Cube qui peut !

2 Juin 1667
Dans les rues de Sombrebois
Après-minuit avant le matin

Les flambeaux tenus par les deux miliciens étaient la seule source de lumière à leur disposition sur le chemin de la caserne. Hubert distançait Gaël de plusieurs pas, le jeune homme était alourdi par la journée qui ne cessait de s’étendre. Contrairement à son camarade qui avait déjà eu l’occasion de fermer les yeux à plusieurs reprises ce soir, Gaël traînait avec lui une immense fatigue.

Rien d'étonnant donc, à ce qu’il trébuche sur un mystérieux objet obstruant sa route. Il avait manqué de peu de s’écraser par terre. Dans un mouvement de bras, il récupéra son équilibre avant de chercher le sol à la lumière de sa torche.

Un petit cube, abandonné là sans raison apparente, avait été la cause de sa presque-chute.

Hubert, n’attendit pas son collègue, c’est à peine s’il remarqua que celui-ci s’était arrêté et il continua sa route, laissant seul Gaël avec son objet mystérieux.

Bientôt, la torche de Gaël n’était plus que l’unique source de lumière alors que le milicien observait le petit objet dans sa main.

La nuit porte parfois conseil.

La nuit dissimule des secrets que le jour refuse de révéler.

La nuit berce les esprits épuisés par le dur labeur et offre un repos aussi nécessaire que salvateur.

La nuit peut aussi mettre sur ta route quelqu'un ou quelque chose qui changera ta vie.

Un cube, un simple petit cube noir aux reflets changeants. Les flammes de la torche irrisent la surface lisse sous le regard incrédule d'un milicien transi de fatigue.

De prime abord, ce n'est qu'un détail, anecdotique, oubliable, inutile.

Puis les battements du coeur commençent à résonner dans les tempes. La fièvre succède aux sueurs froides et aux frissons.

HRP:

Gaël se demandait si c’était la fatigue qui l’avait poussé à bout ainsi. Désormais, au-delà de ses yeux qui se fermaient seuls et de ses muscles endoloris, c’était un état fiévreux qui s’emparait de lui.

Toujours agenouillé là où il avait trouvé le cube, il le lâcha pour se rattraper de sa main. La soudaine fièvre cumulée à son épuisement lui donnait le vertige. Il essaya de se relever, au lieu de ça son mouvement brusque lui retira le peu d’énergie dont il disposait encore.
Le sol l’attirait autant qu’un matelas bien moelleux et petit à petit, il céda, s’allongeant face contre terre.

Les flammes de la torche commençaient à s’éteindre, étouffées par le sol encore boueux des jours de pluie précédents. L’étrange objet, qu’il ne savait pas être la raison de son malaise, se trouvait toujours à quelques centimètres de ses doigts.

Entre perte de connaissance et sommeil, il était difficile de dire ce qui le fit fermer les yeux.

Une lourde main gantée de fer s'abattit sur le col de l'homme qui avait le visage dans la boue.

Lève-toi, mon gars ! Faut pas rester ici !

Sous un ciel chargé de nuages noirs, le sifflement des flèches brisait le silence dans lequel s'était réfugié le milicien. Au loin, la silhouette d'un château en flammes vit un pan de muraille s'effondrer dans un craquement qui transperçait les os.

L'homme qui avait secoué le type inconscient n'avait pas demandé son reste et courrait à perdre haleine, probablement satisfait d'avoir effectuer sa dernière action charitable.

Une boule de feu tomba du ciel en plein sur le malheureux qui fut pulvérisé. Une gerbe de tripes et de sang inonda l'homme qui se redressait lentement sans comprendre.

Autour de lui, des hommes en armes, fuyant en hurlant, les yeux écarquillés sous leur casque salade. Lui-même portait un plastron. Les vestiges d'un bouclier éventré se trouvait à ses pieds.

Puis un hululement ... Strident, mauvais, annonciateur de chaos et de mort ...

Une silhouette démesurée, serpentine et ailée se découpa à travers les volûtes de fumée qui peignaient l'horizon. La créature tendit un bras décharné d'où pendait des lambeaux de chair à vif. Même à distance, il était évident que le regard de l'abomination était braqué sur lui.

Une voix sans timbre retentit dans son esprit ...

À ton tour ...

