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 Une sombre matinée

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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyDim 12 Mar 2023 - 11:57
Temple de Sombrebois
2 juin 1167, matinée

Louisa cheminait dans les couloirs du petit Temple de Sombrebois, deux petites miches de pain brioché emballées dans un chiffon dans un main. C’était tout ce qu’elle avait trouvé en ce petit matin alors qu’elle ne voulait pas perdre plus de temps. Elle s’en voulait déjà terriblement de ne pas avoir rejoint la petite Margaux la veille au soir. La Baronne lui avait pourtant donné l’autorisation de rester auprès de l’enfant, mais les circonstances en avaient voulu autrement.

Elle n’était pas sûre de l’endroit exact où Margaux était détenue mais en cherchant un peu, ce ne fut pas bien difficile de repérer les deux miliciens qui gardaient une porte. Gaël n’était plus là, probablement s’était-il fait relever pour la nuit, et les deux hommes en poste semblaient faire partie de la garnison de Sombrebois. En tout cas, elle ne se souvenait pas d’eux.

Alors qu’elle se préparait mentalement à justifier sa présence, la jeune prêtresse se prit une nouvelle fois à regretter toute cette entreprise. Le paisible trajet de trois jours vers une bourgade dans le besoin s’était transformé en un véritable bordel sans fin qui la maintenait en état d’alerte et d’anxiété permanent.

Les miliciens la regardèrent de haut en bas dès qu’elle s’approcha et l’un d’eux pris immédiatement la parole.

« Vous êtes la prêtresse d’hier, pas vrai ? Sur la place ? Entrez. »

Avec soulagement, Louisa sourit au milicien qui devait se trouver sur la place la veille et avait donc assisté aux instructions de la Baronne.

« Merci, messieurs. J’espère que la nuit n’a pas été trop longue… »
« Il y a pire que de garder une porte, ma Sœur… C’est qu’une gamine.», répondit-il, la mine sombre, en ouvrant ladite porte pour elle.
Elle acquiesça tout aussi sombrement en entrant et la porte se referma derrière elle.

La jeune prêtresse savait qu’elle faisait peine à voir. Quatre nuits maintenant qu’elle dormait peu voire pas du tout. Mais la vision de la jeune Margaux, recroquevillée au bout du petit lit, les yeux grands ouverts et emplis d’anxiété, était un tout autre spectacle. Son cœur se serra dans sa poitrine. Elle déposa le petit emballage, qui sentait bon le pain frais, sur la table de chevet et s’assit au bord du lit sans un mot. Elle ne savait pas comment Margaux avait pris son absence de la veille et elle hésita. Elle aurait voulu prendre la petite dans ses bras, lui apporter autant de réconfort que possible. Parce que, soyons honnête, dans une telle situation, du réconfort est tout ce que Lou’ pouvait offrir. Mais peut-être la petite serait elle fâchée, vexée ? Alors, elle retint son geste.

« Je suis désolée, Margaux… Tellement désolée. Je… J’ai été retenue hier soir. J’espère que tu pourras me pardonner. », fit-elle, la voix un peu tremblante.

Elle observa ensuite un peu mieux le visage de l’enfant et fit un geste vague de la main vers son propre visage.

« Comment va ta joue ? Ta dent ? », demanda-t-elle enfin en référence au spectaculaire coup qu’elle avait reçu la veille.
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyDim 12 Mar 2023 - 19:42
Ses "invités" à peine repartis, Margaux s'était à nouveau repliée dans le mutisme le plus complet.

Durant de longues minutes, de longues heures, elle n'avait plus émit un bruit, tandis que l'image du Démon - les deux créatures - tournait et retournait encore dans sa tête échauffée par le manque de sommeil et l'anxiété. Elle devait convenir qu'elle s'était montrée fort négligente quant aux exigences des Trois, et qu'elle n'avait pas non plus prié tous les soirs, même si elle avait essayé de venir au Temple de temps en temps.

Tout était sa faute. Elle avait essayé de se rappeler l'image de Louis, son cher petit Louis, qu'elle avait quasiment abandonné, de le dessiner, encore et encore dans sa tête. L'image de ses parents n'était plus aussi nette qu'autrefois ; et d'une certaine manière, la colère montait quand elle tentait de faire remonter leur souvenir. Ils n'avaient pas eu le droit de mourir, de les laisser tout seuls ! Rien n'était juste dans cette histoire, rien, et elle se détestait alors encore plus de ses mauvaises pensées.

Elle avait manipulé le cube terne et sans vie jusqu'à avoir des crampes, et finalement, l'avait déposé sur la couverture, juste à côté d'elle, un peu caché par le tissu humble de sa jupe de coutil.

Sa joue, sa mâchoire, désormais couverte d'un énorme hématome violacé, qu'elle ne pouvait pas voir, lui faisait mal. A l'intérieur, sa dent branlait, et la souffrance lancinante lui donnait mal à la tête.
L'enfant ne sut jamais si elle finit par s'endormir, par petits à-coups, car la réalité et son imagination enflammée semblait parfois se mélanger - mais quand la porte s'ouvrit, la petite fille n'était pas reparue. A la place, il s'agissait de la prêtresse Louisa, cette douce dame qui, après avoir refermé la porte derrière elle, déposa ce qui semblait être du pain sur la petite table, située près du lit.

Margaux se redressa légèrement en plissant son front. Sa pauvre interlocutrice ne semblait pas avoir beaucoup dormi, et sa mâchoire se serra brièvement, avant que ses yeux ne s'arrondissent doucement d'étonnement.
Il lui paraissait incongru que l'adulte s'excuse, mais avant qu'elle n'eut pu dire quoi que ce soit, la tendre jeune femme s'enquérait déjà de son état.

- "Je vais bien, dame Prêtresse. J'vous remercie. Vous êtes si bonne avec moi..."

Elle la trouvait si gentille, que son cœur se serrait.

- "Ne vous en faites pas pour cette nuit. J'ai bien pensé que vous deviez vous reposer. Le trajet a été dur, Dame, et vous avez besoin de sommeil. Je suis désolée, Prêtresse, désolée de tout ça. Mais avant tout.. avant tout..."

D'un geste aussi anxieux que preste, elle vint se lover aux pieds de l'adulte, à genoux, en posture de supplique.

- "Je-je sais que tout est ma faute, tout est ma faute... J'ai... J'ai... J'ai pas réussi à le protéger... Je n'ai pas été assez croyante, assez fidèle, c'est ma faute, mais... Mais je vous en supplie, dame Prêtresse. Quoi qu'il se passe, mon petit frère ne mérite pas de rester aux mains d'un démon. Je-je sais maintenant que mon âme... que vous ne pouvez pas me sauver, mais lui, ce n'est qu'un petit garçon, Dame Prêtresse ! Ce n'est qu'un petit garçon. J'ai essayé... essayé de le retrouver..."

