Marbrume


Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Partagez

 

 La croisière s'amuse [Darius]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant
Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyDim 22 Déc 2019 - 4:39
Fin août, quelque part au large des côtes


Plus jamais à Marbrume. Jamais.

Elle se l’était jurée au lendemain de la fête du roi, tandis qu’elle regardait brûler la robe tachée du sang des innocents que la Fange avait pris. Plus jamais. Jusqu’à ce matin d’été où, la mine sombre, deux miliciens avaient frappé à la porte de la ferme pour remettre à Mathilde un petit paquet contenant quelques un des effets personnels de son fiancé dont elle était restée sans nouvelles des semaines durant.

Plus jamais à Marbrume. Jamais.

Alcide ne reviendrait pas. Le Lupin aurait normalement dû accompagner la livraison de la deuxième quinzaine d’août, et déposer aux deux auberges les derniers paniers de denrées envoyés par la fermière pour clore correctement les contrats d’approvisionnement conclus l’hiver dernier. Ses gars s’étaient portés volontaires, mais Mathilde voyait là le signe évident qu’elle devait mener à bien cette tâche. Pas qu’elle ne leur faisait pas confiance, mais qui les connaissait, en ville? C’était aux champs qu’ils étaient le plus utiles, avec Corbera pour les protéger.

Rompre ses contrats avec les auberges l’arrangeait presque. C’était une entrée d’argent de moins, certes, mais la recrudescence des vols et des détournements de convois sur les routes rendait le voyage de plus en plus compliqué. Sa vie et celle des convoyeurs valait bien plus que quelques sous… et puis les bannis avaient besoin de ces denrées, en échange de quoi ils n’attaquaient pas sa ferme. Moins de pertes, et donc plus de légumes pour Marbrume, pour les bannis et pour elle. Étrangement, elle trouvait son compte dans le chantage que lui faisaient les exilés de la Ville, même si ce jeu auquel elle se prêtait pouvait lui coûter cher.

Plus jamais à Marbrume. Jamais.

Lance Damboise, son voisin, lui avait recommandé de mettre sa grosse jument au repos pour quelques jours. Une jambe un peu raide, sans doute un mauvais mouvement aux champs. Mathilde aurait dû y voir un signe clair qu’aller en Ville n’était pas une bonne idée. Elle n’avait pas vraiment besoin de signes pour le savoir, convaincue qu’elle était que vivre entre quatre murs en attendant que la Fange bouffe la population de l’intérieur relevait de la connerie pure et simple. Mais elle aurait dû le sentir. Le savoir. Écouter. D’abord Alcide, maintenant Marguerite. Deux signes.

Assise entre une caisse de carottes et un sac de jute contenant du grain, les bras autour de ses jambes repliées contre sa poitrine, Mathilde se maudissait en son for intérieur.

Elle avait saisi l’opportunité de la traversée. Accompagner une cargaison de denrées vers Marbrume par la mer, voilà qui semblait être une bonne idée. La terrienne qu’elle était n’avait pris qu’une seule fois le bateau, pour aller pêcher avec un cousin. Elle avait détesté l’expérience. L’air salin ne lui plaisait que lorsqu’elle le humait les deux pieds dans le sable. Installée dans le fond de la barque du pêcheur amateur, les cheveux trempés par les embruns, elle avait cru chavirer une bonne dizaine de fois. Son estomac, lui, avait tenu le coup. C’était différent, aujourd’hui. D’abord parce que le bateau était un vrai bateau, plus grand, avec deux mâts et deux voiles grises, un large pont et une dizaine de marins en plus d'une escouade de miliciens à son bord. Et puis il y avait des cales pour entreposer les victuailles qui, pour le plus grand soulagement de son nez, n’étaient pas du poisson. Par contre, lors de sa première sortie de pêche, son embarcation n’avait pas été suivie...

J’dis pas que c’est absolument sans risques, m’dame Dumas, mais y a peu de chances qu’on ait des ennuis, c’est plutôt calme en ce moment.


Ne plus jamais écouter ce connard de Dulac. Moins d’une heure après avoir quitté la côte, on avait signalé une voile à l’horizon. Puis une autre. Mathilde, alors debout sur le pont, les avait regardées s’approcher inexorablement de son bateau dont l’allure, ralentie par le poids de la cargaison, ne pouvait rivaliser avec les embarcations légères qui semblaient presque voler au-dessus de l’eau. Personne n’avait osé prononcer le mot pirate, mais tout le monde le pensait, et lorsqu’on admit enfin que les deux rafiots n’étaient pas ceux d’honnêtes marchands, une tension s’installa parmi l’équipage.

Vous devriez descendre, m’dame Dumas. J’dis pas qu’ils vont s’en prendre à vous, mais c’est p’tre mieux s’ils vous voient pas.

Que pouvait-elle faire, si ce n’est obtempérer, la peur au ventre. Échapper aux Fangeux, échapper aux bannis et survivre au Labret pour finalement se retrouver nez-à-nez avec des pirates la seule fois où elle décide de mettre le pied sur un bateau. Bon sang, les Trois pouvaient-ils se montrer cléments envers elle durant un peu plus de deux semaines ?!

- Non. Je reste. Pour le moment.

Elle avait ramassé son arc et son carquois. Elle le viderait avant d’aller se planquer, c’était ça le plan. Parce qu’ils étaient tous certains qu’ils allaient se faire intercepter puis aborder par deux hordes de pirates dont le seul objectif était la cargaison. S’ils avaient été seuls, les marins auraient sans doute laissé faire, pour être certains d’avoir la vie sauve. Un accord tacite entre les pirates et les honnêtes gens, qui voulait que chacun reste en vie pour faire son métier. Mais le petit arrangement tombait lorsque la milice s’en mêlait. Or, la cargaison étant particulièrement abondante et attendue à Marbrume, les hommes en armes, eux, comptaient bien régler le problème de piraterie avant de mener les victuailles à la Ville qui saurait reconnaitre leur bravoure.

Les navires étaient maintenant à portée. Trois miliciens, vaguement formés à l’arc mais pas autant qu’au corps à corps, décochèrent les premiers traits. Mathilde fit de même, avec le calme froid qui s’emparait d’elle lorsque le monde menaçait de s’effondrer. Un. Deux. Trois. Elle se rappelait des conseils de son père, et mettait en pratique ceux d’Aymeric avec lequel elle s’était entrainée durant l’été. Quatre, cinq, six. Faisait-elle mouche? Peut-être, peut-être pas. Pas le temps de faire les comptes. Encocher, viser, bloquer la respiration, décocher, souffler. Sept. Huit. Neuf. Les coques s’entrechoquèrent, la déséquilibrant un instant avant son dernier tir. Celui-ci serait pour un homme aux yeux clairs comme le ciel. Dix. L’instant d’après, alors que des grappins râclaient le pont pour s’accrocher au bastingage et assurer que les navires ne se quitteraient plus, Mathilde disparaissait dans la cale. Au-dessus de sa tête, les cris des hommes qui essaient d’impressionner l’adversaire retentirent. Des bruits de chutes, des pas qui se hâtent, le métal qui tinte, puis finalement le retour au calme.

Déjà?

Mathilde n’avait pu qu’imaginer la scène. La rapidité d’exécution devait indiquer que les pirates étaient rôdés. Ils avaient sans doute pris quelques otages pour obliger les miliciens à déposer les armes. Plusieurs voix semblaient se répondre, mais le plancher de bois qui la séparait de la scène absorbait les mots, de sorte qu’elle ne put rien distinguer des conversations. Les pirates avaient-ils attaché les hommes, le temps de vider la cale? Ou bien les avaient-ils proprement égorgés?

Vider la cale. L’estomac de Mathilde se contracta de peur. Ils la trouveraient donc, tout au bout, entre les carottes et le grain, recroquevillée contre elle-même, le poing serré sur le manche de sa dague. Bordel de merde. La trappe s’ouvrit, quelqu’un descendit les marches... Mathilde prit alors conscience de la situation périlleuse dans laquelle elle se trouvait. Quelque part au large des côtes, le bateau sur lequel elle se trouvait accueillait désormais une horde de pirates prêts à tout pour s'emparer du butin de la cale. Elle ne pouvait pas fuir, la seule issue étant derrière un homme probablement pas amical. De toute façon, une fois sur le pont que pourrait-elle faire? Certainement pas sauter à l'eau. Elle ne savait pas nager. Piégée. Que pouvait-elle faire? Résister, de son mieux.

Plus jamais Marbrume. Jamais.
Revenir en haut Aller en bas
Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyDim 22 Déc 2019 - 19:42
Il y a des jours où il fait bon d'être pirate, où le navire qu'on attendait est parti comme prévu, où on réussit à l'aborder sans peine, comme le feraient des enfants en jouant aux mécréants des mers avec deux bateaux de bois. Aujourd'hui est l'un de ces jours.

Parfois, ils n'y prennent à un seul navire; d'autres fois, comme ce jour-là, ils sont deux, ce qui permet aux choses d'aller rondement, surtout quand il y a quelques miliciens qui gardent le butin convoité. En général, Darius préfère se débrouiller seul avec ses hommes, car certains pirates des autres équipages ne se contentent pas de voler la marchandise; ils tuent tous ceux qu'ils voient et laissent derrière eux un véritable bain de sang. Ceux-là, Darius les trouve particulièrement cons. Ce n'est pourtant pas difficile à comprendre : pas de marins pour naviguer, pas de navires pleins de marchandise, et pas de navires pleins de marchandise, pas de quoi vendre sur le marché noir. C'est un calcul assez élémentaire, mais il ne faut apparemment pas trop en demander à des types qui ont parfois le quotient intellectuel d'une moitié de ver de terre.

Heureusement, les pirates d'aujourd'hui sont assez futés. Ensemble, les deux équipages ont coincé le navire marchand, ne lui laissant aucune marge de manœuvre pour s'échapper. Quelques flèches ont été tirées dans une vaine tentative de les repousser, mais elles ont fait bien peu de dommages. Ce n'est pas la première fois qu'on leur tire dessus et, en général, il suffit d'une formation de boucliers pour protéger les pirates et laisser les marins attaqués épuiser la plupart de leurs flèches. Ainsi, bien vite, les grappins ont été attachés de part et d'autre du navire pris en embuscade, les planches ont été déployées, les cordes ont été détachées, et les mercenaires de l'océan sont arrivés de partout.

