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 Une sombre matinée

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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyLun 20 Mar 2023 - 20:22


La petite fille s'apaisa un peu. Les deux adultes la rassuraient un peu par leur douceur et leur gentillesse ; et détendit légèrement ses épaules tremblantes.

Elle était habituée à être enfermée entre quatre murs, mais ils parurent encore se rétrécir. De profonds frissons agitaient ses bras, et elle fixa le visage bienveillant de la noble qui lui faisaient face. Elle savait que la Guilde des Voleurs ne laisserait jamais passer sa défection, et elle songea à son frère. Ne devrait-elle pas mourir pour être à peu près sûr qu'on l'oublierait ? L'avertissement de son supérieur résonnait encore à son esprit - mais ils ne croiraient sans doute pas à son "innocence" à leur encontre, même si elle ne lâchait plus un mot de plus.

Une interrogation passa brusquement dans son esprit. Le Baron de Sombrebois ! Ne pouvait-il pas l'aider ? Où était-il ? Elle l'a croisé quelques fois, et peut-être, peut-être, s'il pouvait la reconnaitre ?! N'étais-ce pas une chance inespérée ?
Elle ne reconnaissait certes pas son épouse, mais elle supposa qu'en deux ans, bien des évènements pouvaient se produire.

- "Je sais où se trouve la Guilde des Voleurs, ou en tout cas, j'en connais l'entrée. Il y a des couloirs, mais on me bandait les yeux. Je sais que le chef s'appelle Léon, mais... mais si je me concentre, je... je pourrais vous aider à le dessiner. Il y a la... La... Il y a Kef, c'est lui qui était mon surveillant. Il est très grand et puissant. Et d'autres, à la Guilde, mais je ne faisais que les croiser. Ils ne me parlaient pas. P'tit Jean, celui à qui je devais donner la fiole, je sais qu'il est borgne. Il a un chapeau bleu avec un bouton. Mais je ne sais pas à quoi il ressemble précisément..."

La petite fille baissa les yeux, inspira profondément.

- "Dame Rosen. Mon père était le seigneur de Piana. Le gang des Rabatteurs l'a tué, et ma mère aussi. Ils ont volé des bijoux qui appartenaient à ma famille. Quand ils nous ont capturés, mon pe-petit frère et moi, je pensais qu'on viendrait nous secourir. Les choses sont allés de mal en pis. Quand la Guilde des Voleurs m'a récupéré, ils voulaient me-me couper les doigts. Mais j'ai dit que je pouvais travailler... Peut-être que ça aurait été mieux qu'on me coupe les doigts. Mais... je.. je-je ne pouvais pas leur désobéir, Dame Rosen. Il ne faut pas qu'ils retrouvent mon petit frère, le seigneur Louis, avant moi. Ils vont le pendre... C'était ce que Kef à dit."

Elle déglutit péniblement. Sa gorge et ses lèvres étaient sèches, et elle se sentait plus fatiguée que jamais, comme si une chappe de plomb appuyait sur sa tête.

- "Dame Rosen, le baron de Sombrebois nous voyait de temps en temps avant la Fange. Si je pouvais le voir, il me reconnaitrait peut-être ! V-vous sauriez.. vous sauriez que je ne mens pas... Je... je devais juste livrer cette fiole. Peut-être que si vous me laissez aller à la taverne, on pourrait encore trouver P'tit Jean ! Et.. et on lui tendrait un piège. Vous n'aurez qu'à me faire suivre par des miliciens. Mais je vous jure, je vous jure par les Trois que je n'oserai pas fuir. Sans ma canne, je ne peux pas courir, de toute manière."

La noble déchue ferma ses yeux, essaya de conserver son calme.

- "Je ferai tout ce que je peux pour vous aider. Mais... mais vous devrez faire protéger Louis... Le retrouver et le protéger, je vous en supplie ! Il est mon seigneur, et je lui dois loyauté et fidélité. Jamais... je-je ne peux pas le trahir. Je ne peux pas l'abandonner ! ...Ce n'est qu'un petit enfant..."

Pouvait-elle faire plus pour l'aider ? Elle n'avait aucun autre moyen pour le faire, mais elle eut soudain une inspiration.

- "A-a la taverne du Cochon qui Pète, ils savent que... que je suis noble ! C'est eux qui ont tué Père ! ... Ils sauront aussi, ils sauront aussi que j'ai été conduite à la Guilde ! C'est un endroit dangereux, mais... mais ils savent qui a acheté mon frère. Ils ovus donneront des réponses, j'en suis sûre !"


Dernière édition par Margaux de Piana le Jeu 23 Mar 2023 - 10:05, édité 1 fois
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyMar 21 Mar 2023 - 0:38


Une sombre matinée
Rosen feat Margaux et Louisa


A chaque fois que je recroise son regard perdu empreint d’angoisse, c’est d’autant de nouveaux coups de poignard que j’ai l’impression de recevoir. Si elle me semble se tranquilliser un peu, sa nervosité est toujours bien visible. Et le flot de paroles reprend de plus belle, toujours plus riche en informations à trier ; se concentrer sur l’essentiel, la priorité et voir le reste plus tard.

« Calme-toi une seconde et respire », lui dis-je alors.

La respiration, c’est la seule chose qui arrivait à tenir à peu près en respect ces étranges maux vomitifs et nauséeux qui me rongeaient pendant ma grossesse. La seule chose qui arrive à peu près à calmer les crises d’angoisses nocturne. Je prends une cruche et lui rempli un verre d’eau que je lui tends.

« Bois lentement. »

Si j’essaie de la calmer, c’est mon cœur qui bat de plus en plus vite et mon souffle qui se fait de plus en plus inefficace. Je ne peux rien faire si nous ne sommes pas capable l’une et l’autre de garder notre sang froid et je me mets à être prise d’une violente quinte de toux pendant quelques secondes. C’est de justesse que je contiens un renvoi.

« On reprend. Parle lentement, d’accord ? Tu es capable de dessiner qui ? Le chef de la guilde des voleurs ? ‘Kef’ c’est lui ? » 

A moins que ce ne soit ce Doug ?! Je ne sais plus… et le Jean, c’est qui ?! Bordel... J’essaie de sourire encore, mais ça me coûte terriblement.

« C’est très bien, Margaux. C’est vraiment très bien. Si tu offres l’opportunité de démanteler cette guilde, cela sera pour la justice une très bonne raison de te garder en vie. »

La calmer avant de poursuivre. J’ai l’esprit en marmelade et malgré l’épuisement, j’ai l’impression d’être une boule de nerfs impossible à tenir en place.