Etait-elle folle de lancer une pauvre femme dans le danger ? Elle avait tant et tant gardé le silence - et maintenant, tout éclatait au grand mur, une fois qu'elle se trouvait au pied du mur. Car Louisa était sa dernière ressource... en dehors de son cousin. Mais celui-ci connaissait tout son passé, et loin de lui pardonner, la plaçait dans la pire situation qu'elle eut jamais vécut.
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyDim 12 Mar 2023 - 22:43
Louisa observa les émotions se succéder sur le visage de la jeune demoiselle et s’apaisa un peu. Margaux n’était pas fâchée. Mais maintenant qu’elle lui faisait face, l’ecchymose qui courait sur sa joue et sa mâchoire était immanquable et la prêtresse serra les dents de frustration. Si Almère n’avait pas déjà refait le portrait du milicien enragé de la veille, elle aurait bien été tentée de se venger elle-même. L’enfant prétendit toutefois ne pas avoir mal et la prêtresse n’insista pas.

Puis la petite s’excusa à son tour et enchaîna sur des sollicitations… étranges. Louisa eut un blocage pendant quelques instants. Elle n’arrivait pas à coordonner les mots de l’enfant pour en faire une pensée cohérente. Trop de nouvelles informations qui apparaissaient à première vue sans queue ni tête tentaient de prendre forme dans son esprit. Enfin, les pièces commencèrent à s’emboiter. Margaux se pensait condamnée et elle demandait à la prêtresse de prendre soin de son petit frère, qui avait disparu, pris par un… démon ? Mh…

Louisa ne put s’empêcher de remarquer que, mise au pied du mur, alors qu’elle semblait craindre pour sa vie et son âme, c’est à son petit frère, dont la prêtresse découvrait l’existence, que l’enfant pensait. Celui-ci semblait même être sa seule réelle préoccupation. Peut-être… Peut-être était-ce enfin là la porte d’entrée du jardin des secrets de Margaux ?

La petite s’était agenouillée devant elle en position de supplique alors qu’elle lui exposait ses souhaits comme une dernière volonté. Dans le mouvement de l’enfant toutefois, un petit objet noir avait roulé sur les couvertures et Louisa eut l’impression d’avoir reçu une claque. Qu’est-ce que ce cube faisait ici ?… Alors qu’elle tendait la main pour la poser délicatement sur l’épaule de l’enfant, Lou’ secoua la tête pour se sortir de sa stupeur. Une chose à la fois… Margaux, son petit frère et le démon d’abord.

« Bien sûr… Ton petit-frère, comment s’appelle-t-il ? Comment vous êtes-vous retrouvés tous seuls ?»

De sa main déjà posée sur l’épaule de Margaux, elle l’invita à venir tout contre elle et passa un bras autour de ses frêles épaules. Elle avait toujours détesté voir les enfants à genoux... Elle posa sa joue sur le haut de la tête de la petite demoiselle, entamant un léger mouvement de bercement, qui était autant pour l’enfant que pour elle en ce moment. Il ne fallait plus rien lâcher. Elle devait aller au fond de cette histoire.

« Je ferai tout ce que je peux pour le retrouver, pour l’aider… Alors, dis-moi… Comment le démon a-t-il mis la main sur lui ? Où le trouve-t-on, ce démon ? »
Il suffisait d’une question, une seule, qui ouvrirait les vannes et permettrait à Margaux de se confier. Enfin.
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyLun 13 Mar 2023 - 9:31
Margaux garda un instant le silence, malgré les questions pressantes de la prêtresse et son doux contact rassurant.
Elle savoura le lent balancement qui, comme un mouvement réparateur et régressif, répondait à un besoin profond de sécurité, ferma les yeux.

Toute cette souffrance devait sortir. Peu importait les conséquences pour elle-même : elle avait accompli des terribles méfaits et elle quitterait enfin cette vie malhonnête avec joie. Le suicide n'était pas une option pour préserver ses chances de voir son âme monter vers les Dieux ; et la vie de son petit frère ne pouvait pas être discutée.
Les conséquences funestes devaient être pour elle : c'était la dernière chose qu'elle pouvait accomplir pour son seigneur.

- "Il s'appelle Louis, Dame Prêtresse. Il aura sept ans à l'été, très bientôt. C'est un doux petit garçon... il..."

Ses mains tremblaient. Sa gorge devenait si sèche qu'elle ne pouvait plus déglutir, mais elle devait tout raconter. Peut-être qu'une personne très croyante pourrait enfin aider l'enfant. Elle pourrait peut-être, avec l'aide du Temple de Marbrume, vaincre le démon.

- "Ce n'est pas le démon qui a assassiné nos parents. M-mais... il y a deux lunes... j'ai ... j'ai été enlevée à nouveau. Le démon m'a assommé et je me suis réveillée dans les égouts. C'est là qu'il vit, dame Prêtresse. Il... Il a dit que si je désobéissais, il prendrait mon âme. Il prendrait mon âme. Il s'est transformé sous mes yeux... Il... Je me suis sentie mal, comme cette nuit. Il..."

Vivait-il réellement dans les égouts ? Le monde d'Etiol avait montré une maison, avec des décors de chasse. C'était une demeure d'humain...

- "Je-je ne sais pas où il habite, mais c'est dans les égouts qu'il m'a emmené. J'étais enchai-chainée au mur..."

La voix de la petite fille s'était faite murmure, tandis que tout son corps tremblait, de plus en plus. Elle revivait la scène comme si c'était la veille, le regardait encore déambuler dans son corps d'horrible scolopendre, le voyait grimper aux murs humides, au plafond. Elle avait vaguement envie de vomir ; mais elle continua, malgré son malaise. Il le fallait absolument.

- "J'ai été malade et-et il s'est transformé en ... bête horrible. Il dit qu'il peut lire dans mon âme. Il disait que je mentais et-et c'était vrai. Il savait quand je mentais. J'ai dû lui dire pour Louis, mon pauvre petit seigneur..."

Les larmes emplissaient ses yeux à nouveau, roulaient précipitamment sur ses joues, de plus en plus nombreuses. Bientôt, elle ne vit plus rien tant elle pleurait, mais elle continua de pleurer. Sa propre âme ne comptait pas. Il fallait penser à lui, à ce trésor qu'elle devait protéger.

- "Il a dit que je devais tuer les membres du-du gang. Mais... mais je pouvais pas ! J'avais trop, trop peur et ... quand les autres m'ont obligé à venir avec eux, le chef, le chef a dit que le Sanglier avait déjà vendu mon frère ! Je sais à qui ils l'ont vendu. Je sais que c'est le démon qui l'a. Dès que j'ai pu sortir, je l'ai cherché.. J'ai attendu, attendu, à l'endroit où ... il m'avait trouvé pour la première fois, mais il n'est pas venu ! La Guilde a dit qu'ils allaient chercher mon frère, mon doux seigneur Louis, mais ..; mais-mais ils ne l'ont jamais trouvé. C'est pour ça que je dois bien travailler. Que-que je dois faire tout ce qu'ils veulent. Le gang avait enfermé Louis ailleurs, loin de la taverne. Je n'ai pas su le protéger, dame Prêtresse. C'était mon devoir, mon devoir sacré et j'ai pas pu le protéger ! Mais le démon a pris mon âme cette nuit, et tout ce que je voudrais... Je n'ai pas trouvé mon frère dans les corps. Il... Je suis sûre qu'il est vivant. Si je meurs, peut-être que je pourrais ... me battre pour lui ? Vous-vous croyez, n'est-ce pas ? Je dois l'arracher des griffes du démon..."