Dès qu'il met le pied sur le navire « ennemi », Darius sait que le combat sera de courte durée. Ils ont au moins deux fois le nombre des personnes présentes à bord, et celles-ci ne savent même pas toutes se battre. Comme beaucoup d'autres, il ne perd même pas son temps à engager un combat avec les miliciens – même si certains s'amusent à le faire. Ses hommes et lui repèrent les plus faibles, les maîtrisent et menacent de les tuer si les miliciens ne déposent pas leurs armes. Un de ces stupides guerriers veut jouer au héros et crache par terre devant lui. Il bluffe, qu'il dit. Darius rit.

« D'accord. »

Il prend son otage, un marin qui ne doit pas avoir vingt ans, et l'emmène près du rebord. Il regarde le milicien, puis, sans même porter attention au jeune homme, il le jette par-dessus bord.

« J'espère qu'il sait nager. Remarquez, ce serait con d'être marin sans savoir nager, mais l'intelligence et le bon sens ne sont clairement pas ce qui prime ici. »

Darius pointe un otage détenu par un de ses collègues.

« Le prochain, on le jette à l'eau aussi, mais probablement en quelques morceaux. »

Les armes miliciens rendent les armes. Les pirates attachent tout ce beau petit monde. Comme ils sont généreux, ils secourent même l'homme jeté à la mer avant de se mettre à embarquer ce qu'ils trouvent sur le pont.

« Je vais voir ce qu'ils ont en bas, déclare Darius à son cousin et à l'ensemble des pirates. Va voir l'autre capitaine et assure-toi qu'on ne se fait pas baiser et qu'on a notre moitié. »

Sur ces mots, Darius descend à la cale. Il jette un œil à la marchandise, satisfait. Ils sont vraiment tombés sur une mine d'or, cette fois-ci. Il regrette presque ne pas avoir attaqué ce navire seul, même s'il doute qu'il aurait pu tout embarquer. Il fait quelques pas et s'apprête à remonter pour donner l'état des lieux lorsqu'il entend un bruit. C'est très faible, mais on dirait une respiration et, comme il n'a pas envie de se faire poignarder dans le dos, il dégaine son épée et va vérifier. C'est là que, tout au fond, entre un sac d'il-ne-sait-pas-qui et une caisse d'il-ne-sait-pas-quoi, il voit une femme recroquevillée. Il arque un sourcil. C'est une première, celle-là.

« Génial, la cachette. Comme si des pirate n'allaient pas aller vider la cale. Il y a bien juste une femme pour penser à un truc pareil », dit-il en ricanant.

Il la pointe vaguement de son épée et lui fait signe de se lever.

« Allez, debout, chérie. Tu vas aller rejoindre tes petits amis là-haut. Sauf si tu fais partie de la marchandise... C'est si le cas, il faut le dire, on va t'embarquer comme le reste. »


Revenir en haut Aller en bas
Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyLun 23 Déc 2019 - 2:58
Par la grâce des Trois, seule une paire de pieds descend les marches, et ne s'attarde pas. Un premier coup d'oeil, sans doute pour évaluer l'ampleur du travail. Un simple tour d’horizon d’un éclaireur qui va se charger ensuite de répartir le travail entre les hommes qui videront la cale soigneusement. Combien de temps avant d’être découverte? Que fera-t-elle à ce moment-là? Au creux de la poitrine de Mathilde, qui se soulève et s'abaisse à un rythme un peu plus rapide que la normale, le coeur de la fermière menace d'exploser. Machinalement, elle fait ce qu'elle a toujours fait dans ces moments où la panique menace de prendre le dessus : souffler. Une expiration profonde qui lui vide les poumons, emportant avec elle la nervosité, l'angoisse et les pensées qui s'affolent. Un souffle long et sans doute plus audible que les autres... sa bouche se ferme, ses yeux sombres se relèvent pour regarder l'ombre, un peu plus loin, qui s'est immobilisée. Merde. L'ombre se retourne. Le coeur de Mathilde se serre. Merde, merde, merde. Elle est repérée. L'ombre s'approche, et une voix masculine traverse l'obscurité de la cale.

- « Génial, la cachette. Comme si des pirates n'allaient pas aller vider la cale. Il y a bien juste une femme pour penser à un truc pareil »

... et il se permet de ricaner. Mathilde voit rouge face au mépris que l'homme vient de lui cracher au visage. Monsieur le pirate se permet de dénigrer les femmes, elles qui travaillent dur pour extirper de la terre les victuailles qui le tiennent en vie, alors que monsieur le pirate, ce gros paresseux malhonnête, dérobe le fruit du travail des humbles gens pour les revendre au prix fort. Diamétralement à l'opposé des valeurs de la fermière qui, d'habitude, est un ange de compréhension et de compassion, même pour les bannis. Les pirates sont sans doute la seule exception. Elle relève la tête et lance un regard sombre à l’homme dont elle distingue à peine les traits. Il pourrait être celui qu’elle a visé quelques minutes auparavant. Si seulement elle avait pu faire mouche.

- Ta mère serait ravie de t'entendre. Elle te rappellerait aussi sans doute que la place d'une femme n'est pas sur un pont bondé d'hommes qui se battent. Le ton est sec et affiche un mépris bien affirmé. Elle n'attend pas qu'il l'invite à se lever pour le faire. Fière, la fermière, même face à l'adversité. Il est strictement hors de question qu'elle meurt en implorant son assassin de l'épargner. "Madame Dumas". Garde ton "Chérie" pour les catins qui acceptent de partager ta couche.

... Là, Mathilde, il serait sans doute important que tu appliques un conseil de survie simple mais ô combien efficace : LA FERMER. TA GUEULE MATHILDE. Aaah si l'homme pouvait entendre la petite voix intérieure de la fermière qui se tient devant lui, bien droite, le menton haut, le regard plein de défi, il approuverait sans doute. Mais ni lui, ni Mathilde, trop énervée par le ton cavalier de l'étranger, ne peut entendre ce sage et précieux conseil.

- J'ai rien à faire en haut. Je reste ici, avec le fruit de mon travail. Je vais vous regarder le prendre, caisse après caisse, sac après sac, et vous écouter vous féliciter de cette magnifique prise, toi et tes copains. Et quand tu revendras ça à des gros porcs de nobles qui n’ont rien de mieux à faire que de se rouler dans leur or, tu penseras que c'est à la veuve Dumas que tu le dois, elle qui a travaillé honnêtement pendant cinq mois de sa vie pour gagner à peine de quoi survivre.

Et pour joindre la parole au geste, Mathilde s'appuie contre le sac de grains avant de croiser les bras sur la poitrine, mettant en évidence une belle dague fraîchement effilée mais parfaitement inutile compte tenu des circonstances. Elle le sait, elle ne fera pas le poids dans une bataille. Elle manie la fourche et le râteau comme personne, et est redoutable à l'arc, lorsqu'elle est sur la terre ferme, mais quand les lames en viennent à se croiser, elle n’est pas à la hauteur. En fait, elle n’a jamais croisé le fer. Elle n’a jamais appris… mais ça ne l’empêchera pas d’essayer si, d’aventures, on ne lui en laisse pas le choix.

- Trainez pas trop pour les salades. Je fais de mon mieux pour garder les pieds avec un peu de terre bien humide, mais elles n’aiment pas le transport. Faut les vendre vite, ou en faire de la soupe.

Mathilde dans toute sa splendeur. La seule façon pour elle de ne pas céder à la peur est de faire comme si elle maîtrisait parfaitement la situation. Ce qui est le cas, pour le moment. L’homme ne semble pas sur ses gardes, elle ne lui inspire donc pas tant la méfiance et ne représente pas une menace pour lui. Bien. A défaut de sauver les carottes, elle sauvera sa vie, une fois encore.
Revenir en haut Aller en bas
Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyMar 24 Déc 2019 - 1:22
Darius est surpris par la réplique, c'est le moins qu'on puisse dire. Il y a des marins qui chient dans leurs chausses juste en entendant le mot « pirate », et cette femme – dont il ne distingue pas vraiment les traits dans la pénombre – lui tient non seulement tête, mais elle se permet également de lui faire la leçon. Il arque un sourcil, un sourire moqueur en coin des lèvres. C'est qu'elle n'est pas contente, la petite dame. Pardon – Madame Dumas. Il ne faut surtout pas l'appeler « chérie », c'est un surnom pour les catins, apparemment, en particulier pour celles qui partagent sa couche. C'est un surnom pour les chanceuses, donc!

Darius pourrait facilement mettre fin à ce petit cirque, forcer cette femme à le suivre à l'étage, l'attacher avec les autres, et voilà. Mais il reste là à l'écouter avec un amusement qu'il ne prend pas la peine de réprimer. Elle refuse de quitter son poste et veut observer les hommes pendant qu'ils embarquent le fruit de son dur labeur, qu'ils vont, selon elle, revendre à « ces gros porcs de nobles qui n'ont rien de mieux à faire que de se rouler dans leur or ». Il apprécie la poésie, rit un peu. Elle aurait besoin d'une petite leçon de piraterie, mais passons. Elle s'appuie sur son sac de grains et croise les bras. Il remarqua sa dague, mais ne s'en inquiète pas trop. Il doit faire deux fois son poids et a aussi une dague. Ah, et une épée, accessoirement. Elle ne fait pas le poids. Ça ne l'empêche pourtant pas de continuer à se montrer insolente et d'y aller d'un petit conseil de vente maraîchère.

« Ne t'inquiète pas pour tes salades, Madame Dumas, on va te vendre ça vite fait, bien fait... Après tout, c'est bien connu que ces gros porcs de nobles ont besoin de l'énergie de la salade fraîche pour se rouler dans leur or toute la nuit durant. Il n'y a rien de tel qu'un bon légume vert pour garder la forme. »

Il s'approche un peu d'elle. Ses yeux se sont tranquillement habitués à la pénombre et peuvent maintenant la distinguer un peu mieux. Elle est plutôt belle avec ses yeux sombres – ils doivent être noirs ou marron, noisette, peut-être – pleins de haine et son air défiant et insolent.

« Tu veux rester ici et nous regarder en train d'embarquer tes précieux panais? Écoute, si nourrir tes frustrations à défaut de nourrir des honnêtes gens te fait plaisir, je ne vais pas te priver. Par contre... »

Il lève son épée et lui fait relever un peu le visage du plat de sa lame, tâchant toutefois de ne pas la blesser inutilement.

« ...ça va être sans ça. Jette-la par terre. »

Il désigne d'un coup de tête la dague qu'il a vue accrochée à sa taille.

