[TERMINÉ] Voyage de noces... ou la fuite d'un chaos intérieur [Rosen x Hector]

Rosen lui présenta ses excuses. Il ne savait pas trop qu'en faire. Il était toujours sonné par l'attitude si changeante de sa femme. Il se laissa mener dans leur chambre, dans leur lit - ayant seulement eut le temps de se défaire de son arme et de ses bottes...

Il aurait pu être dehors, sur Moto, entrain de chevaucher dans les marais, l'esprit vide - ou seulement occupé à écouter les bruits du soir, les dangers potentiels. Il aurait été bien sans doute... Là, au lieu de ça, il devait encore penser à tout ces mots dont il avait été victime. Et maintenant, telle une tourte brûlée que l'on présente du bon côté, Rosen lui offrait un discours d'amour et de pardon, d'explications et de futur... Mais tout cela semblait bien étrange à Hector. Comment pouvait-il faire confiance à quelqu'un d'aussi changeant ? d'aussi extrême d'un côté comme de l'autre ?

Dire que les mots de Rosen ne le touchèrent pas eut été mentir, cependant. Elle semblait sincère ; sincère quand elle lui demandait pardon, sincère quand elle disait l'aimer, sincère quand elle disait vouloir garder leur enfant... mais aussi sincère quand elle disait ne pas être une bonne personne...

Le baron la prit alors dans ses bras.

"Pourquoi se fait-on tant de mal... ?"

Il aurait put répondre que c'était à elle de répondre à cette question... que lui n'avait jamais rien fait contre elle. Mais il ne répondit rien. Il inspira longuement.

"Ce qui me tue, Rosen, c'est ces changements... vos changements... Je pourrais me battre contre une armée entière, mais contre vous je ne le pourrais pas. Si... si votre... côté obscur revient... je crois que je n'aurais pas la force d'y faire face. Si vous m'aimez vous devriez comprendre que si je vous insultais, si je vous accusais de tous les maux de notre monde, si je vous attaquais, alors vous seriez impuissante, vaincue, morte d'une certaine manière. Celui ou celle qu'on n'aime ne peut faire ça... C'est trop dur."

Il embrassa légèrement, par réflexe, la chevelure de sa femme. Dieux qu'il était difficile de se remettre de la blessure qu'elle lui avait infligé.

"Alors aimons nous encore, essayons... mais je ne tiendrais pas longtemps si vous vous en prenez à moi de nouveau..."

La sensation de la main de Rosen dans son dos lui fit du bien. A son tour, il posa sa main dans le dos de son aimée... puis plus haut, dans sa nuque et sa chevelure épaisse... il y perdit ses doigts, dans ses mèches et contre son cou... et il finit par y perdre - un peu - son esprit. La fatigue aidant, il ne pensait plus. Il avait fermé les yeux. Il posa sa joue contre celle de sa femme dans un geste étonnamment tendre.

Voyage de noces...

Rosen feat Hector

Quand Hector m’a enfin pris dans ses bras, ce fut un soulagement. Ce fut l’apaisement, un peu comme de l’eau froide sur une brûlure. Et puis il parle à son tour pour me répondre, et la formulation qu’il l’utilise laisse entrevoir un doute sur le fait que je puisse l’aimer. En outre, il explique que si je l’aimais, je ne pourrais pas lui faire tant de mal.

« Quand je vous ai vu à terre, j’ai cru qu’on vous avait tué. Vous ne bougiez plus… Je suis venue vous voir, je me suis allongée contre vous, et vous n’avez pas réagi. Vous respiriez toujours, mais c’était comme si vous étiez en train de mourir… Puis vous avez relevé la tête l’air de rien et vous vous êtes levé pour partir sans le moindre regard. Comme si vous ne vouliez plus de moi… vous n’avez pas idée d’à quel point ça a pu me faire mal. J’ai cru ne plus jamais vous revoir, je voulais me laisser mourir ! »

Il passe sa main dans mon dos puis caresse mes cheveux et ce geste est encore plus doux que la caresse du soleil dans une froide journée. Moi, je caresse son dos machinalement.

« Puis vous êtes revenu… J’ai essayé d’oublier ça et de me rassurer, et puis tout à l’heure vous avez envisagé notre fin. Mais moi, je ne l’ai jamais envisagée une seule seconde… alors je crois que j’ai craqué et que cela m’a rendue mauvaise. Quand je me suis réveillée et que je ne vous ai pas vu, je me suis dit que vous m’avez réellement abandonnée cette fois... j’ai compris que je suis allée trop loin… Peut-être l’aurai-je mérité, mais je ne veux pas vous perdre… Je ne veux plus jamais que l’on vive ça… »

Le baron laissa Rosen expliquer en quoi elle s'était sentie trahie par Hector. Adulte, le baron n'insista pas, n'expliqua pas que ses agissements étaient les conséquences des tristes mots que la vile jeune femme lui avaient adressé.

"Alors nous sommes deux à ne plus jamais vouloir vivre ça..."

Hector rendit son baiser à sa femme.

Tout se présentait sous les meilleurs auspices, pour une jolie nuit de réconciliation. Même si avec Hector et Rosen, personne n'était jamais à l'abri d'un faux pas.

Voyage de noces...

Rosen feat Hector

Ah, les réconciliations sur l’oreiller… du vu et revu ? Terriblement poncif ? Je ne sais pas s’il s’agit de banalités récurrentes, mais je trouve que ça marche plutôt bien et que c’est agréable. C’est que je connais mon mari et ses faiblesses… et que je sais comment me faire pardonner.

J’ai laissé la bougie allumée de mon côté – je n’ai pas trouvé le courage de l’éteindre - et je me pelotonne à Hector de sorte qu’il ne puisse plus m‘échapper dans la nuit, au cas où il lui prendrait à nouveau l’envie de partir loin de moi. Je suis rassurée que l’ont ait surmontée cette épreuve – du moins en apparence – mais je m’inquiète pour notre avenir cela dit.

Je ferme les yeux pour me reposer mais j’essaie de rester réveillée pour m’assurer que Hector ne me refasse pas faux bond. J’écoute à nouveau sa respiration qui paraît paisible et qui me berce doucement. C’est de bonne heure que je me réveille en sursaut en demandant la lumière comme je l’ai fait si souvent.

Je me suis endormie… Je ne sais pas combien de temps a duré mon sommeil, mais je sens les nausées particulièrement tenaces comme après une très courte nuit.

La bougie s’est éteinte dans la nuit et un peu de lumière filtre par les volets, ce qui laisse présumer que le jour vient de se lever depuis peu. Je m’étire et me penche sur Hector pour l’embrasser et lui faire un câlin. Je me serais bien attardée pour de nouveaux câlins intimes, mais je crois que je vais vomir, alors je me lève rapidement, m’habille et descends en vitesse.

Les nausées sont terribles ce matin. A tel point que je suis obligée de me précipiter jusqu’aux latrines en laissant le soin à mon époux de descendre son assiette à l’habitante. Bon, je n’ai pas grand-chose à rendre mais bon… juste un simple filet de bile. J’espère que ces nausées vont vite passer, parce que ça commence à devenir sérieusement éprouvant.

Puis nous nous apprêtons à repartir, Hector toujours aussi chaleureux avec elle. Les enfants ne manquent pas à l’appel pour nous saluer et enfin nous pouvons nous remettre en selle pour tracer jusqu’à Piana. Je reste assez silencieuse, ne sachant pas trop que dire pour tenter d’assurer une meilleure ambiance que la veille. Le temps ne semble pas trop gris, mais pas très clair non plus. J’espère que l’on ne va pas se reprendre la pluie.

Faire l'amour avait fait du bien à Hector. Pour autant, le plaisir du corps, bien qu'immense, ne dure jamais très longtemps. Et Rosen, en plus, n'avait rien fait pour prolonger la p'tite séance de coquineries. Il y eut malgré tout une belle étreinte post-sexe, câlin qui dura assez longtemps pour qu'Hector n'y voit aucune frontière avec son rêve...