Elle se sentait effondrée, sans forces. Margaux désirait tellement l'en sortir ; c'était son seul et dernier souhait au monde.
Que pouvait-elle bien vouloir d'autre ?

- "Ce n'est qu'un petit garçon. Je vous en supplie... Je n'ai pas été a.. assez croyante pour écarter la me-menace, mais vous... vous oui... N'est-ce pas...?"
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyLun 13 Mar 2023 - 20:30
Le tableau ne faisait que se noircir de seconde en seconde et Louisa devait se faire violence pour ne pas réagir, ni physiquement, ni verbalement. Assassinats, enlèvement, Guilde, bande de malfrats, vente d’enfant, la petite enchaînée à un mur,… L'horreur du passé de la petite Margaux faisait naître en elle un profond malaise.

Mais pourquoi appelait-elle son frère ‘mon petit seigneur’ ? Quel était ce gang qu’elle avait mentionné? Et cette histoire de démon qui se transformait en horrible bête ? Pourquoi était-elle persuadée d’avoir perdu son âme, cette nuit ? Et, bon sang, par les écailles d’Anür, qu’est-ce que tout ça avait à voir avec cette affaire de poison ?!

Margaux parlait enfin mais chacune des informations qui sortait de sa bouche ne faisait que soulever plus de questions et Louisa n’était pas certaine d’être équipée pour gérer une situation pareille. Elle craignait toutefois que la petite arrête de parler… Si elle faisait un mouvement de travers, prononçait la mauvaise remarque, posait une question inadéquate,… Il fallait pourtant bien qu’elle progresse… Parce qu’il y avait une chose dont elle était certaine : bien que le récit de Margaux soit conté par le prisme de l’enfance, la petite lui racontait sa vérité à cœur ouvert. Il n’y avait pas de mensonge entre elles, par pour le moment en tout cas. Mais il y avait tellement d’informations, Lou’ ne savait pas par où commencer…

« Petit seigneur ? Est-ce que Louis… a un titre ? Quel âge aviez-vous, tous les deux, quand vos parents sont… décédés ? », demanda-t-elle finalement.

La prêtresse avait déjà deviné, lors de l’escale à Balazuc, que Margaux venait d’un foyer respectable, où les petites filles apprenaient à chanter des quantiques et à broder. Mais la mention de seigneur… Venait-elle du famille noble ? Mais comment deux enfants nobles avaient-ils pu passer ainsi entre les mailles du filet à la mort de leurs parents? S'il n'avait pas de famille encore en vie, ils auraient dû être recueillis par le Temple!

« Et la bande… Ou la Guilde… Tu travailles pour eux, c'est ça? Ont-ils quelque chose à voir avec ta présence à Sombrebois ? T’ont-ils demandé de faire quelque chose ici ? »

Elle garda sa voix la plus douce et neutre possible, effaçant tout jugement. En réalité, elle avait envie d’hurler, d’incendier ces gens qui s’en étaient pris à la petite fille et l'exploitaient sans vergogne. Mais elle restait sur ses gardes de peur que l’enfant, déjà convaincue d’avoir fait d’horribles choses et d’avoir fait condamner son petit frère, ne prenne son mécontentement personnellement.

Elle ne fit par contre pas encore de promesses concernant Louis… C'était trop tôt.


Dernière édition par Louisa Courtepointe le Mar 4 Avr 2023 - 11:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyMar 14 Mar 2023 - 10:30


Le silence. Il était comme un ennemi épouvantable, sournois, empli de souffrance et d'incertitude.

Enfant, elle avait toujours eu tendance à tenter de le meubler ; et une fois kidnappée, elle avait essayé de le remplir seule. Plus personne ne lui adressait la parole, à part pour lui donner des ordres, et le soir, elle avait pris l'habitude de se parler à elle-même, avant de s'endormir.

L'enfant se souvenait bien de cette dame qui s'était cachée durant la nuit au grenier, et qui lui avait raconté une histoire. Ce jour-là, la paysanne qui lui avait promis de l'aide qui n'était jamais venue ; mais la petite fille n'avait pas regretté les coups de pieds qu'elle avait reçu en représailles. Oh oui, Margaux aimait la compagnie, et, brusquement, l'intervalle au milieu de la conversation la mettait à la torture.

La prêtresse allait-elle aider son frère ? Et si elle ne la croyait pas ?

Finalement, la réponse de son interlocutrice la soulagea d'abord, avant de l'angoisser quand elle réalisa, après coup, la portée de ce qu'elle lui demandait. La noble blêmit, plissa son front, se mit à ronger ses ongles nerveusement. Avait-elle vraiment lâché que Louis était un seigneur ? C'était pourtant vrai... Au fond d'elle, dans les tréfonds de son âme, l'enfant savait qu'elle pouvait accorder sa confiance à Louisa - d'ailleurs, elle portait le même nom que son cher petit frère.
N'étais-ce pas un signe des Trois ?!

Alors elle se jeta à l'eau, le souffle chaotique, et le cœur battant.

- "C'est... Oui, c'est le seigneur de Piana, il.. il-il... Il est le chevalier fieffé puisque Père est mort. Je suis sa première vassale, je dois, je dois le protéger.. J'ai essayé de demander de l'aide, mais, mais personne n'est venu... Je n'ai pas dû... être assez claire, ou personne n'a dû trouver... On avait... Moi j'avais huit ans, et ... et-et Louis, euh.. cinq. Oui. C'était après... la cérémonie du Roy..."

Elle se frotta le front. Margaux se sentait complètement perdue, étourdie de fatigue, physique et mentale. Les propos de son cousin la poursuivaient comme des oiseaux de proie, emplissaient ses pensées encore et encore. Il savait tout. Assurait-elle vraiment la sécurité de son frère ainsi ? Que devait-elle faire ? La Guilde des Voleurs ne tenterait-elle pas de prendre le contrôle du petit garçon, si la nouvelle s'ébruitait ?

Un regain de terreur lui fit serrer les poings, et la gamine finit par balbutier :

- "Il ne faut ri-rien en dire, rien en dire, ça va le mettre en danger ! Il faut garder le-le secret, Cousin Aloys, il ne d-doit rien ébruiter, s'il vous plait ! Sinon Louis sera en danger... La Guilde d-des Voleurs, elle m'a de-demandé de livrer une fiole. Fallait que je livre la fiole à un contact, à-à la taverne. Je fais souvent la livreuse. Des messages, ou-ou des choses. Je suis pas-pas bonne à grand-chose d'autre. La Guilde, ils m'ont prise parce que le gang leur devait de l'argent. Ils m'ont pas coupé les doigts. Je les ai persuadé que je pouvais travailler très fort. ...Mais ils se vengeront si-si ça se sait que j'ai parlé. Il faut rien dire. Il faut rien dire. Tout ce que je peux faire, c'est protéger Louis. Je dois protéger Louis. C'est le seul qui compte, dame prêtresse..."

