Il est des choses que la Raison ignore [PV Ilhanne] [Terminé]

Le voir jouer à l’éducateur narquois m’avait arraché un sourire mi amusé, mi-sarcastique. Les gamins comme eux, ça comprenait pas grand-chose. Ils se prenaient pour des grand caïds, des terreurs des rues, parce qu’ils arrivaient à voler trois pommes et à racketter quelques plus faibles qu’eux, alors qu'au fond s’était juste des emmerdeurs qui aimaient brasser de l’air.

« Oh j’crois que c’est mal parti … »

Pour ce qui était de rester stupide toute leurs vie. Si ils étaient là, s’était que leur parents étaient soit mort, soit trop occuper à essayer de faire survivre des plus jeunes et plus fragiles. Ils étaient un peu sacrifiés. S’était bête, mais on ne pouvait pas aller contre l’ordre des choses instauré par la pénurie et la nécessité.

Fin’, visiblement, ce qui devait être le chef de la meute de louveteaux miteux pubères, se sentait blessé dans son égo et voulait en découdre un peu plus que ça.

L’adolescent devait être le plus vieux ayant dépassé la quinzaine. Parce qu’il avait un peu de moustache et qu’il était en âge de devenir conscrit dans la milice, il se sentait être un homme cherchant à s’imposer comme le mâle alpha du pâté de maison.

« Parce qu’tu crois qu’tu nous fais peur l’grand couillon ! J’lui cause bien à ta souris, vu qu’lui cause pas. »

Cracha-t-il avec en s’approchant dans le dos de Finn suivit de toute sa petite clique. Ils étaient couverts de haillons plus ou moins propres, du moins si on regardait pas avec trop d’insistance.

« Pis ta catin, sérieux, même Marvin pourrait la casser en deux. »

Toute la bande eut un rire gras et un peu graveleux, sauf un petit gringalet qui tirait la gueule. Il devait avoir treize ans, à peine plus et il était particulièrement chétif souffrant visiblement de malnutrition.

« Puis d’où t’ose me parler comme à un gamin ?! »

Il allait attraper le bras de mon compagnon de balade. Légèrement en arrière, je l’avais vu avant lui. L’occasion était trop belle de s’amuser un peu. J’avais juste à attraper son poignet et à lui faire un clé de bras. Il chouina un instant avant de pester quelque douceurs.

« Lâche-moi pétasse. D’où tu me touche ! »

Les petits nuisibles ça braillait toujours trop fort, mais, au final, ça pouvait ne jamais rien faire.

« La prochaine fois, j’te fait un cocard, qu't’ai une preuve qu’une fille t’ait botté l'cul. C'doit être le déshonneur pour une racaille en paille comme toi. »

En regardant Finn, je l’avais lâché comme pour le lui laisser, après tout, s’était à lui qu’il s’était adressé si on voulait être un peu trop formel. Je lui avait seulement donner un petit coup dans la jambe pour le faire trébucher, espérant qu’il ait pas assez d’équilibre pour finir le nez par terre.

Finn se doutait déjà de la tournure que ses propos allaient donner à la situation, cependant s'il vit arriver le merdeux dans son dos, il perçu aussi le regard de Ilhanne et lui fit confiance pour agir la première, ce qu'elle fit sans hésiter, lui arrachant ainsi un discret sourire satisfait : elle aurait pu faire une Mercenaire convenable si elle avait voulu. Pivotant pour observer la scène, il se retint de rire car, dans le fond, tout cela n'était pas aussi drôle que s'il ne s'était agit que de petites frappes et non pas de jeunes laissés à eux-mêmes, comme une bonne partie de la population de Marbrume. L'idée du coquard lui plaisait, aussi quand la rousse poussa le gamin sur lui, le saisit-il par le col avant même de voir si son pied qui trébuchait allait ou non le projeter au sol. Le soulevant de ce dernier sans trop de difficulté, l'homme lui lança un regard noir en manquant presque de l'étrangler tant sa prise sur son vêtement était forte : le pauvre ne devait pas avoir beaucoup de gras pour peser si peu.

- Je serais toi, je fermerais ma grande gueule quand c'est pour raconter des conneries pareilles et insulter les gens, parce que si nous on ne vous tuera pas, toi et tes amis, y'en a d'autres qui ne se priveront pas et qui se diront même qu'ils font une bonne action vu le nombre de réfugiés dans cette cité.

Le jeune avait malgré tout quelques bons réflexes et son genou partit dans les côtes de Finn, qui grimaça sans le lâcher pour autant, pas tout de suite, le fixant d'un regard furieux avant de l'envoyer valdinguer en arrière, aux pieds de ses amis.

- Au lieu de trainer et de ne rien faire à part embêter les passants, vous feriez mieux d'essayer de vous dégoter un travail pour ceux qui le peuvent. Vous pourrez au moins vous nourrir un peu.

Le Mercenaire soupira ensuite, puis tira de sa poche quelques pièces d'argent, qu'il lança dans leur direction avec un regard désabusé.

- Ça c'est pour vous, en attendant que vous trouviez un boulot. Allez déguerpissez avant qu'on change d'avis et qu'on vous décapite comme des fangeux.

