Une visite en armure

Maralina regarda silencieusement le chevalier alors qu’il lui avouait ne pas être en phase avec les autres hommes. Au moins, ils avaient cela en commun. Cette dernière haussa les épaules, marchant au côté du colosse avant de répondre; « Et puis? Souhaites-tu réellement faire part de ce monde? À quoi bon se darder des plus riches étoffes en riant dans une fête alors que la mort nous attend de l’autre côté d’un mur? » Car après tout, elle avait elle-même abandonné ses titres pour joindre la milice. Avec aucune chance de régner sur une baronnie, elle n’avait pas vu le point de rester noble alors qu’elle pouvait réellement faire quelques choses pour les humains. Maralina s’arrêta un moment, en se tournant pour faire face à Desmond; « Personne ne me comprend chez les nobles et pour être honnête leurs pensées et leurs moqueries ne me dérangent en rien. Je sais ce que je vaux, et je participe réellement au changement. C’est plus que ce qu’ils ne feront jamais. » Un air déterminé au visage, la jeune femme referme rapidement ces points avant de plonger son regard dans le sien; « Les Bransat ont toujours été craints, ont toujours été une fierté pour les gens à qui l’on donnait allégeance, et tu as vu comment on nous traite maintenant? Mon père a peine à tenir les deux bouts, peine à entretenir les quelques chevaliers à notre service. À un point tel qu’il a essayé de les donner pour ma dot. Nous sommes peut-être tombés bas, mais cela n’empêche guère que nous avons encore notre fierté et je n’en n’ai absolument rien à faire de ses gens qui murmurent ou ne comprenne pas ma démarche. » Sans attendre, Maralina se retourna pour reprendre sa marche. Avait-elle été trop loin? Peu importe, au moins elle avait dit le fond de sa pensée. Elle ne s’était jamais sentie à l’aise à Marbrume. Bransat lui manquait, et elle avait déjà fait une croix sur retrouver sa ville natale et la pique du chevalier avait éveillé un mal beaucoup plus profond bien malgré lui.


Ils arrivèrent finalement dans l’établissement que Desmond semblait connaître, ou plutôt connaissait très bien. À voir la réaction du vendeur, on n’avait pas de mal à imaginer que le chevalier était un client régulier. Le colosse la présenta au dénommé Julius, qui s’inclina d’une façon maniérée en saluant la jeune femme. « Ma dame » dit-il simplement. Maralina ne lui répondit que par un léger sourire, inclinant respectueusement la tête. À quoi bon renchérir sur le fait qu’elle n’était plus noble… Néanmoins, Desmond reprit la parole, non sans glisser une plaisanterie sur le fait qu’aujourd’hui était une occasion spéciale. La jeune femme ne manqua définitivement pas le geste de son coéquipier ni même le clin d’œil complice de Julius. Mais elle resta de marbre devant cette scène, cachant un mélange de déceptions que cela soit une mise en scène et de timidité.


Néanmoins, le dénommé Julius semblait connaître le symbole qu’avait décrit le noble. Faisant un mouvement du doigt, ce dernier alla rapidement dans l’arrière-boutique, laissant les deux êtres seuls. « Une occasion spéciale? » demanda la milicienne, interrogeant du regard le noble. Se moquait-il d’elle? Maralina allait rajouter quelques choses, mais le marchand revint rapidement dans la boutique, bouteille à la main. « Vous avez de la chance! C’est la dernière! Je les garde spécialement pour une maison de Marbrume. Mais bon, un accident est vite arrivé! Et l’on gardera cela entre nous! » commença-t-il avant de faire un clin d’œil à Desmond. Maralina s’approcha doucement du vendeur avant de prendre doucement la bouteille dans ses mains. Le symbole semblait gravé à même la bouteille, et le verre poussiéreux donnait quelques indices assez prononcés sur la valeur de l’objet. Décidément ce n’était pas de la piquette si on conservait ce nectar de cette façon. « Vous le gardez pour quelle famille par curiosité? »

Et devant l’échange indiscret, la milicienne ne répondit absolument rien? À quoi bon? Elle avait l’impression que Desmond et le marchand avaient une relation particulière, et que ce dernier tentait d’obtenir quelconques informations d’une manière qui lui plaisait peu. Mieux valait se contenter sur les informations qu’ils réussissaient à acquérir du marchand. Bavard, ce dernier n’hésita pas à leur révéler le nom de la famille à qui appartenait lesdites bouteilles. Leur histoire ne semblait pas réellement différente des autres, au contraire, elle était un cruel rappel que les consignes du Roy étaient sans équivoque. Si ce dernier le souhaitait, il pouvait vous jeter à la rue, ou pire, à votre mort. Cela ne serait pas étonnant que les Morsang aient décidé de se venger en mettant sur place ces meurtres. Mais pourquoi une prostituée? Peut-être que cela était aussi une affaire de famille qu’ils avaient découvert ou peut-être que quelqu’un essayait simplement de leur faire porter le blâme.


