De l'aide en échange de quoi? [PV Hector et Garret]

La jeune femme avait été trop optimiste. Beaucoup trop optimiste. Son voyage ne pouvait pas être aussi serein est calme, même en aussi bonne compagnie. La petite troupe de quatre personnes uniquement, avait galopé toute la journée, dés le levé du soleil ils avait été en selle. Et pourtant, malgré le beau temps, et un départ dans la bonne humeur, la journée n'avait fait que de se dégrader. Les nuages s'étaient installé dés qu'il n'y avait plus aucune possibilité de retour au Pavillon. La pluie s'était présentée juste après leur repas. Et, si l'on ne comptait pas la fatigue des pauvres montures qui commençaient à peiner dans la boue, la nuit s'était très vite installée sur la petite troupe... Et les cris de Fangeux qui se présentaient désormais avec les ténèbres.
Ils n'avaient pas été pris en chasse tout de suite, la pluie devait avoir atténuer l'odeur humaine qui les suivait. La baronne avait donc laissé Garret commandé à partir du moment où les hurlements inhumains s'étaient rapproché. Après tout, c'était son rôle, c'était le but de sa présence ici. Et la baronne espérait que cela ne signerait pas non plus sa mort. Elle espérait d'autant plus qu'il ne les laisserait pas tomber lâchement. leur contrat s'arrêtait au porte de Marbrume, pas avant, pas après. Jusqu'ici, le chasseur avait tenu sa parole, elle espérait profondément qu'il continuerait dans cette voie malgré tout ce qu'elle avait pu lui faire vivre dans son petit Pavillon. Ils suivaient donc le chasseur, espérant ne pas se diriger tout droit dans une embuscade de Fangeux. C'est que ces morts-vivant pouvaient se montrer intelligent parfois, surtout quand ils avaient faim.

Pourtant, malgré le très fort espoir de Kira pour éviter de se faire prendre en chasse par ces monstres, les bruits des morts se rapprochaient, de plus en plus et de plus en plus vite. C'est là que le chasseur leur signifia de reprendre le galop, de talonner les monture une dernière fois. Désormais, c'était une question de vie ou de mort. Ils galopèrent, tout droit, sans se poser plus de question. La jeune femme confia toute sa confiance en le colosse masqué juste devant elle. La pluie battait leur visage et les décrassait jute assez pour qu'ils puissent voir devant eux.
La baronne se demanda pendant combien ils fuirent ainsi, ne regardant pas vers où ils allaient. Elle espérait très bientôt apercevoir les lumières de Marbrume, rassurante et bienveillante. Elle espérait qu'on les sauverait des griffes de ces monstruosité. Mais elle espérait trop fort encore une fois. Car ce ne fut pas la grand citadelle qui se présenta devant eux, mais des petites fortifications. Ils y avait bien des lumières, mais c'était les torches que les gardes aux remparts venaient d'allumer tout en donnant l'alerte. Kira se demanda s'ils allaient leur tirer dessus en les prenant pour des Fangeux, elle se demanda si elle n'allait pas stupidement se faire tuer par ses propres congénères, bien vivant, eux.

"Ouvrez les portes! Ouvrez les! Les Fangeux arrive!" hurla-t-elle, sans grand espoir qu'on l'entende à cette distance.

Kira regarda Garret, et s'excusa intérieurement de l'avoir laisser un peu trop longtemps devant les portes de son Pavillon de chasse. Connaissant désormais la peur et le stress qu'il avait pu ressentir en tambourinant aux portes, dans un dernier espoir de ne pas se faire dévorer par les Fangeux. Elle ne pouvait que s'imaginer toutes ces sensations, car elle les vivait à l'instant présent. Et elle espérait, intérieurement, et une dernière fois, que quoi qu'il advienne, qu'elle vive ou qu'elle meurt, le choix serait vite fait. Et qu'elle n'aurait plus jamais à vivre cela de tout le restant de sa petite vie. Ayez pitié! Pardonnez notre arrogance. Pardonnez nos faiblesses. Que les Trois soient miséricordieux. se mit-elle à prier silencieusement, alors que sa monture galopait toujours aussi vite. Kira sentait que les chevaux étaient à bout de souffle, la sueur recouvrait leur pelage en même temps que la pluie... Les Dieux ne seraient plus très long à choisir. Que les Trois soient miséricordieux...

"La baronne a un nom..." cria Kira au milieu des hurlement gutturaux des Fangeux qui se jetaient sur les portes en bois.