« Et pendant que je t'attache – parce que tu ne me parais pas digne de confiance, Madame Dumas! -, tu vas m'expliquer ce qu'une jolie fermière comme toi fout sur un bateau de marins à part donner des petites leçons d'agriculture aux pirates qu'elle croise. »

Au-dessus d'eux, des pas lourds vont et viennent, des caisses sont traînées. Des voix d'hommes s'élèvent entre rires et engueulades. Et bientôt, cette même horde d'hommes va investir la cale et faire ce qu'il faut. À chacun son boulot. À chacun son style de survie.
Revenir en haut Aller en bas
Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyVen 27 Déc 2019 - 2:55
- Ah non, les panais restent avec moi. Les deux caisses à ma gauche ne sont pas destinées aux planqués de la ville.

Le froid de la lame qui frôle son menton contraste avec la peau chaude de la fermière, mais pas assez que pour sonner une alarme dans son esprit. Pas tout de suite, même si la pointe de l'épée darde la chair tendre de son cou. Son visage suit le mouvement de la lame. Les yeux noisettes ne quittent pas le regard clair de cet homme trop beau que pour être honnête. C'est toujours comme ça, toujours. Alcide n'était-il pas un voleur avant de fuir vers le Labret pour changer de vie? Et même une fois revenu dans ce qu'on pouvait considerer comme le droit chemin, il avait continué à en dévier, de temps à autres... au point de disparaître par un beau matin d'été, sans explications.

- Quant à ma dague, je ne compte pas attaquer vos amis. Je ne fais pas le poids, soyons lucides. Elle n'est là que pour fouiller les entrailles de celui dont les mains seraient un peu trop baladeuses à mon goût.

Mathilde sourit légèrement et se détend. Pour peu, on la croirait amusée par la situation. Voit-elle le danger? A moitié seulement. Elle n'ignore pas les pirates, sans doute en grand nombre sur le pont, et sa position délicate là, isolée au fond de la cale. Mais sa présence au Chaudron a laissé des séquelles. Elle y a vécu la peur, l'angoisse, la terreur. Elle a esquivé la mort pour mieux lui courir derrière et tenter de sauver quelques âmes. Elle a survécu aux fangeux, même si elle n'en a abattu aucun. Puis elle a survécu aux bannis, et est désormais convaincue qu'elle survivra à tout. Aussi adopte-t-elle un ton relativement détaché pour poursuivre, face à cet homme plus grand que la moyenne et dont la balaffre devrait l'impressionner, si seulement elle pouvait la distinguer nettement dans la pénombre.

- Écoutez, vous faites vos affaires, vous me laissez faire les miennes et on en reste là. Je vais déposer ma dernière livraison à Marbrume, à deux auberges. Ensuite je vais recruter quelques suicidaires pour venir travailler dans mes champs, et les former à l'agriculture. Enfin s'ils survivent. Ensuite je rentre, et je reprends ma vie paisible dans ma ferme, sur ma terre, avec mes recrues et mes légumes sans lesquels vous n'auriez pas la force de vous traîner sur le pont d'un bateau.

S'il y a bien une chose dont elle est fière, c'est de ses légumes. Et de sa capacité à extirper de la terre les aliments qui permettent, d'une certaine façon, de résister à la fange. Vivre est sa façon de résister à ce qui apparaît être comme une fatalité. Cultiver la terre est sa façon de prier les Trois. Lentement, elle lève la main gauche pour faire mine d'écarter la lame de sa gorge. Tout cela n'est pas nécessaire à ses yeux. Entre gens civilisés, il est possible de discuter sans en venir aux cris, aux larmes et aux blessures qui laissent le genre de cicatrice qu'elle arbore au creux de sa main.

- Vous voyez, pas besoin de me ligotter pour que je parle. Je n'ai rien à cacher.

... rien, hormis le fait qu'elle vient en aide aux bannis. Hormis qu'elle est la Dumas qui travaille pour l'Ordre et qui s'est déjà faite séquestrer pour ça. Mathilde sourit, mais en son for intérieur, elle sait qu'elle ne pourra pas se contenir s'il décidait de l'attacher. Or, se contenir était sans doute la meilleure des choses à faire. Ça et... des yeux de biche affolée?
Revenir en haut Aller en bas
Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyVen 27 Déc 2019 - 6:16
Plus la fermière parle, plus Darius est amusé. Il est peut-être même un peu admiratif du caractère de cette femme, du sang-froid dont elle sait faire preuve alors qu’elle a une lame plaquée contre la gorge. Elle refuse de donner ses panais. Elle refuse de jeter sa dague par terre. Et dans la pénombre, Darius la voit même sourire. Il la sent se détendre quelque peu, comme si elle avait l’habitude de frôler la mort de cette façon. Tout ce qu’elle veut, c’est livrer ses panais, recruter quelques suicidaires en ville et rentrer sur sa ferme faire pousser des légumes — que lui va probablement piquer un autre jour, sur un autre navire. C’est l’histoire de la vie, le cycle éternel, comme dit l’autre.

« Mh, on a tous des choses à cacher, ma jolie... Madame Dumas, répond-il sans baisser sa lame, en arrêtant tranquillement la main de la fermière, qui tente de se libérer, de la sienne. C’est juste que certains sont plus doués que d’autres dans l’art de la dissimulation. »

C’est à ce moment précis que d’autres pas retentissent dans le dos de Darius. Quelqu’un vient de descendre à la cale et, bientôt, la voix d’Isak retentit :

« Dar, c’est bon? Je peux env... Qu’est-ce que tu fous? »

Darius ne se retourne pas, garde sa lame contre la gorge de la jeune femme, mais relâche lentement sa main. Tout en continuant de fixer la fermière dans les yeux, il répond à son cousin :

« Rien, j’ai une petite discussion galante avec une nouvelle amie. Commence à embarquer les caisses avec deux de nos hommes et trois des leurs. Ils ont pris ce qu’ils avaient à prendre?

– Ouais, rien de plus, rien de moins.

 – Bien. Ah, et touchez pas aux deux caisses de panais à gauche, là. Pour l’instant.

– Pourquoi?

- Parce que ce sont des panais magiques et qu’il faut leur jeter un sort avant de les embarquer! Bordel, arrête de poser des questions et va chercher les autres, Is'! »


Isak s’en va en envoyant chier son cousin. Darius descend finalement son épée, sans pourtant la ranger.

« Essaie quelque chose et la seule manière dont tu vas pouvoir faire pousser des légumes, c’est en leur servant d’engrais. »

Darius parle sur un ton blagueur, amusé. Mais la menace n’est clairement pas à prendre à la légère.

« Tu sais quoi, belle fermière? Je suis ouvert à la négociation. »

D’autres pas retentissent, plus nombreux, cette fois. Six hommes descendent et accrochent une ou deux torches pour s’éclairer pendant qu’ils embarquent les caisses. Darius est alors en mesure de voir son interlocutrice comme il se doit, et son petit air fier est encore plus charmant à la lueur des flammes. Il donne quelques instructions — il a visiblement prêté une grande attention à ce qui se trouve dans la cale malgré le peu de temps qu’il a pris pour l’étudier. Les pirates parlent fort, posent des questions sur la bonne femme, s’engueulent un peu, remontent avec des caisses. Darius poursuit :

« Si tu veux aller à Marbrume, si tu veux livrer tes deux caisses de panais magiques et aller recruter des suicidaires en quête de légumes, ça peut s’arranger. Mais il me faut quelque chose en échange. Quelque chose d’équivalent. Plus les intérêts. »

Darius continue de la regarder dans les yeux, de lui sourire en coin avec son air désinvolte.

« Alors qu’as-tu à m’offrir, Madame Dumas? Ton prénom, peut-être, pour commencer? Cette distance entre nous, ce n’est pas bon pour négocier. »


Revenir en haut Aller en bas
Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyVen 27 Déc 2019 - 20:39
C'est un silence exemplaire que Mathilde conserve alors que le dénommé Is prend ses ordres de celui qui lui fait face. Et elle calcule. Six hommes pour décharger, un pour la tenir en respect, au moins deux autres pour surveiller en haut et autant pour rester sur les deux bateaux, ça fait au moins onze hommes, au grand minimum. Il n'y a donc absolument rien à tenter de ce côté-là. Elle le pensait déjà, elle en est désormais convaincue, bien plus que par la lame qui se presse un peu moins contre la peau fine de son cou. Elle n'a qu'à rester tranquille et attendre que l'orage passe.

- Essayer quoi? Je suis une fermière, messire, pas une imbécile.

Nouveau silence, alors que six hommes descendent dans la cale pour l'éclairer et commencer le transfert des victuailles. La taxe royale s'envole progressivement sous les yeux de la terrienne. Par chance, la présence de miliciens permettra d'attester qu'elle a bel et bien versé cette contribution et que celle-ci s'est évaporée avec deux équipes de pirates, alliées pour l'occasion à en juger par les indications de répartition du butin. Elle n'aura pas à expliquer, elle n'aura pas à supplier qui que ce soit de ne pas vider ses réserves personnelles sous prétexte que la taxe ne sera pas parvenue à Marbrume. Jusqu'ici, la situation est tendue mais loin d'être désespérée.

La lumière vascillante des flambeaux éclaire maintenant la cale. Le visage du pirate, qui leur tourne le dos, n'est éclairé que lorsqu'il se retourne pour donner un ordre ou vérifier que tout se passe bien. Des instants furtifs qui permettent à Mathilde d'entrevoir la balafre, témoin d'un passé violent, qui lui barre le front sans pour autant défigurer le visage d'ange dont elle saura se souvenir pour... pour quoi? Se méfier, si leurs chemins venaient à se croiser une nouvelle fois? Essayer de le tuer en lui plantant quelques flèches dans le coeur? Témoigner contre lui? A quoi bon, il ne prend même pas la peine de dissimuler son visage. Compte-t-il tous les tuer avant de repartir, ou est-il convaincu qu'il ne sera jamais retrouvé? Le moment de silence lui paraît sans fin, rythmé uniquement par les jurons, les voix graves et les planches qui craquent. La dernière phrase a été laissée en suspend, le temps que tout le monde quitte la cale. Pourquoi? Il semble être parmi les têtes pensantes de l'équipage, il donne des ordres et a l'air d'être écouté, mais négocierait dans le dos de ses compagnons d'armes? Mathilde ne comprend pas, mais se tait, jusqu'à ce qu'il reprenne. Et la proposition fait son petit effet.

- ... Vous m'offrez d'embarquer avec un bateau chargé de contrebandiers et de voleurs pour me rendre à Marbrume? Sérieusement?!