Soudainement, le chevalier et le marchand interrompirent ses pensées et l’amenèrent à un endroit bien spécial. Surprise, la jeune milicienne ne put s’empêcher de rester bouche bée devant le spectacle qui se dévoilait devant elle. Sans rajouter quoi que ce soit, elle s’asseya à la table, alors que le marchand déposait deux verres devant les deux collègues, et disparaissant aussi vite que possible. Baissant les yeux sur la table, comme gênée, la jeune femme ne releva son regard cendré qu’une fois que son confrère se soit assis à ses côtés. Était-elle mal-à-l’aise? À qui le dites-vous! Si le chevalier souhaitait donner l’impression de jouer la comédie, cela ne changeait pas qu’elle n’avait pas l’impression que c’était le cas. Surtout lorsqu’il prit la parole pour lui expliquer son point de vue. Un demi-sourire aux lèvres, ne cachant pas sa timidité, la jeune femme enleva doucement ses gants de cuir, avant de prendre de ses doigts effilées la coupe, pour lever le récipient vers Desmond. Plongeant son regard dans le sien, elle répondit tout doucement; « À la tienne. »


Renvoyée son compliment lui semblait tout naturel. Desmond était l’un des rare à mettre sa vie sur la ligne pour les autres. Ils n’étaient pas comme tous ces nobles qui n’utilisaient que leur verbe. Il était peut-être un peu trop impulsif, mais qui aurait pu réellement le blâmer dans le monde où l’on vivait? Elle ramena le verre contre ses lèvres avant de boire une gorgée du liquide rougeâtre qui se trouvait dans sa coupe, le goût légèrement fruité du breuvage était sincèrement impressionnant. Dommage qu’un tel vin serait désormais impossible à trouver. Maralina déposa doucement sa coupe sur la table avant de porter son regard cendré sur la ville qui se révélait devant eux. C’était une vue magnifique, paisible. Pour une fois on pouvait ignorer l’ombre du danger qui flottait sans arrêt autour d’eux. « Tu ne regrettes pas tes choix parfois? » Maralina retourna son regard vers son interlocuteur pendant une seconde avant de reprendre la parole pour s’expliquer; « J’essaie de passer outre des rumeurs, et des échos malsains. Mais je sais que cela affecte considérablement mon père, et parfois voir la tristesse dans son regard me fait plus mal que toutes les autres médisances réunies. » Elle eut un sourire triste avant de retourner son regard vers l’horizon, il était trop tard pour elle, mais Desmond avait encore ses titres, il avait, lui, le luxe de se retourner. La jeune femme secoua la tête alors qu’un sourire vint éclairer ses lèvres; « Laisse tombé, je m’égare. Je te remercie de m’avoir amené ici. C’est un endroit franchement fantastique et j’apprécie énormément ta compagnie. » C’était une réplique honnête, sans condescendance, elle appréciait réellement la compagnie du chevalier.

La conversation s’était entamée tout bonnement. Une discussion des plus clairs et sans sous-entendu. Desmond faisait preuve d’énormément d’honnêteté dans ses propos, et elle appréciait réellement ce moment. Elle le comprenait très bien. Si les gens avaient peur de lui, c’est plutôt du dégout qu’il ressentait devant la milicienne, et de là, impossible de dire lequel est réellement pire. Peut-être que la peur vous donnait au moins un avantage… celui de fermer certains esprits qui médisaient sur vous. Mais Maralina n’avait pas peur du chevalier, au contraire, elle le voyait plus comme un grand ours protecteur qu’autre chose. Le mur qu’il avait construit autour de lui était le même que son mur de glace. Il se protégeait tout simplement mais il laissa tomber ses défenses, allant même jusqu’à lui révéler un certain désir qu’elle n’avait pas cru possible. Desmond voulait fonder une famille? Ça s’était surprenant! Elle aurait pensé qu’il était plutôt du genre bourreaux des cœurs, à s’offrir d’innombrables femmes, après tout, ce dernier semblait attirer la gente féminine, ne suffisait qu’à observer la fille de joie un peu plus tôt. Mais les paroles du chevalier semblèrent soudainement résonner; « La force ET l’intelligence de leur mère? » La jeune femme eut un sourire moqueur; « Vaut mieux trouver la personne parfaite si tu veux que tes enfants ressemblent qu’à cette dernière et faire la plus grande offrande à Serus. » Probablement qu’il avait voulu dire la force de son père et l’intelligence de sa mère, mais l’occasion de le taquiner était trop belle pour ne pas sauter dessus.


