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 Des apparences trompeuses [PV Sélène]

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Sélène LoiteAssassin
Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyMar 28 Avr 2020 - 17:49
Mais c’est que t’es forte en fait à ce jeu ! »

Je dis ça très légèrement agacée, mais surtout très amusée. Elle s’implique et cela rend la chose divertissante, bien plus qu’être avec un esprit éclairé qui retournerait chaque énigme en tout sens pour en comprendre la nature. J’aime bien les gens simples. Pas bête ou stupide ! Juste simple, ils affrontent les épreuves qui se présentent à eux sans blâmer autre chose que les responsables, et s’il n’y en a pas, ils l’admettent.
Ce sont des gens qui sont agréable à fréquenter. Je tourne la tête vers Mathilde qui me parle à nouveau. Un peu mordante dans sa voix quand je fais mine de critiquer son métier. Une chose visiblement importante pour elle. Elle y tient et le défends donc. Vous voyez, une personne simple !

Les planteuses habituelles ce sont celles qui n’auraient pas osé demander de quoi il s’agit sans l’accord de leur mari, et qui serait encore moins, seule sur une route dangereuse avec une inconnue. Ce sont des être vivant qui n’ont de vivant que le nom et n’existent que dans l’ombre des planteurs. Et oui, j’en ai connu quelques-unes. On peut même dire que j’étais l’une d’elles y a peu. »

Pas totalement vrai, mais pas totalement faux. Désolé Mathie mais j’ai une couverture à tenir ! Celle dont je tiens le rôle était clairement une planteuse habituelle, maintenant je suis moi car je suis morte et enterrée sous un arbre. Enfin pas moi, mais moi, enfin elle, l’autre moi ! Vous suivez ? Mais ça je peux pas le dire, alors maintenant, je suis moi, et moi n’est plus elle puisqu’elle est moi.
Limpide comme situation. Le pire c’est qu’avant, moi j’avais pas de vache, et moi non plus j’en ai pas. Si j’en avais eu une je l’aurais emmené avec moi. Mais j’en ai pas. Snif.

T’as de quoi être fier, elles sont rare celles qui ont su être une femme avec un cerveau avant d’être une épouse. Même si faut admettre, la fange a un peu changé les règles. On vivait à une heure de marche de Najac, vers la bordure nord. »

Je ne prend pas le risque de lui demander où elle vit. On est bien là. Je suis de bonne humeur et je trouve ma compagne sympa. Je m’en voudrais d’un jour débarquer chez elle pour la tuer sous un coup de colère. Euphélie me dit de pas connaître bien les gens, car un jour je pourrais les tuer. Mais que je dois quand même me faire des amis. C’est contradictoire non ??? Elle dit que toutes les mères donnent des leçons contradictoires, car la vie l’est.
L’idée qu’elle puisse être ma mère, ou qu’au moins elle se voit comme tel. Ça me réjouit tellement. Je saisis les pans de ma robe et tournoie sur moi-même en la faisant voleter. J’imagine le confort que je pourrais retrouver avec l’aide à la couture de la fermière.

Ça serait vraiment parfait !!! »

Je m’arrête avec une moue peu intelligente, ma bouche formant un cul de poule alors que mes sourcils se froncent sous l’intense réflexion. Elle est dure celle la… Une première idée me vient en tête, mais à part être méchante pour la gente masculine, elle ne colle pas vraiment. Même si elle n’est sans doute pas totalement fausse. Suffit de voir ce crétin qui sort de derrière la souche là-bas. S’il n’était pas certain de sa virilité et de la supériorité que ça lui apporte, il se rendrait bien compte que face à nous deux son épée ébréchée et rouillé lui servira pas à grand-chose. Surtout qu’il est tellement maigre qu’il peine à l’agiter au-dessus de sa tête. Je crois que je l’ai vu à Usson, un des mendiants qui trainent autour de l’auberge. La milice doit être dans de bons jours pour ne pas les avoir encore chassés. Et voilà ce que ça rapporte, une attaque sur d’honnêtes voyageuses. Pfffff. En plus il m’empêche de réfléchir à l’énigme.

Je vois du coin de l’œil Mathie bander son arc. Elle a raison, autant le faire taire, ce sera plus calme. Ma main se glisse dans ma robe et d’un mouvement fluide extirpe la dague et la lance.
Ah merde c’est vrai ! Fille de paysan, catin ! pas tueuse ! J’ai tout juste le temps de me donner un légèr effet, effleurant le pommeau de ma dague pour en atténuer l’angle de lancer. Une blessure à la hanche vaut mieux qu’une plaie au centre de la poitrine. Je fais mine de perdre l’équilibre sur ce jet et finit sur les fesses alors que la flèche de ma comparse part.
Son projectile va bien plus vite que mon arme et… aie… la hanche, la même. Les deux pointes s’enfoncent avec une demi seconde d’écart dans la chaire fine. Ça doit piquer. Je sais pas trop si c’est un coup de bol ou un tir plein de dextérité et de cruauté de la part de la fermière, mais je lui glisse quand même un petit regard en coin.
Est-ce que tu serais une vilaine Mathie ?

Je me redresse et m’époussette alors que notre “agresseur“ s’effondre et se met bien vite à beugler de douleur. Re-merde ! Je cours jusqu’à lui et lui fiche un coup de pied pleine face pour le faire taire. Le nez casse et il s’effondre inerte, laissant tout de même échapper quelques gémissements. Je reste là, le sang battant dans mes tempes, à l’écoute de potentiels renfort ou pire…
Mais rien, pas de grognement lointain ou de branches cassées, ni de fuites soudaine de la faune. Pffffffffff
Juste le cheval de Mathie qui se rapproche. Je fais le tour et m’accroupie pour extirper ma dague dans un bruit humide. Je ne sors pas la flèche. Sinon il est mort vu l’endroit. L’hémorragie serait trop importante. Je déchire un bout de sa tunique et la fourre dans la bouche de l’inconscient, au cas où il ne le resterait pas. Puis je l’observe songeuse. Soudain je me rends compte. Je me redresse et le pointe du doigt en me dandinant.

La vie ! C’est la vie qui s’allonge et raccourcit ! Comme la sienne là ! »

Elle n’a pas l’air très concernée par ma découverte. C’est vrai que c’est peut-être un peu déplacé. Je me gratte ma tignasse en prenant un air contrit.

Pardon… Bon qu’est-ce qu’on fait ? Il doit pouvoir clopiner jusqu’à Usson avant de s’être vider, mais je suis pas certaine qu’on lui viendra en aide. Surtout qu’on se demandera rapidement comment il s’est fait ça. Ou alors tu veux le trainer avec le cheval ? Moi je suis partisante de le laisser là. C’est plus notre problème, et puis on se l’ai dit, si l’une de nous met en danger l’autre, on ne se reproche pas de s’abandonner. Je pense que la règle devrait s’appliquer à ce nouveau membre. Au pire on prévient une patrouille si on en croise une. Mais enfin, t’es la chef d’expédition, je te laisse choisir. »

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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyLun 4 Mai 2020 - 4:10
Mais c'est qu't'es forte à ce jeu. Mathilde hausse les épaules. Elle n'est pas si forte, mais réfléchir à autre chose qu'au maraîchage est réellement rafraîchissant. Et ça a le mérite de mettre de la distance entre elle et les soucis qu'elle a laissés à Usson. Entre le Terresang à l'agonie et le manque de main-d'oeuvre sur sa ferme, les récoltes à planifier et le voyage vers Marbrume qui est réellement inquiétant, Mathilde pourrait se laisser submerger par les inquiétudes si elle n'avait pour compagne une femme qui l'oblige involontairement à penser à autre chose qu'à ses tracas. D'ailleurs, Sélène donne son point de vue sur les planteuses qu'elle connait, des êtres vivants qui n'ont de vivant que le nom. La fermière trouve l'imagine intéressante, bien qu'elle ne partage pas tout à fait l'avis de sa compagne de route. Elle en connait des planteuses, heureuses et vivantes, amoureuses même de leur époux et éprises de leur travail. Évidemment, le mariage et les enfants les ont rendues moins aventureuses et beaucoup plus prudente que la veuve Dumas, mais c'est pour le bien de leur famille qu'elles se préservent.

Mathilde hausse un sourcil lorsque la noiraude avoue avoir été l'une d'elles. Qu'entend-t-elle par l'une d'elles ? Une épouse, une planteuse, une épouse de planteur? La Fange change tout.
Je t'avoue que parfois, elle me paraît être un réel cadeau malgré la menace qu'elle représente pour nos vies.
Mathilde sourit légèrement, à demi embêtée par la révélation qu'elle a laissé fuir de sa tête. Elle n'aurait peut-être pas du. Qui sait si cette femme n'est pas à la recherche d'hérétiques contre une forte récompense? Trop tard pour y penser, et inutile de se repentir. Tout au plus pourra-t-elle retourner son affirmation à son avantage. De toute façon la conversation dévie sur la jupe à ajuster et conduit à l'exclamation de Sélène qui semble ravie. Mathilde rit doucement. Les petits bonheurs de la vie sont parfois des choses si simples qu'ils peuvent tenir en une poignée de boutons.

- C'est presque étonnant qu'on ne se connaisse pas. J'allais souvent à Najac avec mon père autrefois. On s'y est peut-être croisées... Elle n'y croit qu'à moitié : Mathilde se serait souvenue de cette femme à l'allure si particulière. Les Trois ont simplement fait en sorte qu'elles ne se rencontrent pas avant ce jour qui marque le départ définitif du Labret pour Sélène. Elles auraient peut-être pu être amies, si elle en avaient eu l'occasion plus tôt, et Mathilde aurait sans doute tout fait pour aider la noiraude à se sortir de ses ennuis.

L'énigme est à peine lancée qu'un étrange énergumène sort de derrière un buisson en brandissant une lame qui a martelé plus de pierres que le fil ne peut le supporter. Maigre, il doit faire partie de ceux qui crèvent de faim mais qui ne font rien pour améliorer leur sort. Un coup de main sur une ferme peut radicalement changer votre vie... à condition d'avoir du coeur à l'ouvrage. Les fainéants ne tiennent jamais longtemps et son de toute façon mal récompensés.

- Tu devrais pas faire ça, l'ami dit-elle en bandant son arc, déjà prêt. Finalement, la fausse alerte a eu ça de bon, elle ne perd pas de temps à passer de la voyageuse sans défense à la femme prêtre à tuer pour sauver sa vie. L'homme ne semble pas hésiter et continue de charger. Mathilde fait une petite moue, baisse légèrement sa flèche pour viser la jambe plutôt que le coeur. Blesser plutôt que tuer, un second avertissement qui est généralement pris plus au sérieux que quelques mots émanant de la bouche d'une femme. La corde se relâche, alors que du coin de l'oeil elle distingue le mouvement de Sélène, qui n'hésite pas. Les projectiles semblent fendre l'air au ralenti, alors que la noiraude tombe sur le sol pendant que Mathilde saisit une seconde flèche. Elle n'a pas le temps de l'encocher avant que le premier trait ne pénètre la chair de l'homme au niveau de la hanche... suivi de la lame du couteau, lancé avec une assurance qui trahit une certaine habitude à ce genre de jet.

Mathilde jette un regard vers Sélène tout en achevant d'encocher une seconde flèche. L'homme est par terre et hurle des insanités, tandis que la noiraude se relève. La fermière l'interroge du regard. Rien de cassé? Sélène ne dit rien. En dépit des règles élémentaires de prudence, elle s'élance vers l'homme et lui donne un coup de pied pour le faire taire. C'est sacrément audacieux, ou, là encore, une vieille habitude. Les sens aux aguets, les deux femmes ont le même réflexe d'écouter et de chercher du regard le moindre signe indiquant la présence de complices. Après une longue minute dans un silence total, Mathilde talonne légèrement sa monture pour avancer vers l'assaillant qu'elle reconnait maintenant, malgré son visage ensanglanté. Un vagabond d'Usson. Pauvre gars. Qui sait ce que la Fange lui a pris.

Déconcertante. Cette femme est déconcertante. Mathilde est encore en panique, prêtre à détaler au moindre bruit suspect, le coeur battant, le corps raide, les sens aux aguets, et Sélène, après avoir ôté son couteau répond comme si de rien n'était à son énigme avant de lui proposer un millier d'alternatives au sort de l'homme. C'est toi qui décide...

