Marbrume


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 Trop tard pour le salut d'une jeune âme?

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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyMar 25 Avr 2023 - 22:14
Temple de Marbrume
23 mars 1161


Pierre avait eu beau pester et tenter de la retenir, Lou’ avait fini par quitter la masure familiale en trombe, incapable de contenir plus longtemps les émotions que l’assaillaient.

Elle connaissait pourtant bien ce client particulier de sa mère. Elle savait qu’elle devait faire extrêmement attention lorsqu’il était dans les parages. Même Margot semblait un peu plus sur ses gardes en sa présence et la matriarche avait d’ailleurs pris l’habitude de le ramener elle-même à la porte d’entrée une fois la transaction conclue.

Sauf que, cet après-midi, leur mère ne ressortit pas de la chambre en même temps que le rustre imbibé dont le premier agissement fut de s’en prendre gratuitement à la petite Yvette, alors âgée de deux ans, qui devait être passée trop près de lui à son goût...

Louisa s’interposa naturellement entre l’homme violent et sa petite sœur. Ce n'était pas la première fois, et ce ne serait probablement pas la dernière... Le premier coup la cueillit donc à la joue et l’envoya valser contre une chaise, bousculant au passage Yvette et Brunien, tous les deux encore trop petits pour comprendre ce qui était en train de se passer. Le second fut un coup de pied dans son estomac, qui la retourna sur le dos. Pliée en deux par la douleur, Lou’ s’attendit au pire.

Son salut se trouva dans un concours de circonstances: Pierre, qui traînait dans la rue juste devant la maison, entra comme une furie accompagné de ses deux acolytes habituels, alertés par les cris de la maisonnée, et Margot les gracia enfin de sa présence, en hurlant comme une harpie. L’homme prit peur et s’échappa sous les cris des Courtepointe, laissant Louisa allongée au sol, le souffle coupé.

Sentant déjà les roses violettes s’étendre sur sa peau, la jeune fille se releva rapidement avec l’aide de Pierre et vérifia d’un coup d’oeil que sa fratrie allait bien. Même la chaise n’avait rien et avait simplement été renversée.

Margot continuait toutefois à hurler à tout va, Léonie, hors d’elle, lui donnant la réplique.

Louisa perçut alors son contrôle sur son propre être vaciller, comme une corde trop tendue qui s’apprêtait à lâcher. La menace dont sa petite sœur avait été la cible, les coups dont elle avait encore été la victime, et leur mère… leur mère qui ne s’inquiétait pas une seule seconde de leur état et ne faisait que se plaindre de la mauvaise réputation que ses enfants engendraient pour son commerce.

La jeune fille craqua. Pour la première fois en quinze ans, elle ne se sentit pas capable d’étouffer ses émotions pour être celle qui, encore une fois, apaiserait et consolerait sa petite famille. Alors qu’il n’y avait jamais personne pour la consoler, elle.

« Toi… », fut tout ce qu’elle parvint à cracher tel un chat au sauvage au visage de leur mère.

Elle se défit alors rapidement de la prise que Pierre avait toujours sur son bras après l’avoir relevée et s’élança dans les rues du Goulot sous ses appels véhéments. Elle ne savait pas que faire, ni même où aller, mais elle courut quand même sans relâche, ombre misérable et crasseuse en recherche de quelque chose.

Ses pieds la conduisirent au Temple de Marbrume et Louisa s’arrêta quelques instants devant les marches de l’établissement. Elle n’y était jamais entrée auparavant. Elle savait très bien où il se trouvait et elle passait parfois devant l’imposante bâtisse mais leur mère leur avait toujours interdit de s’y aventurer. Sauf que leur mère n’était même pas capable d’empêcher ses clients de frapper ses propres enfants… Que savait-elle au final, de ce qui était bon ou pas pour eux?
Au moins le Temple serait-il un lieu calme et apaisant où elle serait en sûreté, le temps de remettre de l’ordre dans ses idées.

La jeune fille gravit donc les marches de pierre, aux aguets. La laisserait-on seulement entrer vu l’état dans lequel elle se trouvait? Mais personne ne l’arrêta alors qu’elle franchissait les majestueuses portes et s’engageait dans la nef. Elle resta un instant tétanisée devant les immenses statues alors sans nom - Anor, Rakn et Sipius, ou quelque chose comme ça? - mais préféra toutefois se mettre rapidement à l’abri des regards et dévia donc vers les colonnes soutenant les balcons.

Là, elle s’assit au sol dans un recoin, dos contre une majestueuse pilastre, entoura ses genoux de ses bras maigrelets et laissa enfin les larmes couler.
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Agathe HaubourtVagabond
Agathe Haubourt



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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptySam 29 Avr 2023 - 10:53
Le soleil avait déjà entamé sa descente du ciel, les nuages étaient peu présents et une légère brise venait souffler sur les hauteurs des marches du temple. Avisant les toitures des habitations, je ne pouvais que ressentir cette sensation étouffante que me procuraient régulièrement mes navigations dans la cité. Elle était belle, c’est vrai, animé et terriblement vivant. Le fourmillement des habitants donnait la sensation de ne jamais s’arrêter, que la grande ville regorgeait d’activité, d’éléments d’une longue liste à cocher. Le nombre de fidèles était beaucoup plus important ici que ceux venant nous trouver dans les villages où s’autorisant leurs présences à nos cérémonies. Ici, tout semblait démesuré, pour la plus grande joie des représentants des Trois, sans aucun doute. Pourtant ma poitrine se resserrait ici, comme si un poids terriblement lourd venait appuyer au niveau de mon torse, m’obligeant à entrouvrir les lèvres pour prendre une profonde inspiration. L’air n’était pas chaud ni froid, pourtant, je ressentais un léger frisson. Comment parvenir à accompagner autant de personnes ? Comment parvenir à écouter avec autant d’attention que mérite chaque individu ? Comment se souvenir de la moindre chose confiée pour la prochaine fois, comment. Autant de questionnement qui n’en rendait que plus difficile encore mon souffle. Définitivement, je me félicitais d’avoir fait le choix de rester dans les faubourgs, si proches, mais suffisamment loin du temple de la grande ville pour accompagner comme je l’appréciais.

Me redressant avec lenteur, je me retrouvais face à tous ceux qui remontaient les marches pour entrer dans la demeure des Trois. J’entendais encore le murmure de la prêtresse responsable, qui m’invitait -avec grande volonté- à rester un peu, pour prier, m’imprégner de cette atmosphère vivifiante. Mes lèvres affichaient ce sourire presque figé, avenant, amical, afin de ne faire fuir aucune personne. Mes doigts venaient dépoussiérer légèrement ma robe du culte, insistant sur les couleurs représentant mon affinité avec Serus. Relevant les yeux vers le bas de marche, mon attention se fixa sur une jeune fille, qui contrairement à l’ensemble des autres visages semblait perdue. La petite silhouette avait effectué une pause en bas du temple, avant de venir gravir l’ensemble. Comme un chat en pleine chasse, ou pleine fuite, la gamine ne semblait pas parfaitement à son aise. N’en fallait-il plus pour me donner cette envie irrésistible d’en savoir plus. Fallait-il bien admettre que j’avais toujours eu un affecte particulier pour les enfants. Inspirant une nouvelle fois, je balayais cette pensée de mon esprit, priant intérieurement Serus de m’aider à offrir à mon époux encore bon nombre de petits.