Et ce faisant, il releva légèrement le bord de son armure de cuir, dévoilant la lame de son poignard tout en fixant les plus âgés d'un regard sans équivoque, histoire que la menace fasse son petit effet.

Les gamins demandèrent pas leur reste, ayant regardé leur chef se faire maîtriser comme si il avait été une petite chose sans défense. Il avait au moins eu le mérite d’essayer de se débattre. A grand renfort de « lâche-moi !» et de nom fleuris. Ils avaient ramassé les pièces aussi vite que si il avait s’agir de petits pains. Les pauvres devaient pas avoir mangé les jours d’avant.

Les autres membres de la meute avaient entraîné leur camarade à l’égo blessé. Qui nous regardaient d’un œil mauvais. La fierté humaine n’aimait pas trop les raclées et la charité.

« Ça va ? »

J’avais attendu qu’ils soient tous partis pour regarder Finn. J’avais bien vu le coup de genou qu’il s’était pris, complètement par hasard, dans les côtes. En réalité, j’étais pas inquiète pour deux ronds d’ailleurs, ça je le montrais ouvertement. C’était plus poli, un peu curieux et peut-être un peu soucieux, mais vraiment rien. Leurs deux gabarits n’avaient rien de comparables.

« J’suis pas sûre qu’ils méritaient ton aide. »

Des pièces d’agents, s’était pas rien. A Traquemont on troquait plus on s’échangeait, on se rendait service, de l’argent, on en avait très peu, seulement quand on avait besoin de quelque chose dans un convoi qui passait. Il était facile de s’en procurer à ceux qui rentraient à Marbrume, des peaux on en avait, et ici ça valait plus que quelques piécettes.
S’était vraie que s’était sûrement pas leur faute, à ces mômes, si ils avaient fini dans la rue. Mais on faisait déjà beaucoup pour eux. Du moins, personnellement, j’avais l’impression de faire beaucoup pour eux quand on tombait sur un mordeur.

Mon regard glissa jusqu’à l’endroit qu’il avait découvert une lame pour effrayer les chatons hargneux.

« J’vois qu’tu caches des surprises… »

Un petit sourire en coin s’était dessiné sur mes lèvres.

« Je dois m’attendre à une mauvaise surprise un jour ? »

S’était tendancieux, un peu trop tendancieux et pas réellement voulu.

« Je … voulais pas dire ça … »

Idiote gauche que j’étais.

Finn avait suivit les gamins du regard, se moquant bien de l’œillade noire de celui qui avait été malmené, intérieurement soulagé de les avoir vu se ruer sur les pièces plutôt que de les dédaigner. Hargneux, revêches, mais pas fous non plus. Une fois les jeunes hors de vue, il pivota pour sourire légèrement à Ilhanne, hochant la tête à sa question concernant son état. Évidemment, le môme ne savait pas encore frapper comme il fallait, mais assurément il pourrait faire mouche avec un peu d'entrainement. Quant à l'aide qu'il leur avait apporté, le Mercenaire haussa les épaules, passablement songeur.

- Ils m'ont fait mal au cœur c'est tout, ils avaient l'air affamés et tu as vu le plus jeune ?

Il secoua la tête pour chasser le souvenir de l'adolescent qu'on devinait bien trop maigre sous ses vêtements usés et il espérait qu'ils feraient un peu durer ces pièces d'argent : en s'y prenant bien, ils pourraient tenir deux à trois semaines. Interpellé par l'évocation d'une surprise, Finn suivit le regard de la chasseuse avant de sourire en coin, amusé, ne cherchant nullement à nier et tapotant l'armure de cuir dissimulant la lame courte, toujours utile en cas d'attaque surprise.

- Toujours.

Affirma l'homme avant d'entendre la réplique suivante qui lui fit d'abord cligner des paupières, avant d'éclater d'un rire franchement amusé par la gêne et le propos tendancieux involontaire qui avait été dit. Pourtant c'était assez flatteur, même si non voulu.

- A une surprise, sans doute, mauvaise par contre je n'espère pas. Mais si j'étais toi, j'éviterais de me frotter et tout devrait bien se passer.

Joueur, Finn tira le bout de la langue entre ses lèvres avant de partir d'un pas rapide, presque au trot, mimant le fait d'être poursuivit par Ilhanne et riant comme un imbécile heureux. Toute ombre avait déserté ses traits comme son regard et c'était là l'une des particularités du Mercenaire, probablement aidé par sa relative jeunesse : il savait toujours profiter de chaque instant, quitte à faire le pitre pour alléger celui-ci.

Mais c’est qu’il se moquait en plus !
Je devais être parfaitement risible avec mon air de gamine qui venait de dire une grossièreté et ma réaction que se cantonnait à ouvrir le bouche faussement outrée par un tel foutage de gueule ostentatoire, mais tout de même !

Mon égo malmené avait demandé, que dis-je, exigé, que je le poursuive même si s’était complètement ce qu’il voulait et que ça faisait partie de sa petite mascarade. Pour rire ouvertement de ma stupide maladresse. J’étais pas vexée, non, non, il en fallait plus, mais j’exigerais tout de mêmes réparations.

Arrivant à sa hauteur, je lui avais sauté dessus j’espérais pas du tout me cramponner, rester accroché, seulement pour faire mon petit effet, avant de lui glisser, presque à l’oreille, presque à mi-voix, avec un petit air insolent.

