[terminé] La langue de bois (PV Constance)

Au fond, elle comprend la prêtresse, elle comprend parfaitement que Theodren cherche à tourner une page, cherche à oublier son passé à avancer vers une autre direction. Elle lui aurait bien demandé d’une façon un peu maladroite s’il l’aurait suivi, si elle avait cette envie soudaine de partir. De vivre une vie dans un village, de s’épanouir différemment, ailleurs, loin d’ici, mais elle n’ose pas. Peut-être pas crainte de l’entendre formuler un refus, peut-être par de façon purement égoïste parce qu’elle n’envisage encore ni le départ ni le fait de vivre avec lui de façon définitive et sans retour. Quoi qu’il en soit, le sujet de conversation dérive légèrement, la jeune femme n’en semble pas vraiment dérangée, bien que la question posée la déstabilise légèrement. La balafrée n’est pas vraiment objective et ne sait pas vraiment non plus à quel moment il est possible d’estimer que deux personnes se complète bien, alors elle hausse simplement les épaules, poursuivant sa marche avant de répondre :

- « Il est certain qu’on évolue ensemble, en tout cas moi, je sens que je change. Je ne dis pas que cela se verra forcément avec les autres personnes, que ce soit les fidèles ou mes collègues au temple… Mais, je sais que ce changement était nécessaire. » Elle se pince la lèvre puis ajoute « Je ne t’ai pas vraiment connu avant, alors j’ignore si les changements te concernant son positif ou négatifs, tu ne peux être que seul juge là-dessus. En attendant, tu as raison, on doit s’apporter quelque chose, sinon on ne poursuivrait pas cette relation. »

Quand il parle du village, quand il le compare à un quartier, elle estime qu’il est très loin d’avoir tort, d’ailleurs il cible parfaitement l’attrait qu’elle pouvait avoir pour ces types de lieux. Il ne donne pas vraiment son avis sur la question et une nouvelle la blonde ne le lui demande pas. Simplement parce qu’elle n’en juge pas l’utilité, simplement parce que pour une fois elle n’a pas envie de savoir. Sa dernière phrase le fait un peu plus tiquer et un sourire vient illuminer les traits de son visage, peut-être aspire-t-il à la même chose finalement. Instinctivement, elle suit le regard de son prétendant, avisant d’un air plutôt bienveillant les différentes personnes qui semblent les observer. Elle se pince doucement la lèvre, si elle avait encore l’espoir que les rencontres puissent passer inaperçues, celui-ci venait de s’envoler. Elle se perd quelques secondes dans ses pensées, sursautant légèrement quand Theodren reprend la parole :

« Hein ? Heu, oui, oui si tu veux… Rentrons chez toi. » elle opine lentement.

La jeune femme avait retiré son bras du guérisseur pensant suite à ses propos que la proximité le gênait, pensant peut-être aussi naïvement qu’en reprenant une posture un peu plus professionnelle les différents regards des curieux cesseraient, mais ce ne fut pas le cas. La prêtresse répondait à des sourires de fidèles, sans pour autant aller à leur rencontre afin d’éviter un maximum de mettre davantage mal à l’aise son partenaire.

- « En effet, je suis désolée… Ou alors il faudra que je me trouve une autre tenue que celle de prêtresse, histoire de passer un peu plus inaperçue… C’est vrai que je ne me rends même plus vraiment compte des regards… Un clerc doit toujours être disponible… »

Au fond, elle, cela ne la gêne pas, c’est une question d’habitude, alors elle fait silence et le suit gentiment jusqu’à son chez lui, du moins le chez lui dont il veut se débarrasser. Une fois la porte ouverte, elle rentre derrière lui et referme puis vint retrouver la place qu’elle prend toujours depuis qu’elle est venue la première fois ici.

- « J’ai passé une bonne journée » murmure la jeune femme qui ne la finalement absolument pas vu passé.

La conversation revient sur les habitations, sur le village et sur la faculté de se détacher du temple. Constance se mord doucement la lèvre inférieure, signe de sa réflexion. Il n’a pas tort, le temple est un lieu réconfortant pour la jeune femme, sa zone de sécurité. Se détacher serait quelque chose de compliqué, mais d’impossible, l’inconnu faisait toujours peur de toute façon. Pour Constance d’autant plus. De nouveau elle répond par un haussement d’épaules, ne confirmant pas, n’infirmant pas les propos qu’il tenait. Ce n’était qu’une question d’envie, si un jour celle-ci restait dans son esprit durant des jours entiers, la prêtresse serait complètement capable de s’abandonner à son désir de changement.