HRP:

Combien de temps avait-il dormi ? Il se souvenait vaguement de s’être endormi à même la rue.

Du sang dans la bouche, pas le sien, celui de l’homme qui venait de le réveiller. La guerre ?
Était-ce la guerre ? Mais contre qui ?

Il restait immobile au milieu du carnage, il devait agir, malheureusement, il ne savait pas ce qu’il était supposé faire. Sa tête et son corps semblaient s’être accordés sur un point, ne plus donner signe de vie.
Les hommes terrorisés qui le passaient, le bousculaient sans ménagement, le sortant enfin de son inaction, juste à temps pour voir ce qu’il définit comme l’ennemi.
Une créature de l’horreur, digne des monstres tout droit sortis des contes de chevalerie que lui contait sa mère.
Elle le regardait lui, il prit alors son épée en main, prêt à en découdre. S’il fallait mourir, il s’y précipiterait de manière digne.

Un cri de rage, sortit tout droit de ses tripes résonna dans le chaos général. Une provocation dirigée envers la créature ! Il avait peur de mourir, mais encore plus de mourir en lâche.

La bravoure est souvent la cousine de la témérité et la jumelle de la bêtise ...

Sous le ciel teinté de cent nuances de gris, remontant le flot de fuyards terrorisés, un seul guerrier se précipitait vers son adversaire.

Qui était la proie ? Qui était le chasseur ?

La créature écorchée toisait la charge de l'homme vociférant en sifflant avec hargne. À son tour, elle ouvrit le bec difforme qui lui servait de gueule pour pousser un nouveau hurlement désincarné. On aurait dit l'écho de cent voix en une.

À mesure qu'il s'approchait de son funeste sort, l'homme pouvait mieux voir son ennemi. Des ailes de cuir, des chairs crevassées et purulentes qui libéraient une odeur qui vous saisissait les tripes, des bras et des jambes aux muscles fins, un visage aquilin et difforme aux multiples yeux jaunes ...

De sa main griffue toujours tendu vers le courageux soldat, une boule de flammes bleues jaillait et transperça l'air en grondant.

Trop court ...

L'impact fit trembler le sol et projeta le téméraire dans les airs. Le brasier indigo sembla s'élever jusqu'aux nuages. Et pourtant ...

Et pourtant, si proche des flammes, nulle chaleur n'était perceptible ... Bientôt vinrent des sons étranges ...

Des caquètements nasillards, des cliquetis secs, des feulements suraigüs ...

Des êtres difformes surgirent du feu. La gueule béante et distendue révélait des rangées de crocs effilés au-dessus de pattes agiles.

Une, deux, trois, cinq, dix, trente de ces créatures s'extirpèrent des flammes surnatelles et se rua en avant en hurlant.

Dans son esprit, toujours, la voix chuchota les tourments qui l'attendait ...

L’odeur nauséabonde lui piqua les yeux alors que sa charge le menait tout droit à sa perte. Incapable de s’arrêter, incapable de renoncer, incapable de même fermer les yeux… Il continua de se ruer en avant alors que la boule de flamme arrivait sur lui.

Le reflet bleuté se marqua dans ses yeux, se confondant presque avec la couleur de ses iris.

Alors que son cri de guerre redoublait d’intensité, ses pieds quittèrent le sol à l’impact. Telle une vulgaire brindille, son corps fut projeté par le souffle de l’explosion.

La tête qui tournait, le souffle coupé par la brutalité du choc, le milicien se tord pour réussir à récupérer son épée. De nouveaux bruits se font entendre, des nouveaux démons sortent des flammes, une petite armée à eux seuls.

Le combat n’était pas terminé. Il ne fallait point faillir, il y a des hommes qui face à l’adversité, face à la mort, se recroquevillent sur eux-mêmes et attendent patiemment la fin, et il y a ceux qui jusqu'à leur dernier souffle continuent de se battre.

Sous les yeux de Rikni, celui qui ne fût que milicien se redressa, la hargne au corps, prêt à accueillir les démons.

La voix, il l’entendait. Ce n’était pas la première fois qu’une voix dans sa tête lui annonçait sa perte.

Il se précipita à nouveau, ignorant douleur et sagesse. Il passerait en force s’il le fallait à travers cette armée démoniaque, il y resterait certainement, mais rien ne l’empêchera d’essayer de planter la pointe de son épée dans le cœur du monstre ailé.