Pénétrant à sa suite à l’intérieur du temple, je ne pus qu’incliner la tête face à la dominante représentation d’Anür -première représentation que l’on pouvait apercevoir en rentrant dans le lieu de culte-. Imposante, impressionnante avec son bâton du jugement, je m’étais surprise à pincer mes lèvres, la suppliant intérieurement de ne pas fermer la porte des âmes trop vite, chacun avait droit à une seconde chance, non ? Secouant légèrement la tête, relevant très légèrement le bas de ma robe, je cherchais la petite silhouette avec insistance, tant que je m’étais figée sur place. Trop de visages, trop de personnes pour y parvenir immédiatement. Par réflexe, je passais furtivement de statue en statue : Anür puis Serus qui me tira un nouveau Serus. Ce représentant avait quelque chose de réconfortant, de protecteur, un simple coup d’œil à son égard et nous ne pouvions que ressentir cette promesse d’abondance dans les récoltes, dans les naissances et dans la chasse. Aucune petite silhouette à ses pieds en revanche. Secouant lentement la tête, je poursuivais mon investigation silencieuse -mais non pas moins minutieuse- : Rikni. À la pointe de ce triangle imaginaire, la belle déesse mi-humaine, mi-serpent trônait là. Redoutable, elle était prête à donner sa bénédiction au premier soldat ou chevalier qui s’en montrerait digne, ou bien à venir s’immiscer dans les rêves pour murmurer les plus belles craintes de ses victimes afin de les ramener vers le droit chemin -ou de les aiguiller peut-être vers un choix difficile-. Ce fut là, à ce moment précis que je retrouvais la petite silhouette, rebroussant chemin pour s’installer dans un coin à l’abri des regards. Je ne pouvais que reconnaître ce besoin de calme quand je l’apercevais pour moi-même y être souvent habité.

Lentement, je prenais sa direction, convaincue qu’Anür ne pouvait pas amener une petite âme dans sa demeure, sans avoir autre chose derrière la tête que de l’accompagner, de l’aider. Difficile pourtant de définir comment atteindre ceux qui n’ont pas envie d’être touchés, ou d’échanger. Parfois seule la parole silencieuse des Trois pouvait apporter un réel réconfort. À quelques pas de la jeune fille, je m’immobilisais, hésitante à mon tour, avant de franchir définitivement la maigre distance qui nous séparait.

- « Puis-je ? » fis-je en arrivant à sa hauteur et en me penchant légèrement.

Les mains nouées devant moi, j’attendais sans véritablement attendre un signe positif, encourageant. Je prenais place à ses côtés, m’appuyant à mon tour contre l’édifice religieux, croisant mes mains sur le haut des mes genoux, fixant les fidèles, fourmillant à nouveau et passant de représentant en représentant. Le temple ne pouvait que se féliciter d’ouvrir cet accueil à tous, permettant à chacun de trouver un peu de réconfort, soit dans un représentant, soit dans les immenses statues.

- « On pourrait souvent penser que le temple est d’un calme à toute épreuve, mais je crois qu’à l’image de Marbrume, il est tout autant animé » je faisais le choix de ne pas lui imposer mon regard, ma voix était douce, calme avec un débit plutôt lent « Je ne voudrais nullement m’immiscer ou paraitre déplacé, mais j’apprécierais rester un peu ici aussi, à contempler ce mouvement et à mes questionner sur le but de tout ceci, est-ce que vous me le permettez, jeune fille ? »

Laissant mes droits farfouiller dans ma manche, j’en sors un morceau de tissu fin, doux, agréable au toucher -et non utilisé-, brodée soigneusement au motif de Serus en son centre, mais laissant apercevoir les symboles de Rikni et Anür à chaque angle. Après une infime hésitation, je le tendais à la petite silhouette, attendant patiemment qu’elle le prenne.

- « Il n’y a qu’ici que je m’autorise à laisser sortir mes émotions, parce que je sais que jamais les Trois ne me jugeront ou ne me condamnerons. » Soufflais-je en abandonnant mon sourire «Pardonnez-moi, je ne me suis pas présentée, je me prénomme Maëlly, prêtresse de Serus, généralement en extérieur de Marbrume, je ne souhaite nullement vous importuner, mais si votre âme ou votre esprit le souhaitent, je puis vous écouter, ou rester silencieusement en restant ici, avec vous. »
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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptySam 29 Avr 2023 - 21:01
La jeune demoiselle n’eut pas vraiment le temps de se morfondre qu’une voix douce lui fit relever la tête de ses genoux. C’était peut-être aussi bien, de ne pas avoir l’occasion de regarder d’un peu plus près toutes ces horribles pensées qui lui traversaient l’esprit, empreintes d’agression et de désespoir.

Car cela faisait un moment maintenant que Louisa ne voyait plus d’échappatoire à la situation monstrueuse dans laquelle leur mère les avait plongés… Ou plutôt, au sortir de l’enfance, elle avait enfin cerné toute l’horreur de ladite situation et elle avait commencé à en vouloir à tout le monde, de sa mère, la principale responsable, à ses frères et soeurs, seules raisons pour lesquelles elle restait encore .

Elle posa donc des yeux emplis de chagrin et de doutes sur une dame qui devait être une prêtresse au vu de ses robes. Celle-ci n’attendit pas vraiment de réponse et s’assit près d’elle alors que la jeune fille hésitait toujours sur la façon de se comporter. Margot Courtepointe racontait à qui voulait l’entendre, y compris ses enfants, que les prêtres de la Trinité n’étaient que des suppôts du Mal, des engeances souillées auxquelles il ne fallait pas faire confiance. Louisa s’était donc toujours tenue à distance et n’avait du coup aucune idée de la façon de se tenir en présence d’une prêtresse, ni de la façon de leur parler. Parce que oui, elle avait bien fini par comprendre que Margot racontait des âneries et que les prêtres étaient probablement des gens tout à fait corrects. Celle-ci en avait l’air en tout cas, tandis qu’elle demandait à la jeune Louisa si elle pouvait rester là.

Les larmes avaient arrêté de couler, laissant des trainées humides sur ses joues, l’une d’elle maintenant décorée d’une belle ecchymose, et elle hocha simplement de la tête, un peu d’appréhension se glissant dans son regard.

La prêtresse, Maëlly, l’encouragea alors à parler ou à simplement rester là en silence. La possibilité de se taire fut son premier réflexe mais à l’idée de s’exprimer, de déverser ce trop plein d’émotions qui la rendaient malade, elle avait été à la fois horrifiée et soulagée. Pouvait-elle vraiment révéler les tréfonds de son âme à cette dame? Et en même temps, si ce n’était pas à elle… à qui?