Et puis la fameuse question arriva. Fonder une famille? La milicienne s’arrêta net, avant de tourner le regard vers le chevalier. Que répondre à cela? Est-ce que l’idée lui avait traversé la tête? Oui définitivement. « C’est une question difficile. Oui j’y ai déjà pensé. Plus d’une fois. J’ai même été fiancée une fois. » Maralina eut un sourire triste, avant de retourner son regard vers la ville. « Mon père avait arrangé des fiançailles avec un homme, mais malheureusement ce dernier a disparu quelques jours plus tard pendant une mission à l’extérieur de la ville, et il n’a plus jamais réessayé par après. » Il fallait mentionner qu’elle s’en voulait un peu de la disparition d’Ulysse de Sombreval. Avait-elle eu une quelconque influence sur ce dernier ? Après tout, sa disparition avait été très soudaine. Maralina haussa les épaules avant de sourire à Desmond. « Nous verrons je suppose, je ne peux pas croire qu’une autre occasion ne se présentera pas. Je sais que le temps commence à presser, mais si je m’engage avec quelqu’un, j’aimerais que cela soit au moins avec quelqu’un qui me respecte. » Elle n’avait pas envie d’un mariage malheureux, elle voulait se marier avec quelqu’un qui la respecte, qui ne la trompe pas ou qui ne lui ordonne pas de quitter la milice. Après tout, elle avait un but, et si elle s’offrait à quelqu’un, cette personne devrait la laisser travailler dans ce sens. « Si je peux me permettre, pourquoi ne t’es-tu pas marié à ce moment-là? »

Maralina l’observa un moment alors qu’il remplissait à nouveau son verre, la conversation devenait de plus en plus sérieuse, « Je suis désolé de l’apprendre, Desmond, mais je suis contente que cela t’ait au moins donné un certain respect pour les miliciennes. Les dieux savent que c’est extrêmement rare de nos jours… » Puis vint une réplique à laquelle elle ne s’attendait pas;


« Sans vouloir manquer de respect à ton précédent fiancé, c’est un idiot. »


Maralina s’arrêta net avant de tourner son regard vers le chevalier alors qu’il expliquait un peu plus son point de vue. Puis, ce fut un sourire triste qui vint orné son visage alors que son regard cendré se retourna sur la ville. Le soleil commençait doucement à se coucher, laissant une traînée orangée sur les toits de la ville. « Il n’était pas un idiot. » Baissant le regard, la jeune femme fixa son verre de vin, comme perdue dans ses pensées; « Du moins, c’est l’opinion que j’ai eue lors de nos courtes rencontres. C’était un mariage arrangé. Une façon pour mon père de me sortir de la milice et me redonner mes titres de noblesse. Mais le baron a disparu quelques semaines plus tard. Il avait une compagnie de mercenaire et faisait quelques sorties à l’extérieur. Il n’est juste jamais revenu. J’ignore s’il est vivant, mais je ne crois pas qu’il aurait abandonné ainsi. » Après tout, Ulysse lui avait semblé un homme bien, et ce même s’ils avaient passé très peu de temps ensemble. Il avait définitivement eu une connexion, ou du moins c’était le point de vue de la jeune femme. La milicienne releva son regard vers la ville avant de continuer; « Je sais pertinemment que je n’attire pas le sexe opposé et mon père n’a rien à voir avec cela. » Elle eut un sourire triste, avant de faire non de la tête. « Tu es une des rares personnes qui a une bonne opinion des miliciennes. Il y a tellement d’hommes qui nous détestent. Si je te dirais le nombre de fois que je me suis fait battre dans la caserne. Qu’on m’a volontairement blessé parce que j’étais une femme ou qui m’insulte, parle dans mon dos… Généralement les autres s’attendent à ce que l’on réponde que tout va bien, qu’il n’a rien de mal, pour pouvoir retourner à leurs obligations et oublier qu’on ait réellement blessé à l’intérieur. Après on n’a pas d’autres choix que de bâtir un mur de glace autour de nous. »