« Règle numéro un, jamais me dire ce que je dois faire, parce que j’fini toujours par faire l’exact opposé… »

Factuellement s’était vrai avec une très forte probabilité. J’avais toujours tendance à vouloir voir ce que ça faisait. Après il ne fallait pas être stupide non plus, si la conséquence semblait trop dangereuse après réflexion, je m’y aventurais pas. En parlant de s’aventurer, j’étais sur un terrain glissant, très glissant, encore plus glissant qu’une flaque de vase dans les marais. Ça n’allait pas, ça n’allait pas du tout. En revanche, cette fois, je comptais bien, au moins essayer, de garder un peu de contenance, que j’ai pas l’impression d’avoir été ridicule tout le long de cette journée.

Déjà, j’étais très proche, trop proche, pour moi, pour lui, pour tout le monde, pour mon bien ?

Première étape, faire quelques pas rapide en arrière pour remettre une distance plus confortable entre nous.

« … mais pour cette fois, je vais être raisonnable. »

Un petit sourire en coin, un petit air amusé.

Qu’est-ce que je faisais ? Est-ce que j’étais pas allé trop loin sans le vouloir ?

Non seulement elle le poursuivait et entrait dans son jeu -volontairement cela allait sans dire- mais elle s'offrait même le droit de lui sauter dessus, provoquant l'hilarité de son vis-à-vis qui l'écouta parler à son oreille en haussant grandement les sourcils, la regardant battre en retraite avec un large sourire plus amusé encore.

- Non, c'est vrai ?

Un peu comme s'il lui demandait de ne surtout pas l'embrasser ou une bêtise du genre ? Finn n'eut pourtant pas le temps de formuler à haute voix sa connerie en entendant Ilhanne dire qu'elle serait raisonnable pour cette fois. Affichant un air faussement déçu et parfaitement surjoué, il lui fit le regard de chien battu ridicule qui allait de concert avec ce drôle d'air, lâchant un couinement plaintif qui le fit exploser de rire malgré lui : impossible de rester sérieux, ça non.

- Bon ça va, ça va, je serais sage c'est promis.

Puis lui lançant une œillade en coin, aguicheuse et entendue à la fois.

- Mais si jamais l'envie te prend de te frotter...

Il fit mine de reculer comme si elle allait le frapper, tout sourire et se forçant à calmer un peu son humeur par trop enjouée, ricanant avant d'expirer fortement comme lorsqu'on a besoin de relâcher un peu de pression.

- Ahlala, pas un pour rattraper l'autre.

Lâcha le Mercenaire en reprenant la route avec la chasseuse, apercevant les rues plus familières de la Hanse et qui respiraient bon l'activité positive de la cité, en tout cas bien plus que le Labourg ou le Goulot. Ils seraient bientôt arrivés.

Pas un pour rattraper l’autre, c’était certain. Mais ses moments n’avaient rien de normaux, rien d’ordinaire. Ces derniers temps, il s’était passé des choses … Perturbantes. J’étais plus sage, plus calme, surtout plus vulnérable qu’à mon habitude. Qu’est-ce qui allait se passer la prochaine fois que je viendrais, ou si il avait la mauvaise idée de venir à Traquemont. La mauvaise idée.

Déjà tellement de complications pour quelque chose que j’étais par vraiment sûre de vouloir. Même si sa prévenance et ses quelques attentions avaient eu quelque chose d’agréable.

Pour le jeu, j’avais quand même fait mine d’essayer de le frapper, sans grande conviction, c’était seulement pour marquer ma protestation pour l’exemple.

Au vue des maisons de l’activité des rues et du temps qu’on avait déjà passé à parcourir la ville, on arrivait dans la Hanse. Du coup, nous ne devions être plus très loin. Ce qui faisait monter en moi une angoisse terrible. Pourquoi la boule au creux de mon estomac semblait grossir et prendre des proportions démesurées à chaque pas ?
Question stupide, je savais très bien. Finn n’était assurément pas tout seul dans sa compagnie, il y aurait forcément des personnes pour lui poser des questions, pour me poser des questions. Ça me semblait insurmontable d’un coup. C’était bête, très bête et répondant à une étrange logique que je n’avais pas encore définie.

Encore quelque pas à me dire que ça allait bien se passer. Que j’étais juste en train de me faire des idées, ce qui était à coup sûr vrai. Personne en aurait rien à faire.

Mais je me sentais pas bien.

Préférant m’arrêter, j’avais regardé autour de moi, un peu anxieuse. Tout allait bien quelques minutes avant et d’un coup ça avait basculé pour une pour une raison que même moi je trouvais parfaitement étrange.

« Finn … Je … J’sais pas si c’est une bonne idée. »

Un truc tournait vraiment pas rond chez moi. Mais je savais pas, je pouvais juste pas.

« Je, je sais pas comment t’expliquer. J’ai juste l’impression que… »

Comment expliquer que j’étais en train de de flipper comme si j’étais seule en plein milieu hostile, pour ce qui n’était rien d’extraordinaire sans passé pour une névrosée chronique ?

