête, que Rudolf préférait à la plupart des humains.

C'est ainsi qu'il arriva calmement à l'endroit du rassemblement, en avant-dernière position. Habitué de ce genre d'événements, Rudolf s'informa sur sa cargaison et hérita d'une troisième caisse d'armes. Les trois qu'il portaient etaient assez volumineuses et lourdes, ne lui resterait qu'une place à ses côtés si quelqu'un devait monter. Une fois son chariot prêt, il rangea sa besace derrière lui et se tient prêt au depart. Le convoyeur aguerris s'amusait toujours de reconnaître ceux dont c'était le premier voyage. Ils tremblaient de tous leurs membres, même leurs yeux. Pauvre d'eux, ils n'étaient pas prêt pour ce qui les attendaient.
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Gaël de Conques
Gaël de Conques



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyLun 26 Déc 2022 - 15:27
La caserne était agitée de très bon matin. Gaël avait été réveillé avec nombre de ses collègues plus tôt qu’à l’accoutumé par un supérieur beuglant, les miliciens qui ne prenaient pas part au convoi avaient bien sûr râlé avant de se rendormir.

Les différentes tâches à effectuer avant de rejoindre le lieu de rendez-vous avait occupé son esprit, lui permettant de ne pas penser au danger à venir. Il fallait vérifier son équipement, charger les vivres de la milice, faire l’appel et rappeler les consignes.
Certains de ses collègues traînaient encore des pieds, pour les plus feignants, ils arrivaient à esquiver les lourdes corvées en se cachant des gradés parmis les caisses pour finir leur nuit.
Le soleil était à peine levé qu’il était déjà en sueur, il prit le temps de se repasser un peu d’eau sur le visage avant de rejoindre la troupe, par peur de ne plus avoir de grandes occasions de faire sa toilette avant un moment.

Les miliciens formaient un petit groupe épais et peu discret descendant les rues depuis la caserne pour rejoindre les portes. Entre chansons grivoises et commentaires bougons, les gradés essayaient tant bien que mal de faire régner l’ordre.
Le calme revint quelque peu quand Gaël esquiva ce qu’il espérait être un sceau d’eau de peu, un habitant mécontent de se faire réveiller aussi tôt avait décidé de prendre les choses en main.

Sur place on ne leur avait pas laissé plus de temps à la paresse, il fallait préparer l’arrivée du reste du convoi, se départager les positions, ne pas confondre le deuxième et quatrième chariot. De nombreuses fois il eut à replacer certains de ses compères trop effrayés à l’idée de redemander les informations au sergent au risque de se prendre une soufflante. Il soupçonnait que l’idée de devoir sortir de la ville commençait à atteindre les plus fragiles d’esprit, les erreurs et les confusions se faisaient de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que l’heure du départ approchait.

Travailler, et aider, c’était la meilleure façon qu’il avait de rester concentré et de ne pas laisser son anxiété apparaître, il n’osait pas compter depuis combien de temps il n’était pas ressorti de l’enceinte de la ville, encore moins penser à ce qu’il allait y trouver.
Il remonta la caravane pour s’installer aux côtés du quatrième chariot, un transport de marchandises lui avait-on dit sans plus. Il aurait préféré être affecté à plus importants, les armes ou les vivre, s’assurer lui-même que celles-ci seraient bien gardées mais si tout le monde disputait les affectations, on n’était pas sortis de l’auberge.

Enfin il reconnaissait quelques têtes extérieures à la milice, une jeune prêtresse, dans ses souvenirs il y en avait deux et il n’était plus très sûr de savoir laquelle était laquelle. Elle avait pris place dans le chariot qu’il gardait, une sacrée coïncidence.
Quelques instants après ce furent des petits rires moqueurs qui l’alertèrent sur une nouvelle arrivée.

«-C’quoi ça ? D’la nourriture pour fangeux ?» Commenta un milicien, déclenchant de nouvelles moqueries de la part de ceux qui entouraient Gaël.

Il parlait bien évidemment de l’unique petite fille du convoie, qui n’était pas aidée dans l’image qu’elle renvoyait par sa démarche. Les lâches n'osaient même pas rire ou glousser trop fort, de peur d'attirer l'attention sur eux. Les rires s’intensifièrent quand elle essaya de grimper par elle-même sur le petit chariot.
Exaspéré par l’attitude de ses camarades Gaël poussa le principal instigateur de l’épaule pour se frayer un passage jusqu’à l’arrière du véhicule. Là sans un mot, il plia le genoux pour que la petite s’en serve de marche, en faisant bien attention de la soutenir avec ses mains libres.
Il lui fît un rapide salut de la tête avant de retourner à sa position et de fusiller l’autre enfoiré du regard. L’ambiance promettait d’être sympathique autour du quatrième chariot.

Les ordres de préparations au départ devenaient pressants, il n’y avait plus qu’à attendre que les portes s’ouvrent, d’une minute à l’autre. Maintenant qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire qu’attendre, il sentait son estomac se serrer, c’était peut être la dernière fois qu’il se tenait à l’intérieur de ces murs.
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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyMar 27 Déc 2022 - 20:44
Les premiers rayons de soleil parvenaient difficilement à traverser les épais nuages en cette belle matinée printanière. Observant le ciel depuis la fenêtre de sa chambre, Aloys se demandait si celui-ci allait se dégager cet après-midi. Il n'y avait rien de mieux que de la clarté pour booster le moral des hommes et améliorer la visibilité sur le chemin.

L'on comptait à peu près trois bonnes journées pour atteindre Sombrebois. Ses fréquents voyages entre Marbrume et le Sud du Morguestanc lui avaient inculqué de bonnes notions de distance. Comme toujours avant un important voyage, le jeune nobliau demanda qu'on lui fasse couler un bain chaud et qu'on lui apporta un petit-déjeuner robuste. Cette demande ne passa pas inaperçue auprès de sa domestique, Brunehaut, mais elle savait qu'il fut déjà trop tard, car l'entêté eut déjà donné sa parole à la Couronne. L'Honneur pouvait parfois être un principe moral dangereux, pensait-elle. Elle lui répéta également qu'il n'y avait aucune honte à fuir, si les choses ne se passaient pas comme prévues.

Sans surprise, le message passa par-dessus la tête de celui qui manquait de sagesse, le jeune homme en convalescence et au nez encore rouge par le verre de vin qu'il venait de consommer pour calmer son anxiété: les choses se passaient-elles toujours comme prévues ? Bien sûr que non, il n'aurait jamais rien accomplit sans courage, persévérance et adaptation.

Le Baron de Tourbière finit d'attacher les derniers vivres et équipements à sa monture, avant de quitter le manoir familial dans le silence. L'Esplanade était encore calme à cette heure-ci, mais plus l'on se rapprochait des quartiers populaires, plus le volume montait. Les chariots étaient tous là, prêts à partir, quant aux hommes, impossible de savoir, car le convoi avait rameuté sa foule de curieux.

