Hors de ses gonds [Pv : Viktor ]

Astrid était étendue sur son lit. Ce n'était pas un manque de volonté, c'était plutôt un manque de force. Elle avait mal. Elle avait bien tenté de se lever, de se préparer pour une nouvelle journée comme si de rien n'était, mais elle n'avait pas réussi. L'homme de la veille avait astucieusement évité de la frapper au visage, mais ses bras, ses cuisses, son dos étaient couverts de bleu. Astrid n'aurait peut-être pas dû lui refuser ce qu'il demandait, il aurait peut-être été plus gentil. Elle ne savait pas vraiment quoi penser, mais ce qu'elle savait maintenant c'était qu'elle avait mal, et qu'elle n'avait aucune envie de faire ne serait-ce qu'un pas en dehors de sa chambre à l'auberge.
Avec lenteur elle se décida à s'asseoir, puis à se mettre debout. Le temps qu'elle passa à s'habiller en usant de gestes pleins de précautions et calculés lui semblait durer une éternité. Elle finit par se coiffer, mais renonça à l'idée de porter ses bijoux ce jour là. Elle ne sortirait pas, elle n'en avait pas besoin. Et puis, elle n'avait pas grand chose qui puisse masquer ses bras. Tout le monde allait la dévisager ou venir lui demander ce qui lui avait valu un tel traitement. Astrid n'avait pas envie d'en parler. Elle serait d'ailleurs sûrement restée là à broyer du noir toute la journée si personne n'avait frappé à la porte.
Au début, elle ne répondit pas. Peu importe qui ça pouvait bien être, elle n'avait aucune envie de voir qui que ce soit. Si c'était important il ou elle repasserait, elle n'en avait que faire. Mais la personne insista. Après le petit coup poli qu'elle venait de donner, elle en donna deux, puis trois, et se mit finalement à frapper du poing contre la porte avec beaucoup plus de force. Astrid commençait à se douter de l'identité de la personne qui se permettait de lui rendre visite ainsi, et la peur lui vrillait l'estomac à présent. Elle ne répondit pas. Il parla.

-Astrid ? Astrid tu es là ?

La cartomancienne, plutôt interpellée ainsi pour ses talents de prostituée de la veille, n'ouvrit pas la bouche. Mais sa main tremblante laissa échapper sa brosse, et ce fut un indice suffisant pour attester de sa présence dans se chambre.

-Astrid, je sais que t'es là, ouvre-moi !

Il y avait de la colère dans cette voix. Et l'homme extériorisa cette colère en frappant à nouveau bien fort sur la porte, si bien que la demoiselle commençait à craindre qu'elle ne cède. L'aubergiste devait bien entendre quelque chose non ? Pourquoi ne montait-il pas l'aider, en dégageant cet individu de son établissement ?

-Va-t-en, finit par lâcher Astrid au bord de la crise de larmes. Et ne reviens pas, jamais !

Visiblement ce n'était pas la réponse attendue. Les coups redoublèrent sur la porte, et les insultes commencèrent à pleuvoir. Astrid s'était recroquevillée sur son lit, les yeux fermés, essayant d'ignorer tout ce bruit sans y parvenir. Elle avait presque l'impression de sentir l'homme la frapper à nouveau. Elle voulait juste qu'il s'en aille. Pourtant il restait là, derrière la porte. A présent il lui disait qu'il était venu s'excuser pour hier, qu'il ne recommencerait plus, qu'elle devrait lui laisser une seconde chance. Ses actes envers la porte suffisaient à lui prouver le contraire. Mais qui viendrait l'aider ? Personne. Personne n'aidait jamais les prostituées, c'était une règle.

Aujourd’hui était une journée qui commençait bien : le soleil avait réveillé calmement Viktor, ce qui était une chose rare, il avait bien dormi et n’avait pas eu à se plonger la tête dans un baquet d’eau pour démarrer sa journée comme c’était généralement le cas. Il avala un bout de pain de la veille avec un gobelet d’eau puis mit son armure. Le contact de l’acier froid sur sa peau le revigora au lieu de le faire frissonner, ce matin était vraiment exceptionnel. Il fit jouer ses articulations et sortit finalement de chez lui, prêt à… Prêt à quoi ? Il n’avait pas grand-chose à faire. Rien en fait. Il redoutait ces instants-là. Voilà comment ruiner cet heureux sentiment avec lequel il avait quitté son lit. Il poussa un profond soupir et rentra à l’intérieur de sa maison. Il s’assit à la table à laquelle il avait pris son petit-déjeuner et regarda son gobelet vide. Il le fixa pendant quelques minutes comme espérant que ce dernier se mette à parler pour lui rappeler quelque chose qu’il devait faire. Comme il s’en doutait, rien ne se passa.

Décidément rien ne lui venait, ne pouvant compter sur son gobelet il décida de sonder ses souvenirs pour savoir si par le plus grand des hasards il n’avait pas oublié quelque chose. Il remonta jusqu’à sa visite au comte de Rougelac, à sa rencontre et… Puis rien. Viktor arrivait à aller plus loin mais impossible de se rappeler ce qu’il avait fait pendant une nuit. Découvrir ce qui avait bien pu se passer était une occupation comme une autre pensa-t-il en haussant les épaules. Le chevalier se leva et sortit avec cette fois un objectif. Une mission à accomplir. Il faut bien avouer qu’il avait connu plus héroïque que déterminer ce qui avait bien pu se passer durant une nuit de boisson mais bon, faute de mieux. Arrivant à l’écurie il regarda Althéa manger et se demanda si il avait bien besoin de sa jument pour l’amener jusqu’à une auberge. Non, autant profiter du chemin pour se dégourdir. La main droite sur le pommeau de son épée il descendit dans les bas-quartiers.

Bon maintenant il fallait se rappeler dans quelle auberge il avait passé la nuit, ou dans laquelle il avait bien pu faire quelque chose pouvant lui causer des ennuis. Bon il n’avait pas trouvé de sang sur lui mais il était avait probablement plus d’alcool que de sang dans les veines cette nuit-là, puis porter un tabard rouge aide pas des masses. Au détour d’une ruelle il aperçut une auberge, autant commencer quelque part, même si ce n’était pas celle-ci. En rentrant il vit quelques personnes déjà attablées et il entendit quelqu’un tambouriner à une porte. Un malade probablement. Viktor se rendit compte que tout le monde avait le nez dans leurs consommations, même le tenancier essuyait ses chopes le regard baissé. Personne ne comptait bouger avant qu’il n’ait enfoncé la porte ?

Ce n’était pas vraiment le genre de Viktor de se mêler des affaires d’autrui mais bon, l’aubergiste le remercierait sans doute si il n’avait pas à racheter une porte. Il monta les escaliers. Durant son ascension le chevalier put entendre la motivation du malade qui frappait la porte. Le malade n’avait visiblement pas l’intention d’arrêter. Puis Viktor entendit une voix derrière les planches, une femme qui semblait sur le point de pleurer. Il tenta de s’expliquer la situation, la femme du bonhomme était partie et il était venu la récupérer ? Un scénario possible mais dans ce cas il n’avait aucun droit d’intervenir. Il pouvait toujours faire office d’arbitre dans leur histoire, après tout il avait du sang noble.