« J’aurais pas dû te proposer ça, je suis désolée. »

Et je l'étais réellement, infiniment désolée.

Partir vite, et si il se mettait à me suivre, courir vite. La fuite, je l’avais envisagé plusieurs fois dans la journée, mais il n’y avait que maintenant qu’elle m’avait semblé salutaire.
Je me dirigeais vers l’auberge du vieux Charles, s’était pas l’endroit où il viendrait me chercher en premier pour me demander des comptes. Je priais aussi pour que Margaux soit pas encore partie.

Ils avaient plaisantés, ils avaient rit, tout semblait se passer au mieux et Finn marchait d'un pas tranquille, une expression sereine sur ses traits détendus qui prouvait combien il n'était pas inquiet de la tournure des choses. Et pourtant... Alors même qu'ils étaient à deux rues à peine de la Compagnie des Lames, voilà que Ilhanne s'arrête et semble hésiter, presque effrayée. Quoi, a-t-elle repérée un de ses agresseurs ou quelqu'un qu'elle n'apprécie pas ? Le Mercenaire jette un regard alentours, s'approchant d'elle avec un début d'inquiétude au fond des yeux, l'écoutant sans comprendre d'abord de quoi elle parle.

- L'impression que... ?

Un piège, un guet-apens ? Des hordes de fangeux prêts à fondre sur eux ? Le jeune homme jeta un nouveau regard alentours, mais tout semblait parfaitement calme, les gens allaient leur chemin, les commerçants faisaient quelques maigres bénéfices et personne ne semblait leur porter d'attention particulière.

« J’aurais pas dû te proposer ça, je suis désolée. »

Et la voilà qui tourne les talons et s'enfuit, laissant Finn planté sur place, trop surpris et interloqué pour réagir d'abord, lui laissant deux longues secondes d'avance pour finalement s'élancer à sa suite.

- Ilhanne attends !

Comme sous la menace d'un fouet, la chasseuse accélère vivement et disparait déjà à l'angle de la rue, tandis que le Mercenaire, lui, s'arrête à quelques mètres de là, pantois et abasourdi. Pourquoi le fuyait-elle ? Est-ce qu'il s'était montré trop étouffant, trop pressant ? Il lui avait pourtant semblé que tout se passait bien, aussi ne comprenait-il pas. Avait-elle eut peur de se rendre au Quartier Général ? Et si oui, pourquoi ne pas le lui avoir tout simplement dit ? Autant de questions et bien plus encore qui tournoyaient dans sa tête, alors que mécaniquement il tournait à son tour les talons, s'en allant retrouver ses camarades, ou plutôt chercher ses affaires comme cela avait été prévus. Strakhov le vit passer et lui demanda s'il avait un souci, ce à quoi le jeune homme secoua la tête sans émettre le moindre son. L'homme d'un âge avancé le prit par les épaules pour le stopper dans ses mouvements, vérifiant visuellement s'il n'était pas blessé et, de ce fait, en état de choc... mais rien. Finn affirma avoir quelque chose à faire et, attachant son épée courte à la ceinture, sortit pour revenir sur ses pas en direction de la maison de la jeune femme, pensant pouvoir l'y trouver en premier lieu, avant de se raviser à mi-chemin. L'auberge, la vieille femme avait dit que c'était là qu'elle aimait aller, pour voir Margaux évidemment. Ainsi l'homme modifia-t-il son trajet pour se rendre sur place. Et tant pis si on s'étonnait de le voir ainsi armé.

Il avait essayé de me poursuivre, mais j’étais plus légère, plus rapide et plus déterminée. Au bout de quelques rues je m’étais arrêtée reprenant mon souffle et surtout regardant si il avait persisté, mais non.
Les flèches secouées dans le carquois avaient produit un bruit sec à chaque foulée, un peu de calme n’avait pas été plus mal. Tout ça n’était pas plus mal comme ça. Je savais pas si j’en était convaincue ou si j’essayais de m’en convaincre.

« Bah Ilha, t’as vu un fangeux pour faire cette tête ? Et pourquoi t’as tout ton attirail ? »

La première chose que j’avais faite en me dirigeant derrière le vieux comptoir dégueulasse ça avait été de poser contre ce dernier, arme et projectiles. Margaux me regardait de haut en bas et de bas en haut, essayant de comprendre pourquoi je tirais une mine de six pieds de long.
Appuyée contre le meuble sur lequel se trouvait des chopes et autre contenant non identifier je finissais de reprendre mon souffle. Traversé la moitié de la ville en courant, s’était pas une mince affaire.

« - Y’a vraiment un truc qui tourne pas rond chez moi… J’avais fini par souffler. En attrapant machinalement un chiffon, les vieux réflexes semblaient revenir vite.

- Bah ça, j’le sais. Mais qu’est ce qui t’as sauté aux yeux pour ça ? »

Je la regardais, je regardais la salle, qui était plutôt calme, seul un petit brouhaha s’élavait de la douzaine de personne présente. Avec un moue contrariée, j’avais fini par tout lui dire : Finn devant la porte, la vieille Martin, la discussion, le premier baiser, la deuxième discussion, le deuxième baiser, le chemin, les gamins et l’angoisse subite, prenante, puis enfin la fuite.

