Marbrume


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 Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice]

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Mederich de CorburgComte
Mederich de Corburg



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MessageSujet: Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice]   Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice] EmptyMar 19 Sep 2017 - 17:28
10 Octobre 1165
Jardins du Duc, Marbrume
Zénith du jour





Le château du Duc était un édifice imposant et majestueux.
Les pierres de tailles qui le composaient ne souffraient de presque aucunes lésions, visible du moins. Ses tours dominaient la cité comme de véritables phares, veillant sur la populace, rassurant cette dernière. Corbe-Castel n'avait jamais atteint cette finition, en comparaison le château des seigneurs de Corburg faisait figure de fortin campagnard. Sa toiture fuyait par grandes pluies, ses âtres peinant à réchauffer les grandes pièces par grand froid, nombreuses de ses pierres manquaient à l'appel et ses douves puiraient allègrement la vase. Ici, on sentait presque aucunes odeurs, seul les relents salins arrivaient de la mer, rafraîchissant l'air. Marbrume était une belle cité, vivante pour sûr, mais elle n'était pas son chez lui et aucunes moulures ou dorures ne pouvaient masquer ce fait.
Tel un fantôme, le comte arpentait en cette mi du jour, les jardins aux broussailles finement taillés. Ses bottes boueuses lardaient les fins pavés des chemins de marche qui serpentait formant un labyrinthe d'allée que la noblesse mondaine empruntait pour se divertir. Il croisa d'ailleurs quelques groupes, principalement de demoiselle de la cour, mais aussi de damoiseau. Les premières ne lui lançaient que de curieux regards, certaines riaient en se couvrant la bouche de leurs châles, d'autres semblaient en avoir peur. Les seconds quand à eux étaient clairement hostile à sa présence, il reçut ainsi nombres d’œillades courroucés et put entendre des soupirs exagérés, mais aucuns ne daigna lever clairement de la voix. Grand bien leur fasse. Les messes-basses pouvaient aller bon train, Mederich n'en avait que faire, mais il ne tolérerait pas une insulte à sa personne, à son honneur et les talents de bretteur du comte de Corburg suffisaient à calmer les plus hardis vautours.

Son chemin sans but le conduit devant une fontaine aux sculptures raffinées. Il prit un temps d'arrêt, scrutant les scènes représentées, les bas-reliefs et autres frises. L'eau coulait en petit clapotis régulier, accentuant sa céphalée naissante. Il se racla la gorge et glaviota brûnatrement dans l'eau avant de reprendre sa route. Mederich avait bu, plus que de raison. Son compagnon de beuverie le fameux Lurio d'Ebron avait rapporté de sa cave personnel une liqueur d'herbacée des marais. C'était selon ses dires, son arrière grand-père qui l'avait mit en bouteille et il annonçait plus de soixante d'âge à l'alcool. Lurio avait une tendance notoire à abuser, à en rajouter, mais c'était un homme généreux. Ensembles, ils en vidèrent deux avant que les résidus de l'aube ne soient chassés par un soleil de printemps timide. Il n'existait point d'heure pour les nobles et la boisson, car leurs journées ne disposaient d'aucuns réel impératif.
Mederich n'avait pas à relever des manches pour labourer la terre, il n'avait point non plus à aller relever ses collets ni à repriser ses filets, alors, Mederich buvait.

Lurio l'avait abandonné dans un état plus lamentable encore, le nobliau dit d'Ebron était repartit dans sa chambret grâce à l'aide de son fidèle intendant, ses jambes refusant de lui répondre. Le Vieux Rab lui, avait fait mander une bouteille supplémentaire de sa réserve. Une hydromel douceâtre qui serait parfaite pour faire passer l'amertume de la liqueur. Le comte la portait dans une main ganté de cuir tandis qu'il errait dans les jardins.
Un banc de pierre fût bientôt en vue, une escale nécéssaire qu'il jugea adéquate dans l'instant ! S'affalant à moitié, il laissa échaper une série de petits rots qui firent fuir un vol de moineau dans l'arbre adjaçent. Les grands corbeaux noirâtre de son fief lui manquait.

« Corburg, tu me manques. » Déblatéra t'il avant de goulotter une nouvelle lampée.

Non loin, il pouvait entendre des pas se rapprocher. Peut être la, un nouveau compagnon de beuverie matinal.