« On se concentre sur la priorité, d’accord ? Redis-moi comment reconnaître cette personne. Tu as dit que ce type était borgne ? »

Voilà selon moi la meilleure indication à retenir. Mais les miliciens ici sont tellement cons qu’ils seraient capables de passer à côté d’un cyclope sans ne rien remarquer. L’enfant se dit noble. La fille du seigneur de Piana… et c’est là que je fais le lien. La révérence parfaite, le vocabulaire adapté et soutenu. Ça colle, j’en suis sûre. Elle doit dire la vérité.

« Qui est Louis ? Quelqu’un de ta famille ? Mon mari n’est plus… mais il y a forcément quelqu’un que nous pourrions retrouver qui te connaît. Margaux… as-tu encore de la famille, même lointaine ? Ou quelqu’un quelque part qui pourrait te reconnaître ? »

J’essaie de ne pas m’éparpiller ni me perdre, de rester à l’essentiel.

« Ça va aller. On va faire envoyer quelqu’un à cette taverne. On va retrouver tous ces gens, d’accord ? On va… »

Mon gosier se resserre, ma mâchoire me fait mal et un poids écrasant dans la poitrine. Cette sensation est insupportable. Cruelle facétie des Dieux… Si elle était blonde, je jurerais être en face de moi même à son âge. Oui, j’ai toujours tout très profondément refoulé. Mais cette détresse, je la connais bien. Très bien. Elle a toujours été là et le sera toujours.
Il faut que je me calme, je suis en train de trembler.

[Qu’est-ce qu’on a bien fait de l’acheter c’te gosseline aussi.]

Vous… vous m’avez... 


[T’as jamais eu à te plaindre, on s’est toujours bien occupé de toi. ]


Je secoue la tête pour me sortir ça de la tête. C’est pas le moment !  

[Ah, ça ! Elle a toujours été attirée par la couleur… Plus les habits sont colorés, et plus vous pouvez être sûre qu’elle papillonne ! ]

Je prends une bruyante respiration. J’ai mal au crâne…

« Je... »

[Cette gourgandine… elle mériterait bien de se faire lapider ! ]

« J’essaie de réfléchir... »


Quel exploit titanesque !

[N’empêche que c’est qu’une petite pute à noble ! Ou une pute tout court même !]


« Bon on va... »

Les voix s’enchaînent encore et encore et ma tête va exploser.

Agrippant mon crâne dans mes mains, j’étouffe un gémissement à moitié rageur et à moitié douleur. ASSEZ ! C’est insoutenable. Je relève la tête difficilement, le regard un peu vague.

« Excusez-moi, j’ai… j’ai un peu mal au crâne... »

[Sautez donc, Rosen. Tête la première pour être sûre de mourir. ]

...

[Eh bien ? Qu’attendez-vous donc ? Dois-je vous pousser ? Êtes-vous à ce point lamentable que même mettre fin à vos jours vous demande trop d’effort ? Faut-il que je vous tienne la main pour vous aider à monter cette dernière marche ? ]


Fermez-là bordel de merde ! Fermez là !

[J’ai donc décidé que tu devais mourir.]

C’est pas possible, je vais jamais y arriver…

[Rosen, non !]

Le cri dans ma tête me fait sursauter comme s’il était réel.

[Parle-moi, crie s'il le faut. par-dessus tout, Rosen, parle-moi. ]

Plus rien n’a de sens…

[Parle-moi Rosen. Parle-moi.]

Maudites voix, mais vous allez la fermer et me laisser tranquille à la fin !

[Je ne veux pas avoir à t'attacher pour t'empêcher de te faire du mal, ni à te faire flanquer de gardes ]
 
Mais il faudrait savoir à la fin ! Vous voulez que je crève ou pas ?! J’en peux plus de toutes vos conneries ! Je suis encore en train de lutter, de batailler contre moi même alors que chaque seconde compte.

[Que la maladie vous frappe, et que la mort vous emporte]

Ah non pas lui ! Manquait plus que ce con là maintenant, tiens !

[Rosen il faut manger ! Promis ?]

STOP !

Des pleurs résonnent désagréablement stridents, mais s'estompent doucement comme je les chasse de mon esprit.

« Non… je ne peux pas te faire sortir d’ici. Pas pour l’instant. »

Si je me concentre un peu, je vais y arriver. Ça va aller. Faut juste les ignorer... les ignorer.

Si je fais sortir la fillette, ça me retomber dessus et cela serait louche. Mais l’idée du piège est intéressante. Il faut juste la modifier un peu… Je regarde la prêtresse.

« Avez-vous une fiole ? N’importe quoi fera l’affaire. Une fiole de remède divers, de vin… même une fiole d’urine ferait l’affaire. »


C’est une prêtresse, elle a forcément une fiole sur elle. Sinon je trouverai ça assez facilement, mais nous perdrions encore de ce temps si précieux.

« C’est vous qui allez retrouver ce type et lui remettre une fiole quelconque au nom de Margaux qui vous l’aura soi disant remise ici puisque elle est retenue captive. Deux miliciens en civil vous suivront discrètement, on va tout leur expliquer. Et deux fois plutôt qu’une… Vous direz qu’il s’agit de la fiole qui devait être remis de la part de ce... »

Putain je ne sais plus. Je regarde la gamine pour qu’elle me donne le bon nom de son commanditaire. Vaudrait mieux pas se tromper et sortir un mauvais dans les trois…

« Et vous direz bien fort le nom de Margaux pour être sûr que les miliciens l’entendent. Ensuite, une fois qu’il l’aura pris et qu’il sera tombé dans le piège, les miliciens le mettrons au fer avec cette preuve. »


Je regarde à nouveau la fillette.

« Où devais-tu retrouver ce borgne ? Quel était le point de rendez-vous ? S’il n’y est plus, je ferai fouiller le village de fond en comble. On va le retrouver, même s’il n’y est plus. Je ferai fouiller tout le royaume s’il le faut. »

Ne croyez pas que j’en sois incapable… je pourrais vous surprendre. Des coups rapides sont alors frappés et la porte s'ouvre.

« Me voilà enfin. »

Une jeune femme s’approche et j’ai le soulagement devoir qu’elle est enfin arrivée. On va gagner un peu de temps !