Dans son armure Viktor devait bien faire du bruit en marchant pourtant l’homme semblait ne pas l’avoir remarqué, trop occupé à enfoncer la porte. Le chevalier arrêta son poing alors qu’il allait s’abattre sur les planches. C’est à ce moment que le malade leva les yeux et vit une armure qui mesurait deux têtes de plus et était bien plus large que lui.

« Maintenant on va se calmer et on arrête de massacrer la porte, elle ne t’a rien fait. »

Sa voix devait être étrange, modifié par le casque qu’il portait. Viktor regarda la porte et toqua trois fois en laissant quelques secondes entre chaque coup.

« Madame, si vous voulez bien ouvrir la porte, je pense que vous devriez discuter, c’est ce qui permet à un couple de tenir vous savez ? »

Astrid était persuadée que s'il réussissait à ouvrir ou à casser cette porte il allait finir par la tuer. Ils mélangeait les insultes et les menaces pour qu'elle cède à sa demande mais non, elle ne le laisserait pas entrer, elle n'accepterait ni ses excuses ni sa présence. Il avait fait assez de mal comme ça. Pourtant, il y avait cette petite voix dans sa tête. Celle qui lui disait que si elle ouvrait maintenant, il serait moins violent que s'il parvenait à l'atteindre dans un quart d'heure après avoir enfoncé une porte et hurlé en boucle. La même qui lui faisait regretter ses agissements de la veille, en disant qu'au fond rien ne serait arrivé si elle avait été plus coopérative et que tout était de sa faute. Mais elle n'y pouvait rien s'il lui avait fait peur dés l'instant où elle l'avait aperçu, à tel point qu'elle avait préféré refuser sa compagnie. Il aurait très bien pu se trouver une autre fille. Il avait préféré s'acharner sur elle. Et ça, ce n'était pas de sa faute.
Les bruits de coups cessèrent. Astrid releva la tête, toujours recroquevillée sur son lit mais curieuse. Ce serait-il calmé ? Allait-il partir ? Elle entendit une autre voix mais ne parvint pas à comprendre ce qui se disait. Visiblement ce ne devait pas lui être adressé, sinon la personne aurait probablement pris la peine de s'exprimer d'une voix plus forte. C'était peut-être l'aubergiste. Il en avait peut-être eu marre finalement, il avait peut-être craint pour sa porte, il avait peut-être décidé qu'au fond il aimait bien Astrid parce qu'elle ne payait jamais en retard, et il était peut-être venu pour la tirer de ce mauvais pas, finalement. Quelqu'un frappa trois coups lents contre la porte. L'homme qu'elle avait rejeté la veille, ou la personne qui lui tenait compagnie ? Astrid ne le savait pas, mais ces trois coups avaient suffit à la faire frissonner. Elle craignait le pire, et elle n'ouvrirait pas sa porte.

« Madame, si vous voulez bien ouvrir la porte, je pense que vous devriez discuter, c’est ce qui permet à un couple de tenir vous savez ? »

La voix était bizarre, sans que la demoiselle ne sache véritablement déterminer pourquoi. De toute façon ce n'était pas ce qui l'intéressait. La simple mention de la possibilité qu'elle soit en couple avec l'odieux personnage qui se permettait de la traiter comme une moins que rien avait suffit à la faire craquer. Elle fondit instantanément en larmes, si bien qu'elle ne sut même pas si son assaillant avait rétabli la vérité ou s'il se réjouissait d'être assimilé à son éventuel mari, du moment qu'elle ouvrirait la porte. Il fallait pourtant bien qu'elle dise quelque chose, qu'elle essaie de profiter d'une présence extérieure à toute cette histoire pour se sortir de là. Apparemment, ce n'était pas l'aubergiste, il n'avait pas cette voix.

-Je veux qu'il s'en aille, parvint-elle difficilement à articuler.

Elle n'était même pas sûre que quelqu'un ait pu comprendre un seul de ses mots derrière la porte, alors elle prit une grand inspiration, et reprit d'une voix tremblante, mais qu'elle espérait audible.

-Je vous en supplie, faites le partir, c'est pas... On n'est pas... Je...

Elle se tut, il fallait qu'elle se calme pour terminer. Elle craignait à chaque instant que le tambourinage de la porte revienne, que la personne à laquelle elle s'adressait soit finalement partie et que l'autre imbécile ne reprenne ses menaces en toute impunité. Il fallait exposer la situation clairement et vite, avant que la seule personne qui puisse l'aider ne décidé qu'elle s'ennuyait et qu'elle avait mieux à faire.

-On n'est pas ensemble, termina-t-elle avant de se remettre à pleurer.

Le malade qui n'avait pas hésité à la frapper la veille ne semblait pas décidé à la laisser accaparer la parole encore longtemps, parce ce qu'elle disait n'allait pas vraiment dans son sens. Il ne se laissa pas intimider et s'adressa directement à l'homme en armure. Oui, il était grand et imposant, mais ce pouvait être une chance pour lui. Il pourrait faire coopérer Astrid.

-Elle me doit quelque chose, qu'elle me le donne et on sera quittes.

Il ne précisa cependant pas que ce qu'elle lui « devait » selon lui, n'était pas un objet. Il ne s'attendait pas non plus à des excuses. Il voulait profiter du corps d'Astrid, ce qu'elle lui avait déjà refusé la veille.

Une fois que Viktor eut demandé à la dame d’ouvrir la porte il entendit les larmes redoubler. Il se mordit la lèvre, avait-il dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Il lui semblait avoir été plutôt gentil, courtois, comme on lui avait appris lorsqu’il était plus jeune, quand il avait un précepteur. Il était un peu désemparé, jamais il n’avait été dans une telle situation et ne savait pas vraiment comme réagir. Il entendit une nouvelle fois la voix derrière la porte, elle devait appartenir à une jeune femme estima-t-il. Un sourire apparut sous son casque, se rappelant les vieilles légendes et histoires qu’on lui racontait quand il était encore un enfant : le chevalier sauvant la princesse. Peut-être y avait-il du vrai dans ces histoires après tout, bon il n’avait pas à vaincre un dragon mais tout de même.

La jeune femme avait dit quelque chose mais Viktor n’en avait compris qu’une partie, elle voulait quelque chose mais quoi ? Puis la jeune femme se fit entendre, cette fois d’une voix toujours tremblante mais plus compréhensible avant de s’embrouiller et de finalement s’éteindre. Elle ne voulait plus voir l’homme qui frappait à sa porte. Probablement parce que son mari était violent. Il se retourna vers son mari et le regarda, il le jaugea se demandant si il risquait de lui poser des problèmes si il tentait d’utiliser la force. Il pouvait toujours essayer, il ne semblait pas armé mais il savait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences que ce soit pour l’armement ou bien la force physique d’une personne. Il se préparait à repousser l’homme de la porte pour que la jeune femme puisse sortir sans crainte lorsqu’elle parla une nouvelle fois terminant sa phrase avant de recommencer à pleurer. Ils n’étaient pas ensemble donc. Une colère soudaine s’empara de Viktor. Il n’était pas un expert dans l’art de la séduction mais même lui savait que l’on ne courtisait pas une femme comme cela ! Il ferma les yeux et pris une grande inspiration. Lorsqu’il expira il plongea son regard dans les yeux du malade en face de lui.