La gifle, j’lavais pas vu venir j’avouais, mais elle non plus elle l’avait pas vu venir la réplique qui s’était faite aussitôt.

«- Ah putain, tu frappes plus fort qu’avant… S’offusqua-t-elle en se frottant la joue

- Tu frappes plus comme une fillette qu’avant. Pourquoi t’as fait ça ? Ah, bah oui, tu savais bien qu’il fallait pas me chercher.

- Parce que t’es trop conne ma pov’fille.

- Bah vas y gueules le plus fort que Charles entende sourd, comme il est. »

Le propriétaire en question était tranquillement attablé avec ses vieux potes habitués et semblait en avoir rien à faire de ce qu’on pouvait bien fiche de notre côté. S’en suivit un petit moment de tention vite désamorcé par un rire.
Quelques minutes passèrent où je l’avais aidé à essuyer de la vaisselle, m’occuper les main, ça m’aidait à moins pensée à la monumentale bêtise que j’avais faite, n’ayant toujours pas déterminé quelle était-elle pour l’instant.

Alors que je m’essuyais les mains en regardant ailleurs qu’au niveau de l’entrée, j’entendis distraitement le bruit de la porte qui s’ouvrait, juste avant que Margaux donne traitement un grand coup dans ma cheville pour me faire tomber. Mais qu’est-ce qui lui prenait bordel ? C’pas que le sol était pas d’une propreté admirable, même si … mais quand même.

« Ah ! Mais ça va pas ?! T’es déchaînée aujourd’hui. »

Demandais-je avait une certaine hargne en m’appuyant sur le comptoir. Elle n’avait pas eu besoin de répondre. En plein milieu de la salle, se trouvait Finn. Pourquoi ? Comment ?

« La vieille Martin… »

Margaux me regarda l’air de comprendre ce que je voulais dire elle était juste à côté de moi légèrement pensé sur le bas les coudes sur le plan de travail.

« Hay … Finn ? C’est ça ? Bienvenue dans le bouiboui du vieux Charles. »

Si tout à l’heure, il avait laissé, visiblement pas cette fois.

« Oh, la Margaux, le respect là ! »

Je devais avoir autant de prestance et d’expression qu’un poisson hors de l’eau. J’aurais aimé me liquéfier sur place, devenir invisible. Aucuns des deux n’étaient possible, malheureusement.

« Alors on a sorti sa grosse épée ? »

Minauda mademoiselle avec un petit air taquin jetant un coup d’œil à larme à sa ceinture.

Il ne s'était pas pressé, bien qu'il aurait pu -ou du, il ne savait plus- mais Finn avait finit par arriver à l'auberge et avait observé la devanture depuis l'extérieur, hésitant à y entrer. Et si Ilhanne le menaçait d'une flèche en sifflant qu'elle ne voulait plus le voir ? Au moins serait-il fixé et ce ne fut qu'après quelques longues secondes supplémentaires de réflexion qu'il passa la porte du débit de boisson, se faisant accueillir par une Margaux pour le moins enjouée. Le vieux Charles bougonna depuis sa table, ce qui en temps normal aurait fait sourire le jeune homme, en d'autres circonstances. Jetant un regard alentours, il ne perçu pas la présence de celle qu'il cherchait et reporta son attention sur celle qui se trouvait derrière le comptoir, lui adressant un signe de tête.

- Bonjour Margaux.

Devait-il être un parfait goujat ou bien devait-il d'abord engager la conversation pour prendre poliment de ses nouvelles ? Pas que cela ne l'intéressa pas, mais il fallait reconnaitre qu'à cet instant précis, son esprit avait d'autres préoccupations. L'allusion à son épée eut au moins le mérite de lui arracher un bref sourire qui hélas ne monta pas jusqu'à ses yeux.

- Elle n'est pas aussi grosse que celle que j'ai laissé au boulot, mais là n'est pas le sujet.

Et dire qu'en temps normal il aurait sauté sur une telle occasion pour faire un peu de gringue à la jeune femme et tenter d'obtenir quelques faveurs, décidément ça n'allait plus du tout dans son crâne. Avançant vers le comptoir, il s'arrêta à deux pas de celui-ci et soupira fortement.

- Tu n'aurais pas vu Ilhanne ? J'ai cru comprendre que vous vous voyez souvent toutes les deux et j'aurais voulu lui parler. Est-ce que tu sais où elle pourrait être ?

De quoi voulait-il lui parler, là était la question sur laquelle il resterait vague, ne désirant pas spécialement s'étendre sur le sujet, encore qu'en tant qu'amie d'enfance de la rousse, Margaux étant sans doute la personne la plus indiquée, probablement même avant la sœur ainée de celle qu'il cherchait. Finn attendait la réponse avec une certaine appréhension au fond des yeux, comme s'il aurait pu sortir son cœur de sa poitrine et le brandir pendant qu'il se fendait en deux. On pouvait être un homme une fois sans trop de casse, mais pas deux. Stupide n'est-ce pas ?

A peine j’avais relevé les yeux au-dessus du bar, à peine je m’étais retrouvé à nouveau assise par terre passant mes mains sur mon visage en me disant que les Dieux ou le destin était vraiment d’humeur sadiquement joueuse aujourd’hui.
Margaux me donnait des petites tapes avec son pied, sûrement pour m’inciter à arrêter de faire la sale gamine.