« Vous tombez à point, coutillère de Chantebrume. »

Cette femme est remarquable. Si elle aussi a été grièvement blessée durant l’attaque, on dirait qu’elle est en pleine forme et mon intuition me dit qu’elle aussi en fait trop et devrait se reposer. Je lui explique donc l’histoire le plus rapidement possible.

« Voilà ! Nous allons donc tenter de le piéger comme cela. Et s’il ne se trouve plus à Sombrebois, il faudra envoyer des hommes à sa recherche aux abords du village. Ça ne fait pas un jour complet, il ne doit pas être bien loin quoi qu’il en soi. Il faut arrêter ce type d’une manière ou d’une autre et faire fouiller chaque coin du bourg, chaque maison, chaque pièce, chaque cave. Que tout soit en totalité passé au peigne fin. Il est borgne, on devrait le reconnaître assez facilement. Ensuite je vous laisserez gérer tout ça et j'irai me reposer un peu. »

Parce que mine de rien, j'en ai bien besoin !

Je regarde la prêtresse dont je ne connais même pas le nom.

« Êtes vous bien d’accord pour mener cette mission à bien ma sœur ? »


 Le plan est presque parfait, il vaut mieux espérer qu’elle ne refuse pas.


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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyMar 21 Mar 2023 - 20:11
Louisa suivit les interactions entre Margaux et la Baronne avec attention. Au moins ne s’était-elle pas trompée sur cette dernière: elle croyait l’enfant et avait pour volonté de l’aider. Elle ferait une alliée de taille dans les potentiels débats à venir. Toutefois, lorsque les questions se portèrent sur une possible distante famille restante, la jeune femme serra les dents mais choisit de se taire.

La Baronne sembla ensuite se perdre pendant quelques instants. Le regard distant, les traits tendus,… La prêtresse fit un pas en avant, inquiétude et interrogations clairement visibles sur son visage.
« Votre Honneur? Vous allez bien? »
Mais la Dame sembla s’arracher seule à ce qui l’accablait et la discussion prit soudain un tour bien étrange.

Non, Lou’ ne se baladait pas avec des fioles dans les poches, encore moins d’urine… Elle n’était pas un apothicaire ambulant.
« Je n’ai pas de fiole sur moi mais dans mes affaires, oui… », répondit-elle, un peu dubitative. Elle avait ramené le nécessaire qui avait servi à soigner les blessures du Baron la veille et il y avait bien une fiole de solution désinfectante qui ferait l’affaire.

Puis, la Baronne exposa son plan et Louisa ne put empêcher un sourcil curieux de s’arquer. Mais on toqua à la porte avant qu’elle ne puisse en caser une et la Dame répéta son plan à la coutilière qui les avait rejoint. Elle avait donc bien entendu…

Si le contact qui devait récupérer la fiole savait que le livreur était la petite Margaux et qu’il attendait toujours sa livraison au point de rendez-vous après l’arrestation théâtrale de la veille, ce devait être le type le plus demeuré de la Terre. La seule raison valable pour que le fameux P’tit Jean soit toujours là serait qu’il ne soit en réalité pas au courant de l’identité de son passeur et qu’il ait pris l’arrestation de la veille pour une coïncidence. Les raisons de ladite arrestation étaient effectivement restées très vagues.

« Si je puis me permettre, et la Coutilière m’arrêtera si je me trompe… Mais si cet homme sait que Margaux est son livreur, il n’y a aucune chance qu’il soit au rendez-vous, pas après la scène d’hier. Toujours à Sombrebois, peut-être, mais pas à l’auberge… S’il y est, c’est qu’il ne sait pas qui est son passeur et jeter le nom de Margaux à tort et à travers pourrait lui mettre la puce à l’oreille. S’il est là, et c’est un grand ‘si’, la ruse ne serait-elle pas plus efficace si je me faisais directement passé pour la livreuse? »

Elle savait que certains de ses Frères et Soeurs trainaient dans des combines peu recommandables. Elle n’était pas aveugle et ce n’était pas nouveau. Et qui de mieux qu’une enfant pour détourner l’attention si ce n’était une prêtresse.

Louisa serra brièvement et discrètement ses poings dans les plis de ses robes. Elle était prête à tenter le coup s’il y avait la moindre chance d’obtenir un résultat positif pour la petite Margaux. Ce ne serait pas sa première entreprise du genre, après tout. Mais elle se sentait étonnamment plus exposée par cette ruse en particulier, accompagnée de deux miliciens, qu’elle ne l’avait jamais été avec Méli.
Oh, il y avait bien quelques personnes qui risqueraient de ne pas être ravies en apprenant tout ceci, à commencer par sa Mère responsable. Et probablement Méli aussi. Mais si le malandrin était assez stupide pour être toujours à l’auberge…
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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyMer 22 Mar 2023 - 14:13


Se calmer, et respirer.

Il était très difficile d'obéir, car la panique refluait avec la fatigue qui pesait sur ses épaules. Cependant, Margaux saisit le verre d'eau en ployant un peu ses genoux - ignorant par là la douleur qui refluait de sa jambe gauche - but une gorgée, avant d'inspirer, puis d'expirer longuement.
Il n'était pas très rassurant de se rendre compte qu'elle ne parvenait pas à être assez claire pour se comprendre ; mais l'enfant, malgré les longs frissons qui agitaient ses épaules, tenta de répondre un peu plus lentement.

- "Je... Le chef de la Guilde des Voleurs s'appelle Léon. C'est la Sorcière qui me l'a dit, c'est une femme qui s'est occupée de moi là-bas. Peut-être que je pourrais essayer de le dessiner, mais... ce n'est pas très facile, Dame Rosen. Si quelqu'un dessinait son visage pour moi, je crois que ce serait plus précis. Kef, c'était mon surveillant là-bas, à la Guilde. C'est lui qui m'a donné la bourse au nom du chef."

Elle pâlit soudainement en écoutant les propos de la baronne. Elle allait mourir, alors ? Elle allait vraiment être exécutée ? Elle se rendit compte que quoi qu'il se passait, elle finirait froide et sans vie, à Sombrebois ou à Marbrume. La justice la tuerait pour avoir travaillé pour la Guilde des Voleurs - ou bien l'organisation, pour les avoir dénoncé.
Mais la petite fille savait de quel côté était l'honneur. Et elle se demanda brusquement comment l'honneur et le devoir pouvait se scinder en deux priorités distinctes, car son devoir lui commandait de préserver le seigneur de Piana... ce qu'elle ne faisait pas.