- ... Mathilde écarquille les yeux. Pourquoi elle? Elle n'est pas la chef de l'expédition. Elle mène une ferme, pas un voyage, pas une troupe. Elle reste silencieuse un moment, contemplant l'homme à terre. Elle pourrait le tuer et épargner des ennuis à d'autres voyageurs, ou bien avertir une patrouille qu'un bandit blessé rôde dans le coin. Les blessures saignent. S'il reste inconscient trop longtemps, il sera incapable de rejoindre une ville. Si elles trainent trop, l'odeur du sang risque d'attirer des fangeux. Qu'il se démerde. Il avait qu'à demander poliment. Le ton de Mathilde est froid et sans appel. Une vie est une vie, mais il était peut-être prêt à prendre la sienne. Jocelyn lui avait dit de ne jamais hésiter. Alexandre lui avait dit C'est toi ou eux. Laisse-lui ma flèche. S'il s'en sort il pourra la revendre et s'acheter un petit morceau de pain. A condition qu'elle n'ait pas été abîmée par le choc contre l'os.

Mathilde talonne sa monture pour se remettre en route. D'abord silencieuse, elle se retourne régulièrement pour regarder, tant que cela est possible, l'endroit où gît leur victime. Puis, lorsqu'un détour en masque définitivement l'emplacement, elle retrouve une forme de tranquillité sans perdre pour autant sa méfiance naturelle. Alors seulement, elle desserre les dents.

- D'habitude, les gens écarquillent les yeux et deviennent tout rouge quand je propose cette énigme. C'est bien que tu sois pas tombée dans le piège. Mathilde sourit et se détend un peu. Joli jet.

Devant elles, Sarrant semble se profiler à l'horizon. Ce qui autrefois était une jolie petite ville n'est plus qu'un endroit triste et déserté par la population. Seule l'auberge et quelques commerces liés au voyage survivent derrière des palissades de bois qui forment une bien piètre défense face aux fangeux.
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Sélène LoiteAssassin
Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyLun 4 Mai 2020 - 11:42
Je souris en regardant la fermière décider. Je vois bien qu’elle n’aime pas l’idée d’avoir à choisir, comme si on lui confiait une charge qui n’était pas la sienne. Pourtant elle garde le regard et la voix sûrs, sans appel quand elle répond. Je me demande si elle est aussi convaincue qu’il y parait, ou si en elle c’est la tornade de doute ?
En tout cas elle décide, et je suis de bon cœur, j’ai pas envie de me trainer ce poids jusqu’à Sarrant. Si elle était des nôtre, je suis certaine qu’Euphélie lui confierait un groupe de chasse. On manque de gens capable de décider vite et bien dans cette époque bizarre où la faune se met à traquer le chasseur.

J’oublie totalement le cas de l’homme non sans pour autant surveiller les environs avec plus de prudence. Je garde d’ailleurs ma dague à la main. Juste au cas où. De toute façon, d’après le plan que m’a montré notre éclaireur, on devrait bientôt voir le village suivant se dessiner au loin. Je gonfle la poitrine et sourit comme une poule joyeuse quand Mathie me félicite de ma trouvaille. Je me sens toute fière d’avoir trouvé là où les gens ont eu du mal. Je me sens intelligente.
Mon sourire devient plus taquin à la remarque qui la suit, et je jette un regard en coin à Mathilde. T’es vraiment une petite maline toi.

Visiblement, mon petit effet théâtral de chute n’a pas totalement berné la fermière qui a vu une lame filer tout droit. J’hausse les épaules. Mon rôle n’a pas à rougir de cet exploit, rien ne m’oblige à être totalement sans défense. Juste pas trop trop douée.

J’aimais bien m’entraîner au lancer quand mon père allait au village, il aurait pas aimé le savoir. C’est pour ça qu’on s’’est surement jamais croisée toi et moi. Il n’aimait pas trop que j’aille avec lui. Il pensait que la société avait une mauvaise influence sur moi. Alors je restais à la ferme. Mais c’est que depuis la reprise du Labret, avant on vivait en ville. Quand y avait ma mère. »

Je repasse l’histoire apprise dans ma tête, oui les détails collent tous, même si je ne les ai pas vraiment vécus. Normalement ça devrait aller, je suis pas une très bonne menteuse quand il s’agit de sentiment, mais sur les fait je me débrouille bien. Alors tant que j’évite de parler de ressenti, ça devrait aller.

Contrairement à toi, j’ai pas eu l’occasion de bénéficier de l’aspect cadeau de la Fange. J’avais bien plus de liberté avant elle qu’après. Mais je vois ce que tu veux dire. Il parait qu’il y a de plus en plus de femme qui tiennent des exploitations ou deviennent miliciennes. Parfois, trancher les branches mortes est le seul moyen de permettre à l’arbre de pousser à nouveau. »

Mince, ça c’était pas malin. Je sais que c’est elle qui a lancé le sujet, et que sa propre remarque était limite, mais si c’était un piège… pour me dénoncer au clergé ? Je la regarde. Non, j’y crois pas. Mathie est pas de ce genre-là. Tant que je lui donnerais pas plus l’impression d’être une menace qu’un soutien, j’aurais pas à craindre une trahison de sa part. J’aime à croire que je sais bien juger les gens. Espérons que je me trompe pas. Sinon je pense que demain matin ça sentira le cochon grillé sur la place de Sarrant. Ah d’ailleurs le village s’approche. Ou plutôt on s’approche du village. Enfin dans les faits, ça donne plus l’impression que c’est lui pour moi. Mais lui marche pas, alors que moi si. Enfin si, il marche puisque qu’il reste actif malgré tous les villages abandonnés aux alentours. Mais il ne marche pas sur des pieds, car il n’a pas de pieds. Ni de pattes d’ailleurs. Vous voyez ? Enfin la aussi, c’est manière de dire.
Breeeeef ! Mathie et moi on MARCHE vers le village, et donc on se rapproche.

Au loin derrière nous, un hurlement, de terreur. Bien vite interrompu. Visiblement, quelque chose à trouvé notre ami avant qu’il regagne la sécurité des lieux. Je regarde Mathie, et j’hausse les épaules sans trop savoir quoi dire. D’un accord commun et silencieux, on accélère vers le village histoire de pas être les suivantes.
Deux miliciens en postes au portail vérifient nos bras. Preuve qu’on s’approche doucement de la ville. Les villages lointains sont moins regardant à ce sujet, surtout si tu as des choses à troqué. C’est triste à dire, mais Usson a plus d’allure. Du fait d’être le point central du Labret, l’endroit que nous avons quitté ensemble ce matin possède assez monde et de commerce pour soutenir l’activité agricole du coin. Sarrant c’est plus une sorte de gros relais miteux. Assez essentiel pour rester en vie, trop peu pour se développer. Une auberge qui fait office de seule taverne, un forgeron qui tient surtout lieu maréchal-ferrant pour les convois. Et deux trois autres bricoles. Je regarde la palissade de rondin tout fin. A peine plus que des grosses branches. Pas si sûre qu’on soit plus en sécurité à l’intérieur.

Je ne me donne pas la peine d’indiquer l’événement du vagabond aux miliciens. Il est mort, et mettre d’autres vies en danger pour aller voir je trouve ça inutile. Si encore c’était un prêtre qui demandait, je lui donnerais la direction et une tape dans le dos pour l’encourager. Mais même si j’aime pas trop ces soldats vêtu de vert, je leur souhaite pas non plus de mal inutile.

Je laisse Mathie déposer son cheval à l’écurie, qui n’a même pas une demi-douzaine de stalles. Pendant ce temps là je m’étire agréablement pour chasser les possibles courbatures. J’ai le droit à des regards agacés, d’autres intéressés, je souris à tout le monde de la même manière, moqueuse. Ma compagne revient vers moi et je reprends une position normale pour ne pas trop la mettre mal à l’aise.

Tu dors à l’auberge ce soir ? Ta promesse tient toujours ? je pourrais t’embêter pour s’occuper de ma robe quand t’auras le temps ? »
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyMer 6 Mai 2020 - 4:39
Ainsi Sélène et Mathilde ont en commun le fait de s'entraîner à se défendre. Le couteau n'est pas impressionnant, mais le lancé a l'air suffisamment maîtrisé que pour être efficace. Encore faut-il que la jeune femme ne tombe pas par terre, parce qu'en plus de se défaire de son arme, elle se place en position d'infériorité et perd un temps précieux pour fuir. Mais à l'inverse de la fermière, le père de la noiraude était peu enclin à permettre à sa fille de l'accompagner au village. Dommage, se dit la fermière. Le résultat est qu'elle est seule, et qu'elle se dirige vers un destin diamétralement opposé à ce à quoi devait aspirer le paternel. La fange ne semble pas apporter des choses positives à tout le monde. A moins que cette liberté qu'elle ne prend là, maintenant, en quittant tout pour Marbrume, soit ce cadeau tardif apporté par le fléau.

- Tu vivais à Marbrume?! Pourtant elle était certaine que la noiraude ne connaissait pas le chemin pour Marbrume. Puis elle se souvient d'une histoire de route parcourue en charrette et suppose alors que Sélène et sa famille font partie de ces gens raflés en ville pour regarnir les rangs des quelques résistants du Labret. Mathilde ne parle jamais d'elle comme d'une survivante mais comme d'une résistante. N'ont-ils pas refusé de plier le genou face au fléau, supportant la terreur et la faim de longues semaines durant, cachés derrière des palissades de fortunes, perchés dans un grenier pour lequel il avait fallu se battre? Résister plutôt que survivre, pour mieux partir dès que la voie fut libre afin de regagner la ferme pillée, de sécuriser la chambre, cet abri de fortune à partir duquel ils avaient peu à peu reconstruit leur vie à deux. Tu retrouves ta liberté, alors. Mathilde sourit. Un sourire poli, confortable, qui lui interdit de revenir sur cette drôle de phrase au sujet d'une branche que l'on coupe. C'est une drôle d'image qui laisse place à trop d'interprétations dans lesquelles elle ne veut pas se lancer. Seule sur la route avec Sélène, il n'est pas temps de se chamailler avec elle pour une histoire de mots.

Au loin, quelque part sur le chemin qu'elles ont parcouru, un cri déchire le calme de sa campagne, avant de mourir dans une triste solitude. Mathilde déglutit en regardant Sélène qui lui lance, d'un regard, une proposition à laquelle elle répond d'un claquement de langue qui pousse le cheval, déjà nerveux, à accélérer le pas. La fermière ne propose même pas à sa compagne de monter en selle : elle n'y pense pas, trop impatiente d'arriver derrière un semblant de protection que sont la palissade et les quelques miliciens transitant là... ce qui est mieux que rien. Les minutes s'écoulent, rythmées par le pas régulier des sabots martelant la route, jusqu'à la porte de Sarrant, gardée par deux miliciens en poste pour vérifier les bras de ceux qui rentrent.

- Y avait un corps là-haut. Y en a peut-être plus... mais faudrait peut-être pas garder les portes grandes ouvertes, parce que le sang était frais et que le corps était peut-être pas tout à fait mort. Il a crié un peu avant qu'on arrive. Le discours est confus, parce que la fermière est de toute évidence tendue et un poil angoisée, mais elle omet volontairement que le corps en question a été touché par deux projectiles lancés par les femmes qui se font actuellement contrôler. L'honnêteté a ses limites...

Quelques instants plus tard, la fermière sort des écuries pour retrouver Sélène qui attire, à sa façon, bien des regards. Mathilde ne peut s'empêcher de faire une petite moue légèrement contrariée. Par chance, elle ne connait pas vraiment les rares personnes vivant ici et n'est qu'une voyageuse parmi tant d'autres, hormis peut-être pour l'aubergiste qu'elle voit régulièrement pour des livraisons de légumes. Où veux-tu dormir si ce n'est à l'auberge? Dans un arbre?! Mathilde rit, amusée. L'autre option reste évidemment de trouver un grenier encore vaguement habitable pour une nuit, mais sans couverture, ce n'est pas le meilleur des choix à ce temps de l'année où les nuits raffraichissent. Non, Sélène ne peut que dormir à l'auberge. Tu peux trouver du fil et une aiguille? Je vais voir s'ils ont deux lits et quelques trucs à grignoter à l'intérieur.

Sans réellement attendre de réponse, la brune, avec son petit paquetage sur l'épaule et son arc dans le dos, se dirige vers l'auberge qui, malgré l'état piteux du village, est restée relativement accueillante. Le bâtiment, dont les volets sont toujours fermés, a subi des réaménagements afin de résister à la fange, de sorte qu'il apparait plus imposant qu'il ne l'est réellement une fois que l'on est à l'intérieur. Comme une habituée qu'elle est presque, la fermière y entre, traverse la salle et se dirige vers le comptoir pour parler au patron.