Quand ce dernier ouvrit la bouche Viktor se retint de le frapper mais cette retenue ne dura pas longtemps. Dès qu’il eut terminé le chevalier serra sa main droite et le frappa au visage, en plein dans le nez. On entendit un vilain son lors de l’impact, un os qui craquait. L’homme frappé tomba en arrière et s’écroula contre le mur, il commençait à saigner du nez.

« Tu ferai mieux de partir, le prochain coup ce sera avec ça! »

Il empoigna la garde de son épée et dénuda quelques centimètres d’acier.

Elle avait cru entendre la voix de son agresseur, mais ce qu'il pouvait bien dire ne l'intéressait pas. Il n'y avait que sa fuite qui serait un soulagement. Alors qu'Astrid peinait à retrouver son calme et à sécher ses larmes, en espérant que la situation finirait par s'arranger, elle entendit un bruit aussi inattendu que puissant. Que pouvait-il bien se passer derrière cette porte ? Elle se leva précipitamment pour rejoindre la porte mais ne l'ouvrit pas. Un léger gémissement de douleur lui échappa lorsqu'elle se cogna un peu contre le bois, avec ses bleus elle devrait faire un peu plus attention mais la situation lui semblait trop urgente pour ça. Elle se contenta d'attraper la clef et de la retirer de la serrure, afin d'essayer de regarder l'extérieur par là.
Elle ne voyait rien, si ce n'est que quelqu'un lui masquait la vue. Mais pourtant, elle avait entendu un si grand bruit qu'il devait bien s'être passé quelque chose, la chute d'un objet peut-être, ou alors ça devait venir d'une chambre voisine et pas du couloir.

« Tu ferai mieux de partir, le prochain coup ce sera avec ça! »

C'était la voix un peu bizarre de celui qui voulait apaiser la situation. Mais, même s'il avait prôné le dialogue au départ il semblait avoir changé d'avis. S'il parlait d'un prochain coup, c'était que le premier était déjà parti, et la situation s'éclaircit pour Astrid. Elle avait entendu quelqu'un frapper son assaillant dans le couloir. Elle resta assise contre la porte, désirant s'informer de la suite des événements.
L'homme à terre était un peu sonné, ce qui n'était pas très étonnant entre le coup qu'il venait de prendre et sa chute. Ça ne l'empêcha cependant pas de prendre la pleine mesure de la menace qu'on lui adressait. Le « ça » n'était autre qu'une épée, que son adversaire semblait être tout à fait prêt à dégainer sans attendre. Il ne comprenait pas pourquoi. Après tout cet homme n'avait rien à faire dans leurs histoires ! Il sentit brusquement la douleur émanant de son nez, avec un léger effet de retard par rapport au coup. Alors, il colla ses deux mains sur son nez, essayant de réduire le flot de sang qui s'en échappait. Il n'avait pas l'intention de se faire trancher la gorge par un type en armure dans un couloir d'auberge tout ça pour une prostituée récalcitrante. En se relevant doucement, il lança tout de même un regard agressif à celui qui venait de le frapper. S'il le recroisait un jour où ils seraient armés tous les deux, ça n'en resterait pas là ! Mais il n'était venu que pour Astrid, et il n'avait donc pas emporté d'armes. Il n'en avait pas besoin, normalement.

Tu te la joues quoi ? Sauveur ? Cette sale... Il ne termina pas son injure. Elle mérite pas ça ! Tu verras, le jour où je serai armé. On n'en restera pas là.

Il frappa un dernier coup dans la porte en se dirigeant vers la sortie, qu'il tâcha avec du sang par la même occasion. Il n'y avait pas pensé, mais il n'était pas peu fier, ça rendait le tout bien plus impressionnant. Astrid se souviendrait de lui à chaque fois qu'elle rentrerait dans sa chambre. Ce n'était pas facile à laver, le sang, si on le laissait sécher.

-Et toi, sale garce ! Je reviendrai. T'auras pas toujours des amis.

De l'autre côté de la porte, Astrid avait sursauté en poussant un petit cri lorsqu'elle avait senti le coup de poing. Elle recommençait à pleurer, serrant avec force la clef de sa chambre entre ses doigts fins. Pour l'instant elle n'osait rien dire. Elle ne savait pas s'il partait vraiment ou si ce n'était qu'une ruse pour le lui faire croire. De toute façon il avait visé juste, elle n'aurait pas toujours quelqu'un pour la défendre et il fallait qu'elle songe sérieusement à un déménagement.

Viktor regarda l’homme partir sans rien dire, il résista à la tentation de le rattraper pour le forcer à nettoyer le sang qu’il avait mis de partout mais bon, fallait pas trop pousser, il n’était pas venu se battre. Son objectif était juste de l’intimider et ça avait plutôt bien marché visiblement. Certes il y était allé un peu fort mais bon, il fallait bien ça visiblement. Qu’il soit armé ou pas ne changeait pas grand-chose, Viktor doutait grandement qu’il soit capable de le battre en duel à la loyale. Le chevalier pensa a essuyer le sang d’un revers de la main mais se ravisa, il ne l’enlèverai probablement pas entièrement et il ne voulait pas salir son armure pour ça. De toute façon l’aubergiste s’en occuperait probablement. Cependant il se mit à regretter de l’avoir laissé menacer la jeune femme derrière la porte.

Lorsque le malade descendit les escaliers en jurant et tenant toujours son nez le chevalier laissa sa lame glisser à sa place dans son fourreau et toqua à nouveau trois fois, lentement en laissant encore quelques instants entre chaque coup.

« Je… Il est parti, vous êtes en sécurité… Du moins pour le moment. Malheureusement il a raison, je ne serai pas toujours là, d’ailleurs il y a de grandes chances que je ne revienne plus ici. Pas à cause de lui mais parce que je ne fréquente que rarement ce genre d’endroits, pour des raisons évidentes et vous devriez faire pareil. Je suis certain qu’il va revenir, si vous habitez ici ou qu’il sait où vous résidez… »

Viktor se racla la gorge et pris une grande inspiration avant de poursuivre.

« Je peux vous héberger si vous voulez, mon manoir n’est pas très grand mais vous y aurez une chambre et plus important je suppose : la garde ne laissera jamais un homme comme lui rentrer sur l’Esplanade. Mais je ne veux pas vous presser, prenez le temps d’y réfléchir si nécessaire. Vous voulez peut-être que je vous laisse ?»

Viktor attendit derrière la porte une réponse, se demandant si il lui avait fait peur.

Il y eut encore trois coups, mais espacés, calmes, polis. Personne ne s'attaqua à la porte, il n'y eut aucun bruit de destruction d'objets quelconques, et elle ne se sentit pas agresser. Le calme revenu semblait presque étrange aux yeux d'Astrid, qui n'osait ni espérer ni croire que tout était terminé. Mais il y avait cette personne, qui venait de frapper à sa porte. La demoiselle se releva doucement, encore agitée par ce qui venait de se produire. Elle introduisit la clef dans la serrure, prête à ouvrir pour remercier son sauveur, mais s'arrêta lorsqu'il prit la parole.