Elle avait envie de dormir, que tout soit vite fini. Elle en avait assez de toutes ces histoires, de tous ces mensonges. De cette vie malhonnête qu'elle abhorrait. Qui la dépassait complètement.

- "J'en peux plus. Je veux que ça s'arrête, dame prêtresse. J'en peux plus... Il faut le mettre... en sécurité..."

La soeur du chevalier du Piana ferma les yeux, et se roula en boule, comme si elle désirait, enfin, se protéger d'un ennemi invisible. Elle avait conscience que sa vie était terminée, que rien n'était rattrapable - mais Lui était encore sauvable. Peut-être..
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyMar 14 Mar 2023 - 21:53
Piana… N’était-ce pas le nom de ce sergent dont Margaux s’était enquis auprès de Gaël à Balazuc ? Sa prise se resserra un peu autour des épaules de la petite. Entendre ainsi parler de son père disparu avait dû être très difficile pour l’enfant et pourtant, si la question avait mis la puce à l’oreille de Louisa, elle ne s’était jamais doutée…

La prêtresse perdait déjà pied dans cette situation à la fois horrible et rocambolesque, mais Margaux se décida ensuite à lui asséner le coup de grâce. ‘Cousin Aloys’… Louisa eut l’impression que son cœur ratait un battement et il était heureux que le petite ne puisse voir son visage car son air ahuri lui aurait fait perdre toute crédibilité. Il ne manquait plus ça, vraiment. De plus, quelque chose dans la tournure de phrase de l’enfant laissait entendre que le Baron de Tourbière savait tout, d’elle et de son passé. Or, Aloys n’avait rien mentionné de tel, même lorsqu’elle l’avait interrogé au sujet de la petite. Non, le Baron ne savait pas, ce n’était pas possible… Il n’aurait pas laissé faire, pas vrai ?...

« Quel est ton lien de famille avec le Baron ? Cousin, dis-tu ? As-tu… des souvenirs de tes parents ? »
Margaux et Aloys étaient-ils des parents proches ou éloignés ? Avait-il délibérément ignoré la détresse de l’enfant ou… n’était-il simplement pas au courant ? Et s’il ne l’était effectivement pas, Margaux avait-elle la moindre preuve de ce qu’elle clamait ?

Les explications de Margaux sur cette sombre histoire de fiole faisait aussi sens. Utiliser les enfants comme passeurs, ce n’était pas vraiment original. Mais…

« Margaux… Est-ce que tu sais ce qu’il y a dans la fiole ? Et qui est cette personne à laquelle tu devais la remettre, tu connais son nom ? »

Puis, ces mot tellement ignobles dans la bouche d’une enfant, encore moins celle d’une enfant aussi douce et gentille que Margaux… ‘J'en peux plus...’ Fragilisée par les événements des derniers jours, Lou’ dut à nouveau retenir ses larmes alors qu’elle se penchait sur la petite forme recroquevillée à ses côtés. Une main vint se poser sur les cheveux de cuivre en une douce caresse et l’autre dans son dos, traçant des cercles apaisants.

« Je comprends que tout ça... Tout ça soit juste… Trop. Le Temple t’a failli et je m’en excuse. Personne ne devrait avoir à vivre ce que tu as vécu, et je ne parle même pas de ces derniers jours. Mais Louis… Ton petit Louis ? Ne penses-tu pas qu’il aimerait te revoir ? Qu’il voudra de sa première vassale à ses côtés ? Alors… Que dis-tu que nous le retrouvions ensemble, mh ? »

Louisa fit abstraction pendant un instant de la situation présente. Des accusations, de la détention. Sûrement, une enquête en bonne en due forme remettrait les pendules à l’heure. Mais elle n’était plus sûre de rien, dans ce monde… Pas après le récit de Margaux. Tout ce qu’elle voulait, c’était redonner un peu de courage à cette enfant tellement maltraitée par la vie. Suffisamment pour traverser les prochaines épreuves à venir. Et il était clair que la seule motivation de Margaux, c’était Louis.
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyMar 14 Mar 2023 - 23:41


A nouveau, l'enfant ne put répondre tout de suite. La présence de la douce prêtresse agissait comme un calmant puissant, et elle ferma les yeux, en se serrant doucement contre elle. A peu de choses près, elle pouvait s'imaginer près de Mère, à la maison. Le moment de coucher était autrefois son préféré, pour ce sentiment puissant de sécurité et d'amour.

Même si la situation était bien différente, elle se sentait en confiance auprès de la douce prêtresse. Ses mots d'espoir était comme un verre d'eau au beau milieu d'un désert ; et finalement, assez lentement, Margaux de Piana redressa sa tête, pour la regarder avec de grands yeux rougis par le chagrin et le manque de sommeil.

Elle se rongea nerveusement un ongle, tira jusqu'au sang, sans pitié. Cependant, nulle amertume ne venait teindre ses propos, qu'elle débita plus calmement, plus paisiblement. Seules ses mains tremblantes démontraient sa tension interne, malgré un doux sourire sincère envers la jeune femme.

- "Le Temple ne pouvait pas m'aider, dame prêtresse. Enfin, je crois... Ils... Je me souviens à peu près de Père et de Mère. C'est le gang qui a tout fait. Le Sanglier a tué Papa et Maman... Ils ont mis le feu à la maison. Louis... J'ai essayé. J'ai essayé vraiment fort, Louisa. Ça fait un an, à peu près... Je... si seulement je pouvais le sauver avec vous..."

Elle se frotta le nez, baissa plus humblement ses yeux d'azur. La colère refaisait surface dans son coeur, et elle serra la couverture d'une main, comme pour éloigner ce dangereux sentiment.

- "Quand mes parents ont été tués, je-je pensais que la famille nous cherchait, qu'ils viendraient nous sauver. Je croyais que la milice viendrait nous sauver. Mais personne n'est jamais venu. Cousin Aloys.. est mon cousin. Nos grands-parents étaient frères et sœurs. Il s'appelait Louis, comme mon petit frère, et ma grand-mère, Constance. Je sais que le père de Cousin... du seigneur Aloys se nomme.. Herbert. Et ... Thomas et Victori... Victoria, ce sont ses frères et sœurs. Je crois que c'est ça. Père voulait que j'apprenne la généalogie de la famille, comme j'étais assez grande. C'était étrange de le revoir... Quand il a dit qu'il savait tout..."

La noble déchue se voûta, esquissa un sourire sans joie, empli d'un désespoir absolu.