La jeune femme avait saisis un arc et quelques flèches juste après avoir touché le sol, à l'abris des Fangeux. Mais elle savait qu'elle ne serait pas d'une très grande aide, même en tirant des flèches au hasard. Durant les dix jours d’entraînement intensif, elle n'avait pas était capable de tirer plus de deux ou trois flèches dans la cible. Elle avait plus de facilité avec les lames en tous genres, voire avec les lances, mais l'arc n'était vraiment pas son domaine. Pourtant, c'est avec beaucoup de volonté qu'elle banda son arc, encocha une flèche et tira dans la masse grouillante juste en dessous du petit groupe. Entre les hurlements des Fangeux et leur hurlement de douleur, elle ne savait pas faire la différence, mais tant que ces monstres hurlaient, c'est que chaque humain des environs était en danger. Et la dame comptait bien rester en vie encore quelques années. Elle tira une seconde flèche dans le tas grouillant. Cette fois-ci, elle aperçut l'un de ces monstre tomber à la renverse. Peut-être que ces dix jours n'avait pas été aussi inutile que ce qu'elle pensait.
Quand elle trouva son rythme pour exterminer les monstres, elle put enfin trouver un peu de souffle pour expliquer rapidement les raisons de leur venu au seigneur de Sombrebois.

"Je suis Kira de Haldonores, Baronne du domaine des Haldonores. Nous avions pour but d'aller à Marbrume pour réclamer de l'aide de la part du Duc... Mais... Vous pouvez voir que nous avons rencontré quelque... imprévus, seigneur." lança-t-elle avant de décocher une flèche de plus.

Kira pensait que l'attaque n'en finirait pas, que les Fangeux arriveraient encore par milliers. Kira pensait que cette nuit n'en finirait pas, et qu'elle n'en finirait pas de tirer des flèches. Et pourtant, le tas de cadavres en dessous d'eux étaient de moins en moins mouvant. Les Fangeux commençaient à hésiter, observant les cadavres criblé de flèches et les humains juché à l'abris de leur griffes et de leur dents. Kira savait les Fangeux assez intelligent et rusé, mais étaient-ils vraiment en train de jauger leur chance de survie? Ce n'était que des monstres, étaient-ils capable de pouvoir juger leur chance d'atteindre leur proie? Que les Trois nous protègent. S'ils sont aussi intelligent que ça, et s'ils possèdent des capacités d'adaptation, je doute que nous soyons en vie au lever du soleil...
Mais les Trois durent entendre la prière de la jeune femme, car les Fangeux reculèrent. Kira était toujours avec son arc, prête à décocher une autres flèches dans le tas de monstre. Mais ceux-ci disparurent peu à peu dans les ombres. La baronne savait que ce n'était probablement que la première attaque de la nuit, et que les Fangeux reviendraient sûrement à la charge plus tard. Pourtant, elle s'autorisa à respirer.

"Ils reviendront sûrement." dit-elle toujours dans ses pensées, toujours aussi terrifiée par ce qu'il venait de se produire.

Dans un réflexe de fatigue, elle s'appuya sur le chasseur. Elle n'était pas sortie de son Pavillon depuis que les Fangeux étaient arrivé quelques mois auparavant... Et cette sortie l'avait exténuée en plus de l'avoir terrifiée. Elle avait eu peur de mourir pour la toute première fois de sa vie.