Valait-il mieux vivre en couard ou mourir en idiot ?

L'homme semblait avoir trouvé sa réponse. La première gueule béante rencontra la lame et fut proprement sectionnée. Une liquide poisseux et noir gicla des deux parties de l'atrocité qui s'effondra dans la boue dans un gargouillis repoussant.

En vint, une autre. Et une autre. Et encore.

Les mâchoires se refermèrent autour des membres du courageux guerrier.

Il sentit les crocs de ces bêtes sans bras s'enfoncer dans sa chair, transperçant armure et peau avec la même aisance. De plus en plus nombreuses, elles feulaient en venant participer à la curie.

Sous ses yeux, l'homme vit son corps se faire déchiqueter par les mâchoires frénétiques. Son torse n'était pratiquement plus qu'une pulpe sanguinolente lorsque les jambes en furent détachés. Des morceaux de boyaux volaient en tous sens et libéraient une odeur immonde et métallique.

La silhouette ailée approchait d'un pas lourd, caquétant un rire fou en observant ses mignons se livrer à un festin. Entre ses doigts griffus, un sceptre tortueux était surmonté d'une forme étrange, semblable à un "Y". L'abomination leva son arme au-dessus du corps martyrisé et pourtant, étrangement toujours conscient.

Il l'abattit dans un geste vif, faisant trembler le sol.

Le noir ... La fin des souffrances ... L'écrin cotoneux et rassurant d'un sommeil sans fin ...

Puis une main lourde s'abattit sur son col ...

Lève-toi, mon gars ! Faut pas rester ici !

L’atroce souffrance s'est éteinte, mais ses traces comme des courbatures restent encore marquées profondément dans les os du jeune guerrier.
Il devrait être mort, c’est ce qu’il se dit alors que l’image du sceptre hante toujours son esprit.

Une sensation qu’il connaît le releva à nouveau, une même phrase, une même voix.

« Lève-toi, mon gars ! Faut pas rester ici !»

À peine eut-il le temps de comprendre ce qu’il se passait que son sauveur se fit à nouveau pulvériser devant ses yeux, d’instinct, il protégea son visage de sa main cette fois. Il ne comprenait pas, il aurait dû être mort.

Pourtant, devant lui, le château s’écroulait à nouveau, victime d’un destin duquel il ne pouvait échapper. La silhouette apparut de nouveau dans le ciel, un frisson le parcourut quant à l’idée de revivre les mêmes souffrances.

Il n’avait pas besoin de lever la tête pour savoir que l’horrible créature le regardait encore. Il reposa la main sur son épée. Rikni le mettait donc à l’épreuve et il ne faillirait point.

Avec plus de calme cette fois, il se jeta à nouveau vers la créature, mais cette fois avant que celle-ci ne déchaîne son feu sur lui, il tourna, prenant un chemin abrité entre deux bâtiments. Il espérait ainsi pouvoir l’atteindre sans se faire souffler par l’explosion ou démembré par ses monstres.

Une nouvelle chance, un nouveau cauchemar ...

Le Téméraire apprenait vite, ne cherchant pas à reproduire les mêmes erreurs ...

Dissimulé derrière des baraques en piteux état, l'homme entendit les hululements mauvais, les cris déchirants des soldats qui périssaient dans d'atroces souffrances, l'explosion de cette gigantesque orbe de feu bleu et les gargouillis menaçants des bêtes qui l'avaient déchiquetés.

Tout se déroulait dans le même ordre que la première fois. Les hurlements d'un homme se faisant dévorer remplacèrent les siens. Du moins, le jugea-t-il sans le voir. La voix sans timbre résonna alors dans son crâne.

Je ... Te ... Vois.

Le "Y" qui coiffait le sceptre de la créature apparut le premier, puis la main aux doigts fins, et enfin le faciès incohérent aux multiples yeux et au bec acéré. Avec un rapidité défiante toute logique pour un être de cette taille, la patte griffue se referma autour de la tête du guerrier.

Les serres de la bête pénétrèrent la peau de l'homme. Celle qui terminait le pouce s'enfonça dans l'oeil du mortel, figé par l'effroi de cette rencontre. D'un geste brusque suivi d'un craquement sec, l'intrépide soldat vit son corps étêté s'effondré sur le sol. Tandis que le noir voilait lentement sa vision, estompant la souffrance. Son esprit perçut quelques mots qui se perdirent dans les limbes.