« Je… Il est parti, vous êtes en sécurité… Du moins pour le moment. Malheureusement il a raison, je ne serai pas toujours là, d’ailleurs il y a de grandes chances que je ne revienne plus ici. Pas à cause de lui mais parce que je ne fréquente que rarement ce genre d’endroits, pour des raisons évidentes et vous devriez faire pareil. Je suis certain qu’il va revenir, si vous habitez ici ou qu’il sait où vous résidez… »

Oui, elle y avait pensé. Mais où aller ? Elle n'était qu'une pauvre fille, et même si elle ne souffrait pas trop de la faim elle ne roulait pas sur l'or. Avec l'argent qu'elle avait gagné récemment elle avait payé d'avance sa chambre, et même avec toute la bonne volonté du monde elle ne récupérerait pas cette somme. Astrid n'avait pas besoin de toute cette angoisse supplémentaire. Elle aimerait déjà que les endroits frappés par l'autre malade cessent de la faire souffrir. Elle voulait aussi se sentir en sécurité, sans avoir à paniquer pour le moment. Elle sécha un peu ses larmes, mais elle avait les yeux rouges et les joues humides. Ses mains tremblaient. Mais au moins, elle se sentait mieux.
Elle entendit son sauveur se racler la gorge de l'autre côté de la porte.

« Je peux vous héberger si vous voulez, mon manoir n’est pas très grand mais vous y aurez une chambre et plus important je suppose : la garde ne laissera jamais un homme comme lui rentrer sur l’Esplanade. Mais je ne veux pas vous presser, prenez le temps d’y réfléchir si nécessaire. Vous voulez peut-être que je vous laisse ?»

La première chose qu'Astrid pensa, c'était que la garde ne la laisserait probablement pas passer vers l'Esplanade non plus, et encore moins avec les traces de coups qu'elle avait sur les bras. Sa robe cachait celles sur son dos, sur ses jambes, mais pas ses bras. Et puis, avec la mésaventure qu'elle venait de vivre, elle ne mourrait pas d'envie d'aller envahir le manoir d'un inconnu... Le manoir...Ainsi, son sauveur était un noble... Elle ne pourrait qu'apporter la honte sur lui, s'il décidait de l'aider autant, et elle ne souhaitait pas le remercier de cette façon.
Astrid tourna doucement la clef dans la serrure, il y eut un petit bruit, et elle posa alors sa main sur la poignée. Elle entrouvrit la porte pour apercevoir le visage de son sauveur, mais il portait un casque. Se décidant tout de même à lui faire confiance, vu ce qu'il venait de faire pour elle, elle se força à lui sourire doucement... Elle rougit de sa situation, de son air pitoyable et de son visage plein de larmes.

-Je vous remercie, je... Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous...

Elle détourna le regard, et aperçut le sang dégoulinant de la porte. Elle étouffa un petit cri, à mi chemin entre la surprise et la peur, avant de regarder son sauveur d'un air plutôt paniqué.

-C'est vous ? Je veux dire... C'est à vous ? Vous allez bien ? Je peux faire quelque chose pour vous ?

Astrid ouvrit tout à fait la porte, laissant apercevoir une chambre parfaitement rangée, sentant les fleurs, mais où les draps semblaient légèrement tâchés de sang. Astrid n'avait pas eu le temps de faire le ménage depuis la veille. Mais elle s'en fichait. Elle ne chercha même pas à couvrir ou cacher ses bras marqués, parce qu'elle n'y pensait pas.

-Vous pouvez entrer si vous voulez...

Le léger son d’une serrure s’ouvrant répondit à sa question. Elle lui faisait donc suffisamment confiance pour ouvrir la porte. Lorsque celle-ci fut entrouverte Viktor aperçut la jeune femme. Quelqu’un l’avait frappé et il avait une idée sur l’identité de la personne en question. La colère qu’il avait éprouvé un peu plus tôt revint et il ferma les poings. Si il avait su il ne l’aurait pas laissé partir aussi facilement et lui aurait probablement frappé d’avantage. Cependant son sourire fit disparaître la haine qu’il portait au malade qui venait de partir. Il desserra les poings.

Elle lui avait fait confiance alors Viktor pouvait bien en faire de même. Lentement il retira son casque qu’il plaça sous son bras et espéra ne pas recevoir un accueil glacial ou bien qu’elle se moque de lui. Il se mit à rougir de honte. Il n’avait pas l’habitude de montrer son visage surtout sans même connaître la personne en face de lui.

« Heureux d’avoir pu vous être utile.»
Lorsqu’elle poussa un cri Viktor avait pensé lui faire peur mais il ria pendant quelques secondes à l’idée que cet énergumène puisse le faire saigner. D’ailleurs il essuya rapidement le sang qui se trouvait sur sa main droite sur son tabard. Rouge sur rouge c’était compliqué de voir la différence.

« Non il n’est pas à moi, par contre il appartenait à quelqu’un que vous semblez ne pas apprécier. J’aimerai connaître votre nom si vous n’y voyez pas d’inconvénient, le mien c’est Viktor Sorro. Mis à part ça je ne pense pas que vous puissiez faire quelque chose pour moi.»

Par habitude lorsque la porte fut ouverte entièrement il regarda par-dessus l’épaule de la jeune femme et inspecta rapidement la chambre avant de se réprimander mentalement pour son indiscrétion. Sa chambre à lui n’avait probablement jamais été autant rangé ce qui le fit sourire. Son sourire s’en alla bien rapidement lorsqu’il vit les traces de sang sur le lit, il fronça les sourcils mais n’osa pas poser de question, il avait déjà été suffisamment indiscret comme ça. L’odeur de fleurs lui arriva ensuite aux narines, il aimait bien le parfum, ça lui rappelait des passages heureux de son existence. Le chevalier refocalisa son attention sur la jeune femme et retira son gantelet de maille droit puis approcha sa main doucement de son visage pour essuyer ses larmes.

« Si vous le désirez je peux m’assurer qu’il ne vous importune plus. » Pendant un moment Viktor fut pensif et se rappela pourquoi il était venu ici. « Encore que, peut-être que vous pouvez m’aider, même si j’en doute. Voyez-vous il y a de cela, une ou deux semaines je suis venu dans ce quartier de la ville et… » Viktor se racla une nouvelle fois la gorge. « J’ai bu disons plus que de raison et je ne me souviens pas ce que j’ai pu faire pourtant j’ai la désagréable impression d’avoir nui à quelqu’un. » Le chevalier poussa un soupir. « Je savais que je n’aurai pas dû boire autant mais bon… M’enfin je parle trop, comme toujours. Puis-je vous aider ? »

Lorsqu'il ôta son casque, Astrid ne put pas vraiment s'empêcher de le dévisager mais ce n'était pas méchant. Ça ne changerait en rien le profond sentiment de reconnaissance qu'elle nourrissait à l'égard de son sauveur. Il fallait néanmoins reconnaître qu'il avait un physique atypique, et que le casque augmentait la surprise de la découverte. Elle ne l'avait pas vu tout de suite ainsi, et ne s'y était donc pas attendue. C'était tout. Le sourire de la demoiselle ne s'estompa pas d'un millimètre.

