[Quête] Le cube de l'Enfer

Sujet: [Quête] Le cube de l'Enfer Sam 25 Mar 2023 - 21:47

Le cube de l'Enfer

Rosen feat Murmure

2 juin 1167
Bourg de Sombrebois

Pfouh… cette maudite journée est enfin finie. Rentrant alors au château comme la nuit s’annonce de plus en plus, je me figure que ça fait un sacré moment que je n’ai pas été me recueillir dans la crypte. Depuis que le corps de mon époux a été ramené, j’y allais tous les matins sans exception.

Lui mener des fleurs, lui parler, me confier, lui répéter encore et encore combien j’étais désolée, l’insulter des fois, même. Puis il y a eu l’attaque et mon semblant d’alitement. Oui, je suis restée au lit les premiers jours, et même là, j’ai dû le quitter pour aller dans le bourg à l’aube de l’attaque pour soutenir mon peuple.

Vu mon état, je n’y suis plus allée depuis. Je suis toujours en train de me faire trimballer par un milicien ou par un autre quand je dois aller quelque part et je n’ai pas une seule minute à moi. Y repensant, je me dis qu’il serait bien que j’y retourne un peu. Après tout, ça fait plus d’une semaine que j’ai ma blessure, et je commence à aller mieux.

Réflexion faite, je vais même y aller maintenant. Si je ne le fais pas là, je suis sûre que je ne trouverais plus le temps ces prochains jours, alors autant en profiter là que je suis à proximité. Devant le caveau, j’aperçois soudain un drôle de cube. Je le ramasse alors, mais je n’ai pas le temps de l’observer que j’entends une voix derrière moi.

« Baronne ? Il se fait tard. »

C’est Maurice. Inconsciemment, je cache vite l'objet dans la besace que j’ai sur moi. Vieux réflexe de voleuse...

« Oui, je voulais juste aller me recueillir quelques minutes... Ça fait si longtemps que je n’ai pas trouvé le temps de le faire. »

Il me descend alors en bas des marche. Je crois qu’il voit bien à quel point je trime ces derniers temps pour le bourg, ce brave Maurice.

« Je ne serais pas longue. »

Il remonte le temps que je finisse et moi, tâtonnant sur la pierre froide jusqu’à me rendre à la tombe de Hector, je m’assieds dessus.

Hector… J’ai l’impression que cela fait des années qu’il est mort. Mais ça doit à peine faire deux ou trois mois…

Me voilà... ça fait longtemps, hein ? Je manque tellement de temps mon bel amour. Si tu voyais hein, tout ce qu’il se passe ici ? Mais peut-être le vois-tu. Il faudrait aussi que j’écrive. Ça fait un moment que je n’ai plus écrit et je dois bien avouer que ça me manque. J’aimais bien le faire, poser sur le vélin ce que je peux ressentir. Toutes ces choses que je n’ai plus le temps de faire.

Hilde et Marie-Ange sont mortes… sont-elles avec toi, dis ? Je suis tellement… tellement désolée pour tout ça. Si tu savais comme je m’en veux... J’essaie de faire au mieux, mais c’est tellement difficile et j’ai l’impression que rien ne va. Je fais tellement d’erreurs… j’ai bien cru que j’allais mourir moi aussi. J’ai cru que je ne reverrais plus jamais notre fils. Mais tu sais… je crois que j’ai fait une erreur. J’étais tellement désespérée… c’est un miracle hein, qu’on l’ait ramenée ? Mais tu sais, je crois qu’il en a près-moi et que c’est pour ça qu’ilme l’a rendu… Ah, si tu avais vu Roxanne… elle… elle était si cruelle.

Et aujourd’hui, elle doit être morte elle aussi à cause de moi. Elle était si belle… mais si cruelle. C’était pas si grave… Si tu nous aurais vues quand on s’envoyait en l’air… je suis sûre que tu te serais bien rincé l’œil ! Et Desmond, lui… lui c’était nul. Il appréciait comment j’étais, mais avec lui c’était pas pareil. Il voulait m’épouser, ce con… finalement il est mort. Bon, je ne l’aurais pas épousé même s’il était encore vivant, hein…

Je souris un peu tristement.