- "Je sais à qui je devais remettre le poison, dame prêtresse. Il s'appelle P'tit Jean. On m'a dit qu'il avait un bonnet bleu, avec un bouton cousu dessus, et qu'il aimait jouer aux cartes. Je sais que c'est du poison parce que j'ai vu la fiole, avant de partir. J'ai ... J'ai pas osé essayer, mais... si c'était légal, ils m'auraient pas demandé de le faire. Mais il ne faut pas désobéir. C'est trop dangereux de désobéir, et .. et-et c'est dangereux de leur parler. S'il vous plait, dame Louisa, ne vous approchez pas d'eux ! Est-ce .. vous me le promettez ?"

Elle aimait si tendrement cette femme qu'elle admirait véritablement. Dans une autre vie, elle aurait pu devenir prêtresse, elle aussi, et vivre une vie bonne, pure et honnête.
Mais le démon avait son âme, irrémédiablement. Seul son petit frère pouvait encore avoir de l'espoir. Si seulement les dires de la jeune femme pouvaient se réaliser...


Dernière édition par Margaux de Piana le Dim 19 Mar 2023 - 20:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyJeu 16 Mar 2023 - 21:46
Louisa enregistra toutes les informations transmises par Margaux dans un coin de sa tête. Elle avait soudain beaucoup de respect pour cette petite fille et la douceur dont elle faisait encore preuve après tout ce qu’elle avait traversé. Sa propre enfance n’avait pas été de tout repos, et elle ne se souvenait pas exactement de son comportement lorsqu’elle avait dix ans, mais elle était à peu près certaine qu’elle n’était déjà plus aussi généreuse, à cet âge-là.

La jeune prêtresse enfouit ensuite une de ses mains dans l’une des poches de sa robe et en sortit un mouchoir. Lentement et avec précaution, elle attrapa le cube noir qui trainait toujours sur la couverture.

« Et ça ? Tu l’as trouvé hier ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Elle resta la plus vague possible. Elle ne voulait pas influencer la petite en posant des questions trop dirigées.

Et puis, la religieuse ne pouvait pas non plus laisser Margaux complètement seule face à l’enquête, elle devait dire quelque chose. Parce qu'elle savait que ça ne servait à rien de s'autoproclamer porte-parole de la petite. Ce serait trop facile. Les enquêteurs voudraient entendre les informations de la bouche de l’enfant elle-même. Lui dire de mentir? Mh... Non. D'abord, l'histoire de Margaux tenait la route et était convaincante. Ensuite, elle insistait pour inculquer de saines valeurs aux enfants sous sa responsabilité. D'autant que dans le cas présent, mentir aurait probablement fait pire que mieux.

« Margaux, je veux que tu m’écoutes attentivement, parce que nous n’avons probablement pas beaucoup de temps devant nous avant que quelqu’un n’arrive pour t’interroger. Il y a une chose que je peux te promettre, et c’est que je ferai tout ce que je peux. Pour te protéger, pour retrouver Louis et vous mettre tous les deux en sécurité, tout en restant loin de ces gens. Mais pour ça, il faut que tu m’aides, d’accord ? Je vais avoir besoin de toi. »

Elle attendit un bref instant, celui de croiser les yeux de l’enfant, puis reprit :

« Qu’importe qui passera cette porte, il faut que tu leur racontes tout. Ce qui est arrivé à ta famille, comment ces gens t’ont enlevée et comment, depuis, ils t’utilisent pour leurs petits boulots sous les menaces. Comment ta venue à Sombrebois n’était qu’un autre sale boulot de livraison. Dis-leur tout de celui à qui tu devais remettre la fiole. Mais si c’est le Baron de Tourbière qui vient et qu’il n’est pas seul, ne parle pas de votre lien de parenté, pas encore, mh ? »

Si Aloys était seul, elle pourrait directement l’interroger sur la question, quoi qu’elle n’était pas sûre que le faire devant Margaux serait très délicat. Mais s’il était accompagné, la seule évocation publique d’un lien de parenté pourrait immédiatement mettre sa crédibilité en doute. Personne ne le penserait objectif si on imaginait qu’il enquêtait sur sa propre cousine. Au second degré certes, mais quand même. Tout ce qu’il pourrait dire ou faire serait remis en question. Elle préfèrerait alors lui en parler avant, vérifier si la révélation de Margaux était seulement plausible, avant de donner un coup de pied dans la fourmilière.

Et puis, quelque chose qu’elle avait appris de Méli :

« N’oublie pas que les informations ont de la valeur. Il y a beaucoup de gens puissants qui voudraient voir Marbrume débarrassée de ces malfrats et de la Guilde des voleurs. Et tu sais des choses… Des noms, des visages, des lieux, des plans,… Sers-t-en ! »

Le ton doux qu’elle utilisait depuis le début de leur conversation, comme si elle essayait d’apprivoiser un animal blessé, s’était durci, empli de conviction.


Dernière édition par Louisa Courtepointe le Mar 4 Avr 2023 - 11:13, édité 1 fois
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyVen 17 Mar 2023 - 10:42


La petite fille était fatiguée. Épuisée, même, après toutes ces émotions fortes, mais elle écouta, néanmoins, l'adulte avec attention.
Elle était si douce, si incroyablement généreuse ; et elle, il était possible qu'elle soit sincère. Qu'elle veuille vraiment l'aider, qu'elle resterait, au moins jusqu'au bout.

Elle songea brièvement à Gaël, à son cousin Aloys, à la milicienne qu'elle avait aidé.

Son regard glissa sur le cube noir et terne, et elle baissa la tête lentement. Il fallait dire toute la vérité - peut-être sauverait-elle sa vie, finalement ? Exécutait-on les petites filles pour avoir servi de livreuse, et pour avoir faussé des comptes ?
Margaux se rendait bien compte que la Guilde des Voleurs ne lui pardonnerait jamais sa trahison, qu'il y aurait de graves conséquences ; qu'ils tenteraient sûrement de lui couper les doigts, si la punition n'était pas pire. Mais que faire ? Avoir de l'espoir maintenant, et tenter de commencer une nouvelle vie, plus protégée, ou succomber à la peur comme elle l'avait fait depuis des mois ?

Le choix n'était pas simple, mais elle prit doucement la main de Louisa dans la sienne, fixa son regard pur et clair, si honnête et attentif qu'elle avait envie de lui accorder sa confiance.

- "Ils... ils... me feront du mal si je parle, Dame Prêtresse... Mais... c'est... c'est l'occasion de dire... la vérité, pour une fois. Oui. Vous savez, je... j'ai une preuve. Je crois qu'une milicienne m'a vu sortir de la taverne du Cochon qui Pète. Elle s'appelle Claire. On a fait une mission ensemble. Elle était à la poursuite d'un homme au masque vert. Il faisait parti d'une secte qui sacrifiait des enfants. Je suis rentrée dans la maison pour trouver des documents, des choses qui prouveraient qu'il était bien le bon coupable. Mais elle est venue m'aider ensuite, parce que la maison n'était pas vide. Elle m'a emmené au Temple après, parce que j'ai été blessée. Mais je me suis sauvée. J'ai eu peur que les hommes du gang sachent que j'faisais... Que j'avais aidé la milice. J'ai juste laissé une lettre."