Il y a du monde à l'auberge de Sarrant. Des gens armés, évidemment. Deux musiciens pour égayer l'atmosphère chargée. Un groupe de fermiers qui arriveront en soirée à Usson pour ensuite continuer leur route vers les terres qui leur ont été assignées... à condition qu'ils ne croisent pas la bête à l'origine du cri qu'elles ont entendu. Un troubadours qui colporte des nouvelles contre une pièce ou n'importe quoi qui lui permettra de poursuivre sa route. Des hommes et des femmes sans doute peu recommandables. Un couple qui semble se complaire à ne pas attirer l'attention au milieu de la petite foule qui beugle un peu trop fort. Des amants en fuite, peut-être. Elle sourit en les regardant, mais pas trop longtemps. Elle ne veut pas attirer l'attention.

- Bonjour ser. Du monde qui part vers la ville?
- Personne aujourd'hui ma p'tite dame. Ça a l'air qu'les fangeux z'ont fait des ravages vers Conques et qu'c'est mieux de laisser passer un jour ou deux d'soleil. Demain, p'tre.
- Hm. Deux lits, vous avez encore ça? Je voyage pour l'Ordre.
- Le Vicomte me doit encore deux nuitées, m'dame... j'peux pas faire crédit indéfiniment.

Mathilde affiche une moue particulièrement contrariée. Elle qui pensait pouvoir mettre ses dépenses sur le compte de l'Ordre, c'est raté.
- Je vous paie. Il me remboursera... S'il s'en sort. Crétin. La veille, c'est un Alexandre de Terresang gravement blessé qui était arrivé à Usson. Soigné au Temple, sa vie ne tenait qu'à un fil. Avec un repas. Peut-être deux, je suis pas arrivée seule et je crois que la fille qui m'accompagne va en avoir besoin si elle veut arriver vivante à destination. La pauvre chouette a tout perdu. Vous avez des ciseaux? L'aubergiste ne semble absolument pas ému du sort de la mystérieuse accompagnatrice, et hausse les épaules avant de déposer une paire de ciseaux sur le comptoir. Troisième chambre à gauche, y a trois lits. Sont libres pour le moment, mais si quelqu'un en veut...
- Je sais. Je paierai la tranquillité, c'est ça?

L'homme opine du chef pour confirmer. D'accord. Je... Mathilde s'interrompt, entendant une chose surprenante pour l'endroit : des murmures. La joyeuse cacophonie a cédé la place à des murmures et des exclamations mal contrôlées. Sélène vient de faire son entrée et visiblement, des gens avec l'allure qu'elle a, on n'en voit pas souvent par ici.
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Sélène LoiteAssassin
Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyMer 6 Mai 2020 - 12:38
Un arbre c’est pas si mal… » Dit-je mais Mathie est déjà partie, visiblement certaine de son avis.

Je fais la moue, j’ai pas les moyens pour une chambre. Ou alors ça veut dire que je mange pas non plus ce soir. Or, même habituée à jeuner, j’aurais besoin d’énergie pour arriver en ville sans encombre. Deux jours déjà sans nourriture. Il faudrait que je me trouve un gugusse pour m’accueillir cette nuit mais j’ai pas vraiment l’esprit à ça.
L’excitation de la route sans doute. Je pourrais peut-être retourner jusqu’au corps ? Voir si la fange a laissé quelques choses à grignoter. Mais ça me semble trop risqué. Si la bestiole est encore dans les parages, ça en est fini de la petite Sélène. Et si jamais je me fais surprendre par des voyageurs, ça en ait fini de la petite Sélène encore une fois. J’aime pas trop ce concept de fin !

Je trouve la seule quincaillerie du coin et doit lâcher une pièce supplémentaire pour obtenir ce qu’à demander Mathilde. C’est pour moi, mais j’avoue que ça fait pas plaisir de voir son butin réduire à vue d’œil pour des choses pas essentielles.
Je tire la langue à la mégère qui tient la boutique dès qu’elle a le dos tourné et part à grandes enjambées vers l’auberge où Mathilde doit m’attendre. Quand j’ouvre la porte, je fronce le nez face à l’odeur. Ça sent l’humain, beaucoup d’humains. Je n’ai pas l’habitude de tant de vies à la fois dans un seul endroit. Il va falloir s’y faire, ce sera bien pire à Marbrume.
L’odeur des grottes et de la fourrure me manque. Mais un peu de volonté ma grande !

Je repère ma compagne de route près du comptoir et sourit. Je lève au la main et l’agite pour attirer son attention. Il me faut plusieurs secondes pour me rendre compte que c’est moi qui aie fait diminuer le volume sonore de la pièce.
Je balais la salle du regard et en croise beaucoup tourner vers moi. Mon sourire s’élargit et je fais une petite révérence comme j’ai vu en faire une grande dame quand j’étais petite. Je me faufile entre les tables et arrive au niveau de la fermière toute pimpante en lui montrant mon acquisition. Elle n’a pas l’air très heureuse de l’attention que j’attire, alors je baisse les yeux et essaie de me montrer plus… passe-partout ?
Elle a gagné le droit que je ne la fasse pas remarquer elle. Surtout qu’elle peut encore refuser de me coudre ma robe si je finis par l’ennuyer.

C’est toute sagement que je la suis à l’étage, visiblement elle connait la route. C’est elle qui ouvre et referme le loquet derrière nous alors que je me faufile dans la pièce. Pour beaucoup cette chambre doit paraître des plus minuscules, mais l’idée d’une pièce à couchée assez vaste pour mettre trois lits et de la place pour bouger autour, moi ça me colle !
Je regarde l’endroit bouche bée pendant que la fermière s’installe avec l’efficacité de l’habitude. Flèches et arc près de sa tête de lit, sa besace près d’elle. J’évite soigneusement l’autre lit. J’ai l’impression que si j’y pose mes fesses je devrais payer. Alors je passe d’un pied sur l’autre, pas très à l’aise en la regardant faire. Finalement je me lance. C’est stupide de tourner autour du pot comme je le fais.

J’ai pas les moyens de me payer ce lit Mathie. Pas si je veux manger quelque chose ce soir. Et j’ai faim. »

Je hausse les épaules et lui sourit l’air penaude.

On s’occupe de ma robe si tu veux bien, après j’irais prévenir l’aubergiste que tu n’as besoin que d’un lit, et j’irais me trouver un endroit au sec. Ça te va ? »

Sans vraiment attendre sa réponse, sachant que toute façon j’ai pas les finances pour faire autrement, je m’approche en déboutonnant le coté de ma jupe de robe qui tombe au sol. Je m’en extirpe définitivement par un petit pas félin et la ramasse pour la tendre à la jeune femme. Il me faut plusieurs instants pour me dire que la vue de mon corps à moitié nu n’est peut-être pas des plus normal pour elle. Même si je n’ai pas honte de ce que j’ai à montrer. De belle et longues jambes musclées mais douces et galbées. Un postérieur en forme de cœur qui fait ma fierté. Et une culotte propre s’il vous plait ! Même si elle se résume à un tissus couvrant l’essentiel et une ficelle faisant le tour de ma taille.
Mais même si je trouve ça personnellement joli à voir, ma compagne elle n’en a peut-être pas le même point de vue. C’est difficile d’avoir à se soucier de ce que pensent les autres !

Je m’assois en tailleur au bout de son lit pour la regarder faire sans trop envahir son espace. Je sais recoudre une plaie plus ou moins proprement, assez rester en vie. Mais j’avoue que je manque cruellement d’expérience avec les vêtements. Pas pour rien que ma chemise est restée déchirée jusqu’à ce matin. Jouer avec ma manche me manque un peu, mais c’est vrai que c’est mieux pour marcher. Ma tête finit dans les mains, et mes coudes sur mes genoux tandis que je peux observer pour la première fois la fermière sans personne autour et sans le danger de la campagne.

Elle est plus jeune que je ne l’avais pensé au début. Elle doit être finalement dans ma tranche d’âge. Même si son petit air autoritaire lui donne un je ne sais quoi de maturité par rapport à mes allures de femmes impertinente. Je l’imagine tout à fait me tirer l’oreille pour me réprimander d’une bêtise, et ça me fait pouffer de rire. Ça n’enlève rien à sa beauté. Simple et directe, qu’elle a réussit à garder malgré son choix de vie. La plupart des fermières que j’ai vue dans ma vie son large comme leur mule, tout en muscle ou en nerf. Elle, elle est toujours très féminine. Des hanches dessinées mais pas épaisse, un dos bien droit, une poitrine qui….
Roh ça va ! je suis sûre que vous l’avez imaginé sans vêtements aussi ! Moi au moins j’ai pas honte de le dire ! Quand une chose est plaisante, il n’y a pas de mal à la savourer un peu. Mathie est plaisante, et en plus, elle est sympathique !

Tu vas faire quoi à Marbrume Mathie ? Il y a un problème avec ta vache ? »

Je demande sans gêne, même si officiellement elle ne m’a toujours pas dit qu’elle allait en ville, entre l’erreur de la tavernière le matin même et ses habitudes de voyageuse qui ne semble pas être à destination, je ne joue pas l’idiote. Elle a le droit de ne pas vouloir de ma compagnie. J’ai conscience de paraître être un poids mort. Mais même si on ne fait pas le route ensemble, je pense que je peux me montrer un peu curieuse non ?

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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyJeu 7 Mai 2020 - 6:03
Un petit et discret signe de la main eut pu suffire pour ne pas être repérée, mais Mathilde s'en fiche un peu. Sélène l'a accompagnée durant le voyage entre Usson et Sarrant et elle ne s'est pas fait tatouer le nom de son futur métier sur le front. Mathilde sourit à cette idée. Quand bien même elle l'aurait fait, peu auraient été capables d'en comprendre l'inscription. Savoir lire reste l'apanage des gens qui ont eu le temps d'apprendre. Le temps... c'est un luxe dans la vie d'un fermier. Aussi, une fois qu'elle reconnait sa compagne de route, Mathilde lève la main aussi haut qu'elle pour lui faire signe d'approcher. Faisant à nouveau dos à la salle, la fermière ne voit pas la révérence de Sélène, alors qu'elle commande deux repas... pas par bonté d'âme, mais seulement parce que manger face à quelqu'un qui a faim la répugne.

- Elle vous accompagne? Le patron de l'auberge semble loin d'être ravi.
- Ça pose problème? Mathilde soupire et dépose une pièce supplémentaire sur le comptoir sans quitter l'homme du regard. Il grommelle.
- Montez. On vous portera le repas en haut. C'est bien parce que c'est vous parce que sinon ça serait dehors.
- Comme si vous aviez le luxe de choisir vos clients, ser. C'est fini ce temps-là.

Mathilde se tait. Sélène arrive dans son dos, elle sent sa présence. C'est drôle, elle dégage quelque chose que la fermière peut percevoir, sans réellement comprendre ce que c'est. D'habitude, elle est de ceux dont le coeur s'arrête lorsqu'ils découvrent que quelqu'un se trouve derrière eux, mais là, c'est différent. Elle se retourne, le visage complètement fermé.

- On monte.

Sans un regard pour qui que ce soit, Mathilde se dirige vers les escaliers qu'elle monte rapidement. Elle ouvre la troisième porte, la chambre est aussi petite que les autres, meublée de façon très modeste, mais suffisante pour quelqu'un de passage. Elle referme le verrou derrière Sélène et soupire. Des crétins.

Sans vraiment faire attention à Sélène, Mathilde se débarrasse de son paquetage. Carquois, arc, besace... J’ai pas les moyens de me payer ce lit Mathie. Mathilde hausse un sourcil et se redresse. Les repas sont payés, et vu ton entrée, je pense pas qu'une troisième femme sera envoyée dans cette chambre. Elle sourit, se voulant rassurante. Installe-toi, tu laisseras une piécette en quittant demain. Dans les faits, avec un peu de chances, elle pourra récupérer une partie des frais via l'Ordre. Le restant est un investissement. Qui sait, parfois aider quelqu'un qui est dans le besoin peut rapporter quelque chose de bon, à la fin. Un service, une aide inattendue ou une amitié utile. Un peu comme la fois où elle a rendu service à de Terresang et qu'elle s'est achetée des bottes sur son compte, bottes qu'elle ôte, de même que sa jupe de monte totalement inutile une fois que la porte est fermée et que personne ne s'offusque de voir une femme porter un pantalon.