Si la milicienne avait toujours été froide, les choses ne s’étaient guère amélioré lorsqu’elle avait rejoint la milice. Cela était presque une façon de repousser les autres pour qu’ils la laissent tranquille maintenant. « Être milicienne est très difficile. Je ne peux même pas te dire le nombre de fois que j’ai voulu abandonner, que j’avais perdu tout espoir, il y a une partie de moi qui veut juste tout abandonner, et l’autre qui refuse de perdre mon but. » Il fallait avouer qu’elle n’était pas douée avec tout ce qui touchait de près ou de loin dans les relations avec le sexe opposé, mais disons que son choix de carrière n’aidait rien. « Alors si tu veux savoir ce que je recherche chez quelqu’un; je n’en n’ai rien à faire de ces titres, de son argent. »


Elle releva son regard vers Desmond, avant de continuer; « Je veux quelqu’un qui respecte non seulement ma personne mais aussi mon but, qui m’encourage dans ces derniers lorsque cela devient difficile et que je veux tout abandonner. Je veux avoir une vie tranquille en dehors de la caserne. » Maralina eut un sourire triste avant de murmurer; « J’en ai déjà assez à supporter dans la milice, la moindre des choses seraient d’avoir un mari compréhensif à la maison. » C’était pourtant une demande simple, mais qui semblait bien difficile à trouver, après tout, on lui avait fait comprendre plusieurs fois qu’elle était le problème. La milicienne savait qu’elle faisait du mal, si ce n’était pas à elle-même, c’était aux gens qui l’entouraient. Maralina soupira avant de secouer la tête, se relevant doucement pour s'approcher de la rembarde de fer. Elle ne pouvait pas rester assise plus longtemps... Elle soupira avant de se retourner, acottant son dos contre la barrière de fer, tentant tant bien d’avoir un sourire rassurant pour Desmond; « Assez parler de moi… et si je te retourne la question? Qu’est qui manque aux innombrables femmes de l’esplanade pour attirer ton attention? »

Desmond avait le don de la faire sourire et de tempérer leurs discussions. Autrement dit, ce dernier avait le mot pour la faire rire. Maralina ne put empêcher le sourire qui orna ses lèvres alors que ce dernier avant de lui sortir une liste de jeunes prétendantes. Décidément ils cherchaient réellement à trouver quelqu’un avec qui passé sa vie et qui aurait pu lui en vouloir? C’était un devoir pour les nobles, celui de continuer leurs lignées. La jeune milicienne haussa les épaules, en secouant doucement sa tête, sourire aux lèvres elle ne put s’empêcher de lui répondre; « Et voudrais-tu réellement quelqu’un qui se soucis de ces artifices? Je veux dire, est-ce que c’est comme ça que tu agirais avec ton épouse lorsque vous seriez seule? » C’était un point valide, après tout, les artifices c’était bien en public, mais l’était-ce réellement lorsque les portes étaient closes? La milicienne agrippa doucement la rambarde alors que le chevalier s’approcha d’elle, légèrement nerveuse de ce rapprochement.


Mais elle ne put s’empêcher d’hausser un sourcil alors que Desmond arrêtait de lui ébourifflé ses longs cheveux blonds, et le suivit du regard alors qu’il attrapait son verre avant de le lui tendre. Ses paroles n’étaient pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Avait-il réellement dit qu’il déplacerait terre et mer pour elle? Vraiment? Elle prit le verre sans détacher son regard cendré du chevalier, n’interrompant pas ses paroles. Ce fut une fois qu’il eut terminé que Maralina osa finalement prendre la parole; « Qui a dit que tu ne me plaisais pas? » Se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, la jeune femme écarquilla les yeux, avant de baisser le regard, fixant le sol avec une attention des plus particulières. Elle pouvait sentir le rouge monté sur ses joues, confirmant sa gêne. Jamais elle n’avait été aussi honnête, et peut-être venait-elle de traverser une ligne. De toute façon, Desmond ne devait pas être intéressé à une femme comme elle, il avait probablement dit cela pour la faire sourire et lui remonter le moral. Vidant son gobelet d’un coup, la milicienne se redressa avant de déposer la coupe sur la table, cette discussion était trop malsaine. « La nuit ne va pas tarder, je crois que je devrais rentrer. Vaut mieux éviter les ennuis pendant les temps qui cours. Mais merci pour cet arrêt. Je vais faire quelques recherches sur les nobles, et peut-être que je trouverais des informations supplémentaires. » Oui, un brusque changement de conversation, mais valait mieux en rester là après son outrageuse déclaration.