A nouveau, les larmes envahirent ses yeux d'azur, et elle recula lentement contre le mur, la respiration plus chaotique, à nouveau.

- "Je ... La priorité... c'est l'homme à la taverne, c'est cela ? Je... Il s'appelle P'tit Jean. Il est borgne. Il aime les jeux de paris. C'est tout ce que je sais, Dame Rosen... Je ne saurais le faire dessiner. Je ne l'ai jamais vu. Je.. je ne comprends pas... en quoi c'est si terrible d'être livreuse. Je ne comprends pas pourquoi mon... la justice veut ma tête. Je n'ai jamais fait que livrer des choses et me donner en spectacle pour qu'on voit qu'il y a des conséquences à pas payer ses dettes. Parfois on me louait pour lire des choses... pour faire de la comptabilité. Je sais que ce n'était pas à des fins honnêtes. Mais on ne peut rien refuser à ces gens-là. Ils... ils sont dangereux. très dangereux. Je ne voulais qu'on me coupe les doigts ou qu'on fasse du mal à Louis..."

Elle fixa le sol, en tâchant d'ingurgiter deux nouvelles gorgées d'eau fraiche. Maintenant, ses idées semblaient un peu plus claires, et la nouvelle question lui fit écarquiller les yeux, et elle s'étouffa brièvement.

- "Louis est mon petit frère, dame Rosen ! Il s'agit du nouveau chevalier fieffé de Piana. Il était l'héritier de Père, et... et je dois... je devais... le protéger. J'ai essayé de le protéger !"

Sa voix s'enrouait, se cassait, tandis que les larmes bouillonnaient à nouveau sur ses joues, tombaient sur le tissu sale de sa robe toute simple en traces humides.

- "Je m'étais juré... de le protéger... J'aurais fait n'importe quoi ... Je pensais... je pensais que j'arriverais à le trouver... mais je ne pouvais pas demander d'aide... Si vous devez prendre ma vie, dame Rosen, je vous en supplie, trouvez-le... c'est un innocent petit garçon. Mais il suivra le même chemin, ils lui demanderont ... ils lui demanderont d'obéir."

Se souvenir de sa famille, de ce qui avait été elle lui demanda un nouvel effort. Elle aimait profondément ces personnes, bien qu'ils ne soient jamais venus à son aide, bien qu'ils l'aient probablement oublié, ou qu'ils la mépriseraient désormais ; peu importait. Sa famille. Ce mot même était si doux... Et puis La prêtresse lui avait dit de tout dire, toute la vérité ; et de ne pas mentionner Aloys s'il venait, même accompagné. Mais il n'était pas là, alors il fallait parler. Ne pourrait-on pas demander à sa famille s'ils la reconnaissaient ? Même si cela faisait un an, elle n'avait pas tant changé que cela !

- "Oui, Dame Rosen. Il me reste de la famille, et d'ailleurs, je suis bien désolée pour votre époux. Je suis désolée. Je suis la nièce du comte de Sabran, le seigneur Icare, et je suis la cousine de sa fille, qui s'appelle.. hmm.. Dame Esmée, je crois. Je suis aussi affiliée à la famille de Tourbière, parce que nos grands-parents étaient frères et soeurs, mais je ne connais pas bien cette branche de la famille. Je crois que j'avais déjà vu le seigneur Aloys quand j'étais plus petite, mais je ne m'en souviens pas vraiment. C'était vraiment loin. A Marbrume, nous fréquentions aussi la baronne Léonice de Raison. Mère voulait lui confier mon éducation et avant le Couronnement, je la voyais souvent. Euh.. j'ai vu aussi quelques fois la fille du Comte d'Orlhac. Elle s'appelle... Camélia. Elle était jolie et gentille. Mère voulait que je brode comme elle. J'aurai tant aimé essayer de les revoir. Je-je... J'ai essayé de faire passer une lettre à la baronne de Raison, sous forme de poème. Je me suis dit que si le message était intercepté, ils ne sauraient pas que je demandais son aide."

Elle se tut. La noble ne semblait pas aller bien du tout, et le front de Margaux se plissa d'inquiétude tandis que son interlocutrice s'étreignait la tête. Que se passait-il ? La prêtresse s'inquiéta pour elle, mais, finalement, tout sembla rentrer dans l'ordre, et la petite noble se rasséréna un peu.

- "Je.. je devais le retrouver à la taverne. Mais peut-être que la discrétion, ce serait mieux, même si je trouve cela dangereux pour une prêtresse. Ils sont très méchants. Je vous en supplie, faites attention..."



Dernière édition par Margaux de Piana le Jeu 23 Mar 2023 - 10:05, édité 1 fois
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyJeu 23 Mar 2023 - 0:00


Une sombre matinée
Rosen feat Margaux et Louisa


Arriver à respirer. Prendre le temps de respirer… trop d’informations qui fusent dans tous les sens, ma tête va éclater. Et ce que m’a révélé la gamine m’a laissé pantoise. Sérieusement ?! Mais ! Comment est-ce que cet espèce de… ah j’ai pas le temps de m’occuper de ça pour le moment. On verra cela plus tard !

Mais tout n’est pas perdu pour la fillette. La maison Orlhac la connaît. La maison Orlhac ! Je les ai vu le mois dernier. Si on arrive à prouver qu’elle est bien noble, et qu’elle a été enlevée et forcée à remettre cette fiole à un contact, il y a déjà de très grandes chances pour que cela se finisse bien pour elle. Encore faut-il que tout cela soit vrai, mais encore une fois, chaque chose en son temps.

Et pour l’heure, il faut retrouver le fameux petit Jean qui est borgne.

« Eh bien… adressé-je alors à la prêtresse fasse à sa réticence. Je pensais que vous auriez juste pu vous faire passer pour une complice de Margaux en charge de sa surveillance le temps de sa mission, ayant échappée à la vigilance de la milice. Mais qu’importe, vous avez raison. Vous n’aurez qu’à seulement dire que c’est la fiole que ce Doug lui devait, pas besoin de rentrer dans les détails. Nous verrons vite s’il le connaît, et s’il attendait ou non ce poison, ce qui suffira à le mettre aux arrêts si c’est bien le cas. Je compte sur vous ma sœur. »

Pourvu qu’elle le retrouve… pourvu que ça marche. Pourvu que la gamine dise vrai. J’ai beau être de nature excessivement méfiante jusqu’à transformer tout le monde en ennemis, au plus profond de moi, mon instinct me dit que cette petite a juste besoin d’aide et qu’il s’agit d’une terrible injustice.