Tu ... es ... à moi.

Une main s'abattit sur son col et le secoua frénétiquement.

Lève-toi, mon gars ! Faut pas rester ici !

Cette fois, c’était la créature elle-même qui l’avait achevé. Il s’était figé de terreur en voyant la chose qui avait réussi à le retrouver. Cette voix, encore et toujours cette voix. Terrible mort que de voir son corps effondré au sol.

Une main s'abattit sur son col et le secoua frénétiquement.

«Lève-toi, mon gars ! Faut pas rester ici !»

Il saisit la main avant qu’elle ne se retire de son col, il se releva en s’aidant de l’homme qui cette fois-ci ne connaîtrait pas la mort, du moins pas si tôt. La boule de feu qui lui avait été destinée par deux fois, s’écrasa sur d’autres malheureux.

Le visage de Gaël était rougi de frustration, sa mâchoire se serrait à s’en péter les dents.

«- Viens donc…» Murmura-t-il.

La silhouette se redessina dans le ciel, jamais deux sans trois disait-on. Il relâcha le bras de son comparse avec violence, osant quelques pas en avant.

«- Que me veux-tu oiseau de malheur ?! Ose donc te présenter à moi !»

Plus il trépassait, plus il voyait le visage atroce, plus la routine prenait le pas sur la peur. Une mauvaise habitude pour l’esprit que de prendre la terreur et la mort pour habitude.

«- Plus je te verrais ! Plus grande sera ma chance de t’occire !»

Il leva les bras, pour provoquer d’autant plus la créature, qu’était une mort de plus ? Si ce n’est qu’un pas de plus vers le basculement total de la raison. Lui répondrait-elle ?

La témérité s'était effacé. D'abord, l'homme retint le soldat qui le réveillait de son sommeil, l'empêchant de mourir dans une explosion sanguinolente. Ensuite, il était resté sur place, défiant du regard l'abomination au bec crochu qui déployait ses ailes au-dessus du champ de bataille.

Dans son dos, le mur du château s'effondra, comme à l'accoutumée. Il lâcha la main de son compagnon pour avancer de quelques pas et défier la Bête, les bras ouverts.

Que me veux-tu oiseau de malheur ?! Ose donc te présenter à moi ! Plus je te verrais ! Plus grande sera ma chance de t’occire !

L'immonde rapace émit un sifflement qui fit vibrer l'air même autour du brave soldat. Il avança également, faisant dodeliner sa tête aux multiples yeux à chaque pas. Son sceptre torturé pointé vers les cieux chargés de nuages semblait pulser d'une lueur maladive. Dans sa tête, la voix retentit.

Pancrace ...

Dans son dos, une voix retentit, mais là où il pensait entendre la voix éraillée du soldat qui était resté prostré face à l'apparition du monstre à l'allure aviaire, ç'en fut une toute autre, féminine et familière qui se fit entendre.

Gaël ?

Une jeune femme, brune, aux yeux gris écarquillés par l'incompréhension l'observait en frottant ses mains avec anxiété.

Gaël, qu'est-ce qui se passe ?

Le sifflement lui fit baisser les bras, mais ce qui le fit prendre un pas de recul, ce fut le nom prononcé. Pancrace. Impossible. Il devait mal comprendre, c’était évident. Il n’avait jamais été des plus malins, mais que cette créature tente de se faire passer pour son père c’était-

«- Gaël ?»

Cette voix. Il la reconnaîtrait entre mille, un sentiment de bonheur s’empara d’abord de lui alors qu’il se retournait.

«- Gaël, qu'est-ce qui se passe ?»

Puis la soudaine réalisation du danger dans lequel se trouvait sa sœur à être là à ses côtés. Quels étaient donc les plans des Trois à orchestrer cette réunion de famille grotesque ? L’oiseau approchait toujours. Il tira sa sœur derrière lui, qu’importe, monstre ou père, la chose était semblable, aucun des deux ne s’approcherait de Sixtine.

«- Tu n’es pas mon père ! Cesse donc tes jeux ! Et dis moi ce que tu veux.»