J’espère que la Couronne va me laisser tranquille maintenant. J’espère que ça va aller. J’ai un peu mal aux seins aujourd’hui, j’ai l’impression que le lait commence à revenir comme y faut. C’est un miracle, hein ? Je vais faire au mieux pour le bourg. Ça va aller… hein ? Ça…

« Votre Honneur ? »

Je fais un bond.

« J’arrive. »

Je dois y aller… j’aurais aimé pouvoir rester plus longtemps… si seulement j’avais un peu plus de temps ! Tu m’oublies pas là-haut, hein ? Veille bien sur Athanase. Ert sur cette petite fille… tu sais, je suis sûre qu’elle est innocente. Si tu voyais son regard… bon… j’ai aussi conclu une affaire avec un idiot là… il me fait un peu flipper, je sais pas pourquoi… il a quelque chose en tête qui...

« Baronne, la nuit est tombée. Il faut rentrer. »

Je t’aime mon amour… je reviendrai te voir quand j’aurai un peu plus de temps.

Je me relève, suis prise d’une violente quinte de toux.

« C’est bon. »

J’ai tellement chaud. Ça va aller, quand tout ça sera fini, j’irai me mettre au vert quelque part pour quelques jours. J’ai besoin de vacances ! Cette douleur… c’est insupportable.

Je tangue.

Je me sens… bien ? Tout va bien. Comme dans du coton… Un étourdissement et je perds l’équilibre. Et merde. Maurice arrive de justesse et me rattrape en me demandant si ça va, puis me porte jusqu’à ma chambre. Je passe ma journée à vouloir me reposer, mais sitôt que je suis dans mon lit, je sens toutes les angoisses du monde m’assaillir.

Pénélope m’amène à manger et je prends le temps de finir mon repas. Pour une fois, ça passe à peu près bien. Je donne ensuite une tétée à mon fils avant que nous puissions enfin dormir. Le lit de Pénélope a été mis dans la chambre d’Athanase afin qu’elle puisse s’en occuper la nuit lorsqu’il pleure. Mes seins me font encore un peu mal, mais je ne vais pas me plaindre tant que j’ai du lait !

Je prends ensuite une tisane à base de mélisse et de camomille, puis une fois seule, je regarde la bougie brûler. Je repense à la conversation avec le marchand de poissons. Cette histoire de sacrifice d’enfant pour Etiol… et le pacte que j’ai conclu avec lui. Cet enfant que je lui dois… j’en ai encore des frissons. Je ferme les yeux en remontant la couverture sur ma tête et essaie de me détendre pour trouver le sommeil, espérant ne pas encore faire des cauchemars où il vient me visiter.

…

Je me redresse pour tousser. Je crois que la nuit va être difficile… A vrai dire, je n’ai pas vraiment sommeil. Je fouille alors ma besace pour trouver un mouchoir afin de me moucher, mais finalement, ma main tombe sur un petit cube froid.

Oh ?

Je l’avais oublié ! Je le retire donc du sac et l’observe un instant à la lueur de la flamme. Il est magnifique ce petit cube, on dirait un jouet pour enfant. Peut-être un gamin l’a-t-il perdu ? Je le fais tourner sur toute ses faces minutieusement, essayant de déceler un éventuel petit mécanisme caché au milieu des nombreuses petites gravures et autres décorations.

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Lun 27 Mar 2023 - 11:23

Entre les doigts de la régente du bourg, le cube tournoyait en offrant ses reflets verdâtres.

À la fois commun et exceptionnel, il suscitait intérêt et étonnement. Comme avec tous les autres ...

Et pourtant, hormis cette surface perlée, évoquant une flaque de pétrole qui stagnait à la surface d'un marais, rien ne différenciait l'objet sans poids d'un simple jouet ...

Puis vint le début des suées ... Froides, abondantes ... Elles succédaient à des frissons qui faisaient vibrer tout le corps.

La fatigue, c'était sûrement la fatigue. Tant d'évènements étaient survenus en si peu de temps ... Tant étaient encore à venir. Funestes ou heureux ? Le temps seul le dirait ...