Il fallait croire que ses mots avaient touché juste, car Desmond resta étrangement silencieux pendant les secondes qui suivirent. Avait-elle été trop loin? Peu importe, il fallait qu’elle le dise. Maralina savait pertinemment qu’elle ne faisait pas partie de la liste de Desmond. Trop jeune, et une roturière. Rien qui aurait réellement pu attirer l’attention du noble, mais c’était bien la première fois qu’elle s’était entendu aussi bien avec un homme, et surtout aussi rapidement. Mais c’était peine perdue, lorsque Desmond réouvrit la bouche s’était pour lui proposer de la raccompagner chez elle. Sans s’en rendre compte, la jeune femme soupira en secouant la tête. « Inutile de me raccompagner. Le soleil n’est pas couché encore. Je ne risque rien. » Néanmoins, Desmond la raccompagne à l’extérieur, s’arrêtant au bas de la porte et reprenant la parole. Maralina resta silencieuse un moment, écoutant attentivement le murmure de l’imposant chevalier avant de hausser un sourcil. « J’ai été honnête aussi. » commença-t-elle en faisant un pas vers le chevalier, comblant la distance qui les séparait. « Je n’ai pas menti lorsque j’ai dit que tu me plaisais. J’ignore pourquoi tu as balayé mes paroles ainsi. » Elle était beaucoup trop près de ce dernier, mais cette fois-ci elle ne recula pas. Son regard planté dans le sien, elle continua son discours;


« Mon père veut peut-être un Baron, mais n’oublie pas que je n’ai plus de titres. Je ne suis plus rien pour la noblesse. PERSONNE dans cette sphère me voudra, car personne ne veut mettre sa réputation en jeu. J’ai choisi d’être milicienne. Pas Baronne. Mon père n’a plus rien à dire et ne peut me forcer dans un mariage. » Soudainement les paroles et l’attitude de la fille de joie lui revint à l’esprit. Sans attendre, la jeune femme posa doucement sa main sur le torse du chevalier, écartant doucement ses doigts effilés contre le métal froid de l’armure de Desmond. Peut-être devait-elle faire les premiers pas? Son regard cendré fixa silencieusement sa main, alors qu’elle se demandait quoi faire. Devait-elle succomber à ses pulsions? Après tout l’acteur lui avait dit dit qu’elle embrassait bien, peut-être était-ce vrai? Maralina releva doucement le regard vers le visage de Desmond, alors que sa main rejoignait doucement sa nuque pour l’attirer à elle. Cela ne prit qu’une seconde avant que les deux êtres ne comblent le vide qui les séparait, et leurs lèvres se touchèrent pour la première fois. Un baiser simple, légèrement chaste, mais qui, ne laissait rien au hasard quant aux sentiments de la jeune femme. Elle avait l’impression d’être maladroite, et lorsqu’elle ressentit cette vague de malaise la jeune femme se détacha rapidement du chevalier avant de soupirer. Toute cette histoire était stupide. Avouer que Desmond lui plaisait revenait à lui donner une mauvaise réputation. Il marierait une roturière, aurait un titre, mais sa réputation deviendrait extrêmement mauvaise. Mieux valait lui éviter ce genre de problème. Mieux valait l’oublier et passer à autres choses. De toute façon, ce n’était pas le premier râteau qu’elle se prenait. L’air soudainement déçue, la jeune femme inclina doucement la tête, saluant le chevalier avant de reprendre la parole; « Je te souhaite une bonne soirée. »

La milicienne était assise dans sa chambre, regardant doucement dans la fenêtre, les pensées divaguant au loin. Elle se repassait les événements de la veille dans sa tête, se demandant si elle avait pris la bonne décision. À voir son expression ahurie, elle avait cru comprendre que non… C’était d’ailleurs pour cela qu’elle s’était enfui le plus rapidement possible, tentant de mettre de la distance entre le chevalier et elle. Serrant les poings, la jeune femme se releva de son siège en murmurant; « Idiote! » Elle commença à marcher de long en large, se disant que ce n’était pas surprenant si cette dernière était encore célibataire. Bientôt on la cataloguerait de putain! Il ne fallait surtout pas qu’elle s’éloigne de son but. Mieux valait éviter le chevalier pendant quelque temps, et après quelques jours, tout reviendrait à la normale. Soudainement un cognement à sa porte vint la sortir de ses pensées et Marie entra; « Maralina, Votre père vous attend dans le salon, c’est urgent. » Sans attendre, la blonde attrapa l’ourlet de sa robe noire avant de sortir de la pièce rejoignant son père et à sa grande surprise, Desmond. Ce dernier ne perdit d’ailleurs pas de temps, révélant sans attendre la raison de sa visite.