Kira resta planter devant le bûcher un moment, observant les cendres rougeoyantes s'envoler vers les ténèbres du firmament, respirant la fumée pestilentielle, s'aveuglant en regardant les flammes du bûcher. Elle avait pour habitude de rester jusqu'à la fin des funérailles lorsque l'un de ses gardes mourrait, respirant l'odeur de viande putréfiée en train de se consumée jusqu'à en vomir dans sa chambre. Mais cette fois, l'odeur était particulièrement forte, et la jeune femme n'avait plus aucune force. D'une part, sa tenue de cavalière ne lui tenait plus chaud, loin de là. L'adrénaline du combat avait effacé le froid et l'humidité de sa tenue. Mais désormais que ses forces s’effaçaient peu à peu, que la transpiration et les restes de la peur ne faisaient qu'amplifier ses tremblements. Kira n'avait jamais appris à combattre, son père s'était fortement opposé à ce que quelqu'un lui enseigne l'art de l'épée. Elle était une femme après tout ! A part les bases et le maniement de la dague, elle ne savait pas se battre, et Kira se sentait vite démunie face à un ennemi mortel. C'était la première fois qu'elle s'était retrouvée aussi proche de la mort, et cela l'avait terrifiée. Maintenant, elle était frigorifiée, et même la proximité du bûcher n'arrangeait rien à ses frissons. Elle décida à contre cœur se réfugier dans la caserne des gardes que lui avait désigné Hector de Sombrebois, elle n'avait aucune envie d'attraper un Mal quelconque. Elle devait être en forme, elle devait sauver les personnes restée au Pavillon des Haldonores.
A l'intérieur, une douce chaleur lui permis de calmer ses tremblements. Mais elle soupçonna que la fatigue était aussi responsable de sa faiblesse. Elle avança quelques mètres avant de trouver un dortoir vide. Il y avait juste un lit, un petit bureau avec une chaise, et une bougie posée et allumée, la flamme tremblota lorsque que Kira entra dans la pièce. Cette chambre était un luxe pour un garde, mais c'était le strict minimum pour un noble. Lorsque la jeune femme s'assit sur la chaise du bureau, elle ressentit d'autant plus la fatigue qui la guettait, et le poids qui pesait lourdement sur ses épaules. Elle n'avait désormais plus qu'un souhait : s'allonger. Elle se rinça toutefois le visage dans la bassine sur le bureau pour effacer les traces de boue et de transpiration. Mais cela n'accentua que plus encore son état de fatigue. Finalement, la jeune femme fini par se lever pour s'écrouler lourdement sur le petit lit, vêtue encore de sa tenue de cavalière. Elle n'était plus à une mauvaise manière près désormais. Déjà elle avait recruté ce chasseur de basse naissance et bourru en plus d'être fringant et de bonne compagnie. Mais elle devait reconnaître après cette journée de voyage, que, sans lui et ses entraînements acharnés, la Baronne n'aurait pas survécus après quelques mètres à l'extérieur des portes de son Pavillon. Et maintenant, elle se retrouvait en tenue de cavalière dans un lit de garde, bien loin de sa destination d'origine : Marbrume. Quelle journée de … Que les Trois me pardonnent. Mais je ne suis décidément pas faite pour ce genre d'aventure... C'est avec cette petite pensées que Kira ferma les yeux et s'endormit dans un lourd sommeil.

Après ce qu'il lui sembla quelques minutes seulement, Kira se réveilla en sursaut lorsque l'on toqua à la porte de son petit dortoir. La jeune femme n'avait plus aucune notion du temps, mais lorsqu'elle constata que la bougie était encore allumée, elle jugea qu'il ne devait s'être écoulé que quelques heures seulement. Kira se leva avec difficulté, encore fatiguée et courbaturée. Elle se dirigea tant bien que mal vers la porte en bois et l'ouvrit doucement, de peur de réveiller des personnes dans la caserne. Après tout, il n'y avait pas qu'elle qui avait besoin de sommeil. Elle regarda le garde qui se tenait en face d'elle.

"Bonsoir Baronne, j'espère ne pas vous déranger. Le Seigneur de Sombrebois vous invite à un soupé tardif. Il vous fait toutefois savoir que si vous vous sentez trop faible, nous pouvons vous ramenez votre repas afin que vous le dégustiez tranquillement dans votre chambre."

La rouquine observa le garde. Il portait encore son armure et son épée au côté. Un frisson parcouru le dos de Kira, et une petite voix lui chuchota qu'elle était prise au piège. Mais la jeune femme secoua vite la tête, ce n'était qu'un réflexe. Elle n'était plus en combat, et encore moins dans un endroit remplis d'ennemis… Dû moins, elle l'espérait. Et puis, pourquoi Hector de Sombrebois s'entêterait à la faire prisonnière s'il devait déjà défendre son domaine des Fangeux ? Oui, il avait probablement mieux à faire que de piéger une pauvre petite Baronne.
Le garde n'avait pas quitter une seule seconde la jeune femme des yeux, et Kira devina qu'il attendait une réponse.

"Si vous me laissez quelques minutes, le temps d'être un minimum présentable, je me joindrais volontiers à votre seigneur." dit-elle calmement, fixant le garde de ses yeux vert.

Ce dernier hocha la tête et resta planté devant la porte. La jeune femme décida de refermer sa chambre, juste le temps de se rincer une fois de plus le visage et de retirer une partie de sa tenue de cavalière afin d'être plus à l'aise. Elle n'avait malheureusement pris aucun vêtements de rechange, pensant arriver à Marbrume dans la soirée. Elle devait donc faire avec les moyens du bord.
Après quelques minutes, elle rouvrit la porte de son dortoir, éteignit la bougie pour l'économiser et attendit que le garde daigne la guider. C'est mon tour d'être une invitée surprise... pensa-t-elle ironiquement en dirigeant cette boutade à Garret, le jeune chasseur.