« Non il n’est pas à moi, par contre il appartenait à quelqu’un que vous semblez ne pas apprécier. J’aimerai connaître votre nom si vous n’y voyez pas d’inconvénient, le mien c’est Viktor Sorro. Mis à part ça je ne pense pas que vous puissiez faire quelque chose pour moi.»

Astrid était déçue. Elle tenait vraiment à remercier Viktor, déjà parce qu'elle détestait avoir des dettes, mais aussi parce qu'il n'était pas correct d'abuser de la gentillesse des gens. Lui rendre la pareille, c'était montrer qu'elle était reconnaissante et en même temps qu'elle prenait les choses en mains et ne se contentait pas d'attendre que tout vienne à elle sans effort. C'était également une incitation à recommencer, d'ailleurs, mais elle s'en vanterait moins. Elle comptait évidemment répondre à cette présentation mais proposa tout d'abord au noble d'entrer s'il le voulait. Mais après quelques secondes d'observation, il enleva simplement son gantelet pour passer sa main sur la joue d'Astrid. Celle-ci se raidit, luttant contre le mouvement instinctif de recul qui était le sien. Elle avait eu peur qu'il la frappe. C'était idiot, il venait de la sauver, mais au fond elle était toujours sur le qui-vive. Elle attrapa doucement un pan de sa robe, qu'elle souleva légèrement tout en se baissant pour faire une révérence. En règle générale elle se montrait plus gracieuse mais les circonstances étaient particulières.

-Je m'appelle Astrid, Astrid la Douce. Je suis désolée... Je n'ai pas de nom de famille à vous offrir.

Ce fut à son tour de rougir de honte. Elle n'avait pas de famille, pas de parents, personne pour lui offrir un mot en plus dans son identité. Elle craignait souvent qu'on prenne cette absence pour une forme de défiance, comme un refus plutôt que comme une vérité. Mais il n'y avait vraiment rien d'autre à dire.

« Si vous le désirez je peux m’assurer qu’il ne vous importune plus. »

Astrid n'était pas persuadée d'avoir envie de savoir ce qu'il voulait dire par là. Il n'irait tout de même pas le tuer, si ? Elle se souvint de son petit rire lorsqu'elle avait imaginé qu'il aurait pu se blesser. Il voulait peut-être simplement l'intimider, mais de toute façon la prostituée ne savait pas où le trouver et Viktor ne le savait certainement pas non plus. Il était peu probable qu'il fréquente beaucoup les alentours. Ils restèrent silencieux tous les deux un moment, chacun perdu dans ses pensées, avant que l'homme ne reprenne la parole.

« Encore que, peut-être que vous pouvez m’aider, même si j’en doute. Voyez-vous il y a de cela, une ou deux semaines je suis venu dans ce quartier de la ville et… »

Il se racla la gorge, il avait l'air gêné. Quoi ? Il avait été voir une prostituée et voulait la retrouver ? Il s'était fait voler quelque chose et sa virilité ne s'en remettait pas ? Il avait été si gentil avec elle qu'Astrid refusait d'imaginer qu'il ait fait quelque chose de mal, mais à vrai dire il avait piqué sa curiosité.

« J’ai bu disons plus que de raison et je ne me souviens pas ce que j’ai pu faire pourtant j’ai la désagréable impression d’avoir nui à quelqu’un. »

La demoiselle fronça les sourcils. Elle se demandait bien de quoi il parlait exactement. Il se passait beaucoup de choses par ici, surtout en une ou deux semaines. Le soupir qu'il poussa fut en tout cas lourd de sens, et ne passa pas inaperçu.

« Je savais que je n’aurai pas dû boire autant mais bon… M’enfin je parle trop, comme toujours. Puis-je vous aider ? »
-C'est à mon tour de vous aider je crois.

Elle marqua une petite pause, cherchant de quelle manière tourner ce qu'elle souhaitait lui dire, mais ne parvint à rien de concluant et préféra la spontanéité.

-Il faudrait que vous soyez plus précis sur la date, parce que les choses vont vite ici, mais vous savez, j'entends, je vois, j'apprends beaucoup de choses.Si vous avez nui à quelqu'un, je pense que je devrais au moins en avoir entendu parler...

Elle était très sérieuse, elle se tenait au courant des moindres ragots, et si jamais il avait véritablement nui à quelqu'un elle devrait bien pouvoir faire le lien avec quelque chose qu'on lui aurait raconté. Rien ne prouverait que c'était lui, sans doute, mais si ça pouvait lui rendre service...

-Si vous me laissez un instant pour prendre quelque chose pour... Cacher mes bras, termina-t-elle d'un air gêné, je pourrais peut-être vous offrir quelque chose à boire dans la grande salle ? Pour vous remercier ? Et comme ça, nous pourrions discuter...

Mais elle l'avait devant lui, avec son masque sous le bras, et elle se doutait tout de même que s'il l'avait gardé en entrant dans l'auberge c'était qu'il ne devait pas forcément apprécier de laisser tout le monde voir son visage... Elle hésita un peu avant d'ajouter :

-Enfin, si ça ne vous dérange pas, je veux dire, j'imagine que vous préférez porter votre masque... Enfin, vous ne me gênez pas du tout soyez-en assuré, mais si vous l'avez gardé jusqu'ici j'imagine que ce n'était pas parce que vous aviez froid... Et pour boire ça risque peut-être de vous gêner ? Enfin...

Elle se rendait compte que c'était au moins le troisième « enfin » qu'elle prononçait. Ses joues étaient pourpres, elle ne savait plus où se mettre. Astrid ne pensait qu'au confort du chevalier mais elle craignait profondément que ses paroles ne soient mal interprétées. Elle ne voulait pas le mettre mal à l'aise et voulait faire ce qu'elle pouvait pour l'arranger.

-Tout ça pour dire que... Si vous préférez, je peux aller nous chercher à boire et nous pouvons nous installer dans ma chambre...

Elle lui lança un regard désolé et sincère.

-Excusez moi si je vous ai blessé je vous assure que ce n'est pas mon intention...

Viktor était content de connaître son nom, ça réduisait un peu sa gêne, c’est important un nom. Le sien lui importait en tout cas, c’était ce qui lui permettait de ne pas mourir de faim comme tant d’autres, mais c’était surtout le nom de sa famille qui lui permettait ça. Ne pas avoir de nom de famille c’était ne pas avoir de famille, peut-être qu’elle avait été abandonnée quand elle était petite. C’était probablement un sujet à éviter, il ne répondit donc pas malgré la révérence. Il n’était qu’un chevalier et c’était donc plutôt rare, l’habitude voulait que ce fût à son maître que les dames faisaient une révérence cependant elle n’était pas si mal exécutée, il avait vu pire venant de dames de haute naissance. Lorsqu’elle rougit de honte il voulut lui dire que ce n’était pas grave, que ça n’avait pas d’importance pour lui mais ne trouvant pas les mots et de peur de passer pour un imbécile Viktor se tut et préféra changer de sujet.