Aloys fit part de sa présence au milicien en charge du recensement, puis il se hissa sur son destrier avant de se rapprocher des véhicules. Il remarqua la présence de femmes à bord d'un chariot, dont vraissemblablement l'une des prêtresses de la veille. Bien, pensa t-il, ils auraient certainement besoin de l'intuition féminine et de la bénédiction des Trois.

Tandis que le cavalier remarqua la présence d'un fragile petit individu se diriger vers la voiture à quatre roues, il fut témoin de remarques déplacées provenant d'un groupe de miliciens proche de sa position. Il n'avait pas entendu la totalité des mots prononcés, mais le regard n'était point trompeur, ces moqueries étaient bel et bien adressées à l'enfant.

« Détrompez-vous. Ce chérubin est à peine un amuse-bouche pour ces créatures. Elles préfèrent les proies bien plus larges, avec plus de chairs sur les os. Celles qui se débattent... ». Sur ces mots dénués de bouffonerie, le Baron enfila son casque de fer. « Mais je comprends l'humour comme moyen de défense face à l'horreur qui nous attend. ».

Il tourna le dos aux miliciens pour venir se placer au niveau du septième chariot au conducteur dont le visage lui semblait familier. Il pouvait ainsi protéger l'arrière du convoi ou accélérer le galop en cas d'attaque à l'avant.


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Louisa CourtepointePrêtresse
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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyLun 2 Jan 2023 - 17:18
Louisa avait regardé d’un œil appréciateur le jeune milicien pas très fut-fut aider la petite fille à monter dans le chariot. Bon, il remontait dans son estime. Elle avait ensuite adressé un sourire chaleureux à la petite demoiselle. La prêtresse n’appréciait pas beaucoup qu’une enfant participe au voyage mais puisqu’elle n’avait pas le choix, elle avait bien l’intention de garder un œil sur la gamine.

Le convoi avait alors lentement pris la route de Sombrebois, sous un ciel voilé qui n’annonçait rien de bon.
La première journée se passa toutefois dans un relatif calme. À part les miliciens qui se connaissaient déjà, les autres voyageurs, qui s’étaient seulement rencontrés la veille, n’avaient échangé que peu de mots.

Louisa serra les dents pendant tout le voyage : le chariot n’avait rien de confortable et tant son derrière que son dos lui firent rapidement un mal de chien.
Elle accueillit chaque arrêt avec joie et en profita pour se dégourdir les jambes.

L’architecte, qui était effectivement arrivé rond comme une queue de pelle, était affalé dans un chariot et y était resté même lorsqu’ils s’arrêtèrent enfin pour la nuit. Louisa s’était quant à elle installée près du bivouac, très sommaire et sans feu afin de ne pas attirer de fangeux. Peu à l’aise dans la nuit noire, elle en avait quand même profité pour faire plus ample connaissance avec ses co-convoyeurs.

Même si elle avait essayé de se préparer mentalement à une nuit sous les étoiles, elle n’était pas du tout prête à la réalité. Aussi, quand les miliciens sonnèrent le départ le lendemain matin, elle avait à peine fermé l’œil, trop consciente des grands espaces sombres et de la présence constance de tous ces hommes qu’elle ne connaissait pas. Sans parler de la possibilité d’une attaque de fangeux…

Après deux très mauvaises nuits, la fatigue de la jeune prêtresse se voyait clairement sur ses traits. Mais elle emmena la petite Margaux vers leur chariot et ils reprirent la route. Allez, ils étaient presque à la moitié.

La météo n’était de nouveau pas de leur côté et les voyageurs ne durent pas attendre bien longtemps, en cette deuxième mâtinée de voyage, avant que la Fange ne leur apparaisse dans toute son horreur.
Louisa n’était pas plus prête pour cette attaque que pour une nuit à la belle étoile. Elle n’avait jamais vu de fangeux avant, ni de près ni de loin, et l’apparition soudaine de deux spécimens, en plein milieu de la route au détour d’un tournant boisé, les surprit tous. La jeune prêtresse ne les vit même pas de ses propres yeux mais l’arrêt soudain de la caravane et les cris alarmants des escorteurs étaient suffisants… Louisa ne put toutefois retenir une exclamation apeurée alors que la plupart des miliciens se précipitèrent à l’avant pour tenter de maîtriser la menace. L’arrière du convoi était ainsi dégarni et leurs défenses bien faibles lorsqu’un troisième fangeux déboula du sous-bois, tout droit sur le quatrième chariot.

La première pensée de la jeune prêtresse fut pour la petite fille qui semblait être la cible du monstre.
Il se déplaça si vite que la prêtresse cru rêver et il attrapa la jambe déjà abimée de Margaux pour tirer de toutes ses forces, tentant de l’attirer vers ses crocs acérés. Louisa n’était pas une héroïne, mais elle n’allait pas non plus laisser une enfant se laisser mordre sous ses yeux. Tant elle que le conducteur du chariot agrippèrent la petite pour tenter de la retenir. La force de l’abomination était terrible et alors qu’elle criait à l’aide à pleins poumons, Louisa sentit ses doigts lâcher peu à peu.

Un milicien, qu’elle n’identifia que par sa livrée, n'ayant pu distinguer ses traits, s’interposa et repoussa la chose, leur donnant la fraction de seconde nécessaire pour se dégager et prendre le large.
Louisa agrippa alors la main de la petite Margaux et l’attira à l’écart, la faisant descendre du chariot.

« Es-tu blessée ? »

Elle l’enjoignit ensuite à se glisser avec elle sous le chariot, entre les roues. Une frayeur, c’était bien assez. Autant se mettre à distance respectable des mâchoires de ces monstruosités.

Tremblante de peur et d’horreur, la jeune prêtresse attendit avec angoisse que les cris et bruits de coups s’éteignent, et qu’un homme l’informe que l’altercation était terminée, qu’ils étaient saufs. Il y avait des blessés bien sûr, mais apparemment pas de morts. Enfin, pas encore.

Les blessés furent sommairement soignés et chargés sur les chariots. Il fallait se remettre en route, et vite, quelques fois que les trois fangeux n’aient pas été seuls.

Ils ne s’arrêtèrent même pas lorsque le soleil fut à son zénith derrière une épaisse couverture nuageuse.

Dans les deux heures qui suivirent, la météo se dégrada ensuite considérablement, de terribles bourrasques de vent secouant les chariots jusqu’à ce qu’une grosse averse leur tombe dessus, les rinçant en bonne et due forme.

À l’ombre des nuages et sous la pluie battante, Louisa ne pouvait pas voir grand-chose mais elle entendit distinctement de nouveaux cris alarmants s’élever, de l’arrière de la caravane cette fois. Le convoi ne s’arrêta pas pour autant et Louisa, sous les instructions d’un homme qui accourait vers l’arrière, resta à sa place dans le chariot, serrant la petite Margaux contre elle sous une grande cape et tremblant cette fois tant de froid que de peur.

Elle n’aspirait plus qu’à une chose… Que les murs de Sombrebois se dessinent enfin devant eux. Ils aurait pu décider de ne pas s’arrêter pour la nuit qu’elle n’aurait même pas battu des cils. Ce n’est pas comme si elle allait dormir de sitôt de toute façon…
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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyMar 3 Jan 2023 - 17:54


Margaux se sentait terrifiée.