Kira regarda un instant sa soupe, son estomac se réveilla au moment où elle sentit la chaleur et l'odeur alléchante qui se dégageait du petit bol en bois. De quoi la revigorer un petit peu. Elle écouta attentivement Hector, tout en trempant quelques morceaux de pain dans son bol et en avalant doucement le liquide afin de ne pas se brûler. Oui, Hector avait été au bon endroit, au bon moment, et Kira aussi. Parfois, la jeune Baronne se disait que les Trois faisaient bien les choses. Sauf peut-être le fait qu'elle se retrouvait dans un lieu remplis de garde et qu'elle soupait avec l'un des membres d'une famille ayant des différents avec la sienne. Soit, leurs querelles ne pouvaient qu'être remise à plus tard à cause du Fléau, mais Kira ne pouvait pas s'empêcher de se méfier. Une petite manie que lui avait inculquer son défunt père. Elle savait que son père avait… taquiner un temps les Sombrebois au sujet de ce morceau de forêt, des plus ridicule, à ses yeux. C'était une trop petite terre, les Haldonores avaient des terrains de chasse bien plus grand, magnifique ! D'où la création du Pavillon. Et puis, cette terre ne pouvait même pas servir de terrain agricole, trop humide, trop proche des marais, et les paysans refuseraient de la cultiver à cause de superstitions ridicules. Alors à quoi bon se battre pour un lopin de terre qui n'avait aucune valeur ?! Son père lui avait pourtant répété des centaines de fois par le passé : "Il ne faut jamais s'abaisser devant un ennemi quelque qu'il soit. Mais il faut encore moins tourner le dos à ses alliés. Nous ne savons jamais ce qu'ils peuvent faire lorsque nous n'avons pas les yeux braqués sur eux… Un coup de poignard dans le dos est vite arrivé."
Kira avala les dernière gorgée de sa soupe, regardant à nouveau le Baron. Son père était beaucoup trop méfiant, mais Kira était une manipulatrice, et savait quand elle devait profiter des opportunités qui se présentaient à elle. Là, elle avait l'occasion de signer une alliance, et d'en finir avec les petites querelles entre deux familles. Mais ce qui la fit sourire doucement fut lorsque le Baron aborda le sujet du Duc… Ah… Le Duc… Kira allait devoir s'en occuper… La jeune femme allait devoir résoudre les problèmes que son père avait fuit, et ce, en pleine apocalypse. Que du bonheur ! La Baronne attendit un peu avant de répondre à son hôte, le laissant déguster la soupe.

"Pour commencer, votre cuisiniez fait un merveilleux travail. Je n'ai même pas senti le poison, lança-t-elle au Baron en souriant. Une boutade mon seigneur, rien de plus, rassurez-vous. Pour en revenir à ce lopin de terre. Sachez que je comptais le laisser à votre famille. Feu mon père a toujours accorder beaucoup trop d'importance à cette forêt, à mes yeux. Je vous l'offre, ma maison a bien assez de terrain de chasse, et vous en ferez probablement meilleur usage. Par contre… J'accepte de vous avoir comme ami. Avec quelques conditions…"

Elle écarta délicatement le bol en bois de la table et se leva. Elle eut un peu de mal à ne pas serrer les dents et à cacher ses courbatures, mais comme avec n'importe qui, elle évitait de montrer chacune de ses faiblesses. Elle se tint bien droite et regarda par une petite fenêtre qui donnait sur les barricades renforcés.

"Voyez-vous… Il y a quelques mois, le Pavillon de chasse de ma famille a été attaqué par les Fangeux. Nous avons riposté, mais mon père a tout de même souhaité prévenir Marbrume. Il s'y est rendu avec la moitié des hommes sous ses ordres. Il n'est jamais revenu. S'il n'est pas mort, il s'est transformé en Fangeux, ce qui revient au même. Le problème étant que nous étions désormais enfermé au Pavillon, sans possibilité de sortie, jusqu'à ce que Garret ne frappe à notre porte. Il m'a aidé à entraîner une petite troupe pour quitter le Pavillon et aller rechercher de l'aide à Marbrume. J'aimerais ramener chacun de mes serviteur, chaque servante, chaque garde, et chaque enfant indemne entre les murs de la cité du Duc. Mais pour cela j'ai besoin d'aide."