Dernière édition par Mederich de Corburg le Sam 14 Oct 2017 - 13:49, édité 1 fois
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Katarina RougegantsBourgeoise
Katarina Rougegants



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MessageSujet: Re: Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice]   Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice] EmptyJeu 21 Sep 2017 - 23:25
Enfilant sa capeline, Katarina afficha un sourire satisfait. Pourtant, depuis son retour des terribles sous-terrains de la ville, tout était allé de mal-en-pie. Elle avait dû se séparer de ses deux employés. A présent, c'était elle qui fabriquait les produits elle-même et ses mains s'étaient garnies de corne, perdant leur douceur de jeune bourgeoise. L'héritière Rougegants était réduite à effectuer elle-même les livraisons. Elle s'acquittait de toutes ces tâches sans faiblir tout en travaillant, durant son faible temps libre, à la production d'une armure de cuir. Cet ouvrage, elle s'y était attelée de mémoire, utilisant le buste qui lui servait à coudre ses rares robes comme gabarit.

En somme, elle était redescendue au statut de simple artisan, ne gardant de sa bourgeoiserie que le nom et l'habitation. Dont, pourtant, la moitié avait été condamnée. Katarina souhaitait louer cette portion du bâtiment mais elle cherchait encore une personne à sa convenance. En attendant, la fidèle Fadette s'était refusée à quitter sa maîtresse, arguant que le toit et le couvert lui suffisait bien comme salaire par les temps qui couraient.

Et malgré tous ces revers de fortune, madame Rougegants souriait. Elle venait de livrer une paire de gants de monte à l'une des nobles pensionnaires du château. Le cuir et son travail étaient à présent rentabilisés pour les trois jours à venir. C'était peu mais en ce moment, elle s'en satisfaisait.

Quittant l'anti-chambre dans laquelle sa cliente l'avait reçue, Katarina réalisa soudainement que le soldat en poste à la porte qui l'avait escorté jusqu'à la porte n'était plus là. Confuse, elle ne se laissa pas abattre pour autant et résolut de s'engager dans le couloir à sa droite d'où il lui semblait venir. Elle déboucha alors sur un escalier qui descendais à l'étage inférieur. C'était plus tôt bon signe étant donné qu'elle se trouvait au premier étage du bâtiment. Mais au lieu d'arriver, comme elle l'espérait dans le hall où elle était sûre de retrouver le chemin de la porte, elle déboucha sur les jardins du château.

La gantière s'apprêta à faire demi-tour lorsqu'elle aperçue une silhouette prostrée sur un banc. Supposant qu'il s'agissait d'un domestique qui profitait d'un petit instant de pause, elle alla à sa rencontre dans l'objectif de lui demander son chemin. Mais lorsqu'elle arriva à la hauteur de l'homme, la qualité et la richesse de ses vêtements le désignèrent comme noble. Pourtant, il empestait l'alcool et son port de tête n'était pas des plus distingués.

Un peu désarçonnée mais néanmoins perdue et décidée à retrouver la sortie, Katarina se résolut à lui adresser la parole.

"-Messire... Pardonnez mon audace messire, mais je me suis perdue, auriez-vous l'amabilité de m'indiquer la sortie du Château?"

La gantière n'était pas certaine que l'homme l'ai entendue, elle n'était même pas sûre qu'il ai remarqué sa présence. Il semblait tout absorbé par ses pensées et la bouteille qu'il tenait dans sa main droite.

Spoiler:
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Mederich de CorburgComte
Mederich de Corburg



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MessageSujet: Re: Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice]   Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice] EmptyDim 24 Sep 2017 - 11:42





Les bruits de pas devinrent feutrés l'espace d'un instant. Se tordant et se déformant, s'amplifiant jusqu'à se transformer en un fugace souvenir qui assaillit le comte sans demander son reste. Ses pensées s'envolèrent à nouveau au loin, loin de la cité de Marbrume et de ses côtes brumeuses. Il se revit au jour de la fuite. Castel-Corbe était envahit par une myriade de pas affolé. Les longs couloirs de pierres faisaient échos aux courses endiablés des servants et des nobles unis par un seul objectif, celui de sauver leurs vies. La Fange était venu toquer à la porte, apportant avec elle la mort, les morts. La terreur c'était répandu comme feu de broussaille dans les cœurs, transformant femmes et hommes en mammifères paniqués. Les cris des mourants s'élevaient de la basse-cours, un brouhaha glaçant, une complainte figée dans le temps. Corburg mourrait, Corburg était tombé et ses gens se relèveraient bientôt en ayant perdu toute trace de leur humanité. Corburg mourrait. Corburg était...