S'il espérait la désarçonner, c'est réussi. Elle le trouve un peu culotté, pour le coup. Des histoires de femmes kidnappées par des pirates et emmenées on ne sait où pour ne jamais revenir, elle en a entendues des tonnes. Et elle a oublier de compter le nombre de fois où sa mère lui a dit de ne jamais voyager seule avec un groupe d'homme, "parce qu'on ne sait jamais si on peut leur faire confiance, ma fille, et que ta vertu est le seul trésor qu'il a convoitent". Pourtant... Son bateau va faire demi-tour une fois les pirates partis et regagner le Labret. Il lui faudra alors trouver un autre transport et perdre certainement un temps précieux... Le risque est immense mais elle doit gagner la ville rapidement. A toit prix. Elle plisse les yeux, cherchant à sonder les pensées du grand brun qui lui fait face... en vain. Il est de ceux qui maitrisent l'art de dissimuler leurs pensées. Elle finit par lui répondre, sur le même ton désinvolte.

- Votre petite vie va s'améliorer momentanément grâce à la vente de mes produits. Vous ne pensez pas que des deux, c'est vous qui m'êtes redevable? dit-elle en le pointant du doigt.

Son sourire s'étire un peu face à ce simple constat, pendant que son esprit cherche un point sur lequel négocier, sans parvenir à le trouver. Tout ce qu'elle a à offrir ce sont ses légumes, or l'ensemble de sa production est désormais réparti entre la taxe, l'Ordre qui la finance, ses gars, les bannis et ses réserves personnelles. Aucune marge de manoeuvre possible, et aucun moyen de couper un client comme elle s'apprête à le faire avec les auberges de Marbrume. Elle est complètement coincée, d'autant plus que deux ouvriers manquent maintenant sur sa terre et que le rendement risque d'être moins bon si elle ne ramène pas très vite des recrues.

- Je n'ai rien de plus que ces vivres à offrir, marin. Ça et un toit où vous abriter lorsque vous en aurez besoin. Parce que j'imagine que vos activités ne vous permettent pas d'aspirer à une existence sereine, hm? Disons que si vous m'offrez un voyage jusqu'à Marbrume en toute sécurité, je vous offre cette même sécurité lorsque vous en aurez besoin. Avec un potage aux panais en guise d'intérêts.

Elle pourrait arborer un sourir quasi moqueur mais elle est on ne peut plus sérieuse. Héberger un pirate était-il aussi grave qu'aider des bannis? Certainement pas. Les pas revenaient vers la cale. Elle se redresse légèrement, défroisse machinalement sa chemise et les pans d'une jupe fendue qui cache son pantalon d'homme, et regarde le manège des hommes, embarquant de nouvelles caisses non sans la regarder elle, qui se sent tout à coup frêle, exposée non pas à la mort mais à bien pire. L'inconnu fait barrage entre elle et les regards, tantôt lubriques, tantôt méprisants. D'une certaine façon, volontairement ou non, il la protège de sa haute carrure. Lui ne l'a pas quittée des yeux, au point d'en devenir presque intimidant. Son estomac se contracte alors qu'une pensée lu traverse l'esprit. Peut-être qu'il ne la protège pas. Peut-être qu'il se réserve la fermière. Premier arrivé, premier servi non? Mathilde respire profondément pour arrêter le bal des pensées qui se bousculent dans sa tête. Les hommes regagnent le pont. Garder le contrôle. Il joue avec toi Mathie, ne le déçois pas.

- Mathilde. Je m'appelle Mathilde. Comment dois-je appeler le fin négociateur qui me fait face?

La réponse de l'inconnu lui permettra de savoir s'il lui fait suffisamment confiance que pour négocier sérieusement avec elle ou s'il joue avant de la livrer à des bourreaux. Dans ce cas, elle se battra comme une ourse.
Revenir en haut Aller en bas
Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptySam 28 Déc 2019 - 1:51
Je suis une fermière, Messire, pas une imbécile. Le sourire de Darius s'étire un peu plus à cette réplique. Non, cette femme n'est pas une imbécile, ça se voit. Elle a des tendances suicidaires, mais quand même. Il la regarde droit dans les yeux depuis de longues minutes maintenant et il sait assez lire les gens pour faire la différence entre un idiot fini et une personne intelligente. Et Madame Dumas a l'esprit aiguisé, il le perçoit. Il la sent réfléchir derrière son regard noisette. Il sent en elle une force qu'elle puise d'il-ne-sait d'où, une force qui lui permet de se tenir droite et de le fixer en retour malgré la menace qu'il représente, qui l'empêche de succomber à la peur. Parce qu'elle doit avoir peur, même juste un peu. Elle est seule parmi une bande de pirates, son équipage ligoté sur le pont. S'ils décidaient de s'en prendre à elle, elle ne pourrait rien faire. Pourtant, la peur, il faudrait plonger longuement dans les puits sombres de ses yeux pour la trouver. Et elle dit qu'elle n'a rien à cacher, après...

Les hommes vont et viennent et la cale se vide tranquillement, mais sûrement. Sous la lueur des torches, Darius voit l'étonnement se peindre sur le visage de la jolie fermière, un étonnement qu'elle ne tarde pas à verbaliser. Le pirate rit un peu, puis il hausse les épaules d'un air désinvolte. Oui, il est sérieux, même s'il a conscience que l'idée peut paraître foireuse – pour elle, à tout le moins. Il n'est en général pas conseillé de voyager en compagnie d'une bande de contrebandiers lorsqu'on est une demoiselle. De façon générale, les risques sont énormes. Le sont-ils actuellement? Pas réellement. Darius demande, propose, négocie. S'il avait voulu l'emmener sur son navire contre son gré, il l'aurait simplement fait. S'il lui avait voulu du mal, s'il avait voulu la prendre sans son consentement, il l'aurait déjà fait aussi. Rien ne l'empêchait. Tout ça traverse sans doute l'esprit de la fermière, car elle prend la peine de lui répondre. Elle ne refuse pas.

La jeune femme pointe Darius du doigt en lui disant qu'il est plutôt celui qui lui est redevable. S'il se sait culottée, elle se défend pas mal du tout! Elle tente de négocier, lui offre un toit et un potage aux panais en guise d'intérêts. Elle lui promet la sécurité. Elle dit qu'elle n'a rien de plus que ces vivres. Ça ne lui paraît pas beaucoup pour cinq mois de dur labeur... Soit les récoltes ont été mauvaises, soit elle a une très petite ferme, soit la femme qui n'a rien à cacher cache des choses. Et si elle ment par omission... Où va le reste des récoltes? Qui en profite? Un des nobles qui se sont installés au Labret? À moins que le reste des vivres soit acheminé par voie terrestre. Darius doute. Elle lui semble plutôt du genre honnête. Il est à peu près certain que, lorsqu'elle lui dit son prénom, elle ne tente pas de prendre un nom d'emprunt. En fait, elle lui semble être le genre de femme trop honnête pour son propre bien, même si elle paraît aussi plutôt maline. Il doute.

Mathilde veut connaître son nom. À ce moment-là, les types redescendent une fois de plus. Il se tourne brièvement pour voir où ils en sont. Ils avancent vite et, bientôt, la cale sera vide. Darius repense à son cousin, comment il l'a appelé en descendant. Il se retourne et, avec le plus grand naturel du monde, répond à Mathilde :

« Dartagnan. »

L'un des pirates vient près d'eux pour embarquer le sac de grains sur lequel Mathilde s'était appuyée. Avant de toucher à quoi que ce soit, il prend le temps de reluquer la fermière de haut en bas, puis de siffler avec un air appréciateur. Il regarde ensuite Darius, qui lui jette un regard mauvais, et marmonne un « sale veinard » avant de jeter le sac sur son épaule et de se barrer.

« Un toit, la sécurité et un potage aux panais, résume-t-il sans faire grand cas de l'intervention de l'autre gus. Ça pourrait être pas mal... J'ai juste un problème, Mathilde. Qui me dit que je peux te faire confiance, que le jour où je vais venir chercher refuge chez toi, je verrai pas des miliciens débarquer dans l'heure qui suit? Cacher des criminels, ça me paraît être un gros risque à courir pour deux caisses de panais. »

Il arque un sourcil, visiblement perplexe.

« Tu es sûre et certaine que tu n'as rien d'autre à marchander, que ces vivres sont tout ce que tu as? Je veux dire... Après la taxe royale, il doit te rester des réserves. Pour toi et pour d'autres. »

Darius penche un peu son visage vers le sien pour le regarder dans les yeux et parler à voix basse d'un ton presque intime.

« Et ces autres ne pourront pas t'en vouloir si tu te fais dérober leurs vivres par de vilains pirates, non? »

Il sourit moqueusement en coin et poursuit sur le même ton :

« Je dis ça pour toi, Mathilde... À toi de voir les risques que tu veux prendre. Et de prouver que tu es digne de confiance. »
Revenir en haut Aller en bas
Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptySam 28 Déc 2019 - 3:26
Ne rien répondre au vicelard qui embarque le sac de grains. N'importe quelle réplique passerait pour une provocation qu'elle paierait cher. Rowan l'avait relativement épargnée, c'était uniquement parce qu'il avait besoin d'elle. Ce Dartagnan, qui venait très probablement de s'inventer un nom, cherchait simplement à savoir s'il pourrait tirer un profit supplémentaire de la fermière. En cas de pépin, si elle provoquait l'un de ses comparses, il ne prendrait pas sa défense. Le jeu était dangereux, Mathilde en prenait lentement la mesure. Pourtant, le jeu de la négociation était sans doute son plaisir coupable, une façon de défier des gens parfois un peu trop dangereux sur un terrain qu'elle apprenait à maîtriser, cédant du terrain à l'adversaire uniquement pour mieux servir ses intérêts, lesquels restaient purement altruistes.

La question de la confiance est celle qui finit toujours par revenir. "Prouve-moi que tu es digne de confiance", une demande derrière laquelle se cache une envie, inconsciente, de conclure un accord et de s'assurer la fidélité de l'alliée qu'elle peut être. "J'ai envie de te faire confiance, mais je reste méfiant". Apprivoiser l'Autre, lentement mais sûrement, avec son honnêteté pour seule arme, elle sait le faire. Elle sourit.

- C'est ça qui est amusant. Rien ne vous prouve que je sois digne de confiance, rien ne vous assure que des miliciens ne viendront pas vous cueillir, ou que la soupe soit empoisonnée. Mais c'est dans mon intérêt de bien vous accueillir, parce que si vous ne revenez pas à votre bateau, il se peut que vos compagnons débarquent chez la seule Mathilde Dumas du Labret. Ce n'est pas ce que je souhaite. Ma ferme est un havre de paix, j'entends qu'il le reste. Quant à mes ressources...