A priori, le petit Jean l’attendait à la taverne hier. Il faut espérer qu’il y soit encore…

« Si jamais vous ne voyez aucune personne borgne dans la salle, surtout, demandez aux taverniers s’il y en a un qui est dans une chambre actuellement ou qui est reparti précipitamment en rendant la chambre. Si jamais il n’est plus là… essayez de le trouver dehors. »

Je m’adresse ensuite à nouveau à la milicienne.

« Et vous, s’il elle ne l’a pas rapidement retrouvé, vous ferez fouiller le bourg de fond en comble. Je veux que toute la milice soit sur le coup, même ceux qui dorment. Que chaque maison habitée ou non soit fouillé intégralement et que plus personne ne quitte le bourg jusqu’à la fin des fouilles. S’il se cache ici, on le retrouvera vite. Et si vous vous rendez-compte qu’il n’est plus là, envoyez quelques hommes fouiller le secteur. »

J’inspire. Je dois trembler comme une feuille.

« Allez demander aux portes si un borgne avec un chapeau bleu a quitté le village. Si c’est le cas, envoyez vos meilleurs pisteurs sur sa trace sans plus attendre comme je vous ai demandé. »


Ainsi, j’envoie la jeune coutillère quérir ses renseignements en parallèle de la prêtresse qui va directement chercher le type à la taverne. Gagnons un peu de temps.

« Récapitulons donc… Vous, prêtresse, vous allez à l’auberge voir si vous trouvez cet homme. S’il n’y est pas vous allez faire un tour rapide du bourg pour le chercher, les miliciens en civil vous suivront discrètement. Pendant ce temps, vous, coutillère, vous allez vous renseignez voir si un homme borgne a quitté le bourg ce matin si jamais il ,’est pas trouvable, il faudra donc fouiller le bourg… Ah ! Et bien sûr, si la ruse ne marche pas, vous me l’arrêtez quand même hein ! Qu’on le cuisine. Ne le laissez surtout pas s’é...
- Détendez-vous, baronne. Nous allons très bien gérer ! »

Me détendre, quelle bonne idée… et je crois que je vais défaillir tellement que je me sens sous pression. Je fais un signe de tête sans trop savoir si elle a bien intégré mes instructions ou si elle fera à sa manière. Qu’importe, je lui fais confiance pour assurer. Il me semble qu’elle a déjà fait ses preuves. Ces mots à peine proférés, la milicienne entraîne la prêtresse avec elle.

« Tenez-moi vite au courant, je vous prie. Je reste un peu ici. »


La porte se referme donc. Oh… pourvu que ça marche et qu’on retrouve bien un borgne au nom de petit Jean ! Je soupire lourdement en regardant la gamine d’un air désolé. Aucune petite fille ne devrait avoir à vivre tout ça et ses yeux plein de larmes sont comme un vertigineux puits sans fond insoutenable.

« Ça va aller, d’accord ? On va retrouver ce gredin. Tout va bien se passer. Et je te promets qu’on sortira ton frère de là dès que tout ça sera réglé. La milice fera une descente là-bas et si elle ne le fait pas ou n’y parvient pas, au pire des cas, j’enverrai des gens le chercher. Tu as ma parole. »

Elle est au plus mal et il n’y a absolument rien d’autres que je peux faire pour l’aider que de lui promettre des hypothèses. Devant ses petits yeux embués emplis de tourment, je l’attire finalement contre moi – pas très professionnel tout ça, hein ? Qu’importe.

« Viens par là. »

Je la serre fort comme ses pleurs reprennent de plus belle. Je serre les dents si fort que la mâchoire me fait atrocement mal. Je suis tellement tendue et contractée que ma plaie me fait mal. Ses pleurs vrillent mon âme dans un insupportable déchirement qui me font presque trémuler. Tout va bien se passer. Je le sais. Il ne peut pas en être autrement. Oui, quoi qu’il arrive, tout ira bien, comme je l’ai décidé il y a quelques mois maintenant.

Je caresse doucement ses cheveux sales et l’odeur de marécage s’exhale, m’emplissant d’un froid terrifiant qui me fait frémir. J’avais demandé à ce qu’on lui donne de quoi se nettoyer… Je la recule doucement une fois qu’elle s’est à peu près calmée.

« On va prier un peu, tu veux bien ? lui proposé-je en prenant doucement ses mains. Les Dieux sont toujours là Margaux, ne désespère jamais. » 

Je passe ma main sur son visage pour essuyer ses larmes avant de reprendre les siennes. Il faut parfois du temps pour comprendre certaines choses. Le temps de toute une vie, parfois, mais quand les anciens sont là pour nous guider, tout paraît souvent plus clair. Quand on peut avoir cette chance.

Je ferme les yeux, la laissant faire pareil pour prier la Trinité si elle le veut. Moi, mes pensées vont vers un tout autre Dieu. Oui… il aime ça, hein ? Le sang, la douleur, la mort, la domination de toute chose. Oui, je suis convaincue qu’il existe et oui, je suis convaincue que tout le mal de ce monde vient de lui, ce maudit charognard assoiffé de sang.

Yen a pas encore eu assez à ton goût sac à merde ? T’en veux encore ? C’est pas un problème. Tu sais quoi ? Je te donnerai tout le sang que tu veux. J’irai même me vider de mon sang sur ta prison de tourbe… Ça te va ? Tu veux autre chose peut-être ? Laisse cette petite fille tranquille, elle n’est pas à toi celle là. T’auras beau t’acharner sur elle, son âme n’est pas à toi. Elle n’a pas… c’était quoi, déjà ?

[La marque. L’étoile rouge sang]


C’est ça !

[Dans le ciel ou le regard.]

Non, la petite Margaux n’a aucun éclair de ce genre dans le regard et c’est d’autant plus troublant que de ne pas comprendre. Qu’importe au fond. Alors change de victime ! Tu m’entends ?

Et je te rendrai celui que je t’ai pris.

J’ouvre subitement les yeux, regarde la fillette. Non… non. Je ne suis pas d’accord. J’ai du mal à déglutir, j’ai un coup de chaud. L’horreur me frappe de plein de plein fouet.