« Grmbl.» Mederich s'ébroua comme un corbeau dérangé par les cris du geai. Une voix douce l'avait tiré brutalement de sa rêverie, le ramenant à sa place, le joufflu refroidit par la pierre du banc sur lequel il siégeait. Le monde sembla tourner autours de lui, les pavés du jardin se déformant sous ses œillades. Il clignait des yeux rapidement, tentant de retrouver contenance.
Foutu Lurio, jura t'il intérieurement avant de lever les yeux et scruter d'un regard confus la silhouette qui se dressait au dessus de lui.

Ses traits étaient flous, mais il pouvait distinguer une certaine beauté, un port altier. Qu'avait t'elle dit déjà ? Borborygmant une nouvelle fois un chapelet de mots incompréhensible, le comte s'épousseta par pur banalité comme s'il cherchait à chasser la misère tâchant ses mises. Il posa d'un geste sec la bouteille à ses cotés, le verre crissant dangereusement sur le granit. Puis le Vieux Rab se releva d'un coup. Bien trop rapidement pour un homme de son âge dans son état. Il tituba fortement et dut se retenir à l'accoudoir pour ne pas s'étaler de tout son long. Le poids de son armure n'était clairement pas un avantage dans cette situation.

« Gente Dame...» Salutation formel, il fit une courbette légère de la tête. «...Veuillez m'en voir désolé par la présente...» Prenant une goulée d'air frais pour tenter de chasser les tâches sombres qui venaient assaillir sa vision. «...Je suis moi même, foutrement indisposé...» Diantre que le monde tournait rapidement. «...A vous indiquer le chemin menant à la sortie. M'étant moi même perdu.»

Un mensonge à demi-vrai. Il était tout bonnement incapable à l'instant présent de se rappeler du chemin qui l'avait mener ici. Un petit roupillon arrangerait sans aucuns doutes les choses, mais le temps du repos n'était pas encore arrivé. « Comte de Corburg, Mederich, pour vous servir.» grommela t'il avant de reprendre lourdement place. Il reprit la bouteille en main et la présenta comme un trophée.

« Ainsi, peut être, entre âmes perdus, souhaiteriez vous, partager douce liqueur. De première qualité. Croyez moi, Gente Dame.» Manifestement, Mederich prenait son interlocutrice pour une dame de la cour et souhaitait garder la face. « Mon garçon ! Soyez gentil. Apportez nous un duo de coupe. Et que cela saute ! » Croissa t'il à une ombre masculine qui semblait courir devant lui. Était ce bien la un serviteur ? Qu'importe. Le Vieux Rab bavait.



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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice]   Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice] EmptySam 14 Oct 2017 - 13:56
- « C’est l’heure, gamine. Dégage de là avant qu’on t’voit. Et Revient pas, ça servira à rien. »

Alix se redressa, les cheveux emmêlés de brins de paille, les joues rouges et les yeux encore gonflés de sommeil. Elle considéra le palefrenier un instant, hochant ensuite la tête silencieusement. Ses pensées n’arrivaient pas encore à s’ordonner. Il faisait encore tout à fait nuit au quartier de la Hanse, et en-dehors de l’écurie où un brave employé lui avait permis de passer la nuit, l’obscurité était complète, effrayante.

Et ce fut qu’a tout petits pas de ses sabots que l’enfant s’y aventura. Elle savait d’expérience que le quartier était calme, plus calme en tout cas que ceux, très populaires, en bas ; et de facto, qu’elle y avait plus de chances de survie immédiates.
N’étais-ce pas de sa faute, de toute manière ? Elle avait été si heureuse de trouver ce petit emploi d’aide laveuse de vaisselle ! Elle s’était dit alors que la chance lui souriait, que bientôt Pyo et Leanne seraient à nouveau à ses côtés, qu’elle était capable de les protéger, comme une gentille petite maman ! Mais le rêve s’était bien vite brisé, et c’était bien le cas le dire : lorsque l’enfant eut fait tombé un lourd seau d’eau sur une pile d’assiettes sales, le patron lui avait asséné une telle gifle qu’Alix avait cru que son visage éclatait tout entier.
Et puis il l’avait jeté dehors. Seul le palefrenier l’avait laissé dormir au chaud pour la nuit, et lui avait donné un bon morceau de pain pour le souper, en lui faisant promettre de ne rien dire à personne.