Je voyais rien du tout, entendant juste un bref échange avant une long soupire qui faillis se perdre dans les discussions des saoulard de la salle et la question. Il y avait pas d’illusion à se faire elle allait pas me couvrir. Margaux, s’était un peu comme ma deuxième sœur, mais elle hésiterait pas à e balancé si elle pensait que s’était bon pour moi d’une certaine manière, même si la manière en question était très voir trop détournée.

« Oh chouchou, m’fais pas cette tête, bien sûr que j’l’ai vu et qu’j’sais où elle est. J’sais même pourquoi t’es ici et la réponse à ta grande question : Pourquoi ? »

Cette tête ? Quelle tête ? Vu l’intonation, ça devait sûrement être des yeux de petit chaton battu et affamé. Par principe, pour protester contre tout ce qu’elle allait lui dire, j’avais donné un coup dans son genou qui lui avait juste fait plier la jambe et ne m’avait attiré d’un nouveau coup de pied.

« Parce qu’elle avait les pétoches, c’tout. C’pas une grande bavarde, pour lui faire cracher ce qui se passe là, faut s’accrocher, et généralement, contrer une ou deux tentatives de fuite ou d’changement de sujet. »

En la regardant un biais depuis ma cachette, j’avais pu entr'apercevoir qu’elle montrait ça poitrine, enfin son cœur, mais n’importe qui aurait sûrement plus regardé ses seins, au moment du « là ». Qu’est-ce qui fallait pas entendre !

« Elle a eu la frousse que quelqu’un puisse vous voir autrement que comme des connaissances ou des collègues et qu’elle savait pas comment réagir à ça. Du coup … pfuit … plus l’Ilhanne. »

Il fallait qu’elle se taise ! Même si elle visiblement ça la faisait beaucoup rire de donner ses petites interprétations à la con. Je voulais surtout pas m’avouer qu’en fait, elle est était pas si côté de la plaque que ça et que tout ce qu’elle était en train de dire avec plus que du sens, mais ça mon esprit était pas prêt à le concevoir.

Faisant signe au mercenaire d’approcher, elle s’était penchée un peu plus au-dessus du comptoir.

« Mais s’tu veux mon avis, complètement entre nous, moi j’pense qu’ça veut dire qu’t’as touché l’point sensible. Parce qu’elle flippe comme ça, que quand c’est important pour elle. Après m’fait pas dire ce que j’ai pas dit, hein. »

Elle avait parlé à voix basse, j’avais entendu que des brides de mots, ou de phrases, rien qui me permettait vraiment de comprendre ce qu’elle avait voulu ajouter.

« Oh Margaux, j’te paye pas pour jacasser ! »

Soupirant longuement elle prit fit le tour du comptoir passant devant moi toujours assise et caché derrière. J’avais pas coupé eu coup dans le tibia en passant. Ce que j’avais pas vu c’est qu’elle avait montré à Finn la porte donnant sur la ruelle adjacente avec l’air de lui dire d’y aller. Je l’avait vu passé et disparaître derrière le panneau de bois.

Je m’étais relevé, pour de bon cette fois, au moment où Margaux revenait de son tour de la salle avec un plateau de verres sales. A peine elle l’avait posé sur le bar avec un faible fracas qu’elle m’avait regardé avec un œil que j’aimais pas du tout.

« - Va y … tout de suite. Le ton n’amenait pas réellement à la discussion, s’était sec et autoritaire.

- Nan mais oh t’es pas … Elle allait me parler comme ça non mais ho ! Enfin c’est que j’essayais de faire passer comme message avant, qu’elle me coupe la parole.

- Ilhanne une fois dans ta vie porte tes couilles que t’as pas pour autre chose que faire des conneries, des trucs inconscients et botter des fesses. Tu l’as planté comme un con en pleine rue et il t’as cherché jusqu’ici. Puis avec le regarde de désespérer qu’il avait il est pas v’nus pour te foutre une raclée pour l’exemple ou satisfaire son amour-propre blessé. »

Tandis que Margaux parlait, elle était retournée de mon côté du comptoir, de celui des serveuses et avait commencé nettoyer le contenu du plateau.

« Ça t’engage à quoi hein ? T’es jamais là. Avoir quelqu’un de plus à voir une fois tous les deux mois, c’est si difficile ? Bah non ! Alors bouge ton cul rachitique jusqu’à cette ruelle où c’est moi qui t’y traîne par la peau des miches, bordel de merde ! »

Les murs n’étaient pas très épais et comme elle avait haussé un peu le ton, dans sa ruelle Finn avait dû entendre quelques bouts de conversation à moitié noyé dans celles des clients. Mais, j’étais pas décidée à obtempérer, craintive de savoir ce qui allait m’arriver.

« ILHANNE MERDE ! »

Gronda Margaux en posant sans aucune douceur ce qu'elle avait dans la main.

Ohlala, quand elle était comme ça, je préférais pas négocier plus longtemps. Non sans essayer de garder une certaine dignité, j’avais donc pris la porte.

La ruelle était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler un cadre agréable. De la crasse, quelques tonneaux vides.