J’aurais peut-être dû y penser à deux fois avant de faire de stupide pacte. Sur le moment, j’ai pas réfléchis. Je voulais juste qu’on me ramène mon bébé… et depuis, cette promesse m’est complètement sortie de l’esprit. Le fait est que je devrais peut-être commencer par honorer le premier engagement avant d’en faire un second…

D’accord, on va trouver une solution. Ya pas besoin de tuer d’autres gamins. Je vais juste… exhumer ce bébé que je t’ai arraché, voilà. Et je te le ramènerai dans le marais Voilà ! D’accord, son âme avait été envoyé auprès des Trois par les prières de Marie-Ange, mais je suis sûre qu’on peut encore la récupérer, pas vrai ?

Je n’aurais pas d’autres bébés à tuer. Ya pas besoin de faire crever cette pauvre gamine. Et en prime t’auras mon sang en bonus espèce de salopard. Dès que je serai sur pieds, je m’en occupe et j’aurai payé ma dette.

Je souris à la fillette.

« Tu as parlé des Orlhac tout à l’heure. De Camélia… tu l’as déjà vue, c’est vrai ? Je suis en contact avec elle. Elle est douce, tu ne trouves pas ? Je pourrai la faire venir, elle, son père, sa servante aussi. Ils te reconnaîtront. Ça fait longtemps, la dernière fois que tu les as vu ? On va contacter ta famille, ça va aller tu vas voir. »


Jet de recherches

Citation :
EDIT : petit Jean n'est pas dans la taverne. Des recherches sont toujours en cours.


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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyJeu 23 Mar 2023 - 23:07
Lou’ s’adossa à nouveau au mur, prenant un peu de distance avec ce qui était en train de se passer.

Si le gaillard était passé par l’auberge et avait pris la fuite, il n’allait certainement pas traîner dans les rues. Et elle n’allait pas commencer à faire du porte à porte à Sombrebois… Ce n’était ni son rôle, ni sa tasse de thé. N’y avait-il donc pas de miliciens capables de faire leur travail à Sombrebois? Mais c’est en entendant les instructions données à la coutilière que Louisa eut confirmation de sa pire crainte… Personne n’avait fait boucler le bourg la veille, lorsque les accusations de tentative d’empoisonnement avaient été proférées. Non, non, on avait laissé les gens, n’importe qui!, entrer et sortir de la ville comme si de rien n’était!

À force de serrer les dents pour contenir son irritation, un léger mal de tête avait commencé à faire son apparition. Là où quelques instants plus tôt, elle espérait encore que P’tit Jean soit simplement planqué quelque part dans une cave malodorante de Sombrebois, il semblerait maintenant qu’il pourrait tout aussi bien être réellement déjà à mi-chemin de Balazuc. Mais quelle bonne nouvelle, dites donc...

« Je ferai mon possible…”, répondit-elle simplement avant d’adresser un dernier regard encourageant à Margaux.
Elle prit ensuite congé de la Baronne et de l’enfant d’un ton un peu sec et sortit avec la coutilière.

La prêtresse s’arrêta brièvement de l’autre côté de la porte et la milicienne lui adressa un long regard.
« Donnez-moi quelques minutes pour aller dégoter deux hommes. Il faudra qu’ils se changent et entrent à la taverne avant vous, pour que ce soit plus discret. Vous êtes prête? »
Lou’ sourit un peu nerveusement et acquiesça.
« Je patienterai, ne vous inquiétez pas. Je dois aller chercher cette fameuse fiole dans ma chambre, de toutes façons. »

Les deux femmes se quittèrent, partant dans des directions opposées, et la prêtresse retourna dans sa chambre sans trop se presser. Elle y retourna la besace de matériel médical sur le lit et mit rapidement la main sur la fiole à moitié vide. Elle resta quelques instants à la fixer avant d’attraper sa cape de voyage et de se diriger vers le hall du petit Temple de Sombrebois. Comme promis, elle y patienta un peu, dans l’ombre de la porte ouverte.

Quand elle estima que suffisamment de temps s’était écoulé, elle sortit du Temple et demanda son chemin à un passant. La taverne n’était pas bien loin et elle entra sans un temps d’arrêt. L’endroit n’était pas bien grand et il ne lui fallut pas longtemps pour faire le tour du regard. Aucun borgne, encore moins de chapeau bleu. Evidemment.

Elle prit une profonde inspiration et se dirigea vers le comptoir. Le tavernier était à son poste et Lou’ n’hésita pas à s’approcher. Elle écarta les pans de sa cape pour dévoiler ses robes de prêtresse et salua le bonhomme de son plus beau sourire. Il était temps de lui servir un belle petite histoire. Les gens avaient tendance à se braquer qu'on disait qu'on était à la recherche d'un criminel...
« Bonjour, Monsieur. Désolée de vous déranger mais j’avais rendez-vous avec quelqu’un hier, ici, mais j’ai été retenue. Son nom est P’tit Jean. Ça vous dit quelque chose? »
L'homme s’anima.
« Ah ben oui, le borgne là! Il logeait ici. »
Le regard de Louisa s’éclaira. Margaux disait donc vrai! Mais…
« Logeait? Il est parti alors? »
« J’pense bien, ouais. »
« Vous vous souvenez de quand il est parti? »
Il se gratta la tête, pensif.
« Avec tout c’remue-ménage, le convoi et t’ça, j’vous avoue que non… Mais il était ‘core dans le coin hier après-midi. »
Louisa feignit la surprise.
« Ah bon? Quel dommage… J’espère qu’il est toujours dans le village, j’avais quelques petites choses à régler avec lui pour un ami. Je ne l’ai jamais vu personnellement. Il ressemble à quoi, au juste? A part…», elle pointa son oeil gauche de la main, « le plus évident.»
« Ah ben, il a pas l’air très commode vot’bonhomme. Il est resté ici quasi tout’l’temps, s’est pas vraiment mélangé aux locaux. J’me demandais c’qu’il f’sait ici. L’est chauve d’ailleurs, sous s’bonnet bleu. D’où l’bonnet, j’imagine. » Il afficha un sourire un peu moqueur, et Louisa le remercia chaleureusement avant de sortir de l’établissement.

Deux hommes la suivirent. Les miliciens en civil, imagina-t-elle.

« Vous avez entendu? », leur demanda-t-elle dès qu’ils eurent fait quelques pas dans la rue.

« Oui… », répondit l’un d’eux. « Il a dû se carapater loin de Sombrebois aussi vite que ses jambes le lui permettaient dès qu’il a senti l’oignon…» L’autre acquiesça sombrement.