Il n’aimait pas vraiment demander de l’aide, surtout à une femme, mais il n’avait pas vraiment le choix, si il ne savait pas ce qu’il avait bien pu faire peut-être qu’elle pourrait le savoir, lorsque l’on vit dans ce quartier on entends des choses ce qu’elle confirma. Pour ce qui était de la date, ça s’était probablement passé il y a moins de deux semaines, une et demie peut-être ? Douze jours, ça lui semblait une bonne estimation, c’était même sûrement ça.

« C’était il y a douze jours. »

Il regarda une nouvelle fois ses bras. Ça lui arrivait souvent de se faire frapper ? Il se posait la question et lança un regard sur les draps légèrement tâchés de sang. Il lui demanderait plus tard, si jamais la situation lui permettait.

« Prenez votre temps, je ne veux pas vous presser. »

Aller boire dans la grande salle ? Ça voulait dire retirer son casque… Non il préférait ne pas boire. L’idée de montrer son visage à tous les gens assis dans la taverne l’embarrassait. Il y avait peu de chance qu’un des clients de l’auberge ose le provoquer mais il savait qu’ils n’en penseraient pas moins.

« Mais… Ce n’est pas un masque… »

Il avait prononcé ces mots d’une voix basse, en regardant ses pieds, il pensait à voix haute. Mais il finit par se taire en se rendant compte qu’il s’agissait effectivement de ça, un masque qu’il portait pour se cacher. Il se sentit d’un coup pathétique, quel genre de chevalier se cachait le visage ? Il avait transformé une protection, un symboles même de son rang en un vulgaire masque. Il poussa un soupir puis releva la tête et

« Si ça ne vous dérange pas effectivement votre chambre serait un endroit plus propice. Je n’ai jamais essayé de boire à travers mon casque cela dit. Et ne vous inquiétez pas je commence à en avoir l’habitude, depuis le temps. » Après ça Viktor s’empressa de parler d’autre chose. « Si vous pouvez être assez gentille pour aller me chercher de l’eau, je vous en serai reconnaissant. »

Pendant un moment le chevalier regarda plus attentivement les marques de coups sur les bras d’Astrid, c’était-elle au moins défendue ? Même si elle avait essayé les chances que cela ait eu de l’importance étaient mince au vu de sa carrure.

« Encore que, allons en bas finalement. Il va bien falloir que j’apprenne à vivre avec ces marques un de ces jours alors autant commencer aujourd’hui. De plus quitter votre chambre ne vous fera sans doute du bien, c’est pas bon de rester enfermé dans la même pièce pendant longtemps, c’est un coup à vous faire perdre la tête. Il ne me semble pas que je vous l’ai demandé mais, de quoi vivez-vous ? Simple curiosité, si ça ne vous dérange pas d’en parler bien entendu.»

Viktor se demanda si il avait bien fait de poser cette question, si son occupation était illégale comment devrait-il réagir ? Il devrait la livrer à la milice. Pourtant il n’en avait pas envie mais la justice devait être rendue peu importe le crime ou la personne l’ayant commis. Il commença à regretter cette question. Il secoua la tête, au pire elle volait. Le chevalier la voyait mal assassiner quelqu’un et prendre sa bourse puis fuir dans une ruelle sombre. Il se dit ensuite qu’à la place d’extrapoler il ferait mieux de se préparer à faire face au regard des clients de l’auberge en bas, en espérant que leur nombre n’ait pas augmenté depuis qu’il était rentré. C’était peu probable de bon matin… Encore que, il ne savait pas vraiment comment les gens dans ce quartier vivaient mais ils devaient bien aller travailler durant la matinée. Il se demanda si c’était bien une bonne idée finalement de descendre. Non il fallait que ça change, il ne pouvait pas continuer à se cacher éternellement, surtout au service du comte De Rougelac. Il s’arma de courage et attendit. Astrid préférait peut-être rester dans sa chambre.

« Mais… Ce n’est pas un masque… »

Astrid mourait de honte. Elle avait voulu dire « casque » mais sa pensée s'était révélée d'elle-même. Il cachait son visage alors c'était un masque, mais peut-être qu'il ne voulait pas se l'avouer. Peut-être qu'elle venait de mettre le doigt sur un point terriblement sensible... Il avait une petite voix, il avait baissé les yeux... Astrid aurait voulu s'excuser encore mais ne dit rien. Elle ne voulait rien ajouter à sa bourde déjà monumentale. Elle attendait sa réaction. Un soupir, puis il releva sa tête.

« Si ça ne vous dérange pas effectivement votre chambre serait un endroit plus propice. Je n’ai jamais essayé de boire à travers mon casque cela dit. Et ne vous inquiétez pas je commence à en avoir l’habitude, depuis le temps. »

Au moins sa proposition plaisait à Viktor, puisqu'il l'acceptait. C'était au moins le signe qu'elle ne s'était pas tout à fait trompée, et sa maladresse allait au moins permettre au chevalier de boire tranquillement quelque chose. C'était ce à quoi se raccrochait Astrid. Néanmoins le sujet restait sensible, et il s'empressa de rajouter autre chose.

« Si vous pouvez être assez gentille pour aller me chercher de l’eau, je vous en serai reconnaissant. »

Elle hocha la tête avec vigueur, prête à faire un pas en avant, avant de se rappeler qu'elle n'était absolument pas présentable.En vérité, ce fut le regard de Viktor sur ses bras qui le lui rappela. Elle hésitait entre un sentiment de honte, encore, et de reconnaissance. Grâce à ça, elle ne subirait probablement pas les regards inquisiteurs des habitués. Elle se sentait bien proche de Viktor en ce sens : aujourd'hui ils avaient tous les deux des choses à cacher.

« Encore que, allons en bas finalement. Il va bien falloir que j’apprenne à vivre avec ces marques un de ces jours alors autant commencer aujourd’hui. De plus quitter votre chambre ne vous fera sans doute du bien, c’est pas bon de rester enfermé dans la même pièce pendant longtemps, c’est un coup à vous faire perdre la tête. Il ne me semble pas que je vous l’ai demandé mais, de quoi vivez-vous ? Simple curiosité, si ça ne vous dérange pas d’en parler bien entendu.»
-Juste... Juste une minute... S'il vous plaît.

Astrid se retourna pour aller chercher quelque chose de plus à se mettre. Elle aperçut alors le sang de son lit et marqua un temps d'arrêt. Est-ce que c'était pour ça qu'il préférait descendre ? C'était fort probable. Décidément, rien ne semblait vouloir l'aider. Viktor l'avait aidée, et voilà la piètre image qu'il allait se faire d'elle... Il valait mieux qu'elle fasse semblant de ne pas avoir entendu sa question sur son travail d'ailleurs.
La demoiselle approcha de son armoire, l'ouvrit, observa. Elle ne mit pas longtemps à choisir, parce qu'elle n'avait de toute façon pas grand chose qui pourrait masquer ses bras. Ce n'était pas utile pour elle habituellement. Et elle ne se sentait pas le courage d'agir comme Viktor, elle. Mais si lui avait envie de changer – et elle espérait que ce n'était pas de sa faute?- et de se dévoiler, elle n'était personne pour l'en empêcher à cause de quelques bleus. Elle enfila une cape, comme si elle allait sortir, se pencha pour ramasser la brosse qu'elle avait lâchée un peu plus tôt et la ranger. Elle alla chercher sa bourse dans sa table de chevet et revint vers la porte.