Certains hommes ne montraient jamais leurs émotions et d'autres, souvent plus jeunes et n'ayant pas encore connus trop d'horreurs, comme c'était le cas de Finn, peinaient à les dissimuler lorsqu'ils étaient trop fortement et directement impactés par ce qui leur arrivait. Margaux représentait à cet instant la seule planche de salut qui lui permettrait de rejoindre Ilhanne, si tant est que celle-ci n'ai pas eu le temps de lui dire de le renvoyer là d'où il venait, ou que la jolie serveuse ne tente de le rallier à sa cause plutôt qu'à celle de la rousse. Pourtant, à peine avait-elle affirmée qu'elle savait où se trouvait la chasseuse que le regard du Mercenaire s'éclaira, aussi sûrement que le soleil sort de derrière un nuage noir pour briller de tous ses rayons. L'Espoir, toujours demeurait l'une des qualités de Finn et c'est celui-ci que son interlocutrice raviva en une flamme dansante, quoique hésitante en entendant la suite de ses propos. Il avait suivit des yeux le geste accompagnant la parole, ne lorgnant même pas cette poitrine pourtant agréable à regarder, relevant son attention sur la visage de Margaux avec les paupières grandes ouvertes, buvant ses paroles en hochant légèrement la tête à intervalles réguliers.

- Je ne pensais pas que ça lui ferait peur... Je l'aurais présentée comme une amie et j'aurais démenti les allusions.

Le pauvre n'avait pas pensé qu'on puisse être à ce point terrifié par l'image qu'on renvoyait de soi, n'ayant pas connu ce genre de choses là d'où il venait, songeant qu'il ne connaissait vraiment rien à ceux de la ville et aux problèmes qui les accaparaient tant. Se penchant un peu, il tendit l'oreille quand la serveuse lui donna son avis, clignant des paupières avec un mélange de surprise et d'espoir plus grand encore, même s'il était encore trop tôt pour décider de quoi que ce soit. Ce fut à cet instant que le patron de l'auberge rappela à l'ordre son employée, l'obligeant à délaisser le comptoir pour indiquer au passage la porte arrière au jeune homme. Finn sentit son cœur s'emballer et, dans un élan de reconnaissance, embrassa le front de la jeune femme avec un sourire de bonheur.

- Merci Margaux, t'es la meilleure, je te revaudrais ça.

Et il le pensait, il considérait à présent avoir une dette envers l'amie de Ilhanne et fila sans demander son reste, passant la porte arrière et la refermant doucement, commençant à chercher la demoiselle de ses pensées au milieu de la zone pour le moins crasseuse. Est-ce qu'elle s'était cachée dans un tonneau ou bien en hauteur ? Est-ce qu'elle s'était déjà enfuie par les toits pour essayer de lui échapper, après l'avoir vu arriver ? Le Mercenaire fit quelques pas et commença à inspecter l'endroit, avant que la voix de Margaux, plus forte, ne lui parvienne de l'autre côté du mur qui n'était décidément pas bien épais. Est-ce qu'elle s'expliquait avec son patron à propos de son amie ? Ça ressemblait presque à une engueulade.

« ILHANNE MERDE ! »

Il y eut un bruit sourd, comme lorsqu'on plaque sèchement quelque chose sur une surface en bois, puis la porte donnant sur la ruelle s'ouvrit et Ilhanne apparue, faisant se figer sur place un Finn pour le moins perdu et hésitant, ne sachant s'il devait ou non s'approcher, tendre la main, l'enlacer... "Trouve quelque chose à dire, vite ! N'importe quoi !"

- Je t'...

"Mais non pas ça espèce d'imbécile !!!" La voix de l'homme s'étrangla dans sa gorge et un sourire gêné apparu sur ses lèvres.

- Je t'ai trouvé pressée de partir tout à l'heure, hum... Margaux a dit que tu avais eut quelques... appréhensions.

"Oui voilà, c'est mieux." La voix de sa raison se faisait trop forte dans son esprit, à cet instant précis, aussi le Mercenaire expira-t-il un peu fortement pour lâcher du lest et restaurer son calme. il se détendit visiblement et son sourire se fit plus doux, plus tranquille.

- Tu veux m'en parler ? Je veux dire... je peux tout entendre tu sais, je préfère juste que tu me le dises si je fais quelque chose qui peut te mettre mal à l'aise ou qui te déplais.

Finn ne demandait qu'à s'améliorer, tout indulgent et compréhensif qu'il se voulait, fut-il sans doute un peu trop vulnérable aujourd'hui, à se retenir de lui courir après tout en étant incapable pour l'instant de la laisser de côté. Faut dire que s'il pouvait déjà arrêter de la fixer droit dans les yeux avec son air perdu, ça serait déjà une bonne chose. Ah les hommes.

Il était là, planté là, visiblement content, même si pas très assuré, de me voir. Ce qui en soit était déjà une anomalie monstrueuse dans le monde tel qu’il était. Qui réagissait comme ça après un coup comme celui que je venais de lui faire ?!
Au mieux, avec quelqu’un de normal, j’aurais sûrement eut le droit à de l’indifférence méritée, voir, au pire à une leçon pour avoir brisé un ego de mâle mal placé.