Nouveaux pas, nouveau silence de Mathilde qui offre le parfait visage de la prisonnière tenant désespérément tête à son geôlier. Il l'a sondée, observée, analysée. Elle a fait de même. Le duel n'en est que plus intéressant. Attention Mathie, la dernière fois que tu as joué, tu t'es littéralement brûlée. C'est un homme intelligent, qui doit sa survie au fait d'avoir toujours un coup d'avance sur ses adversaires. Un homme qui fuit en permanence, qui se cache, qui se méfie constamment. Un être qui manque cruellement de la sécurité qu'offrirait la ferme.

- Je n'ai pas dit que c'était ma production complète, j'ai dit que ces légumes représentaient cinq mois de travail. Les récoltes se font chaque semaine, les envois se font par la terre et par la mer. Les légumes les plus fragiles prennent le bateau avec la production d'autres fermes. Ce que vos gars viennent d'embarquer n'est pas à moi. Elle sourit, à peine dérangée par la proximité qu'il lui impose. Elle a sa dague, elle la lui plantera s'il dépasse les limites. Elle n'a plus de scrupules pour ceux qui ne respectent pas ses règles. Je n'ai pas l'habitude de promettre des choses que je ne peux pas fournir. Actuellement je n'ai aucune marge de manoeuvre sur ma production, parce que je ne peux priver ni le roi, ni le Labret, ni mes travailleurs des denrées que je produis. Je vous offre un refuge, cela vaut sans doute bien plus que des légumes pour un vilain pirate.

Elle ne recule pas, alors qu'il approche encore un peu plus sous couvert d'une attitude bienveillante. Au contraire, Mathilde étire légèrement le cou vers son visage et murmure Évidemment, je ferai comme si Dartagnan était votre véritable nom et je ne poserai pas de questions. L'éclat dans votre oeil ne ment pas, lui.

Battement de cils amusés, et sourire en coin, elle recule à peine, remettant une distance un peu plus raisonnable entre eux. Evidemment, si les convois dans lesquels se trouvent mes produits étaient subitement épargnés, nous pourrions revoir le montant de ma dette qui, pour le moment, n'est qu'une simple traversée en bateau pour laquelle rien ne mesure que je serai en sécurité. Vous voyez, Dartagnan, nous sommes dans la même situation. Obligé de faire confiance à un étranger pour profiter d'un service dont nous avons besoin. C'est une situation intéressante non? Je prends le risque de vous faire confiance la première. A part la vie, je n'ai rien à perdre.

A défaut de tous les combattre, elle pourrait très bien retourner sa dague contre elle-même. Une éventualité à laquelle elle est prête, depuis des mois. Elle tend une main dont les longs doigts abîmés par la terre ne laissent aucun doute quant à son métier. Une traversée contre un refuge, et une bonne discussion pour voir si nous pouvons nous entraîner mutuellement. Marché conclu?

A cet instant, Mathilde prie intérieurement les Trois de lui être favorables jusqu'au bout. Que l'homme accepté, qu'il l'embarque jusqu'en ville où elle recrutera de quoi combler le vide laissé par un mort et un blessé, qu'il continue de la protéger des idées lubriques des autres gars et qu'il la laisse indemne. Elle se garde bien de Leur demander qu'il oublie le refuge qu'elle lui offre, un pirate n'oublie pas les dettes. Il attend seulement le bon moment pour les faire valoir. Avec les intérêts.

Et s'il dit non? Elle lui jette la caisse de panais à la figure, se carapate, saute par-dessus bord et... se noie. Quelle connerie de ne pas savoir nager!
Revenir en haut Aller en bas
Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptySam 28 Déc 2019 - 5:10
Mathilde parle longuement, habilement, et Darius l'écoute sans l'interrompre. Il n'a pas envie de l'interrompre. Cette femme a un sens étonnant de la répartie et il découvre petit à petit qu'elle est une fine négociatrice. En fait, elle semble avoir de l'expérience... Elle donne l'impression d'avoir déjà dû négocier pour sauver sa vie, d'avoir déjà été confrontée à des criminels. Au fond, elle a raison et il le sait : il est impossible de savoir s'ils peuvent se faire confiance mutuellement. Les miliciens l'attendront peut-être à la ferme, la soupe sera peut-être empoisonnée. Le navire est peut-être rempli de pirates qui vont faire la fête à la fermière, Darius est peut-être un détraqué qui va la torturer, la tuer, puis se barrer avec ses panais. Ou rien de tout ça.

Aucun marché ne se conclut sans risque. Darius le sait mieux que qui que ce soit, car le risque, c'est souvent lui. Des ententes, il en a brisées des tonnes pour toutes sortes de raisons. Dès que ça ne l'arrange plus, dès qu'il n'a pas ce qu'il veut et qu'il ne peut pas l'obtenir en négociant, il n'hésite pas à trahir. Il n'accepte par contre pas la trahison en retour et il y répond immanquablement par la vengeance. Il planifie d'ailleurs la vengeance avant la trahison. Question de précaution...

Mathilde lui tend la main. Une traversée contre refuge, c'est le marché de base. Elle veut discuter plus longuement du reste, peut-être tirer quelque chose de cette malencontreuse rencontre, s'entendre à long terme. C'est une proposition osée de la part d'une femme prise en otage, mais pourquoi pas? Si Darius sait faire ce qu'il fait, c'est parce qu'il entretient un réseau, parce qu'il échange avec certains, parce que d'autres lui sont redevables. Cette fermière, si elle est digne de confiance, pourrait être utile. Si elle ne l'est pas, il se pourrait qu'elle perde son havre de paix d'une manière ou d'une autre. C'est le jeu.

D'un geste calme, Darius retire son gant de cuir et prend la main de Mathilde. Il sent les doigts abîmés de la jeune femme – ce sont les mains d'une vraie paysanne, de quelqu'un qui travaille dur. Sa peau aussi est rugueuse, sa paume et ses doigts sont ceux d'un homme qui manie les cordes et l'épée, d'un marin et d'un guerrier.

Darius regarde Mathilde dans les yeux, puis serre sa main d'une poigne ferme.

« Marché conclu. Une traversée contre un refuge. Pour le reste, on verra à bord de mon navire... Nous avons une splendide journée de navigation devant nous, peut-être un peu moins si tout va bien, peut-être un peu plus si tout va mal. Qui sait. La mer est un peu comme les fermières du Labret : elle est surprenante. »

Il sourit moqueusement, puis l'attire un peu vers lui en tirant sur leurs mains encore jointes.

« Reste avec moi ou avec l'homme que je vais te pointer, et tu seras en sécurité. Ne t'éloigne pas, et ne fous pas la merde sur mon navire en attaquant les types qui te lancent des regards lubriques. Tu es belle, Mathilde Dumas, alors ces tronches de navet pourri vont te regarder. Et c'est tout ce qu'ils feront. »

Il la regarde, c'est une promesse silencieuse. Ça fait partie du marché qu'il doit tenir.

« Et comme c'est l'évidence même qu'un de ces cons va se l'ouvrir dans les cinq minutes qui vont suivre notre arrivée sur le navire... »

Cette fois, il se penche à l'oreille de Mathilde et murmure :

« Darius. »

Le pirate se recule lentement et relâche finalement la main de Mathilde. Il remet son gant et fait signe à deux types qui viennent de redescendre de prendre les caisses de panais – c'est tout ce qui reste. Darius laisse ensuite à Mathilde l'espace pour bouger et pour le suivre puisqu'ils vont remonter.

« Le départ est imminent, ils doivent avoir fini d'embarquer les cargaisons. Je dois parler avec le capitaine de l'autre navire et vérifier deux ou trois trucs, je vais te confier au premier mec qui est descendu tout à l'heure. Tu peux lui faire confiance. Après, tu resteras avec moi et on discutera de la pluie, du beau temps et de légumes. Des questions? »
Revenir en haut Aller en bas
Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyDim 29 Déc 2019 - 4:07
L'homme retire silencieusement son gant de cuir et saisit la main tendue. Celle du pirate est une main calleuse, celle d'un homme qui a manié des cordes en dépit des blessures qu'elles occasionnent. Une main solide, à la poigne bien affirmée. Le genre de main qu'elle a appris à apprécier : la solidité d'un accord dépend de la poignée de celui avec qui tu le passes lui disait son père. L'expérience avait confirmé l'enseignement paternel, et il se vérifierait sans doute une fois encore. Une traversée contre un refuge, le début d'une entente. Mathilde se détend un peu, à tort peut-être… mais elle pense qu’elle a un allié sur ce bateau, ce qui, en les circonstances, est un atout considérable. Reste à savoir si elle a misé sur la bonne personne.

Le pirate l'attire à elle et lui donne des instructions qu'elle écoute attentivement. Sortir de la cale, s'exposer à un nouveau danger et à un nombre importants de potentiels ennemis. Voilà qui a le mérite de réveiller sa peur, jusqu'ici savamment enfouie sous un pragmatisme à toute épreuve. Ne pas faire bande à part, faire profil bas, supporter les regards sans les chercher. Elle inspectera du regard le pont du navire, les planches, les nœuds, rien d’autre. Un défi pour elle qui a tendance à observer les gens qui l'entourent. Elle hoche de la tête pour indiquer qu'elle a compris. Tout se passera bien si tu t'en tiens à ses instructions.

Dartagnan se penche vers elle. Par réflexe, elle baisse le regard et le menton, évitant d'offrir sa bouche à un baiser éventuel. On ne sait jamais avec les hommes, il est en position de force maintenant qu'elle accepte de monter sur son bateau, il pourrait pousser l'audace. Mais c'est à son oreille qu'il souffle un Darius qui a le mérite de la faire sourire. Eh bien voilà, ce n'était pas si compliqué. A moins qu’il ne mente, encore. Elle n’a pas vu ses yeux, les yeux ne mentent jamais. Doit-elle le croire? Elle en a envie, et ce constat lui fait faire une petite moue presque boudeuse. Les mains se relâchent au moment où deux types descendent pour prendre ses caisses, celles qu’elle doit emmener à Marbrume pour tenir son engagement.

- Je ne pose pas de questions se contente-t-elle de répondre en lui lançant un regard malicieux. En vérité elle en a des milliards. Son esprit se perd déjà dans l'éventail des possibles, convaincue qu'elle est que la traversée ne se passera pas sans emmerdes. Elle ramasse son arc et son carquois vide alors que Darius l'invite à le suivre. Son coeur s'accélère... l'instant de vérité est imminent.