L'enfant se tritura les doigts, le souffle un peu chaotique. A nouveau, elle jeta un coup d’œil à l’objet étrange. Etait-il une porte vers le monde d'Etiol ?

- "Le... ce cube... il était sous le lit. Je l'ai trouvé, et-et j'ai joué un peu avec. Mais après, j'ai été malade, alors.. j'ai arrêté. Et après..."

Margaux déglutit. une onde d'angoisse la parcourut tout entière. Et si la prêtresse pensait qu'elle était maudite, possédée ?
Elle blêmit fortement, s'accrocha littéralement à sa robe, de ses deux poings serrés. Il ne fallait pas mentir à une prêtresse. Plus jamais !

- "Après... Après... une petite fille a ouvert la porte. Les gardes étaient partis. Elle m'a invité à venir jouer, et je me suis dit que la Guilde des Voleurs l'avait envoyé. Alors j'ai fini par la suivre... mais... mais le couloir... est devenu différent... J'étais toute seule, il faisait noir, et il y avait comme du sang sur les murs... Et il y a eu ce bruit de crécelle... il se rapprochait, et la voix... Alors je me suis enfuie pour retrouver la chambre, mais ... Je ne suis pas sûre que c'était vraiment le tem-temple, prêtresse Louisa... Le couloir était si long... Et une femme m'a aidé, elle m'a poussé dans un autre couloir, et le démon l'a tué !"

La scène horrible passait en boucle devant ses yeux, alors que son souffle s'accélérait sous l'effet de la terreur. Elle se cacha les yeux qui s'emplissaient à nouveau de larmes, mais se força à continuer. Il fallait l'entière vérité. Elle n'était peut-être pas une bonne croyante, mais Louisa saurait tout. Il le fallait.

- "Je-je ne savais pas quoi faire !! Elle avait dit de me cacher... Il avait transpercé.. son corps ... avec sa... sa main... à travers la porte... et-et je me suis sauvée sans l'aider ! Il y avait des cadavres pendus partout, dans toutes les pièces, dans toutes les pièces, que le démon avait mangé ! Et-et finalement je me suis cachée dans un placard ! Après... après ... le démon est parti... je l'ai entendu s'éloigner, et les ca-cadavres, ils sont tous tombés."

Cette fois, les gouttes d'eau salées cascadaient sur ses joues, et la petite fille ne pouvait s'empêcher de se balancer lentement d'avant en arrière.

- "J'ai fini par sortir, et je voulais chercher une arme, mais j'en ai pas trouvé... je voulais chercher Louis... je voulais le protéger du démon... Même s'il a mon âme, Dame Prêtresse, je suis pas méchante, je suis pas méchante ! Je dois protéger Louis... Mais je l'ai pas trouvé... Il y avait des numéros sur... le front... et une lettre... A.. toujours des A... Et... et-et.. la dame... elle avait 34.. 34 gravé... Elle était par terre, alors j'ai poussé la porte.. Je me suis dis, peut-être que Louis était ici ? Il était peut-être venu me chercher ici ? Mais c'était plus le Temple, après ! Je crois que c'était la maison de la Bête. Le démon des égouts. Il-il... il était là, et il disait que quelqu'un avait volé son oeuvre... Ensuite, je crois que c'est Mélisende qui est en-entré. Elle l'a tué. Je sais pas pourquoi elle disait que Louis était son petit frère. Elle ressemblait à-à Mélisende. Elle avait les cheveux roux comme elle. C'est une a-a-mie. A moi. Elle a dit que fallait plus avoir peur des Hommes... et... ensuite... elle a dit de me réveiller... et je suis re-revenue ici..."

Ses épaules contractées tremblait de plus belle, et elle secoua très fort la tête.
- "Je-je suis allée dans le monde d'Etiol. Le démon a pris mon âme. Il a dit dans les égouts.. il a-a dit qu'il la mangerait si j'étais dé-désobéissante. Dame Prêtresse... Si je de-deviens prêtresse co-comme vous, si je-je suis sincère, les dieux, ils laisseront mon-mon âme monter jusqu'à eux...Hein?"

Soudain prise d'une impulsion, la petite fille lui montra le bout de ses doigts gris et légèrement ratatinés.

- "Re-regardez, il avait commencé à me manger, mais mon a-amie m'a sauvé ! Elle... elle ve-venait parfois me v-voir à la taverne. Elle me louait. C'est mon a-mie."
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyDim 19 Mar 2023 - 14:47


Une sombre matinée
Rosen feat Margaux et Louisa


Après avoir fait un détour pour aller trouver la coutillère de Chantebrume et lui raconter la situation, c’est donc à elle que j’ai confié l’enquête. Je lui ai demandé de faire le point avec la milice et que tout ordre du baron de Tourbière soit refusé à Sombrebois.

Pour le dénommé Almère, il n’a pas été arrêté pour l’heure. Bon. Je lui ai donc demander d’essayer de le faire retrouver si possible pour l’interroger, même si de ce qui a été dit ce dernier ne semble pas être une menace. Mais je dois prendre des mesures en tant que baronne de Sombrebois. Je ne peux pas me permettre d’être négligente.

Je me suis ensuite dirigée vers le temple, mon panier avec moi. Je ne vous raconte pas le nombre de pauses que j’ai fait sur le chemin pour ne pas défaillir. Je n’ai pas assez de doigts pour les compter… Une fois arrivée, j’ai tapé doucement à la porte après avoir rapidement salué les idiots de miliciens qui surveillent.

Entrant ensuite, j’ai la surprise de voir la prêtresse ici. Et la porte était fermée… D’accord, mes directives n’étaient pas assez claires. Mais faut-il vraiment que je sois partout ? J’abandonne l’idée de me disputer encore. J’ai eu ma dose avec l’autre décérébré et les miliciens aux portes du fort.

Je soupire en refermant la porte.

« Bonjour, ma sœur. Je suis venue interroger l’enfant. »


Enfant qui est recroquevillée contre elle dans un triste état. Je fais quelques pas pour m’asseoir sur le lit. Au moment de poser mon panier, je remarque qu’il y a déjà de la nourriture.

« Mais puisque vous êtes là, ça tombe bien. J’aurais quelques questions à vous poser aussi. » 


Je soupire en essayant de sourire.

« Bon... je suis désolée petite Margaux… J’aurais vraiment aimé pouvoir faire autrement, mais le fait est que je n’ai pas vraiment eu le choix. »

Oui, je m’en veux quelque part de ne pas avoir pu régler cette histoire comme le ferait n’importe quel seigneur sur les terres qu’il gouverne. Mais visiblement, je me suis fait retirer cette carte ce matin.

 « Je t’ai amené un peu à manger, mais il va falloir que tu répondes à quelques questions, d’accord ? Je ferai tout mon possible pour t’aider. Mais pour ça, il faut que tu me dises la vérité, c’est important. Savais-tu ce qu’il y avait dans cette fiole et comment l’as-tu eue ? Explique moi un peu tout ça. »


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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyDim 19 Mar 2023 - 16:55
Le récit de Margaux quant à ce qu’elle avait traversé lorsqu’elle avait touché le cube horrifia encore plus la jeune prêtresse mais un nom fit également s’emballer les battements de son cœur. Les yeux fixés sur le bout des doigts grisés de l’enfant, Lou’ réfléchissait à toute vitesse. Mélisende… Quelles étaient les chances pour qu’il y ait plusieurs Mélisende aux cheveux roux à Marbrume? Qu’est-ce qu’elle venait faire là dedans? Et elle… louait… la petite fille ? Louisa serra les dents tout en cherchant une réponse appropriée à apporter à Margaux. Mais du mouvement derrière la porte l’interrompit et elle fit rapidement disparaître le cube dans l’une de ses poches.

À l’entrée de la Baronne, seule, Louisa se leva du lit et la salua d’une révérence rendue un peu raide par la fatigue.

« Votre Honneur… »

Elle s’écarta alors un peu pour laisser le loisir à la Baronne de se déplacer, mais surtout de s’asseoir sur le lit. La Dame semblait toujours dans un sale état, prête à s’effondrer au moindre coup de vent, et elle se voyait mal partager le petit espace moelleux avec Margaux et la nouvelle arrivante. Elle alla donc s’appuyer contre le mur le plus proche après un dernier regard vers la porte - fermée. Pas de Baron, donc. Que s’était-il passé?

Mais la Baronne avait des questions pour elle? C’était un peu surprenant. Quelles informations pourrait-elle avoir que Margaux ou le Baron n’avaient pas déjà? Elle acquiesça toutefois poliment.

« Je suis à votre disposition, Votre Honneur… »

La Dame reporta alors son attention sur l’enfant et Louisa accrocha le regard de Margaux. Elle lui fit un petit signe de tête encourageant vers la Baronne. C’était effectivement le moment de dire toute la vérité. La seule chose qui dérangeait encore Louisa, c’est que l’enfant lui avait dit avoir deviné ce qui se trouvait dans la fiole parce qu’elle avait vue celle-ci et parce que ses commanditaires ne lui auraient pas confié cette mission si elle avait été légale. La prêtresse aurait bien été en peine de reconnaître un poison à sa seule vue et le raisonnement de la petite, bien que juste, avait peut-être été un peu hâtif. Il existait notamment des drogues qu’il était tout aussi illégal de transiter et le fait que Margaux soit au courant de ce qu’elle transportait était pour Lou’ le point le plus négatif de cette affaire. À voir ce que la Baronne en ferait.
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Margaux de Piana
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyDim 19 Mar 2023 - 18:34


L'enfant avait du mal à reprendre son souffle.

Elle se sentait sans force, incapable de réfléchir correctement. Les les larmes obscurcissaient son champ de vision, mais elle se força à les les balayer d'un revers de main, comme pour tenter de surmonter sa crise nerveuse. Elle entendait déjà les hommes de la Guilde des Voleurs se moquer d'elle, de sa faiblesse ; mais l'entrevue avec Louisa, cette nuit et les évènements précédents avaient comme anéantis sa résistance.

Margaux n'attendait pas vraiment de réponses de la part de la prêtresse ; à vrai dire, sa présence suffisait simplement à lui apporter du réconfort, et elle serra la main, presque convulsivement, lorsque la porte s'ouvrit.

Elle sursauta, mit quelques minutes à la reconnaitre. Puis elle se rappela la dame assise sur une chaise afin de les accueillir après leur long voyage, s'efforça de laisser de côté le souvenir terrible de son cousin l'envoyant en prison, lui murmurant qu'il savait tout.
Elle se concentra sciemment sur le panier de nourriture, détailla l'expression tirée et pâle de l'adulte, la belle robe brodée de l'adulte.

La petite fille se redressa, à l'instar de la prêtresse, laissa la noble se laisser choir sur le lit, avant de s'incliner avec autant de grâce que sa jambe blessée lui permettait.
Louisa accrocha son regard, puis le baissa avec humilité devant la baronne, tandis que cette dernière s'adressait à elle.
Il était de nouveau question de la fiole brandie par son cousin, et la fille du seigneur de Piana plissa son front. Il fallait toute la vérité. Elle était dans une Temple ; et il était hors de question qu'elle déçoive la douce prêtresse qui lui accordait sa confiance.

- "Bonjour, votre Honneur..."

Elle avait du mal à comprendre pourquoi la noble semblait si désolée, et pourquoi elle n'avait pas le choix. De quoi pouvait-elle bien parler ?

- "Euh... ce n'est pas grave, votre Honneur. Je vous remercie de votre bonté."

Il y avait tellement de monde ici qui se comportait décemment envers elle. Tant de gentillesse et d'attention relâchait ses nerfs, bien que tout semblait étrangement plus net. Elle voyait chaque chose avec une étrange acuité, comme si la Guilde des Voleurs pouvait surgir à tout moment pour lui régler son compte.
Elle déglutit, leva des yeux peu assurés en direction de la Dame, se tritura un peu les doigts. Elle se rendait compte brusquement comme posséder la fiole sur elle devait sembler suspect aux yeux des autres ; et il n'y avait rien qu'elle puisse y faire. Plus rien du tout.

- "Je... Je transportais du poison, votre Honneur. Je crois. C'est un des hommes... de la Guilde d-des Voleurs qui m'a ordonné de l'apporter à son contact ici. Il m'a donné ça. C'est parce que... je dois travailler pour la Guilde des Voleurs. Avant... J'étais dans une taverne. C'est compliqué. Le Gang des Rabatteurs devait de l'argent à la Guilde des Voleurs. Ils sont venus et-et ils m'ont prise avec eux. Avec les doigts. Pour se dédommager. J'étais... p-plutôt contente, parce que... parce que ... le Sanglier, et les autres, je les détestais tellement. Ce sont des bandits. Mais... ce sont tous des coquins. De vils coquins."

Et elle en faisait partie. Elle serait forcément assimilée à ces gens-là, et l'idée la détruisait littéralement à petit feu. Elle n'en pouvait plus de cette vie !
L'enfant regarda la prêtresse avec désespoir, tandis qu'une crise de panique menaçait son souffle.

- "Je crains de ne pas être claire. Je ne fais pas partie de la Guilde des Voleurs. Je... je ne l'ai jamais voulu, votre Honneur. Je ne veux pas être un bandit."

Elle se souvint du passeur qui l'avait amené par bateau à cette bicoque, à qui elle avait dû livrer des drogues. Il avait qu'elle n'était qu'un marcassin. Peu importait qu'elle le veuille ou non ; elle était devenue ce qu'ils voulaient qu'elle devienne. Margaux se voûta, tritura nerveusement ses mains, sans qu'une lueur d'espoir n'illumine ses yeux un peu éteints.

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Rosen de SombreboisBaronne
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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyDim 19 Mar 2023 - 20:36


Une sombre matinée
Rosen feat Margaux et Louisa


J’adresse un signe de tête à la prêtresse. La fillette elle, semble terrifiée, rien de plus normal. Elle se lève alors à son tour pour exécuter une révérence étonnante qui me fait presque tiquer. C’est étrange ça ?