Les maux de tête qui vrillaient les tempes à en donner des vertiges. Les paupières qui brûlaient comme des charbons ardents sortis de l'âtre. La fatigue ... Cette chappe de plomb qui s'abattait sur le corps endolori et courbatu de la veuve ...

Tandis que l'épuisement la submergeait comme une vague scélérate et inarrêtable, il lui sembla, pendant un battement de coeur, entendre les pleurs de son enfant.

Rêve ou réalité ? Le sommeil se chargea de répondre à sa place ...

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Lun 27 Mar 2023 - 12:10

Le cube de l'Enfer

Rosen feat Murmure

Tournant et retournant sur toutes ses faces le cube entre mes doigts, je ne distingue pas vraiment de mécanisme. Par contre, les reflets irisés émis de temps à autre depuis ces tons olivâtres sont réellement fascinants et j’observe un instant le petit cube, l’inclinant de divers manières pour réussir à les percevoir.

Bon, ça reste probablement un jouet sans importance, mais je ne sais pas pourquoi il me fascine autant. Comment a-t-il pu être laissé là où je l’ai trouvé ? Voilà qui reste un mystère.

Peut-être un enfant l’a-t-il perdu en venant jouer par là. Je prends une grande inspiration, je sais pas trop si j’ai froid ou si j’ai chaud, mais je ne me sens pas très bien… j’ai des frissons et des bouffées de chaleur. Le retour de la fièvre ça…

Bon, il faut que je dorme un peu. Je vais pour poser le cube sur ma table de chevet, mais je n’en trouve pas la force. A moitié penchée, mon bras tendu mais encore fléchi, je me laisse finalement retomber sur le côté.

Ma main le long du bras tendu en travers du lit lâche le cube et mes yeux semblent se fermer seuls. Ils me font si mal soudain… c’est atroce.

Ah, j’ai mal au crâne…

Athanase ? Vient-il bien de pleurer ?

« Athanase ? soufflé-je faiblement avant d’essayer de parler plus fort. Pénélope ?? »

Je suis tellement fatiguée… je me sens sombrer au fond d'un puits sans fond.

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Lun 27 Mar 2023 - 12:31

Enfermée dans la gangue cotonneuse du sommeil ... Quelle douce sensation !

De nouveau, le cri du nouveau-né, plaintif et puissant ... De ceux qui vrillent les entrailles d'une mère pour la tirer de l'inconscience ...

L'enfant se brisait la voix dans des sanglots qui rebondissaient en échos sinistres sur les murs.

La chambre de la mère était froide ... La flamme vacillante dansait au bout de la mèche de la bougie qui commençait à fondre et baignait le bord du lit d'une teinte mordorée. La cire commençait à se figer sur le porte-bougie en amas grotesque et visqueux.

Le silence ... Si ce n'était l'enfant qui hurlait ... Pas un bruit de pas, pas un grincement de parquet, pas même un souffle de vent qui sifflait entre les pans d'un volet. Rien d'autre que les pleurs ... Lointains ...

Peut-être même trop lointain ... La chambre de l'enfant n'était pas si éloigné ... L'écho de la voix de son héritier semblait surgir d'au-delà des murs, au-delà de la porte ... Loin, si loin ...

Les pleurs se poursuivaient sans s'interrompre, rauques et éraillés ... N'y avait-il donc personne pour calmer cet enfant ?

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Lun 27 Mar 2023 - 12:51

Le cube de l'Enfer

Rosen feat Murmure

Athanase… J’ouvre les yeux dans un violent effort, la lueur de la bougie m’arrache un éclair de douleur. Ya quelque chose qui va pas… mais quoi ?? Je me sens gelée. Athanase pleure de plus belle mais les pleurs se font si faibles subitement.

Si loin ? La porte ne s’ouvre pas, Pénélope ne vient pas. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Athanase… non, ça va pas recommencer ! Pourquoi l’emmènerait-elle quelque part en pleine nuit ? Ça n’a pas de sens. On ne va pas encore me l’enlever !