A la suite de Darius, Mathilde gravit les marches menant au pont, le souffle court. Chaque marche gravie accentue une désagréable sensation au fond de ses entrailles, ce chatouillement caractéristique au creux de l’estomac. Ses yeux se plissent à mesure que la lumière s'intensifie. Quand a-t-elle ressenti cela pour la dernière fois? Ah oui, au Goulot, lorsqu'elle courait vers le premier carrefour à condamner. Tu as eu peur, mais cette peur t'a permis de survivre. Ça va bien se passer. Elle respire profondément et pose finalement les deux pieds sur le pont. Le soleil est chaud, presque réconfortant, tout autant que la brise qui souffle. Mathilde prend une grande inspiration, emplissant ses poumons de l’air salin. L’océan scintille sous ses yeux, la vue est splendide, presqu’autant que celle des champs du Labret au petit matin. L’instant ne dure qu’une fraction de seconde, mais elle s’en imprègne pour retrouver un calme apparent. Elle doit impérativement faire bonne figure.

Pas un regard pour les miliciens ou les marins ligotés. Pas un regard pour les pirates non plus. Son regard trouve les chaussures de Darius qu'elle suit avec une docilité qui ne lui ressemble pas. Elle ne s'arrête que lorsque le pirate le fait, pour adresser quelques mots à celui qu'elle reconnait comment étant le Is de tout à l'heure, et relève alors la tête pour le saluer silencieusement.

Quelques mots encore sont échangés par les deux hommes avant que Darius ne s’éloigne. Maintenant Mathilde, tu te la boucles et tu suis. Tu es invisible. … Espoir presqu’immédiatement réduit à néant par un commentaire graveleux prononcé à son intention.

- J’espère que je suis le deuxième sur la liste des heureux qui pourront profiter de ton petit cul. Regardez ça les gars, on a un joli p'tit lot qui nous accompagne aujourd'hui. Pas mal, la marchandise! ajoute-t-il avant d’éclater de rire, un rire gras, aussi gras que sa remarque. Le silence lui répond, mais Is a peut-être lancé un regard noir vers l’homme qui vient de parler, le faisant taire dans la seconde. Mathilde le suit, sans réellement savoir où elle va. Elle regarde de temps en temps mais prend garde de ne croiser aucun regard. Ne fous pas la merde sur mon navire … Elle n’est même pas encore dessus que déjà, elle a l’impression d’être un tas de viande au milieu de fauves privés de nourriture depuis trop longtemps.

Marchandise. Le mot qu'il ne fallait pas prononcer. Is offre une main secourable à Mathilde pour l'aider à franchir la passerelle de fortune qui relie les bateaux quand le capitaine de l'autre équipage cesse sa discussion avec Darius pour regarder par-dessus son épaule. Deux caisses et une femme, voilà une part que son associé se gardait bien de partager.

- A quoi tu joues? C'est quoi, ça? T'essayes de m'avoir, gamin? tonne la voix grave de l'ainé des deux en dégainant son épée pour la pointer vers la fermière. Ça fait partie du butin, c'est à diviser entre toi et moi aussi, comme le reste. Le regard de l'homme est sombre, inquiétant. Il n'est pas connu pour faire dans la dentelle, et a la fâcheuse tendance de frapper avant de poser les questions. Surtout lorsqu'il est convaincu que quelqu'un ne respecte pas sa part du marché.

Plus loin, sur le pont du navire de Darius et Isaak, Mathilde a beau faire profil bas, elle subit les regards et les remarques désobligeantes qu'elle n'entend qu'à moitié, toute concentrée qu'elle est à suivre l'homme de confiance qui, elle le souhaite vivement, l'emmènera en sécurité. Mais qu’est-ce que la sécurité, sur un bateau ralenti par le chargement et bourré de recoins parfaits pour cacher un pirate en plein méfait? Elle doit rester sur le pont, ne pas aller dans la cale, rester à la vue de tous pour ne pas être à la merci d’un seul. Is ne dit pas un mot, peut-être fait-il partie de ceux qui pensent qu’une femme à bord porte nécessairement la poisse. Évidemment, vu le comportement des hommes, il ne peut que se passer des drames. C’est à cela que songe Mathilde lorsque, passant à côté du mât principal, une main la saisit par le poignet et tire de dessus pour la faire voler dos au géant de bois. Immédiatement, elle se raidit et, cognant lourdement contre la surface dure, étouffe un grognement de douleur. Face à elle, un grand gaillard apparemment affamé se pourlèche les babines. La fermière retient son souffle. Ne fous pas la merde sur mon navire… Quoi dire? Quoi faire? Déjà, sa main se pose sur sa dague.

- Dar a dit de pas toucher la dame. C'est Isaak qui parle, sans agir. Merde. Est-ce qu'il peut dégager cet homme de là par la force? C'est quoi le protocole des pirates?
- Quoi, cet emmerdeur veut se garder la meilleure part pour lui tout seul? Allez sois sympa, laisse-la-moi un peu. Vous avez un accord pour vous la partager c'est ça? répond le gaillard en saisissant Mathilde par les hanches.
- Y a pas d'accord. répond une voix féminine alors qu'une lame pointue se glisse sous le menton du pirate. Décollez vos mains de mes hanches, maintenant.

Le regard de la fermière est aussi sombre que lorsqu'elle vise un voleur cherchant à partir avec une partie de sa production. Et généralement, elle ne rate pas sa cible.
Revenir en haut Aller en bas
Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyDim 29 Déc 2019 - 18:15
Mathilde suit les instructions à la lettre : elle reste silencieuse, ne regarde personne et suit Darius de près. Une fois sorti de la cale, le pirate fait un signe à son cousin. Il lui explique brièvement qu'ils embarquent les deux caisses et la fermière et qu'il ne doit laisser aucun des cons de l'équipage poser les mains sur elle, qu'il a à négocier avec elle et qu'il ne va pas être ravi s'ils foutent la merde sur la navire à cause des élans de leur queue. Isak acquiesce, mais ses espoirs de voir leurs hommes se tenir sont plutôt minces, surtout sans son cousin à bord. Après avoir dit à Darius de se grouiller, il prend malgré tout la jeune femme sous son aile et l'entraîne vers le navire.

La première remarque graveleuse ne tarde pas à venir et Isak l'accueille simplement en jetant un regard noir au marin. Cette histoire commence mal, il ne la sent pas. Il sait déjà que le milieu va être rempli de moult péripéties désagréables et tout ce qu'il peut faire, c'est prier les Trois qu'elle finisse bien. Bon, les Trois ont sûrement mieux à faire que de répondre aux prières d'un type qui vient de commettre un méfait, mais bon... C'est pour le bien de la fermière, pas pour lui!

Pendant qu'Isak aide Mathilde à traverser la passerelle de bois menant jusqu'au navire qui la mènera normalement à Marbrume, Darius discute avec le capitaine de l'autre bateau. Et évidemment, celui-ci ne tarde pas à s'énerver et à dégainer son épée en voyant la femme et les caisses. Darius serre les dents au mot « gamin » et sort aussi son arme d'un geste sec – il sait que ce vieux con d'Adrian a le coup d'épée facile, encore plus que lui. Il reste calme, malgré tout. Ils ont le butin et ils sont à trois secondes de se barrer avec, alors il n'a pas envie de commencer à se battre inutilement.

« Tu veux faire quoi, couper la fermière en deux? répond-il en ricanant. Je te cache rien, tes mecs ont vu la fille et les caisses en bas, ils savaient qu'ils devaient pas toucher. C'est pas ma faute s'ils t'ont rien dit comme des arriérés. »

Darius hausse les épaules et lève vaguement la main avant que l'autre recommencer à s'énerver :

« De toute façon, j'y venais. Les deux caisses font pas partie du butin. Elles font partie des négociations que j'ai entamées avec la fermière, des négociations qui pourraient valoir beaucoup pour nous si toi et les autres débiles que j'entends s'exciter derrière moi foutent pas tout en l'air. Et quand je dis nous, c'est toi aussi. Pense à toute l'information que cette bonne dame du Labret pourrait nous fournir, à quel point ça pourrait être encore plus facile pour nous d'être au bon endroit au bon moment si je réussis à négocier avec elle. Ça vaudra pas mal plus que deux caisses de foutus panais et l'amusement que vous auriez avec elle. Elle est coopérative, mais c'est marrant, je doute qu'elle va l'être bien longtemps si elle se fait embarquer les trucs qu'elle a à livrer et que tout le monde essaie de la sauter. Laisse-moi faire, Adrian. Si j'essayais de te rouler, je le ferais bien plus subtilement, crois-moi.

- Tu te fous de ma gueule, gamin? crache Adrian en pointant Darius de son épée, cette fois. Tu penses vraiment que je vais te croire quand tu me dis que tu vas pas te ruer pour vendre ces caisses dès que tu vas arriver à Marbrume et que tu vas pas essayer de te garder la fille? Tu me prends pour qui?

- Je te prends pour un type qui profite bien des ententes que j'ai conclues à Marbrume et qui ne profitera plus de rien du tout s'il me bousille celle-là, rétorque Darius en levant le ton comme l'épée. Si ça peut te faire plaisir, je te donne une de nos caisses, mais les deux autres et la fille restent avec moi. Me fais pas chier, Adrian. »

Darius fixe le capitaine droit dans les yeux, une lueur menaçante dans le regard. Lui non plus n'est pas un type à énerver et Adrian le sait très bien. Ce n'est pas la première fois qu'ils font des attaques coordonnées. Chacun connaît son affaire et, contrairement à d'autres, les deux équipages sont réellement rodés. Ensemble, ils sont efficaces, mais la négociation, le réseau, c'est plus l'affaire de Darius. La force brute, le vivre au jour le jour grâce au butin, c'est plus celle d'Adrian. Chacun profite de l'autre à sa manière, mais il y a parfois quelques... divergences d'opinions, disons ça comme ça.

Un peu plus loin, à bord du navire de Darius, Mathilde a, par sa simple douce présence, déjà foutu la merde. Isak grince des dents en voyant les choses dégénérer, ce débile d'ivrogne de Ronald mettre ses mains contre les hanches de la fermière, la fermière lui foutre sa dague sur la gorge. Il est de mauvaise humeur, maintenant, et il dégaine son épée. Foutu Darius, quelle idée d'emmener une bonne femme sur un navire plein connards en rut et de pas être là pour la surveiller!

« T'es dur d'oreille ou quoi?! beugle-t-il avec impatience. Il a dit de foutre la paix à la dame! Si tu veux tripoter et baiser, t'iras voir une catin à Marbrume! Tu veux finir comme le dernier qui l'a fait chier ici? Tu trouves que ça vaut la peine pour un joli petit cul? »

Ronald jette un regard haineux à Mathilde, un regard qui dit qu'elle ne perd rien pour attendre. Il se recule ensuite, non sans repousser brusquement Mathilde contre le mât et avoir fait un mouvement de bassin disgracieux à son égard.