« Appelle moi Dame Rosen,
lui dis-je d’un ton doux. Oui, ce n’est pas grave. On va faire ce qu’on peut pour rattraper tout ça. »

Votre honneur… étrange encore une fois. Enfin, je ne vais pas la paniquer davantage en lui disant qu’elle risque gros, elle le sait déjà très bien.

« Du poison. »

Et merde. Elle semblait savoir ce qu’elle transportait, ce qui ne jouera malheureusement pas en sa faveur. J’espérais le contraire, mais c’est déjà une bonne chose qu’elle dise la vérité. L'espoir réside dans le doute qu'elle pouvait avoir... La guilde des voleurs. Autre fléau d’un autre temps. J’écoute attentivement son histoire, je ne peux pas me permettre d’être distraite par l’épuisement ou la douleur de ma plaie qui tiraille à cause de l’effort.

Il y a beaucoup d’informations et je crains que cela ne soit confus. Le débit et rapide, angoissé, et la petite articule mal. De plus, au fur et à mesure de ses mots, un frisson désagréable me parcourt et c’est un désarroi que je refoule avant qu’il ne puisse émerger. Non pas le temps de repenser à tout ça. Il faut agir vite, à cause de l’autre crétin, tout le bourg doit être en effervescence à présent et déjà trop de temps s’est écoulé.

« Écoute-moi bien, lui dis-je en relevant son menton pour la recentrer. Une enquête est actuellement en cours pour comprendre ce que tu faisais avec cette fiole. Si tu es capable de me donner des indications pour faire arrêter ces personnes pour qui tu faisais l’intermédiaire, ce sont elles qui seront inquiétées. Est-ce que tu comprends ? Ce contact à qui tu devais remettre la fiole. Il faut le retrouver au plus vite et chaque seconde compte à présent, et il est peut-être même déjà trop tard. »

Je reprends une grande inspiration, le sentiment d’urgence commence à m’angoisser moi aussi et le simple mot taverne m’a presque fait tourner de l’œil.

« Comment est-il, quel est son nom ? Ou devais-tu le retrouver ? » 

Il va falloir que je fasse venir la coutillère en urgence car elle avait malheureusement une tache à finir avant de pouvoir venir voir la gamine. C’est elle que j’ai chargé de l’enquête, alors ce sera aussi à elle d’organiser les recherches avec son équipe, le plus efficacement possible.

« Ça va aller, d’accord ? Si tu as dit la vérité, on va finir par leur remettre la main dessus et tu seras mis hors de cause, tu n’auras plus de soucis à te faire. »


Faut-il l’espérer.

« Et la personne qui t’a envoyée, qui est-ce ? Son nom ? » 

Je regarde ensuite la prêtresse dans l'espoir d'un détail complémentaire qui pourrait aider.

« Si vous avez une quelconque information importante à rajouter à ce sujet je vous en prie, il faut faire vite à présent. » 

Je veux y croire, qu’il existe une justice dans ce putain de monde et que les Dieux ne s’amusent pas à détruire de façon sadique toutes les petites filles de ce monde.

Si seulement Roxanne était là… elle pourrait la sauver d’un claquement de doigts. J’en suis sûre. Rien n’était impossible pour Roxanne... Maudite Roxanne ! Pourquoi ! Puisse les marais t’avoir définitivement emportée et Etiol ton âme dévorer !


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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée EmptyLun 20 Mar 2023 - 19:41
Si Louisa avait déjà eu des difficultés à mettte un peu d’ordre dans ce que Margaux lui avait raconté, elle se demanda comment la Baronne allait s’en sortir avec le discours maintenant on ne peut plus décousu de l’enfant. Même la jeune prêtresse, qui venait pourtant de s’entendre raconter la même histoire en un peu moins condensé, avait du mal à suivre. Le doute qui marquait ses traits s’etompa toutefois au fur et à mesure des questions de la Dame. Elle avait semble-t-il compris et admis l’essentiel: la petite n’était qu’un intermédiaire et il fallait faire vite avant que ses commanditaires ne prennent la poudre d’escampette.

C’était pourtant ce que Lou’ craignait depuis l’arrestation théâtrale de Margaux en place publique la veille: que son contact se fasse la malle ou tente de faire taire l’enfant avant qu’elle n’ait eu le temps de parler. Seule la promesse de la présence de miliciens à la porte de la pièce où Margaux serait détenue l’avait rassurée sur ce dernier point. Elle n’avait donc pas vraiment compris pourquoi ni le Baron ni la Baronne n’avait tenté d’éclaircir cette histoire dès leur arrivée. Le fameux P’tit Jean pouvait maintenant très bien se terrer dans les bas-fonds de Sombrebois comme être à mi-chemin de Marbrume… La possibilité qu’il ne soit pas seul était aussi à contempler. Et toujours cette histoire de sac qui la dérangeait… Pourquoi Margaux lui avait-elle demandé de soustraire son sac, qui avait ensuite si commodément disparu, à l’attention de la milice? Qu’est-ce qu’il contenait pour que la petite, qui avait clairement un profond respect des Dieux et du Clergé, demande à une prêtresse de subtiliser un objet? Ne souhaitant pas compliquer encore plus les choses, Louisa donc garda ses interrogations pour elle.

« Je n’en sais pas beaucoup plus que vous à présent, Votre Honneur. », répondit-elle à la question de la Baronne avec un signe de tête poli.
Il n’était pas question de mentionner le possible lien de famille avec le Baron de Tourbière, pas encore. D'abord, ça n'aiderait pas l'enquête. Ensuite, si Margaux lui avait raconté des bobards, c’était toute sa crédibilité, et celle de l’enfant, qui s’effondreraient. Il y avait toutefois un détail qui la taraudait et, bien qu’il n’aiderait pas non plus à attraper le coupable, il donnerait du poids à la version de la petite fille.
« Le petit frère de Margaux a également été enlevé. Il semblerait que la Guilde ait promis à Margaux de le retrouver si la petite faisait bien son travail. Sinon …» Elle laissa sa phrase en suspend. Elle n’avait pas envie d’ajouter à la détresse de Margaux en répétant la moindre menace.

Dans un coin de sa tête toutefois, Lou’ se permit de douter. La Guilde n’avait-elle pas juste profité de la naïveté de la petite? Louis était-il seulement encore en vie? Mais s’il l’était et que la Guilde pouvait effectivement l’atteindre, il était terriblement dangereux de laisser le coupable s’échapper. À ses yeux, la vie de Margaux était déjà en danger, et pas qu’en raison des accusations à son encontre mais aussi et surtout de la revanche de ses ravisseurs. Et si ‘P’tit Jean’ parvenait à Marbrume, sans doute la vie de Louis le serait-elle aussi.


Dernière édition par Louisa Courtepointe le Lun 20 Mar 2023 - 20:27, édité 1 fois
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