-Je... Suis prête pour descendre.

Elle n'avait toujours pas envie de voir qui que ce soit, mais elle devait bien ça à son sauveur. Elle tenait fermement les pans de sa cape pour être assurée qu'elle ne vole pas et ne laisse rien voir.

-Et vous ?

Elle lui laissait une dernière possibilité de changer d'avis, sans oser avouer que c'était plutôt elle qui préférerait rester là. Elle était simplement trop gentille et trop timide pour oser le dire en face. Et elle craignait aussi beaucoup trop de vexer le chevalier. Il risquait de croire qu'elle avait honte, et qu'elle ne voulait pas s'afficher en public avec lui alors que ce n'était pas vrai. Ses yeux s'arrêtèrent encore un instant sur Viktor, sans le dévisager, mais juste pour se souvenir de lui. Il l'avait aidée, sans la connaître, sans chercher de compensation. Les gens comme ça étaient rares.

-Encore... Merci.

Astrid se retourna et ne répondit pas à sa question. Visiblement elle ne voulait pas en parler et lui devrait probablement arrêter de poser des questions. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, pas après ce qu’elle venait de vivre. Mais il se demandait quand même si c’était courant. Le sang sur son lit n’avait pas l’air frais alors peut-être. Il attendit un moment qu’elle passa dans son armoire pour choisir de quoi couvrir ses bras et ramasser sa brosse. Elle avait l’air étrange cependant, quelque chose n’avait pas l’air d’aller. Sa question l’embarrassait-elle à ce point ? Ça devait être autre chose si elle l’avait ignoré. Bon elle était prête pour descendre, lui aussi alors il se retourna et après quelques pas fit demi-tour. Ça arrivait rarement mais de temps en temps il arrivait à comprendre un truc ou deux. Etait-ce son hésitation qui lui avait fait comprendre ? Le fait qu’elle prenne une cape de voyage pour cacher ses blessures ou bien autre chose ? Un mélange de tout ça probablement. Pendant un instant il allait lui dire qu’elle semblait ne pas vouloir descendre puis se dit qu’il pouvait être un peu plus délicat que ça.

« Après tout, je ne suis pas certain d’être prêt à descendre… Vous devez trouver ça ridicule j’en suis certain. J’espère que ça ne vous dérange pas si nous restons ici ? » Il prit un air contrit « Si jamais vous voulez descendre cependant, je ferai un effort.»

Il la regarda dans les yeux une nouvelle fois, le bleu de ses yeux avait quelque chose d’hypnotique et il lui sembla s’y attarder un peu plus longtemps qu’il ne l’aurait souhaité.

« J’ai… Une question qui me taraude depuis un moment. Je pense qu’elle va vous embarrasser, j’en suis même certain mais je me dois de vous la poser tout de même. Ce genre de situation, quelqu’un qui frappe à votre porte, ça vous arrive souvent ? Je suppose que vous que vous n’avez pas des marques que sur les bras non plus, savez-vous vous défendre ? Je n’ai pas l’impression que vous ayez l’air armé, je ne vous parle pas de tuer quelqu’un mais la vue de l’acier peut faire réfléchir un paquet de gens, croyez-en mon expérience. »

Etant donné qu'il s'était mis en route avec elle, il devait se sentir prêt. En tout cas plus qu'elle. Mais finalement, ils ne firent que quelques pas avant que Viktor s'arrête et la regarde. Il semblait décidé à faire demi-tour, et ça n'était pas plus mal. Ou peut-être avait-il perçu son malaise ? Le résultat était le même, et la reconnaissance d'Astrid ne faisait qu'augmenter encore.

« Après tout, je ne suis pas certain d’être prêt à descendre… Vous devez trouver ça ridicule j’en suis certain. J’espère que ça ne vous dérange pas si nous restons ici ? »

Astrid ne le trouvait pas ridicule. Elle avait un visage d'ange, de jolis cheveux, elle était d'ailleurs tout à fait charmante, mais ce jour là elle avait très nettement la sensation de comprendre un tout petit peu ce que pouvait vivre Viktor, et pourquoi il portait un casque. Il avait l'air désolé, en tout cas.

« Si jamais vous voulez descendre cependant, je ferai un effort.»

Elle lui sourit, alors qu'il la regardait dans les yeux. Il attendait sa réponse sans aucun doute.

-Vous n'êtes pas ridicule.

Elle marqua une pause. S'ils ne descendaient pas ensemble elle irait quand même chercher à boire, mais ce serait un passage beaucoup plus court. Ça irait. Elle s'apprêtait à lui annoncer sa descente, et à lui demander ce qu'il souhaitait boire, quand il reprit avec un air beaucoup plus grave tout à coup. Ça la mettait mal à l'aise, elle craignait le retour d'un sujet gênant... Ça ne manqua pas.

« J’ai… Une question qui me taraude depuis un moment. Je pense qu’elle va vous embarrasser, j’en suis même certain mais je me dois de vous la poser tout de même. Ce genre de situation, quelqu’un qui frappe à votre porte, ça vous arrive souvent ? Je suppose que vous que vous n’avez pas des marques que sur les bras non plus, savez-vous vous défendre ? Je n’ai pas l’impression que vous ayez l’air armé, je ne vous parle pas de tuer quelqu’un mais la vue de l’acier peut faire réfléchir un paquet de gens, croyez-en mon expérience. »

Il n'avait pas dû faire exprès d'être aussi gênant. Il ne devait pas se douter qu'en lui rappelant l'ampleur des dégâts elle aurait l'impression de revoir toute la scène de la veille. Elle ferma les yeux une seconde, peut-être deux. Elle revit les coups. Elle revit sa tentative de défense et son échec cuisant. Elle eut l'impression qu'elle ne pouvait plus respirer, souffle coupé un instant. Astrid se disait qu'il posait sans doute cette question pour son bien, pour l'aider, mais pour elle c'était encore un peu trop tôt. Elle se força à répondre néanmoins, elle ne pouvait pas se permettre de faire semblant de ne pas entendre toutes les questions.

-J'avais un poignard, mais je ne sais pas m'en servir. Il me l'a pris hier, je n'en ai plus. J'en trouverai un autre.

Elle baissa la tête, ses cheveux lui tombèrent devant les yeux.Visiblement ça n'avait pas beaucoup fait réfléchir l'autre malade. Elle se tut. Il y eut un instant de silence au moins aussi gênant que la question de Viktor. Quand elle finit par relever les yeux et par le regarder, il était évident qu'elle cherchait à contenir ses larmes. Elle n'avait définitivement pas envie de se rappeler de tout ça.

-Je vais aller nous chercher quelque chose à boire, elle hochait la tête comme pour se persuader toute seule que son plan était génial, vous pouvez rentrer dans la chambre en attendant je... J'enlèverai les draps en rentrant, je suis désolée, je dois vous donner une bien piètre image, j'espère que vous me laisserez me rattraper...