Et maintenant, la fillette était seule. Rien n’était moins sûr que le Temple l’accueille à nouveau, et elle savait qu’Ascelin, qui avait chargé d’âmes, ne pourrait pas la loger. Le regard de sa femme avait aussi découragé l’enfant qui avait compris qu’elle n’était simplement pas désirée dans son foyer. Xandra était partie loin de Marbrume en mission de longue durée, semblait-il – il lui semblait qu’elle n’avait aucune issue maintenant.
Il fallait trouver un toit et un travail au plus vite, peu importait ce que c’était.

Après un peu de réflexion, Alix songea que les quartiers des nobles seraient les indiqués pour trouver du travail. Une petite partie d’elle-même était affamée de rencontrer sa mère ; mais si la réalité était trop difficile, si sa mère ne l’avait jamais aimé, si effectivement elle n’était qu’une chose encombrante, dégoûtante, dont personne ne voudrait jamais ?
Fallait pas y penser, surtout pas. L’esprit des bois l’accompagnait, de ses joyeuses trilles de flûte qui retentissait encore à ses oreilles, et c’était ça qui devait la guider.

D’un pas presque joyeux, sinon plein d’énergie, elle se dirigea donc vers les quartiers les plus favorisés de la ville, sa cape de gros drap emmitouflé contre son petit corps. Elle salua les gardes timidement, avant qu’ils ne l’arrêtent en abaissant leurs piques.

-« Pas pour les mendiants, ici. »

Alix se mordit la lèvre.

- « Je suis pas une mendiante. Ma grande sœur travaille pour des nobles, et ils veulent que je fasse un essai ce matin, pour leur l’ver ! Siouplait, laissez-moi passer ! »

Les deux gardes se regardèrent. Ils n’étaient pas complètement convaincus, seulement ce n’étaient pas des mauvais. Pouvaient-ils gâcher la chance d’une gamine et de sa famille. Et puis, qu’est-ce qu’elle pourrait faire de mal, sinon ? Ils avaient des collègues qui la jetteraient dehors à la première incartade…

- « Vas-y, passe. Grouille, on a rien vu. »

Enfin un peu de chance ! La gamine fila sans demander son reste, tout sourire. Les manoirs, les splendides demeures défilaient dans les rues qui s’éclaircissaient à mesure que la nuit pâlissait ; et bientôt, elle arriva devant le château ducal. Il était tellement impressionnant à ses yeux encore rêveurs qu’elle ne put s’empêcher de faire quelques pas dans sa direction. Déjà, des odeurs de cuisine en émanaient – sans doute les affres de son imagination et les contorsions de son estomac mêlés – et Alix saliva à l’idée de toute cette bouffe qu’il devait y avoir.
Mais comment entrer ? Cela serait autrement plus difficile que pour le passage au quartier noble ! Elle se gratouilla les cheveux en réfléchissant, mâchonna un pou tombé entre ses doigts, et esquissa un petit sourire, en voyant approcher une carriole rempli de tonnelets de vin. Vite, elle fit des signes au conducteur, un jeune homme aux joues glabres qui lui offrit un sourire tout paternel.

- « B’jour, m’sire ! J’peux monter avec vous pour entrer au palais ? J’voudrais d’mander du travail à la cuisine. Siouplait, mon bon messire…
- Monte, petite. Tu ressembles à ma fille. T’es bien jeune pour vouloir du travail, encore. »

Un petit gloussement de joie naïf. L’orpheline grimpa sur la charrette avec entrain, et s’installa en hâte tandis que, finalement, ils passèrent les portes du palais ducal, pour arriver dans la cour. Elle en était bouche-bée, et ce fut finalement en remerciant le marchand qu’elle l’aida à décharger sa cargaison dans les larges cuisines, dans lesquels les serviteurs semblaient déjà en pleine effervescence.
Personne ne faisait attention à elle ; et elle se saisit d’un petit quignon de pain, avant de gagner sans réfléchir la porte de service. Et si sa mère biologique se trouvait là, à quelques pas ? Ce fut lentement que l’enfant parcouru le couloir dévolu aux domestiques, avant de passer à nouveau quelques portes au hasard.