« J’imagine que la coutilière aura déjà eu le temps d’interroger les gardes, à la porte, et de retourner auprès de la Baronne. Voulez-vous m’accompagner? Je ne pense pas qu’interroger des gens au hasard soit très efficace à ce stade… »

Le deuxième milicien opina du chef.
« Il se sera probablement fait discret. On n’est bon pour retourner tout le bourg à la recherche de c’type s’il n’a pas été vu par les gardes. », fit-il, l’air tout, sauf ravi. Et Louisa pouvait très bien le comprendre. La suite de cette enquête ne s’annonçait pas de tout repos. Il allait soit falloir fouiller le village, soit traquer le malandrin à l’extérieur, voire les deux s’il n’avait pas été aperçu à la porte. Ô joie.

Les trois se mirent alors en route vers le Temple, ruminant de concert, bien que probablement pas pour les mêmes causes. Le trajet se passa en silence, qui ne fut dérangé que lorsque Louisa toqua à la porte de la ‘cellule’ de Margaux. Une fois entrée, elle se fendit d’un doux sourire à destination de Margaux puis s’adressa principalement à la Baronne.
« Votre Honneur… Le tavernier confirme: il a bien vu un dénommé P’tit Jean, borgne et au bonnet bleu, dans son établissement, mais il n’était déjà plus là. » Elle autorisa un peu de son soulagement à l’idée que Margaux ait bien dit la vérité à se manifester, puis elle reprit. « Il logeait à la taverne et ne se mélangeait pas aux locaux. Mais il est parti, après l’arrivée du convoi semble-t-il. Le tavernier ne se souvient pas quand exactement. Ah, et il serait chauve. »
Elle s’interrompit, espérant que la coutilière aurait des nouvelles utiles.



Citation :
Lancer de dé 1 - Réussite - P’tit Jean a logé à la taverne
Lander de dé 2 - Echec - Le tavernier ne se souvient pas de quand il est parti

=> Les indications obtenues par Louisa raccourcissent le délai de recherche de P’tit Jean qui passe de 5 à 4,5 jours.
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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyVen 24 Mar 2023 - 11:25


Sans oser interrompre la baronne, la petite fille l'écoutait attentivement.

Elle détestait l'idée de ce plan. Elle avait peur que Louisa ne soit en danger de l'entrainer, là où il ne fallait pas qu'elle le soit. Ce serait de sa faute si la malheureuse se trouvait blessée ou perdait la vie ; cependant, les adultes ne l'écouteraient pas. Elles semblaient toutes deux d'accord l'une avec l'autre, et la milicienne acquiesça aux ordres de la noble.

La prêtresse semblait contrariée. Alors que la noble l'attirait contre elle - pourquoi ?! - mais que l'enfant n'osait se soustraire à son étreinte, elle l'entendit prendre congé un peu sèchement, ce qui lui fit mal au coeur. Elle devait être contrariée de devoir se lancer à la poursuite d'un homme aussi dangereux et sans scrupules, et Margaux eut à peine de prendre la parole que la religieuse était déjà partie.

- "Faites attention, j'vous en prie !"

C'était elle qui aurait dû prendre les risques. Docilement, elle se mit à genoux, en joignant les mains pour prier, mais ses pensées n'arrêtaient pas de tourner en rond, et elle avait beaucoup de mal à se concentrer. Elle allait mourir. Elle l'avait souhaité, mais il était difficile d'appréhender ce qui se passerait ensuite. Son âme avait peut-être été mangée par le Démon, et elle atterrirait sans doute à nouveau dans ce endroit sordide et effrayant. Resterait-elle au Temple pour toujours ? Parviendrait-elle à y sauver son cher petit frère ?

Finalement, elle pria, haut et fort, en serrant ses fort ses mains l'une contre l'autre que ses phalanges blanchirent. Elle était entièrement sincère dans sa prière - elle espérait que dame Louisa s'en sortirait, et que son petit frère irait bien. Elle eut également une pensée pour Aloys de Tourbière, son cousin.
Il avait été l'instrument de la révélation de la honte de sa cousine, et s'il apprenait qui elle était, il serait éclaboussé lui aussi du scandale.
Que devait-elle faire, à ce stade ?

Elle regrettait que son père et que sa mère ne fussent pas là pour la conseiller ; mais elle ne pouvait plus compter que sur elle-même. Cela, elle le savait déjà depuis longtemps.

Mais, tandis que la jeune boiteuse allait prendre la parole, son interlocutrice la devança.
La mention de dame Camélia d'Orlhac lui serra le coeur.

- "Je voudrais bien la revoir, dame Rosen. Mais je ne sais pas.. Je ne sais pas si elle pourra venir. Mais oui, je la connais un peu. Je me souviens y être allée plusieurs fois avec mes parents dans son manoir. C'était.. il y a à peu près un an et demi. Un peu moins. Son Honneur, Léonice de Raison, me connait très bien. Elle a commencé mon éducation, car Mère trouvait que je me comportait en sauvageonne. Nous devions organiser une fête pour les pauvres et elle continuait de m'apprendre la musique. Je... Je peux vous joindre un poème que je lui ai envoyé il y a quelques semaines pour tenter de l'appeler à l'aide sans que le gang ne le sache... Je l'avais donné à son écuyer. Si je pouvais avoir du papier et de l'encre... Je lui écrirai. Elle... elle sait que j'aime la garance. La fleur, et la couleur. Je ne sais pas si elle viendra, mais elle est si bonne. Je l'aimais tant ! Et... le seigneur Icar de Sabran. Il me connait aussi. Peut-être sera t-il trop déçu de ma conduite pour venir, mais ... m-mais... Il habite aussi aussi sur L'esplanade, il a un manoir aussi !"

Son coeur battait très fort. Elle les mettaient dans les ennuis, s'exposait consciemment à la douleur de se voir rejetée ; et finit par rajouter :

- "Peut-être ne pourrait-on envoyer un message à mon oncle que lorsque je serai... que... quand tout sera terminé ?"

Son cœur saignait. L'enfant se savait menacée par une énorme vague de chagrin, aussi secoua t-elle vivement sa tête pour tenter de garder l'esprit clair.