« J'ai pas peur de Darius, répond Ronald, même si ce n'est pas entièrement vrai. Et encore moins de toi, son petit chevalier servant de cousin! T'es juste bon à faire ce qu'il dit comme un petit chien-chien! »

Ronald aboie avec la prestance d'un chihuahua. Il le fait à Isak, qui s'est rapproché de Mathilde, puis se tourne vers la fermière.

« Et il s'est trouvé une belle petite chienne, maintenant! »

Il aboie de nouveau, grogne un peu, puis laisse échapper un rire gras qui empeste l'alcool. Il fait alors mine de rattraper Mathilde par les hanches et se prend alors un solide coup de pied dans le ventre de la part d'Isak. On. ne. touche. pas. à. la. dame.
Revenir en haut Aller en bas
Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyDim 29 Déc 2019 - 21:26
Mathilde heurte à nouveau le mât, mais ne lâche pas sa dague qu'elle tient avec toute la fermeté du monde. Sa vie en dépend peut-être. Sa vertu, certainement. Toute son attention est tournée vers le type qui aboie. Elle le prend très au sérieux, bien que son comportement soit complètement décalé. Un fou, un connard de fou qui jappe et qui pue de la gueule. L'alcool. Un homme dangereux, ne serait-ce que pour la haine qu'il porte en lui et qui pourrait décupler ses forces le moment venu. S'en tenir loin, très loin, et ne surtout pas baisser la garde. La journée va être longue.

Mathilde serre les dents et garde le silence. En temps normal, au Labret, elle aurait répondu vertement, durement, et aurait envoyé paître le malotrus. Mais elle n'est pas au Labret, les règles du jeu, ici, sont différentes. Elle n'est personne, ils sont tout. Répondre ne ferait qu'attiser l'énervement du chien en rut, et desservirait complètement Isak qui semble avoir une certaine autorité. Si la dague tient le fou en respect, le coup de pied de l'homme de confiance reste le plus efficace au moment où il revient à la charge. La main de la fermière tremble, alors que l'homme se plie en deux de douleur. De toute évidence, il ne s'y attendait pas. Mathilde regarde Isak qui lui fait signe de dégager de là. Ah oui. Le mât. Elle fait deux pas de côté et se place derrière son protecteur, évitant de justesse la grosse patte voulant la saisir à nouveau.

- Range ça.

Ça. Ça quoi? Le regard de Mathilde quitte les yeux d'Isak pour regarder ce qu'il désigne de la pointe de sa lame. Ah oui, une dague. Sa dague. Oh. Pardon. bredouille-t-elle en plongeant son arme dans le fourreau suspendu à sa ceinture. Désolée. murmure-t-elle. Désolée, elle l'est vraiment. Elle n'a rien fait, elle n'a rien demandé d'autre que d'être absolument inexistante le temps de la traversée. La fermière a toujours du mal à saisir pourquoi, dès qu'elle s'en va vers Marbrume, les hommes la complimentent parfois au point de baver sur elle alors qu'au Labret, on lui laisse une paix royale, on ne la courtise pas, on ne cherche pas à obtenir ses faveurs. Tout au plus la regarde-t-on de loin.

La fermière n'est clairement pas dans son élément et peine à garder son sang-froid. L'air hagard, elle prend la mesure du joli merdier dans lequel elle a embarqué. Tu survivras, tu es revenue du Goulot. Pourquoi fait-elle ça? Pour espérer gagner un peu plus de tranquillité. Des rumeurs parlent de raids de pirates dans les fermes, et vu le comportement de certains, elle doit à tout prix éviter cela.

Isak emmène Mathilde un peu plus loin, l'épée toujours à la main. Le regard qu'il lance aux autres veut tout dire : pas toucher. Il semble aussi nerveux que la fermière, qui s'applique à être un exemple de docilité et d'obéissance. Tu veux finir comme le dernier qui l'a fait chier ici? Les mots résonnent dans l'esprit de Mathilde, qui espère ne pas se faire trancher la gorge à cause de l'abruti qui lui a sauté dessus. Merde. Pourquoi fait-elle cette traversée, hein? Qu'a-t-elle à prouver? Sa bravoure? Son inconscience oui. Elle aurait simplement pu attendre le départ des pirates, au fond de la cale, remonter libérer l'équipage, rentrer au Labret et attendre le rétablissement de Marguerite pour aller à cheval à Marbrume. Elle secoue la tête. Bien sûr que non. Marguerite ne pourra pas faire la route avant le mois prochain. Le pic des récoltes est pour bientôt, et les semis des légumes d'hiver sont prêts à être mis aux champs. C'est maintenant qu'elle a besoin de bras, pas dans un mois. Elle a une opportunité, elle la saisit. Elle l'a toujours fait.

Plus loin, Darius semble en grande discussion avec un homme. Elle ne l'a pas vu la pointer de sa lame -une manie chez les pirates, on ne pointe pas du doigt, on sort directement l'épée. Elle ne les entend pas non plus, mais leur attitude trahit une tension. Les poings sont fermés, serrés. Les épaules sont hautes, les mentons aussi. Les regards semblent durs. Ils semblent sur le point de se battre, ce qui ne l'arrange absolument pas. Bordel de merde, Mathie, tu pouvais pas rester dans ton coin? Plus jamais Marbrume. Plus ja-mais.

- Y a un problème? demande-t-elle doucement à Isak.
- Oui. Toi et tes caisses.
- ... Désolée. Encore. Elle a la désagréable impression de devoir s'excuser pour tout. Et elle comprend. S'il s'agit de deux équipes, l'autre doit considérer qu'elle fait partie du lot. Si c'est le cas, Darius va devoir compenser le manque à gagner. Soit il va la défendre, et faire augmenter sa dette, soit il va se débarrasser d'elle et la laisser dans une position encore plus foireuse.

Mathilde remarque qu'il n'y a plus que des murmures autour d'elle. Des murmures et des regards suspicieux ou lubriques, c'est moins oppressant que des mots crus, clairs et distincts et des mains indésirables qui se baladent sur son corps. Isak est donc respecté, tout autant que Darius, sauf par la tête brûlée qui... elle regarde autour d'elle. Merde. Il est où? Disparu du pont.

- Le gars. Il est plus là. La nervosité de Mathilde remonte d'un cran. Elle pose une main sur sa dague, pour se rassurer. La lame a toujours cet effet de l'apaiser légèrement, même si dans les faits, elle ne s'en est jamais servie. La fermière fait une petite moue. C'est pas le moment de perdre ses moyens, ni de paniquer, ni de jouer la vierge effarouchée. Tout va bien se passer. Son visage ne trahit pas ses émotions, mais sa voix a tremblé.

- C'est pas le plus important. répond Isak dont les yeux se plissent en contemplant l'horizon. Il porte deux doigts à sa bouche et émet un sifflement sec et puissant. On dégage, on a de la compagnie! dit-il en pointant une toute petite voile encore lointaine, en provenance du Labret.
Revenir en haut Aller en bas
Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyDim 29 Déc 2019 - 23:37
Adrian regarde Darius furieusement. Il a envie d'arracher la tête de ce petit arrogant, mais il doit quand même réfléchir à sa proposition – ce qui n'est pas facile quand il est occupé à imaginer son crâne fendu en deux. Darius ment-il ou dit-il la vérité sur la fermière? Il n'en sait foutrement rien, en fait. Si son associé d'un jour lui donne une caisse de plus à vendre, peut-être que ça ne vaut pas la coup de commencer une guerre avec lui pour une fille et des panais. Enfin, une caisse... Non, pas une caisse, il ne peut pas être certain pour les panais.

« Deux caisses, crache-t-il.

- Une caisse, répond Darius.

- Elle a deux caisses! J'en ai rien à branler si vous en profitez pas pour les revendre, elles sont sur ton navire quand même! Deux caisses!

- Une caisse et je m'arrange pour que tes hommes profitent des services des filles du bordel de Mad... »

Une sifflement clair et sec retentit. Darius ne termine pas sa phrase, et c'est sans importance, car Adrian ne l'écoute plus. D'un même mouvement, ils se tournent vers Isak, qui leur fait signe de regarder l'horizon. Les deux hommes plissent les yeux. Dans le lointain, ils aperçoivent une voile qui semble provenir du Labret.

« Trop gros pour être un bateau de patrouille de miliciens...

- Ils arrivent vite. »

Les deux capitaines se fixent de nouveau. Adrian attrape Darius par le collet et dit, d'un ton menaçant :

« Tu me dois une caisse et des putes, ne l'oublie pas.

- Dur à oublier quand tu me le rappelles avec ton haleine de rat mort », réplique Darius en se libérant brusquement.

Et comme ça, les deux hommes se séparent. Que ce soit en mer, sur l'île de Saint-Vespate, à Marbrume ou au Labret, ils vont se recroiser, aucun doute là-dessus. Darius grogne vaguement en s'éloignant. Il déteste avoir une dette, surtout envers un connard comme Adrian, mais s'ils ne se barrent pas vite fait, bien fait, l'un ou l'autre risque de se retrouver sans butin. Ils ignorent à qui appartient la voile – il peut s'agir de simples commerçants -, mais il peut y avoir des miliciens à bord ou pire : des gens comme eux.

Darius range son épée dans son fourreau et repart au pas de course, imité par son homologue. Au passage, à l'aide de sa dague, il coupe les liens de l'un des faiblards afin qu'il puisse détacher les autres quand ils seront partis – il précise bien « quand il seront partis », précision à laquelle l'homme s'empresse d'acquiescer. Les marins à bord de son navire ont déjà commencé à retirer les grappins. Darius traverse la passerelle habilement, puis s'occupe de l'enlever de là.

« On fout le camp! », crie-t-il d'une voix forte alors que tout le monde semble mettre ses différends de côté pour manier cordages et voiles et remettre le navire en marche.

Pendant de longues minutes, la fermière devient invisible. Les pirates n'ont qu'une préoccupation : sauver le butin et, accessoirement, leur peau. Isak traîne à peu près Mathilde avec lui, garde un œil sur elle, mais s'active avec les autres. C'est ce moment que Ronald, avec son sens douteux des priorités, choisit pour sauter sur la fermière et tenter de lui faire sa fête en la plaquant contre le sol. Ce qu'il dit est relativement inintelligible dans la cohue, mais c'est sans importance, car ses intentions ne sont clairement pas louables. Le seul bémol : Isak et Darius le voient.