Les couloirs étaient bien plus beaux. Ses sabots boueux foulaient maintenant un épais tapis aux couleurs de Marbrume, les parois boisées formant de ravissantes moulures délicates qu’elle admira en rêvant qu’elle aussi, elle était une duchesse, dans sa belle robe de soie et de satin. Doucement, elle ôta ses vilains souliers qui faisaient si mal à ses petits pieds sales, et les laissa s’enfoncer dans la douceur des poils colorés, avec délice.

- « Éh, toi ! La gosse, t’es qui ? J’t’ai jamais vu !

Surprise, elle leva des yeux effrayés vers les deux hommes d’armes qui se penchaient vers elle. Ils lui faisaient peur brusquement, avec leur tunique de cuir, leurs armes à la ceinture et leurs visages patibulaires.

- « Je… je….
- Ouais, t’es une sale voleuse.
- Non, j’suis une servante, euh, oui, oui, une servante ! »

Ils ricanèrent, et Alix pâlit. Elle aurait pu se défendre, mais elle sentait qu’ils ne la croiraient pas cette fois ; et avant qu’ils n’aient pu l’attraper, l’enfant s’enfuit. De toutes ses forces, elle se mit à courir, courir, le plus vite possible, avant qu’on l’enferme dans un cachot ! Choisissant son chemin au hasard, elle descendit un escalier en le dévalant comme une forcenée, poussa une porte, manqua de s’étaler en se prenant les pieds dans un seau. Elle continua sa course en passant devant un couple de nobles, l’entendit vaguement lui demander à boire – mais elle était trop occupée à fuir pour réfléchir au comique de la situation.
Les gardes la talonnaient. Soudainement, elle sentit des mains saisir ses épaules, ses bras, qui l’obligèrent à faire volte-face.

-« Sale petite voleuse, on te tient enfin. Tu vas expliquer précisément comment t’es entré ici…
- Chuis pas, chuis pas ! Le seigneur, y’a un seigneur, m’a d’mandé des coupes, z’avez pas vu ? Z’acez pas vu ? »

Les hommes se regardèrent, en soupirant. Quand un noble s’en mêlait, c’était toujours une histoire plus compliquée. Par contre, une petite exagération pour foutre la trouille une petite fille, c’était bien possible.

-« On va aller l’voir, alors. J’te jure que si y dit pas qu’tu fais partie d’la maison, on t’emmène droit au cachot. T’auras droit à une jolie main coupée de sale voleuse. »

Complètement apeurée, Alix se mit à pleurer lamentablement. Impossible d’échapper à leurs poignes de fer, impossible de se soustraire à la sentence. Les larmes coulaient sans discontinuer sur son jeune visage tremblant, alors qu’ils la menèrent de force devant le vieux noble au visage un peu rougeot.
Formellement, les deux gardes se mirent au garde-à-vous, tandis que la gamine se recroquevillait sous l’effet de la terreur.

-« Pardonnez-nous, monseigneur. Connaissez-vous cette enfant ? Nous pensons qu’il s’agit d’une voleuse. Est-ce que vous l’avez déjà vu ? Vous lui avez demandé à boire ? »
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Mederich de CorburgComte
Mederich de Corburg



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MessageSujet: Re: Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice]   Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice] EmptySam 14 Oct 2017 - 22:27




L'attention du comte ce détourna rapidement de sa prime-cible, le temps lui avait semblé infiniment long alors qu'en réalité à peine quelques secondes c'étaient écoulés sans demander leurs restes. L'alcool avait cet effet étrange, celui consistant à vous faire évoluer dans une temporalité différente, un mélange entre rapidité extrême et longueur infinie. Au fil des ans, Mederich était devenu un voyageur spécialisé dans ces voyages à haute dualité, dans ses moments de clartés il allait même jusqu'à se justifier cet conduite, la trouvant acceptable. Car oui, s'il évoluait ainsi entre deux, le temps aurait sans aucuns doutes moins d'emprise sur lui, peut être même gagnerait t'il quelques années grâce aux liquides sacro-gouteux qu'enfermaient les milliers de bouteilles de verre qu'il avait laissé dans son sillage et qu'il laisserait encore.
Chaque jours que les dieux faisaient, le Vieux Rab remerciait l'alcool.
Autant qu'il le haissait en suite.

Dans cet élargissement du moment, Mederich aurait juré avoir aperçu un déferlement d'acier traverser sa vision tel une comète grise aux reflets argents. Était ce réel et réellement arrivé ? Il n'aurait put le jurer sur l'honneur de sa maison, mais qu'importe. Dans sa bouche, un gout âpre, métallique, saints dieux qu'il avait soif ! Et puis cela lui revint, oui, il avait mandé à boire, des coupelles. Saints dieux que l'attente était longue. Le Vieux Rab en avait presque oublié sa partenaire fugace de l'instant. Son regard se pencha une fois encore sur la jeune femme qui se tenait à ses cotés, mais il fût vite interpellé par d'autres silhouettes d'on les traits se dessinèrent lentement à mesure qu'ils approchaient.
Cela pour sûr était des hommes, des gardes du palais vêtus d'une demi armure. Ils parlaient vite, trop vite. Le comte laissa passer un instant, le regard dans le vide tandis qu'il imprimait le message qu'on venait de lui délivrer, puis ses vitreuses mirettes se posèrent sur le petit morceau de chaire que l'un des lurrons tenait d'un bras.

« Par le Saint Chibre de Serus, un tire-bourse dans les jardins du palais...Plutôt moult fangeux à nos portes ! Messieurs, je vous ordonnes par la présente immédiate de lâcher se petit bonhomme qui, tout bon qu'il fût, est bien la personne que j'ai mandé pour service. Allez, plus rapidement que ça vil nodocéphale ! »

Encore une fois, le comte n'aurait put jurer la qu'il s'agissait bien du serviteur, mais qu'importe, il avait soif, très soif. De plus, il n'était jamais bon de faire preuve de faiblesse devant ceux inférieur à son rang et ces hommes d'acier vêtus l'étaient, de loin. Mederich ne put lire la haine se dessinant doucement sur leurs visages, mais il n'en avait cure à cet instant. Son seul intérêt résidait dans les bienfaits que pouvait lui apporter prestement ces doubles quintuples de doigts agile.

« Eh bien petit, approche donc. » Son haleine empestait sans doutes, à en faire pleurer un mort revenu à la vie. N'ayant toujours pas reconnut la jeune fille se cachant sous ces mises, il continua. « Ou sont donc les coupelles que je t'ai mandé ?! Ces messieurs t'ont t'ils détroussés en route ? Eh bien...» Rot sonore. «...Parle !»
Le comte scrutait d'un regard torve les délesteurs de coupelles maintenant, comme s'ils étaient les responsables de tout ses maux, pis encore, des maux de l'humanité entière ! A ces yeux, ils valaient en cet instant autant que les putains de responsable de cette foutue Fange.




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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice]   Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice] EmptyMer 18 Oct 2017 - 20:19
Toute tremblante, la petite fille fut plus ou moins tirée par les gardes qui se plantèrent devant le noble. Même à travers ses larmes, elle pouvait voir à quel point ce dernier semblait ivre : les yeux flous, l’haleine violemment alcoolisé, il devait tenir debout les dieux seuls savaient par quel miracle.

La gorge sèche, serrée d’une violente terreur, elle se crut perdue alors qu'il nvectivait les voleurs, leur préférant une horde de fangeux – elle en avait vu un, et s’imaginait facilement, très facilement, que ce devait être un spectacle… aussi morbide que terrible. Comment donc un voleur pouvait-il être plus redouté ?

La prise autour de ses bras maigres se fit plus forte. Avant de se détacher progressivement, tandis que le seigneur rond comme une queue de pelle lui ordonnait de s’approcher, pour la traiter avec douceur. Pas comme maman-Xandra, mais quand même avec une gentillesse qu’elle apprécia fortement. C’était très drôle qu’on la prit pour un garçon, avec tous ces drôles de mots ; mais elle se garda bien de s’esclaffer.n

Alix se prit à recommencer à respirer. L’air se mit à siffler dans ses bronches, et elle jeta un petit regard aux adultes. Ils fixaient le noble avec des yeux brillants de haine ; regard qui ne tarda pas à se fixer sur elle.

La fillette rougit un peu. Il était difficile de savoir quoi dire, quoi faire en vérité, car si elle aurait aimé voir ces sales types punis, elle redoutait les conséquences une fois hors du champ de vision du noble.

Elle se mordit les lèvres une seconde, avant de finalement prendre la parole, d’une voix minuscule de souris.

- « Y’a juste eu erreur, m’seigneur. J’pas pu aller chercher les coupelles pasqu’y pensaient qu’j’suis une voleuse, mais c’est pas vrai. Y m’ont pas volé non plus. Juste… »

Elle brûlait de confier ses peurs, que sa mère, que son père vivait peut-être au château ducal ! Mais comment le dire sans paraître ridicule ?

- « M’sire, j’vais chercher du vin tout d’suite ! »

Et échappant à sa poigne, échappant à l’haleine pestilentielle de l’homme, échappant aux gardes, la va-nu-pieds (c’était le cas de le dire) fila en direction des cuisines. Là aussi, elle redoutait la réaction du personnel, mais la seule évocation d’un noble suffit à leur faire changer d’avis.

Les joues roses, la gamine profita d’être à nouveau seule, hors de vue, pour boire une gorgée de vin en cachette. Pas très bon, mais l’agréable sensation de brûlure dans sa gorge qui s’ensuivit fut un vrai bonheur. Elle avait chaud dans l’estomac, à défaut de ses pieds, et avec une grande bonne volonté, Alix tendit les verres aux deux personnes, en esquissant une petite révérence maladroite.

- « Alix à vot’service, m’sire, belle dame. Les gardes, c’est que des bêtoçaphales, hein, comme vous avez dit ! Ils m’ont fait perdre mes sabots. »

Elle garda le silence quelques secondes.

- « Même sans mes sabots, j’suis une bonne servante, même que j’sais apporter s’que vous voulez comme personne. Ouais, la meilleure d’vant les dieux, promis ! »
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Katarina RougegantsBourgeoise
Katarina Rougegants



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MessageSujet: Re: Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice]   Âpre songerie [Libre Noblesse/Serviteur/Milice] EmptyMar 7 Nov 2017 - 21:37
Il ne fallut pas longtemps à Katarina pour se rendre à l'évidence. Cet homme était fin saoul. Il n'y avait plus rien à sauver... Mais c'était un noble et même les gardes qui tentaient d'attraper une petite va-nus-pieds ne purent rien contre cet homme imbibé d'alcool. La façons dont il traitait l'enfant était révoltante. Katarina n'osait pourtant rien dire. Après tout, elle ne voulait que trouver la sortie.

Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à passer son chemin et laisser la petite seule aux mains de cet ours mal embouché... Aussi, alors que la petite venait de partir en courant, les pieds nus sur les graviers du chemins, la gantière se résolut à attendre que la petite revienne. Et puis, étant donné l'état de se triste sire, il fallait bien que quelqu'un s'occupe de lui. Alors, patiemment et délicatement, elle lui prit le coude.

"-Permettez Monseigneur que nous nous asseyons, je me sent un peu et j'aimerais pouvoir attendre l'enfant assise."

Alors, alliant le geste à la parole, elle obligea lentement le poivrot à se rasseoir. Là au moins, il ne se blesserait pas. Et surtout, il ne blesserait personne. Maintenant, il fallait l'occuper, en attendant la servante.
Rassemblant son courage pour passer outre son dégoût, la jeune femme prit les mains du noble entre ses mains et braqua son regard dans celui, vitreux, de son vis-à-vis.
Lentement, elle se mit à entonner un air populaire en priant pour que le Comte reconnaisse la mélodie. Mais alors qu'une lueur d'intérêt s'était allumé dans le regard de De Corburg, la petite revient, les deux coupes de spiritueux à la main.

Alix était fière d'elle et Katarina s'en voulait de devoir lui faire de la peine. Mais après tout, avant d'être servante, elle était une petite fille qui prenait exemple sur les adultes. Tout comme le Comte, qui était avant tout un exemple pour le peuple. Katarina refusait de laisser croire à Alix qu'un ivrogne pouvait être un homme respectable!

Prenant les deux coupes des mains de la petite, la gantière prit la parole d'un ton autoritaire.

"-Merci Alix, tu as menée à bien ta mission. Mais n'oublie jamais qu'un homme qui est prêt à tout pour de l'alcool peut aussi bien te sauver que te tuer, fit-elle en regardant presque sévèrement la petite fille. Quand à vous messire, il me semble que vous avez plus que suffisamment bu. Vous ne tenez même plus debout et devriez avoir honte de l'image que vous offrez de la noblesse à une si jeune créature!
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