- « Je ne sais pas trop… Je pense que c’est comme tout, petit à petit, avec le temps je peux m’habituer à un autre lieu. Il y a d’autres temples ailleurs, des lieux pour les offices dans les petits villages, je suppose que tout ceci n’est qu’une question d’habitude. »

Constance abandonne son bras pour marcher à ses côtés, avec l’unique objectif d’attirer moins l’attention, d’éviter que les rumeurs se colportent bien trop vite pour eux. C’est certainement trop tard, il faut avouer que le ‘couple’ n’a pas était des plus discrets. Ses deux perles vertes vadrouillent entre les pierres des maisons et les pavés sur le sol, elles s’arrêtent parfois sur une ou deux personnes, puis naturellement retourne à leur observation, ailleurs plus loin. Elle ne sait pas trop ce qu’elle doit dire ou faire, alors la blonde se contente d’écouter. De profiter simplement de l’instant avec cette petite voix qui lui rappelle qu’elle va devoir rentrer.

- « Ce n’est pas question de me travestir, c’est simplement être autre chose que prêtresse, enfin plutôt, c’est le fait de ne pas être qu’une prêtresse » elle opine lentement « Pour le fait d’être observé, cela viendra oui. »

Elle le dit, elle le formule, mais elle n’est absolument pas prête, cela ne veut pas dire qu’elle n’essaiera pas, simplement qu’elle a besoin de peut-être un peu plus de temps. Elle envisage cette possibilité, comme elle pourrait envisager complètement autre chose. Il arrive doucement jusqu’à chez lui, Constance hésite entre entrer ou partir et finalement elle rentre après lui et referme la porte. Elle ne sait pas trop si c’est une bonne idée, les murmures recommencent et ils jugent que ce n’est pas une bonne idée. Peu importe, elle reprend sa place, celle qu’elle aime temps, habitude qu’elle ne changera pas par notion de sécurité. Une fois assise elle l’avise un instant, visiblement surprise par sa demande et hoche simplement la tête avant de répondre :

- « Tu sais, je doute fortement que les trois soient fâchés avec qui que ce soit… » ce n’est pas vraiment la prêtresse qui parle, plus la femme « Mais, oui, nous pourrons y retourner, mais pas forcément ce soir… »

La clerc se pince de nouveau doucement la lèvre, visiblement un peu plus hésitante, elle pense qu’il est temps pour partir et malgré cette envie grandissante de rester de manger avec lui, de discuter encore et encore, elle sait qu’elle doit rentrer. Au moins, pour faire le point dans son esprit, pour se glisser seule dans les eaux des thermes, se détendre. Elle relève doucement les yeux vers son guérisseur, hésite encore un peu puis reprend la parole dans une légère inspiration :

- « Je vais rentrer….Seule. Marcher me fera du bien, profiter de la fraîcheur du début de soirée. Le temple n’est pas si loin. » Elle affiche un petit sourire rassurant « Tu auras un peu plus de potage pour toi, je suis certaine que tu dois avoir faim…et puis tu pourras te reposer un peu plus aussi. J’espère que tu n’auras aucune urgence. »

Lentement elle se relève, avisant chacun des mouvements de Theodren, s’assurant peut-être qu’il ne tente rien d’impensable. De la même manière elle s’approche de celui qui semble toujours installé sur le bord de la table, ses mouvements sont semble-t-il un peu hésitant, un peu maladroit, parce qu’au fond elle ne sait pas si elle doit déposer ses lèvres sur les siennes, si elle doit lui tendre la main ou l’enlacer. La prêtresse s’arrête à un petit pas de lui, elle prend conscience que si elle avance vers lui, s’ils s’embrassent de nouveau, elle n’aura plus envie de partir. Elle prend une nouvelle inspiration, comme pour se donner un peu de courage, s’approche encore un tout petit peu et vient déposer ses lèvres sur sa joue, l’action dure à peine quelque seconde. En face de lui, elle affiche un petit sourire en coin.

- « Je vais rentrer, d’accord ? Et puis de toute façon, on se retrouve bientôt. »

Bientôt ce n’est pas une date, c’est une supposition et si ce n’est pas avant cela sera durant leur rendez-vous hebdomadaire au temple. Si Theodren ne la retient pas, elle rentra simplement jusqu’au temple en passant pour les thermes, s’il insiste elle essaiera de résister et de partir ou restera peut-être.