Isak lâche sa corde et est rapidement rejoint par son cousin, qui lui fait signe qu'il s'occupe d'un geste sec – ils doivent vraiment foutre le camp et Isak dirige mieux le navire que lui. Darius donne un coup de pied dans les côtes de Ronald pour libérer Mathilde, et il espère pratiquement qu'elle a réussi à utiliser sa dague contre cette imbécilité unicellulaire. Enragé, l'ivrogne se lève et se jette sur lui... uniquement pour retomber à cause d'un vulgaire croche-pied. Darius ne lui laisse pas le temps de se relever et l'attaque de violents coups de pied successifs au visage. Quand Ronald essaie de prendre son épée ou sa dague, le pied de Darius change momentanément de trajectoire pour lui couper le souffle avant de reprendre son activité initiale. Ce n'est que lorsque Ronald a le visage complètement en sang et qu'il est totalement hors d'état de nuire – inconscient ou mort, qui sait – que Darius cesse.

Le pirate se recule et fait un vague signe à un autre homme.

« Attache-le, je vais m'occuper de lui plus tard. On a assez de problèmes à gérer comme ça. Pire recrue de l'année, bordel, ça mériterait presque un prix. »

Il essuie d'une main vague le sang qui lui a éclaboussé au visage – la botte, ça irait à plus tard -, puis se tourne et tend une main à Mathilde pour l'aider à se relever.

« T'as rien, Mathilde Dumas? », demande-t-il en la regardant de haut en bas pour voir si elle est blessée.

Les voiles, gonflées par le vent, font désormais avancer le navire en direction de Marbrume. À la barre, Isak surveille l'autre voile qu'ils ont repérée à l'horizon et qui, puisqu'elle a atteint sa vitesse de croisière, avance vers eux plus rapidement qu'il voudrait. L'autre navire est encore loin, mais il peut mieux le distinguer, maintenant. Ça sent les pirates, et pas des leurs. Il lâche un juron. Darius se retourne vaguement vers lui et comprend qu'ils ne sont potentiellement pas sortis des emmerdes. Isak jette un œil vers les voiles. Le vent semble souffler en leur faveur... et avec un peu de chance, il réussira à déjouer à temps ces connards en se dissimulant dans les îlots plus loin. Avec un peu de chance.
Revenir en haut Aller en bas
Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] EmptyLun 30 Déc 2019 - 3:24
On fout le camp... Dernière chance pour Mathilde de changer d'avis et de filer. Un bon élan, un saut facile et elle peut être sur le pont du convoyeur, laissant derrière elle les pirates et leurs emmerdes. Et ses caisses. Et son nom. Merde. Son nom qui va de toute façon permettre à Darius de remonter à elle, n'importe quand. Tu dois aller au bout du voyage, Mathie, quoi qu'il t'en coûte, parce qu'en fuyant comme une lâche, tu perds le peu d'estime qu'il a de toi. Gros soupire.

Elle voit Darius revenir au pas de course, ne s'arrêtant que pour libérer un homme, qui pourra certainement s'occuper des autres captifs une fois les navires partis. Les pirates s'agitent à cause de la voile. Le bateau d'une milice? Un autre convoi à attaquer ou... d'autres pirates? Ils ne doivent pas tous être alliés. Deux chances sur trois d'avoir des emmerdes, donc. Mathilde regarde la passerelle et s'apprête à se diriger vers elle, mais retient son mouvement à la dernière seconde : Darius la traverse et la retire. Les grappins sont ôtés, la passerelle aussi, plus rien ne les retient au navire marchand. Déjà les coques s'éloignent l'une de l'autre, avec une lenteur folle.

Les ordres fusent. Les pirates se détournent complètement de la fermière et s'activent. Mathilde suit Isak comme son ombre. Se rend-t-il compte que parfois, elle aussi tire sur les cordages avec les autres pour hisser les voiles, et le regarder se gonfler dans le vent? Sans doute pas. C'est au moment où elle se penche pour saisir une énième corde qu'elle se fait plaquer au sol. Le souffle coupé par la violence du choc, sa tête heurte lourdement le plancher dans un bruit sourd. A demi assommée, Mathilde réalise avec horreur que le sale énergumène est de retour. Ne le lui avait-il pas promis, lorsqu'il la regardait? Elle le repousse mollement, dans un premier temps, mais il ramène d'un geste brusque ses bras au dessus de sa tête, qu'elle tourne pour éviter de le regarder. A cheval sur elle, le voilà qui découvre que la fermière est en pantalon. Elle rirait presque de la bonne blague si elle n'était pas en si mauvaise posture. Impossible d'atteindre sa dague, ses poignets sont prisonniers. Reste ses jambes, qu'elle essaye de dégager pour donner des coups. L'adrénaline qui circule maintenant dans son corps l'a complètement réveillée. Elle battra comme une ourse, il ne l'aura pas.

Combien de temps s'est écoulé? Une minute à peine, mais elle a l'impression qu'elle combat depuis des heures ce poids lourd qui se tient au-dessus d'elle. Tout à coup, l'homme bascule sur le côté. Elle se redresse, recule, son dos bute contre le bastingage. La scène qui suit est d'une rare violence. Son agresseur est rossé par un Darius dont le visage est terrifiant de colère. Muette, sous le choc, Mathilde a beau essayer de crier pour arrêter le pirate, pas un son ne sort de sa gorge. C'est que le sang réveille chez elle le souvenir soigneusement enfoui du Goulot, des cadavres démembrés et des mares de sang et de fluides dans lesquels elle a pataugé. Seul le manque de vie de la victime freine l'élan du grand brun, qui finit par se pencher vers elle pour l'aider à se relever.

- T'as rien, Mathilde Dumas?
- Je savais pas que le port du pantalon pouvait avoir cet effet sur les pirates. lâche-t-elle en se relevant, sans aide, avec tout le sérieux du monde. Ça va aller. Bien sûr que ça va aller, quand elle aura trouvé un endroit sécuritaire où lâcher les larmes qu'elle ravale brillamment. D'ici là, elle va donner le change. Respirer. Oublier. S'activer. Is est en train de beugler pour finaliser une manoeuvre, je crois qu'on devrait aider.

Comme une automate, elle se dirige vers trois gars tirant sur une corde et prend le morceau pendant pour tirer à son tour, au signal d'Is. A ce moment, si une larme s'échappe du coin de son oeil, personne ne pourra dire si c'est la peur qui vient d'atteindre des sommets ou la douleur dans ses mains qui en est la responsable. La fermière déploie sa force, celle des gens de la terre, qui poussent les charrues, soulèvent des pierres, hissent des poutres. Ce n'est pas une force brutale, dans l'action, c'est une force tranquille qui se révèle dans la durée. Parfait pour manoeuvrer des voiles sous les ordres d'un Is déterminé à mettre de la distance entre eux et la voile qui s'approche à vue d'oeil. Mathilde songe que c'est une bénédiction. Une emmerdante bénédiction. Parce que tant que la menace sera présente, elle n'existera plus aux yeux des hommes.

Les voiles gonflées ont fini de danser sous le ballet des cordes que seuls les marins expérimentés attachent avec des noeuds beaucoup trop compliqués. Mathilde, désormais inutile, rejoint Darius. C'était le plan : en son absence, elle colle aux basques d'Is, dès qu'il est là, c'est à Darius qu'elle s'accroche. Elle obéit, c'est à cette condition que sa sécurité sera garantie. Ne vient-il pas de le prouver en tuant quasiment un de ses hommes à coups de pied? Merci, pour tantôt. Je... je suis désolée qu'on en soit arrivés là. C'est sincère. Ça doit se voir à la tête qu'elle tire, incapable de savoir si elle dérange, si elle doit la boucler ou si elle est encore la bienvenue sur le bateau. On est lourds. La dure réalité de la vie d'un pilleur de bateaux. Quand vient le temps de fuir une menace, il se peut qu'il faille tout balancer par-dessus bord pour s'alléger et aller plus vite. Mathilde n'y connait rien en navigation, c'est une femme de la terre, pas des eaux. Elle lève pourtant le nez à la recherche d'une voile qu'on aurait miraculeusement oublié de déployer. Avec un peu de chance, ils vont suivre l'autre bateau. Ou celui qu'on vient de quitter.

Au loin, la voile semble bifurquer sur le navire marchand, à bord duquel le seul homme libre est occupé à libérer ses compagnons d'infortune. Parmi les miliciens, un jeune excité piétine sur place et réclame qu'on parte à la poursuite des pillards. Sa demande est reçue avec une méfiance certaine, jusqu'à ce qu'un marin crie qu'une autre voile se dirige vers eux. Pas encore... Au vu de l'allure du bateau qui s'approche, cela n'augure rien de bon, mais nous ne le saurons pas puisque nos personnages s'éloignent au gré d'un vent favorable et d'une voilure en bon état.

Le regard de Mathilde se pose sur un tonneau d'eau à quelques pas de là. Elle sourit en voyant la flèche qui y est plantée et s'en va la récupérer. Elle croit percevoir une interrogation dans le regard de Darius et se contente de murmurer C'est à moi. en la replaçant dans son carquois. Où est son arc? Petite moue, il faudra qu'elle remette la main dessus une fois que le calme sera revenu. Elle a dû le perdre pas loin du mât principal. Plus loin, Is siffle gaiement. La voile a bifurqué et ne semble pas les poursuivre pour le moment. Ils ont le temps de disparaître de son horizon, sauf si, là-bas, quelqu'un parle d'une fermière kidnappée.

Plouf. Un paquet vient d'être jeté à la mer. Un homme s'approche de Darius et lui murmure quelques mots à l'oreille. Ronald est mort, on a passé son corps par-dessus bord comme le veut la procédure habituelle. La nouvelle a déjà fait le tour du bateau, et les regards passent de Darius à sa protégée. Elle doit être vraiment importante que pour qu'il y tienne à ce point. Il se peut que le reste de la traversée se passe sans encombres pour Mathilde qui, bien qu'elle n'ait rien entendu de la discussion, se doute qu'il s'agissait d'un corps couvert des traces de coups de l'homme qui se tient à côté d'elle. Bordel de merde, et tu l'as invité dans ta ferme.


Jet de dé:

J'ai randé again:
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



La croisière s'amuse [Darius] Empty
MessageSujet: Re: La croisière s'amuse [Darius]   La croisière s'amuse [Darius] Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
La croisière s'amuse [Darius]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 3Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Marécages de l'Oubliance :: Littoral-
Sauter vers: