Marbrume


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 Des apparences trompeuses [PV Sélène]

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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptySam 4 Avr 2020 - 3:48
Plateau du Labret - Usson
18 septembre 1166


Cinq jours après la tempête, le plateau du Labret cherche encore à se sortir du chaos. Les journées qui l'ont précédée ont inspiré la terreur aux âmes humaines, qui se sont barricadées dans leurs chaumières pour ne pas à avoir à affronter le fléau. Une brume lourde et épaisse s'est déposée sur les champs, gonflant les épis des céréales alors presqu'à maturité d'une humidité mortelle. Le brouillard épais a enveloppé les habitations, les granges, les fermes isolées et les petites villes pour les emprisonner dans la crainte des grognements, des griffes qui parfois lacèrent une porte ou un volet, des hurlements d'effroi et des appels à l'aide vains. Rarement le plateau n'a été aussi silencieux, vivant dans la peur qu'un bruit, un ronflement, un éternuement suffise à attirer les bêtes.

Que faire dans le silence si ce n'est prier? Combien ont-ils été à le faire, suppliant les Trois de les protéger, rappelant à Anür les dons au Temple et la dévotion familiale, implorant le pardon pour quelques égarements sans importance? Des dizaines. Des dizaines espérant qu'enfin, les dieux leur répondent dans le souffle du vent qui balayerait enfin les menaces. Sans le soleil pour la protéger, la moindre vie humaine devient une proie facile.

Le vent s'était levé. Finalement. Mais trop fort, trop brusque, il avait couché les épis des céréales qui, gorgés d'humidité, étaient restés sur le sol alors qu'une pluie diluvienne achevait de saturer la terre en eau, au point de lessiver les champs et de causer des infiltrations dans les toits de chaume. Puis le vent s'était tu, les nuages s'en étaient allés et la vie au Labret avait timidement repris, pour réorganiser le chaos qui s'était installé avec la brume.

Quatre journées de soleil avaient suivi. Quatre journée durant lesquelles les fermiers avaient sué corps et âme pour ramasser les épis, les faire sécher à l'abri des granges, sauver les légumes de la moisissure et lacérer les champs de multitudes de canaux destinés à évacuer les surplus d'eau vers les rivières. Mathilde Dumas faisait partie de ceux qui avaient travaillé durement. Avec des effectifs réduits, elle et ses gars avaient pourtant réussi à faire des miracles au champ, sauvant tout ce qui pouvait l'être, avant de filer aider le voisin dans un ultime effort de sauvetage d'orge et de blé. C'était probablement dans ces moments catastrophiques que Mathilde devenait un véritable trésor d'ingéniosité, organisant les tâches des uns et des autres selon leurs forces. Mais après trois jours de labeur la fermière était vidée. Au quatrième jour, le hasard avait voulu qu'elle croise un De Terresang grièvement blessé à Usson, et qu'elle conclut que son bienfaiteur ne pourrait pas se rendre pour elle à Marbrume.

En ce matin du 18 avril, Mathilde quitte donc sa ferme à contre coeur pour prendre la route de Marbrume, espérant y recruter le renfort qu'elle attend depuis un mois. La fin de la saison sera difficile à gérer, et les pertes humaines au Labret commencent à peser lourd dans la balance. Il faut regarnir les rangs et terminer l'année en beauté afin de remplir les greniers de la ville. Le poids de la survie de ce qu'il reste d'humanité commence à peser lourd sur les fermiers.

Quelque minutes plus tard, à Usson, elle s'arrête à l'auberge où elle pose enfin son séant dans un fauteuil presque confortable sans que personne ne vienne la déranger pour une histoire de canal bouché, de grains pourris à trier ou de légume qui tire une drôle de mine. Elle sait qu'à cette heure, les voyageurs sont sur le point d'arriver en quête d'un compagnon de route avec lequel partager la prudence nécessaire à un voyage serein. Hors de question pour la fermière de partir seule. Depuis sa rencontre avec les bannis, elle s'est jurée de ne plus commettre ce genre d'imprudence.

Les yeux mi-clos, au fond de la salle quasiment vide, Mathilde savoure la chaleur d'une tasse de tisane aux herbes au creux de ses mains. Devant elle, une tranche de pain garnie de beurre et de marmelade attend d'être croquée. La fermière respire profondément. Son arc et ses flèches sont posés sur le plancher de bois. Elle n'a rien d'une voyageuse mais Sophie, la fille du patron, sait qu'elle pourra diriger vers elle toute personne désireuse de trouver un binôme pour faire la route vers Sarrant, première étape d'un long voyage que Mathilde anticipe avec une certaine angoisse. Marbrume, pour elle, est désormais synonyme d'emmerdes, de danger et de mort.
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Sélène LoiteAssassin
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptySam 4 Avr 2020 - 9:48
Je me réveillais ce matin-là avec une gueule de bois plus qu’évidente et un poids sur la poitrine. Pas ce genre de poids métaphorique dû à une quelconque culpabilité ou peur, non un vrai poids vous dis-je ! En baissant les yeux, je découvrais une main agrippée nonchalamment à mon sein, et un abruti de quatre-vingts kilos y étant rattaché et ronflant à faire trembler les murs.
Ah oui, d’où la gueule de bois…
Je repoussais l’envahisseur ce qui me valut un grognement et m’asseyait sur le lit de paille en grognant à mon tour à cause de mon bras engourdi d’avoir supporté le poids du lourdaud. Une petite vérification plus tard, j’étais surprise de me trouver encore vêtue de mes dessous sous ma robe élimée. En me retournant, je découvrais que mon compagnon de chambrée avait encore son pantalon malgré une ceinture défaite. Je souriais. La nuit gratuite, et même pas eu à avoir écarter les cuisses, finalement cette gueule de bois annoncée un bon début journée. Je baissais les chausses de l’inconnu ronflant et allait piocher directement à sa bourse ce qu’il me devait pour cette nuit dont il n’avait finalement pas profité.
Hé ! Je ne suis pas si malhonnête, je me contente de la somme due, et si je le croise avant de partir, je lui ferais un grand sourire plein de sous-entendus. Croyez-moi, ça suffit à la plupart d’entre eux pour penser qu’ils ont été de formidable amant, peu importe la vérité.
Je me lève et profite de la bassine vide pour me soulager et de celle d’eau dans un coin pour faire une rapide toilette, pas tant que je suis sale que pour m’éviter de commencer un voyage avec une odeur corporelle qui n’est pas la mienne. Je remets en place mon semblant de robe, ma dague dans les pans du tissu et sans un regard pour mon hôte je quitte la chambre.

Voilà déjà une journée complète que j’attends ici avec ma petite histoire et pas encore eu l’occasion de partir. Je ne me plains pas, ça me permet de travailler un peu mon personnage, mais je m’attendais à plus d’émulsions suite à l’arrivée des étrangers. Mais j’ai remarqué que la nouvelle se répand péniblement, même ici à Usson, alors les curieux ne se sont pas encore près à faire la route pour aller voir. Il y a bien un convoi de mercenaires qui semble avoir envie de se renseigner, mais le soûlard avec qui j’ai passé la nuit et qui en fait partie n’a pas parlé de départ avant deux jours. Ça commence à faire long je trouve. Je descends des escaliers qui grincent sous moi, et m’offusque presque du sous-entendu qu’ils me crient. Non je ne suis pas grosse ! J’écrase la dernière marche sous mon talon, comme on écrase le pied de l’importun. Ça lui apprendra à cet escalier de bois.
Je souris et m’étire en observant la petite salle encore presque vide à cette heure.
Un bruit de gorge attire mon regard vers le comptoir, et la femme qui se tient derrière m’indique une table. À celle-ci se trouve une autre femme. Décidément, nous sommes bien matinales nous les demoiselles.

Je reporte mon regard sur la serveuse avec un sourcil levé de curiosité et elle hoche la tête pour confirmer que j’ai bien compris le message. Tiens donc !
Je pose deux des pièces que je viens de gagner sur le comptoir, l’une pour la chope de bière fraîche qu’elle me dépose rapidement. Vous savez, le mal par le mal. L’autre pour la remercier d’avoir gardé l’œil sur les gens en partance.
Je remonte machinalement le bord déchiré du tissu autour de mon épaule, tissu qui est toujours taché de sang à cet endroit même si je l’ai passé à l’eau plusieurs fois depuis avant-hier. Au moins c’est du rouge délavé à présent, presque rose. Je prends ma boisson et fonds vers l’inconnue avec un sourire aux lèvres, zigzaguant entre les tables. Arrivée à sa hauteur, je me penche pour voir au sol l’arc et les flèches que j’avais bien cru distinguer depuis le bar. Mon sourire s’élargit. C’est peut-être pour fanfaronner, mais c’est toujours plus prudent que si elle n’avait rien pour se défendre sur la route. Mon regard se pose sur la tartine et mon ventre groule. Je lève les yeux sur elle histoire de jauger un peu ma possible compagne de route. Elle a un air calme, déterminé sans être carrément orgueilleux, elle a l’air de se tracasser, mais je ne suis pas très bonne pour déduire les raisons de gens. Elle aussi est appétissante, sous bien des angles. Je pose ma main sur le dossier de la chaise face à elle en buvant une première gorgée de ma bière, ce qui calme un peu mon estomac encore remué.

Je peux ? » Finis-je par demander de mon sourire le plus sympathique.
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyDim 5 Avr 2020 - 4:35
Mathilde ne se retourne pas alors que les marches craquent sous le pas de l'occupant de l'une des chambres de l'auberge. Elle n'a jamais réellement désemplit, malgré la Fange, comme si rien ne pouvait empêcher les voyageurs de continuer à prendre la route en dépit des dangers désormais nombreux. Même le soir, les habitants d'Usson qui en ont encore les moyens viennent prendre leur dernier verre après une journée bien remplie. Le verre du condamné.

Sophie tousse. Le regard sombre de la fermière suit les mouvements de la serveuse qui semble indiquer sa table. Bon... un potentiel compagnon de voyage. Elle ne s'attendait pas à le rencontrer si tôt, mais la chance a peut-être voulu qu'elle croise un mercenaire en route vers Marbrume. Ça serait vraiment parfait, un mercenaire. Ça sait se battre, du moins en général, parce que certains se proclament mercenaires et meurent lors de leur première mission faute d'avoir les capacités d'aller plus loin. La curiosité de la fermière est éveillée. Elle n'a pas encore vu la personne à laquelle Sophie semble confirmer qu'elle a bien compris ce qu'elle voulait dire... Le pas, dans les escaliers, semblait léger et... Ça y est, elle entre dans son champ de vision. Ah. Ce n'est pas tout à fait ce à quoi elle aspirait. Mathilde lance un regard interrogatif à la serveuse. T'es sûre? Bien sûr qu'elle est sûre. Mathilde fait une petite moue, un peu déçue.

Pourtant, elle sait qu'elle ne doit pas se fier aux apparences. La plus innocente des femmes peut se révéler être une fine lame tuant de sang froid, tandis que le plus terrifiant des grands gaillards peut cacher une âme douce et empathique ne cherchant qu'à rendre de menus services. Elle ne a fait l'expérience. Elle-même porte une tenue qui parfois encore choque la gente masculine, malgré la jupe fendue qui couvre un pantalon d'homme ajusté à sa taille par ses soins. Elle aime cette tenue, pratique et passe-partout. Elle pourrait l'essayer aux champs si elle ne craignait pas de faire fuir les rares apprentis qui lui restent. Gentils, mais conservateurs. Elle l'est aussi, assez que pour ne pas apprécier l'allure de la jeune femme qui s'approche d'elle, maquillée -et beaucoup, en plus-, aux oreilles parées de nombreux anneaux de métal. Elle doit être assez aisée que pour pouvoir s'offrir des bijoux, même si sa tenue, elle, semble dire le contraire.

La fermière plonge son nez dans la tisane, le temps d'y prendre une gorgée. Elle songera à donner de meilleures indications à Sophie, la prochaine fois. Je veux un voyageur armé jusqu'aux dents, fort, entraîné et prêt à défendre la pauvre veuve inoffensive que je suis. Mathilde ricane intérieurement. S'ils savaient. La Dumas a fait du chemin, à sa façon. La femme est déjà à la bière, mais elle sourit. Si Mathilde le pouvait, elle quitterait sa table en disant qu'il y a méprise, que Sophie raconte n'importe quoi, qu'elle ne cherche personne et que d'ailleurs elle ne se rend ni à Marbrume ni à Sarrant, mais... elle n'a pas le temps de jouer la fine bouche. Alors lorsque l'inconnue demande si elle peut prendre place, Mathilde hoche de la tête en guise de réponse.

- Nuit difficile?

Mathilde sourit, presque compatissante. Qui sait ce que cette femme, dont la couleur des yeux est si peu ordinaire qu'elle en est dérangeante, a vécu dernièrement? Ses rêves sont peut-être peuplés de cauchemars, à moins qu'elle n'ait simplement abusé de l'alcool. La fermière pourrait se pencher vers celle qui s'annonce comme sa compagne de route pour en sentir l'odeur et se convaincre qu'elle n'est pas face à une ivrogne, mais ce geste serait totalement déplacé et impoli.

- J'imagine que si Sophie vous a indiqué ma table, c'est parce que vous comptez vous rendre à Sarrant aujourd'hui? C'est aussi mon intention. Je n'aime pas voyager seule, les routes sont réellement dangereuses en ce moment.

Elles le sont toujours au moment des récoltes. Elle espère que ses arrangements avec les bannis tiendront au moins quelques uns d'entre eux loin d'elle, mais elle ne peut pas en être sûre. Des parias, Marbrume a décidé qu'il y en aurait un peu plus le jour où la ville a découvert qu'elle était perméable et que ses hauts murs ne protégeaient pas vraiment la population d'une attaque de fangeux. Quelques hérétiques avaient suffi à semer la panique la plus totale dans le quartier qui se nommait maintenant le Chaudron, et qu'elle éviterait soigneusement pour ne pas réveiller de souvenirs traumatisants.

- Je m'appelle Mathilde. Prenez le temps qu'il vous faut, on partira quand vous serez prête, si ça vous convient?

S'il y a bien une chose qu'elle imagine, c'est que si la fille est en pleine gueule de bois, elle risque d'avoir besoin de temps, de calme et de manger quelque chose avant de se remettre en route. Du moins, c'est ce dont elle a besoin, elle, les rares fois où elle se réveille en regrettant profondément de ne pas avoir maîtrisé sa consommation. D'ailleurs, son pain lui fait de l'oeil et son estomac manifeste son envie dans un grognement sourd. Mathilde paraît un peu gênée mais ne dit rien, se contentant de saisir la tartine pour y croquer avec gourmandise, songeant qu'il vaudrait peut-être mieux partir seule plutôt qu'accompagnée de quelqu'un qui n'est pas en mesure de se défendre en cas de pépin. Tiens, d'ailleurs... elle est armée, cette fille? Mathilde n'y a même pas porté attention.
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Sélène LoiteAssassin
Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyLun 6 Avr 2020 - 20:04
Vie difficile ! » répondis-je en toute bonne foi, un air taquin mais sincère sur le visage. Appréciant mon propre humour vu qu’ils étaient peu à le faire.

Je m’assis donc face à l’inconnue, m’installant confortablement, jambes écartées, appuyée sur mes coudes un peu comme le font les garçons. Par chez moi on n’attendait pas des femmes qu’elles se comportent différemment, qu’elles respectent certaines règles de conduite. Un membre était un membre, quelque soit son âge ou son sexe. J’avais bien appris les « coutumes » en règle dans le royaume, et je savais les respecter au besoin. Mais ce matin, dans une taverne perdue au milieu des fermes, je n’en sentais pas la nécessité outre mesure, surtout pas sur ma posture.

A vrai dire, j’aimerais même pousser jusqu’à Marbrume au final. Mais moi c’est juste parce que j’aime bien qu’on m’écoute parler ! »

Je ris franchement cette fois de ma remarque rendue particulièrement drôle par le fait qu’elle n’était vraiment pas amusante dans le contexte actuel. Oui je sais, je suis bon public, mais hé ! Il en faut pour tous les goûts.
J’en profitais pour observer ma potentielle partenaire de route plus en détails. Elle est belle. Pas de la beauté des tableaux ou des grandes dames, mais de celles dont la beauté à survécu au-delà des épreuves, un peu comme le fil d’une lame devenu plus tranchant après être passé à la meule. Elle me parait grande, et pourtant je ne suis pas petite, mais je crois que j’aurais besoin de lever un peu les yeux pour croiser les siens. Je remarque de la corne sur la main qui tient sa tasse. Une manuelle sans aucun doute possible. Elle est plus prononcée à la pointe de trois de ses doigts.
Ceux avec lesquels on tient la corde à l’instant de bander l’arc en général. Ça me rassure de me dire que je ne vais pas me retrouver sur la route avec quelqu’un qui ne sait pas se servir de son propre équipement. Si je suis obligée d’attendre de la compagnie avant de prendre la route, ce sont pour les apparences. Je me sens plus en sécurité avec moi-même. Mais c’est vrai qu’à choisir, je préfère un débrouillard à un incompétent. La fameuse Mathilde, comme elle vient de se présenter, c’est une débrouillarde.

Sélène, enchantée Mathie ! Je n’ai que ce que j’ai sur moi à emporter, alors je suis prête quand tu l’es. » Je tourne ma langue sept fois dans ma bouche et me corrige comme le fait une enfant qui s’aperçoit de sa faute. « Vous l’êtes !!! Pardon je n’ai pas l’habitude de vouvoyer les gens. »

Je porte ma chope à mes lèvres en essayant d’ignorer la bouche croquant dans la tartine et je la descends complètement dans de délicieuses et avides gorgées avant de la poser sur la table en poussant un miaulement de satisfaction. Mes pieds glissent derrière les barreaux de ma chaise et ma tête finie dans mes mains. Je me mets doucement à me balancer en regardant mon interlocutrice. Je me demande si c’est une personne intéressante ? Les paysans le sont rarement, même par les temps qui cours, trop terre à terre, trop réaliste, on ne s’amuse pas avec eux, même pas au lit. Et leur viande est filandreuse, trop de nerf. Mais elle, elle me semble un peu mieux. Déjà elle a un arc, et ça c'est amusant. De plus, c’est une femme, pas de mari en vue ça veut surement dire qu’elle mène la barque sur son exploitation. Ou alors monsieur est alité et elle est la seule à pouvoir se déplacer… J’espère que non elle en serait beaucoup moins intéressante. Non, on va dire que non. Alors une femme qui dirige sa propre ferme et qui va a Sarrant ? Obligation d’affaire ? Sans doute, mais quel genre ?
Oui je sais ce que vous vous dites, mais je suis comme ça je me pose de vite une tonne de question. Euphélie aime le faire remarquer en disant « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ton cerveau va plus vite que ta bouche. » Petite ça m’agaçait, aujourd’hui je comprends ce qu’elle veut dire, mais ça m’agace toujours. On ne se refait pas.
Je n’ai pas besoin de me pencher pour me souvenir qu’elle a onze flèche dans son carquois, ne me demandez pas comment je le sais, je m’en souviens c’est tout. Tout comme je me souviens que la Sophie qui tient le bar a volé des pièces dans la caisse de son père hier soir et qu’elle fait de l’œil à un milicien qui porte une chemise dont l’un des boutons a sauté. Je suis foutue comme ça, je me souviens. Bref !
D’habitude les carquois complets comportent douze traits. Est-ce qu’elle en a tiré un ? Sur qui sur quoi ? Ou alors elle n’aime pas le chiffre douze. Ou elle l’a oublié chez elle ? Non, ce serait stupide, et puis pourquoi elle aurait sorti une des flèches sans la remettre à la base ?
Hé ! Je vous avais prévenu pour les questions, mais d’accord, revenons à nos moutons, même si de leur présence, il n’y en a trace autour de la fermière. Je me demande si elle a des vaches ?...
Pardon, pardon.

Vous savez combien de temps il y a jusqu’en ville ? je n’ai fait la route qu’une fois et j’étais dans une charrette. »

Je remonte la manche déchirée de ma chemise sur mon épaule, et elle retombe. Ça me fait sourire, alors je recommence.
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyMar 7 Avr 2020 - 4:12
Vie difficile. Mathilde sourit discrètement. Qui n'a pas de vie difficile, en ce moment? La femme au regard clair le dit sur un ton léger, mais la fermière comprend qu'elle ne plaisante pas tout à fait. L'inconnue s'installe d'une façon peu commune, à la manière d'un milicien qui aurait trop bu après une journée de marche forcée, et annonce qu'elle continuera éventuellement jusqu'à Marbrume. Mathilde ne relève pas. Si le trajet jusqu'à Sarrant se passe bien entre elles, elle pourra lui proposer de poursuivre la route, sinon, elle taira sa destination ultime et trouvera un autre compagnon de route. En espérant que Sophie ne l'ait pas vendue. Juste parce que j'aime bien qu'on m'écoute parler. La jeune femme éclate de rire. Mathilde ne relève pas. Un moulin à paroles, voilà qui est fabuleux... Elle qui espérait tomber sur un muet pour ne pas à avoir à entretenir une conversation avec quelqu'un qu'elle ne reverrait jamais... La fermière songe qu'avec un peu de chance, son binôme se chargera de trouver des sujets de conversation.

- Enchantée est un bien grand mot, mais je suis contente de vous rencontrer et de partager la route avec quelqu'un qui ne tire pas une tronche jusque par terre. Ça fait changement. On peut garder le tu, je m'offusquerai des familiarités le jour où je serai Baronne. Le sourire de Mathilde s'étire à peine. Baronne du Labret, ça sonne mieux que Comtesse, mais Comtesse rime avec princesse, et elle trouve ça plutôt charmant. Baronne, ça sonne vieux et paresseux, dans ses oreilles. Quoi qu'il en soit, jamais elle ne sera ni l'une ni l'autre.

Mathilde mange sa tartine, qui lui calera l'estomac jusqu'à tard dans la soirée. Elle mangera sans doute un solide souper dont elle gardera une part à grignoter le lendemain, sur la route vers Conques, le segment qu'elle redoute le plus tant il est long et mal fréquenté. C'est là que Rowan l'a enlevée après l'avoir assommée par derrière. Elle ne se laissera plus avoir. Mathilde regarde Sélène, qui la regarde. Bon. Au moins elles se dévisagent mutuellement pour se jauger. La fermière est la plus grande des deux, ça, c'est habituel, mais aussi la plus fine. Sélène semble plus athlétique, un peu à la manière de la forgeronne que Mathilde a croisé, quelques mois auparavant. Quel est son métier, à elle? Un métier qui lui permet d'arborer une allure peu banale sans que cela ne gêne... et qui rapportait assez, à un moment, que pour qu'elle puisse s'offrir des bijoux. La fermière imagine mal cette femme, qui se balance devant elle, occuper une activité traditionnelle ou publique. Une artisane, peut-être? Son regard se pose sur les mains qui encadrent le visage de la noiraude, mains qui semblent propres, plus propres que celles de Mathilde dont le contour des ongles est toujours souligné d'un trait de terre.

- Marbrume? Je compte d'habitude trois jours. Une étape à Sarrant, puis une journée jusqu'à Conques et de là, Marbrume, le troisième jour. Si tout va bien. A pied, c'est un peu plus long. Tu as un cheval, hein, parce qu'honnêtement, tu veux pas faire la route à pied. Certainement pas à cette période de l'année.

Mathilde en a un. Pas Marguerite qui, engrossée, profite d'un congé et paresse gaiement dans le pré, mais un cheval qui tiendra bien la route et qui a l'avantage d'être extrêmement bien soigné. La fermière a remercié son ami une bonne quinzaine de fois et le fera certainement encore autant à son retour. Si Sélène veut prolonger leur route jusqu'à Conques, il faudra qu'elle se dégote un cheval, si elle n'en a pas un. Tu es réellement prête? Je veux dire... t'as pas de sac, pas de gourde à remplir, pas d'armes à embarquer? Masque-t-elle une vague inquiétude? Pas du tout. Secrètement, la brune espère que la noiraude sorte un sac de sous sa jupe, ou indique un arc ou une épée déposée un peu plus loin. Comment pourrait-elle voyager comme ça, sans rien d'autre que ce qu'elle porte, alors que ce qu'elle porte est en plus déchiré? Mathilde termine sa tartine. Combien de fois Sélène a-t-elle remonté le tissu sur son épaule, sous un regarde noisette qui suivait le mouvement? Au moins quinze. Et elle va le faire durant toute la route vers Sarrant. L'idée suffit à agacer Mathilde qui se lève, murmure un Je reviens presque exaspéré et se dirige vers le comptoir où elle demande à Sophie du fil, une aiguille... et accessoirement le genre d'informations qu'elle a donné à sa cliente. Par la Grâce des Trois, la serveuse a omis de mentionner Marbrume comme ville de destination.

Quelques instants plus tard, Mathilde s'assoit à côté de Sélène avec une bobine de fil et une aiguille. Tu permets? demande-t-elle en désignant la manche déchirée. Ça sera pas long, et si je ne le fais pas, ça va t'emmerder. Si ça t'emmerde, ça te distrait, et si ça te distrait, tu vois pas les coups arriver. J'ai besoin de quelqu'un qui sait se défendre, parce que j'ai aucun talent pour protéger qui que ce soit. Je suis un peu limite avec moi-même, tu comprends? Mathilde n'a pas attendu que la jeune femme consente ou non à sa proposition et a enfilé le fil dans le chas de l'aiguille, prélevé une longue section du fil en le coupant avec ses dents et fait un noeud. J'ai rencontré à peu près tout ce qui est rencontrable sur cette route, je suis pas très sereine pour tout te dire. Bouge pas. L'aiguille tenue entre ses lèvres, elle remonte la manche et rapproche les bords du tissu déchiré. Elle les maintient de ses longs doigts, avant de prendre l'aiguille pour entreprendre de réparer la déchirure. Si tu ne viens pas à bout de la tache, tu penseras à teindre le tissu. Ça se fait bien et ça évite de jeter quelque chose qui peut encore servir. Tache de sang, Mathilde ne connait que trop bien ce genre de couleur brunâtre avec un cerne légèrement plus prononcé. Elle a essayé d'en nettoyer, des chemises... pour finalement devenir une spécialiste de la teinture afin de masquer les accidents de travail qui sont monnaie courante à la ferme.

Mathilde se tait. Concentrée sur son travail, qu'elle exécute avec minutie en prenant garde de ne pas piquer Sélène ni de trop tirer sur le tissu afin de ne pas dévoiler un peu plus de peau. Dénuder ses épaules est une chose que Mathilde ne fait pas, elle qui reste si pudique en dehors du cercle restreint de ses amants. Quelques points suffisent et, réalisés avec soin, ils se confondront sans doute avec le pli naturel du tissu. Là. C'est mieux non? Elle rompt le fil excédent avec les mains et inspecte son travail avant de hocher de la tête, satisfaite et visiblement soulagée. Maintenant, je suis prête. Prends tes affaires et à nous Sarrant.

Mathilde se lève, termine sa tisane désormais froide et grimace. Qu'y a-t-il qui soit pire qu'une tisane froide? Elle ramasse son arc et son carquois, passe une sacoche en bandoulière et se dirige vers le comptoir pour attraper sa gourde fraîchement remplie. A bientôt, Sophie! lance-t-elle à la serveuse avant de sortir. A dans une semaine Mathie! Sois prudente hein! La fermière plisse les yeux. Idiote.
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Sélène LoiteAssassin
Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyMar 7 Avr 2020 - 12:12
La fermière baronne, le concept m’amuse je l’admets, mais j’essaie de ne pas rire. Elle a du répondant, à la limite entre la sympathie et la mise en boite. J’aime bien. Si elle a des vaches c’est le gros lot ! Qu’est-ce que j’ai avec les vaches moi ? Ce n’est pas beau une vache. Mais c’est bon ! Mais visiblement si elle a des vaches elle ne les a pas sur elle. Je crois que ça me déçoit un peu, mais elle n’y peut rien si elle n’a pas pensé à prendre une vache avec elle juste au cas où elle rencontrerait une fille dans une taverne que ça intéresserait.
La vie n’est pas parfaite hein ? Au moins je peux la tutoyer, ça fera moins d’effort. Je fais tout de même la moue à l’idée de devoir monter sur un canasson. Ils sont dangereux aux deux extrémités et fourbe au milieu. Après le fait que je n’en ai pas arrange la question. Mais c’est vrai que trois jours, peut-être plus à pieds, ça va être long. Si au moins y avait une vache…
J’extirpe les quelques pièces d’une poche cousue dans le tissu, et fronce les sourcils avant de sourire à ma compagne de route potentielle.

J’ai ma robe, sept pièces, un couteau et ma bonne humeur. C’est tout ce qu’il me reste à emmener. »

Je lui fais un sourire victorieux, comme si ma panoplie était digne des plus grands aventuriers. Mais vous l’avait sans doute remarqué vous… Oui j’ai honte car je lui ai menti. Je lui ai caché une chose importante. C’est un poignard, pas vraiment un couteau. C’est juste que c’est un terme péjoratif pour les gens « poignard », ça assassine, ça tue. Alors que « couteau » ça coupe, ça protège. Vous voyez ce que je veux dire ? ça ne fait qu’une journée que j’ai débuté ma mission et je mens déjà sur un sujet qui ne fait pas partie de ma couverture. Il va falloir que je m’entraîne. J’essaie de cacher ma déception et continue.

On dirait que je vais devoir courir une partie du chemin, j’ai pas les moyens d’acheter ou de louer un cheval. La vie est mal faîte. »

Malgré la gravité de la situation j’admet que je suis surtout concentrée sur une goutte qui m’a échappée dans ma chope et que j’essaie de faire descendre en la retournant. J’arrive à la récupérer sur mon doigt et la montre victorieusement à Mathilde, mais elle n’est plus là. J’ai perdu Mathilde ! Ah non, elle revient, ouf. Je porte la goutte à mes lèvres alors qu’elle entreprend de recoudre ma manche. Ça va être moins drôle ainsi non ? Mais bon, on ne mord pas la main qu’on nous tend, c’est malpoli, même si c’est bon. Alors j’hoche la tête et ne bouge plus le bras pour la laisser travailler. Elle a l’air très inquiète à l’idée de devoir me protéger. Il ne me semble pas lui avoir demandé de le faire… Si ? Vous pourriez m’aider au lieu d’être juste dans ma tête !
Ohh ou alors elle s’inquiète pour moi ? C’est trop mignon ! Je la prendrais bien dans mes bras mais j’ai peur qu’elle me pique. Je vais au moins essayer de la rassurer alors.

T’en fais pas, je sais que le bout pointu va dans la personne qui t’embête. Et puis si vraiment ça tourne mal, je ne t’en voudrais pas si tu me laisses derrière. Ce serait surtout stupide qu’on meurt toutes les deux ! Mais moi je sens que ça va le faire ! J’ai un bon pressentiment. On fait déjà de la couture ensemble, je déchire, tu recouds, on fait une bonne équipe ! »

Je regarde les tâches sur le tissu et hausse les épaules manquant de la faire me piquer, et je fais une moue d’excuse. Ne bouge pas idiote !

C’est tout ce qu’il me reste du paternel, je vais les garder encore un peu. Par principe, tu vois ? Mais je garde ton conseil en tête ! »

Je regarde finalement les points de tissus qui me font presque penser à ceux qu’on utilise sur une plaie. Mathie est peut-être encore plus intéressante que ces minutes le laissent paraître. Je me demande si elle me raconterait si je lui demande. Après j’ai conscience que tout le monde vit des choses pas foncièrement amusantes par les temps qui cours, mais la plupart n’y survivent pas assez longtemps pour en parler. Je me demande s’il y a des événements intéressant dans cette caboche de paysanne. J’aime bien les histoires.
Je ramasse mes pièces et les enfourne à leur place en me levant. Je remue le bras pour vérifier que ça ne serre pas.

C’est parfait, en route ! Je suppose que tu as un cheval toi. J’espère qu’il ne va pas me mordre. »

Je la regarde s’équiper, une vraie professionnelle ! Moi je me balance sur mes talons comme une enfant en attendant qu’elle finisse et je la suis vers la porte. La remarque de la serveuse me fait glousser. Une bien belle façon de mettre les pieds dans le plat pour un sujet que ma compagne a sagement évitée histoire de ne pas s’engager sur la durée. J’imagine parfaitement l’impression que je fais, si je me rencontrais dans une taverne, je ne suis pas certaine que je voudrais m’accompagner non plus.
Mathilde n’est pas idiote, un peu fourbe peut-être, mais pas idiote, j’aime bien ça. Mais il faut quand même que je pose la question. Sinon le malaise persistera…

Tu as des vaches Mathie ? »

Vous espériez quoi ?
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyJeu 9 Avr 2020 - 4:24
J’ai ma robe, sept pièces, un couteau et ma bonne humeur. C’est tout ce qu’il me reste à emmener.

La phrase a tourné dans la tête de Mathilde qui, en faisant des points de couture, s'est appliquée à ne pas se perdre dans les milles et un scenarii que ces quelques mots peuvent susciter. Mais maintenant qu'elle a passé le cadre de la porte de l'auberge et qu'elle s'en va vers les écuries pour y récupérer sa monture, les idées se bousculent. Les possessions de Sélène sont maigres et ressemblent celles d'une femme qui a probablement fui une maison à la hâte en n'empoignant que ce qui lui tombait sous la main : une bourse à moitié vide et un couteau qui traînait par hasard sur la table. Pourquoi? Que fuyait-elle? Pas un fangeux, elle n'y aurait pas survécu à moins d'un coup de chance extraordinaire. Un homme? En parlant des taches de sang, Sélène a dit que c'était tout ce qui lui restait de son père... Une femme battue, une autre. Peut-être parce qu'elle n'est pas assez docile, en témoigne son apparence si particulière. A moins que le sang ne soit le résultat de l'attaque d'un fangeux sur son père alors qu'elle était absente, et qu'elle l'a trouvé gisant dans une mare de sang. Osera-t-elle lui demander son histoire? Certainement pas. Déjà avant la fange, les histoires des paysans du Labret pouvaient parfois être sordides alors depuis... Peut-être réussira-t-elle à lui en demander quelques bribes. Peut-être pas.

- C'est déjà moi. Mathilde sourit au vieux palefrenier qui a pris soin de sa monture et lui glisse un pièce dans la main. Voilà qui efface enfin ma dette.

Une petite dette, payée régulièrement pour ne pas accumuler quelque chose d'insurmontable et pour ne pas mettre un honnête travailleur dans l'embarras en le privant de ce qui lui revient. Parfois c'est avec une pièce qu'elle le paye, mais le plus souvent c'est avec de la nourriture qu'elle produit. Chacun finit par y trouver son compte, et la monture de Mathilde se fait toujours bichonner en son absence, lorsqu'elle se présente au temple, à l'auberge ou encore quand elle fait cuire son pain dans le four commun. Mathilde se retourne vers Sélène. Elle a l'air d'avoir de bonnes jambes, elle tiendra la route. Au moins jusqu'à Sarrant. Tu as des vaches, Mathilde? La fermière esquisse un sourire amusé.

- J'ai l'air riche à ce point? Je n'en ai qu'une. Elle s'appelle Catin, oh pas à cause des prostituées, non, juste parce que ma grand-mère utilisait ce mot-là pour parler des filles de la campagne. ... et parce que Mathilde n'aime pas les prostituées. Prostituées que fréquentent les maris, sans se cacher, et les marins, même le plus beau d'entre tous, cet adorable connard de pirate qu'elle aimerait beaucoup revoir, même si elle tente de ne pas trop espérer.

- Je suis pas une éleveuse, je suis maraîchère. Mon truc ce sont les légumes. Et toi, c'était quoi ton truc?

Mathilde a osé une question d'ordre personnel, et quelque chose lui dit que la nonchalance de son interlocutrice va lui faire regretter cette audace. Il y a un truc qui cloche avec elle. Quelque chose qui la chiffonne, sans qu'elle puisse réellement mettre le doigt dessus. Raisonnablement, elle ne devrait pas faire la route avec elle, qui a l'air de tout sauf de quelqu'un de fiable. La petite voix intérieure de la fermière lui murmure de se méfier, mais son empathie naturelle la pousse à ne pas la juger sur son apparence et à aller au-delà. Un exercice intéressant, pour la route à venir.

Les bruits étouffés de sabot frappant le sol de terre battue empêchent Sélène de répondre, parce que Mathilde se détourne d'elle pour voir arriver un cheval beaucoup trop haut, beaucoup trop impressionnant et à la robe beaucoup trop luisante pour elle. Aymeric n'a pas plaisanté lorsqu'il lui a proposé de lui prêter un cheval de guerre en attendant que Marguerite pouline. Elle va à sa rencontre, récupère la longe des mains du palefrenier et le remercie d'un hochement de tête, avant de plonger une main dans sa poche pour en sortir un morceau de pomme à moitié sec qu'elle fourre sous le museau de la bête. Doux... Tu me reconnais? On part en promenade, tu vas pas m'envoyer dans le fossé hein? La main de Mathilde flatte doucement le museau du cheval, s'aventure vers son encolure alors qu'elle se déplace tranquillement vers le flanc, remonte vers la crinière tressée avec soin. Finalement, elle s'agrippe à la selle et, met un pied à l'étrier. Se donnant un bon élan, elle s'installe aisément sur la selle. Un miracle. Et le cheval bouge à peine, ce qui la rassure un peu.

Mathilde ajuste son arc, dans son dos. Replace son sac pour qu'il ne la gêne pas si elle doit tirer. Remue des fesses pour se placer correctement. Fait passer son carquois sur sa hanche, afin d'avoir un mouvement fluide s'il faut encocher. Elle prend son temps, avant de réaliser que Sélène est prête et doit piétiner d'impatience. A moins qu'elle ne soit partie en avant. Ce serait surtout stupide qu’on meurt toutes les deux ! De ce côté-là les choses ont le mérite d'être clair : c'est chacun pour soi. Mathilde dépose la longe devant elle, saisit les rênes et d'un léger coup de talon invite sa monture -dont elle n'a pas retenu le nom, ce qui est vraiment dommage parce qu'Aymeric en a l'air si fier- à rejoindre Sélène.

- On y est. Je t'inviterais bien à grimper mais je connais pas vraiment ce cheval et je voudrais pas qu'il nous envoie dans le décor parce que ça le dérange... Elle sourit. La dernière fois qu'elle a pris une femme derrière elle, ça s'est fini avec beaucoup trop d'alcool, beaucoup trop de proximité et des choses que les Trois réprouvent particulièrement. Alors Sélène, toi qui aimes qu'on t'écoute parler, je t'en prie, raconte-moi tout ce que tu veux. Sauf des histoires de fangeux, j'en ai eu pour mon lot, des fangeux. Mathilde indique la direction à prendre et laisse... appelons-le Sa Majesté... la porter vers la sortie d'Usson et la grand route. La fermière affiche tout à coup un air satisfait. Elle chevauche Sa Majesté. Mathilde songe qu'il y a un nombre incalculable de blagues à faire avec ce cheval. Si les histoires de Sélène ne sont pas divertissantes, les pensées de la brune, elles, le seront à coup sûr.
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyJeu 9 Avr 2020 - 19:45
Haha ! Je le savais ! Elle a des vaches !!! Bon une seule, mais ça ne reste pas si mal je trouve. La grand-mère devait être un personnage intéressant aussi pour voir des catins chez toutes les filles de paysan. Elle doit être morte, mais je pense que je ne devrais pas demander. J’hésite entre la mort et le sexe pour lui répondre. Je n’arrive pas à me décider. De toute façon quand j’ouvre la bouche, la malpolie n’écoute pas toute obnubilée qu’elle est par l’arrivée d’un… foutu monstre ! Si ça c’est un canasson, moi je suis duchesse !
Je fronce les sourcils devant la vermine, bien décidée à ne pas me laisser entrainer dans un affrontement de regards avec l’animal, j’ai d’autres chats à fouetter. Je me demande quand même comme elle peut avoir accès à une telle monture. Je suis pas experte, mais je sais reconnaître une monture de nobliau quand j’en vois une. Et ce truc doit valoir la moitié de Usson par les temps qui cours. Je vous accorde que c’est pas une si grosse somme vu l’état du village. Mais quand même…
Mathie est plus intéressante et dangereuse que je ne l’aurais cru. Ça me fait sourire à pleine dents alors que je prends quelque pas d’avance. Mais la gourgandine sur son putois géant me rattrape rapidement. A sa non-proposition je fronce quand-même le nez d’un presque dégout. Juste au cas où.

T’en fait pas, je me sens bien mieux sur le plancher des vaches ! » Je fais les yeux ronds et j’explose de rire. « Les vaches ! Comme Catin ! T’as compris ? »

Je n’attends pas de réponse réellement, trop occupée à glousser de ce hasard des mots. Je me lance dans une intense réflexion à sa question alors qu’on passe les portes du village. Que pourrais-je bien dire ? Pas de fangeux, ça limite les histoires drôles récente. Je finis par trouver quelque chose maintenant que le bruit de la nature empiète sur celui de l’être humain. J’aime bien la nature. Il y a des arbres, des cailloux, de l’eau qui coule sans qu’on l’arrête, une fleur qui pousse sans que personne l’arrache. Ouais c’est sympa la nature, c’est simple.

T’es une proie ou un prédateur, pas de nuances malsaines comme chez eux. Enfin eux, j’en fais partie aussi ! Même si une fois j’ai vécu plusieurs semaines avec une famille d’écureuils, je grimpais dans les arbres et je mangeais des noix. J’étais si bien que je me suis même mise à me demander si mon âme s’était pas trompée de corps à la naissance. Et puis un jour j’ai eu faim d’autres choses que des noix…
Hum non, finalement j’étais pas un écureuil.
Mathie ? Ah ! Oui Mathie ! Allez, je me lance.

Un père, pauvre et sans éducation autre que celle de la vie, a cinq filles, il les aime toutes mais en préfère une, même s’il essaie de ne pas le montrer. Il fait des parts de gâteau un peu plus grosse pour elle, il peigne ses cheveux, il pense à elle en premier quand il s’inquiète. L’une d’elle est herboriste, elle sent la fleur en permanence. L’autre est scribe, les doigts toujours tachés d’encre. La troisième est une prostituée elle ramène de l’argent et des bleus. Les deux dernières sont rivales, elles veulent toutes les deux hériter du terrain familial, l’une pour en faire une ferme, l’autre un élevage. »

Mon pas s’est allongé, ma respiration approfondie, j’avale les mètres avec calme et efficacité. Mes sens sont plus alertes. Je me sens tellement plus à l’aise dans ce danger permanent et naturel. Je regarde par-dessus mon épaule pour voir si Mathie écoute bien et sourit avant de tirer la langue au cheval et de poursuivre.

Un jour, le papa entre dans la chambre de sa fille préférée. Huuum, disons que c’était pour faire un peu de ménage ! Il rencontre alors quelqu’un ! Quelqu’un qui a la tête en bas ! Sacrée découverte se dit le père. Et pire encore, ce quelqu’un connait toutes les langues ! Mais pourtant le père n’en comprend aucune. C’est aberrant non ? »

Je me tourne et fait quelques pas sur mes talons le temps de fixer ma compagne de voyage avec un sourire espiègle.

Qui est sa fille préférée et comment le sais-tu ? »
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptySam 11 Avr 2020 - 3:16
- C'est la prostituée.

La conclusion de Mathilde à l'histoire de Sélène est tombée. Quelques minutes plus tôt, elles avaient pris la route de Sarrant, l'une à pied, l'autre à cheval. La première n'avait pas masqué son étonnement face à la monture de guerre que chevauchait celle qui se voulait être une simple fermière du Labret, ce qu'elle était... en plus d'avoir de bons amis. Un long silence avait suivi la demande de la brune. Un long silence durant lequel la noiraude avait semblé se perdre dans de longues réflexions. Était-ce parce qu'elle était à cours d'histoires? Parce qu'elle ne voulait pas aborder un sujet plus personnel?

Pendant de longues minutes, ni l'une ni l'autre n'avait déserré les lèvres. Mathilde s'était même laissée emporter par un jeu qu'elle appréciait : identifier les oiseaux dont elle entendait le chant. Un merle perché dans un arbre, une pie plânant dans le vent, des moineaux virevoltant dans le ciel, un joli rouge gorge qui s'était envolé à quelques pas d'elle,... et le pas lourd, tranquille et régulier de Sa Majesté. Finalement, Sélène avait pris la parole, contant l'histoire d'un père de cinq filles, ayant une favorite dans la chambre de laquelle il avait trouvé quelqu'un la tête en bas et connaissant toutes les langues.

Mathilde n'avait absolument rien compris à la fin de l'histoire. Quelqu'un la tête en bas, et connaissant toutes les langues. Elle avait envie de demander des précisions mais le sourire espiègle de Sélène l'en avait dissuadée. Alors elle avait réfléchi en fonction de ce qu'elle connaissait des hommes... et elle en était arrivée à la conclusion que la préférée des cinq était la prostituée.

- Je sais qu'on aurait tendance à éliminer la prostituée, parce que c'est une activité réprouvée par le clergé, complètement immorale et blablabla, et que normalement une fille préférée devrait avoir une occupation plus respectable, mais je crois que la préférée est la prostituée. Et c'est purement pragmatique et intéressé. Et ça n'en est que plus glauque, mais soit. Mathilde explique sa réflexion. Une fille qui dispose de sa propre chambre, qui reçoit un peu plus de nourriture, dont on prend soin de l'apparence, pour laquelle on a l'occasion de s'inquiéter, c'est une fille que l'on soigne parce qu'elle peut rapporter quelque chose. Le père est pauvre, que peut-il espérer si ce n'est que l'une de ses filles ne réussisse à mettre la main sur un riche soupirant et l'épouse? Sauf que c'est compliqué, pour une fille de pauvre, de trouver l'homme qui lui offrira un meilleur statut. Je laisse donc l'herboriste et la scribe, qui pourraient être bien sous tous rapport mais pas au point que d'être la préférée. Du moins pas dans le sens où je l'entends. Parce que évidemment, avoir une scribe dans la famille, c'est avoir consenti à de gros sacrifices pour lui permettre d'apprendre à lire. Bref... Mathilde se dit qu'elle parle déjà beaucoup trop, et que ça n'augure rien de bon... bien que la question, finalement, ne soit pas vraiment dangereuse. Du moins c'est ce qu'elle pense. Si le père entre dans la chambre et ne s'offusque pas d'y trouver quelqu'un, c'est que c'est une habitude. Une chambre, une personne qui ne dérange pas, nécessairement, pour moi, c'est la prostituée. Qu'il soigne parce qu'elle rapporte de l'argent, autant que des inquiétudes. C'est un peu étrange de faire de la catin la préférée de son père, mais j'ai envie de croire que c'est uniquement par intérêt qu'elle l'est.

Mathilde hausse les épaules. Dans la mesure où je n'ai rien compris au quelqu'un qui a la tête en bas et qui connait toutes les langues, je me fie au bon sens des pauvres gens et à ce que les hommes peuvent avoir de pourri en eux. J'ai bon? Elle sourit. Merde... c'était peut-être une réponse un peu culottée de la part d'une honnête fermière. Mais Sélène n'était pas une honnête femme élevée dans la seule perspective de faire une bonne épouse. Son attitude seule suffisait à le démontrer.

Comme pour confirmer le fait qu'elle a beaucoup trop parlé, la gorge de la fermière semble tout à coup réclamer sa part d'eau, ce à quoi Mathilde se plie en prenant une grange gorgée à même sa gourde. T'en veux? demande-t-elle à la noiraude.
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyDim 12 Avr 2020 - 12:53
Je réfléchis un instant à sa réponse, fronçant légèrement mes fins sourcils sans pour autant me départir de mon sourire, ce qui doit me donner une expression bizarre. Ça me rappelle la vieille femme qui vivait près de la taverne dans mon village natal. Elle avait toujours un drôle d’air. Comme si tout ce qu’elle voyait l’amusait et la mettait en colère tout à la fois. Je me suis toujours demandé si c’était le cas, ou si elle n’arrivait pas à se décider entre les deux, du coup son visage aurait fini par hésiter en permanence aussi. Vous croyez que c’est possible ?
D’avoir son corps qui hésite entre deux attitudes tellement souvent qu’il finit par en créer une nouvelle, représentant les deux à la fois ? Je me dis que j’aurais dû lui demander oui. Mais quand j’étais petite elle me mettait trop mal à l’aise avec son regard, j’avais l’impression qu’elle voyait quelque chose comme Euphélie, mais elle, ça ne la rendait pas curieuse. Juste soit amusée, soit en colère, soit les deux. Et quand je suis revenue, des années plus tard, elle était morte et enterrée. Enfin au moins morte. Enterrée, je sais pas, elle avait pas de proche de ce que je sais. Bon peut-être que le village l’aurait fait pour éviter l’odeur mais vu la bande, ça aurait pris un moment pour qu’ils se décident. Un corps en décomposition c’est vraiment pas une super compagnie. C’est marrant quand on sait que ça peut être si appétissant quand c’est coupé de frais !

Je pense pas être plus immorale que la moyenne des humains, après peut-être pour le clergé ouais ! hum… » je réfléchis à cela un court instant, mais je dois admettre que je n’y crois pas vraiment. Oh, j’ai conscience d’être une personne qui fait du mal par moment. Même si je n’éprouve pas de honte pour mes victimes, je sais que certaine sont plus innocentes, et meilleures que moi. Mais je sais aussi que ce monde est de toute façon pourri jusqu’à la racine, je ne fais qu’ajouter ma goutte au chaos ambiant. Je pense que ce clergé, qui peut me condamner selon ma compagne de route, a bien plus de sang sur les mains que moi. Je pourrais presque applaudir leur capacité à faire le mal si je ne les haïssais pas autant.

En tout cas c’est une mauvaise réponse ! Logique, et pas sans intérêt, mais mauvaise. »

Je prends sa gourde avec un regard reconnaissant en faisant bien attention de ne pas m’approcher à plus d’une longueur de bras de son démon à quatre pattes. Je bois une toute petite gorgée que je fais longtemps tourner dans ma bouche avant de l’avaler. Je suis habituée à vivre avec peu. Dans notre camp, chaque gorgée d’eau potable est précieuse, elle doit nous durer plusieurs heures. Je lui rends son bien. Je l’aime bien Mathilde, elle est pragmatique mais pas sans cœur. Elle pense à sa survie et pourtant me prête sa gourde alors qu’il est assez évident qu’elle se demande encore si elle a bien fait de s’attacher un boulet tel que moi en route jusqu’à Sarrant. En plus elle a une vache, et elle fait pousser des trucs. C’est une femme qui a de la patience et qui aime la vie. Je trouve ça plutôt cool. En plus elle a une jolie croupe ! Ouais je vous l’ai pas dit plus tôt, car je sais que vous comme moi on portait surtout de l’intérêt à ses tendances bovines. Mais madame la fermière porte un pantalon sous sa robe et le tissu de celle-ci est bien assez fine pour pouvoir dire qu’il y a du joli là-dessous !

Sa fille préférée est la scribe. La personne qu’il rencontre dans sa chambre est sa plume d’écriture, c’est pour cela qu’elle a toujours la tête en bas. Et peu importe en quelle langue elle écrira sur le papier, le père ne pourra pas le lire, car il est sans éducation ! »

Toute fière de moi je souriais à pleine dent de mon petit jeu cérébral. La plupart des gens choisissaient la prostituée, c’était une sorte de règle immuable chez l’être humain. Pourtant chaque fois l’explication donnée par ceux à qui je le proposais était différente. Parfois comme avec Mathie, c’était très pragmatique et logique. D’autres fois c’était purement émotionnel, les gens imaginaient toute une histoire à la catin pour justifier leur choix. C’était assez amusant de le constater. Oh pas qu’ils cherchent à le justifier. Mais juste que l’humain a un lien très étroit avec la prostituée… Je glousse. Oui c’est très amusant.

Allez, plus simple ! Chapeau sans tête, pieds sans chaussure, qui suis-je ? »
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyLun 13 Avr 2020 - 21:34
Sa fille préférée est la scribe. Mathilde fronce les sourcils. La scribe? Elle ne masque pas son étonnement, elle qui était plutôt sure de sa réponse en dépit du manque de compréhension de l'ensemble de l'énigme. Sélène explique que la personne n'est rien d'autre qu'une plume, et que les langues sont les mots écrits que celui qui manque d'instruction est incapable de lire et donc de comprendre. Visiblement, la fermière n'est pas tout à fait d'accord.

- La plume n'est pas une personne, c'est une chose. Ton énigme induit en erreur d'entrée de jeu, c'est pas vraiment honnête ça.

Mauvaise perdante? Sans aucun doute, en témoigne la moue boudeuse qu'elle affiche, moue qui se dissipe aussitôt alors que par réflexe, son regard retourne balayer l'horizon à la recherche d'un quelconque danger. Pourtant, Mathilde reconnait, mais pour elle-même seulement, qu'elle s'est un peu précipitée dans sa réponse, ne voyant là qu'une introduction à une histoire, celle de Sélène, et non une véritable énigme dont la deuxième partie, la plus importante, est restée complètement hors de ses réflexions, ou presque, faute de compréhension. Cela n'empêche pas la noiraude, joueuse, de relancer le jeu, offrant l'occasion à Mathilde de racheter son honneur. Chapeau sans tête, pied sans chaussure, qui suis-je ? Pour le coup, la réponse est d'une évidence sans appel.

- Le champignon! Voilà qui est plus proche du monde de la brune, qui passe sa vie les mains dans la terre et le nez dans les cultures. L'espace d'un instant, elle réalise qu'elle n'a pas cueilli les délices des bois depuis trois ans. Elle en a reçus de la part d'un vagabond, en échange d'un abri pour la nuit, mais pas ses préférés, les girolles. Avec un peu de beurre et quelques herbes du jardin, ce sont des délices dont la simple évocation suffit à la faire saliver d'envie. Pourtant, elle ne partira pas à leur recherche. Depuis la Fange, elle évite les boisés et tout ce qui peut cacher un fangeux guettant une proie. Risquer sa vie pour quelques girolles... très peu pour elle.

- A mon tour! Mathilde a compris le principe, du moins le croit-elle. Voyons voir... Il est à la fois le blé, le sel et la terre. Il compte le temps qui passe, sombre parfois dans la folie ou tombe en poussière. Qui est-il?

Mathilde sourit. C'est un petit jeu amusant, aussi bien pour imaginer les énigmes que pour en découvrir la réponse. Et ça a le mérite de faire passer le temps sans rentrer dans les conversations trop personnelles. Sélène a soigneusement éludé sa question, plus tôt, alors qu'elles étaient encore aux écuries et que Sa Majesté s'apprêtait à faire son apparition. La fermière en déduit qu'elle préfère éviter les histoires personnelles et ne lui en veut pas vraiment. Après tout, elle est bien placée pour comprendre que chacun aime préserver sa part de mystère.

Elle regarde Sélène qui marche devant elle, donnant le rythme à l'équipée. Il y a quelque chose d'étrange qui émane d'elle. Sa légèreté ne semble pas feinte, mais elle paraît pourtant exagérée à Mathilde, plutôt mesurée dans ses attitudes. Qui est cette femme qui n'a rien d'autre dans ses poches que quelques sous et un couteau? Vers quoi marche-t-elle avec tant d'entrain? Ou vers qui? Une fois encore, la fermière se perd dans des théories invraisemblables, de l'amoureuse en fuite partant rejoindre son homme -ou sa femme?- quelque part où ils pourront vivre leur amour à l'abri des ragots et des colères paternelles à la meurtrière en fuite cherchant à mettre le plus de distance entre elle et son méfait. D'ailleurs, d'où vient-elle? Ça non plus, elle ne le sait pas. Mathilde réalise qu'elle ne sait rien, finalement, de sa compagne de voyage. C'est un peu le problème, quand on ne pose pas de questions et que les rares que l'on émet ne trouvent pas de réponses.

Mathilde est résolument tiraillée entre sa curiosité naturelle, qui la pousse à investiguer, et sa prudente discrétion, laquelle fait d'elle une parfaite ignorante qui, en paraissant totalement désintéressée de ceux qu'elle fréquente, ne constitue aucun danger pour celui qui a des choses pas très nettes à cacher. Enfin ça, c'est la théorie, parce qu'en pratique, un certain banni a enlevé l'ignorante pour la séquestrer et en tirer profit. Ce qui a conduit Mathilde à en savoir beaucoup plus que nécessaire.

- Tu vas faire quoi, en ville? Ça, c'est une question vague qui appelle des réponses aussi vagues. Voir un ami, qu'elle interpréterait comme un amant, trouver du travail, qui pourrait vouloir dire qu'elle a tout perdu, alors que changer de vie indiquerait un lourd secret à enterrer à tout jamais. Mathilde écarquille les yeux. Merde. Elle n'a pas pensé à l'éventualité qu'elle soit enceinte et qu'elle fuie le courroux de sa famille. Décidément, ce personnage est beaucoup trop intrigant que pour que la fermière n'ose pas une ou deux questions.
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Sélène LoiteAssassin
Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyLun 13 Avr 2020 - 22:43
Je ricane franchement à sa bouderie de mauvaise joueuse, car il me semble assez évident qu’elle n’est que temporaire. Je ne l’imagine pas se vexer pour une formulation hasardeuse. Une femme qui a une vache ne se formalise pas ainsi, je veux le croire. Une femme avec un tout petit chien le pourrait, elle ! Bon avec la période actuelle, je peux comprendre que ce type de femme soient un peu sur les nerfs. Moi aussi si j’avais vu mon petit chien se faire manger vivant par une foule affamée, je l’aurais mal vécu. Ça en fait bien moins pour soi-même !
Moi aussi ça me rendrait de mauvais poil au point de bouder pour une devinette que je n’aurais pas trouvée. C’est un peu comme de marcher avec un caillou dans sa chaussure, ça agace. Ça mine le moral et ça rend mordant, mais on n’a pas le choix alors on marche dessus sinon c’est la mort. Et puis là un mec sort une devinette, et on la trouve !!! Moi je peux vous dire, ça me ferait exploser ! Ah, elle trouve la deuxième bien vite, il faudra que je monte le niveau un poil quand même, mais je note que le rupestre est de bon aloi pour la fermière.
Je me retiens de rire, car je sais qu’il n’y a rien de vraiment drôle, et j’aime bien la compagnie, essayons de ne pas la faire fuir avant au moins une heure. J’applaudis sans aucune moquerie à sa réussite. Mon enfance m’a apprise qu’une réussite se devait d’être soulignées si l’on ne veut pas créer des fou dangereux dans mon genre. Je me retiens encore de rire après m’être désignée ainsi.

Je tends l’oreille pour ne pas louper un mot de sa propre devinette. Et me lance presque instantanément dans une intense réflexion, qui doit me faire froncer les sourcils. Les bras croisés j’avance en silence sur la route. Mathilde n’est qu’un peu derrière moi. Heureusement sinon elle me verrait observé l’environnement avec efficacité malgré ma concentration sur son énigme. Pas vraiment une attitude de câtin qui marche seule pour la première fois sur les routes d’un royaume sous l’emprise de la fange. Après je ne me fais pas d’illusion, je dénote dans tous les cas, il faut juste que je le fasse suffisamment pour rester mystérieuse sans carrément en devenir dérangeante dans ma propre histoire. Bon pour l’instant Mathie ne s’est pas vraiment intéressée à ladite histoire. Enfin si avec sa question mais dont elle n’a même pas cherché à obtenir une réponse, trop obnubilée par son Dada. Un vrai pirate ce canasson !
L’énigme ? Hey ça va deux minutes ! on est pas aux pièces, si je veux prendre mon temps pour réfléchir je prends mon temps ! Et si je réfléchis à autre chose et ben c’est mon problème !

Un grain de folie ! Ahah ! Je l’ai ce grain là !»

Je gonfle ma poitrine d’orgueil, autant pour le double sens que pour mon succès. Quoi ? Vous êtes pas content car je vous ais pas dit que j’avais quand même réfléchis à l’énigme pendant que vous vous plaignez ? Et ben tant pis pour vous ! Fallait pas me couper la parole. Si je pouvais vous auriez le droit à un tirage de langue dans les règles de l’art.
Oh, une nouvelle question d’ordre plus personnel. La vilaine mais mignonne petite curieuse revient à la charge.

Je vais trouver ma propre vache à traire ! »

Là je ris franchement, désolé mais elle est bonne. Quand on sait le métier que je vais pratiquer, c’est sale, mais drôle. Surtout quand la vache de ma compagne s’appelle Câtin, ça devient des plus cocasses je trouve. On pourrait croire que je fais une fixation sur les vaches hein ? Ben détrompez-vous, je fais une fixation sur un tas de choses. La vache n’est qu’un divertissement temporaire.
Je tourne une nouvelle fois sur mes talons pour lui sourire.

Je vais coucher avec des hommes contre un peu d’or. Des beaux si j’ai un peu de chance, des femmes si j’en ai encore plus, et essayer de survivre comme tout le monde. Sans m’attirer trop d’ennuis en suivant mes lubies. »

Parfaitement exact, bien qu’édulcoré. Mes lubies sont de loin la part la plus importante de ce projet. Mais je pense que ma compagne de route a, à mon avis, déjà bien assez à faire avec tout ce qu’implique ma réponse, surtout après qu’elle m’ait classé de fait dans l’immoral. Je suis curieuse de voir ce qu’elle va dire ou faire. Mais j’ai aussi envie de continuer notre petit jeu.
Je me retourne et regarde droit devant, reprenant d’un ton si léger qu’on a du mal à croire que je viens d’avouer immoralité et crime il y a tout juste un instant.

Qu’est-ce qui est toujours devant toi, mais que tu n’arrives jamais à voir ? »
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Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyVen 17 Avr 2020 - 2:35
Sélène a une étrange façon de marcher, tantôt dos à la route, tantôt bras croisés, bien loin de l'attitude d'une vierge effarouchée craignant pour sa vertu ou pour sa vie. Soit elle n'a réellement plus rien à perdre, et son instinct de survie s'est mis en veille, soit elle a pris un peu trop de confiance dans la première partie de son voyage -qui sait, peut-être arrive-t-elle de Salers?- et se détend alors qu'elles quittent les palissades vaguement sécuritaires du Labret.

Un grain de folie. Mathilde sourit discrètement alors que sa compagne de route rit en se reconnaissant, de son propre aveu, dans cette expression... Voilà qui annonce la couleur, même si la fermière avait pressenti ce grain, gros comme un caillou. Dans les mille scenarii évoqués par son esprit galopant, la plupart des histoires sont dramatiques, marquées par le sang, la peur, et la douleur, tant physique que morale. Or, la voir aussi... joyeuse?... sur le chemin ne peut qu'être expliqué par une sacrée dose de folie. Et lorsque Mathilde ose enfin une question plus personnelle, la noiraude s'en tire avec une pirouette et un trait d'humour, trahi par l'éclat de rire de Sélène, un drôle de rire, un peu moqueur, un peu malsain. La brune en prend bonne note, elle évitera les questions personnelles et s'en tiendra aux devinettes spirituelles pour lesquelles elle n'a pas vraiment de talent.

Sélène se tourne vers Mathilde et explique sa pirouette : elle va monnayer ses charmes contre un peu d'or. Mathilde ne peut s'empêcher de cligner des yeux, incrédule. Quoi?! Se faire catin? De sa propre volonté? Soit elle n'entrevoit pas d'autre solution à sa situation, qui doit être désespérée, soit... la fermière n'imagine rien d'autre, en fait, ne concevant pas qu'on puisse partir le coeur si léger, en apparence du moins, vers un métier aussi dangereux, obscure et méprisé que celui de catin. Ce qui l'interpelle le plus n'est pas le fait qu'elle espère ouvertement coucher avec des femmes, après tout elle-même a eu une belle histoire avec une femme et se demande, depuis, si une autre pourrait à nouveau la séduire ou si c'était simplement une exception. Non, ce qui interpelle la fermière, c'est que la noiraude espère gagner de l'or avec son allure si décalée par rapport aux autres femmes.

- L'avenir. Qu'est-ce qui te dit que je n'ai pas un don pour la voyance, que je mets à profit pour mieux planifier mes récoltes? Elle esquisse un sourire. J'ai deux pieds, huit bras, six jambes et deux têtes. Qui suis-je? Elle n'est pas dénuée d'humour. En fait, elle aime beaucoup rire et est une spécialiste des larmes de rire, mais lorsqu'elle rencontre quelqu'un pour la première fois, la fermière est plutôt réservée. Du moins au début, parce que si sa nouvelle connaissance réussit à l'apprivoiser, elle devient assez divertissante.

La monture de Mathilde souffle bruyamment. Dans le langage de Marguerite, sa jument, c'est signe de nervosité et de danger, mais dans le langage de Sa Majesté...? Pour se sécuriser, Mathilde attrape son arc et y encoche une flèche, pour être prête, juste au cas-où. Le regard de la fermière balaie l'horizon, plutôt dégagé, et le chemin qui descend du plateau dans une pente légère. Une légère tension parcourt le dos de la brune. Les secondes s'écoulent sans que rien d'autre qu'une petite vipère inoffensive ne se montre. Mathilde finit par se détendre et lever les yeux au ciel : Sa Majesté, cheval de guerre, est un pleutre.

- C'est une drôle d'idée de se faire catin. Bon... ça lui a échappé. Mais c'est vrai, quelle idée que de se faire catin, quand on a la possibilité, au Labret, de prêter main forte dans des tas de fermes et d'en vivre certes humblement mais honnêtement. Quoique... vendre son corps est immoral -en fait, c'est l'acheter qui l'est- mais pas si malhonnête. Mais c'est un métier probablement pénible que de s'exposer aux vices des hommes pour ne gagner que quelques sous et le mépris de la société. Et si elle tombe enceinte, elle donnera naissance à un petit bâtard dont la vie sera irrémédiablement marquée par le métier de sa mère : putain. Les gens ont de moins en moins d'argent et il y a de plus en plus de femmes qui en arrivent là, par dépit et pas par choix. T'es sure de vouloir chasser la poule aux oeufs d'or? Enfin je veux dire... t'es sure que c'est fait pour toi?

Mathilde décrète que si Sélène lui répond que son choix est mûrement réfléchi, elle la rangera dans la catégorie des folles dangereuses. Parce que quelqu'un qui est atteint de folie est nécessairement imprévisible et donc dangereux. S'en méfiera-t-elle? Bien entendu, Mathilde se méfie d'à peu près tout le monde, y compris des enfants de Marbrume trop souvent éduqués dans l'art du vol à la tire. Mais si la noiraude répond qu'elle n'a pas choisi, qu'on l'envoie, ou pire, qu'elle ne sait faire que ça, la fermière le sait, son âme de samaritaine va la pousser à trouver des solutions pour en faire une serveuse à Sarrant, une domestique à Marbrume, une fermière apportant un peu d'aide quelque part aux alentours de la ville.
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Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyVen 17 Avr 2020 - 3:59
Ce qui me fait le dire c’est que si tu avais su que j’allais te tomber dessus ce matin, t’aurais quitté la taverne avant même de recevoir ta tartine ! Quel clairvoyant s’encombrerait d’une fille qui ne lui inspire pas vraiment confiance hein ? »

Je le dis sans montrer aucun signe de déception ni de honte. Je la trouve parfaitement sensée de penser ainsi. Ce n’est pas le genre sensé chiant, vous voyez celui qui te fait dire “Ouais je trouve ça plus logique de mettre la sauce sur les légumes pour ne pas tremper le pain“. Non c’est le sensée malin qui préfère savoir ce qui l’accompagne et regrette de découvrir que c’est pas une troupe armée. Mais au moins on se marre bien. Enfin moi je m’amuse.

Hum un charnier ? Une orgie d’amputés ? »

Je crois que la vraie réponse c’est de dire qu’elle est une menteuse. Mais vous devez admettre que ça a moins de panache que ma trouvaille. Tiens, tiens, le cheval s’ébroue, et la fermière se tend. Enfin tend son arc, mais vous voyez ce que je veux dire. Pourtant je n’ai rien remarquer à par un lapin et une vipère qui traverse devant nous. Elle a peut-être de meilleurs yeux que moi. Mais décidément je vois rien qui bouge, du moins rien qui ne devrait pas être là.
Je retrouve mon sourire après sa remarque, presque trop honnête pour être volontaire.

C’est vrai que risquer sa vie chaque jours et chaque nuits sur un plateau infesté de créatures voraces pour se casser le dos à faire pousser des carottes, c’est une idée bien plus saine ! » Je glousse, mais sans moquerie, c’est juste qu’il est amusant de prendre le parti pris de ne voir que le pire aspect d’un métier. Et si celui de catin est horrible sans aucun doute pour la plupart. Il me semble bien plus libre que fermière. Surtout pour ce que j'ai vraiment à faire. Je reprend rapidement cette fois-ci, j’ai remarqué que vous aimiez pas trop trop que je digresse.

Graisse ! » Dis-je bien fort avant de ricaner. Vous avez compris ?

Je pense que personne ne fait se métier strictement par choix. Moi je sais pas trop quoi faire d’autres. La campagne c’est pas pour moi. Je sais pas coudre, je sais pas lire, les bières que je porte peuvent pas arriver entière à table, je sais pas faire grand-chose en fait. Je sais bien me servir de mon couteau, genre planter le bout pointu dans les pas gentils. Je pourrais rentrer dans la milice. Mais franchement quitte à me faire sauter contre mon gré, je me dis que je préfère être payée à le subir. Mais je te promets, si je trouve un poste de comtesse ou de reine qui se libère, je saute dessus ! »

Je lui lance un petit clin d’œil par-dessus mon épaule, pour lui signifier que je vois bien où elle veut en venir. Je pourrais presque la remercier de s’inquiéter, mais je pense pas qu’elle en ait quelque chose à faire. Et puis ça ne changerait pas grand-chose à ma mission. Mais c’est agréable de se dire qu’une fille qui a un beau croupion, un arc, une vache avec le meilleur des noms et des amis assez bien placé pour lui filer un cheval de guerre prend la peine de s’inquiéter pour une folle sur le chemin. Si plus de croyant du mensonge des trois avaient ce genre de pensées, j’aurais surement moins répandu de sang ces dernières années.

J’espère retrouver des gens dans la cité, et une meilleure situation que ce que j’avais ici. Je me plante surement, mais de toute façon je veux revoir les grands murs. Qu’est qui ne parle pas mais te réponds toujours ? »

Je l’aime bien celle-là, elle me rappelle ma jeunesse près des montagnes, là où Euphélie m’emmenait. J’ai pris ma première cuite là-bas. Je vous assure qu’ivre, ça devient carrément épeurant comme situation. Moi j’ai sérieusement cru que des fantômes me parlaient ce soir-là. Euphélie en a ri une bonne semaine. J’ai chaud. J’aime pas les robes.

Si je fend ma robe comme toi. Tu penses que tu peux me la repriser pour pas qu’elle parte en morceau ? Pas en marchant hein. Je suis pas la plus orgueilleuse des femmes mais je me vois pas courir cul nul alors que tu galopes avec ma robe dans les bras si un truc arrive. J’ai mon égo. »

J’enchaine sans presque lui laisser le temps de répondre. Je suis comme ça, je parle trop par moment.

Et toi, fermière c’est vocation ou obligation ? T’es pas obligée de répondre, mais je trouve que tu rentres pas dans la petite case des planteuses habituelles. »
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] EmptyMer 22 Avr 2020 - 2:18
Quel clairvoyant s’encombrerait d’une fille qui ne lui inspire pas vraiment confiance hein ? Sur le dos de Sa Majesté, Mathilde hausse les épaules alors qu'une réponse évidente lui traverse l'esprit : Une voyante qui a envie ou besoin d'être divertie! Elle rit doucement. A défaut de pouvoir compter sur une troupe armée jusqu'aux dents, la fermière se promène avec une parfaite inconnue qui a le mérite de la sortir des petites banalités de la vie.

Une orgie d'amputés. Mathilde pouffe de rire, et se dit immédiatement que ce n'est pas le genre de blagues auxquelles on rit... mais comme personne ne les fait, et que c'est dit avec une telle désinvolture, comme si c'était tout à fait normal d'y penser, elle conclut que ce n'est pas si dramatique. En plus, c'est juste une blague, non? Et en ces temps difficiles, rire des difficultés est sans doute la meilleure chose à faire pour se donner l'illusion qu'un lendemain sans Fange est possible. Et pourtant... L'instant d'après, à cause d'une fausse alerte, elle a encoché une flèche et a retrouvé la tension habituelle qui l'habite. Sélène, elle, n'a pas bronché d'un poil, et Mathilde en déduit qu'en cas de mauvaise rencontre, la fuite sera le meilleur des plans... comme toujours.

Elle ne peut s'empêcher de sourire alors que la noiraude évoque le quotidien certes dangereux, mais ô combien magnifique pour qui sait contempler la beauté de la vie et celle du temps qui pousse. Sélène glousse, Mathilde hausse les épaules. Chaque métier a ses défis, mais celui de catin reste, aux yeux de la fermière, un destin peu enviable. Pourtant, elle a songé à d'autres façons de vivre avant d'en arriver à cet étrange choix, car c'en est un. Elle ne peut s'empêcher de tiquer légèrement lorsque sa compagne de route évoque sa capacité à planter son couteau dans le gras des pas gentils. Mathilde plisse légèrement les yeux et détaille maintenant cette silhouette, peut-être taillée pour combattre. Si au moins elle portait un pantalon, elle pourrait se faire une idée de ses jambes, musclées ou non. Ses bras, joliment dessinés, semblent être ceux de quelqu'un qui travaille et qui ne manque pas trop de nourriture. Elle a un port de tête fier. La fermière regrette de ne pas voir la façon dont Sélène regarde devant elle... les yeux trahissent tellement de secrets. Comme si elle lisait dans ses pensées, la noiraude se tourne vers elle pour lui lancer un clin d'oeil, auquel elle répond machinalement.

Qu’est qui ne parle pas mais te répond toujours ? Mathilde cligne des yeux, le regard vide, de toute évidence surprise, soit par l’incongruité de la question, soit par l'aisance de Sélène à changer de conversation. Un muet qui fait des gestes? La noiraude a l'air d'avoir un humour étrange, peut-être peut-elle pousser au-delà de la logique... Mathilde réfléchit, les yeux rivés sur l'horizon plat, où les seuls reliefs, au loin, sont ceux de petites collines aux versants boisés. Un fangeux qui a faim? Il dit rien mais il répond à sa façon quand on l'appelle. La fermière sourit, puis son regard s'anime. L'écho! C'est l'écho! Elle a entendu parler des voix qui se fracassent contre les rochers des montagnes qu'elle n'a jamais vues de près. Pourquoi voyager par là quand on n'a rien à y faire?

Durant tout le temps où les petites cellules grises de Mathilde se sont agitées au sujet de l'énigme de Sélène, sa compagne de route, elle, a continué de parler. De sa robe, d'abord, et des adaptations qu'elle pourrait apporter pour la rendre plus pratique. Ou plus aguicheuse. La fermière ne répond pas, et se demande plutôt si ce genre de service est réellement bien vu des Trois. Aider une catin à démarrer dans le métier, c'est un peu délicat, même si l'intention est seulement de lui permettre d'être encore relativement décente. Relativement.

- C'est quoi la case des planteuses habituelles? Mathilde tique, une fois encore. Elle ne sait pas trop comment réagir à cette affirmation, qui sonne plutôt péjorative à ses oreilles. T'en connais beaucoup? En était-elle une, elle-même? C'est une vocation, transmise par mon père. Plusieurs de mes frères et soeurs ont continué dans le métier, d'autres ont préféré se former auprès d'artisans. Moi j'ai choisi de tout apprendre de mon père et j'ai repoussé autant que possible le moment fatidique de mon mariage. Ça a fait de moi la dernière à la maison, et la seule capable de reprendre la ferme. Et d'améliorer l'exploitation. Mathilde affiche un sourire un peu trop triomphal mais ô combien sincère. Une femme qui mène la ferme, ça dénote un peu, même si c'est un peu plus courant qu'avant la fange. Quoi qu'il en soit, le mariage avait été un long combat qu'elle avait mené contre ses parents et la tradition, contre les prêtres et les cancans, mais finalement, même si elle avait accepté de prendre Philibert, orphelin sans famille, pour époux, elle avait gardé la mainmise sur ce qui était toute sa vie. Tu vivais où, jusqu'ici? Une autre question dont la réponse pourra être aussi vague que le nécessite la discrétion apparemment naturelle de Sélène.

La fermière jette un oeil sur la jupe de Sélène, dont les pans se balancent paresseusement au rythme de ses pas. Elle a une certaine grâce, cette femme, même si elle dégage quelque chose de dérangeant. Mathilde se demande comment elle va réellement pouvoir appâter le client et se dit qu'elle n'a en fait aucune chances de survivre. On devrait pouvoir arranger ta jupe et dissimuler des boutons. Ça te permettrait de choisir de courir cul presque nu ou vêtue à la fermière. Ça te va? Mathilde rit. Bon, elle va l'aider, arranger la robe une fois arrivées à Sarrant et puis compter sur la chance pour y croiser une petite troupe qu'elle pourra accompagner jusqu'à Marbrume en se sentant un peu plus en sécurité qu'avec cette apprentie catin. Avec un peu de chance, elle sera même plus détendue, ce qui l'arrangerait parce que tirer à l'arc avec des épaules aussi dure que du chêne n'est pas forcément aisé.

- Qu'est-ce qui s'allonge et qui rétrécit en même temps. Mathilde affiche un sourire malicieux. Celle-la, elle est corsée.
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