Malheureusement son rêve était en réalité un affreux cauchemar : il était dans les bois, des bois qui avaient, semblait-il, poussé au beau milieu de l'esplanade. Et là, un chasseur l'attrapa et l’enchaîna et le bâillonna autour d'un arbre. Il avait beau tenter de bouger, de crier, de se défaire de ses entraves, rien n'y faisait, il était pris au piège comme un rat.

Ce n'est qu'au petit matin, en entendant Rosen aller et venir entre la chambre et le rez-de-chaussée qu'il finit par se réveiller. Soulagé mais fatigué comme après un rude combat, il se leva. Il fallait partir vite. Il salua Marie, qui leur avait été si précieuse durant ce voyage... et les jeunes mariés se mirent en route.

"Soyez fort" lui avait demandé Marie... et ces mots résonnaient encore en son esprit alors qu'ils laissaient le village de Ménerbes derrière eux. Être fort, pour Hector, c'était être capable de dire "Je suis heureux rentrer avec vous..." sans être 100% sur que ce soit une bonne chose. Pour autant il était heureux. Heureux et effrayé... Mais il ferait tout ce qu'il pourrait pour que les graines d'amélioration de leur relation poussent aussi bien que possible.

Sur le chemin, Hector tenta donc d'engager une conversation simple et légère, histoire de renouer un peu le contact verbal avec sa femme, au delà des "haaaan ouuuui" et "ooooooh c'est bon" et en deçà des insultes...

Tandis que l'ambiance se détendait, le ciel bleuissait. Et bientôt, les deux
cavaliers virent une charrette devant eux sur le chemin. Tirée par un cheval, dirigée par un homme tête nue, cheveux bruns - ou noirs - elle semblait transporter bonne quantité de marchandises. Cela surpris le baron. Dans cette direction il n'y avait que Traquemont (mais la cité étaient aux mains des fangeux depuis longtemps), Tourbière (même souci) et Sombrebois... et il ne semblait pas à Hector qu'il avait une commande à venir... A moins que ses hommes, en son absence avait fait quelques emplettes sur l'inter-piaf.

- Bonjour mon brave. Hector de Sombrebois, baron de Sombrebois, tout va bien ?

L'homme semblait nerveux.

- Bonjour baron... c'est... quelle surprise... Ça va, merci... euh pardon, j'oubliais, je m'appelle Marc Lacharete.
- Enchanté, monsieur Monsieur Lacharete... vous... Vous ne seriez pas le fils de Basile Lacharete quand même ?!

Nombre de souvenirs revinrent en tête du baron. Ils lui mirent le sourire aux lèvres d'autant que l'homme répondit par la positive ! L'homme qu'il voyait là était donc le fils du drôle Basile Lacharete, le chasse-marée le plus célèbre du Morguestanc ! Hector s’esclaffa, avant de s'exclamer :

- Bons Dieux ! Si j'avais imaginé un jour revoir le fils de Basile !? Ça alors, quelle bonne surprise !

Et c'est ainsi que les deux hommes parlèrent longtemps du bon vieux temps... Hector en oublia même d’interroger Lacharete sur la raison de sa présence ici. Allait-il à Sombrebois ? Pour quelle raison ? Tout cela, personne n'en sut encore rien. Et déjà on voyait les contours des habitations de Piana.

- Tu sais, on a rafistolé une ancienne auberge ici, on va y passer la nuit. Tu es notre invité ! Tu verras, c'est le chantier mais tu pourras y dormir tranquille !

"Invité" était bien sûr un grand mot vu l'état de l'ancienne auberge... mais le baron, tout à sa joie de revoir celui qu'il avait connu adolescent, avait proposé ça à la débottée... Il se tourna vers Rosen avec un grand sourire. La vie semblait avoir retrouvé sa place dans l'esprit du baron.

Voyage de noces...

Rosen feat Hector

Alors que nous chevauchons tranquillement, Hector semble essayer de faire quelques efforts pour détendre un peu l’atmosphère, mais je sens que cela le tracasse toujours. J’aimerais dire ou faire quelque chose qui permettrait d’arranger la situation, mais je ne sais pas quoi.

Je ne vois rien que je puisse faire pour ça… si ce n’est que de lui répondre avec le plus de sympathie possible, mais si j’ ai toujours été doué pour porter le masque, je ne peux pas surjouer non plus. Alors je réponds le plus agréablement possible lorsqu’il me parle et lorsqu’il ne le fait pas je ne dis rien, préférant lui accorder la paix et le silence.

Peut-être que je n’ai pas trouvé les bons mots ? Peut-être devrait-je faire des efforts ? Et lui ? Il ne semble pas avoir conscience qu’il n’est pas exempt de torts dans cette histoire. Je ne me risquerai pas à le lui faire savoir de façon plus franche, car cela ne ferait qu’empirer les choses.

Je ne veux pas briser à nouveau ce que j’ai tant de mal à recoller. Devrais-je me soumettre comme un chien docile pour arranger la situation ? Non, je ne me vois pas tomber aussi bas.

Je veux bien reconnaître mes torts, je veux bien m’assurer de ne jamais recommencer, mais je ne veux pas me rabaisser à lui cirer les bottes. Il y a pourtant bien quelque chose que je voudrais faire pour lui.

« Hector ? l’interpelai-je après un petit moment de silence. Je voudrais vous dire que… »

Mais je n’ai pas l’occasion de finir ma phrase car au détour d’un arbre, nous apercevons une charrette et Hector va à la rencontre de la personne s’y trouvant. Ils échangent quelques mots et à priori ils se connaîtraient de longues dates. Magnifique.

Maintenant on fait route avec ce type et Hector me délaisse pour parler un long moment avec lui. Il le tutoie même. Combien de personnes Hector tutoie-t-il ? A ma connaissance, seulement son cousin. Et le voir tutoyer une personne de plus me fait bizarre et me laisse un goût amer. Bon, il y a bien une fois où il m’a tutoyée mais…

cela n’a pas duré. C’était juste une phrase où il a dit qu’il ne pourrait jamais se passer de moi. Jamais se passer de moi… Je sens la nausée me reprendre violemment. Jamais se passer de moi qu’il disait… ah, ça paraît tellement loin aujourd’hui ! Aujourd’hui, il serait plus proche de m’abandonner dans les marais que de vouloir me retenir de force comme il l’a fait ce jour-là.

Je soupire bruyamment avec toute l’aigreur possible, mais mon cher époux accaparé par son ancien ami ne semble même pas avoir remarqué que je me tiens en retrait. Il me regarde même avec un grand sourire… il a l'air tellement heureux subitement.

Je lui rends son sourire, juste le temps qu’il me regarde, et puis ce dernier fond comme neige au soleil une fois qu’il s’en retourne à son ami. J’ai l’impression que je n’ai plus ma place dans son monde…

Une goutte atterrit sur le pommeau de ma selle. Je lève la tête pour regarder le ciel. Il ne semble pas pleuvoir. Ah, je dois avoir une poussière dans l’œil. J’ai tellement envie de vomir…

Je porte ma main à ma bouche et j’aperçois une nouvelle goutte tomber sur ma selle. Il faudrait bien que je regarde la route devant moi au lieu de garder la tête baissée… je renifle, j’ai le nez qui coule.

Je n’ai pas attrapé froid pourtant ? Mais… je réalise que je suis en train de pleurer. De mieux en mieux… Je m’essuie rapidement le visage avec ma manche. Je fais de mon mieux pour donner le change, mais au fond de moi plus rien ne va. L’avenir est tellement effrayant. Je ne vois plus rien de bon. Plus rien de bien… Que vais-je devenir ? Mon mari ne veut même plus de moi...

Et nous arrivons à Piana où je monte me coucher directement, prétextant avoir mal au dos et envie de vomir. Bon, c’est quand même la réalité, ce n’est pas un mensonge… les coups de bâtons reçus par la fanatique se font toujours sentir et chevaucher est loin d’être agréable. J’ai du mal à supporter la position assise, à me demander pourquoi j’ai eu la bonne idée de vouloir partir encore… m’enfin.

Je vais donc m’allonger à peine arrivée, laissant Hector continuer de rattraper le temps perdu avec sa chère connaissance. là avec cette personne, il passe une excellente fin de journée.

C'est mieux comme ça. Moi, je ne lui inflige que de la peine. Mon ventre gargouille, c’est que je n’ai pas mangé grand-chose ces derniers temps. Il faudrait bien que je mange plus si je ne veux pas trop maigrir…

Je suis censée manger pour deux, et je mange à peine pour moi même. Quelle importance après tout... Je me tourne de mon côté du lit, dos à l'échelle, et ferme les yeux en essayant de me détendre et de penser à autre chose le temps que le sommeil veuille bien venir me chercher.

Hector, en grand psychologue, comprit que Rosen était - sans forcément parler de jalousie - au moins attristé par l'attention que le baron montrait pour cette vieille connaissance. Il profita donc de l'arrivée à l'ancienne auberge pour se rapprocher de sa femme et l'embrasser en passant la porte de leur refuge.

"Désolé, Rosen, c'est un vieil ami... je ne pouvais pas ne pas lui p..."

La jeune femme sembla comprendre et monta rapidement se coucher dans la mezzanine. Hector fut un peu décontenancé par cette disparition soudaine mais ne put rejoindre directement sa femme. Il resta quelques minutes avec Marc pour lui montrer une couche et partager avec lui un maigre repas composé principalement des quelques victuailles que Marie avait offert aux nobles avant qu'ils s'en aille.

Murmurant, Hector expliqua au fils du sémillant Basile Lacharète qu'il devait aller auprès de sa femme et qu'il tenterait de dormir pour prendre des forces pour un éventuel réveil nocturne pour combat, chose probable dans cette région du monde... Marc sembla de nouveau gêné, comme s'il avait quelque chose à dire qu'il n'eût pu annoncer au baron mais accepta ce programme nocturne.

Hector rejoignit donc sa femme qui était déjà allongée dans leur sommaire couchette.

"Rosen, dormez-vous ?"

Il se déshabilla et la rejoint, se collant contre elle, posant sa main contre le ventre de sa femme.

"Comment vous sentez-vous ?"

Il l'embrassa dans la nuque et sa main remonta sur la poitrine de la jeune femme.

"Ne vous en faîtes pas... je ne vous oublie pas... Je... je vous promets que je ne vous laisserais pas tomber. Tant que vous êtes avec moi, je serais avec vous. Je vous aime, vous savez..."

Et c'est drôle que d'avoir su trouver les mots qui expliquaient réellement sa pensée et ses sentiments apaisa le baron. Aussi idiot que cela puisse paraître, cette clarté dans son expression clarifia son esprit... et, même, sembla annihiler les tensions que son corps subissait depuis toutes ces histoires. D'un geste lent il glissa sa main contre la joue de sa femme pour amener tendrement ses lèvres contre les siennes et les embrasser avec langueur.

Ressentait-elle la même émotion que lui ? le même désir ? Le baron ne tarderait pas à le sentir tant ses sens étaient en éveil et son coeur aux abois.

Voyage de noces...

Rosen feat Hector

Étrangement, Hector a cherché à me rassurer lorsque nous sommes arrivé, s’excusant de m’avoir délaissée et expliquant qu’il n’avait pas le choix. Au moins se rend-t-il compte que j’ai pu me sentir délaissée… mais qu’importe. Il l’a dit : il ne pouvait pas ne pas lui parler. Pourtant ? Je ne sais pas pourquoi il s’est interrompu dans sa phrase. Qu’importe, je suis ensuite montée m’allonger.

C’est plusieurs minutes plus tard que Hector décide de venir me rejoindre, me demandant si je dors pendant qu’il se déshabille. J’ouvre les yeux. Je pense un instant ne rien répondre et faire semblant de dormir, mais alors qu’il se glisse doucement dans mon dos, il pose sa main sur mon ventre et me demande comment je vais.

« Ça va... », réponds-je doucement.

Il ne sert plus à rien de tenter de l’esquiver. Puis sa main remonte jusqu’à ma poitrine et il embrasse ma nuque. Je me cambre légèrement. Il me dit à présent des mots réconfortants.

Des mots qui devraient immanquablement m’emplir de joie, me rassurer. Pourtant ce n’est qu’un pincement au cœur que je ressens même si je suis tout de même soulagée de voir la fin du conflit. Mais les mots ne restent que des mots, non ?

Ce sont les actes qui compte. Et lorsque je passe en revue tout ce qu’il s’est passé, je ne peux que me sentir mal. Il attrape alors ma tête pour la tourner vers lui afin de m’embrasser.

Finalement, peut-être qu’il pourrait m’accepter comme je suis… tant que ce n’est pas lui qui fait les frais de ma malveillance. Je me retourne entièrement vers lui pour le prendre dans mes bras.

Je pourrais lui dire qu’il m’a déjà laissée tombée la veille alors que j’étais avec lui, dans ses bras, mais je préfère ne rien dire. Je suis lasse des conflits… j’ai eu ma dose, je crois. Je veux juste que tout aille bien pour une fois.

« Tout ça… ça n’aurait pas dû arriver. On devrait être heureux… être bien l’un avec l’autre, qu’importe ce qu’il se passe. »

C’est facile de dire ça quand c’est moi qui ne vais pas bien, je sais… Et de la même manière que je ne me suis pas remise de la tragédie que nous avons vécue, je constate que je ne me remets pas de ce conflit que nous avons eu la veille.

Je lui en veux d’avoir été si intolérant pour une pauvre saute d’humeur de ma part – qui peut se comprendre ! et je m’en veux d’avoir été si mauvaise avec lui en retour. Mais pour une fois, ce n’était pas gratuit.

Il m’a terriblement blessée... et en retour, j’ai voulu le blesser aussi. Mais irait-on loin comme ça si chacun d’entre nous s’amusait à blesser l’autre pour se venger ? On ne s’en sortirait pas…

« Je sais que j’ai été marquée et que c’est moi qui ne m’en remets toujours pas… mais j’ai besoin de votre soutien et de votre tolérance. »

J’ai du mal à réaliser tout ce qui se passe. J’aimerais tellement que tout cela ne soit pas arrivé. Mais le principal est que les choses semblent s’arranger enfin entre nous.

« Moi aussi je vous aime… dis-je en me mettant sur lui pour l’embrasser. Je vous jure que plus jamais je ne vous ferai ça. »

Et nous passons ensuite une nuit d’amour comme nous en avons passés des dizaines, avant que je ne m’endorme paisiblement dans ses bras en regardant fixement la bougie brûler pendant un long moment.

La nuit d'amour réconcilia définitivement - jusqu'à nouvel ordre ! - le baron et sa femme. Hector dormit comme un bébé. Le lendemain matin, après que le baron eut donné un petit coup de langue à Rosen, les deux nobles de Sombrebois descendirent pour rejoindre Marc qui dormait encore. Ils le réveillèrent gentiment et lui dirent qu'il ne valait mieux pas traîner pour arriver à Sombrebois avant la nuit... et c'est là que le coursier avoua au baron qu'il n'avait pas prévu d'aller à Sombrebois, qu'il devait se rendre au Labret mais que l'esquive d'un groupe de brigand l'avait obligé à bifurquer sur la route de Sombrebois et qu'après... l'ayant rencontré...

"Serait-il possible que... je... m'installe à Sombrebois ?
- Mais bien sûr voyons ! Vous faisiez déjà un peu parti de la famille avant que tout cela n'arrive...
- C'est gentil... je n'ai malheureusement pas grand chose à offrir que ma cargaison presque vide...
- Peu importe... Vous êtes un bon travailleur, un bon coursier... vous serez utile à notre communauté j'en suis persuadé !"