« Moi, c’est Louisa, M’Dame. C’est l’première fois qu’j’viens ici pour êt’e honnête… J’sais même pas vraiment… » Elle laissa sa phrase en suspens en faisant un vague geste de la main vers les statues représentant les Dieux. Mais sa détresse la poussa à poursuivre.

« E’ce que vous croyez que… quand les Dieux ont décidé de quequ’chose pour vous… C’est fini? Qu’on a p’u le choix? »

Son ton s'était un peu durci, empli de rancœur, et elle pointa un doigt presque accusateur sur son propre visage et le bleu qui ornait sa joue.

« E’ce que ça va être ça ma vie?! Pour toujours? Tout ça pa’ce que mon idiote de mère fait le trot- »

La jeune fille s’arrêta en plein milieu de sa phrase. D’abord, parce qu’elle avait bien failli dire un tout autre mot à la place d’’idiote’, qui n’aurait certainement pas été convenable dans un Temple. Mais aussi parce qu’elle n’était pas certaine de ce qu’elle était prête à raconter à la prêtresse. Principalement parce qu’elle ne savait pas ce que la prêtresse pourrait faire pour elle, au juste, si elle pouvait faire quoi que ce soit d'ailleurs. Elle avait également peur du jugement. De cette étincelle, parfois moqueuse, parfois méchante et parfois pleine de pitié qui s’allumait dans le regard des gens quand ils comprenaient qu’elle n’était que la fille d’une prostituée.
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Agathe HaubourtVagabond
Agathe Haubourt



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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyMar 2 Mai 2023 - 14:48
Je m’étais appuyée doucement contre les murs de l’édifice, avisant du coin de l’œil celle qui devenait mon interlocutrice principale. Elle était jeune à première vue, sans doute déjà bien trop malmenée par la vie au vu des premières paroles qu’elle prononçait. Des traces humides sous les yeux, une marque un peu plus violette qui ne devraient aucunement décorer ainsi le visage d’une femme en devenir. Conservant le silence, je me contentais d’hocher avec lenteur le menton, afin de confirmer que j’avais entendu son prénom : Louisa. Un joli prénom, pensais-je, sans qu’aucun sourire ne vienne étirer mes lèvres. Hésitante pour la première, j’ignorais la démarche à suivre, habituellement les fidèles venaient avec une volonté propre, une base déjà bien avancée, hors cette fois-ci la situation me semblait un brin différente. Tricotant du bout des doigts un morceau de ma tenue, venant la lisser dans une habitude qui trahissait ma réflexion. Attentive, j’avais suivi des yeux son mouvement désignant les différentes statues, tachant de ne pas laisser transparaitre mon étonnement quant à cette découverte. Les Trois n’étaient-ils pas la base de toute éducation, la base de l’existence elle-même ? Comment pouvait-elle tout en ignorer, du moins, était-ce réellement ce qu’elle laissait entendre ou faisais-je complètement erreur ? Entrouvrant les lèvres pour répondre, je ne pus que conserver la silence suite à son interrogation.

Les Dieux avaient-ils réellement cette ascendance, définissait-il un chemin bon ou mauvais, sans laisser la moindre chance, à nous, fidèles d’évoluer ? Reprenant une légère inspiration, m’opinais avec un peu plus de dynamisme, convaincue moi-même de la réponse que j’allais pouvoir lui apporter. Néanmoins, sentant -ou n’ayant pas le temps-, aucun son n’était venu animer ma voix, observant cette fois-ci avec un brin plus d’empathie celle qui semblait agitée par une tristesse infinie. Cessant le mouvement de mes doigts sur ma tenue, je laissais entendre -enfin-, ma voix : « mh… » fis-je pensive, avant de secouer avec lenteur mon visage de gauche à droite. Instinctivement, j’avais eu envie de venir déposer ma main sur sa joue, caresser ce visage malmené visiblement par des parents qui feraient mieux rapidement de retrouver un peu de conscience.

- « Si le besoin de vous exprimer devait se faire sentir, de manière plus… intense » débutais-je en prenant le temps de laisser un léger silence « Sachez que.. » j’hésitais, puis je reprenais avec une certitude, la distance n’était pas de rigueur ici « Sache que ce que tu me dis restera entre toi, moi et les Trois » concluais-je en désignant l’un après l’autre les représentations des dieux figés dans le temps : « Anür, Serus et Rikni » terminais-je en désignant l’un puis l’autre d’un très léger mouvement de tête.

J’avisais tour à tour les Trois, me mordillant l’intérieur de la joue, une étrange certitude dans le bas ventre : il y avait beaucoup plus qu’une écoute à mener ici. Peut-être que ma présence ici n’avait rien d’anodin, peut-être était-ce une épreuve, une demande des Dieux eux-mêmes que d’aider cette enfant. Je ne pouvais nullement décevoir les Trois, mais bien plus qu’eux, c’était cette jeune fille qui avait besoin d’une main tendue. Une nouvelle fois, par volonté, ou par réflexion, j’avais laissé un silence s’installer, le jugeant tout aussi réconfortant que nécessaire.

- « Je ne crois pas que ce sont nos Dieux qui définissent notre avenir » admis-je pour commencer « Même pour eux, cela représenterait beaucoup trop de travail que d’établir avec certitude la vie entière d’un fidèle, de sa vie à sa mort. » Argumentais-je « En revanche, ils nous accompagnent partout et nous offrent une multitude de possibilités, à nous par la suite de faire les choix qui nous semblent le plus adapté en fonction de nos besoins, de nos envies, de nos désirs » j’étirais mes lèvres dans un fin sourire « Anür aide l’enfant à passer adulte, bénie les couples lors du mariage par exemple, elle observe d’un œil attentif les choix qui sont faits, pour déterminer lors de la mort, si l’âme va errer éternellement dans une solitude, ou si elle mérite la paix éternelle »

Était-ce trop ? Je cherchais dans son regard une réponse. Étais-je trop précise, ou pas suffisamment ? Devrais-je amener d’autres éléments pour argumenter davantage ? Si la grande ville regorgeait de personnes à l’influence raisonnante, pour d’autres, comme celle-ci, la vie ne semblait nullement l’épargner. J’ouvrais une nouvelle fois les lèvres, avant de refermer l’ensemble, prenant une légère inspiration.

- « Regarde Rikni » d’un bref geste de la main j’indiquais la statue « C’est une combattante, elle lutte pour la survie, vient animer les rêves de ceux qui doutent, elle aiguille autant qu’elle peut à sa manière. Faut-il encore savoir comprendre les signes, ou accepter de voir ce qu’on ne peut souvent pas accepter » concluais-je « Penses-tu réellement ne pas avoir de choix ? Où les choix que tu entrevois ne te conviennent-ils pas ? C’est différent, non ? »

Je l’avisais un instant, une nouvelle fois, un infime temps, j’aurais voulu la détailler davantage, l’analyser, mais j’avais peur que mon regard soit perçu de jugeur, ou de trop insistant.

- « Il n’y a que toi qui décides de ta vie » concluais-je « Je crois que, tout ce que tu sembles vivre, c’est une véritable force digne de Rikni elle-même, ne crois-tu pas ? Ce sont les épreuves qu’on traverse qui nous renforcent… C’est ce que je veux croire, peut-être me trompais-je, je ne sais pas. » Admis-je finalement, avant de pivoter légèrement vers elle, définitivement « Pourquoi être venus ici, aujourd’hui, maintenant, alors que jamais tu n’y étais venue auparavant ? » n’était-ce pas le signe principal de la guidance perpétuelle des Trois ?
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Louisa CourtepointePrêtresse
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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyMer 3 Mai 2023 - 21:13
La jeune demoiselle écouta attentivement les explications de la prêtresse, comme si elle cherchait tout à la fois réconfort et faille dans ses propos. Anûr, voila. Serus et Rikni. Ça sonnait mieux que les sobriquets qui lui étaient restés en mémoire après les sermons de quelques voisins bien intentionnées. Elle suivit par ailleurs le mouvement de main et observa la statue de la déesse guerrière avec intérêt. Oui, lutter pour sa survie, et celle des autres, elle connaissait bien, en effet…

« Mes choix? », répéta-t-elle comme un écho, une pointe de moquerie dans la voix.
« Voyons donc les possibilités… », commença-t-elle à énumérer. « Ah oui, rester dans c’bouge où not’mère nous a enchainés. Ou m’tailler et abandonner les ptits au même sort qu’j’essaie de fuir. Dans l’une, j’gâche ma vie. Dans l’autre, j’gâche celle des autres. »

La moquerie avait disparu de son attitude. Louisa n’avait en réalité jamais vraiment cru que les Dieux contrôlaient leur destin comme des marionnettistes, non. Elle savait très bien que c’était les décisions de sa mère qui l’avait menée là.

La dernière question de la prêtresse amena du coup un réel questionnement et elle se laissa porter par le fil de ses pensées. La tête posée contre la pilastre, elle scruta la prêtresse de ses yeux d’ambre. N’était-ce pas exactement pour ça qu’elle était entrée ici? Dans l’espoir d’obtenir des pistes de réflexion offertes par quelqu’un de neutre?

« J’cherchais un endroit calme où on m’laisserait un peu en paix. »
Elle se rendit immédiatement compte de la façon dont ses paroles pourrait être interprétées et elle se corrigea.
« Pas vous, hein?! C’est juste… qu’il y a toujours tellement de monde à la maison et ils ont toujours besoin de quelque chose. Quand c’est pas… » Elle fit un vague geste de la main vers son visage et le bleu qui y fleurissait.

La jeune fille prit ensuite une profonde inspiration et reprit, bien décidée à aller au fond de ce mal-être qui la bouffait de l’intérieur depuis quelques temps et l’avait emmenée ici.

« J’imagine que… Enfin, j’espérais probablement aussi une sorte de… guidance? Des Dieux ou… »
Elle fit une petite pause, puis un sourire ironique vint étirer ses lèvres.
« Pis, y a aucune chance que ma mère vienne me trouver ici. C’était une Orpheline du Temple, v’savez? Elle s’est fait la malle dès qu’elle a pu. Et v’là le résultat! », ajouta-t-elle en se pointant elle-même du doigt.
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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyJeu 4 Mai 2023 - 14:26
J’avais senti mes lèvres se pincer à deux reprises, presque instinctivement j’avais eu ce léger haussement de sourcil. Avais-je fais preuve de maladresse, sans aucun doute, pouvais-je parfaitement entendre que lorsqu’on a la sensation que les Dieux eux-mêmes s’acharnent sur nous, il était difficile d’entendre que nous étions maîtres de notre propre destin. Pinçant une nouvelle mes lèvres, je me contentais de faire silence, une nouvelle fois, presque convaincue qu’il s’agissait là de la meilleure approche concernant cette jeune fille. Je n’avais pas encore suffisamment de recul, ou même d’expérience pour agir autrement que dans la réflexion et non la spontanéité ou l’impulsivité. J’avais abandonné mon intension de la petite silhouette pour me concentrer sur le mouvement des fidèles, passant d’un représentant à un autre, d’une représentation des Dieux à une autre. J’écoutais, attentivement le moindre son s’échappant de la bouche de mon interlocutrice, hésitation, soupir, agacement ou humour discutable, je prenais le temps d’analyser les réactions. Ce ne fut qu’à cet instant que je compris que ma méthode imprégnée de douceur, n’était pas forcément la plus efficace pour la faire réagir ou agir convenablement afin de sortir d’une situation qui ne semblait plus lui convenir.

En pleine réflexion de l’origine de sa présence dans le temple, la jeune fille admit rechercher un endroit calme, avant de notifier fuir les éventuels goûts qu’elle nomma d’un signe de la main vers les traces sur son visage. Opinant avec une certaine lenteur, sans mot dire, je me contentais de la laisser cheminer davantage dans ses idées. Le besoin d’être guidée, voilà bien un fait que bon nombre de gens recherchaient. Ce n’était cependant nullement le rôle des prêtres ou prêtresses de prendre les décisions, ou d’acter des changements. Soulevant et rabaissant le menton en signe de compréhension, un fin sourire venant désormais orner mes lèvres, alors qu’elle se démontrait comme conséquence visiblement négative de la fuite de sa mère.

- « Je trouve au contraire qu’il s’agit là d’une bien belle conséquence » admis-je en me redressant avec lenteur « Peut-être pourrions-nous dans un premier temps nettoyer ton minois ? » proposais-je en montrant sur mon propre visage l’emplacement de ses marques « J’ai bien conscience qu’il ne s’agit nullement de poussière et que l’ensemble ne disparaitra pas, mais.. Parait-il que cela permet de détendre l’esprit que de prendre un peu de temps pour soi » soufflais-je en déplissant les plis de ma robe.

Une fois levée, légèrement de côté pour indiquer la direction, tout en étant dans cette attente légitime de la voir se mouvoir jusqu’à moi. Conservant ma pensée pour l’instant, je me contentais de prendre une légère inspiration avant de poursuivre tout en relevant les yeux vers les représentations divines.

- « Il y a autour de possibilités que de personnes parcourant les terres de notre royaume. » fis je dans un premier temps « Faut-il encore être en mesure de le percevoir. Chaque choix entraine des conséquences, mais ce que les Trois n’ont de cesse de me murmurer c’est qu’il faut être un brin égoïste pour réellement pouvoir prendre soin des autres » Je dévoilais d’un geste de la main Rikni « Penses-tu que notre déesse serpent puisse protéger qui que ce soit, si elle-même n’était pas en état de combattre ? Elle regarderait simplement avec lenteur notre monde sombrer. »

J’avançais de quelques pas, tout en prenant le temps de l’attendre si nécessaire, ou de simplement m’arrêter si la jeune fille en émettait la volonté.

- « Moi-même, je ne suis pas certaine d’être en mesure d’écouter et d’aider, si je ne suis pas dans un état convenable » essayais-je de poursuivre « C’est admirable de vouloir protéger les autres, mais cela ne doit pas être à tes dépens, si tu ne te réalises pas toi-même, tu finiras par faire souffrir ceux qui semblent si chers à ton cœur. » Concluais-je finalement sans davantage de détails.

J’avais poursuivi mes pas, avec une certaine lenteur dans mes mouvements. J’étais convaincu, inévitablement que la place de cette jeune femme en devenir n’était plus au domicile de celle qui l’avait mise au monde. Convaincu qu’elle méritait comme n’importe quel fidèle d’essayer de trouver son chemin de faire ses propres choix. Des conséquences il y en aurait toujours de toute façon. Passant mes mains dans ma chevelure, je venais resserrer le chignon qui tentait faiblement de maintenir l’ensemble de mes mèches rebelles.

- « J’ai deux propositions à te faire » concluais-je finalement pour lui offrir le choix de la décision « Nous pouvons aller du côté des soins, que je te nettoie un peu tes petites plaies, ou bien, nous pouvons si tu le souhaites nous baigner un instant, essayer de détendre nos esprits, peut-être que les vapeurs de l’eau chaude seraient favorables à ta réflexion, mh ? Peut-être qu’en même temps, tu pourrais me notifier les risques d’un départ que tu sembles rechercher pourtant… ? Les risques supplémentaires j’entends, pas ceux que ceux que tu protèges subissent déjà.» je fis une pause « Qu’en penses-tu ? »
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Louisa CourtepointePrêtresse
Louisa Courtepointe



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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyVen 5 Mai 2023 - 19:22
Toute ironie avait quitté la jeune fille alors que les paroles de la prêtresse faisaient écho aux réflexions qu’elle s’autorisait parfois dans les tréfonds de son âme.
Elle savait que ni elle ni ses frères et soeurs ne méritaient le dénigrement auquel ils étaient perpétuellement soumis. Par leur mère d’abord, mais aussi par le reste de la plèbe qui considérait les enfants de prostituées comme des moins que rien. Et quand c’était tout ce qu’on avait toujours connu, il était difficile de se convaincre du contraire.

Pourtant, Maëlly n’avait aucun problème à affirmer qu’elle n’était pas qu’un dommage collatéral. Et cela fit étrangement chaud au coeur de Lou’. À quel point était-elle en manque d’un modèle féminin digne de ce nom, se demanda-t-elle, pour ainsi s’adoucir face à la première prêtresse venue? Mais elle acquiesça tout de même à la proposition de son aînée. Oui, un petit nettoyage en règle ne ferait pas de mal. Elle avait bien conscience du tableau après tout : ses guenilles maintes fois raccommodées, sa longue tignasse de cheveux emmêlés, ses chaussures aux extrémités baillantes et la crasse qui la recouvrait, plus particulièrement ses mains. Dans le Goulot, elle ne dépareillait pas vraiment mais ici?… Elle suivit donc la prêtresse, longeant les murs comme un chat apeuré quand c’était possible.

« D’aussi longtemps que j’m’en souvienne, j’ai pris soins des ptits… », commença-t-elle en réponse à la suggestion de Maëlly. « Mon plus vieux souvenir, c’est d’essayer de calmer mon frère et ma soeur, un an plus jeune, qui pleuraient et dérangeaient not’mère pendant qu’elle travaillait. Ça m’parait pas naturel de… les abandonner. D’les laisser tomber. Et en même temps, j’sais pas… J’sais pas ce que j’peux faire de plus pour eux maintenant. J’ai atteint ma limite, j’crois. »

C’était difficile pour elle, de mettre en musique les pensées qui hantaient son esprit. Elle avait beau se faire toutes ses réflexions au quotidien - Léonie lui disait toujours qu’elle réfléchissait beaucoup trop et que ça voyait - mais elle ne les exprimait jamais, à personne, et c’était un tout autre exercice.

La prêtresse s’arrêta alors et lui donna le choix. Des soins ou un bain. La simple idée de prendre un bain dans les légendaires thermes du Temple la remplit d’anticipation et elle ne put empêcher la petite étincelle d’envie qui s’alluma dans ses yeux. Ses plaies n’étaient pas bien graves, elle avait l'habitude…

« S’baigner, c’est… une bonne idée. » Continuer de parler aussi, ça l’était mais ça, elle n’était pas encore prête à l’admettre à voix haute. Elle resta donc plantée devant la prêtresse, dans l’expectative. Elle savait qu’il y avait des thermes sous le Temple mais… où?
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Agathe HaubourtVagabond
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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptySam 6 Mai 2023 - 10:05
J’étais immobile, avisant la jeune fille, cherchant à mieux appréhender ses pensées, ses doutes, ses questionnements avec pour unique objectif de mieux l’accompagner. Prenant une légère inspiration, laissant mes doigts vagabonder le long du tissu de ma robe, tortillant l’ensemble par habitude, trahissant sans aucun doute mes réflexions. J’avais craint de la brusquer, d’avoir été un peu trop directe, mais j’avais la certitude profonde qu’il fallait agir ainsi. Attentive, j’opinais simplement à l’évocation de ses souvenirs, comprenant que son attachement vis-à-vis de ses frères et sœurs était sincère et profond. Finalement, n’avait-elle pas joué le rôle de mère, plutôt que de sœur.

- « Personne ne parle d’abandonner les petits » tentais-je doucement « Mais, dans la situation actuelle, il n’y a guère beaucoup de cartes à jouer pour aider tout ce petit monde, il me semble primordial d’améliorer déjà ta situation » concluais-je sans m’avancer davantage.

Devant l’acceptation de ma proposition, je me contentais d’étendre mes lèvres dans un nouveau sourire. Si la petite acceptait de me suivre, c’est que notre conversation n’était pas aussi désagréable et démunie d’intérêt. D’un geste de la main, je lui indiquais le chemin, reprenant ma marche dans une lenteur qui me permettait de garder à l’œil mon interlocutrice, mais aussi notre environnement, mes frères et sœurs et les autres fidèles. Déviant légèrement sur la gauche, je l’invitais à passer la grande porte dérobée menant vers les sous-sols et les thermes bouillonnantes. C’est ce qui nous intéresse finalement. Silencieuse, je préférais la laisser prendre ses marques, accrocher son regard aux nombreuses teintures recouvrant les murs à l’image de la Trinité, inspecter les écailles incrustées, ou encore s’interroger sur les concoctions qu’on pouvait apercevoir de ranger ici et là. Le temps de trajet ne fut pas particulièrement long, après quelques petits chemins beaucoup plus étroits, on finissait par arriver à destination.

La chaleur environnante se faisait immédiatement ressentir et quelques nuages de vapeurs venaient déjà se glisser hors des lourdes portes offrant l’accès aux différents bassins. Passant sur le côté, je retirais dans un premier temps mes chaussures, avant d’aller récupérer dans un étagère de rangement deux robes légères de bains, une pour moi et une pour mon accompagnatrice. Cherchant du regard de quoi brosser sa chevelure qui me semblait bien le mériter, j’avais dans l’idée de lui montrer l’importance de prendre soin de nous même et la libération que cela pouvait apporter. Revenant vers elle, je lui offrais la tenue ainsi que le peigne.

- « Je te laisse te changer, je vais faire de même et on se retrouve juste derrière cette porte » fis-je simplement « Tu n’étais jamais venue dans les thermes non plus ? C’est accessible à tous et toutes tu sais, sans forcement avoir besoin de passer par le temple » tentait-je « Si ça te plait, peut-être pourrais-tu venir avec les petits ? » proposais-je simplement.

Lui laissant la possibilité de répondre, j’avais fini par la suite par m’expliquer à mon tour pour me changer. Il n’y avait pas de raison que je ne puisse pas profiter aussi d’un moment de détente. La journée avait été longue, j’avais conscience que je ne rentrerais à ma demeure que demain. Laissant échapper un soupir, j’avais remonté ma chevelure dans un chignon haut, cherchant à simplement éviter que l’ensemble se gorge d’eau. Par la suite, je m’étais rendue à notre point de rendez-vous, attendant patiemment la jeune fille. Une fois celle-ci présente, je lui indiquais d’un geste de la main les différents bassins, avait-elle, là encore, plusieurs possibilités.

- « On retrouve des bassins mixtes par ici » expliquais-je en notifiant l’endroit d’un geste du menton « Par-là, ce sont les bassins uniquement pour les femmes et de l’autre côté pour les hommes. » Avançant afin de me retrouver plus ou moins au milieu des différents bassins, je poursuivais la visite « Au fond, ce sont des bassins qu’il est possible de privatiser, c’est ceux-là aussi que les prêtres utilisent le plus souvent » terminais-je « As-tu une préférence pour un bassin ? » l’interrogeais-je finalement afin de lui offrir le choix de sa baignade.

Les vapeurs flottant au-dessus de l’eau trahissaient la chaleur régnante, l’endroit était plutôt calme, ce qui ne risquait pas de durer au vu du moment de la journée. Quelques fidèles profitaient déjà des thermes et aucun bassin n’était vide de toute présence, sans pour autant être bondé.

- « Alors, qu’est-ce que tu en penses ? »
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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyDim 7 Mai 2023 - 19:12
Améliorer sa situation… Voila une idée intéressante, bien que difficilement réalisable. La prêtresse avait cependant l’air déterminé et Louisa la suivit donc dans les allées et escaliers du Temple, trop occupée à dévorer tout ce qui l’entourait du regard que pour prendre note d’un quelconque itinéraire (ça n’avait toutefois pas l’air bien compliqué: la grande porte qui descend était un bon repère). Elle avait en effet déjà été absolument fascinée à son entrée par les décors qui s’offraient à elle mais l’étalage de richesse continuait à la sidérer. Tant de beauté en un seul endroit alors qu’eux parvenaient à peine à mettre un quignon de pain sur la table chaque jour…

Elles s’enfoncèrent alors dans les entrailles du Temple jusqu’à atteindre les thermes. L’endroit était heureusement un peu moins ostentatoire que l’étage. Elle s’y repéra donc de son mieux tout en suivant Maëlly et prit la tenue et le peigne qui lui furent présentés.

Juste avant de se séparer, elle répondit sans hésitation aux questions posées, mais avec une moue un peu honteuse quand même. Elle savait que ce n’était pas sa faute mais…

« Not’mère nous a toujours interdit de venir. C’est comme si elle avait peur qu’un prêtre nous accoste en route et nous ‘retourne le cerveau’ ou je n’sais quoi… » Est-ce que ce n’était pas exactement ce qui était en train de se passer, au final? Sauf qu'en ce jour, Lou’, au bout du rouleau, était très bon public. Pas dit qu'elle aurait réagi aussi favorablement une autre fois.

Puis, laissée seule face à la robe de bain et au peigne, Louisa hésita un bref instant. Devait-elle se peigner les cheveux avant, pendant ou après le bain? La question semblait occuper tout son esprit, comme si elle voulait retarder le moment de penser à toutes les autres questions. Une fois changée, elle se décida quand même à passer une première fois le peigne dans sa longue tignasse emmêlée. Elle avait bien une pince à cheveux à la maison, très jolie même, faite d’un bois sombre et aux décorations dorées offertes par un client de sa mère. M
Mais quand ses cheveux étaient devenus irrécupérables avec les moyens du bord un peu après la naissance d’Yvette, elle l’avait rangée à l’abri. Elle s’appliqua donc à démêler le plus gros, et cela pris un peu de temps, espérant que l’eau permettrait d’en terminer avec ce carnage capillaire.

La jeune fille rejoignit ensuite la prêtresse dans un couloir, le peigne toujours à la main.

« Pour femmes, s’vous plait. », fit-elle rapidement suite aux explications de cette dernière, sans la moindre hésitation. Il était impensable de partager des bains avec des hommes, ces salauds… Encore moins après ce qu’un de ces monstres venait encore de lui faire.

Elle s’engagea donc dans la direction pointée par Maëlly lorsqu’elle avait mentionné les bains pour femmes et Louisa entra dans l’espace embrumé. L’humidité lui colla immédiatement à la peau et la jeune fille n’était pas certaine d’apprécier cet air enfumé.

Il y avait bien quelques femmes déjà présentes mais elles prêtèrent peu d’attention à leur arrivée. Certaines semblaient en pleines ablutions tandis que d’autres se relaxaient sur le bord du bassin. Louisa se tourna donc vers la prêtresse qui l’accompagnait, ses interrogations bien visibles sur son visage juvénile. Et maintenant? Y avait-il… des règles à respecter ou on pouvait juste entrer comme ça dans les bains? Elle n’aurait pas aimé commettre un impaire à ce stade…
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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyMar 9 Mai 2023 - 11:50
Opinant simplement et indiquant le chemin des bains féminin, je laissais la jeune fille observer et analyser l’endroit. Ici, de mon point de vue, l’ambiance était agréable bien qu’un peu étouffante. Personne ne semblait faire attention à personne, ce qui permettait à chacun d’y trouver tantôt de l’intimité, tantôt du calme. Conservant mon sourire sur mes lèvres, j’avançais a petit peu, détaillant la silhouette de la gamine. Elle était frêle et j’ignorais encore si mes mots avaient su quelque peu apaiser ses maux. En réalité, j’en doutais et glissant mes mains dans mon dos, je laissais un soupir s’échapper de mes lèvres. Situation difficile, réponse difficile, pensais-je en secouant la tête et en m’immobilisant à mon tour, alors que ma petite interlocutrice ne bougeait plus. Avisant tour à tour le bassin, puis la jeune fille, je cherchais à comprendre son hésitation, sans aucune certitude, je finissais pas prendre les devants pour rentrer dans l’eau chaude. Petit pas par petit pas, marche par marche, jusqu’à me retrouver suffisamment immerger. J’avais senti quelques frissons parcourir mes bras et le restant de mon corps dû à la différence de température, sans réellement le contrôle. Soupirant une nouvelle fois, je l’invitais d’un geste de la main à me rejoindre.

- « Personne ne te retournera le cerveau ici » confiais-je finalement pour rebondir a son aveu avant notre séparation « Nous ne sommes nullement là pour ordonner, imposer ou que sais-je encore… » murmurais-je avec un brin d’hésitation « Je suis là que pour offrir des pistes de réflexion, mais rien n’est simple, chaque choix entraine des conséquences et je pense qu’aucune piste ou décision ne sera aisée à prendre pour toi, cela entrainera forcément une douleur. »

Bougeant quelque peu les bras pour profiter de la sensation du mouvement de l’eau chaude, j’essayais de conserver un silence. Je ne savais pas vraiment, plus vraiment quoi amorcer comme réflexion, comme idée, j’ignorais si elle avait désormais simplement besoin d’une oreille pour cracher tout ce qu’elle conservait en elle ou non. Après quelques instants, je préférais jouer la carte de l’honnête, inutile dans un sens de me prétendre devin ou que sais-je encore. M’approchant d’elle avec lenteur, conserver une distance raisonnable, mais aussi suffisante pour nous permettre d’échanger sans avoir à élever la voix.

- « J’ignore ce que tu aurais besoin d’entendre, malheureusement, même en portant la parole des Trois, je ne peux nullement te faire de promesse miraculeuse. La vie est faite de choix et comme je te l’ai déjà dit, chaque choix entraine du positif, comme du négatif. » Je me pinçais les lèvres, un peu hésitante « Mais, toi, si on je ne sais pas, tu pouvais être ce que tu voulais, sans contrainte, qu’est-ce que tu souhaiterais, qu’est-ce que tu voudrais vraiment ? » questionnais-je simplement.

J’avais conscience que l’interrogation était loin d’être évidente, pour autant, j’avais la sensation qu’on avait tous et toute une petite voix à l’intérieur de nous qui aspirait toujours à quelque chose d’autre : de mieux, d’agréable, de doux. Peut-être que sa petite voix n’avait pas entièrement disparu ? Prise soudainement d’une conscience toute relative, je m’empressais de la questionner pour m’assurer que mon idée n’était pas maladroite :

- « Tu n’as peur de l’eau au moins ? Je n’ai pas pensé un instant à te demander avant de te proposer de venir ici. »
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Louisa CourtepointePrêtresse
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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyVen 12 Mai 2023 - 14:13
Louisa suivit la prêtresse dans les eaux du bassin, d’abord un peu appréhensive. La sensation de l’eau chaude sur peau était… étrange et étonnamment… satisfaisante. Elle retint à peine une sorte de ronronnement alors que Maëlly revenait sur l’interdiction de leur mère. Effectivement, le clergé n’avait pas l’air si mauvais que ça. Au final, cela faisait déjà quelques années que la jeune fille doutait des assertions de sa mère, sur tout et tout le monde, et elle n’était donc pas particulièrement surprise par le fait que non, les prêtres n’étaient pas des suppôts du mal.

Alors, qu’est-ce qu’elle voulait au juste?

Mais la question suivante de la prêtresse l’arrêta dans son élan et elle sourit comme un chat qui se léchait les babines avant de s’immerger dans l’eau jusqu’à ne laisser que sa tête dépasser.
« C’est la première fois que j’peux m’baigner dans de l’eau chaude, j’savais pas à quoi m’attendre. Mais c’est un délice. », roucoula-t-elle presque de plaisir, laissant l’eau des bassins détendre ses muscles tendus et se frottant le vigoureusement le visage.

Puis elle revint à la précédente interrogation de Maëlly.

« J’ai jamais vraiment eu l'temps de penser à ce que je voulais, maintenant que vous l'dites. Quand tout est motivé par une nécessité sans fin de survie, on n’a pas réellement l’temps de s’poser des questions. Tout ce que je sais faire, c’est m’occuper des ptits et pis j’prends quelques ptits boulots quand j’peux pour aider. J’aime bien m’occuper des enfants en soit, ça m’dérange pas. C’est juste que… Ben… Un peu d’aide de not’mère des fois, ça f’rait pas de mal, vous voyez? Et puis, ça s’arrête jamais. On est huit, à vivre dans une ruine qu’on essaie de rafistoler comme on peut au fur et à mesure. J’voudrais une chance d’améliorer ça, j’imagine. Améliorer ma condition pour pouvoir améliorer la leur. Yvette… Elle va seulement avoir deux ans. Elle n’a pas encore compris c’que not’mère fait. J’aimerais tellement lui éviter… cette réalisation. »

Elle n’avait pas encore dit à la prêtresse ce que sa mère faisait, exactement. Peut-être que quelques indices lui avaient échappé, tout au long de la discussion, sans plus. Peut-être faudrait-il être plus directe, à un moment donné. Mais qu’est-ce que le clergé pensait des prostituées, au juste?

 »Mais quelles pistes j’ai au juste, pour y arriver? J’suis… J’ai bien conscience d’être une illettrée qui vient des bas-fonds. Ça m’dérange pas d’apprendre. Mais quoi? »
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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyVen 12 Mai 2023 - 17:10


Je m’étais contentée d’afficher un sourire. Si jusqu’ici elle conservait une barrière imaginaire, ou une réserve qui maintenait une distance entre elle et moi. L’inquiétude sans doute, la peur, ou tout simplement tout autre chose que je ne visualisais pas encore. Les bains avaient permis de la détendre. C’était lisible sur son visage, elle avait une lueur de contentement, de bien être, un début de quelque chose de positif et cette observation me tira un sourire sincère. Opinant, je me contentais de faire silence, jugeant que j’avais sans doute déjà suffisamment parlé. Je devais lui laisser de la place, la force de s’ouvrir, de libérer ses pensées, peu importe le temps que cela allait prendre, je devais parvenir à conserver mon silence. Profitant des vapeurs de l’eau, de l’appréciation des différences de température, je ne pouvais m’empêcher de faire de léger mouvement de jambe pour me maintenir convenablement dans le liquide trouble.

Ce ne fut que les paroles de la jeune fille qui vint me rappeler à la réalité de l’instant. L’écoutant, cherchant à définir les non-dits et les identifier, je commençais petit à petit à faire multiple supposition concernant celle qui l’avait mise au monde, ainsi que sur sa fratrie qui semblait bien plus nombreuse que ce que j’avais imaginé. Malgré ce qu’elle pouvait penser, mon interlocutrice me semblait particulièrement adaptable. Celle qui pensait n’être capable de s’occuper que des petits enfants avait dû acquérir énormément de compétences dans cette occupation. Pour autant, elle avouait ne jamais s’être préoccupé de son avenir et mettait davantage en avant ses incompétences, que ses compétences.

- « Avant de voir d’éventuelles pistes, faudrait-il déjà voir tout ce que tu sais faire… » je fis une légère pause « S’occuper d’enfant n’est pas chose aisée… C’est une organisation. Oserais-je me risquer à te demander combien vous êtes dans ta famille ? » j’offrais un sourire « Parce que je crois que ce petit monde t’a permis d’apprendre beaucoup de choses… Tout le monde n’est pas capable de s’occuper d’une famille et de faire des petits boulots, mais surtout d’avoir ce sens des responsabilités. Que fais-tu alors quotidiennement ? »

Je faisais une pause, je voulais qu’elle réalise qu’elle avait de multiples compétences, qu’elle était capable de beaucoup, beaucoup plus que ce qu’elle pouvait jusqu’ici. Concernant son illettrisme, je ne voyais pas ça comme un frein, bien au contraire, bon nombre de la population ne savaient ni lire ni écrire. Cela changerait peut-être un jour, dans un futur plus ou moins propre, mais… quoiqu’il en soit pour l’instant, il était plus prudent de se concentrer sur le positif, que le négatif.

- « Savais-tu que des prêtresses et des prêtres du temple viennent également des bas fonds ? Des employés des commerçants aussi, ils ont souvent besoin de petites mains pour aider à droite à gauche. Pas besoin de savoir lire ou écrire pour des livraisons, et puis d’ailleurs, la plupart des habitants sont dans le même cas que toi » j’offrais un nouveau sourire, alors que je me passais de l’eau sur le visage « Cela s’apprend si tu en as envie… Tu me sembles quelqu’un proche des autres, tu es attentive à ta famille… Peut-être que toi aussi tu pourrais te plaire à aider ton prochain ? »

En réalité, le choix pouvait être large, le plus difficile était la prise de décision, le fait de partir, accepter de partir pour mieux revenir, sans trop culpabiliser. Oui, le plus complexe allait être de se faire passer en priorité et non plus en second plan. Personne ne nous apprenait à le faire, surtout pour nous les femmes.

- « Le clergé ouvrira toujours les portes à ceux qui ont besoin, ne m’as-tu pas dit que ta mère était une orpheline du temple ? Elle a choisi de partir, mais ceux qui viennent trouver refuge ici… Ils ont plusieurs choix, ils peuvent devenir prêtresses bien sûr, mais aussi s’occuper de l’entretien du temple, ou trouver un emploi chez un commerçant… Tu m’as parlé de petit boulot, dis-moi… Raconte-moi ce que tu as fait, ce qui te plait ?»

Je m’étais rapprochée du bord pour m’y appuyer, jugeant plus simple cette position pour bavarder. Je me plaisais dans ce silence des bassins, le peu des personnes présentes rendait la conversation plus douce, plus abordable. Dans le fond, je crois qu’elle avait les réponses à ses questions, ne lui restait-il plus que le fait de l’accepter, de l’envisager réellement.

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MessageSujet: Re: Trop tard pour le salut d'une jeune âme?   Trop tard pour le salut d'une jeune âme? EmptyLun 15 Mai 2023 - 21:33
Louisa haussa les épaules en faisant légèrement la moue. La plupart du temps, elle faisait de son mieux pour ne pas penser aux responsabilités qui pesaient sur ses épaules, car c’est alors qu’elle en ressentait le plus l’inexorabilité. Mais elle avait déjà décidé d’aller au fond de ses problèmes avec Maëlly alors…

« On est huit en tout, à la maison. Not’mère, elle fait qu’passer et elle dépose parfois quelques pièces sur la table. Et donc j’ai six frères et soeurs. Pour l’moment. Du coup, l’quotidien, il est un peu… infernal? Faire lever tout le monde, nourrir tout le monde avec c’qu’on arrive à s’procurer, essayer qu’la maison soit pas trop dégueulasse, s’assurer qu’les plus ptits fassent pas trop de conneries, puis on r’commence le soir. Et la journée, si j’ai l’temps, j’vais parfois livrer des trucs pour le boucher, pis y a quelques personnes qui me paient parfois quelques pièces pour nettoyer chez eux ou surveiller leurs gosses en même temps que mes frères et soeurs. On fait des tournantes parfois, avec les femmes du quartier, pour les garder. Les voisins m’ont un peu aidée au début mais maintenant que j’suis plus grande et qu’Pierre et Léonie peuvent aussi travailler un peu, y’s’contentent de vérifier qu’on fout pas le feu à l’baraque. »

Inconsciemment, comme un réflexe bienfaisant, elle avait commencé à faire courir ses mains sur sa peau pour en déloger la crasse qui s’y était déjà réinstallée depuis sa dernière toilette.

« Parfois, j’ai l’impression que j’fais que ça, aider. Et la plupart du temps, y me l’rendent. Un peu. Mais c’est aussi moi qui m’en prends plein la tronche quand que’qu’chose ne va pas. Et y a jamais personne qui m’aide, moi. Parfois, j’voudrais juste… Etre un peu… soutenue et pas toujours si… seule. J’ai toujours plein de monde dans les pattes et en même temps… P’tete que j’ai trop voulu les protéger. Qu’si j’avais été plus dure, ils traîneraient moins des pieds pour me donner un coup d’main ou bien ils s’raient un peu plus débrouillards. J’vois des gamins d’l’âge de Brunien qui volent déjà à la tire… Mais j’veux pas vraiment d’ça pour eux. »

Ses yeux se posèrent à nouveau sur la prêtresse à la mention de sa mère. En parler? Déjà… Mh… Non, pas encore. Trop de jugements et d’à priori… Peut-être plus tard?

« Oui… De c’qu’elle sait, on l’a abandonnée bébé sur le parvis. Son prénom et son nom lui ont été donnés par l’Temple. J’sais même pas si elle était si malheureuse qu’ça ici en fait mais… un jour elle est tombée amoureuse d’un type et elle s’est enfuie pour être avec lui. Ça s’est mal passé. Alors j’crois qu’elle a diabolisé l’Temple pour justifier sa fuite et s’sentir moins responsable de ce qui est arrivé. »

À peu près satisfaite de l’état de ses bras, probablement plus propres que jamais, elle se déplaça, ne laissant toujours que sa tête dépasser de l’eau, et alla s’adosser au bord du bassin tout comme la prêtresse. Là, elle posa la tête contre le rebord et ferma quelques instants les yeux, profitant des bienfaits de l’eau chaude.

« J’vous ai dit, j’aide un peu pour les livraisons, garder les gamins, l’nettoyage, l’rangement parfois aussi. Y a une vieille dame, une herboriste, elle aime bien que j’vienne l’aider pour ranger son étale parce qu’elle voit plus très clair. J’aime bien, elle m’explique plein d’trucs intéressants. C’est… agréable d’apprendre des choses. »

Elle tourna la tête pour regarder Maëlly, une curieuse idée au fond de son petit esprit torturé.

 « Comment on devient prêtresse? Qu’est-ce qu’on doit faire? Qu’est-ce qu’on doit apprendre? », demanda-t-elle, un peu gênée de poser ces questions auxquelles la plupart des gens normaux devaient avoir les réponses.
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