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 À la croisé de l'enquête

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Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



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MessageSujet: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyLun 6 Fév 2023 - 19:12
5 octobre 1166
Sud de Bourg-Levant
Milieu d’après-midi

L’adresse que m’avait donné Louisa avait été désertée, et dans le quartier bien entendu personne ne connaissait d’Augustin de Pompol. Ma longue attente devant la maison n’avait servi à rien, c’est une voisine qui finit par me prévenir que les gens qui habitaient là avaient décidé de plier bagage la veille. L’histoire avec Robert et le pédéraste, avait sûrement été à l’origine de la décision. En même temps, l’arnaqueur n’était pas assez bête pour faire tourner ce nom dans le quartier où il n’exerçait pas.

La maison, supposée repaire du gang m’avait été inaccessible, il allait falloir que je trouve quelqu’un capable de me faire rentrer, le gang avait potentiellement oublié des choses qui me serviraient d’indices.

Heureusement pour moi, j’avais de quoi continuer mon enquête, si ce que Louisa disait était vrai, alors il y avait d’autres victimes, et qui dit d’autres victimes, dit non seulement plus de potentielles récompenses, mais aussi plus de pistes.

Ces nouvelles pistes n’étaient pas les plus faciles à trouver, déjà tout le monde n'assumait pas de s’être fait arnaqué et le bougre avait eu l’intelligence de changer régulièrement de pseudonyme.

Ça avait été un vrai casse-tête tout le début de la journée, c’est à force de recherches qu’enfin, je trouvai une troisième victime, qui elle, accepterait peut être de me parler.

Perdues dans le sud des quartiers de Bourg-Levant, vivait une mère avec ses deux filles et d’après ce que j’avais entendu, la mère s’était plainte à l’amie, d’une voisine, d’une boulangère que je connaissais, qu’elle se trouvait bien dans la merde depuis qu’un certain petit noble était parti sans rien dire avec la dote de sa fille.

Leur petite maison n’était pas aussi riche que celles du nord, je n’aurais pas pour autant craché dessus en voyant le confort qu’elle procurait face à ma petite chambre.

À peine m’étais-je présenté que la mère m’avait invité à l’intérieur, je savais que je n’avais pas l’air bien intimidante, mais son manque de suspicion expliquait comment elle s’était aussi facilement faite arnaquée.

À l’intérieur, assises à la table qui décorait le centre de la pièce principale, se tenait deux jeunes femmes en train de recoudre des braies, un travail courant qui pouvait rapporter quelques sous à un foyer.

«-V’dites que vous connaissez Henri ?» Commença la mère de famille.

Le nom interpella l’une des deux jeunes femmes plus que l’autre, elle releva la tête vers moi, les yeux remplis d’espoir. Sa naïveté me dégoûta un instant et les traits de son visage, d’ailleurs, me disaient quelque chose.

«-Henri ? Henri vous envoie donner des nouvelles ?» Dans un mouvement d’excitation, elle renversa le petit pot d’aiguilles sur la zone de travail de sa sœur qui râla silencieusement, visiblement habituée aux maladresses de l’aînée.

«-Oh ? C’est vrai ? C’est merveilleux ! Je m’inquiétais. Asseyez-vous donc !» Me pressa la mère, avant que je n’ai le temps de répondre.

Les femmes de cette famille étaient toutes prisonnières du même délire ? Ou simplement trop bêtes pour comprendre que leur “Henri” était un, imposteur ?

«-T’parles. Maintenant, qu’il a la dot, l'est pas près de revenir. Félicitations Suzanne. T’es grosse et on a plus d’sous.» Commenta la cadette, me faisant enfin entendre le son de sa voix et me prouvant par la même occasion que tout le monde n’était pas perdu dans cette famille.

Certainement à fleur de peau à cause de sa grossesse, qu’on ne distinguait d’ailleurs pas encore sous les vêtements, Suzanne éclata en sanglots. Ce qui au lieu d’émouvoir sa sœur, sembla encore plus l’agacer.

«-Bravo Antonine ! Bien ! Fait donc pleurer ta sœur ! C’va donc pas d’lui dire des âneries pareilles ?» S’écria la mère en donnant quelques coups à l’arrière du crâne de la cadette, qui se protégeait tant bien que mal.

Ah, ça me revenait, Suzanne, la pleurnicheuse, tout ce beau monde avait vécu au goulot y a une époque lointaine, ils étaient bien plus nombreux avant. Par les trois, comment cette famille à problèmes avait réussi à atterrir à Bourg-Levant ?

Le spectacle qu’elles me donnaient était d’une tristesse, non pas à cause du désespoir, non c’était plutôt le ridicule de la mère et de l’aîné qui était si poussé que même moi, il ne me faisait pas rire.

«-’scusez moi ? Pardon ? HEY HO !» Ce ne fut pas mon soudain coup de gueule exaspéré qui arrêta la cohue générale. Non, ce fut la présence du nouvel homme qui venait de passer l’entrée.

Par la barbiche de Serus… Cette famille allait me provoquer un sacré mal de crâne.

La mère parle en #cc9933
Suzanne parle en #cc9900
Antonine parle en #cc6633
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyMar 7 Fév 2023 - 12:15




Le temps était plutôt au beau fixe en ce jour d’automne, à l’opposé de ce que je ressentais. La colère bouillonnait dans mon estomac alors que mes pas m’amenaient vers cette maison que l’argent de ma Maîtresse avait largement contribué à payer. Lorsque je posais le regard dessus, j’étais mitigé. Comme on l’attendait d’un homme, j’avais mis la famille dont on m’avais doté à la naissance, à l’abri du besoin. Et je continuais de le faire, même si plus les années passaient, et plus il m’était difficile de me dire que ces femmes et moi partagions le même sang.

Ma famille de cœur, celle de ma Maîtresse, m’attendait au domaine familial. Au lieu d’entraîner Anselme et Oscar aux armes, je devais m’occuper d’une affaire qui ne me concernait en rien car une de mes sœurs s’était encore mis dans la mouise. Par les Trois, elles ne gagneraient jamais un brin de cervelle...

D’ailleurs, elles étaient en train de conter leur dernière mésaventure à une inconnue rousse, alors que la porte d’entrée n’avait même pas été refermée. Je poussais le battant derrière moi, il n’était pas question que les voisins entendent parler de Suzanne de sa bourde. Et cette fois, c’était plus qu’une simple dispute entre deux idiotes. Comment avait-elle pu être aussi bête !?

« Vous n’avez pas vraiment été aussi stupides ?! »

J’avais besoin de m’assurer que mes oreilles n’avaient pas mal entendu. Mon ton n’était pas aussi doux et aimable que si c’était ma Maîtresse qui se trouvait à ma place. Malheureusement il m’était impossible d’être aussi parfait qu’elle, surtout quand les circonstances étaient aussi frustrantes.

Ma mère, comme à son habitude, revêtit son masque de victime, comme si elle n’y était en rien dans mon courroux.

« Gontrand ! Pourquoi tu es toujours aussi dur avec nous ? »

« De tout façon y’en a qu’pour ta bourgeoise ! »

Suzanne, toujours aussi prompte à juger, en profita pour s’en prendre une nouvelle fois à ma Maîtresse. Et elle savait que je ne le supportait pas.

« Assez ! Pas un mot de plus ! »

Le ton de ma voix était menaçant, le grognement d’un animal n’aurait pas été si différent, même moi j’étais capable de le percevoir. Mais on ne touchait pas à ma Maîtresse. Ces chèvres n’avaient aucune connaissances et elle dédaignaient la main qui les nourrissait. Elles étaient persuadés que j’étais son chien de garde, que c’était humiliant pour moi. Mais elle n’avaient jamais compris ce qui me liait réellement à elle, et elles ne pourraient jamais le concevoir.

Alors que leurs yeux me regardaient avec cette condescendance, j’en était persuadé. Elles étaient si pleine d’auto-suffisance qu’elles seules comptaient à leurs propres regard. Seule Antonine ne jugeait pas. La plus petite d’entre nous ne s’était jamais ouverte à moi, mais elle n’avait jamais critiqué ma Maîtresse. En ce moment, elle se contentait de secouer la tête, consciente qu’aucune explication ne rendrait ma mère et mon autre sœur plus intelligente.

Je relâchais un long souffle pour faire disparaître ma tension. S’énerver maintenant ne servirait à rien. Qu’aurait fait ma Maîtresse en cet instant ? Elle se serait sans doute inquiétée de cette inconnue dans la maison de ma famille et qui connaissait le dernier honteux secret qui n’aurait jamais dû sortir de ces murs.

« Qui êtes-vous ? »
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Mélisende PerraultEspionne
Mélisende Perrault



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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyMer 8 Fév 2023 - 1:07
En voilà un grand homme, je m'étais éloignée de lui de quelques pas. Sa voix m’avait surpris, plus que son arrivée. Imposant comme il était, je n’avais pas envie de me mettre sur son chemin.

A son ordre s'ajouta presque un écho dans la petite maisonnée, sa seule intervention avait réussi à enfin apporter un peu de silence dans cette maison de fous.

Malheureusement, ce nouveau calme lui permit de reporter toute son attention sur moi. Je n’étais pas sereine, ce gars-là aurait pu m’écraser la tête entre ses deux gigantesques mains et très clairement, il me considérait comme une intruse.

Je n’allais pas lui en vouloir, c’était un peu le cas après tout, pourtant j’étais plus ici pour filer un coup de main qu’autre chose, il valait mieux rapidement rétablir la vérité.

«-Mélisende Perrault. J’suis pas là pour des ennuis.» J’avais naturellement levé les mains pour prouver mon envie de paix.

«-Elle connaît Henri ! Tu vois bien qu’on ne fait pas que des histoires. Tout ça n’est qu’un malentendu.» S’exprima la mère, heureuse de pouvoir contredire son fils, et de prouver sa bonne gestion de la maison.

Elle ne m’arrangeait pas celle-ci, le gars risquait de croire que j’étais de mèche avec l’autre arnaqueur. J’avais jamais dit que je connaissais leur Henri, moi. Juste que je voulais leur en parler. Bordel, il était temps de la faire revenir sur terre.

«-J’vais m’marier ! Et avec un noble en plus ! Tu vas voir ! Y a pas qu’toi qui peux t’attirer les faveurs des beaux gens.»

J’avais à peine entrouvert la bouche, que voilà que la Suzanne s’y remettait, avec de grands gestes en plus. Ce que je m’apprêtais à leur dire, allait leur faire l’effet d’un grand coup de marteau dans la gueule. L’idée n’était pas pour me déplaire, mais déjà, il fallait que je réussisse à m’exprimer au milieu de cette vocifération qui était repartie.

«-Oh doucement… Je le connais pas votre Henri moi. Je le cherche aussi. Pardon d’vous l’apprendre comme ça, mais c’t’un arnaqueur vot’ gars. Il a fait le coup à pas mal de demoiselles. Bien que j’crois qu’c’est la première qu’il a engrossé.»

Un nouvel instant de silence, je l’appréciais d’autant plus qu’il semblait rare avec cette famille.

La pleurnicheuse s'évanouit après avoir enfin réalisé le sens de mes propos, Antonine eut l’air de retenir un petit rire avant de se jeter en avant pour amortir la chute de sa sœur. Quant à la mère, elle s’accrocha à la table et commença à agiter son doigt pour nier les faits avant de retrouver l’usage de la parole.

«-Non. Non. Non. Ce n’est pas possible. Oh ! Gontrand ! Qu’avons nous fait ? Ô mon fils… Tu vas nous aider, pas vrai ? Tu ne vas pas laisser ta petite mère chérie et tes sœurs dans cette situation ?»

Elle se jeta au cou de son fils, dans un pitoyable inversement d’attitude. Le mépris fit se retrousser mon nez, comme face à la mauvaise odeur de l’hypocrisie. J’avais presque de la peine pour le pauvre Gontrand, entouré de femmes pareilles, sa vie ne devait pas être des plus faciles.
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Théodora PriostCommerçante
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyMer 8 Fév 2023 - 15:30
La jeune intruse avait l’air d’être impressionnée par mon arrivée. En même temps, qui pouvait lui en vouloir ? Le physique dont j’avais sans douté hérité de mon père, et dont je n’avais jamais eu aucun détail, amenait souvent ce genre de réaction. Plutôt que de m’en désoler, c’est devenu un atout, surtout lorsque la colère prends le pas.

La plupart du temps, la raison arrive à me guider, mais ces quelques femmes arrivent toujours à me faire sortir de mes gonds, encore plus lors de ces perpétuels changements d’humeurs. D’un coup sûres d’elles à en devenir pompeuses, elles perdaient tout honneur en un quart de seconde lorsqu’elles se rendaient compte qu’elles ne pouvaient gérer la situation par elles-même. Comme ce qui se jouait en ce moment.

Un lourd soupir passa mes nasaux alors que ma carcasse était prête à aller s’appuyer contre le mur, projet qui fut stoppé par l’évanouissement de Suzanne. Antonine venait d’amortir la chute mais ce ne serait pas suffisant, surtout si un petit être grandissait en elle. Ma sœur avait beau être une idiote de la pire espèce, je ne pouvais pas en vouloir à ce futur enfant. Avec de la chance, il hériterait du meilleur de la famille…

Je vins prendre le relais d’Antonine et attrapais Suzanne dans mes bras. Avant de quitter les lieux, la tête de la future mère contre mon poitrail, je cherchais le regard de cette inconnue qui en savait bien plus que ma sœur sur cet homme.

« Mélisendre, donnez-moi un instant pour aller l’allonger et on discutera de tout ça. »

Ce n’était pas vraiment une demande, ni vraiment un ordre, mais même à mes propres oreilles ça sonnait comme si elle n’avait pas le choix.

« Maman, prends un linge, une bassine d’eau fraîche et un fruit. Tu l’aidera à se remettre. »

Puisqu’elle n’avait pas su la protéger de cette situation, autant qu’elle en gère les conséquences, ça l’aiderait peut-être à être plus vigilante désormais. Mais bien entendu, avec notre génitrice, rien n’était jamais aussi simple. Son ton monta dans les aigus, signe de l’agacement profond que ma consigne lui inspirait.

« J’sais encore comment m’occuper d’un femme enceinte ! C’qui est plus étonnant c’est qu’toi tu saches alors qu’t’es même pas marié. Ah bien sûr c’t’encore à cause d’ta bourgeoise. T’étais au p’tits soins avec elle. »


Impossible de savoir ce qu’elle vit dans mes yeux en cet instant mais cela fit taire toute nouvelle contestation de sa part, ou toute envie de descendre encore ma Maîtresse. Personne n’avait le droit de la critiquer, encore moins ces bécasses. Reprenant ma marche, j’allais déposer Suzanne sur le lit de notre mère. Ainsi, elle avait l’air plus apaisée, mais aussi plus fatiguée. Malgré son ignorance, elle ne méritait pas que l’on abuse d’elle ainsi, surtout si ce type n’en était pas à son coup d’essai.

Lorsque notre mère se décida à jouer son rôle, je retournais dans la pièce à vivre. Habitué à être debout, je montrais une des chaise à notre invitée impromptue avec le menton, la conviant à s’asseoir.

« Vous dites que vous connaissez ce type. Et je suis prêt à vous aider à lui coller une raclée dont il se souviendra suffisamment pour expier ses fautes. Dites m’en plus. »

Pas besoin de fioritures, je laissais ça aux jeux de ma Maîtresse. J’avais par contre appris à me faire facilement comprendre, en particulier pour ne pas laisser le choix aux autres que de coopérer.
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Mélisende PerraultEspionne
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyJeu 9 Fév 2023 - 11:46
«- Mélisendre, donnez-moi un instant pour aller l’allonger et on discutera de tout ça.»

C’est moi ou il me donnait des ordres le fiston ? Je n’eu pas le temps de faire autre chose que froncer les sourcils. Au moins, il ne faisait pas que gueuler, il savait aussi mettre la main à la pâte.

La mère tenta une dernière fois une remarque acerbe et le blond n'eut qu'à la regarder pour la faire taire une bonne fois pour toutes. Je ne savais pas exactement ce qui pouvait provoquer un tel regard de sa part, à part que c’était lié à “sa bourgeoise”. En-tout-cas, j'étais heureuse de ne pas avoir eu à croiser ses yeux sur ce moment.

Les trois personnages disparurent de ma vue pour aller donner du repos à l’autre capricieuse, me laissant ainsi un instant seule avec la seule personne de cette famille qui ne m’était pas encore désagréable.

«-Bienv’nue chez nous.» Elle prit un ton ironique qui me fit tout de même sourire.

«-J’vu pire.»

À peine avions nous eut le temps d’échanger quelques politesses, que le fameux Gontrand était de retour. Pas de faux-semblant avec lui, il coupa court aux prémices de notre conversation pour mettre les choses au clair.

«- Vous dites que vous connaissez ce type. Et je suis prêt à vous aider à lui coller une raclée dont il se souviendra suffisamment pour expier ses fautes. Dites m’en plus. »

Ils étaient tous bouchés dans cette famille ? Combien de fois allais-je devoir dire que je ne connaissais pas le gars. M’associer à des arnaqueurs de bas étage. Ce n'était pas mon genre. Enfin parfois. Mais pas avec celui-là en tout cas.

«-Je le connais pas.» J’avais du mal à retenir mon exaspération sur ma réponse, mignon mais lent le garçon. «Enfin, pas directement. J’sais juste de lui, que c’est un arnaqueur et qu’il est pas à son premier coup d’essai.»

Je tirai la chaise qu’il m’avait montrée pour m’asseoir, après tout ça risquait d’être long de lui faire comprendre les choses. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne cherchait pas à tourner autour du pot.

Je haussai un sourcil vers Antonine en voyant qu’elle prenait aussi place, indiquant qu’elle se joignait à la conversation sans même nous demander notre avis. Soit. Plus rien ne m’étonnait dans cette famille, et il fallait bien que quelqu’un réponde à mes questions.

«-J’vais pas dire non, s’vous proposez votre aide. Vous êtes plutôt bien bâtis et le gars s’rait pas tout seul. Moi tout c’que j’demande en échange, c’est qu’une fois qu’on a l’type, vous m’laissez montrer à mon employeur qu’j’ai fait mon boulot. Après c’qui lui arrive sur la route… J’m’en contrefiche temps qu’il est vivant à l’arrivée. On est clair là d’ssus ?»

Antonine opina du chef en premier, comme si elle avait été concernée par ma question. Elle était tellement prise par la conversation, qu’inconsciemment, elle réagissait à la place de son frère. C’était assez mignon, je dois dire, ça prouvait une certaine admiration envers lui.

J’attendis tout de même que mon potentiel homme de main pour la journée me face signe de sa compréhension avant d’enchaîner.

«-Bon. On va pas tergiverser mille ans non plus. Tout c’que j’ai pour l’moment, c’est leur ancienne planque. Ils l’ont déserté y a moins de deux jours, je sais pas exactement quand, mais ça veut dire que la maison est pas toute vide. On pourrait y trouver d’trucs. L’soucis c’est qu’c’est fermé, et l’quartier est pas mal fréquenté. J’pas envie qu’on m’foute dessus.»


Maintenant que j’y pensais, Louisa avait bien dit que le gamin avait pété une fenêtre de l’étage pour s’enfuir. Jamais je n’aurai pu l’atteindre par moi-même, mais le géant en face de moi par contre… Je le détaillai du regard sur toute la longueur, ne me privant pas de juger son utilité.

«-T’es comment en grimpette ?»

Ma question étrange, provoqua une sacrée confusion chez Antonine.
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyVen 10 Fév 2023 - 18:10
Même si un certain agacement pointait chez cette Mélisende, elle finit par aller poser son derrière, tout comme ma benjamine. Pour l’instant Antonine pouvait bien écouter, c’était la seule à avoir hérité de quelques brins d’intelligence, mais si elle comptait sortir, ce serait une autre histoire…

Alors qu’elle déroulait son histoire, la rousse répéta quelque chose qui paraissait important. Le type s’était déjà amusé avec d’autres idiotes, il y aurait assez de traces quelque part pour remonter la piste. Et ils pourraient commencer par cette planque qu’elle évoqua. Mais l’endroit n’était visiblement pas bien fréquenté vu sa réaction, il était temps de la rassurer.
J’ouvrais ma cape pour qu’elle puisse voir mon attirail. La dague et le marteau d’un côté de la ceinture, l’épée de l’autre, il fallait se lever tôt pour tenter de m’intimider. Surtout qu’elles étaient entretenues quotidiennement et qu’elles étaient d’une excellente qualité. Sans compter la finesse extrême des décors. Mais si j’y pensais trop, je voudrais de nouveau me plonger dans les détails que ma Maîtresse avait gravé à ma seule intention. Chacune de ses armes était une œuvre d’art, même un idiot pouvait le voir, c’est ce qui en faisait leur succès. Quand ce n’était pas suffisant, leur efficacité était assez vite prouvée.

« Ces quelques voleurs de bas-étage ne me font pas peur. Tu peux prendre tous les honneurs, c’est même mieux ainsi, j’ai pas vraiment envie de faire de vagues. »

Pour une fois, aucune remarque sur ma Maîtresse ne vint, et c’était plus qu’agréable de ne pas avoir à se justifier à chaque phrase. Pour ce qui était de la partie suivante, je soulevais un sourcil d’étonnement. La grimpette ? Elle voulait que j’aille crapahuter sur un toit ?

« Ne compte pas sur moi pour les acrobaties. Mais si tu m’emmènes là-bas, je trouverais peut-être une autre solution. C’est pas la première fois que je dois aller secouer quelques puces et aussi étonnant que ça puisse paraître, je sais le faire discrètement quand c’est nécessaire. »

On me sous-estimait souvent à cause de ma carcasse imposante. C’était une erreur fatale pour ceux qui voulaient m’échapper. Mais ce n’était pas non plus une raison de se précipiter sans rien savoir. Si il y avait bien une chose que ma Maîtresse m’avait parfaitement montré, c’est que l’on devait toujours être bien informé avant d’entamer une quelconque action. Calmement je réfléchissais aux éléments qui nous permettraient d’avancer.

« Avant qu’on y aille, on va déjà voir ce qu’on sait. T’as dit que c’était pas son coup d’essai. De combien d’autres victimes as-tu entendu parler ? T’as plus de détails sur ce qu’il s’est passé pour eux ? Et la planque, où est-ce qu’elle se situe exactement ? Bref, dis-moi précisément tout ce dont tu peux te rappeler. »

Antonine me lançait un regard brillant, signe qu’elle était impressionnée. Il allait falloir que je la sorte de cette misère, que je lui trouve un bon mari et un travail respectable, elle le méritait. En attendant, il fallait s’occuper du faux mariage de son aînée. J’observais l’autre jeune femme de la pièce alors qu’elle répondait à mes questions. La peau sur les os, comme beaucoup des petites gens, il n’en restait pas moins qu’elle avait quelque chose de dynamique. Peut-être son regard y était pour quelque chose, étudiant tout ce qui se trouvait à sa portée. C’est cette qualité qui leur serait primordiale pour résoudre leur affaire.
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptySam 11 Fév 2023 - 22:36
L’équipement caché sous sa cape m’avait fait sursauter, comment un type comme lui, issu du Goulot, avait pu se procurer de pareils objets de valeur ?
Un mercenaire certes, mais il semblait que sa fameuse bourgeoise le payait bien, si c’était bien elle sa patronne.