Il y eut encore quelques échanges mais la décision fut ainsi prise, en deux ou trois phrases. L'homme quittait son employeur pour en rejoindre un autre, plus noble... même si son prestige était écorné. C'était aussi un ami, un homme de confiance et tout cela comptait pour le jeune coursier. Il suivit ainsi les deux cavaliers, poussant sa charrette à sa vitesse maximal pour ne point trop les retarder. Mais Hector et Rosen, allaient bon train, devant, prêts à prévenir le jeune homme du moindre danger, des moindres cahots de la route. On fit une pause à Balazuc sur le coup des treize heures. Et après cela, après que l'ambiance eut été totalement détendu, il sembla à Hector qu'il fallait tout de même parler du retour à Sombrebois :

"Bon... ma douce... j'espère que vous n'avez point trop d’appréhension à l'idée de revenir à Sombrbois. Je suis sûr que nos amis seront très amicaux avec vous... et puis vous ne serez plus la nouvelle... Nous amenons Marc. Il risque d'attirer l'attention à son tour..."

Hector sourit. La seule chose qui l'embêtait un peu chez le transporteur était qu'il était indubitablement bel homme. Il craignait quelque part que son statut de mâle dominant ne soit mis à mal par la présence d'un tel bellâtre sur ses terres ! Enfin... il était marié après tout... c'était peut-être mieux ainsi !

Voyage de noces...

Rosen feat Hector

Le réveil fut assez éprouvant, comme la majorité de ceux-ci. Je me suis réveillée en sursaut de très bonne heure, en proie à l’angoisse, la bougie s’étant éteinte dans la nuit. Hector était toujours là – Je ne sais pas s’il pourrait aller bien loin étant donné la nouvelle habitude que j’ai dorénavant de me coller à lui.

Cela dit, je l’ai appelé avant d’aller me blottir dans ses bras une fois que j’ai remarqué qu’il était toujours là. Hector s’est alors occupé de me détendre un peu, afin de, j’imagine, me tranquilliser au passage. Nous sommes ensuite repartis, ramenant avec nous l’ancien ami de Hector qui souhaiterais rester s’établir à Sombrebois. Je soupire discrètement lorsque personne ne fait attention à moi.

Arrivés à Balazuc, Hector s’enquiert de savoir comment je vais vivre le retour à Sombrebois. Mais la première chose qui me frappe, c’est de l’entendre m’appeler ‘ma douce’. Quoi, il me trouve vraiment douce après ce que je lui ai envoyé dans la gueule ? Non, certainement est-ce une vieille habitude. Ou bien simplement une manière de m’appeler pour faire bon genre.

Qu’importe après tout… Je me contente de hocher la tête en souriant. ‘Nos amis seront très amicaux...‘ qu’il présume. Je n’ai pas envie d’aborder ce sujet. Tout est parti de là… Il m’a reproché de ne faire aucun effort avec eux. Qu’ils aillent au diable…

Quant au fait que je ne sois plus la ‘petite dernière’ à Sombrebois, je ne pense pas vraiment que cela change grand chose. Mais là encore je préfère me taire et laisser mon mari croire en ses convictions. Il verra bien que rien ne changera…

Notre halte se termine ensuite, nous repartons jusqu’à Sombrebois où nous n’avons aucune mésaventure à déclarer. Là, je prends rapidement une douche et je monte sur le chemin de garde relayer avant d’aller me coucher lorsque la nuit tombe.

Rien n’est plus comme au début et rien ne le sera plus jamais. Hector a beau faire semblant d’être – ou être réellement – passé à autre chose, pour ma part, je ne me remets pas de ce qu’il s’est passé sur le chemin du retour. Je n’oublie pas qu’il a quité mes bras pour partir sans moi. Il s’est peut-être ravisé, mais cette image reste gravée au plus profond de mon âme.

Je n’oublie pas ce que je lui ai dit la nuit venue. Je n’oublie pas qu’il a voulu m’abandonner à Ménerbes en plein milieu de la nuit. Je n’oublie pas tout ça. Comment l’oublier ? Il peut bien se mentir à lui même, il peut bien faire comme si de rien n’était – après tout il est très fort pour ça – mais jamais ce ne sera le cas. Jamais.

Je peux bien jouer le jeu et faire de même moi aussi, mais jamais ce ne sera la vérité. Jamais. Peut-être devrais-je partir. Peut-être est-ce qu’il attend, peut-être serait-ce le mieux.