Il va falloir que j’aille voir… Je me traîne difficilement hors du lit, me précipite sur la porte, me cogne durement dedans dans la panique. J’ai la tête qui tourne, je vais m’écrouler… ma main tremblante cherche la poignée quelque seconde avant que je n’arrive enfin à la trouver. Il est là. Je suis sûre qu’il est là. Dites moi qu'il est là... par pitié.

C’est encore moi qui déraille… c’est juste moi. Je suis totalement épuisée. Mon cœur bats si vite que je vais défaillir si je ne me calme pas très vite. Etiol, arrête donc de me tourmenter et patiente donc que je trouve l'occasion de te rendre ton putain de chiard !

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Lun 27 Mar 2023 - 13:44

L'énergie d'une mère dont l'instinct se tord en reconnaissant la voix de son enfant en détresse.

D'un bond, elle jaillit du lit, se précipita vers la porte ... Elle ne remarqua même pas qu'elle ne boitait plus. Cette blessure qu'elle traînait depuis l'attaque et qui la faisait se déplacer à grand peine à travers le bourg. C'était comme si elle n'avait jamais existé.

En poussant la porte de la chambre de son enfant, c'est une pièce sombre et froide qui l'attendait. Au centre, dans un halo blanchâtre, le berceau remuait doucement. Presque imperceptiblement ...

En s'approchant, il ne fallait guère de temps pour se rendre compte qu'il était vide. Sur les bords moltonnés de la couche du bébé, un étrange mucus glaireux s'étirait, filandreux et pendait jusqu'au sol.

Le corps recroquevillé d'une jeune femme était à l'autre bout de ses filaments visqueux. Malgré la cage thoracique déchiquetée et les vêtements arrachés, Pénélope restait reconnaissable, son visage figée dans une grimace terrorisée.

Les pleurs reprirent alors de plus belle ... Hors de la chambre ... Une traînée de cette glaire répugnante tapissait le sol vers la porte ... Et même au-delà ...

Les pleurs redoublèrent ... Un appel à l'aide semblable à des coups de poignards qui frappaient au coeur ...

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Lun 27 Mar 2023 - 15:24

Le cube de l'Enfer

Rosen feat Murmure

La porte s’ouvre enfin et je me précipite à l’intérieur de la pièce, l’angoisse me ceignant les tripes. La vision que j’ai alors devant moi me coupe le souffle. Au cœur de ces ténèbres glaciales, le berceau de mon fils est là, entouré d’une étrange lueur surnaturelle. C’est quoi ce merd… ah d’accord, je suis en train de rêver. Encore un de ces putains de rêves à la con… merveilleux.

Je me mords le bras pour vérifier si je rêve. Étrange, ça fait mal. C’est pas possible… Ça ne fait pas mal en rêve normalement ! Alors je suis bien réveillée ?! Ça y est, je suis en train de devenir folle…

Si ça se trouve, c’est encore l’autre cinglée là. La voix… la voix Donnée, c’est ça. Cette maudite secte ne me lâchera jamais. J’avance pas à pas, redoutant ce que je verrais à l’intérieur du berceau. L’angoisse enfle de seconde en seconde, pas après pas. On dirait que ça bouge… que ça remue.

Arrivée devant, je constate qu’il est vide. Mais où est mon bébé ?

Regardant de plus près le petit lit à bascule, j’aperçois d’étranges humeurs visqueuses répandues en de longs filaments. J’approche mes doigts avec précaution, comme si cette chose pouvait me les arracher. C’est collant. C’est froid. Gluant. Cette chose ne me l’a pas bouffé quand même !

Je l’étire assez loin en reculant ma main, écœurée, et suis du regard les nombreux filaments déjà présent. J’ai l’impression que je ne vais jamais réussir à m’en débarrasser tellement que ça colle ! Pire, j’ai l’impression que ce truc est vivant. Le berceau m’a tout l’air d’être devenu quelque chose de démoniaque, de digestif.

A l’autre bout, Pénélope, dans un coin de la pièce, nue, la poitrine ouverte. Je m’approche lentement. Tout ça est tellement étrange… un peu comme si elle avait été recrachée du petit lit. J’ai beau me dire que je rêve d’une façon ou d’une autre, que rien de tout cela ne peut être réel, cela n’en reste pas moins terriblement désagréable.

Je me baisse à son niveau pour observer le corps attentivement, fais un bond en entendant à nouveau les pleurs de mon bébé m’appeler. Athanase ! Ses cris de détresse me vrillent le crâne et me terrifient. Au sol, vers la porte, je remarque alors une traîné de ce truc dégueulasse.

Salopard… tu veux jouer hein ? Ça t’amuse tout ça, hein ? Sale monstre ! Tu veux faire comme si t’avais des couilles, mais t’es rien qu’un cloaque ! Un trou ! Hein ? Oui, un trou ! Un trou que n’importe quel homme peut baiser ! Comme un sodomite, alors tu vas arrêter d’essayer de me la mettre espèce de sac à merde ! Tu crois vraiment que t’as des couilles ? Tu le crois vraiment ?

« Rends moi mon fils tout de suite ! m’écris-je. Je t’interdis de le toucher tu m’entends ! »

Je sers les poings et la mâchoire. Je me relève et me précipite vers la sortie.

« Tu crois que t’as des couilles ? Tu le crois vraiment ?! ALORS VIENS JE T’ATTENDS ! VIENS ! Viens, que je te casse la gueule ! Tu crois que tu me fais peur ? VIENS ! Si jamais tu lui fais du mal je te jure que tu me le paieras ! »

Vas-y, viens ! Viens, espèce de pauvre merde !

La rage prend le pas sur la terreur. Qu’il vienne. Il va voir de quel bois je me chauffe, cet espèce de pigeon déplumé ! J’ouvre la porte pour suivre la trace de cette bave consistante et la direction des pleurs de mon fils.

J’arrive Athanase… j’arrive.

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Mar 28 Mar 2023 - 11:42

Des légendes font mention d'un fil guidant le guerrier téméraire au travers des circonvolutions d'un labyrinthe. Ici, le fil est un amas de mucus translucide et gluant et la personne le suivant est une mère ...

Une mère déterminée et terrorisée à la fois, mais probablement aussi dangereuse et impitoyable que n'importe quel soldat de contes. Elle vociférait, insultait, menaçait les ombres qui l'entouraient, projettant de petits nuages de buées qui témoignaient de la fraîcheur de l'atmosphère qui l'entourait.

Les couloirs de la demeure baronnale avaient perdus de cette banalité rassurante qui réconfortait la régente de Sombrebois. Les torches étaient éteintes, les murs dépourvus de toutes décorations, les meubles semblaient avoir pourris au contact des filaments visqueux qui s'accrochaient à chaque coin.

Les pleurs continuaient, flottant entre les murs gris et semblaient venir du hall d'entrée. La plainte ne semblait jamais s'interrompre, perçant le coeur de la mère à chaque instant.

Emergeant du couloir menant aux appartements, elle vit la Chose. De la taille d'un ours, la silhouette trapue était voûtée et faisait face à la porte. Les cris du nouveau-né redoublèrent d'intensité. La traînée de glaire répugnante suivait les épaisses pattes de la créature qui claudiquait lentement vers l'extérieur.

Aucun doute, cette ... Bête détenait l'enfant qui hurlait ...

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Mar 28 Mar 2023 - 14:10

Le cube de l'Enfer

Rosen feat Murmure

Suivant cette traînée surréaliste, je me dirige vers les escaliers, les descends précipitamment. Ça vient du hall… tout autour de moi, l’obscurité règne et nulle bougie ni torche n’éclaire ma route.

Tout au plus, cette étrange sécrétion qui semble avoir recouvert pas mal de choses… Plus la moindre lumière n’éclaire réellement l’endroit que j’ai presque du mal à reconnaître.

J’ai si froid… mais les pleurs se rapprochent. Il n’est pas trop tard, je vais le retrouver ! Arrivant enfin dans le hall, je me retrouve face à ce qui semble être le ravisseur de mon bébé.

« Toi ! Rends-moi mon fils tout de suite ! »

Je sers la mâchoire, essaie d’analyser l’étrange créature immense. Si c’est Etiol, il ne ressemble vraiment à rien… des pattes ? Je suis perplexe... Si c’est un fangeux… bah, qu’importe.

Je veux juste qu’on me rende mon fils ! J’émets un grognement, un grognement sans doute tout aussi bestial que la bête juste devant moi. Ma respiration se fait lourde et laborieuse. Athanase hurle toujours tant et plus, et ses pleurs me vrillent encore le crâne.

Ne lui a-t-on pas déjà fait assez de mal avec toutes ces histoires ? Ce n'est qu'un bébé ! Un bébé innocent, qu'on le laisse tranquille ! La créature s’apprêtait à quitter le fort, mais elle n’ira pas bien loin avec mon fils, je peux vous le garantir !

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Mar 28 Mar 2023 - 15:24

L'ordre de la mère se répercuta en écho dans le hall aussi vide que le reste de la demeure. La conviction et la détermination dans la voix était semblable à un rugissment.

La créature s'arrêta ...

Les pleurs également ...

Lentement, la montruosité se tourna vers la femme qui l'avait hélé. Malgré la pénombre, ce qui se révéla était aussi grotesque que terrifiant.

Une bouche, garni de dents longues et effilées séparait presqu'en deux le tronc massif de l'atrocité. Pas de cou, pas de tête ... Des yeux ronds étaient sertis au niveau de ce qui aurait du être la cage thoracique, un S blanc incrusté entre les prunelles d'ébène. Cette Chose ne faisait aucun sens ... Un lambeau de chair sanguinolente glissa entre les rangées de crocs qui garnissaient la gueule. Un bruit spongieux répugnant accompagna le morceau de viande qui rencontra le sol. Les bras atrophiés du monstre étaient encombrés du corps désarticulé et mastiqué d'un homme à la livrée verte.

Le cadavre rencontra le sol dans un craquement lorsque la créature le lâcha ...

Ouvrant la gueule en se redressant, la Chose poussa un cri ... Un hurlement semblable à une plainte de nouveau-né ... L'air parut vibrer pendant une seconde avant que la Bête ne se rua en avant, faisant virevolter sa bave gluante tout autour d'elle ...

Il avait trouvé une nouvelle proie.

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Mar 28 Mar 2023 - 16:46

Le cube de l'Enfer

Rosen feat Murmure

Il s’arrête. Il se retourne avec une lenteur terrifiante. Je n’entends plus mon bébé. J’observe ce monstre qui n’a rien d’humain. Rien d’Etiol ni d’aucune sorte de fangeux que j’ai pu voir.

Et cette chose visqueuse et glaireuse… Je ne comprends plus rien. Cette créature n’est qu’une gueule béante monté sur un corps immense aux membres atrophiés.

Je remarque alors que je suis frappée de stupeur qu’elle recrache quelque chose. Un morceau d’homme à moitié dévoré. Un milicien. Une partie du corps est encore dans ses ébauches de bras.

Moi, tout ce que je veux, c’est retrouver mon bébé ! Et je ne le vois nul part. Je ne l’entends même plus… Elle ne peut pas avoir mangé mon fils et le milicien en même temps, quand même !

Mon fils, je veux mon fils !

Et c’est alors que la créature me fonce dessus après un hurlement étrange. Je me fige, saisie de stupeur. Ce cri… Non, plus rien n’a de sens. Ça ne peut pas être Athanase ! C’est pas possible !

C’est dans l’horreur que je vois le monstre me foncer dessus, m’engluer dans cette chose dégueulasse comme j’essaie de me protéger de mes bras et de comprendre ce qu'il s'est passé.

« Athanase ! hurlé-je. Non ! »

Les seuls mots que j’arrive à prononcer au milieu des hurlements. Mon fils ne peut pas me faire de mal, c’est pas possible. Ça ne peut pas être un monstre. Ça n’a pas de sens. Mais si c’est un putain de cauchemar, c’est le moment où je vais me réveiller, hein ?

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Mer 29 Mar 2023 - 12:01

Face à la menace mortelle du prédateur, deux réactions survenaient ...

La fuite et la tétanie ... L'instinct de survie n'imprégnait pas de la même façon chaque être vivant ...

La mère était faite du métal immuable qui consistait à rester figé ... Elle continuait à harranguer la Bête qui lui fonçait dessus dans une tentative de la dompter dans un élan de désespoir ...

En vain ...

La gueule se referma en travers du corps de la femme paralysée ... Elle sentit les crocs s'enfonçer dans sa chair de l'épaule à la hanche et la salive gluante qui imprégna ses vêtements avant qu'ils ne se tachèrent de sang. Les bras de la créature, ridiculement petit comparé à la masse du corps étêté, griffaient l'air de façon erratique, presque comique s'il n'accompagnait pas la douleur sourde de la chair qui cédait sous la pression des mâchoires.

La créature émit un gazouillis de contentement en sentant le sang déferler sur sa langue. Semblable au rire d'un bébé, le son ajouta à la répugnance des bruits de succion et de mastication qui accompagnait la scène.

La femme pensait rêver ... Pourtant elle ne se réveillait pas et assistait à sa dévoration, ahurie de douleur ...

Sujet: Re: [Quête] Le cube de l'Enfer Mer 29 Mar 2023 - 15:28

Le cube de l'Enfer

Rosen feat Murmure

Mes bras croisés devant moi en un ridicule rempart inefficace, la douleur de la morsure ne tarde pas à irradier tout le côté de mon corps. Je redouble de hurlements, essaie de me débattre pour m’extraire de cette gangue d’humeurs sordides qui me maintient prisonnière.

Je ne vais pas mourir comme ça quand même ! Le sang ruisselle, la bave colle, la douleur dévore. Je finis par réussir à me glisser entre deux traits de cette bave dégueulasse, m’écroule par terre à plat ventre. Un espèce de rire poupon résonne comme j’essaie de fuir désespérément. Si je ne me relève pas très vite, je suis morte, c’est sûr. Je prends appuie sur mon bras pour donner une impulsion suffisante afin de me relever pour courir.

Courir où ? Je n’en ai absolument aucune idée, mais il faut absolument que je tienne jusqu’à l’aube si je veux avoir une chance d’échapper à cet espèce de créature fangesque.

Tenir jusqu’à l’aube… je cours en direction de la cuisine, hésite à poursuivre jusqu’à la salle d’eau. Je pourrais peut-être me jeter dans le puits… Finalement, j’ouvre un placard pour m’enfermer dedans, me recroqueville en ramenant mes genoux contre ma poitrine. Les fangeux sont-ils des créatures d’Etiol ?

Je crois que j’en ai la réponse à présent. J’essaie de maîtriser la terreur qui m’envahit. J’aurais dû… J’aurais dû faire plus vite pour lui rendre son maudit chiard...

J’ai trop traîné et maintenant il m’a repris Athanase… Je sens les larmes monter. C’est trop nul tout ça. C’est comme ça que je vais finir ? Dévorée par mon propre fils ? Je tressaute en entendant du bruit dans la cuisine, fais en sorte de rester le plus silencieuse possible malgré la panique. Qu'est-ce que je peux bien faire d'autre, hein ? Maudit Corbac, laisse moi tranquille et rends moi mon fils ! Plus rien n'a de sens. S'il me l'a transformé, il peut bien me le dé-transformer ! Athanase... mon bébé... tu te souviens cette chanson que je te chantais ?

Regardes plus bas,
Cette ombre est comme moi.
Est-ce que le monde tremble ?
Ou est-ce moi qui oscille à chacun de mes pas ?

C'est dur, je le sais,
Mais j'continuerai.
Avec mes deux ailes noires je m'envolerai...

Hey na na na
Il faut être fou pour ne pas perdre la tête.

Eh oh
Même quand la pluie tombe,
Le ciel s'effondre,
Tous les jours.
oh na na na...

A chaque moment où je souffre,
Je m'arrête et je souffle un instant.
Mon corps, mon cœur,
Mon sang, mes pleurs.
N'ont aucune peur.

Même si je tombe j'me relève et puis je crie,
Ce c'que nous avons toujours fais jusqu'ici,
Même si mes genoux touchent le sol,
Du moment que je suis en vie,
Tout ça sera du passé et l'épreuve sera finie.

Les paroles sont un peu confuses et peu fluides à mon esprit, mais me les remémorer m'apaise doucement comme un bouclier protecteur. Ma tête cachée derrière mes bras, j'attends. J'attends... j'attends.

Combien de temps j'attends ainsi ? Je ne saurais le dire. Toute notion temporelle a disparue.

Se cacher ...

Comme une enfant se livrant à un jeu innocent et amusant ...

Cependant, le Loup ne comptait pas avant de se lancer à la poursuite des autres joueurs ... Et s'il était trouvé, c'était la fin du jeu et le début du repas ...

Se cacher ... Y avait-il du sens à le faire lorsque le sang qui coulait depuis les sillons profonds qui lacéraient les chairs indiquaient le chemin que vous empruntiez ?

Le pas lourd et traînant du la Chose résonnaient dans les coursives qui menaient à la cuisine. Les rires poupons succédaient à des borgborygmes visqueux et au choc des pieds difformes sur le sol.

Toujours ce vide et ce silence persistant ... Il n'y avait que le chasseur et sa proie ...

La Bête se redressa, reniflant les effluves métalliques du sang qui jonchait le parquet usé. Un nouveau gazouillis de nouveau-né signifia le contentement de celle-ci.

La femme attendait dans sa cachette ... Encore et toujours ...

Puis la porte vola en éclats pour dévoiler une nouvelle fois, les rangées de crocs effilés qui brillaient de façon menaçante ... Le cache-cache était terminée ...

La chasse reprenait ...

Le cube de l'Enfer

Rosen feat Murmure

Le silence point par moment au travers de tous ces bruits terrifiants. A quel moment tout a basculé ? Qu’a-t-il donc bien pu se passer ? Je ne saurais le dire. Tout est si flou.

Le bruit de la chair molle qui frappe lourdement le sol. Ces espèces de déglutitions étranges, de râles gutturaux en tout genre au milieu de singuliers babillages et rires poupelins. Cet espèce de mélange inconcevable et contre-nature entre monstruosité et enfançonnage.

Une nuance incompréhensible et effarante. Bien sûr, les fangeux sont là depuis de longs mois maintenant et nous n’avons d’autres choix que de nous adapter. La surprise passée, ils font parti de notre monde, de notre quotidien, presque, pour certains. Et une nouvelle sorte de créatures n’a pour ainsi dire rien de bien singulier. Une sorte de plus ou de moins rendu là…

Mais là, il s’agit de mon fils et c’est bien là le plus terrifiant dans cette histoire. Recroquevillée au fond de mon placard, j’écoute et attends comme une proie piégée au fond de sa tanière. De lourds reniflements appuyés, une haleine qu’on devine habitée d’un souffle chaud.

Lorsque la porte éclate subitement, je ne peux qu’émettre un hurlement. Et maintenant, où aller me cacher ? Je suis acculée comme un rat à regarder la créature difforme en face de moi. Créature qui n’est autre que mon fils. Qui n’est autre que le bébé que j’ai porté de si longs mois en mon sein. Mon bébé… je veux juste mon bébé.

« Athanase, arrête ! C’est moi ! C’est juste moi ! Tu ne me reconnais pas ? C’est moi ! C’est maman ! »

A cet instant là, je ne sais pas si je frémis plus de dégoût en face de la chose qui n’a plus rien à voir à présent avec mon enfant, ou si c’est la peur de me faire dévorer. Je sens les larmes rouler sur mes joues. Mon bébé… Mon corps est tendu, près à bondir d’une façon ou d’une autre vers le meilleur côté pour fuir par le salle d’eau afin de rejoindre le hall si jamais il m’attaque encore.

Mais c’est mon bébé, je suis sa mère. Il va bien me reconnaître hein ? Hein ? Hein ?

« Mon bébé... »

Toujours prête à fuir à la moindre attaque, j'essaie lentement de m'extraire du placard pour m'avancer vers lui. Non, cette chose n'est plus mon bébé. Mais la douleur me force à ignorer ce détail.