Il n’avait pas encore tiré son épée, il sentait la pression de l’instant faire perler des gouttes de sueur sur son front.

«- Reste derrière moi.» Ordonna-t-il à sa sœur alors qu’il se préparait à la réaction de la créature.

L'homme posait des questions mais ne semblait pas prêt à entendre les réponses.

Dans cet instant sans queue, ni tête la voix de Sixtine, bien qu'hésitante et douce, semblait avoir couvert l'entièreté des bruits de la bataille, du fracas des armes et de la pierre qui grondait en s'effondrant.

Une seconde d'éternité qui avait tout suspendu ...

Puis le brave et téméraire guerrier réagit comme un brave et téméraire guerrier, faisant rempart de son corps devant sa soeur, défiant du regard et des mots l'étrange bête qui ondulait dans leurs directions.

Gaël ... Il ne faut pas rester ici ... Viens.

La poigne était fine et faible, parvenant à peine à lisser le tissu de la chemise qui courait entre la peau et le plastron. Elle se fit plus insistante à mesure que la bête approchait.

Gaël ... Le ... Le danger ... n'est pas devant toi.

La peau de la jeune femme semblait gonfler et se dégonfler. On aurait dit qu'un million d'insectes courait sous l'épiderme de la femme aux boucles brunes. Ces traits fins devenaient grotesques, tantôt enflés, tantôt anguleux. Seuls les grands yeux gris trahissant l'incompréhension restaient humains et imploraient le guerrier.

Puis la dague qu'elle tenait dans la main siffla dans l'air jusqu'à rencontrer le cou sans gorgerin. La lame était légèrement courbe et la garde formé un Y qui rappelait la hampe de la crosse malsaine que brandissait la Bête.

Un flot de sang jaillit de la bouche du brave guerrier lorsqu'il voulut verbaliser sa colère ou son incompréhension. L'image de la jeune femme continuait de se déformait lorsqu'une paire d'aile membraneuse perça son dos pour se déployer dans un rire tonitruant et guttural qui vrillait les tympans. L'homme s'effondrait dans un concert de gargouillis sanguinolent et bientôt les ténèbres s'emparèrent de lui.

Encore ...

Une main lourde et gantée s'abattit sur son col.

Lève-toi mon gars ! Faut pas ...

L'homme n'eut pas le temps de finir sa, désormais, traditionelle phrase d'accueil qu'il fut réduit en charpie. La main toujours crispée autour du col du guerrier qui relevait le nez de la boue. Plus loin, le château était en flammes, totalement en ruines. Désormais, deux énormes bêtes aux traits aviaires et aux ailes titanesques observaient l'homme. Les bêtes émergeant du feu, semblables à des gueules béantes qui couraient à perdre haleine le contournèrent pour aller dévorer des soldats qui ne fuyaient pas assez vite.

Cette fois, c'était différent.

Sujet: Re: Cube qui peut ! Jeu 2 Mar 2023 - 16:15

Fratricide. Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Jamais Sixtine n’aurait fait cela. Le sang chaud débordait de sa bouche, colorant ses dents d’un rouge sombre. Il s’effondra à genoux devant la traîtresse qui à son tour prenait la forme de l’hideuse créature.

« Lève-toi mon gars ! Faut pas ...»

Encore ? Non pas encore. Pas vraiment. Il sentait la main encore agrippée à son col, figée de façon morbide dans la dernière action qu’elle avait entrepris. Il leva la tête pour poser ses yeux sur les deux immondes bêtes qui l’observaient.
Le bruit d’abord assourdissant du massacre qui l’ignorait devint petit à petit, moins fort à ses oreilles. Il se redressa sur ses genoux, serrant la terre entre ses doigts, le mouvement fit se détacher la main qui tomba mollement au sol.

Qu’est ce que tout cela voulait dire ? Que devait-il faire ? Qu'attendaient les dieux de lui ?

Il s’appuya sur sa jambe, laissant un peu de terre sur son pantalon.

«- Qu’est ce que vous me voulez ? Vous allez me répondre à la fin ?!»

Il gueula, alors que sa colère laissait apparaître des larmes.

«- Vous osez… Utiliser ma sœur. Pourquoi ?»

Et cette voix qui couvrait le reste des cris, omniprésente dans sa tête, si seulement elle pouvait lui donner des réponses à ses questions.