Mathilde regarde Sélène se dévêtir. Visiblement, la noiraude est bien décidée à ce que la couture se fasse ici et maintenant. Et si la semi nudité de sa compagne de route ne l'émeut pas plus que ça, c'est parce que la fermière a eu des soeurs, beaucoup de soeurs, et qu'elle est bien plus à l'aise avec une femme à demi nu que lorsque c'est un homme qui se déshabille. Avec un homme, il y a toujours un ambiguïté à éviter ou à briser, et la crainte qu'il use de sa force. Avec une femme c'est différent. Même si Sélène a affirmé sa préférence pour les femmes, la fermière ne voit pas en quoi elle représenterait une menace pour une gueuse qui travaille la terre et qui est bien loin d'être d'une grande beauté. Aucune ambiguïté possible. Elle changerait peut-être d'avis si elle lisait les pensées de Sélène. Mathilde retrousse les manches de sa chemise et étend la jupe de Sélène, qui s'est installée au bout du lit, devant elle. Elle l'étale, défait les plis, examine le tissu de bonne facture.

- Jusqu'ici, l'ouverture alors? T'es sure, parce que je coupe! Sortant les ciseaux de l'aubergiste, Mathilde amorce la découpe jusqu'au point indiqué par Sélène. Tu vas faire quoi à Marbrume Mathie. Les ciseaux interrompent leur course dans la trame du tissu, alors que Mathilde, jusqu'ici appliquée à ne regarder que la jupe, relève les yeux sur la noiraude. Long silence. La femme qui lui fait fasse est bien plus fine d'esprit que ce qu'elle donne à voir. Ma Catin va bien. J'ai juste besoin de main-d'oeuvre, j'ai perdu deux paires de bras, il m'en faut au moins une pour finir la saison. Au Labret tout le monde est occupé. A moins de trouver un mordu qui terrorise mes gars, je suis obligée d'aller chercher ailleurs. Sarrant, Conques et ultimement, Marbrume. C'est pas sûr que je m'y rende, en fait. Mais ça se peut. Mathilde baisse les yeux sur son ouvrage, qu'elle reprend. Honnêtement j'aimerais régler ça ici, pour ne pas avoir à rallier Conques. C'est le segment du voyage qui me fait le plus peur. J'ai déjà été attaquée là-bas. Je m'étais promis de ne pas revenir mais j'ai pas le choix.

Dernier coup de ciseaux. La jupe est irrémédiablement ouverte pour la nouvelle vie de Sélène. Tu as le fil et les boutons hein? Parce que sinon tu vas te promener cul nu jusqu'à la ville! Mathilde esquisse un demi sourire et récupère les trouvailles de Sélène. Rapidement, elle enfile une aiguille et entreprend de coudre un ourlet pour que la jupe ne s'effiloche pas au niveau de la coupe. Alors. Raflée pour cultiver le Labret au moment de la reconquête? Vous faisiez quoi à Marbrume, avant? Si Mathilde ne croit pas à l'innocence qui frôle parfois la niaiserie de la noiraude, elle ne cherche pas à la coincer. Généralement, quand quelqu'un a quelque chose à cacher et que cela ne la regarde pas, la fermière ne creuse pas le sujet. Surtout si elle est enfermée dans une chambre avec le quelqu'un en question.

D'une oreille attentive, elle écoute la réponse de Sélène tout en finissant les ourlets de la jupe, et casse le fil avec ses dents. Première étape terminée. Elle saisit les boutons pour les disposer le long de l'ouverture lorsque trois coups se font entendre, contre la porte. Les repas. Doublement haussement de sourcils et sourire entendu. C'est l'heure de manger. Mathilde se lève et rabat au passage la couverture sur les jambes nues de Sélène en lui faisant un clin d'oeil, avant d'ouvrir la porte pour récupérer un plateau joliment chargé de bonnes odeurs. Merci. A plus tard. Elle repousse la porte d'un coup de hanches et dépose le plateau sur le troisième lit. Si tu as faim, ne m'attends pas, je veux finir ta jupe tant que la lumière est bonne. Mathilde retrouve sa place sur le lit et reprend la disposition des boutons en consultant Sélène du regard pour obtenir son approbation. Ensuite, seulement, elle entaillera les boutonnières. Toi aussi, t'es loin de ressembler aux planteuses habituelles. Elle sourit. Des jambes habituées à marcher d'un bon pas sur une bonne distance sans se plaindre... c'est pas vraiment typique des gens du Labret.
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Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyJeu 7 Mai 2020 - 15:58
T’es vraiment adorable, tu le sais ça ? » Dis-je avec un grand sourire mon visage toujours posé dans mes mains. « Tu fais ta fille avec un gros caractère et très sérieuse, mais en fait tu es terriblement craquante ! T’es comme le miel dans la ruche ! »

Ça a du sens pour moi qui ai vécu des années dans les bois. C’est une chose risquée que de vouloir gouter à ce nectar, on peut bien vite se faire piquer si on se montre brusque. Mais pour peu que l’on prenne son temps et que l’on respecte les habitantes, on obtient un festin. J’adora m’occuper des abeilles avec Gustave, il montre toutes les bonnes techniques. Enfin… J’adorais. Il est mort, même s’il se balade encore surement quelque part. La dernière fois que je l’ai vu il déchiqueté le ventre de sa femme alors même qu’il lui manquait la moitié du visage.
Hum. Je me demande s’il s’occupe toujours de ses ruches quand il ne traque pas des vivants. Après tout, personne n’a jamais peu observer les fangeux quand ils ne chassent pas. Peut-être qu’ils sont très différents alors. J’ai envie de miel. Et je me sens reconnaissante, ça fait bizarre, j’ai pas l’habitude. Je me suis habituée à obtenir moi-même ce dont j’ai besoin, sans aide. Là elle est donnée naturellement. Mais c’est bien de l’être, Euphélie me l’a dit.

Merci Mathilde, pour la robe, la chambre, le repas, le bout de chemin. J’ai pas grand-chose mais si je peux t’aider, je le ferais, et c’est valable à vie, pièce et mains d’œuvre incluse. Si tu viens à Marbrume et que t’as besoin d’un coup de main, t’auras qu’à claquer des doigts ! »

L’idée de dormir dans un vrai lit de paille me réchauffe les sens. J’anticipe déjà avec plaisir le moment du coucher. J’hoche la tête à sa demande de confirmation. Je lui fais confiance pour la coupe, elle est de celle qui ne se lance pas dans un projet en se surestimant. Et vu sa vie, je pense qu’elle peut gérer une robe. Je la détaille pendant qu’elle m’explique la raison de son déplacement. Je me demande si elle prendrait mal le fait que je lui propose de partager sa couche ? Pas pour le travail, juste pour le plaisir et la chaleur des corps. Elle me plait et je me dis que ce serait plus agréable que de dormir seule. Mais c’est peut-être un peu trop demander à son ouverture d’esprit. Surtout que d’après ses mots elle a bien assez de soucis en tête pour pas se soucier des envies de coucheries d’une timbrée pédestre.

Prends pas tes désirs pour la réalité ! » Répondis-je en gloussant sans équivoque à sa remarque tandis que je lui tends les ustensiles que j’ai acheté pour lui permettre de continuer. « J’espère que tu trouveras ce que tu cherches ici alors. Même si la route me parait moins attrayante sans toi. »

Je me demande si je devrais lui proposer l’aide de certain de mes gars. Après tout, on manque cruellement de nourriture nous aussi, aider à de la culture permettrait en plus d’apprendre à faire pousser des choses pour nous…
Mais je renonce à cette idée. Elle a déjà bien assez d’emmerdes pour ne pas en plus devoir prendre le risque de finir au bûcher pour des inconnus. Et puis certains de mes frères ne seraient pas assez disciplinés pour obéir à une femme qui n’a pas envie de trancher une oreille pour l’exemple.

Mon père travaillait déjà sur une exploitation dans les faubourgs. Une porcherie. Ma mère… » Je ne peux m’empêcher de me souvenir de la grosse femme au visage hideux que j’ai dépecé il y a des années de cela. « Je crois qu’elle faisait comme moi. Enfin officiellement elle était mère au foyer, mais elle mettait toujours beaucoup de parfum et sortait des heures quand il était absent, pour revenir toute ébouriffée. Et les poches pleines. »

Je répète machinalement mon histoire, un peu trop peut-être, j’ai du mal à y glisser une quelconque émotion. Je baisse les yeux en espérant que ça suffise à donner une impression de sujet sensible et ajoute, avec une honnêteté complète cette fois histoire de contre balancer.

Je la détestais. »

Il me faut une petite seconde pour comprendre qu’elle me couvre pour cacher ma nudité aux yeux de l’intrus. Ça ne se passe pas comme ça chez nous. Si je veux me balader à moitié nue je le fais, et je supporte les regards qui vont avec. Personne ne juge pour une chose aussi futile. Le corps est le corps. C’est un bien fait. J’hume l’odeur avec délectation, et mon ventre émet son impatience de manière assez sonore, mais je refuse de commencer sans elle.

J’attendrais que tu ais finis, on mangera ensemble. »

Je pose mes mains sur mes hanches et prend un air très très sérieux, ce qui, sur mon visage donne surement un effet presque comique et dit d’une voix un peu bougonnante, parodiant son ton à elle quand elle avait posé le même genre de question :

Et t’entend quoi par une planteuse habituelle ??? »

Je ris en me claquant la cuisse, repoussant la couverture.

J’ai jamais été douée pour faire pousser quoi que ce soit. Je pense que je manque de patience et de sérieux. Je suis un peu tête dans les nuages… Non ? » Dis-je en lui glissant un regard amusé.

Les gens me prennent souvent pour une folle, je suis atypique, ça suffit à leur jugement. Ce qui les perturbe, c’est le fait qu’en réalité, j’en sois parfaitement consciente et ne fait pourtant rien pour donner plus d’impression de normalité. Mes frères et sœur se sont habitués, certains m’apprécient même comme ça. Et d’autres sont bien pire. Mais chez le peuple des trois, être original semble toujours être un défaut. Ils ont trop pris l’habitude de se mentir.

Petite j’aimais beaucoup aller marcher dans les bois, c’était risqué mais palpitant. Aujourd’hui c’est juste mortel. Alors je me dis que la cité est une bonne idée. Au moins un temps. »

Je m'installe sur mes genoux et avance sur le lit à quatre pattes de manière féline, glissant dans le dos de Mathilde pour passer ma tête par-dessus son épaule sans bloquer la lumière. Mon menton est presque posé sur elle mais ne le touche pas vraiment. J’en profite pour respirer son parfum. Elle ne pue pas comme les miliciens ou les marchands. Elle sent le voyage, la terre et le foin. C’est pas désagréable.
J’admire ses gestes précis. Elle n’est pas couturière, mais appliquée, pas de geste superflu. On sent l’expérience de celle qui a appris à économiser ses forces. Je regarde le profil de son visage du coin de l’œil avant de reprendre mon observation des travaux. Dommage que tu sois pas des nôtre Mathilde. Je parle plus bas puisque je suis presque contre son oreille.

T’aides souvent les gens bizarre ? »
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyDim 10 Mai 2020 - 4:53
Tu es terriblement craquante. Tu es comme le miel dans la ruche. Ce sont de beaux compliments. Des compliments qu'elle attendrait peut-être d'un soupirant qui aurait obtenu au préalable sa permission de la courtiser en vue d'un mariage, et qu'elle aurait fréquenté pendant un long moment avant d'arriver à cette familiarité dont Sélène fait preuve. Mais la noiraude n'est ni une vieille connaissance, ni un soupirant. Si le compliment est plaisant, il est aussi surprenant. Aussi Mathilde garde-t-elle le silence, se contentant de sourire légèrement, ce qui est une bonne chose parce que Sélène continue sur sa lancée, la remerciant pour la robe, le repas, la chambre... LA CHAMBRE?! Mathilde écarquille les yeux. Non non non, jamais elle ne lui a dit qu'elle payait pour sa couche. Elle n'en a pas les moyens. Pas encore. Un jour peut-être elle pourra faire preuve d'un peu plus de largesse mais pas en ce moment, pas avec les dépenses liées à la ferme et aux gars qui y vivent.

Elle entrouvre la bouche pour l'interrompre mais se ravise au dernier moment. La couche vaut-elle un hypothétique service? Sans doute, à condition qu'elle puisse retrouver Sélène. A condition qu'elle retourne aussi à Marbrume. A condition qu'elle ait besoin de quelque chose. Ça fait beaucoup de conditions. Mathilde fait une petite moue. Va pour cette nuit, mais à Conques, si elles voyagent encore ensemble, elle se débrouillera. Alors elle coupe, file, parle d'autre chose... relève une autre réflexion. La route me parait moins attrayante sans toi. Des mots qu'elle pourrait entendre dans la bouche du beau Darius, croisé quelques semaines plus tôt. Le reverra-t-elle un jour? Peut-être à Marbrume. Peut-être pas. Elle n'a aucune idée de comment le trouver.

Sélène ramène la fermière au moment présent. Un père travaillant chez un éleveur de porcs et une mère vraisemblablement catin lorsque son mari s'absentait. Elle se demande si les Trois lui jouent un drôle de tour en la ramenant vers le métier de sa mère, ou si c'est sa mère qui lui a transmis cette idée sans le vouloir. Peu importe, le résultat est le même : Sélène détestait sa mère, et c'est sur ce triste constat qu'arrive le repas attendu. Mathilde reprend sa place et son ouvrage, déterminée à terminer son ouvrage avant la tombée de la nuit.

- Tu devrais pas attendre, les boutons c'est vite fait mais les boutonnières c'est un peu plus long si on veut que ça soit bien fait. J'aime pas le travail bâclé. Manquerait plus que la jupe ne finisse par s'abîmer plus vite que la normale et qu'elle soit obligée d'en acheter une nouvelle alors qu'elle n'en a pas les moyens. Sélène en serait fâchée et maudirait le manque de sérieux de l'apprenti couturière qui n'aime pas l'idée de se faire des ennemis. Soigne ta réputation, Mathilde. Son père le lui a répété des dizaines de fois, et elle sait maintenant que sa réputation lui permet quelques secrets écarts de conduite sans qu'elle ne soit inquiétée.

Sélène adopte une drôle d'attitude, mains sur les hanches et moue inquisitrice avant de théâtralement demander ce qu'elle entend par planteuse habituelle. Mathilde rit de bon coeur, reconnaissant là sa propre question mais pas son attitude qui est une improvisation totale. Je parle de ces femmes qui ont les épaules larges, le corps solide mais qui ne marchent pas vraiment plus loin que leur champ. Toi tu as de bonnes jambes. Et puis tu as ces boucles d'oreilles qu'on ne porte pas vraiment pour cultiver la terre. Elle sourit. Tête dans les nuages... elle n'est pas tout à fait d'accord. Je crois que tes pensées te sont une agréable compagnie et que tu aimes t'y plonger régulièrement. Tu l'as encore fait tantôt. Elle hausse les épaules alors qu'elle termine de coudre le dernier bouton. Sélène est consciente de son attitude parfois en décalage avec la sienne, mais ne s'en émeut pas plus qu'il ne le faut. Elle se connait, elle le sait, elle le vit très bien, pourquoi Mathilde le lui reprocherait-elle? D'autant plus que demain, peut-être, elles se sépareront.

Alors qu'elle coupe le fil avec ses dents, même si elle a une paire de ciseaux à disposition, allez savoir pourquoi elle ne l'utilise pas, Mathilde laisse son geste en suspend pour regarder Sélène traverser le lit à quatre pattes et venir s'installer dans son dos. Elle la suit du regard, et se tourne même légèrement pour la voir se glisser derrière elle et approcher son visage du sien. Elle se détourne, ne sachant pas quoi dire ou quoi faire, si ce n'est placer les pans de la jupe en vis-à-vis pour percer les trous à l'aide d'une des lames pour créer les boutonnières. Le souffle de la noiraude effleure son cou. Mathilde retient le sien.

Elle avait glissé ses mains sur ses hanches, pour éviter de tomber de cheval. Un prétexte pour créer un contact. Quelques instants plus tard, Lisbeth l'interpellait et se saisissait de ses lèvres au moment où elle tournait la tête. Un doux baiser que les Trois réprouvaient, doux baisers qui avait conduit à trois belles journées d'une romance avec une femme totalement irrésistible. A la fois forte et sensible, avec un charme fou et un caractère impétueux. La seule femme qui avait partagé sa couche.

En silence, Mathilde se demande si elle pourrait partager ses nuits avec une autre femme. Elle ne trouve pas de réponse, hormis le fait que coucher avec une apprentie catin n'est pas une perspective enchanteresse. Sans compter sur le fait que sa tête est ailleurs, aux côtés d'un pirate probablement en mer, ou lui même perdu dans les bras d'une prostituée. Il ne reviendra peut-être jamais, et elle finira peut-être par l'oublier, mais pour le moment, c'est de lui seul dont elle a envie. Un frisson lui parcourt l'échine. Se sentant tout à coup mal à l'aise dans cette proximité que Sélène lui impose, Mathilde murmure, un peu gênée J'aime pas trop qu'on soit dans mon dos, ça me déconcentre. Espérant que cela soit suffisant pour que la noiraude comprenne que sa place est plutôt face à elle, elle reprend son travail avec application.

- Des gens bizarres? T'entends quoi par bizarres, parce que si tu veux mon avis, les seuls bizarres que j'ai vus aujourd'hui ce sont ceux qui se sont tus quand tu es entrée dans l'auberge. Chacun a sa petite bizarrerie dans la vie. Par exemple, l'hiver dernier j'ai accompagné une femme tatouée de la tête aux pieds dans les Faubourgs. Elle se faisait regarder, elle aussi. On s'est retrouvées dans une maison occupées par des adeptes de je-ne-sais quelle secte, avec un milicien qui croyait dur comme fer qu'on était les sectaires en question. Sauf qu'ils sont arrivés et que ça a tourné en bagarre et en fuite générale. Mathilde ricane. J'ai aucune idée de comment ont fini les sectaires survivants, mais ce jour-là j'étais bien heureuse d'être avec cette forgeronne tatouée. Elle sourit légèrement, sans imaginer un instant que Sélène puisse être heurtée par cette histoire durant laquelle au moins deux sectaires avaient perdu la vie. Ça te vient d'où ces boucles d'oreille? C'est joli. Pas courant mais joli.

Mathilde désigne le plateau posé sur le lit, d'un signe de la tête. T'es sure que tu veux pas manger? Parce que ton estomac a pas l'air d'accord et je suis à peu près certaine qu'il va préférer manger chaud. Si ça peut t'aider, je vais grignoter entre deux points.

La distraction de trop. Mathilde se pique le doigt et lâche un petit Ouille mi surpris, mi fâché de son manque d'attention, et met son doigt en bouche comme une gamine cherchant à chasser la douleur, avant de regarder l'étendue des dégâts : à peine un léger point rouge, petite perle de sang qui séchera bien vite.
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Sélène LoiteAssassin
Sélène Loite



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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyDim 10 Mai 2020 - 6:26
Plusieurs fois il a sortit sa tête pour humer l’air. Il a beaucoup plu cette nuit. Chaque odeur semble exacerbée. Les fleurs, l’herbe, la terre, même le soleil. Il hésite, quelque chose en lui s’agite, une peur primale mais indéfinissable. C’est à la fois si vague et si présent qu’il se demande à sa façon s’il n’a pas tort d’essayer tout de même. Il a faim mais il peut attendre une journée de plus. Son pelage est chaud et sa chaire encore grasse. L’hiver n’est pas encore là, il a tout le temps de faire ses réserves. Mais n’est-ce pas stupide de retarder encore cette épreuve. Il ne sent rien, il ressent simplement.

Un chant d’oiseau loin au-dessus le rassure sur l’absence de menace immédiate. Ces petits être à plumes ne trainent pas dans les parages si un chasseur s’y trouve. Ils sont devenus rare à présent. Depuis que ceux qui marchent ont fait leur apparition. Le chasseur est devenu chassé, et la forêt a retrouvé la tranquillité. Oui, il va sortir aujourd’hui. Un peu de courage. Il sort avec quelques pas hésitant de son terrier. La clairière emplie de lumière n’est qu’à un bond de là. La chaleur que procure l’astre sur son pelage après la nuit humide est des plus réconfortante. Le craquement fait redresser ses oreilles comme de lances vers le ciel. Il y a danger, il le sent mais ne voit rien. Vite ! Dans son trou ! Il bondit.
Le serpent l’intercepte en plein vol. La morsure est douloureuse, mais s’engourdit bien vite, son cœur pourtant paniqué ralentit lui aussi. Les couleurs ont-elles toujours été aussi floues ? Et se noir intense, d’où vient-il ?

A quelques kilomètres de là….

Le message n’est pas brutal mais clair. Au moins n’ai-je pas besoin de tenter de poser une question embrassante. J’opine du chef et quitte ma position pour glisser en bas du lit et le contourner d’un pas franc jusqu’à ma propre couche où je m’assois pour la regarder faire sans la déranger. Je ne me cache pas pour autant, rien ne sert de jouer soudainement les prudes alors qu’elle n’a rien dit jusque-là. J’écoute sa petite histoire avec une certaine surprise. Pas vraiment de colère pour des disparus que je ne connaissais surement même pas. J’aime pas trop l’appellation « sectaire » qu’elle nous donne. Ça fait croire aux gens du commun que leur religion a plus de légitimité alors que leurs dieux ne sont que des traitres ayant trahit leur frère par jalousie.

Mais je suis surtout étonnée de savoir qu’une fois encore, elle souligne dans son passif des évènements qui n’ont pas grand-chose à voir avec la vie d’une petite fermière discrète du Labret. Déjà le cheval laissé entendre qu’elle fréquentait du beau monde. Maintenant elle a lutté dos à dos contre des membres de mon groupe. Bientôt je vais apprendre qu’elle est en pleine préparation d’un mariage avec le nouveau roi…
Ça m’amuse qu’elle soit aussi indéfinissable. D’un côté, elle coud ma robe avec le naturel de sa vie. De l’autre elle traverse le pays en menant des batailles héroïques. Elle doit en cacher des choses cette caboche. Peut-être plus que moi finalement.

J’en ai un aussi. » Dis-je en référence aux tatouages, sans pour autant le redéfinir. « Donc en effet, tu aimes bien traîner avec des gens… à part puisque bizarre ne va pas. Tant mieux pour moi je dirais. »

Je souris franchement. J’espérerais presque qu’elle ne trouve pas ce qu’elle cherche ici, qu’on voyage encore ensemble. Mais ce n’est pas mon genre. Du coup je fais deux prières à Etiol dans ce sens histoire d’excuser ma mauvaise pensée tandis que je glisse mes doigts sur mon oreille, effleurant les boucles d’acier par pur réflexe du fait qu’elle les évoque. Je reprends à partir du haut pour lui expliquer.

Un cadeau de mon premier amant consenti. Puis un pour avoir tué mon premier lapin avec ma dague. C’est triste, aujourd’hui je n’en chasse presque plus avec ces trucs qui trainent dehors. Les serpents doivent s’en donner à cœur joie. Le troisième, c’est pour mon passage à l’âge adulte, un cadeau d’une amie. Même si elle dit que je me comporte rarement comme une adulte. Le quatrième je l’ai trouvé. »

Sur la fangeuse qui m’a permis de faire mon masque. J’espère qu’il est bien arrivé à Marbrume par nos autres voies. Je l’aime ce putain de masque. Je laisse mon index glisser sur la petite chaine qui pend à mon oreille et mon sourire se fait nostalgique.

ça, c’est un cadeau de trois, pour mon assiduité au temple. C’est un bout de chaine qui tenait le symbole sacré d’un prêtre qui m’a tout montré de la religion. »

Surtout les plus mauvais aspects. Mais j’aime la porter. Ça me rappelle quand je l’ai retrouvé des années plus tard. Quand c’est moi qui aie profané son corps et non l’inverse. Sauf que mon outil était nettement plus aiguisé que le sien. Le gout de sa chair me revient. J’en ai encore plus faim. Mais encore une fois je refuse l’invitation de Mathilde.

Mon estomac aime surtout manger en bonne compagnie, et il a pas l’habitude du chaud. Du moment que je sais que je pourrais manger ce soir, je peux attendre que ma sœur d’armes aie finit d’essayer de s’empaler les doigts. » dis-je en soulignant sa piqure. Je me permets quand même de m’inquiéter. « Pas de mal ?»

Je sais pas ce que ça fait de se piquer avec un si petit bout de métal, j’ai l’habitude de ceux qui ouvrent la chair pour de bon. Ça a pas l’air mortel, mais pas agréable pour autant. J’incline la tête légèrement.

T’as quelqu’un dans ta vie ? »

J’ai conscience que la question est totalement déplacée, surtout envers une femme qui se dit veuve. Elle a tout les droits d'éviter de répondre. Mais bon, je lui ai dit que j’allais sans doute me taper une bonne part de la cité, et elle ne s’est pas offusquée. Je suis seulement curieuse de savoir si dans la vie drôlement épique de cette fermière, il y a aussi un petit cliché de passion, d’étreinte sauvage et de beau garçon ténébreux. Ou fille qui sait. J’espère que si c’est le cas, c’est un mauvais garçon.
Mathilde s’ennuierait avec un gentil prince.
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyMar 12 Mai 2020 - 21:03
Mathilde n'interrompt son travail que pour regarder Sélène qui énumère la provenance des boucles d'oreilles qui soulignent joliment son visage dont les traits semblent pourtant durs. Autant de cadeaux que de souvenirs probablement importants pour sa compagne de route. La chasse au lapin, un autre point commun. La fermière aimait partir dans la forêt avec son père pour piéger du petit gibier. Marius lui avait permis de garder la peau de ses deux premiers lièvres si elle réussissait à les dépecer correctement... ce qui n'était pas compliqué. Après le premier frisson de dégoût, elle avait compris que la peau s'ôtait comme une chemise. Il suffisait de tirer dessus avec une force égale pour récupérer ce qui serait ensuite nettoyé, séché et cousu. Pas fou, le père Dumas avait ainsi permis à sa fille de se familiariser très tôt avec l'art de tirer profit d'un animal chassé. Elle n'avait guère eu l'occasion de réitérer l'expérience, et avait cessé de se promener dans le bois depuis maintenant plus de deux ans. Elle frotte son doigt piqué. Par la grâce des Trois il ne faudra pas amputer.

Le quatrième, je l'ai trouvé. Mathilde ricane presque presque à cette phrase qui sonne différemment dans son oreille, sans doute parce qu'elle vient de parler de sectaires et qu'eux aussi avaient trouvé le quatrième. Elle se plonge à nouveau dans son ouvrage, en songeant que Sélène est inutilement coquette. Sans tous ces bijoux clinquants et ce maquillage qui barbouille son visage, elle doit être très jolie. La fermière se demande quel est ce tatouage qu'elle porte, et la raison pour laquelle elle l'a. Eurybia l'avait déjà poussée à se questionner sur la nécessité que ressentent certaines personnes à transformer le corps que les Trois leur ont donné... mais elle n'avait pas trouvé de réponse. La forgeronne lui avait dit que c'était dans la famille, sans donner plus d'explications. Il y avait eu ce mercenaire... peut-être était-il milicien, peu importe. Lui aussi portait des tatouages qu'il considérait être des prières aux Trois gravées dans sa peau. Mais pourquoi graver dans sa peau ce que l'on peut murmurer chaque jour, à chaque moment de la journée?

- Assidue au Temple? Tu as été chanceuse de rencontrer un prêtre qui ne s'arrête pas à ton apparence peu commune. Elle sourit. Si son pantalon de voyage dérange les hommes, le maquillage et les boucles d'oreilles de Sélène doivent être interpellant. Comment une femme pieuse et instruite à la religion se retrouve à considérer la prostitution comme sa seule issue? Mathilde a du mal à le concevoir, tout comme elle imagine difficilement le parcours de vie de la noiraude qui se retrouve ici dans cette chambre à faire transformer sa jupe en un outil de travail. Si tu es si pieuse, pourquoi n'essaies-tu pas de travailler dans un temple?

Elle perce une autre boutonnière. La fermière a pris un bon rythme. Ses gestes sont réguliers, précis, et relativement rapides. Elle ne compte plus les vêtements cousus ou rapiécés dans sa vie. D'abord pour sa fratrie, ensuite pour son trousseau, puis pour son mari, la ferme et tous les visiteurs dans le besoin. Elle récupère chaque morceau de tissu qu'elle trouve pour les stocker dans un grand coffre dans lequel elle fouille en hiver pour fabriquer un nouveau tablier ou réparer une robe un peu trop usée.

Tu as quelqu'un dans ta vie? Mathilde hausse un sourcil. C'est une question qu'elle se pose, elle aussi. Elle coupe le fil, avec les ciseaux cette fois. Toute la bobine va y passer mais les boutonnières vont résister à tout ce que les clients de Sélène pourront leur infliger. Je suis veuve depuis un an... un mariage de raison, pas d'amour, l'amour c'est... une chose que j'apprivoise? J'ai rencontré quelques personnes dans les derniers mois mais j'ai tendance à m'emballer un peu vite, je crois. Disons que je n'aurai pas de regrets si je meurs demain. Elle sourit, amusée. La veuve qui n'a rien de respectable essaie de persuader sa compagne de voyage qu'elle n'est pas obligée de se tourner vers un métier peu respectable. Que c'est ironique.

- Quand j'aurai fini, on mangera un morceau et puis j'irai faire un tour avant la nuit, histoire de voir s'il y a de la main-d'oeuvre disponible. Ça me surprendrait un peu, l'aubergiste avait l'air de dire que les routes étaient peu sures en allant vers Conques... mais bon, qui sait, la chance est peut-être avec moi. Ça changerait des emmerdes habituelles. Mathilde hausse les épaules. Aller vers Conques au moment où des attaques de fangeux viennent d'être signalées, ce n'est pas l'idée du siècle mais c'est le genre d'information dont elle ne disposait pas. De toute façon,elle ne peut pas reporter son voyage, elle a besoin de main-d'oeuvre régulière et fiable. Les voisins qui dépannent ne suffisent pas à la ferme.

- T'as déjà été amoureuse, toi? Elle ne lui demande pas si elle a quelqu'un dans la vie. Si c'était le cas, elle ne serait pas partie seule pour un destin peu respectable. Mais peut-être a-t-elle été éprise d'une femme et que c'est ce qui a poussé son père à la tenir hors de Najac. Pourquoi les Trois ne tolèrent-ils pas que deux de leurs créations s'aiment, même si elles sont du même sexe? Mathilde ne le comprend pas, et c'est une question qu'elle ne peut pas poser à un prêtre qui risquerait de la faire passer pour une hérétique.

Mathilde termine son ouvrage en écoutant Sélène sans l'interrompre. Lorsqu'elle s'arrête enfin de parler, elle lui fait signe d'approcher d'elle et l'aide à passer la jupe qu'elle boutonne non sans observer les longues jambes solides de la noiraude. Une bonne marcheuse qui n'a pas quitté sa maison depuis des mois... elle y croit de moins en moins, mais si Sélène préfère déguiser la vérité, elle ne s'y opposera pas et continuera de rentrer dans son jeu. Elle ne peut s'empêcher de couler un regard impudique sur la peau fine des cuisses de l'apprentie catin sur laquelle elle ne repère aucun dessin... pas plus que sur ses bras aux muscles bien dessinés. Où peut-elle le cacher? Sur son ventre, peut-être. Les pans de la jupe se referment, bouton après bouton.

- Eh voilà, madame! Tout est parfaitement aligné, et en prime il te reste un peu de fil si un bouton décide de ne pas résister à tes clients. Mathilde fait un mouvement de menton vers le plateau. On passe au repas? Parce que moi j'ai faim. Elle rit doucement. Si Sélène se montre patiente, elle ne l'est pas du tout et salive à l'idée de déguster un repas qu'elle n'aura pas eu à préparer. Aussi se déplacera-t-elle sans aucune grâce sur le lit pour se saisir du repas et le déguster en silence.
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyMer 13 Mai 2020 - 0:28
Je joue avec mes orteils tandis que j’observe ma compagne de chambrée travailler sur ma tenue. J’aime bien la regarder travailler, c’est régulier, apaisant. J’ai l’impression de voir Marcus aiguiser son épée. C’est monotone mais agréable. Je souris à sa remarque, elle fait un joli raccourci. Sans doute pour m’aider, mais un raccourci quand même.

J’ai dit que j’étais assidue, pas pieuse. Et puis si j’ai accumulé les boucles d’oreilles ça veut bien dire que qu’avant j’en avais pas. J’étais une adorable petite fille avec les cheveux tout noir. » Je glousse en me balançant. « Aujourd’hui je suis toujours adorable, mais je ne suis clairement plus une petite fille. »

Même si je ne croyais pas en ce que je crois, mon expérience avec les membres du clergé sont sans aucun doute trop négative pour que j’envisage de trainer au temple. Enfin je ne dis pas que je ne vais pas y faire un tour, histoire de couper une ou deux paires de testicules, manger un foie et dépecer une prêtresse. Mais c’est pour le plaisir pas pour le travail.
Mais je dois vous avouer que j’aime bien ses petites remarques pour essayer de me détourner d’un choix qu’elle réprouve sans pour autant me condamner. J’en viens presque à me demander si je ne devrais pas tenter autre chose. Après tout j’ai choisi ce métier parce que je n’y accorde pas d’importance. Ça me permet de me fondre dans l’ombre, d’être existante sans être importante. Personne ne se soucie d’une catin. On détourne les yeux.

Si je te promet d’essayer faire autre chose avant de damné mon âme, tu arriveras à dormir ? » Demandais-je sur un ton léger mais sérieux. Si ça pouvait lui faire plaisir, j’étais prête à travailler un peu plus pour lui sembler plus morale. Ou moins perdue plutôt.

Ainsi donc il y avait bien anguille sous roche, ou plutôt ours sous caillou. Je ne savais pas vraiment dire quoi, mais il y avait comme une lumière, une question qui trainait dans sa tête alors qu’elle me répondait qu’elle n’avait pas de regrets. J’avais remonté mes mains sous mon visage et la fixait avec intensité, comme une enfant qui attend la suite de l’histoire. Mais elle ne vint pas, la petite dame gardant les origines de sa flamme pour elle.

C’est bien se s’emballer pour ce genre de chose, non ? ça fait tout chaud et on se sent plus soi-même que le reste du temps. Je parie que tu l’apprivoiseras moi. »

Je ne savais si on parlait que du sentiment ou de quelqu’un en particulier, mais j’encourageais ma copine de voyage de toute mon âme. Je glisserais une prière à Etiol pour toi Mathie !!! Je regarde par la fenêtre pour voir la lumière qui décline. Elle va ressortir.

Je peux venir avec toi ? J’ai rien à faire en attendant demain. Enfin tu as peut-être envie d’un peu de tranquillité… je sais que je me fais un peu trop remarquer. »

Je prends le temps de réfléchir à sa question. Pas que je me demande si j’ai déjà éprouvé ce sentiment, mais plutôt d’essayer de séparer les amourettes des vraies relations. De celle qui vous marquent profondément. Je sais, ça vous surprend. Vous vous dites que je suis une tueuse, un monstre peut-être même. Comme je pourrais aimer ? Et bien de la même façon que vous. La seule différence c’est que moi j’assume la responsabilité de mes actes. Un peu comme ce gars sur la route. J’admet parfaitement qu’on l’a tué, même indirectement. Je ne sais pas si beaucoup le verraient ainsi.

Deux fois je crois. Mais la première c’était une bêtise, lui il était beau et amusant, et moi j’étais jeune et bête. Mais j’étais vraiment amoureuse. Juste ce n’était pas réellement réciproque. Par contre la deuxième ! tu l’aurais vue ! Le plus jolie des filles… »

J’aurais bien ajouté qu’elle était du clan, mais en plus de totalement griller ma couverture, ça n’apportait strictement rien aux souvenirs que j’avais d’elle. Je poursuivis.

Elle avait un humour à tranché les pierres. Une fille de tanneur, butée comme pas deux. Et bon sang, au lit !!! J’aurais tout donné pour elle. J’ai bien failli d’ailleurs, mais elle m’a jetée par-dessus le muret. Et c’est elle qu’ils ont eu. C’était un peu comme mourir sans avoir le droit au repos, j’ai bien failli devenir folle. Enfin, un peu plus. »

Je fais un clin d’œil à Mathilde. Je sais que mon ton ne colle pas vraiment à mon histoire, je semble toujours aussi légère, peu concernée. Je suis comme ça, la nature et Etiol m’ont fait ainsi. Pourtant, dans mon esprit, je peux revoir chaque instant, réentendre chaque cri. Je peux encore dessiner la forme de la flaque de sang qui a coulée sous les pierres usées du mur alors que je m’égratignais les mains en essayant de l’escalader. Si Marcus ne m’avait pas assommé, je serais morte avec elle. Mais voilà, cette horreur que je ressens, ce manque que je vis, je n’y ai pas accès, en tout cas pas comme tout le monde. Mathie me fit signe d’approcher et je me levais prestement pour venir enfiler la robe en sentant son regard sur moi. Curieux, mais pas comme celui que je portais sur elle. Je crois que je compris.

Tu peux pas le voir là, j’ai encore un peu trop de tissu. » Dis-je avec un sourire moqueur mais gentil alors qu’elle remontait la robe sur mes cuisses et m’aidait à l’attacher.

Immédiatement je me sentis plus à l’aise en sentant mes jambes capables de bouger en dehors du fuseau de tissu. Demain je pourrais courir, si j’étais seule. On referma bien vite les boutons pour les essayer, et je me sentis à nouveau prisonnière. C’est nul les robes. Je dépose quand même un baiser bruyant sur sa joue en remerciement pour son aide. Et me jette sur mon écuelle avant de regagner mon lit pour manger sans occuper son espace. Par Etiol que c’est bon de se nourrir d’un repas chaud. Je ne me prive pas pour autant de fixer Mathilde par-dessus le rebord en bois.

Si tu pouvais choisir ce que tu pouvais manger, là tout de suite, tu choisirais quoi ? »


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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyMer 13 Mai 2020 - 17:04
Si je te promet d’essayer faire autre chose avant de damné mon âme, tu arriveras à dormir ? Alors qu'elle regarde Sélène se jeter sur son repas, Mathilde songe à cette phrase que la noiraude a lancée sur un ton presque léger et à laquelle elle n'a pas répondu.

- La vérité, Sélène, c'est qu'une fois que notre voyage prendra fin, il y a peu de chances que nous nous croisions à nouveau. Que tu choisisses de travailler sur le trottoir ou que tu finisses par trouver un emploi que je considérerais, moi, plus convenable, je n'en saurai rien. Je finirai ma vie en pensant que tu es probablement morte égorgée par un client insatisfait, et je me dirai quelque chose comme Pauvre fille, tout aurait pu être différent si nous nous étions connues bien avant. Mais si de ton côté tu trouves un semblant de bonheur parce qu'en croisant mon chemin, tu auras reconsidéré ton choix et que tu auras soit changé de voie, soit persévéré dans celle d'être une catin, eh bien quelque part j'aurai servi à quelque chose, et ça sera bien pour toi. Mathilde hausse les épaules. Elle ne cherche pas à faire le bien, ni à se racheter une pureté d'âme en faisant de bonnes actions. Elle sait qu'il suffit parfois d'une rencontre pour qu'une vie change radicalement. Si Lisbeth n'avait pas poussé sa chance. Si Aymeric n'était pas entré dans sa ferme. Si Alexandre ne s'était pas vautré dans la boue. Si Rowan l'avait manquée. Si Jocelyn avait été plus discret. Si Darius n'avait pas attaqué. Autant de rencontres, amicales, amoureuses ou adverses, qui dans les derniers mois l'avaient poussée dans ses ambitions agricoles et obligée à repenser ses convictions les plus profondes. Peut-être avait-elle été, elle aussi, un élément important dans la vie d'un fuyard, d'un mordu, d'un banni ou d'un fermier, et elle ne le saurait probablement jamais.

Mathilde mange lentement, assise en tailleur sur son lit. Pourquoi continuer de discuter avec une inconnue et chercher à creuser une relation qui n'ira pas plus loin que leur voyage? Toujours la même question. La Fange a fait de la fermière une bien mauvaise amie. Fatiguée de perdre ceux qu'elle aime, elle ne se lie que très rarement d'amitié avec quelqu'un et passe pour une femme aimable mais farouche la plupart du temps.

- Je mangerais un civet de lièvre. J'ai plus vraiment l'occasion de courir le bois depuis la Fange. Je le faisais un peu avec mon père, on piégeait des lièvres au collet et maman les cuisinait le jour-même pour la famille. C'était un régal, même si la plupart du temps on n'avait droit qu'à une ou deux bouchées de viande. Quinze enfants, deux adultes. Même si les deux plus vieux n'étaient plus là et les quatre derniers pas encore conçus alors qu'elle était enfin en âge de courir la forêt, ça laissait tout de même une dizaine de bouches à nourrir. Mais j'ai pas à me plaindre, avec la ferme je mange tous les jours. J'ai des provisions stockées pour l'hiver. Faut que je fasse attention mais je suis loin de la famine de 1164. L'hiver 1165 avait été un peu juste, et elle avait béni sa bonne idée de tenter de planter des légumes plus résistant à l'hiver en les enfouissant sous la paille pour les garder au chaud. Déposés sur une bonne couche de fumier de cheval, ils avaient poussé lentement mais sûrement, lui apportant un complément indispensable pour faire le lien avec les premiers légumes du printemps.

- Pourquoi tu préfères les femmes? Qu'est-ce que tu leur trouves de plus attirant que les hommes? Mathilde trouve sa question plutôt habile. Sans dévoiler qu'elle a eu une douce romance avec une rousse, elle voit là l'occasion d'entendre une autre femme expliquer son attirance pour le même sexe. Sa rencontre de mars l'a chamboulée, même si c'est la raison qui a fini par l'emporter et la pousser à mettre un terme à cette aventure dont elle garde un souvenir parfois nostalgique mais souvent amusé. Quelle folie! Elle écoute Sélène qui, inconsciemment, réveille ses souvenirs du printemps. Une idylle de trois jours, aussi intense que déraisonnable. Combien de fois auraient-elles pu être surprises? Mathilde avait cru qu'un avenir leur était permis, jusqu'à ce que la perspective d'héberger cinq travailleurs sur la ferme ne la ramène les deux pieds sur terre : il n'y avait aucun avenir radieux permis à deux femmes. C'était contre-nature, contre les Trois. Elles finiraient tôt ou tard brûlées sur un bûcher en place publique. La fermière avait eu peur, la mercenaire avait disparu sans plus jamais revenir.

Terminant son repas, Mathilde vide son gobelet d'eau d'une traite et se masse le ventre. Le plat ne restera pas dans les annales de la haute gastronomie, mais la quantité était largement suffisante pour elle. Elle s'étend un instant, le temps pour Sélène de terminer, et contemple le plafond de bois de la chambre.

- Je vais me dégourdir les jambes. Tu peux venir avec moi si tu veux, tant que tu fais pas fuir les potentielles recrues. Elle rit doucement. Maintenant qu'elle s'y est habituée, elle se fiche un peu de l'apparence de Sélène qui, malgré tout, ne doit pas inspirer la confiance à n'importe qui. Par chance ton tatouage n'est pas au milieu de ton front, ça, ça ferait peur! Elle rit pour de bon, cette fois. Une fois armée, avec son pantalon d'homme et sa haute taille, Mathilde sera, des deux, celle qui est la plus susceptible d'inspirer la peur, tant qu'elle reste muette. Sélène a le don de passer pour plus simplette qu'elle ne l'est, avec son ton léger, son air détaché et ses "absences" qui n'en sont pas forcément. Qui sait ce qu'elle a réellement en tête, après tout? Mathilde, elle, a un air naturellement grave, même lorsqu'elle arbore ce demi-sourire lorsqu'elle veut inspirer la confiance à quelqu'un. Son regard sombre ne l'aide pas non plus, pas plus que le ton autoritaire qu'elle peut adopter lorsqu'il est temps de parler travail. Hey. Tu ramènes pas de client ici hein? Ni de cliente. Mieux vaut le préciser. Elle ne sait pas pourquoi mais Mathilde est à peu près sure que Sélène serait capable de jouer sur les mots.

Quelques minutes plus tard, les bras chargés des écuelles et des gobelets du repas, Mathilde descend les escaliers pour aller déposer le tout sur le comptoir derrière lequel plus personne ne se tient. La salle n'a pas vraiment désempli, mais elle se videra bientôt, à la tombée de la nuit, lorsque les voyageurs sans le sous regagneront l'un ou l'autre grenier abandonné pour y dormir quelques heures. La fermière, elle, préfère quitter momentanément les lieux pour partir à la chasse à l'apprenti fermier. S'il y en a un à Sarrant, elle se promet de le trouver.

Que Sélène choisisse de l'accompagner ou non, elle passera la porte de l'auberge pour se diriger de son pas pressé vers les écuries et interroger le palefrenier qui doit avoir une bonne idée des dernières arrivées dans le coin. Dans le ciel, l'astre solaire a déjà entamé sa course vers l'horizon. Elle a peu de temps devant elle.
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyMer 13 Mai 2020 - 20:05
Qu’est-ce que tu peux être sérieuse par moment ! Une vraie marâtre ! J’imagine que tu dois être totalement délurée quand t’as bu, c’est souvent les plus sérieux qui sont les plus surprenant. »

Je ne m’offusque pas de son recadrage de nos conditions respectives, c’est une simple vérité, il n’y a rien à prendre pour soi. Mais j’ai remarqué qu’Etiol aime bien me faire des petites surprises, alors ça ne m’étonnerait pas de retomber sur Mathilde, d’une manière ou d’une autre, en cueillant un champignon ou en vidant un seau de merde par la fenêtre. Ce genre de chose c’est mon quotidien.
Je vide mon repas rapidement, léchant le fond de l’écuelle tout en imaginant manger un bout de ce civet de lapin. Ça devait être délicieux. Si je reviens au Labret, en vie je veux dire, je me demande si elle voudra bien m’en préparer un. Mais je fais les yeux ronds quand même à sa dernière déclaration, même si mon estomac savoure sa plénitude actuelle, l’idée de manger si régulièrement me fait saliver.

Tu manges tous les jours ?? Vraiment tous ? ça ça doit être quelque chose ! »

Je crois que même dans mon enfance, la nourriture était plus rare que ça, alors dans les marais… Mathilde est une chanceuse ou vraiment très douée je ne sais pas trop, mais en tout cas, je vais peut-être reconsidérer l’idée de lui envoyer un peu d’aide. Il faudrait juste que je demande à Euphélie de faire le tri.

Pour la même raison que je préfère la couleur rouge à la bleue, parce que je crois que je suis comme ça… » Je pose mon plat désormais vide et réfléchit. Croyez moi, réfléchir le ventre plein, c’est presque orgasmique. Je me sens comme une grande dame qui n’a pas d’autres choses à penser que s’occuper des ses fleurs et son jardin. Je l’imagine bien, un air innocent, des yeux bleus presque de glace, des cheveux d’un blond presque blanc qui feraient penser à une cascade d’argent. Un air toujours triste qui la rend belle. Bref, une personne sans intérêt ! Et puis faudrait me donner du comtesse tout le temps. Horrible !

Plus pragmatiquement, la croupe. Bien plus jolie à contempler que chez les garçons, regarde, je préfère largement marcher derrière toi que derrière le tavernier. Je n’ai pas vraiment de réponse profonde à te fournir, j’aime manger de tout mais certains plats ont ma préférence. T'en pense quoi ? »

J’hausse les épaules, sans trop comprendre pourquoi je devrais avoir une raison ou si c’est bien sain d’en chercher une. On aime ce que l’on aime. Du moment que le plaisir est réciproque je ne vois pas trop qui ça regarde d’autres. Rien que ça, ça devrait mettre la puce à l’oreille de ceux qui croient aux trois. Une règle aussi stupide vient surement d’un dieu tout aussi stupide. Je ris en m’imaginant un tatouage au milieu du front, même si je connais plus d’une personne dont c’est le cas. Je pense sincèrement que moi ça me donnerait l’air bête.

Marâtreuuuh » Dis-je en lui tirant la langue alors qu’elle m’envoie une petite remontrance avant de quitter la pièce avec nos gamelles dans les bras.

Je me demande si ça veut dire qu’elle sort ? Elle est vraiment bizarre ! Elle me traite presque comme une copine, et l’instant suivant j’existe pas. Je crois que je devrais la pincer. Mais je ne suis pas certaine de gagner à ce petit jeu. Elle doit planter des panais et des carottes à longueur de journées. Elle doit avoir des doigts en fer forgé ! Limite à vous casser le bras à chaque pincement. Rien que m’imaginer les bras couverts de bleus, j’en frissonne. Je regarde par la petite fenêtre et voit la fermière quitter l’auberge… JE LE SAVAIS !
J’attache rapidement mes cheveux pour me donner un air plus sage en regroupant mes mèches blanches derrière moi. Je passe mes jambes et saute, atterrissant souplement sur la pointe de mes pieds un peu plus bas. Et je trottine pour rattraper Mathie. Je me place un pas derrière elle pour ne pas trop influer sur l’impression qu’elle donne, et pour pouvoir observer son meilleur profil. Hey, faut bien que je m’occupe pendant la balade, et ce village est tout sauf joli à regarder.

Alors chef ! On cherche quel genre de profil ? » Je me penche vers elle pour qu’elle soit la seule à m’entendre. « Quelques paires de bras qui ne voudraient pas spécialement fréquenter la milice, ça te dirait ? Ou tu cherches de la main d'oeuvre assermenté ? »


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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyDim 17 Mai 2020 - 5:48
Mathilde quitte l'auberge sans la moindre réponse quant à une raison rationnelle expliquant une attirance pour le même sexe. Une question de jolie vue, d'après Sélène, une préférence pour un plat plutôt qu'un autre. T'en penses quoi? Mathilde n'avait pas répondu, songeant que son manque d'expérience avec l'un et l'autre faisait en sorte qu'elle goûtait aux plats qui lui paraissaient alléchant, avec un intérêt plus prononcé pour les hommes. La rousse était peut-être une exception, un petit détour sur un chemin plutôt tranquille. Depuis, elle avait connu deux hommes et si le premier était attentionné, le deuxième, lui, avait éveillé son désir plus que de mesure tout en lui inspirant une tendresse infinie, mais aucune femme n'avait réellement réussi à se faire voir d'elle autrement que comme une amie, une compagne de voyage ou une partenaire d'affaires.

La fermière contourne le bâtiment et entend un bruit mat dans son dos. Deux pieds touchant le sol toute en légèreté. Le son est léger et sans doute ne l'aurait-elle pas entendu si elle ne s'était pas trouvée seule dans la rue. Elle se retourne, une main déjà posée sur sa dague, et ne peut que se sentir soulagée en constatant que la personne qui la suit n'est autre que Sélène, nimbée de mystère. Plutôt souple, la petite qui lance des couteaux en tombant maladroitement sur ses fesses. Et elle trottine avec une certaine grâce jusqu'à elle, elle qui reprend sa marche comme si de rien n'était.

On cherche quel genre de profil? Mathilde fait une petite moue alors que Sélène lui glisse à l'oreille ce qui pourrait ressembler à une étrange proposition, habilement formulée pour pouvoir s'en sortir si la fermière s'offusque. A quoi joue-t-elle, cette femme? La plupart du temps, elle est la simplette un peu folle et maladroite don le destin est de finir dans la rue, mais de temps à autres, un petit quelque chose d'étrange se glisse dans son attitude. Un esprit fin avec un goût prononcé pour les devinettes, comme si elle jaugeait l'adversaire, un lancé de couteau plutôt réussi, un corps joliment modelé qui n'est pas sans rappeler celui d'une mercenaire, une réception légère après un saut d'une hauteur plutôt audacieuse... Mathilde est prise d'un doute. Sélène est-elle réellement ce qu'elle prétend être, ou bien a-t-elle été engagée pour découvrir les petits secrets de la fermière?

- Je cherche un bon travailleur qui ne disparaîtra pas à la vue des miliciens qui passent presque quotidiennement au large de la ferme. Si j'en trouve deux c'est encore mieux, mais un seul fera déjà une grande différence à la ferme. Homme ou femme, peu importe, tant qu'il est assez résistant que pour ne pas gémir toute la journée en se plaignant du travail. Je déteste les gémissements. Et elle a mieux à faire que de soigner les petits bobos des novices qui découvrent que la vie de paysan n'est pas un cadeau, même sans les fangeux.

Tu manges tous les jours? Les yeux de Sélène étaient si ronds que Mathilde se demande encore, une heure après, si elle a jamais connu ce luxe de pouvoir se nourrir à peu près tous les jours. Mais cette personne aura la chance de manger, comme moi. Je cultive ma nourriture, je la conditionne pour la conserver, et j'ai été seule un bon bout de temps alors que les réserves étaient prévues pour deux personnes alors... oui, je mange tous les jours. Et depuis la nouvelle saison, d'autres hommes se sont ajoutés à ma charge, mais la production a augmenté, ce qui nous permet de faire de plus grosses provisions. Ça veut pas dire que la table déborde de plats comme chez les nobles mais je m'en sors bien. Y a certains avantages à faire partie des suicidaires du Labret tu sais. Si la vie de Marbrume ne te réussit pas, penses-y.

Mathilde sourit de ce petit sourire qu'elle veut énigmatique qui empêche généralement les gens de savoir ce à quoi elle pense. Or, elle pense que ses travailleurs doivent nécessairement être des hommes fiables et honnêtes afin de ne pas les perdre. Afin de ne pas non plus attirer des regards indiscrets sur ses protégés. [color=#ffffcc]Parce que toi...[/colo] toi qui n'es pas sortie de ta ferme depuis des mois... tu connais des paires de bras qui n'aiment pas la milice? Mathilde lance un regard un peu amusé à Sélène et n'attend pas sa réponse pour entrer dans les écuries, peut-être suivie par la noiraude.

- Encore moi, ser.
- La petite dame s'en va? Le palefrenier est un grand homme à la large carrure, qui fait aussi office de forgeron lorsque c'est nécessaire.
- Non ser, je cherche seulement à savoir si des gens arrivant de Marbrume sont à la recherche d'un logis et d'un travail.
- Aaah pour ça ma p'tite dame, va falloir prier parce que les derniers qui arrivaient de Marbrume, parait qu'ils étaient pas vraiment en forme. Des fangeux qui les ont fait courir jusqu'ici. Faut dire que se promener dans les marécages quand y fait pas beau hein... L'homme ricane, sans pitié pour le sort des malheureux morts sur le chemin.
- Hm. Du monde qui reste ici depuis quelques jours, peut-être?
- Ma p'tite dame, personne reste ici si c'est pas nécessaire. Si vous cherchez quelqu'un pour travailler pour vot' mari, va falloir retourner l'auberge ou pousser jusqu'à Conques.

Mathilde fait une petite mine boudeuse. Conques, sa hantise, le trajet qu'elle redoute, où pullulent les fangeux lorsque les bannis ne sont pas là pour les attirer. Merci ser. Si vous entendez parler de quelque chose d'ici à demain, je suis à l'auberge. La fermière fait demi-tour et quitte les écuries sans même un regard pour sa monture, qui de toute façon est entre de bonnes mains.

- Bon... dit-elle dans un soupir en haussant les épaules, à part circuler dans les rues en criant que je cherche désespérément un apprenti fermier pour ne pas avoir à me taper le trajet vers Conques, en priant les Trois qu'ils m'en envoient un miraculeusement au petit jour, je vois pas ce que je peux faire. Elle parait réellement déçue. Je... le soir arrive, je crois qu'on devrait rentrer et prendre une bonne nuit de repos. Partir pour Conques et sans escorte, voilà qui ne la réjouit décidément pas. Bien sûr, Sélène est là et pourrait sans doute continuer le chemin avec elle, mais la noiraude lui inspire une méfiance dont elle peine à se défaire. Il va falloir tenir ta langue, ma petite Mathie.
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MessageSujet: Re: Des apparences trompeuses [PV Sélène]   Des apparences trompeuses [PV Sélène] - Page 2 EmptyMer 27 Mai 2020 - 16:31
Le problème n’était pas tant de craindre le passage des miliciens que d’éviter que ça dégénère alors. Beaucoup des membres de mon clan avait eu à subir les actes de répression de l’armée ducale. Même les moins impliqués dans le culte avait pu subir fouet et représailles pour leur croyance. Et la reprise par la milice n’avait pas changé grand-chose à cet état de fait. Au contraire. Des soldats de métier avaient l’efficacité et le temps pour objectif. La seule grosse différence entre un milicien extérieur et un bandit, c’était la couleur et le financement par le roi. Alors quand une de leurs patrouilles croisaient un de mes frères, le sang coulait vite et en abondance des deux côtés. C’était devenu presque naturel de s’entretuer. Un peu comme l’eau et le feu qui ne peuvent pas cohabiter. J’haussais les épaules à sa demande mais n’avait pas le temps de répondre. Mathie aimait bien créer des silences après ses questions ambiguës, comme pour en marquer l’effet. Je l’imaginais presque presser le pas pour être certaine que je n’ai pas le temps de placer ma réplique. Et ça me fit pouffer en entrant dans le bâtiment.

A l’intérieur je riais nettement moins. Des démons partout, grand sur leurs échasses de chair, leur yeux globuleux et vides, leurs grosses dents jaunies. Et leurs hennissements malsains. Boaww, je déteste les chevaux ! C’est tellement laids et méchants ! Je vois dans leurs yeux qu’ils ont qu’une envie c’est de me faire valdinguer de leurs dos haut perchés. J’en frissonne !
Heureusement je ne dois pas rester longtemps en leur présence. Je souris malgré moi à l’évocation de la vie dans les marécages. Ce n’est pas si horrible quand on a appris à accepter la mort quand elle vient. Ça fait moins d’une semaine que j’en suis sortie et déjà les miens me manquent. Nostalgie quand tu nous tiens !!!
Visiblement la fermière va devoir pousser jusqu’à Conques elle aussi. Je pourrais m’en réjouir mais Mathie à pas l’air heureuse, alors je le suis pas. J’ai envie que ça marche pour elle. On sort de la bâtisse aussi vite qu’on y est entrée. Visiblement le trajet à venir ne la réjoui pas. J’espère que ce n’est pas à cause de moi, j’ai été sympa non ?

Si tu veux. » Dis-je docilement de peur de l’avoir courroucé. Je ne comprends pas bien les autres alors je ne sais pas si j’ai fait quelque chose de mal.

Je m’arrête et ricane avant de m’accroupir sur mes talons. Devant moi un petit scarabée bousier pousse courageusement sa boule de merde devant lui vers une destination inconnue. Ou plutôt connue de lui seule. Peut-on trouver un animal plus représentatif du concept de “Quelqu’un qui traine les emmerdes dans son sillage ? “, franchement ? Bon il y a moi. Mais c’est quand même moins visuel. Faut me fréquenter longtemps pour s’en rendre compte. Alors que cette bestiole, suffit de la regarder avancer pour le savoir. Je glousse encore avant de me relever pour poursuivre ma route, en faisant un grand pas pour ne pas embêter l’insecte sur sa trajectoire et rattraper Mathilde. Je prends enfin le temps de répondre à sa question. Avec des pincettes.

Tu sais ce que c’est au Labret, on prend l’aide qui se présente sans faire trop la fine bouche, c’est déjà assez dur comme ça. Alors quand une paire de bras se propose… Comme on dit, à cheval offert on ne regarde pas les dents ! »

La lumière baisse bien vite alors que le soleil décide de se planquer derrière une chaine de montagne au loin. Comme elle l’a proposé, on regagne rapidement l’auberge et notre chambre. Je me demande si je devrais pas rester en bas, le temps qu’elle s’endorme, pour lui laisser un peu d’espace. Mais bon, j’ai de la route à faire demain, et j’ai pas le droit de m’amuser ce soir, je lui ai plus ou moins promis.
Je m’assois en indien sur ma paillasse et la regarde avec attention. Elle est toute morose et ça me rend un peu triste.

Je partirais un peu après l’aube, histoire de profiter au maximum du soleil. Tu devrais peut-être attendre qu’un groupe de milicien passe, ou une caravane qui revient de Usson… Mais si jamais tu te sens l’âme aventureuse, ou que t’es pressée, je serais ravie de refaire un bout de route avec toi. »

Je lui offrais une porte de sortie autant qu’une invitation sincère. Je suis folle, pas sotte, je vois bien dans ses yeux qu’un truc ne va pas. Mais je ne suis pas certaine d’avoir une influence dessus, alors je vois pas trop quoi faire d’autres. La suite sera peut-être dangereuse, et j’ai pas envie d’avoir à surveiller son arc en même temps que le marais. Je me glisse sous ma couverture effilochée et entreprend de retirer ma robe et mes bottes. Je glisse ma dague sous le bout de tissus qui sert d’oreiller et me prélasse sur le très confortable lit de paille.
Croyez pas que je suis devenue pudique, c’est pas vraiment le genre de la maison. Mais Mathilde a été claire sur le sujet et je ne veux pas trop faire celle qui insiste. Pffffffffff elle craint de m’empêcher de faire monter quelqu’un !!! Je me redresse sur une épaule pour la regarder.

J’ai quatre pied mais je ne bouge pas. Le dos solide mais je ne porte rien. Je transporte les voyageurs nocturnes vers des contrées que le jour n’éclaire jamais. Qui suis-je ? »

Je me glissais bien sous la couette pour la laisser réfléchir. Mais ajouter quand même.

Il y a de la place sous ma couverture si tu as froid. »

Je lui fit un clin d’œil appuyer et rit de bon cœur avant de me pelotonner un peu plus.


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