La Baronne se tourna vers le Seigneur de Sombrebois, accrochant son regard. Celui-ci ne montrer aucune émotion. Mais Kira espérait de tout son cœur qu'il accepterait de l'aider.

"Acceptez-vous de m'aider, Baron de Sombrebois ? J'ai besoin d'hommes pour défendre les personnes n'étant pas entraînées, et tous les ramener en lieu sûr. Ces hommes peuvent être sous vos ordres, ou sous les ordres du Duc, cela m'importe peu. Tant que je sauve les petites gens à mon service, je paierais le pris de mes décisions." termina enfin Kira, n'ayant pas détourné une seule fois le regard.

La jeune femme avait écouté aussi attentivement que possible le Baron de Sombrebois. Maintenant qu'elle avait l'estomac remplis, la fatigue revenait à la charge. Elle s'appuya contre un mur, essayant de ne pas montrer à Hector à quel point la cavalcade pour échapper aux Fangeux l'avait épuisée. Kira ne pensait qu'à une chose: se reposer. Mais le temps jouait contre elle, et si elle arrivait à un accord dés ce soir, elle pourrait repartir le lendemain avec un véritable but. Mais les choses allait se compliquer, elle le savait, rien n'était jamais simple.
La jeune femme comprit vite qu'Hector avait véritablement l'intention de l'aider dans sa tâche. Mais la Baronne ne pourrait pas attendre le mariage. Elle ne pouvait pas s'accorder autant de temps, la vie de dizaine de personnes était en jeu! Elle finit par se relever et faire face au Baron. La fatigue formait des cernes très prononçaient sous ses yeux, mais cela lui importait peu. Elle n'était plus vraiment à quelques détails près. La jeune femme se reposerait quand elle saurait avoir accomplis sa mission.

"Je ne peux pas m'autoriser un mois d'attente, seigneur. Il faut que je retourne au Pavillon Haldonores au plus vite: trois jours seraient le mieux pour réunir des chevaux, des chariots et des miliciens prêts à aider. Mais je peux accorder une semaine de délais. J'ai peur qu'il ne soit trop tard si nous prenions plus de temps. Déjà que nous avons pris du retard à cause de cette attaque de Fangeux... Sans vouloir vous offenser, seigneur, j'aurais préféré arriver à Marbrume. Mais votre aide me sera peut-être plus précieuse que celle du Duc." exposa rapidement la jeune femme.

Kira se détourna du Baron. Elle se frotta un peu les bras. Ce n'est pas qu'il faisait froid, mais la fatigue devait la rendre un peu plus sensible au courant d'air. Elle aurait peut-être du prendre un petit châle avant de partir du Pavillon. Oui, elle aurait dû prendre quelques affaires, au lieu de baigner dans la sueur. Que devait-elle penser de tous ces oublis? Peut-être faisait-elle une médiocre Baronne après tout? Non! Voilà que la jeune femme se mettait à penser négativement! Ce n'était pas bon du tout, elle devait vraiment avoir besoin de repos.

"Je peux vous laisser réfléchir à tout cela à tête reposer, seigneur. Nous avons tous besoin de repos, surtout si les Fangeux reviennent. Si les délais que je vous ai exposé vous semble beaucoup trop court, je continuerais mon chemin vers Marbrume. Toutefois, notre alliance tiendra. Je ne vous tiendrais pas rigueur pour votre refus. Je sais que ce que je demande est conséquent, périlleux, voire complètement suicidaire. Toutefois, je refuse de perdre espoir, ce n'est pas dans la nature de Haldonores, comme vous pouvez le savoir."

Kira se retourna vers le Baron de Sombrebois, celui-ci semblait en pleine réflexion. Mais c'est aussi à ce moment là qu'elle remarqua ses cernes à lui aussi. Il devait avoir bien plus de choses à penser que ce qu'il semblait sous entendre. Ce fameux mariage pouvait très bien être arrangé, et ce n'aurait pas été étonnant en cette époque sombre. Mais la Baronne se refusa à lui demander plus de détails, ce n'était ni l'heure ni le moment de parler de cela.

Kira se laissa accompagner pas le Baron de Sombrebois. Elle acquiesça tranquillement lorsque celui-ci lui indiqua sa chambre, puis il la laissa seule. La jeune femme était exténuée. Entre le voyage, la cavalcade pour échapper aux Fangeux et le combat pour leur faire faire demi-tour, la petite baronne ne voulait plus ressentir le poids qui pesait sur ses frêles épaules. D'un coup, elle se sentit dix années de plus, à croire que son nouveau rang tout juste acquis l'avait vieillis et rendu peut-être, un peu plus mâture et responsable. Elle qui avait toujours pensé que le rôle de son père était simple. Elle n'avait pas pensé jusqu'ici que ce rôle signifiait de penser à beaucoup plus que sa propre personne, il fallait toujours voir plus loin, toujours voir plus haut, toujours anticiper les gestes de tout à chacun.
Kira ouvrit la porte en bois de sa petit chambre. Elle se chargea de rallumer la petit chandelle sur le bureau pour pouvoir se rincer un peur le visage avant d'aller trouver un sommeil plus ou moins réparateur dans ce lit de soldat, pas forcément des plus accueillant, mais c'était mieux que de dormir dehors avec les bruit gutturaux et pas très humains des Fangeux. La jeune femme se déshabilla presque entièrement, gardant seulement sa petite chemise blanche, voulant se débarrasser de ses vêtements sales et jugeant qu'elle n'avait pas forcément besoin de rester présentable pour la nuit. Kira se faufila sous la bout de tissu qui pourrait porter le nom de "couverture" s'il n'était pas aussi fin. Mais encore une fois, la jeune femme n'allait pas se plaindre, au moins, elle dormait dans un lit. Elle éteignit la bougie d'un petit souffle épuisé. Elle eut du mal à trouver le sommeil malgré sa fatigue...

Et dés que la jeune femme tomba enfin dans les affres du sommeil, son esprit fut peuplé de cauchemars montrant des visages défigurés par la douleur, des cris retentissant à ses oreilles, à moitié humains et à moitié monstrueux. Des monstres essayèrent de la dévorer alors qu'elle était sur son cheval, sentant leur main lui attraper ses long cheveux roux, ou déchirer ses vêtements. Elle sentait son cœur battre à ses tempes, et les cris devinrent de plus en plus réel... de plus en plus omniprésent... Jusqu'à ce que la Baronne sorte de son sommeil et découvre que les cris n'étaient pas uniquement le fruit de ses rêves!
Kira entendait les soldats se battre à l'extérieur de la caserne. Mais ce qui la terrifia d'autant plus, c'est qu'elle entendait les hurlements caractéristiques des Fangeux non loin. Ils sont entrés! Ils ont détruit les barricades! Kira essaya de se lever, mais au moment où elle se saisit de sa tenue de cavalière pour se vêtir, un bruit monstrueux retentit dans le couloir. Pétrifiée de peur, elle s'arrêta dans on geste, tel un animal apeuré. Malheureusement, c'est sa porte que l'horrible Fangeux choisit de défoncer, entrant avec des grands gestes. Ses griffes frôlèrent le visage de la Baronne, ses dents étaient recouverte d'une salive très verte, dégoulinante... Ses yeux, étaient vide... Vide de vie et de toutes pensées.

"Par la miséricorde des Trois. Va-t-en monstre!" hurla la baronne en se saisissant de la chaise du bureau pour s'en faire un bouclier.

Mais avant que le monstre ne puisse attaquer de nouveau, un homme armé se fraya un chemin dans le couloir bondé de cris de soldats, et dans la porte étroite de la chambre de la Baronne. Le Fangeux se retourna, mais trop tard pour réagir, sa tête avait déjà quitté son corps. Kira ne reconnu pas l'homme, étant en partie dans le noir. L'homme disparu, laissant le cadavre de Fangeux au sol, celui-ci se trémoussant des spasmes de l'agonie. La jeune femme sortit très vite de sa surprise et se saisit de ses vêtements et de se vêtir. Tant pis si elle sentait mauvais, il fallait partir. Elle se précipita vers la chambre du Baron de Sombrebois, qui était déjà vide. Elle inspecta toutes les autres chambres à la recherches de Garret, qui semblait avoir disparu aussi. Soupçonnant qu'ils étaient dehors, la jeune femme décida de trouver une arme rudimentaire et de sortir. Elle retourna dans la cuisine où elle avait discuté avec le Baron le soir-même, devant un petite soupe. Kira vit la cheminée encore allumée, prête à préparer un autre repas, les braises étaient rougeoyante, et un tisonnier était dedans, chauffé, brûlant. Elle s'en saisit, puis sortit...

Malgré qu'il faisait encore sombre, la jeune femme constata que c'était le chaos dehors.