Sans attendre de réponse, de signe, ou quoi que ce soit qui puisse s'apparenter à un indice, Astrid dépassa Viktor et se rendit dans la grande salle. Elle se rendait bien compte qu'elle avait oublié de lui demander ce qu'il voulait. Elle se débrouillerait.
La demoiselle mit un point d'honneur à ne croiser le regard de personne, et se rapprocha sans détour de l'aubergiste pour lui demander deux gobelets et une carafe d'eau. S'il voulait autre chose elle... Elle reviendrait. Peut-être. Elle verrait bien. Sûrement. A vrai dire Astrid était un peu à l'ouest. Mais c'était fait. Au final elle ne savait même pas si quelqu'un avait remarqué quelque chose, à part qu'elle avait l'air bizarre avec sa cape. Elle remonta doucement les escaliers, cherchant simplement à savoir si l'homme en armure était entré dans sa chambre, comme elle l'avait invité à le faire, ou s'il avait attendu à l'extérieur.

Spoiler:

C’est en la regardant après sa question que Viktor prit conscience qu’il n’était qu’un sombre abruti. Lorsqu’elle partit il se frotta les yeux en poussant un long, très long soupir. Comment pouvait-il être aussi stupide ? C’était une question qu’il s’était depuis longtemps posé et il commençait à être franchement fatigué d’être aussi débile. De frustration il frappa la porte avant de regretter aussitôt, comme Astrid, elle devait avoir été bien trop frappé. Il espérait de tout son cœur que la jeune femme n’ait pas entendu ça. Il adressa une prière silencieuse à la trinité et toucha le tatouage sous son armure. Pourquoi les dieux l’avaient-ils fait ainsi ? Il lui fallait trouver un moyen de se rattraper et vite. Il pensa à un cadeau mais même si ça pourrait lui faire plaisir ça ne lui ferait probablement pas oublier. Maintenant il n’osait plus rentrer dans sa chambre, là où elle avait dû subir le pire. Non il ne pouvait pas. Qu’allait-il lui dire lorsqu’elle reviendrait ? Il ne trouvait rien car il n’y avait rien à dire. Son erreur monumentale le frappa plus dure qu’un gantelet en plein visage. Il devait réussir à lui faire oublier ce qu’elle avait vécu, une ballade le long de la côte était une idée, la laisser seule en était une autre mais qui lui faisait moins envie. Lui proposer sa protection semblait une bonne idée si ce n’est que la proposition referait monter de mauvais souvenirs. Le poing toujours sur la porte il posa son front contre celle-ci.

Il devait faire quelque chose, elle allait probablement bientôt revenir, prendre un verre d’eau et ce qu’elle voulait boire n’allait pas prendre des heures. Il fallait qu’il trouve. Vite. Lui faire quitter sa chambre semblait ne pas lui aller du tout alors quoi faire ? Bon rentrer dans sa chambre et lui présenter ses plus plates excuses était une première chose. Une balade à cheval peut-être, le long de la côte. Une idée. Cependant il hésitait, rien ne garantissait qu’il ne rouvre d’autres blessures avec ça. Il fallait bien qu’il se lance au bout d’un moment de toute façon. Il avait bien pensé à la serrer dans ses bras, ça lui avait paru être une bonne chose même. Vraiment il avait envie de se mettre des grandes gifles, pourquoi pas appuyer sur ses bleues et lui demander si ça lui faisait mal tant qu’il y était.

Viktor ne savait pas vraiment où se mettre que ce soit au sens propre ou figuré. Il n’osait pas s’assoir sur son lit, passer pour impoli était bien la dernière chose qu’il fallait et il avait tellement honte qu’il n’osait même plus la regarder. Il n’attendait pas vraiment son retour non plus. Il craignait qu’Astrid pense qu’il était comme l’autre malade. Etait-il bien différent cela dit ? Oui, il se devait de l’être, sinon il ne méritait plus son titre de chevalier. En attendant il restait planté au milieu de la pièce sans savoir quoi faire, chaque secondes semblaient durer une éternité et il se demanda même si elle n’était pas parti.

Astrid mit un peu de temps à gravir les escaliers. Elle tenait la carafe et deux gobelets, et il était tout à fait hors de questions qu'elle renverse quoi que ce soit. Elle remarqua juste que Viktor n'était plus dans le couloir, ce qui voulait dire qu'il avait au moins accepté d'entrer. Astrid s'arrêta avant d'entrer, avant même qu'il puisse la voir dans l'encadrement de porte. Pendant une seconde elle ferma les yeux, et inspira profondément. Elle voulait essayer, une fois dans cette journée, d'avoir l'air présentable. Jusque là tous ses efforts s'étaient soldés par des échecs, mais s'il arrêtait de poser des questions sur sa soirée de la veille elle pourrait peut-être l'aider au sujet de sa propre soirée.
Elle rentra dans sa chambre, et trouva l'homme qu'elle y avait invité... Debout, immobile, au milieu de la pièce. Évidemment, elle était contente de ne pas le trouver en train de fouiller dans ses affaires, mais de toute façon ça ne semblait pas être trop son genre. Astrid était surtout gênée qu'il n'ait pas osé s'asseoir sur le lit, puisqu'il n'y avait aucun autre endroit où le faire, mais ce n'était pas étonnant.
La demoiselle contourna le lit pour poser ses dernières acquisitions sur la table de chevet. Il n'y avait pas beaucoup d'autres meubles qui pouvaient servir de table dans une chambre d'auberge de ce genre. Elle se redressa, hésita un moment entre servir son invité et... S'occuper du reste. Elle fit un sourire timide à Viktor, et se rendit compte qu'en prime elle n'avait même pas pensé à enlever sa cape. C'était peut-être mieux. Ou pas. De toute façon il avait déjà vu ses bras quand elle avait ouvert, alors un peu plus ou un peu moins... Astrid commença par enlever la cape, et par la ranger soigneusement dans son armoire. Elle servit alors un verre d'eau pour son invité et le lui tendit.

-Je suis désolée, je ne me souvenais pas de ce que vous vouliez alors j'ai rapporté de l'eau... Mais, vous préférez peut-être autre chose ?

Elle ne se servit pas. Elle préféra enlever les draps tachés de son lit, les plier avec application et les poser dans un coin de la pièce. L'idée de refaire son lit avec des draps propres la démangeait sérieusement mais elle pouvait pas se permettre de se consacrer à son petit ménage personnel alors qu'elle avait un invité. Et puis maintenant, c'était un peu comme s'il y avait rien eu. On ne voyait plus aucune tache rouge.

-N'hésitez pas, faites comme chez vous... Mettez vous à l'aise.

Elle se retint d'ajouter qu'elle lui devait bien ça après ce qu'il avait fait pour elle. Elle se retint aussi d'ajouter qu'il pouvait se mettre à l'aise s'il y arrivait du moins. Elle se contenta de sourire gentiment, comme toujours ou presque. Ses yeux étaient encore rouges, mais ses joues avaient séché.

-Et, si vous me parliez de ce je peux faire pour vous ? De cette soirée... Il y a combien de temps déjà ? Je... Je ne m'en souviens pas, pardonnez-moi...

Astrid s'assit sur un coin du lit, prenant soin de laisser beaucoup de place pour que Viktor puisse se sentir bien. Elle venait de se débrouiller comme une chef pour changer de sujet, et c'était déjà pas mal. Et puis, comme ça elle l'aiderait vraiment, pas comme avec ce stupide verre d'eau.