Il était plein de conviction le bourge, j’arborai un petit sourire amusé, légèrement moqueur. Je ne doutais pas de ses compétences, mais se vanter de pouvoir se faire plusieurs hommes en même temps, c'était une autre histoire.

«- Holà… Doucement grand blond. J’pas envie de t’contredire, mais y a pas forcément qu’des voleurs de bas étage par là-bas. Après, j’suis bien contente qu’on soit d’accord sur la fin de l’histoire.»

« Ne compte pas sur moi pour les acrobaties. Mais si tu m’emmènes là-bas, je trouverai peut-être une autre solution. C’est pas la première fois que je dois aller secouer quelques puces et aussi étonnant que ça puisse paraître, je sais le faire discrètement quand c’est nécessaire. »

Il était vraiment plein d’entrain le garçon, je commençai à me dire qu’il l’était un peu trop, j’avais besoin qu’il laisse un peu plus de temps à la réflexion, et comme pour me confirmer qu’il en était capable le voilà qui enchaînait.

«- Avant qu’on y aille, on va déjà voir ce qu’on sait. T’as dit que c’était pas son coup d’essai. De combien d’autres victimes as-tu entendu parler ? T’as plus de détails sur ce qu’il s’est passé pour eux ? Et la planque, où est-ce qu’elle se situe exactement ? Bref, dis-moi précisément tout ce dont tu peux te rappeler. »

Je laissai apparaître sur mon visage mon appréciation face à sa curiosité. Il était définitivement très plaisant ce garçon, au-delà des muscles, il avait quelque chose dans le crâne. Ce qui le rendait aussi bien plus dangereux. Tant qu’il serait de mon côté, ça irait.

«- Une dizaine, j’dirais, tout au plus, c’est ce que je peux estimer sans trop me planter. Y en a peut-être qui ont flairé l’arnaque et ont pas donné suite ou d’autre qui préfère taire la chose. J’ai trois noms sûrs, celui de la fille d’mon employeur, une autre qui a préféré ne pas parler et ta sœur. Toujours l’même façon d’procéder ou presque, s’fait passer pour un noble p’is il fait l’bon gendre jusqu’à la dote avant disparaître. L’est pas assez con pour pas changer d’nom en plus… L’dernier nom en date, ce serait Augustin de Pompol.»

Je marquai une pause pour laisser le temps à Antonine et son frère de diriger les informations, la gamine suivait bien, une brave petite.

«- Il s’attaque plutôt à des p’tits gens, c’fait pas longtemps qu’il a essayé du gros poisson s’tu vois c’que j’veux dire. Mais j’pense pas qu’il ait essayé au niveau d’la noblesse, c’trop risqué. La maison c’trouve dans la rue des Fleurettes, c’pas très loin d’ici. On est plus dans l’Goulot qu’à Bourg-levant là-bas par contre. J’préfère t’prévenir. C’pour ça qu’tu devrais éviter de jouer des poings sans réfléchir, là-bas, tu attires vite tout type d’ennui s’tu fais pas gaffe. ‘près… J’suppose que j’t’apprends rien. »

Je haussai un sourcil, j’espérai bien qu’il réagirait à ma remarque, voir si le petit blondinet était devenu aussi étrangé que ça à son quartier d’enfance.

«- Pour le reste, j’étais justement venu ici pour interroger ta famille. Donc j’suppose que c’est plus à toi de dire quelque chose.»

A ces mots, je me retournai vers Antonine, la pauvre enfant se sentit soudainement écrasé par la responsabilité d’être une potentielle aide précieuse pour notre enquête. Elle m’impressionna pourtant, au lieu de paniquer, elle prit un temps et son corps se remit à bouger. Aisément, elle faisait travailler sa mémoire, pour nous conter ce qu’elle savait.

«- Il est v’nu s’présenter à m’man y a quelque temps d’ça, un peu avant qu’on sache pour la grossesse de Suzanne. L’était pas moche, plutôt commun, j’dirais, mais pas moche. L’avait d’beaux yeux verts, et il parlait bien. L’a sorti des papiers, et l’a fait la lecture pour m’man. Il disait qu’c’était ses preuves de noblesse ou j’sais pas quoi et qu’i’ v’nait d’mander la main d’Suzanne. L’a sauté au plafond la vieille, moi j’l’aimais pas trop l’gars, il m’donnait une impression d’fouine.»

Des papiers ? C’était autre chose, mon marchand ne m’avait pas parlé de ça, mais vu comment le gars avait eu du mal à se rappeler de la moindre information, empoté comme il était, ça ne m’étonnait pas.

Je la poussai gentiment à détailler un peu plus son histoire, mais rien d’autre ne me parut d’une importance capitale. Je m’étirai donc, une grimace parcourant mon visage, je me demandais d’ailleurs parfois s'il était normal pour une femme de mon âge d’avoir autant mal pour rien.

«-Bon ben… Allons-y beau blond. Faut croire que toi et moi, on va faire la paire aujourd’hui.»
En me relevant je lui offris une main, déjà pour m’aider à me mettre debout et aussi pour sceller notre partenariat.

«-J’peux venir ?» Demanda inévitablement Antonine.

«-Non mam’zelle. C’est pas un travail pour les jeunes filles. Mais t’nous a déjà bien aidé. J’suis sûre qu’ton grand frère t’racontera la suite après qu’on l’ai vécu.»

Je l’avais senti venir de loin sa question, et ça m’avait amusé plus qu’autre chose. Je pourrais faire d’elle quelque chose à l’occasion, en tout cas pas aujourd’hui et certainement pas devant môsieur Je protège mes petites sœurs avec mon marteau et mon épée, s’en était presque salace.
J'adressai un regard complice au blondinet pour le faire acquiescer à mes dires, plus vite, il serait d’accord avec moi, plus vite, on serait partis.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyMar 14 Fév 2023 - 21:15
Trois noms, c’était un bon départ. Mélissende avait même une idée du mode opératoire de l’arnaqueur. En même temps, ce genre d’enflure avait l’habitude d’utiliser les même techniques que d'autres avant lui. Ils s’approchaient des plus faibles et des plus crédules pour leur faire avaler des couleuvres. D’un autre côté, il était idiot de ne pas saisir ce créneau. Ma maîtresse avait l’habitude de dire qu’une affaire est une affaire, peu importe quel nom on lui donne. Et leur homme avait pris suffisamment de confiance pour monter en gamme.

La rouquine se sentit obligé de me mettre en garde concernant la castagne, un grondement fut la seule réponse qu’elle avait eut. Visiblement elle ne me croyait pas capable de réfléchir. Rien ne servait de s’énerver, elle verrait bien toute seule. En attendant, la petite n’avait pas tort, ma famille pourrait lui donner au moins quelques pistes. Enfin, quand mon idiote de sœur se serait remise de ses émotions.

« On ne pourra pas interroger Suzanne... »

«- Il est v’nu s’présenter à m’man y a quelque temps d’ça, un peu avant qu’on sache pour la grossesse de Suzanne. L’était pas moche, plutôt commun, j’dirais, mais pas moche. L’avait d’beaux yeux verts, et il parlait bien. L’a sorti des papiers, et l’a fait la lecture pour m’man. Il disait qu’c’était ses preuves de noblesse ou j’sais pas quoi et qu’i’ v’nait d’mander la main d’Suzanne. L’a sauté au plafond la vieille, moi j’l’aimais pas trop l’gars, il m’donnait une impression d’fouine.»

Antonine ne cessait de me surprendre, son instinct était plus aiguisé que je ne l’aurais cru. Mais je connaissais les autres phénomènes vivants dans cette maison, personne n’aurait écouté la plus petite. Quand on voyait le sort qui lui était réservé à lui, autant dire que la cadette n’avait aucune chance de faire porter sa voix. Encore une fois, il fallait que je la sorte d’ici. Ma maîtresse pourrait m’indiquer de bonnes maisons où elle pourrait être embauchée, même si j’avais quelques idées aussi.

La mention des papiers avait fait mouche chez l’enquêtrice en herbe, mais j’attendais qu’on soit seuls pour lui en parler. Le moment arriva rapidement, Antonine n’ayant rien livré de plus probant.

«-J’peux venir ?»

«-Non mam’zelle. C’est pas un travail pour les jeunes filles. Mais t’nous a déjà bien aidé. J’suis sûre qu’ton grand frère t’racontera la suite après qu’on l’ai vécu.»

J’acquiesçais encore, confirmant que j’étais tout à fait du même avis. Antonine était déçue et je posais ma main sur sa tête, comme je l’aurais fais sur Agathe, la plus jeune des enfants de ma Maîtresse. Etait-elle de mon sang ou non ? Je m’en fichais, les enfants Priost étaient comme mes enfants, je donnerais ma vie pour chacun d’entre eux, bien plus facilement que pour ma propre mère.

Ma cadette fut étonné de ce geste de tendresse. Nous n’avions presque pas grandis ensemble et nous étions rarement seul tous les deux. Ce que je ne voulais pas montrer au reste de mon sang, ce n’était pas gênant avec elle seule.

« Je me rends compte que tu mérites mieux que ça. On discutera plus tard, tous les deux. Surveilles Suzanne et M’man, qu’elles ne s’attirent pas plus d’ennuis pour le moment, on en a déjà bien assez. »

Avant d’essayer de comprendre ce qui brillait dans son regard, mes pas m’amenèrent vers la sortie, faisant signe au passage à mon duo du jour. Il était rare que je fasse équipe, mais il aurait été contre-productif de refuser son aide.

« Je te suis. On commence par la planque ? »

Une fois que la rouquine commença à marcher, je restais proche d’elle et attendais qu’on soit suffisamment éloigné de la maison familiale pour continuer notre discussion.Il y avait quelque chose que je ne pouvais pas faire attendre plus longtemps. Il ne fallait absolument pas que tout ceci retombe sur ma Maîtresse, je devais m’assurer qu’elle ne connaîtrait cette histoire que de ma bouche et qu’aucun ragot ne circule à ce propos.

« Mélisendre. Je t’ai dis que je ne voulais pas faire de vagues et que tu pouvais prendre tous les honneurs. Je le pensais. Je travaille pour quelqu’un d’important, et même si il serait difficile de la relier à cette histoire, je ne veux pas prendre le moindre risque. Si tu m’assures que de ton côté tu gardera le silence, il se peut que je puisse te proposer du travail à l’avenir. Tu as déjà bien avancé sur cette enquête et quelqu’un qui sait trouver des choses, c’est quelque chose qui peut nous intéresser. »

Ma maîtresse cherchait toujours des gens utiles et fidèles. Cette rouquine m’avait l’air suffisamment maline pour nous aider à quelques reprises. L’appât du gain nous assurerais peut-être de son silence et peut-être même plus. Mais avant de lui promettre réellement monts et merveilles, je devais m'assurer complètement de ses compétences. Alors sans transition, je ramenais notre échange sur l'enquête.

« J’ai remarqué que tu t’intéressais à la partie dans laquelle Antonine parlait du document que le type a sorti. Aucune de mes sœurs ou ma mère ne sait lire, et j’ai appris quelques rudiments mais je ne serais pas capable de lire correctement. Elles n’avaient aucun moyen de savoir si ce type disait vrai ou pas. Il pouvait tout aussi bien réciter un boniment appris par cœur en faisant semblant de lire. J’en suis même plutôt persuadé si c’est un type qui vient du Goulot. »
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyVen 17 Fév 2023 - 16:26
Quel grand frère attentionné, j’attendis patiemment qu’il en ai fini avec sa sœur avant de le suivre dehors. Il ne tarda pas à se remettre à parler alors que nous marchions. Il n’était pas le mufle silencieux auquel on pouvait s’attendre en voyant son gabarit.

« Je te suis. On commence par la planque ? »

«- C’vaudrait mieux. C’quand même la plus grosse piste, c’serait con d’passer à côté.»

Je voyais bien que quelque chose lui tracassait les méninges. Je l’observais du coin de l'œil, attendant qu’il se décide à m’en parler.

«- Mélisende. Je t’ai dis que je ne voulais pas faire de vagues et que tu pouvais prendre tous les honneurs. Je le pensais. Je travaille pour quelqu’un d’important, et même si il serait difficile de la relier à cette histoire, je ne veux pas prendre le moindre risque. Si tu m’assures que de ton côté tu gardera le silence, il se peut que je puisse te proposer du travail à l’avenir. Tu as déjà bien avancé sur cette enquête et quelqu’un qui sait trouver des choses, c’est quelque chose qui peut nous intéresser.»

Là, on parlait. Une personne importante ? De futures affaires ? Je ne savais toujours pas pour qui il travaillait, mais ça aurait pu être le pire trou du cul de Marbrume que je n’en aurais pas eu grand-chose à faire. Au vu des armes avec lesquelles il se pavanait, son employeur devait être riche. Enfin employeur, employeuse serait plus juste.

«- J’ai rien à y gagner d’faire ça. Ton… Employeur ne devrait pas risquer grand-chose. Rien qui la concerne. Même si j’serais ravie d’la rencontrer, particulièrement si elle paye si bien qu’ça.»

Je pointai du doigt les lames dissimulées sous sa cape.

«-C’est elle ? Ta fameuse bourgeoise dont parle ta famille ?»

La rue était calme et sans oreilles indiscrètes, sinon je ne me serais jamais permise de poser la question aussi ouvertement.

« J’ai remarqué que tu t’intéressais à la partie dans laquelle Antonine parlait du document que le type a sorti. Aucune de mes sœurs ou ma mère ne sait lire, et j’ai appris quelques rudiments, mais je ne serais pas capable de lire correctement. Elles n’avaient aucun moyen de savoir si ce type disait vrai ou pas. Il pouvait tout aussi bien réciter un boniment appris par cœur en faisant semblant de lire. J’en suis même plutôt persuadé si c’est un type qui vient du Goulot. »

«-J’sais bien… C’mon avis aussi. C’juste que j’dois avouer que l’gars a bien pensé son truc. Un arnaqueur du Goulot qui va jusqu’à lire des fausses lettres de noblesse… C’est pas mal du tout.»

En un seul pas de sa part, moi j’en faisais d’eux. Je me retrouvai à presque trottiner pour rester à ses côtés. Je dois dire qu’il était agréable de se balader avec quelqu’un comme lui dans le quartier où nous allions.

Le Goulot ne me faisait pas aussi peur que les non-natifs, c’était après tout, toute mon enfance, et malgré sa réputation qui se base sur des faits réels, ils seraient réducteurs d’abaisser toute sa population au niveau criminel. Même si je ne vais pas mentir, y a quand même plus d'égorgeurs que de petites filles innocentes, voire des petites filles capables de vous égorger.
Bref, avec le blondinet à mes côtés, j’avais presque l’impression d’être une personne de plus haute importance, disposant de mon propre garde du corps. Ceux que nous avions croisés et qui n'auraient pas hésité normalement à m’aborder pour diverses raisons, détournèrent simplement les yeux en voyant le gros tas de muscle qui marchait avec moi.

«- Rah… Si seulement ç’pouvait être tout le temps comme ça. C’doit être bien pratique d’avoir ta trogne quand même.» Commentais-je alors que nous arrivions au repère.

Une maison tordue des plus banale au Goulot, je nous avais arrêté devant, pour laisser à Gontrand le temps d’observer les environs. Quelques regards des passants essayaient de juger si oui ou non, nous étions une menace, et si l’un d’eux devait aller prévenir quelqu’un.

N’imaginez pas là que l’un d’eux se précipiterait pour aller chercher la milice, non, pas au goulot, on aurait plutôt ici à faire affaire à un gang quelconque.

«- Bon comme tu vois l’porte est fermée. Donc… Si môssieur n’veut toujours pas faire d’grimpette. J’suppose que j’peux aller chercher quelqu’un pour l’ouvrir, mais ça va prendre du temps, ou t’peux essayer d’l’enfoncer avec tes gros bras. Par contre dans l’deuxième cas, j’te garantis pas qu’on aura pas d’la compagnie après…»

Je jetai un regard à un grand-père qui nous observait bien trop pour que ce soit banal.

«- Alors. Une idée, blondinet ? Après… J’peux aussi monter sur tes épaules et voir si j’peux atteindre la fenêtre du deuxième étage. M’enfin, tu m’dis, c’toi qui finira par jouer des épaules au final.»
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyMer 22 Fév 2023 - 9:29
«- J’ai rien à y gagner d’faire ça. Ton… Employeur ne devrait pas risquer grand-chose. Rien qui la concerne. Même si j’serais ravie d’la rencontrer, particulièrement si elle paye si bien qu’ça. C’est elle ? Ta fameuse bourgeoise dont parle ta famille ?»

Décidément, cette fille est bien plus maline qu’elle ne le laisse paraître. Que ce soit à propos de notre arnaqueur, de ma famille ou bien de moi. Il n’était pas question de trop en révéler pour l’instant, ma Maîtresse était suffisamment prudente pour ne jamais se dévoiler trop vite. Au moins tant qu’on avait pas la preuve de la fiabilité de notre interlocuteur. Je ne me voyais tout de même pas répondre par le silence, après lui avoir promis un éventuel emploi. Le tout était de trouver le juste milieu, surtout avec quelqu’un qui savait se servir de son cerveau.

« Ma famille ne s’est jamais vraiment intéressée à ce que je faisais si ce n’est pour en prendre l’argent. Ce qui ne les empêche pas de critiquer mon choix de patron. Ou de patronne, tu l’aura compris. Pour ce qui est de payer, ne t’inquiètes pas, si tu prouve ta valeur et ta loyauté, tu en sera gagnante. Finissons déjà cette affaire, nous verrons pour le reste après. »

Ou comment appuyer sur le fait qu’elle devait se prouver avant d’obtenir quoi que soit.

En remettant les pieds au Goulot, des souvenirs me reviennent vaguement, ils se sont plus ou moins effacés lorsque je suis parti d’ici. Malgré tout, je les reconnais ces visages de malheureux, qui voleraient sans remords n’importe qui pour une bouchée de pain mais qui ont bien autant d’égo que n’importe quel habitant de l’Esplanade. Même les putes se pensent parfois plus importantes que les grandes Dames. Les Trois me protègent de devoir revenir un jour ici...Peut-être qu’ils l’ont fait, par la « trogne » et la carcasse dont j’ai hérité et qui font détourner les regards.

«- Rah… Si seulement ç’pouvait être tout le temps comme ça. C’doit être bien pratique d’avoir ta trogne quand même.»

« Ce n’est pas parce qu’ils baissent les yeux maintenant qu’ils ne sont pas capable d’essayer de nous planter un couteau dans le dos à la moindre occasion. Je ne me fie pas à ces faux-semblants. »

Pas quand il avait connu des précédents dans le genre...Heureusement, nous étions bien vite arrivés devant ce qui semblait être notre première piste. La planque de notre type et de son ou ses complices. C’était plutôt bien joué de leur part de ne pas la jouer solo. Je m’approchais de l’oreille de la rouquine pour que elle seule puisse entendre mon analyse.

« Je pars du principe qu’ils sont au moins trois : au moins un pour repérer les proies, et un second pour les attraper dans ses filets. Il n’est pas exclus qu’il y ait un troisième gonze qui s’occupe de la logistique, comme trouver des planques régulières. C’est peut-être moins, ou plus, surtout si ils ont des comptes à rendre à quelqu’un. Ce serait pas étonnant par ici. Sans compter les éventuels types qu’ils ont payé pour les alerter. Faisons le tour pour ne pas nous faire voir alors qu’on essaye de rentrer là-dedans. Jouez le jeu. »

Mieux valait leur faire croire que je venais pour une autre affaire que celle de la planque. Si ma mémoire était bonne, on pouvait revenir sur l’arrière de la maison par une ruelle bien moins fréquentée. Je passais mon bras derrière le dos de la jeune femme à mes côtés et la serrait contre moi. Ma main sur ses hanches ne laissait planer que peu de doutes sur le pourquoi nous étions ici : je cherchais un endroit calme pour trousser la demoiselle. Ces types y verrait quelque chose de banal, désintéressant leurs regards de nos activités.

« Avancez deux rues plus loin et prenez à gauche, on reviendra par derrière sans que personne ne nous surveille. »

Ne restait qu’à espérer que la rouquine se laisse faire. C’est qu’elle a l’air d’avoir du caractère.
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyJeu 23 Fév 2023 - 21:18
« Ma famille ne s’est jamais vraiment intéressée à ce que je faisais si ce n’est pour en prendre l’argent. Ce qui ne les empêche pas de critiquer mon choix de patron. Ou de patronne, tu l’aura compris. Pour ce qui est de payer, ne t’inquiètes pas, si tu prouve ta valeur et ta loyauté, tu en sera gagnante. Finissons déjà cette affaire, nous verrons pour le reste après. »

Il était d’un sérieux ce garçon, bon au moins, il savait parler affaires et il venait de me confirmer qu’on parlait bien de sa bourgeoise. Une femme non noble capable de faire fortune et de se payer un mercenaire aussi loyal que lui ? Je pouvais admettre que la personne m’intriguait.
Je n’allais pas insister pour autant, visiblement, il attendait de pouvoir juger de mes capacités avant d’en dire plus, ce qui était un autre bon point pour lui.

« Ce n’est pas parce qu’ils baissent les yeux maintenant qu’ils ne sont pas capable d’essayer de nous planter un couteau dans le dos à la moindre occasion. Je ne me fie pas à ces faux-semblants. »

«- Ouais bah… T’peux t’sentir flatter. Pour ma part, ils ont pas besoin d’attendre que j’me retourne.»

J’étais encore à regarder en coin le vieux quand je sentis un souffle sur mon oreille, l’abruti m’avait surpris et j’avais légèrement sursauté à son approche. Il n'était pas bien dans sa tête pour sortir les femmes de leurs pensées de cette façon ? Goujat.

« Je pars du principe qu’ils sont au moins trois : au moins un pour repérer les proies, et un second pour les attraper dans ses filets. Il n’est pas exclu qu’il y ait un troisième gonze qui s’occupe de la logistique, comme trouver des planques régulières. C’est peut-être moins, ou plus, surtout si ils ont des comptes à rendre à quelqu’un. Ce serait pas étonnant par ici. Sans compter les éventuels types qu’ils ont payé pour les alerter. Faisons le tour pour ne pas nous faire voir alors qu’on essaye de rentrer là-dedans. Jouez le jeu. »

«- J’te l’confirme. Ils sont bien au moins trois, t’déduction va d’pair avec c’que m’a raconté ma source. Après pour c’qui est du rôle de chacun… Tout c’que j’sais c’est qu’y a aussi un amateur de p’tit garçon là-dedans.»

Jouez le jeu ? La demande m’interloqua et j’eus très vite ma réponse alors que sa main se posait sur ma hanche. Doublement goujat. Pour qui il me prenait ? Ou pour qui, plutôt, essayait-il de me faire passer ?

Je haussais un sourcil, le regard qui ne quittait pas le sien, loin d’être intimidée par la manœuvre. Oh, il aurait presque pu entendre un “vraiment ?” Sortir directement de ma tête. Je le laissais tout de même sous mon air réprobateur, je le laissais terminer l’explication de son petit plan.

« Avancez deux rues plus loin et prenez à gauche, on reviendra par derrière sans que personne ne nous surveille. »

«- Très bien. Par contre j’te préviens, m’pelote pas. J’mords plus fort qu’un fangeux.»

Bon, je ne sais pas si ça avait eu pour effet d’être aussi intimidant que ça, après tout y avait bien des hommes qui aimaient se faire mordre. De toute façon, le but était plus de le taquiner et de rester dans ses bonnes grâces. Après, il ne fallait pas non plus rêver, je n’allais pas aller jusqu’à tenter de le séduire.

Je suivis son plan sans trop râler, attendant de voir ce qu’il avait en tête pour la suite.
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyMer 1 Mar 2023 - 22:31
Le plan ne plaisait pas à la rouquine, elle se laissa tout de même emmener dans les ruelles sombre et délabrées du coin. On les sentait bien, les regards des types qui rôdaient, mais ils ne cherchèrent ni à nous suivre, ni à nous interrompre. Une fois que nous tournions dans la ruelle donnant sur l’arrière de la bicoque, je lâchais mon duo. Le spectacle n’était plus nécessaire, et nous avions besoin de notre liberté de mouvement pour chercher comment rentrer dans la planque de nos arnaqueurs.

Si certaines maisons avaient une arrière-cour ou au moins une porte arrière, ce n’était pas le cas pour celle-ci. Prudemment, je m’approchais de la maison voisine et jetais un œil par la fenêtre de celle qui m’intéressait. Pas de mouvement distinguable d'ici, ce qui me laissait le loisir de m’en approcher.
Les vitres, fort sales, laissaient à peine distinguer ce qu’il se passait réellement à l’intérieur. En tous cas, pas dans le détail, mais c’était suffisant pour se rendre compte qu’aucune ombre ne bougeait.

Maintenant que j’étais quasiment sûr qu’on serait tranquille de ce côté-ci, ne restait qu’à savoir comment rentrer là-dedans sans ameuter le quartier. N’ayant pas vraiment envie de retourner dans la rue principale et grimper devant tous pour atteindre la fenêtre cassée, il me fallait étudier les possibilités qui se présentaient ici. Ce tas de bois était en très mauvais état, comme la plupart des autres qui l’entouraient. Ne restait qu’à tester à quel point cela pouvait nous servir.

Ma dague à la main, j’aillais vers la fenêtre par laquelle j’avais vérifié la présence de vie ou non. La pointe de mon arme alla embrasser la séparation entre les deux battants. Il me fallait une irrégularité ou un creux, et sur ce type d’installation, l’affaire était réglée. Le métal glissait le long du bois, et ma concentration finit par payer. La pointe venait de s’enfoncer et j’en profitais pour augmenter le jeu que cette fragilité offrait. Quelques à-coups suffirent à faire légèrement grincer les fermetures. En ajoutant un peu plus de force à ce moment-là, ce fut suffisant pour faire céder le bois pourrissant.

De mes deux mains, j’ouvrais complètement la fenêtre. Et aucune activité ne se confirma. A première vue, nous étions tranquilles pour visiter les lieux. Je me tournais vers mon duo, autant pour lui montrer ma soi-disant non discrétion, que pour rétablir une vérité.

« Pour information, les maigrichonnes c’est pas ma came. »

De toute façon, j’avais bien peu de temps pour penser à ces choses là. Et tout ce qui m’intéressait, là, tout de suite, c’était d’expédier cette histoire pour retrouver ma vie quotidienne, loin de la pauvreté dans laquelle j'avais grandis.
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyJeu 2 Mar 2023 - 18:34
Après notre petit détour, il me lâcha enfin. Je l’observai d’un œil pendant qu’il s'occupait d’ouvrir la fenêtre, gardant tout de même le reste de ma vision pour surveiller nos arrières, je devais avouer qu’il faisait preuve d’une certaine dextérité qui me laissa agréablement surprise. Lorsqu’il eut terminé son méfait, je me surpris à vouloir lui faire un compliment sincère, mais il fallut qu’il ouvre la bouche.

« Pour information, les maigrichonnes c’est pas ma came. »

Goujat. Il avait osé, je tirais sur mes manches inconsciemment pour cacher mes maigres bras, mais mon visage ne trahissait rien. J’avais l’habitude de ce genre d’attaque sur ma personne.

«- J’dois être impressionnée ? Il t’aura fallu tout un détour pour penser à c’te réplique. Bravo. J’te rassure, t’es pas ma came non plus, blondinet.»

Je soupirai avant de laisser un sourire amusé apparaître sur mon visage.

«- M’enfin, j’te ferais bien une démonstration plus poussée de comment qu’on fait pour bien s’moquer d’quelqu’un avec intelligence, mais premièrement, on a autre chose à faire, deuxièmement, il semblerait qu’tu sois plus utile que t’en as l’air, et troisièmement j’pas envie que tu m’fasses avaler mes dents.»

Le long de ma phrase, j’avais commencé à me préparer pour enjamber la fenêtre, maintenant juste en face de lui, j’en profitai pour lui faire un clin d'œil et ainsi ponctuer la fin de ma tirade.

«-Bon, tu m’aides ?» Lui demandais-je en faisant un coup de tête pour lui indiquer l’intérieur de la maison.

J’étais loin d’être une acrobate et un petit coup de pouce pour passer de l’autre côté ne serait pas de refus.

Bordélique, c’était le mot. Une odeur dérangeante venait s’ajouter à l’état de la maison, entre cadavres de bouteilles abandonnées, pichets sales et autres assiettes occupées par les mouches, l’endroit était loin d’être accueillant.

Je me masquais le nez dans une grimace, pour regarder un peu plus autour de moi.

«- Les hommes… Ils peuvent bien vivre dans une vraie porcherie sans que ça les dérange.»

À part certainement un rat ou deux et les mouches, la maison semblait vide de vie. En-tout-cas au rez-de-chaussée, il n’y avait pas grand-chose d’intéressant au premier coup d’œil, je tournai donc mon regard vers l’escalier.

«- J’vais j’ter un œil à l’étage.»

Après avoir pointé la direction du pouce, je n’attendis pas grand-chose de sa part avant de m’y diriger.

Lettres de noblesse:
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyMar 7 Mar 2023 - 15:28
Voilà quelqu’un qui parlait pour rien dire. Pourtant, au premier abord cette fille m’avais parut intelligente. Les piaillements inutiles ne servaient à rien, était-elle au courant de la chose ? Un haussement d’épaules fut donc la seule chose qui répondit à sa pique. Quoi qu’elle pense, je m’en fichais comme de la moisissure qui mangeaient les fissures de la bicoque.

Il n’y a qu’au moment où elle réclama mon aide, sans aucune forme de politesse bien entendu, que je décidais de la mettre fasse à ses propres incohérences.

« Je croyais que tu voulais pas te faire peloter. »

Néanmoins, mes mains saisirent ses hanches pour l’aider à passer la fenêtre. Elle ne mit pas longtemps pour faire une autre remarque puis de s’attribuer la visite de l’étage en solo. Soit, ce n’était pas la tactique que j’aurais privilégié, mais si elle tenait tant que ça à prendre des risques, c’était son choix. Me restais donc le rez-de-chaussée à fouiller.

Dans ce bazar sans nom, mais qui ne dénotait pas tellement d’autres repaires de malfrats que j’avais pu arpenter, il me fallait trouver des choses utile. Je me déplaçais dans la pièce, gardant toujours une oreille attentive pour ne pas me faire prendre par surprise. Pour le moment, à part le bois de l’escalier qui grinçait sous le poids de mon duo, rien à signaler.

Les bouteilles qui traînaient dégageaient la même odeur que les alcooliques qui s’endormaient dans le caniveau. La plupart étaient quasiment vidées, ne laissant qu’un fond de gnôle s’évaporer petit à petit dans l’atmosphère. Sans compter le fond de ragoût séché qui tapissait le fond de la pile d’assiettes sales. Une petite marmite contenait d’ailleurs encore assez de nourriture pour deux ou trois repas. La fine couche de moisissure qui se formait indiquait que cela devait faire deux ou trois jours que le repas aurait dû être consommé. En observant le reste du feu sur lequel le récipient trônait, je me rendais compte que les braises étaient froides depuis le même temps environ. Cela rejoignait les informations qu’avait eut la rouquine.

Une fois ce coin examiné, je m’enfonçais un peu plus dans la pièce. Tout en déambulant, je restais tout de même prudent, il aurait suffit qu’un des types dehors voit que l’on s’intéressait de près à la baraque et qu’il aille prévenir nos arnaqueurs pour qu’on se retrouve avec plusieurs types à gérer.
Entre quelques bouteilles, j'aperçu quelques parchemins abandonnés sur ce qui devait leur servir de bureau. De la cire séché avait collé au bois, et de l’encre avait éclaboussé plusieurs endroits. En prenant l’un des parchemins, je découvrais pourtant une écriture très soignée. Ca dénotait une longue connaissance des lettres. Quelqu’un qui aurait juste appris ne pouvait pas écrire aussi sûrement et sans fioritures. Même si mes connaissances en écriture étaient limités, quelques mots que j’avais vu à de nombreuses reprises m’étaient reconnaissable et de suite, je me concentrais sur ce qui ressemblait à des noms.

« Ca, ça doit être son nom. Pom...Pooompoool ? Pompol ! De Pompol. Et là ? De Morrr teee metttesss ? De Mortemetes ? Non...De Mortemets. De Pompol et De Mortemets.»

Cela ne me disais absolument rien. Aucune idée de si ces noms étaient réels ou non. Tout comme il m’était impossible de savoir à quoi correspondaient les sceaux sur les lettres. Etaient-ils inventés ou tout simplement empruntés illégitimement à leurs réels propriétaires ? Le savoir nous aurait donné quelques pistes supplémentaires. Malheureusement, à part demander à ma Maîtresse, je ne connaissais personne de suffisamment impliqué dans les hautes sphères pour pouvoir m’aiguiller. Et pour le moment, il était hors de question de l’impliquer dans ces affaires. Peut-être y avait-il d’autres indices dans le reste du courrier, mais avec mes maigres capacités de lecture, il me fallait me concentrer tout particulièrement pour tenter d'y dénicher un indice supplémentaire.

Jets de dés:
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MessageSujet: Re: À la croisé de l'enquête   À la croisé de l'enquête EmptyJeu 9 Mar 2023 - 16:17
« Je croyais que tu voulais pas te faire peloter. »

Il n’eut le droit qu’à un petit soupir exaspéré de ma part avant qu’il ne me soulève comme une brindille pour m’aider à passer.

Nos chemins s’étaient donc séparés pour chercher plus rapidement l’intérieur de la maison. L’étage n’était pas plus propre que le rez-de-chaussé mais l’odeur moins prenante, certainement que le léger courant d’air qui me faisait frissonner n’y était pas pour rien.
Il venait de la fameuse pièce où l’ordure avait enfermé l’enfant pour… Enfin, pas besoin de s’étendre là-dessus. Le vent sifflait légèrement à travers la fenêtre brisée, un matelas dégoûtant gisait au sol, le reste de la pièce ne contenait pas grand-chose d’intéressant au-delà des objets qui la rendaient d’autant plus glauque. Le pauvre gamin, je n’osais imaginer la détresse qu’il avait dû ressentir.

Il n’y avait rien de bien précieux à l’étage, mais ma fine observation me laissait entrevoir les traces du butin qui avait été entreposé dans ces lieux. Évidemment, leur priorité avait été d’emporter leurs gains, ce qui voulait dire qu’ils n’avaient pas pris le temps d'effacer toutes leurs traces. Autrement dit, mon compagnon avait sûrement eu plus de chance que moi en bas.

Je redescendis les escaliers d’un air las, retrouvant Gontrand la tête dans les papiers.

«-Pas grand-chose à l’étage, visiblement leur priorité c’tait d’embarquer tout c’qui avait d’la valeur. J’vois qu’t’as l’air d’avoir trouvé quelque chose.»

Je récupérai l’un des papiers avec le sceau marqué à la cire en bas de page, l’écriture soignée me fit tiquer, l’affaire devenait drôlement étrange.

«-Ben ça alors… Un lettré reconvertit en arnaqueur ?»

La question était rhétorique, je fronçais les sourcils, incapable de déchiffrer le contenu. Le reste des papiers au vu de la tête de Gontrand, ne semblait pas contenir beaucoup d’informations. Des brouillons pour la plupart.

«-T’jours le même sceau, ils ont dû voler le tampon à quelqu’un… Ou l’acheter. C’pas impossible. Doivent avoir des liens avec des marchands en tout genre s’ils veulent revendre les biens des dots.»

“Marchand”, j’avais gentiment choisi le mot pour ne pas dire receleur, par contre s’ils avaient à faire à ce genre de personnes, ça m’arrangeait bien. Je pourrais peut-être retrouver leur trace en montrant le sceau à quelques-unes de mes connaissances.

Je m’étais égarée, commençant de tête à faire une liste de noms auprès desquels continuer l’enquête, le bruit émanant de la porte d’entrée me fit donc sursauter violemment.
Quelqu’un venait de la déverrouiller et s’apprêtait à faire son entrée.

«-Donc… J’dois faire quoi au juste ?»

La voix méfiante d’un enfant me parvint aux oreilles, alors que j’avais saisi le blondinet par le bras pour l’inciter à fuir avec moi.

«-Chaque chose en son temps.»

Cette voix, elle était horriblement mieleuse, de tel sorte qu'elle me donna la nausée en comprenant sans aucun doute, que l’homme à qui elle appartenait devait être l’amateur d’enfant.
Une réalisation me frappa, je n’étais pas toute seule, d’habitude mon gabarit de sac d’os indiquait plutôt de fuir le conflit, mais le Gontrand… Il fallait bien que ses muscles servent à quelque chose.

Lentement comme si le temps avait ralenti pour me laisser le temps de réfléchir, la porte continuait de s’ouvrir, l’homme n’aurait pas un visuel direct sur nous, mais sans nous cacher, il n’aurait aucune difficulté à nous repérer rapidement une fois bien à l’intérieur.

À part l’enfant avec lui, et au vu de ce qu’il comptait en faire, il était très certainement seul. Si mon camarade du jour se décidait à l'attraper, on aurait peut-être l’occasion faire d’une pierre deux coups.

J’échangeai un regard avec blondinet, ma main avait lâché son bras pour indiquer la porte d'entrée, l’invitant à se déchaîner si c’était ce qu’il souhaitait.

L'enfoiré parle en #660000
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