- "Ce-ce sera pareil avec le seigneur Aloys. Je ne veux pas qu'il devienne une cible de la Guilde des Voleurs, s'il vous plait, Dame Rosen. Je... Je vous suis extrêmement reconnaissante, Dame Rosen. Vous êtes très bonne envers moi. Les Dieux vous béniront de votre mansuétude."
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyVen 24 Mar 2023 - 20:08


Une sombre matinée
Rosen feat Margaux et Louisa


« Je vais tout faire pour que les Orlhac viennent et je vais te faire amener un encrier et de quoi écrire si tu veux. Je ferai envoyer ton poème à cette Leonice de Raison en espérant qu’elle puisse venir. Il nous faut contacter tout le monde au plus vite Margaux. Il va y avoir un procès bientôt et il nous faut un maximum d’éléments pour que ça finisse bien. Quel est ton âge ? Ta date de naissance ? As-tu… un signe distinctif qu’ils connaissaient ? Un grain de beauté particulier, une tâche de naissance, un secret ou fait connu de seulement toi et l’une de ces personnes afin qu’elle puisse dire que c’est bien toi ? Au cas où personne ne peut venir… prenons les devant et donnons leur de quoi t’identifier directement à réception des lettres. »

Laissons les Dieux où ils sont…

« Si le baron de Tourbière ne t’avait pas aussi stupidement affichée devant tout le monde, les choses seraient bien différentes, jeune fille, dis-je un peu durement. Nous t’aurions interrogé lui et moi, nous aurions enquêté lui et moi, et tu pourrais sortir totalement libre d’ici et retrouver une vie décente sans même que la justice ne soit au courant. Tu ne serais pas en train de craindre pour ta vie actuellement ; alors ne t’inquiètes pas trop pour lui. Il n’a eu aucune pitié pour toi, lui. Dis moi, Margaux. Quel est le nom de vos grands parents ? » 

Celui la, il va vraiment falloir que je lui règle son compte.

La prêtresse revient peu après et me confirme que le petit Jean a bien été aperçu à l’auberge. Voilà une bonne nouvelle ! La moins bonne, c’est qu’il n’y est bien évidemment plus… par Etiol. Si seulement j’étais venue directement hier… ah, c’est pas vrai ! Évidemment, il a fallu que j’écoute ce maudit baron de Tourbière qui a dit qu’on viendrait au matin ! Quoi que je fasse, ça sera toujours une catastrophe, hein ? Quand je n’écoute pas ça finit mal, quand j’écoute ça finit mal.

Je réprime un lourd soupire en me levant.

« Je vous remercie ma sœur. S’il se cache quelque part dans le village, nous mettrons rapidement la main dessus. Je vais aussi envoyer des gens fouiller les environs sans plus tarder. »

Tellement à faire que je ne sais plus où donner de la tête. Ce n’est pas le moment d’oublier quoi que ce soit. Alors que je me dirige vers la porte, je lui demande si elle peut me rendre un service.

« Pouvez-vous donner à Margaux de quoi écrire je vous prie ? Et porter au fort ce qu’elle aura rédigé ? Je vous en serais infiniment reconnaissante de ce service. Cela nous ferait gagner un temps précieux… »

Arrivée devant, je me tourne vers la petite fille, la regarde bien dans les yeux.

« Tu me jures sur la Trinité que tu m’as bien dit toute la vérité ? lui demandé-je avant de demander aussi : au fait, ce petit Jean… sais-tu s’il fait aussi partie de la guilde des voleurs, ou même d’une autre organisation ? » 

Une fois les réponses obtenues, je me retire du temple pour aller faire le point avec la coutillère. Je n'ai pas le temps d'interroger la prêtresse ; je laisserai le soin à la milicienne de s'occuper de ça. Après tout, ne lui ai-je pas relégué l'enquête ? Il faut que j'apprenne à déléguer les choses au lieu de vouloir à tout prix tout faire moi même... En attendant, je vais voir si j'envoie juste Jürgen et les filles au dehors, ou si on envoie des miliciens... mais ce qui est sûr, c'est que je vais faire faire des recherches tout autour des villages sans plus attendre.



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Margaux de Piana
Margaux de Piana



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MessageSujet: Re: Une sombre matinée   Une sombre matinée - Page 2 EmptyVen 24 Mar 2023 - 21:12


La petite fille déglutit.

Elle offrit un sourire crispé à son interlocutrice, et entreprit de lui répondre. Ce faisant, elle s'agenouilla humblement, en saisissant le symbole des Trois posé sur la table.

- "Je vous jure par la Trinité que je vous ai dit la vérité, Dame Rosen. Je n'ai aucune idée de qui est P'tit Jean, je sais juste que je devais lui donner ce que les Hommes de la Guilde m'ont donné. Je devais le livrer, c'est tout, et travailler ensuite à Sombrebois, pour leur donner l'argent ensuite. Je n'en sais pas plus, dame Rosen. Ils m'ont donné d'quoi l'identifier."

Elle baissa les yeux, inspira et expira pour chercher à se calmer, déposa ses mains sur ses genoux.

- "Je crois que j'ai dix ans. J'en suis quasiment sûre, je les ai eu au deuxième mois du printemps, à la lune précédente. Je... je ne crois pas avoir de signes distinctifs, à part mes cheveux roux. Dame Léonice sait que ma couleur préférée est la garance, mais je ne boitais pas quand elle m'a connu. C'est le gang qui m'a fait mal, pour que j'arrête de courir. Mon petit frère Louis, lui, est né au milieu du dernier mois d'hiver. Il a sept ans, maintenant. Mère voulait me confier à elle pour mon éducation, parce qu'elle avait trop à faire avec Louis, et qu'il fallait se concentrer sur lui. Je vous en supplie, demandez à Dame Léonice de venir. Si je pouvais la revoir avant de mourir, je n'oublierai jamais votre bonté. Mais je l'aime tellement.. Elle me manque tellement. Et-et elle pourra vous confirmer qui je suis, sans hésitation. ...Concernant mon cousin, nos grands-parents ... Le grand-père d'Aloys s'appelait Louis, comme... comme mon petit frère... et ma grand-mère, sa sœur, Constance."

La petite fille se redressa lentement, en tenant son genou brièvement, comme pour enfermer la douleur dans ses doigts.

- "Merci, dame Rosen, pour le papier et l'encre. J'écrirai à Dame Léonice. Je lui rappelerai mon poème. Je la supplierai de venir me voir et de vous dire si je suis bien Margaux de Piana."

Elle fit une petite révérence, tandis que la baronne sortait de la pièce. Sans toucher à la nourriture malgré son estomac vide, elle se mit rapidement au travail, lorsqu'on lui apporta le matériel ; et remit enfin sa correspondance à la prêtresse.

Maintenant, elle était à nouveau seule. Peut-être y avait-il un petit espoir ?
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