On disait que les voyages en dehors de la ville de Marbrume étaient de ceux dont on ne revenait pas ; et la perspective de devenir un fangeux l'emplissait d'une terreur sourde, sans nom. Elle se sentait si effarée, si petite et faible, qu'elle nota à peine les moqueries des hommes d'arme. Elle se contenta d'offrir un sourire timide au milicien qui l'aida à grimper dans le chariot, regarda, en silence, le paysage défiler lentement devant ses yeux, tandis que leur périple commençait.

La première journée fut étonnamment paisible. Elle n'avait plus l'habitude d'une telle oisiveté ; et passa beaucoup de temps à regarder, aussi discrètement que possible, le seigneur de Tourbière. Il était de sa famille, après tout - et bien que leur lien soit ténu, elle se demanda, à plusieurs reprise, s'il n'était pas considéré comme le nouveau chevalier fieffé de Piana.
Elle était habituée à endurer l'inconfort, mais elle eut du mal à supporter de rester dans la même position durant des heures. Son genou lui faisait mal à la faire blêmir, et elle tenta de profiter des brèves haltes pour délasser son jeune corps déjà fourbu. Enfin, la nuit les obligea à s'arrêter, et, malgré le danger, la jeune noble se sentit grandement soulagée. Nul ne songea à lui demander de prendre un tour de garde - ce en quoi ils avaient bien raison - car, épuisée au dernier degré, elle eut tout juste le temps de partager ses galettes autour du bivouac que les miliciens avaient monté qu'elle s'endormait pratiquement sur place. Sa dernière pensée cohérente fut qu'elle était bien aise d'avoir offert à manger à son grand-oncle (ou grand cousin, mais qu'importait, elle ne se souvenait plus clairement de leur lien de parenté) et à de respectables prêtresses.

Les membres roides d'une nuitée à la belle étoile, Margaux eut, plus que jamais, du mal à marcher, et l'aide de la prêtresse la surprit. Elle se laissa faire néanmoins, reconnaissante, et finit par remonter dans le chariot où une matinée plus compliquée les attendait.
L'attaque des fangeux prit la petite fille par surprise. Les cris d'alarme des miliciens l'affolèrent, et, sans réfléchir, elle se précipita maladroitement sur le bord du chariot, prête à fuir comme elle le pouvait. Rien ne l'épouvantait plus que de finir ainsi, comme un mort qui marchait, incapable de trouver le repos et tuant les voyageurs qui tentaient le passage. Incapable de savoir quoi faire, elle balbutiait des prières à mi-voix, en serrant sa petite dague trop lourde pour sa main menue, lorsqu'elle le vit arriver. Ce cadavre blême se précipitait droit sur eux, comme dans un cauchemar, et elle eut à peine le temps de hurler comme une damnée que, déjà, ses mains s'emparaient de sa cheville, comme pour tenter de l'extirper du chariot. Des bras amis se précipitèrent pour tenter de la retenir, tandis que des hommes se précipitaient pour venir les secourir ; et sans bien comprendre ce qui lui arrivait, qui s'occupait du fangeux, elle se laissa entrainer par la prêtresse hors du chariot, puis en dessous. Choquée, comme paralysée par la perspective de sa mort imminente, elle sembla ne pas avoir entendu la question tout d'abord, puis se rendit compte que son genou blessé la lançait sourdement.

- "Tout va bien, d-dame prêtresse... je vous remercie... je vous remercie de votre aide..."

Saisissant sa main, qu'elle serrait avec affection et désespoir elle écouta les cris et les bruits de combat s'éteindre peu à peu, et finit par remonter maladroitement dans le chariot, tandis que des tremblements incontrôlables secouaient ses épaules malingres. Son premier réflexe fut de chercher le gentil milicien du regard, pour s'enquérir de son état, ainsi que celui de son parent, et finalement rassurée, elle se lova dans les bras de sa nouvelle protectrice. La femme sainte à ses côtés lui redonnait un peu de courage, et, oubliant l'étape de midi tant elle était pressée d'arriver à destination, se contenta de murmurer de longues heures à son intention, cherchant à dissiper sa terreur par le plaisir de la conversation. N'étais-ce pas le propre de l'être humain, après tout ?

Au bout d'un moment qui sembla indéfini pour la petite fille, de fortes bourrasques de vent se levèrent, bientôt suivie par une averse drue et continue, qui la trempa bientôt jusqu'aux os ; mais ce ne fut pas son plus gros problème. Des cris d'alarme résonnèrent à nouveau à l'avant du convoi, qui ne s'arrêta cependant pas pour autant. On leur cria de rester dans les chariots, de ne pas gêner les miliciens, et elles se terrèrent sous la cape de sa nouvelle amie, tandis que les bruits de combat se rapprochaient dangereusement.
A nouveau, la fillette prépara sa dague d'une main tremblante. Elle était une Piana, une fille de chevalier, et il ne serait pas dit qu'elle ne défende pas une prêtresse, une sainte personne qui veillait sur leurs âmes !

Un hurlement s'échappa de ses lèvres, tandis que le chariot eut un violent cahot. Sous ses yeux effarés, deux miliciens semblaient en difficulté, aux prises avec un fangeux qu'ils avaient plus ou moins acculés contre le chariot. Mais le cadavre semblait, malgré tout, sur le point de mordre le milicien qui l'avait déjà aidé à monter dans le véhicule, la veille, et qui l'avait déjà aidé le matin même. Que faire ?! Elle ne pouvait pas le laisser ainsi devenir un fangeux à son tour, et, sans trop réfléchir, elle brandit sa dague, l’abbatit, de toutes se forces, dans le crâne de la chose.
Mais l'arme ripa contre un os, traçant un sillon dans la chair déjà partiellement décomposée, et tandis que son arme roulait au sol, elle se jeta littéralement en arrière, alors que le monstre tournait son attention dans sa direction.

Au tout au fond d'elle-même, elle souhaita que cela serait suffisant pour sauver le milicien ; et qu'elle n'y passerait pas.

- "Au secours... au secours..."

La noble déchue murmurait les mêmes mots en boucle, bien après que le danger fût passé. Elle passa le reste de la journée à grelotter contre la prêtresse, à tenter de lui faire promettre qu'on l'enterrerait, si elle devenait comme ces choses ; mais elle ne put parler ni de son petit frère, ni du démon des égouts. Il ne fallait pas mettre dame Louisa plus en danger qu'elle ne l'était déjà, ni risquer la colère du démon.

La baisse de la luminosité fit battre son cœur d'une angoisse sourde.

Allaient-ils seulement survivre à la nuit ?
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Almère
Almère



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyMer 4 Jan 2023 - 23:18
En quittant l'enceinte de la ville, Almère avait senti un poids s'abattre sur ses épaules. Il avait passé sa vie à Marbrume, et si la quitter lui était apparu plus tôt comme une bouffée d'air frais, il ressentait un peu plus à chaque instant l'horreur qui les attendait en dehors des murs. D'un pas régulier sur un sol qui ne l'était pas toujours autant, Almère avait patiemment accompagné le convoi. Le même poids reposait toujours au creux de son ventre, et il avait rapidement cessé de se soucier de sa prétention à une réputation. La menace des fangeux avait mis un terme, au moins un temps, à toute velléité d'archerie. L'arme en question reposait désormais à l'arrière du troisième chariot, et le regard de la brute voyageait entre ce dernier et le quatrième, où la petite était installée avec une prêtresse. Une main reposait toujours sur son poignard.

Lorsque le ciel lourd qui les toisait finit par s'assombrir, ses pieds lui adressaient des supplications qui devenaient pénibles à ignorer. Il s'affala près du bivouac, sans un mot, avec une triste tentative de couverture et une souche d'arbre. Il savait qu'il le regretterait le lendemain, mais il ne se sentait pas la force de chercher un meilleur sommeil. L'angoisse et la fatigue ne nourrissaient en lui qu'un souhait : disparaître quelques heures. Fangeux mis à part, si cela avait été possible, il avait dormi en pires conditions.

Le lever fut plus pénible qu'il ne l'avait imaginé, et il reprit la marche à contrecœur. Il entretenait précisément l'idée qu'ils échappaient au moins au pire lorsqu'ils firent face à ce dernier.

Des cris résonnèrent à travers la caravane, deux moribonds étaient à l'avant et un frisson figea les jambes du salaud. Juste un instant. Il inspira, resserra sa main sur sa dague. Cet instant était de trop et il ne vit pas venir le troisième fangeux.

Le hurlement de la petite l'arracha au chaos de son esprit, et il se retourna avec horreur. Une carcasse putride faisait claquer ses dents frénétiquement, sa foulée furieuse martelant le sol vers la gamine terrifiée. Al' resta immobile, terrifié, alors que les bras poisseux se refermaient sur la cheville maigre. Un milicien le dépassa et dégagea le fangeux, et ce n'est qu'alors que le criminel réagit. Il bondit en avant, alors que le milicien basculait, et projeta brutalement tout son poids massif sur le fangeux, l'entrainant avec lui contre la terre. Le choc manqua de peu de vider ses poumons et la créature se redressa presque aussitôt.

Le sang battait ses tempes, et une voix stridente hurlait au creux du cerveau d'Almère, mais la froide nécessité avait réussi à lui redonner le contrôle de ses membres tremblants. L'horreur qui lui faisait face n'était pas invulnérable, elle ne pouvait pas l'être, et Al' était puissant. Il projeta ses larges bras sur la carcasse pour la repousser et la maintenir au sol, hurlant au milicien de se relever. Des pas s'approchaient. Il n'avait qu'à tenir et -

Non. Il quitta presque le sol lorsque le bras macabre se balança et rencontra son torse. Ce choc, lui, arracha effectivement tout air à son poitrail. Assommé, le souffle sifflant, il entendit à peine l'aide arriver. Le pas de plusieurs hommes d'armes. Peut-être le galop d'un cheval ? Il resta cloué là, jusqu'à ce que le combat ne prenne fin et que des bras ne lui viennent en aide, auxquels il répondit d'un hochement de tête sobre, tout ce qu'il pouvait encore offrir en termes de gratitude.

Il fut traité rapidement, deux griffures bénignes ornant désormais son poitrail. On lui expliqua qu'il avait eu de la chance de n'être que frôlé, que même une armure ne protégeait pas des fangeux, que la Trinité était avec lui. Non, songea-t-il, juste Rikni. Et on lui dit que la cicatrice ne partirait pas. Il remercia simplement. Son regard resta dans le vide une partie de la journée.

Encore amoché, il resta vautré près de son arc à l'arrière du troisième chariot. Merde, pourquoi est-ce qu'il n'avait pas utilisé sa dague ? Son esprit était embrumé par la peur. Il avait appris rapidement dans sa vie que ce serait un luxe qui lui était interdit. Il avait banni cette affliction, pendant des années. Pas la peur, on ne bannit jamais la peur si on veut vivre, mais la terreur. Cette emprise froide qui vous écrase le cerveau et tue vos mouvements. Jusqu'au fangeux. Cette horreur morte qui avait surgi répondait à d'autres règles, cependant. Elle changeait ces dernières.

Lorsque vint la pluie battante, il ne réagit pas. Lorsque les cris débutèrent, il serra sa dague plus fort, autant que sa gorge ne s'était d'elle-même serrée. Et lorsque le chariot derrière eux fut frappé d'un remous violent, et qu'un cri surgit, il se fit violence. Si tu survis à quelqu'un de justesse, disait son frère, faut que tu sois vite capable de le buter. On sait jamais si tu lui survivras une deuxième fois. Al' se laissa tomber dans la boue, glissant, se redressa et s'approcha du fangeux. Le monstre s'était fait plaquer contre le chariot, et la petite lui avait lacéré le crâne avec un cran qui arracha un grognement interloqué à Almère. Avant qu'il ne puisse plus s'approcher, le fangeux avait été vaincu, et le battement furieux de son cœur s'apaisa lentement.

Il en tira nettement plus de soulagement que de frustration, mais ce second sentiment était néanmoins bien présent. Il devait apprendre. Il devait devenir capable de survivre à ces choses, quand bien même chaque fibre de son corps lui hurlait de ne plus jamais leur faire face et qu'il n'y survivrait pas.
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Gaël de Conques
Gaël de Conques



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyJeu 5 Jan 2023 - 18:48
Une longue journée sans encombres les attendait, à part la marche qui ne le dérangeait pas tellement au final, rien de terrible. Sa petite distraction, c’était de voir l’enfant profiter du paysage.
La nuit dehors fut particulière, il préféra se concentrer sur l’avantage d’un espace ouvert, heureux de pouvoir enfin se débarrasser des odeurs de ses confrères qui embaumaient d’habitude le dortoir.

Au matin c’était reparti, il fallait faire bouger les difficiles du réveil et se remettre en route. La route était encore longue jusqu’à Sombrebois. Le danger pouvait surgir à n’importe quel moment et il ne tarda pas.

Il entendit résonner les cris de l’alerte, des fangeux était apparu au devant du convoi, rapidement on les dépassa lui et les autres miliciens du quatrième chariot, un coutilier leur avait ordonné de rester là pour garder le centre. Ils s’étaient tous avancés un peu au devant, les armes sorties et éloignés du chariot, leur erreur fût de se concentrer sur ce qui se passait devant, essayant de distinguer qui prenait le dessus, Gaël lui même n’avait pas vu venir le dernier fangeux qui aisément c’était précipité jusqu’à ce qu’ils étaient supposé protéger.

C’est les cris désespérés de la prêtresse qui l’alertèrent, son corps se mit en mouvement immédiatement pour parcourir la distance entre lui et le chariot, dépassant un homme figé sur place par l’horreur. Ses collègues eux, mirent plus longtemps à réagir, si bien qu’il arriva seul sur la créature qui avait pris en otage la jambe de l’enfant. Sans réfléchir au risque de se faire mordre il se projeta en avant sur la créature, la lame prête à la traverser. La chose était plus rapide que ce qu’il avait anticipé, elle lâcha la petite immédiatement pour s’échapper de l’attaque sans finesse.
Incapable de se rattraper à temps, la colision directe avec la créature fût brutale, il tomba au sol dans une très mauvaise posture, déjà il préssentait les crocs de la monstruosité dans sa chaire.

Mais rien ne vint, à part un hurlement urgent qui lui demandait de se relever. Secoué, il resserra son épée dans sa main pour se relever aux côtés du reste des miliciens qui les avaient enfin rejoints. Il y avait un homme, celui qui avait hurlé, au sol, il espérait que son sauveur n’était pas mort mais ce n’était pas le moment de vérifier.

Cinq hommes sur un fangeux et ils n’arrivaient pas à prendre l’avantage, les mouvements plus imprévisibles que les autres, la force improbable de ses coups qui repoussaient les leurs, et le risque de se faire mordre rendait le combat éprouvant et difficile à gagner.

Une douleur vive le pris sur le côté haut de la cuisse, le pliant presque alors que le fangeux dirigeait son attaque sur lui mais celui-ci fût tout autant arrêté dans son mouvement alors qu’une flèche se logea dans l’articulation de son genoux. L’instant fût bref, la créature plia dans la réaction mécanique de son corps, laissant plusieurs failles visibles pour l’achever.
Trois épées se précipitèrent pour l’embrocher, une dans ses entrailles par l’arrière, une autre par son flanc et celle de Gaël dans la gorge.

Le sang commençait doucement à se calmer dans ses tempes, le bruit saccadé des respirations autour de lui et de la sienne redevenaient sous contrôle petit à petit alors que l’on récupérait ses épées du cadavre bien moins ambulant.
Son mouvement à lui, lui arracha une douleur par surprise, il posa sa main immédiatement sur sa cuisse. Il pouvait enfin donner du sens à ce qui s’était passé, la fameuse flèche n’avait pas trouvé meilleur passage que la peau de sa jambe.

Rien de très profond, mais il faudrait en prendre soin pour qu’elle ne s’infecte pas, le plus important c’était que les filles soient saines et sauves, doucement elles sortaient de dessous le chariot, il ne les avait même pas vu y descendre.
Il s’empressa de rejoindre ses camarades, au-dessus du corps de l’homme qui l’avait aidé, il était salement amoché mais en vie.

«-Ne traînons pas. Il faut le faire soigner.»

Les autres hommes acquièscèrent avant d’aider Gaël à relever l’homme massif, dans un grognement d’effort commun.

Un léger bandage et il était reparti, il allait falloir qu’il trouve quelqu’un pour lui raccommoder à nouveau son pantalon avant que la jambe ne tombe seule. Malheureusement il devait attendre le soir, et comme si cela ne suffisait pas, la pluie se mit à tomber.

On ne pouvait plus rien distinguer derrière les rideaux d’eau tombante, le bruit en était assourdissant au point où il étouffa les cris d’alerte de l’arrière. Un camarade vint leur ordonner de ne pas s’arrêter et de rester dans les chariots pour les concernés, il les dépassa vite avant de continuer vers l’avant pour passer son message à toute la caravane.

Alors que Gaël le regardait partir, c’est là que la chose putride décida de bondir à travers la pluie torrentielle pour l’attraper. Si près de mourir, seul ses bras et la chance de les avoir correctement positionnés l’avait sauvé. Il avait réussi à coincer le fangeux contre la carriole de bois, le claquement des dents du mort n’était qu’à quelques centimètres de sa peau, rapidement un autre milicien vint appuyer lui aussi sur la monstruosité pour la tenir en place. Le conducteur avait eu le bon réflexe de s’arrêter pour éviter qu’ils ne glissent tous sous les roues.
Leurs forces combinées ne suffisait pas à retenir le fangeux correctement, les autres verts regardaient la scène impuissants, incapables d’atteindre la créature sans blesser leurs collègues au passage. Il sentait ses chausses glisser dans la boue alors qu’il tentait désespérément de tenir face au monstre, s’il lâchait, il serait mordu.
Le fangeux n’en avait rien à faire, celui-ci était violemment obsédé par Gaël, tellement obsédé qu’il ne vit pas une enfant en profiter pour essayer de lui mettre un coup de poignard dans la tête.
Elle manquait de technique, pensa Gaël alors que l’arme ripa sur le crâne de son adversaire, projetant juste à côté du visage du milicien un morceau de peau.
L’essaie eu du bon, la créature en avait maintenant après la gamine, avec un nouveau sursaut de force, elle se tourna vers le chariot pour en attraper le haut et essayer de se hisser avec détermination à l’intérieur. De quoi donner à Gaël et son collègue une nouvelle prise, ils tiraient sur les jambes du fangeux pour le retenir.

Finalement, un dernier coup d’épée plantée dans le dos de la créature termina de l’achever. Gaël se retint au chariot, écrasé par les événements qu’il venait de vivre, il sentait la boue coller à sa tenue, il s’en était éclaboussé pendant sa lutte.

D’autres de ses collègues se laissèrent tomber à même le sol, sans retenue, par deux fois ils avaient tous frôlé la mort aujourd’hui. Alors qu’ils essayaient de se ressaisir, le chariot derrière eux leur ordonna de se bouger au lieu de bloquer le chemin.

Avec difficulté, le quatrième chariot reprit à nouveau la route de Sombrebois. Cette vision du fangeux à la morsure si proche allait en tout cas le hanter durant de nombreuses nuits, pour l’instant c’était le regard absent, qu’il forçait ses jambes à bouger.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyVen 6 Jan 2023 - 21:41
La première journée de voyage était telle que Rudolf le souhait : calme et sans fangeux à l’horizon.
Le soir apporta sa première déconvenue. Alors que le convoi devait s’arrêter dans les ruines de Piana, parce que l’endroit ne pouvait clairement pas être considérées comme autre chose, quelques uns prirent peur. Rudolf en faisait partie. A la lueur des derniers rayons du soleil, des silhouettes sombres et voûtées étaient apparues dans les recoins des maisons délabrées. Aucun bruit n’émanait d’eux mais leur éventuelle présence avait été bien suffisante pour que le convoi continue sa route. Fangeux ? Brigands ? Ils ne le savaient toujours pas alors qu’ils montaient leur camps un peu plus loin dans les marais. Personne ne dormit vraiment bien cette nuit là, comme il se devait pour toute nuit hors de murs ou de palissades pouvant protéger la populace.

Le lendemain par contre ne leur laissa pas la même chance. Les créatures avaient dû sentir la viande fraîche sur la route et avait attaqué le convoi. Ces idiots de miliciens, des gars qu’avaient pas trop l’habitude de faire affaire avec ces monstres, ils étaient tous partis devant ! L’arrière du convoi était servi sur un plateau ! Bien plus rapidement que sa carcasse trapue ne pouvait le laisser présager, Rudolf se laissa glisser du banc de conduite et se retrouva sous son véhicule. Bien caché derrière les roues, respirant le plus doucement possible, le petit homme avait attendu que la marée passe. Cette technique lui avait permis de survivre plusieurs fois jusqu’ici, laissant le combat aux gens dont c’était le métier. Si certains des convoyés étaient assez stupides pour être braves, Rudolf lui préférait être assez intelligent pour survivre en un seul morceau.
Lorsque le fracas des armes et les pleurs se tarirent, il sut qu’il était temps de sortir de son abri. Certains des miliciens qui l’avaient vu lui jetèrent un regard noir, auquel il répondait par un haussement d’épaules.

« Chacun son travail. Moi j’conduis l’chariot et vous vous nous protégez. »


Il se fichait bien que ces types ne soient pas content. D’autres lui avaient déjà montré ce qu’ils pensaient du fait qu’un homme adulte se cache. Beaucoup d’entre eux n’étaient aujourd’hui plus là pour en parler, contrairement à lui. Alors leurs bons sentiments, ils pouvaient se les garder avec eux, ils s’en draperaient pour mourir ou devenir eux aussi une de ces bêtes.

La pluie s’invita et le conducteur rabattit la capuche de sa cape sur sa trogne, le protégeant tant bien que mal d’une certaine quantité de pluie. Autre mauvaise nouvelle, un nouveau fangeux s’invita également au voyage et Rudolf retrouva sa cachette préférée, non sans glisser dans la boue qu’était devenue le chemin. A nouveau, il attendit le retour du calme, et l’annonce du soin des blessés, pour retrouver sa place. Mouillé, son séant meurtri par sa chute, l’homme attendait avec impatience la fin de cette maudite journée. Les deux attaques les avaient ralentis, mais les pauses qu’ils n’avaient pas pris avaient rattrapé le coche, si bien que Balazuc se dressa devant eux avant la nuit tombée.

Le groupe pouvait enfin respirer, à l’abri derrière les palissades. Fidèle à lui-même, Rudolf ne s’inquiéta pas de ses compagnons de voyages. Il s’assura par contre que sa charrette n’avait pas subit de dégâts pendant ces deux premiers jours de trajet. Les roues, les ridelles, le tissu protecteur, les rênes, tout passa sous son regard expert avant qu’il ne s’occupe de la bête qui tirait le tout. Abeille, toujours aussi placide, se laissa soigner avant de brouter les quelques touffes qui se trouvaient à portée de longe. Afin d’économiser quelques deniers, il se laissa aller à acheter un repas auprès de Liliane, la cuisinière du camp, mais n’alla pas dormir à l’auberge fraîchement construite. Son chariot avait encore assez de place pour qu’il puisse s’allonger à l’arrière avec sa couverture sur lui comme seule source de chaleur. Le lendemain par contre, il devrait prendre quelques ouvriers supplémentaires. Ceux qui travaillaient sur la construction du village avaient été en partie détachés pour aller aider Sombrebois à se remettre sur pieds. Peu lui importait, Rudolf faisait ce qu’on lui demandait. En attendant, il allait grappiller quelques heures de sommeil dans sa chariotte.



Dernière édition par Théodora Priost le Mer 11 Jan 2023 - 20:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyMar 10 Jan 2023 - 21:06
Le groupe de volontaires avait bien roulé en cette première journée de convoyage, ne rencontrant ni bandit ni créature hostile sur le chemin. L’on pourrait croire les environs de Marbrume plus ou moins sûrs, avec non loin Conques et Menerbes, mais cette idée, aussi rassurante fut-elle, était bel et bien fausse et trompeuse. Les temps n’avaient point changé, et les Fangeux demeuraient dénués de sentiment humain, de réflexe de survie ou de notion de douleur. Leur seule obsession, l’Homme, les poussaient à sillonner les environs immédiats de la cité à la recherche de chair fraîche. Par conséquent, de nombreux aventuriers crédules et novices avaient perdu la vie en baissant leur garde dès le début de leur périple.

Sous le regard bienveillant des Trois et de leur bénédiction, les convoyeurs atteignirent sains et saufs les tristes ruines du village de Piana où il avait été décidé d'y passer la nuit au début du voyage. Aloys connaissait par ailleurs le défunt propriétaire du fief anéanti. La noble famille lui avait offert son support lors de son procès deux ans auparavant, pendant lequel le Baron de Tourbière récupéra partiellement son héritage. Ce dernier avait assisté à l’enterrement du tragique Chevalier de Piana ainsi que celui de sa famille. À l’époque, les circonstances autour du décès de cette famille avaient paru obscures pour Aloys, qui crut plutôt à un règlement de compte qu’à un malencontreux incident.

Enfin, ce n’était pas la première fois que le Baron de Tourbière trouverait le sommeil dans ces décombres, mais il avait toujours une pensée pour le défunt homme à la visite de ces lieux. De plus, Aloys préférait généralement s’installer dans ces endroits perdus, car ceux-ci demeuraient plus facilement défendables qu’un champ ouvert et procuraient moins d’exposition au danger animal et aux conditions météorologiques. Toutefois, à la vue de soi-disant mouvements suspects dans les vestiges, les miliciens décidèrent de ne point s'arrêter et de camper à ciel ouvert, une décision qui ne fit pas l'unanimité parmi le groupe. Cette nuit, il fut alors impossible pour le jeune homme de tomber entièrement dans les bras de Morphée. Il se contenta au plus de micro-siestes, car en l’absence de ses compagnons d’armes, il ne pouvait guère faire confiance à des inconnus pour veiller sur sa personne, d'autant plus dans un campement si exposé.

Le lendemain vint miraculeusement sans difficulté, cependant le danger les guettait les voyageurs de loin. La chance de la veille venait de s’épuiser, il fallait maintenant prier pour que la faveur des Trois ne les eut quittés par la même occasion. Le cri des hommes à l’avant sonnèrent l’alertent, lançant un sentiment général de panique. Le cavalier qui était resté à l’arrière du convoi pour mieux assister ceux au bout par sa vitesse, accéléra le trot et prépara son arc, flèche à la main. Avant qu’il ne puisse atteindre l’extrémité du cortège, des voix criardes, évidemment féminines, vint le distraire de son objectif. Un Fangeux s’était furtivement pressée vers le quatrième convoi, comme décidé à s’en prendre aux plus vulnérables, mais elle fut arrêtée dans sa course par un brave ou suicidaire milicien qui se précipita sur la chose assoiffée de sang facile. Admirable.

Quatre autres hommes vinrent assister celui déterminé à protéger la veuve et l’orphelin, qui venait de perdre l’équilibre, et non miraculeusement la vie, en attaquant la coriace créature. Cette dernière se défendait bec et ongles face aux humains, avec une aisance surnaturelle. À l’arrêt, Aloys amena la corde au point d’ancrage avec l’intention de tirer. Le groupe de combattant obstruait sa vision, mais il décida tout de même d’agir. Pendant un instant, il crut rater sa cible, et pire encore, il pensait avoir blessé mortellement un allié quand il vit l’un d’eux fléchir légèrement la jambe. Heureusement pour le Baron, le projectile atteignit réellement sa cible et il bénéficia ainsi de l’élément de surprise. Le monstre plia le genou à la collision, permettant aux hommes de l’achever à coups d’épée.

Une pluie torrentielle se mit soudainement à s’abattre sur le convoi qui reprit aussitôt la route. Le battement de l’averse rendait la communication impossible, le champ de vision réduit. Lorsque le groupe de véhicule s’arrêta, Aloys comprit qu’une autre attaque venait de se produire. En se dirigeant vers la source des cris étouffés, il découvrit la dépouille d’une autre de ces créatures. Les miliciens avaient réagi rapidement cette fois-ci et l’on put reprendre la route sans perte de temps. Presque sourds mais encore en vie, les voyageurs pouvaient désormais admirer au loin les palissades de Balazuc en cette fin d’après-midi qui leur avait semblée éternelle.


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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyMer 11 Jan 2023 - 21:17
En cette deuxième journée de voyage, alors qu’une bête isolée avait coincé Gaël contre leur chariot, Louisa s’était trouvée tétanisée et démunie face à la détresse du jeune homme. Elle n’avait ni force ni armes pour l’aider de quelque manière que ce soit. Elle ne s’attendait donc certainement pas à ce que Margaux tente de lui filer entre les doigts pour prêter main forte au milicien. La prêtresse comprit trop tard ce que la petite fille avait en tête et elle échappa à son étreinte. Louisa termina d'ailleurs dans une position plus qu'embarrassante en essayant de la rattraper.

Le coup de dague eut au moins le mérite de détourner l’attention de la créature et les miliciens parvinrent à prendre le dessus. Lorsque le calme fut revenu et que le convoi reprit sa route, Louisa ne put retenir une petite tirade moralisatrice à destination de la petite fille : l’héroïsme, c’’était bien sympathique mais se préserver, ça pouvait l’être aussi.

Il va sans dire que Louisa accueillit la vue des palissades de Balazuc avec soulagement. Ce n’est pas pour autant qu’elle parvint à fermer l’œil de la nuit malgré la relative sécurité du Temple où elle avait trouvé refuge avec Margaux. Dès qu’elle fermait les yeux, des images d’humanoïdes putrides claquant des dents à quelques centimètres des chevilles d’une petite fille sans visage hantaient le noir.

Le petit matin venu, la prêtresse dut prendre sur elle pour se remettre en route. La possibilité de rester là où elle se trouvait et de séquestrer Margaux avec elle lui apparaissait comme une proposition de l’ordre du possible. Elle avait toutefois promis… Aussi prit-elle son courage à deux mains, pria les Trois de lui accorder la volonté nécessaire pour en terminer avec ce maudit voyage, et rejoignit les autres pour reprendre sa place à l’arrière du quatrième chariot.

Le temps n’était de nouveau pas au rendez-vous mais Louisa tenta de distraire la petite en lui racontant de petites histoires, comme elle avait l’habitude de le faire avec sa fratrie et les orphelins du Temple.

Quand la pluie se remit à tomber en début d’après-midi cependant, la prêtresse eut une désagréable impression de déjà-vu. L’atmosphère se tendit de nouveau, comme si les mauvais souvenirs de la veille se rappelaient à chacun d’eux. Louisa ne parvenait même plus à se concentrer suffisamment pour raconter des histoires et elle se prit à serrer à nouveau la petite Margaux contre elle, tentant de la protéger tant des éléments que des horreurs de ce monde.

Ses yeux papillonnaient d’un côté à l’autre de la route, ses médiocres sens aux aguets. Cela ne l’empêcha pas d’avoir à nouveau la frayeur de sa vie quand l’une de ces horribles créatures à la peau verdâtre surgit de la végétation, à une vitesse encore plus impressionnante que ceux qu’elle avait vus la veille. Le cri d’alerte de la prêtresse était encore coincé dans sa gorge que la bête s’abattait déjà sur le jeune milicien qui accompagnait le troisième chariot. Le jeune homme, peut-être de l’âge de Gaël, ne vit même pas la menace arriver alors que les crocs se refermaient sur la chair tendre de la jonction entre sa gorge et son épaule et que des bras puissants faisaient le tour de son torse pour y enfoncer des griffes acérées.

Des cris commencèrent à s’élever de plusieurs endroits du convoi et Louisa comprit, alors qu’elle regardait le jeune milicien éventré réaliser qu’il prenait son dernier souffle, que le monstre qu’elle avait sous les yeux n’était pas seul. D’autres miliciens accouraient déjà pour tenter d’abattre la bête mais Louisa ne prit pas la peine d’attendre un quelconque résultat. Comme la veille, elle attrapa Margaux, à bras le corps cette fois, pour la faire descendre du chariot le plus rapidement possible et la déposa dans la boue.

« Sous le chariot, vite ! »


Dernière édition par Louisa Courtepointe le Jeu 19 Jan 2023 - 19:47, édité 1 fois
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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyDim 15 Jan 2023 - 13:30


La nuit à Balazuc fut une intermède bienvenue dans ce voyage chaotique.

Bien qu'elle eut du mal à s'endormir, eut égard à une grosse bêtise de sa part qui ne manqua pas de hanter ses pensées, la petite Margaux se réveilla fraiche et dispose pour reprendre la route. Après avoir quémander un peu de nourriture à l'auberge au petit matin, elle remonta dans son chariot en compagnie de la prêtresse, silencieuse. Elle espérait que la journée se passerait mieux que la précédente, que les deux hommes blessés avaient suffisamment pu récupérer pour pouvoir se défendre - et les défendre le cas échant - contre de potentiels fangeux, ou contre les bannis qui attaquaient parfois les convois.

Elle l'espérait très fort, redoutant par-dessus tout de mourir là, dans la nature. Elle était terrifiée de devenir comme ces pauvres hères dont le corps vagabondait à travers la campagne, privé d'âme et d'esprit, seulement occupés à dévorer les vivants ; peut-être autant que de penser à l'âme de son pauvre petit Louis, qui appartenait désormais à un démon. L'idée l'emplissait d'horreur, et l'enfant passa une partie de la matinée à prier, tandis que l'inaction et la douleur focalisait ses pensées sur tout ce qui était négatif dans sa vie, malgré les histoires que tentait de lui relater dame Louisa.

Heureusement, il ne pleuvait plus, bien que le temps restât morose - et elle vit arriver les fangeux au dernier moment, fondre sur les miliciens qui gardaient le troisième chariot. Elle vit jaillir la gerbe de sang avec des yeux écarquillés, sursauta aux hurlements que poussèrent les hommes, n'arriva pas à réagir tandis que la prêtresse l'entrainait hors du chariot, la poussait dans la boue, entre les roues.

Margaux se mordit très fort la lèvre. Elle était habituée à la mort, au sang qui jaillissait des corps. Elle se souvenait, très clairement, du moment où le chef de la Guilde des voleurs avait coupé les doigts d'un des hommes du gang des rabatteurs ; elle se souvenait très bien des hurlements, du poids de la bourse qu'on lui avait mise autour du cou, avec les membres morts qui tapaient contre sa poitrine maigre, à chaque mouvement.

Ici, c'était pareil. Un homme était forcément mort - sauf qu'il ne fallait pas, surtout pas qu'il puisse relever. Le pauvre. La perte était terrible, et elle songea vaguement à sa famille, tandis que ses yeux restaient désespérément secs.

- "Dame Louisa.. Il faut... Il faudrait prendre dans le chariot, et la tête aussi... On... On va le brûler en arrivant à Sombrebois, n'est-ce pas ? V-vous allez... prier pour son âme, n'est-ce pas ? C'est affreux. C'est affreux pour lui..."

Elle avait murmuré. Impossible de savoir si d'autres fangeux tenaient encore debout, et elle rajouta dans l'oreille de l'adulte :

- "Ces pauvres fangeux. C'est une punition des Trois..."


Dernière édition par Margaux de Piana le Jeu 19 Jan 2023 - 20:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé - Quête] - La grande vadrouille   [Terminé - Quête] - La grande vadrouille EmptyDim 15 Jan 2023 - 19:03
Voilà donc Balazuc… Finalement un endroit où se reposer, l’âme plus ou moins sereine, après deux jours et une nuit d’incertitude et d’insécurité. L’endroit était encore en chantier, mais commençait à ressembler au village d’antan avant sa destruction. Aloys retira son casque et poussa un soupir de soulagement après avoir dépassé les palissades. Les visages étaient soudainement moins crispés, comme si les hommes avaient retrouvé un sentiment de sécurité longuement perdu. Malgré quelques erreurs, le groupe s’en était plutôt bien sorti jusqu’à présent. Ils avaient réalisé plus de la moitié du trajet. Encore une vingtaine de kilomètres, et ils seraient à Sombrebois, bien évidemment si aucun malheur ne venait à se produire entre temps.

Aloys profita de ces heures de répit pour vaquer à ses occupations. D’abord, il emmena son cheval, Goémon, se ressourcer près de la rivière bordante l’est de Balazuc, remplissant sa gourde la même occasion. Puis, il remit l’équidé blanc aux bons soins de la personne à la charge de l’écurie, avant de diriger vers l’auberge auxiliaire pour y partager un délicieux mets en compagnie de certains participants du convoyage. Ce ne fut qu’après avoir fait sa toilette et prié au temple, le seul autre bâtiment du village au moment présent, qu’il ne put trouver le sommeil dans autre chose qu’un sac de couchage.

Le lendemain vint rapidement, sans doute en raison du confort de la nuit précédente. Le Baron de Tourbière se sentait presque pleinement reposé, d’autant plus qu’il faisait partie de ceux qui n’avaient pas été blessés par l’une de ces créature la veille, et qu’il n’avait pas non plus eut recours à la marche. La pluie se remit à tomber en début d’après-midi, alors que le groupe dépassait l’orée du bois. Enfin ! Encore une poignée de kilomètres et ils atteindraient le Bourg.

Soudainement, un cri d’agonie retentit à l’avant de la file, ce qui eut pour effet de figer l’ensemble du convoi. Le bruit du fer sonna par la suite, les hommes d’armes dégainant leurs épées, les yeux rivés sur la provenance du son perçant. Un jeune milicien agonisait au sol, à côté d’un morceau de sa jugulaire qui lui avait été violemment arrachée. Sur son dos, il se noyait dans son sang, émettant des bruits de suffocation insupportables. L’un de ses compères avait tenté de venir à son secours, attrapant la créature par derrière, essayant vainement de la contenir afin qu’elle ne s’acharne davantage sur celui dont le destin avait déjà été scellé.

Ce fut une grossière erreur, puisque le monstre en profita pour venir mordre dans la chair la plus proche, à savoir l’avant-bras du nuisant qui l’avait interrompu dans son festin. Une main meurtrie survola les têtes des miliciens prêts à en découdre avec la créature à la puissante mâchoire, glaçant le sang de tous. Alors que l’homme à l’os nu s’effondra, se vidant abondement sur sa substance, l’un des cadets prit de panique lâcha son épée et accouru vers les bois, sous les cris de son supérieur qui l’ordonnait de revenir au combat.

Cette distraction permit à la bête de bondir sur le chef des verts qui avait tourné le regard une seconde auparavant, l’embrochant à l’estomac et le projetant sur un autre milicien d’une force surnaturelle. Le choc fut violent, car les deux corps s’écrasèrent contre la roue du second chariot, faisant effondrer ce dernier sur le conducteur qui s’était réfugié en-dessous et dont le crâne éclata au sol tel un fruit à la coque.

La fuite de l’autre poltron vers les bois ne dura pas plus longtemps, car un second fangeux dissimulé parmi les arbres quitta sa cachette, surprenant par la même occasion le déserteur désarmé. Ce dernier tomba sur son derrière, paralysé par la peur. Et tout à coup, le karma frappa d’un coup de griffe aiguisée celui qui avait laissé ses frères d’armes en difficulté. La tête du misérable roula quelques mètres plus loin, une dernière expression d’horreur figée sur son visage. La nouvelle bestiole se mit désormais à presser le pas, se pressant comme un primate vers le groupe de milicien déjà en difficulté avec la première créature.

Aloys se lança hors des sentiers pour tenter d’intercepter la seconde créature, dans l’espoir de gagner assez de temps pour permettre aux hommes d’abattre la première. Elle ne devait absolument pas atteindre l’avant du convoi, car les guerriers seraient déstabilisés par la présence d’un autre ennemi. Au galop, le Baron de Tourbière décocha un bon nombre de flèches, avant de ne toucher qu’une fois sa cible à l’épaule. Cela fut néanmoins suffisant à capter à la dernière minute l’attention du monstre, qui se mit à chasser le cavalier.

Ce dernier essayait de creuser la distance entre lui et la bête, tournoyant autour de celle-ci mais il ignorait combien de temps Goémon pouvait encore tenir le rythme. Puis, soudainement, d’autres voix s’élevèrent. Fangeux à l’arrière du convoi ! Une troisième créature venait de surgir, semant le chaos total au niveau du huitième chariot. Cette nouvelle surprit Aloys, qui pendant un moment d’inattention, fut attaqué par la créature déterminée à attraper sa proie mouvante.

Le jeune noble évita de justesse la griffe qui déchira sa cape comme du beurre, mais il perdit l’équilibre et le contrôle de son cheval. Il fut traîné au sol sur plusieurs mètres tandis qu’il ne tenait de qu’une main les rênes de l’équidé. Finalement, il lâcha prise par les brûles, craignant à la fois de finir écrasé par les sabots de sa propre monture. Il se retrouvait maintenant à terre, entre le quatrième et cinquième chariot, tentant si bien que mal de reprendre ses esprits et de se relever à l’aide de son épée…



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