Maralina ne put cacher son expression de surprise alors que le chevalier demandait sa main en mariage. Mais…? Comment? Que s’était-il passé pour ce brusque changement d’idée? Elle était sous le choc, incapable de dire quoi que ce soit, ou d’interrompre les battements de son cœur. Il lui donnait d’ailleurs l’impression qu’il allait sortir de sa poitrine d’ailleurs! Elle ouvrit doucement la bouche, expirant doucement l’air qui s’était accumulé dans ses poumons avant de tourner la tête légèrement vers son père, qui lui, la regardait déjà intensivement. Il fallait dire qu’il avait cessé d’arranger un mariage, mais voilà qu’un chevalier arrivait de nulle part pour prendre sa fille. À moins que ce dernier ne souhaite ses titres? Ulric regarda à nouveau le chevalier, l’observant silencieusement de la tête aux pieds avant de finalement prendre la parole; « Vous me demandez formellement la main de ma fille en mariage chevalier? Mais savez-vous ce qui vous attend en bout de ligne? Vous récupérerez un titre de Baron, mais vous mariez aussi une roturière. Une femme qui a renoncé à la noblesse pour protéger Marbrume. Votre réputation en prendra certainement un coup. » Il s’arrêta un moment, regardant le chevalier de son air froid avant de continuer; « Qu’attendez vous de ma fille? Qu’elle devienne la parfaite femme au foyer à vous attendre? Ou qu’elle reste la fière combattante qu’elle est ? » C’était définitivement le temps des révélations, si la demande en mariage du chevalier l’avait surprise, la rhétorique de son père l’avait définitivement achevé! Le voilà qu’il tentait de faire comprendre au chevalier que Maralina était une combattante, et non une femme au foyer. Pour un retournement de situation, cela en était tout un! Son regard cendré se porta de nouveau sur le chevalier, l’observant silencieusement alors que le père et la fille attendaient patiemment sa réponse.

La situation ne pouvait être plus tendue. La jeune femme semblait retenir son souffle, le regard fixé sur Desmond. Il fallait croire que son incartade de la veille avait réellement mit le feu aux poudres. Elle n’avait jamais pensé que ce dernier irait aussi loin. Certes, il aurait pu lui voler un autre baiser, mais de là, à la demander en mariage, il y avait toute une différence. Le baron se retourna vers sa fille, l’observant du regard. Maralina connaissait que trop bien cette expression, il lui demandait silencieusement ce qu’elle voulait. La milicienne eut un léger sourire, avant de faire un rapide signe positif de la tête, baissant le regard au sol par la suite, comme trop gênée pour répondre quoi que se soit d’autres. Le baron, lui, pour la première fois, laissa transparaitre une émotion quelconque. Ses mains se crispèrent alors qu’il regardait sa fille. Il avait bien du mal à se dire qu’elle n’était plus une enfant, et qu’il devait bien accepter ses décisions. Retournant finalement son regard glacial vers le chevalier le baron reprit finalement la parole; « Vous avez ma bénédiction Chevalier. J’ose espérer que vous serez la bonne personne pour ma fille. » Maralina eut un léger sourire avant de retourner le regard vers Desmond qui attendait toujours debout, il fallait dire que la conversation avait causé une telle commotion que les salutations d’usages avaient prit la porte. « Bien, je vous laisse à votre enquête. Maralina. Nous discuterons ce soir. » La jeune femme approuva d’un signe de tête alors que le Baron quittait la pièce, laissant le chevalier et son héraut, seuls, avec sa fille.


La milicienne, elle, semblait atrocement inconfortable. Les joues rosées, le regard au sol, elle semblait complètement perdue. Et qui aurait pu la blâmer? Elle ne connaissait réellement rien à tout cela, et trouvait cela très intimidant. « Il faut croire que les événements de hier soir vous ont énormément chamboulé. » Relevant finalement le regard vers le colosse, la milicienne observa le chevalier ou plutôt son fiancé. Cela lui semblait presque surréaliste. Était-elle devant l’homme avec qui elle passerait le restant de ces jours? « Quelles sont les informations que tu as recueillis? »