« Margaux parle trop… »

En fait, elle parlait pas assez, quand elle parlait tout semblait simple et clair même si ça me plaisait pas, même si ça me contrariait. Elle avait cette sale capacité à lire sur les gens ce qu’il faisaient, ce qu’ils pensaient.

Dur de ne pas croire à ce qu’il était en train de dire quand il venait de traverser la moitié de la ville juste pour venir me parler, visiblement essayer de mettre les choses à plat, sans sembler être énervé pour deux ronds. Décidément, cet homme semblait défier toutes les lois de la nature humaine telle que j’avais pu l’observer.

« Des angoisses pas logique, c’pas très facile à expliquer. Mais … J’essayerais de … faire attention. »

S’était bien le moins que je pouvais faire, même si ça me semblait énorme. Je me sentais pas très fière de ce que j’avais fait. On devait presque pouvoir palper toute la gêne que je dégageais. En même temps s’était un peu compliqué de pas être, au moins, un peu touché, par la persévérance et la compréhension dont il faisait preuve.

J’avais fait, hésitante, les quelques pas qui nous séparaient pour aller me blottir contre lui, du moins ce qui ressemblait. Aucune idée si s’était la chose à faire, ou non, pour moi ça semblait quelque chose de bien pour lui, un peu pour moi.

« T’as la tête dure en plus d’être complètement fou. »

S’était pas vraiment une moquerie, même si je l’avais dit avec un petit sourire en coin peut-être un peu fade.

Margaux parlait fort bien aux yeux de Finn qui était bien content qu'elle lui ait dit tout ce qui avait été prononcé, cela l'avait conforté dans l'idée qu'il avait encore ses chances et, de ce fait, avait pu s'apaiser un peu et faire face à Ilhanne dans la ruelle sans que ce ne soit son tour de tourner les talons. Elle disait être prête à faire attention et lui se contenta de hocher la tête avec un léger "Merci", juste avant de la voir franchir la distance qui les séparaient pour venir se blottir contre lui. Ce fut assez intense, mais le Mercenaire parvint à se "contenter" de passer ses bras autour de la chasseuse, expirant en sourdine alors que son cœur s'emballait comme pas permis, un rire passablement nerveux lui échappant alors qu'elle le qualifiait de tête dur et de fou.

- C'est possible oui, mais au moins je suis beau garçon.

L'humour était encore la seule chose qui lui permettait d'évacuer toute tension, alors qu'il passait une main sur la chevelure rousse, ses yeux clairs fixant la jeune femme avec un éclat brillant dans les prunelles.

- Si tu as peur, dit-le-moi et je me calquerais sur ton rythme, d'accord ?

Puis profitant qu'ils soient seuls tous les deux dans cette ruelle, fut-elle malodorante et crasseuse, il se pencha pour l'embrasser tendrement, quoique avec une envie contenue qui le faisait presque trembler. Self-control avant tout, mais ce n'était pas faute de désirer davantage.

Sa plaisanterie m’arracha un doux rire. S’était pas faux, loin d’être faux, mais s’était pas vraiment important. Son cœur s’emballait tellement, je pouvais le percevoir faiblement la tête appuyée contre lui. Le mien accéléra lorsque ses bras virent m’entourer. A cet instant, à part ça, je me sentais calme, tranquille. La douce chaleur qu’il dégageait, le rythme de la respiration.

Il était fou, complètement dingue de courir après le nid à problèmes complètement borné que j’étais. Je ne comprenais même pas pourquoi. Pourquoi pas une fille comme Margaux, jolie, très jolie, avenante, drôle, accessible ? Puis proche, plus proche, carrément dans les murs de la Cité. Elle avait tout pour plaire à côté de mon abord rêche et de ma formidable incapacité à exprimer clairement mes pensées dès que ça touchait à autre chose que mon travail, ou du sujet pas personnel.

Toutes mes interrogations avaient été suspendues lorsque ses lèvres s’étaient jointes aux miennes, une nouvelle foi.

Ça s’emballait dans ma poitrine alors que je me pressais un peu plus contre lui sans vraiment m’en rendre compte, répondant à sa tendre caresse.
Finn, pour sa part semblait presque fébrile, donnant l’impression de retenir quelque chose.

C’était sûrement mal de ma part de penser comme ça, mais s’était mieux comme ça. J’avais eu l’impression d’être sur le fil une grande partie de cette journée.

Un raclement de gorge, qui n’était pas le mien, mais que je ne connaissais que trop bien, me fit briser le contact allant jusqu’à doucement m’extirper de l’emprise du mercenaire. Margaux se trouvait à la porte, mon matériel dans les mains et un air moqueur.

On avait échangé quelques regards qui avaient fini par un sourire agacé de ma part et par un air encore plus amusé sur son visage. Alors que je récupérais arc et flèches elle jeta un coup d’œil par-dessus mon épaule pour regarder Finn d’un œil faussement suspicieux.

«Pas de bêtises. »

Avait-elle fini par lâcher dans un soupir amusé, avant de retourner à son travail.

Pas de bêtise… Ça devait bien résumer ce que je devais faire chacun de côté. Pas de conneries stupides dues à a une appréhension irrationnelle.

On allait bien voir ce que ça pouvait donner…

Spoiler: