Marbrume


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 [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyJeu 22 Juil 2021 - 21:56
9 avril 1167


Alaric avait quitté Ménerbes tôt le matin, lorsque les rayons rosis du soleil ciselaient à peine le ciel. D’habitude, il ne s’arrêtait pas au hameau des marais, trop proche de Marbrume à son goût. Il connaissait les lieux comme sa poche et les rares fois où il y avait fait escale, c’était parce que le temps était déplorable ou parce que Bravoce renâclait, impatient de fourrer son museau dans une botte de foin. Cette fois, cependant, le trajet était différent. Fais attention sur la route d’accord ? Le soldat était prêt à prendre mille précautions qu’il aurait écartées d’un geste de la main, l’air désinvolte, quelques semaines plus tôt. Aucune prise de risque ne le tenterait pour accélérer le trajet entre les terres humides et embusquées qui séparaient Sombrebois de la cité fortifiée. Je t’aime. Eve avait murmuré ces trois petits mots d’une simplicité déconcertante. Son cœur avait réalisé une embardée, une sensation qu’il gardait précieusement en mémoire. Un sourire niais n’avait pas quitté ses lèvres depuis qu’il lui avait répondu, avant d’approfondir leur dernier baiser. Une douce chaleur, agréable et rassurante, réchauffait son corps et son esprit ; il avait la sensation qu’il aurait pu tuer un fangeux, revigoré par ses paroles. Balancé sur le dos de son cheval, il avait pourtant l’impression de flotter et, alors qu’il essayait de se concentrer le plus possible sur les environs, il dût se faire violence plus d’une fois pour sortir de sa rêverie. À l’entrée des ruines de Piana, il avait sursauté, surpris par un lièvre sorti des fourrés. Jurant entre ses dents, il avait raffermi sa prise sur les rênes à s’en faire blanchir les jointures de ses doigts, à laisser les empreintes du cuir marquer ses paumes. Ce fut la seule solution qu’il trouva pour effacer – momentanément seulement – les souvenirs de ces derniers jours danser devant ses yeux, flous derrière ses paupières et pourtant si clairs dans sa mémoire.

Alaric avait longé la plage, le chemin le plus rapide, mais également le moins dangereux pour regagner ses pénates. Néanmoins, il avait pris la décision de se rendre à Balazuc lors de son retour, et il ne pouvait y couper. En tant que chef de la garnison de Sombrebois, il avait le devoir – mais était également curieux – de gagner le village en ruine, où un camp était ou venait d’être établi. Flattant l’encolure de Bravoce, il avait rejoint l’intérieur des terres, tous ses sens aux aguets.

Quelques oiseaux piaillaient entre les branches distordues des quelques feuillus, des rats ou autres rongeurs faisaient bruire les buissons d’épineux qui parsemaient les marais. Le printemps s’installait tout doucement, mais le vent demeurait froid ; il s’infiltrait dans les feuilles nouvellement formées, entonnait une mélodie que le soldat connaissait par cœur. Tant qu’un accord dissonant ne cassait pas le rythme, Alaric savait qu’il n’avait rien à craindre. Sur la route, il avait perçu au loin, charrié par le vent, des râles monstrueux et il avait pris soin de réaliser plusieurs détours. Fais attention sur la route d’accord ? Pour cette raison, le soir tombait déjà lorsqu’il entendit la douce clameur du ruisseau qui traversait Balazuc. Rassuré par la présence de l’eau, il suivit le clapotis tranquille avant de faire traverser sa monture, ou le courant était plus faible, ralenti par quelques pierres.

Alors, il entendit des éclats de voix et par réflexe, Alaric se coucha sur son cheval, son arc en main. Il mena Bravoce à l’ombre d’un ancien bâtiment, mangé par la végétation. En souplesse, il descendit, intima au hongre de ne pas faire de bruit, puis contourna les restes de la bâtisse, sous le vent. Il n’était plus très loin du camp désormais et peut-être s’agissait-il seulement de quelques ouvriers et miliciens à l’écart ? Il aurait pourtant été imprudent de s’éloigner… Le soldat encocha une flèche et, ses pas glissant dans les herbes humides, il banda son arc. Au coin de la vieille construction, il dénombra ses potentiels adversaires : quatre, pas de tenue de miliciens, mais leurs armures de cuir ne laissaient pas présager qu’il s’agissait de bandits. Ou alors, de riches bandits. Je t’aime. Retenant un soupir boudeur entre ses dents, Alaric se colla un peu plus contre la pierre froide et les observa. Il ne pouvait clairement pas tous les maîtriser, mais, dans un premier temps, il pouvait au moins essayer de savoir s’ils étaient ses ennemis. La tignasse rousse au centre des étrangers attira son attention. Elle était de dos, mais sa posture et les intonations de sa voix lorsqu’elle prenait la parole lui rappelaient une personne familière ; une mercenaire qu’il avait eu la malchance d’entendre chanter.

Le soldat rangea la flèche dans son carquois serré à sa cuisse, puis attrapa la bride de Bravoce, resté en retrait. Sous ses longs cils noirs, le hongre l’interrogeait en silence « es-tu sûr que c’est une bonne idée ? » semblait-il lui demander. À dessein, il écrasa une branche sous son pied, afin de ne pas surprendre les inconnus trop brusquement : le meilleur moyen pour se transformer en mannequin d’entraînement servi aux archers de la milice. Levant les bras, il sortit de l’ombre.

- Ne tirez pas, informa-t-il.

Elle s’était retournée vers lui dès le craquement sec. Alaric lui offrit un sourire.

- Bonjour Aeryn. Tu as l’air d’aller bien, ajouta-t-il, sincère.

Ou du moins, cette fois, elle était sobre et ne subissait pas les affres de l’alcool ni ses conséquences douloureuses. Alaric balaya ses comparses du regard et les salua d’un signe de tête.

- Je me rendais à Balazuc afin de voir l’avancement du chantier, précisa-t-il.

Il ne doutait pas un seul instant qu’un homme seul, dans les marais, attirait l’attention. Autant annoncer la couleur directement : il était facile de deviner, par sa tenue et le cheval qui patientait derrière lui, qu’il n’était pas un bandit, ni un banni qui hantait les lieux morbides.


Dernière édition par Alaric le Ven 27 Aoû 2021 - 18:22, édité 1 fois
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyDim 25 Juil 2021 - 9:24
La compagnie des uns et des autres était rapidement devenue familière aux yeux de la mercenaire qui, même sans particulièrement les apprécier, avait appris à les tolérer. Aeryn s'était habituée aux extravagances de certains, même si, d'ordinaire, la rouquine préférait se tenir loin de celles-ci simplement pour s'assurer de rester calme. Heureusement, si certains avaient la fâcheuse tendance de se comporter comme si rien n'avait réellement d'importance, ce n'était plus le cas lorsqu'ils se trouvaient en mission.

Ce fut d'ailleurs le cas, ce jour-là. La petite troupe de mercenaires escortait l'un de ces convois de matériaux et d'ouvriers se rendant à Balazuc afin d'assurer sa reconstruction. Beaucoup voyaient cela comme une renaissance, l'éveil d'un espoir parti en fumée avec la dizaine de milliers de cadavres lors de la dernière invasion de la cité. Les ouvriers avançaient donc le cœur léger, guidés par le rythme des carrioles chargées de bois et outils en tout genre tirées par quelques chevaux de traits tout droit venus des champs du Labret. Mais pour les Lames présentes, ce n'était point le moment de se relâcher. La fange restait bel et bien présente dans les marais et la malchance pouvait très bien faire apparaître l'un de ses représentants sur leur route à tout moment.

Les gens d'armes restaient donc particulièrement attentifs aux bruits extérieurs à leur environnement proche. Quelques miliciens se trouvaient parmi eux, de jeunes recrues qui n'étaient guère sorties de leur caserne avant d'avoir été affectées à cette mission pourtant trop importante pour être ainsi négligée. Aeryn comme ses compagnons se méfiait de ces inconnus inexpérimentés redoutant un mouvement de panique si jamais la situation devait mal tourner. Il ne fallait rien laisser au hasard, il n'y avait pas que la fange là dehors. Les bannis pouvaient très bien attaquer eux aussi, de même que des bandits sans oublier le facteur chance qui pouvait très bien se retourner contre eux à tout moment, apportant avec lui quelques contretemps peu enviable…

Et cela ne manqua pas. La roue de l'une des carrioles s'embourba dans un trou d'eau. Les hommes ont bêtement essayé de l'en sortir en aidant le cheval à tirer… L'un d'eux a eu la riche idée de contrarier le canasson qui, désireux de s'éloigner de l'importun, a fait prendre un mauvais angle à la roue qui s'était ensuite décrochée… Catastrophe… Le plateau de la carriole ainsi déséquilibré laissa échapper une partie de sa cargaison. Le cheval surpris par le vacarme provoqué par tout ceci se mit à hennir avant de s'emporter… Trois hommes se saisirent de ses brides en essayant de le calmer avant que l'un d'eux ne se décide à le détacher afin que les autres se chargent de la carriole et des matériaux couverts de boue.

Afin d'assurer la sécurité, les gens d'armes s'étaient postés tout autour, dos tourné à la scène, ce qui, évidemment contraria les ouvriers qui réclamaient de l'aide. Aeryn soupira bruyamment, se retenant ainsi de balancer quelques remarques acerbes. Ils ne se rendaient pas compte que les temps avaient changé et que les menaces grouillantes ou rampantes à l'extérieur pouvaient justement profiter de cet instant pour bondir. La tension ne fit que grimper jusqu'à ce que la situation fut enfin sous contrôle. Enfin, presque… La roue nécessitait quelques réparations de fortune avant que le convois ne puisse repartir. Une situation qui, autrefois, aurait été bien banale mais qui provoquait quelques angoisses aujourd'hui. Ils ne pouvaient se permettre de laisser percer les coups de marteaux, comme ils ne pouvaient abandonner les matériaux. De ce dilemme naquit une discussion entre les ouvriers et les gens d'armes, les uns insistant pour faire les réparations sur place et à découvert tandis que les autres proposaient de répartir la cargaison entre les autres carrioles, quitte à épuiser les chevaux. Balazuc n'était plus très loin bien que pas encore en vue… Néanmoins, le soleil ne resterait pas haut encore longtemps, il fallait donc agir rapidement. Ainsi, au bout d'un temps interminable, il fut décidé de porter tout ce qui pouvait l'être, le reste étant réparti sur les différents plateaux. Le cheval fut grossièrement harnaché à la charrette portant le plus gros chargement.

Ainsi chargée, la troupe ne tarda pas à sentir les affres de la fatigue. Franchir le petit ruisseau fut purement harassant. Le camp n'était plus très loin et pourtant cela n'empêcha pas la malchance d'intervenir une fois encore alors que le cheval si mal attaché décida de se détacher bousculant au passage le pauvre hère qui lui tenait les brides. L'homme chuta lourdement et manqua presque de se faire piétiner par le second canasson effrayé par le tempérament de son compagnon. L'archer rattrapa rapidement le premier dont la course fut stoppée par l'intervention de la gamine au corps entièrement recouvert de bandages. Une partie de la cargaison du chariot se retrouva au sol, encore… De quoi faire perdre le peu de patience et d'énergie qu'il restait aux membres du convoi. De nouveau, l'on s'échina à tout remettre en place. De nouveau l'on veilla à garder tout ce petit monde en sécurité même s'il était clair que tout le monde arrivait au bout de son endurance.

-Bordel, y'en a marre… lança l'un des mercenaires.
- C'est bon, on est presque arrivés, encore un peu de patience, rétorqua la rouquine qui, pourtant, n'en pensait pas moins.

Un craquement se fit entendre derrière eux, les archers bandèrent aussitôt leur arc en direction du son inquiétant. Les bretteurs s'armèrent à leur tour, faisant désormais face à un jeune homme seul… Un jeune homme qui semblait connaître la rouquine du groupe. Tous se retournèrent en sa direction, guettant la réaction de la jeune femme qui dévisageait l'intrus… La mercenaire mit un certain temps avant de le reconnaître tant son apparence avait changée. Et, à dire vrai, ce fut surtout le son de sa voix et l'utilisation de son prénom qui lui permit de l'identifier.

-Alaric ?
-Tu l'connais? demanda l'archer
-Plus ou moins... rétorqua-t-elle non sans une certaine hésitation avant de se tourner vers le nouvel arrivant. Il n'est pas bien prudent de se balader seul dans ce coin, tu sais ?
- C'est bon, il n'est plus seul maintenant et ça nous fait deux mains et un cheval en plus. Viens donc nous aider, mon gars.



Dernière édition par Aeryn Monclar le Lun 26 Juil 2021 - 7:58, édité 1 fois
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyDim 25 Juil 2021 - 15:45
Alaric sentait le regard scrutateur d’Aeryn sur son visage ; il avait oublié qu’il avait pas mal changé depuis leur dernière rencontre, trois mois plus tôt. Rosen avait coupé les cheveux qui ne dansaient plus devant ses yeux, ses cernes avaient diminué de volume et il avait repris un peu de poids. Étrangement, il n’avait pas beaucoup dormi ces derniers jours, mais il se sentait plus ragaillardi que jamais, plus vivant également. Enfin, il discerna une lueur de compréhension dans ses yeux clairs et lui sourit. Encore heureux qu’elle ne l’avait pas oublié ! Même s’il ne serait pas étonné d’apprendre que certains de ses souvenirs, évaporés par l’alcool, l’avaient quittée à tout jamais.

- T'inquiète pas, je suis prudent, confirma-t-il.

Sourcils froncés, il dévisagea le mercenaire qui venait de prendre la parole et, après un geste entendu, s’avança vers la petite troupe, la bride de Bravoce entre ses doigts. Là, il découvrit qu’il ne s’agissait pas simplement d’une patrouille comme il l’avait cru, mais d’un véritable convoi, composé de quelques carrioles, de miliciens et d’ouvriers, harassés par le trajet. La fatigue et la mauvaise humeur se lisaient sur leurs traits, leurs muscles crispés et les jurons qui fleurissaient entre leurs dents. Alaric les salua, avant de se retourner vers Aeryn et ses comparses. Parmi eux, une jeune fille recouverte de bandages attira son attention : la pauvre avait-elle été brûlée ? Ses yeux bleu vif luisaient d’une intelligence certaine et le soldat lui sourit. Elle était bien trop jeune pour avoir subi de telles souffrances…

- Je vais vous aider, opina-t-il. Ce sont des ressources pour Balazuc, je suppose ?

Le soldat observa les différents chariots, amena Bravoce à l’un dont le chargement semblait le plus lourd. Il lui flatta l’encolure, lui murmura des paroles réconfortantes, puis l’attacha à côté d’un autre cheval dont la robe perlait de sueur. Eux aussi étaient à bout, heureusement, la route ne serait plus très longue. Les mains libres, il proposa à certains ouvriers de porter quelques sacs encombrants et leur souhaita bon courage. Même s’il avait chevauché toute la journée, il avait pu effectuer une pause en profitant de l’abri offert par les ruines de Piana et ses muscles ne le tiraillaient pas encore trop. La nuit qu’il avait passé à l’auberge de Ménerbes avait été réparatrice, bien qu’il ait eu du mal à s’endormir : se retrouver seul sur sa couchette, après avoir passé ses nuits en bonne compagnie durant une semaine, l’avait quelque peu déprimé.

- Nous ne sommes plus très loin, leur assura-t-il.

Petit à petit, avec cette aide bienvenue, le convoi se remit en marche et repartit de plus belle vers le nouveau camp. Fermant la marche, Alaric se retrouva côte à côte avec la roussette : compte tenu des mésaventures que tous semblaient avoir traversé, elle n’avait pas mauvaise mine. La fatigue barrait certes son front, mais l’air abattu qu’il lui avait connu, lors de leur première rencontre, avait déserté de ses épaules.

- Comment tu vas ?

Ses pieds produisaient des bruits spongieux désagréables à ses oreilles à chacun de ses pas et, souvent, il lançait des regards anxieux à Bravoce. Il devinait ses renâclements, un air boudeur dans ses yeux noirs lorsqu’il le détacherait : le hongre n’avait guère l’habitude de tirer ce genre de chargement. Quant à Alaric, il n’avait plus l’habitude de marcher dans les marais et la hauteur, ainsi que la vitesse de sa monture, lui manquaient.
Du menton, il désigna l’étrange gamine.

- Une amie à toi ?
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyLun 26 Juil 2021 - 8:37
La fatigue et l'impatience devait aisément se lire sur le visage de la mercenaire qui commençait déjà à manifester quelques signes d'agacement. L'imprévu faisait évidemment de son travail, Aeryn l'acceptait et faisait avec sans jamais pester sur ce genre de détails qui, justement, tenait plus de la malchance que de la maladresse. Néanmoins, la journée avait été extrêmement éprouvante et stressante. Elle détestait les marais autant pour leurs paysages déprimants que pour les dangers qu'ils renfermaient. Par conséquent, il lui tardait vraiment d'en finir avec ce convoi et de retrouver un tant soit peu de sécurité pour se détendre et se reposer. L'arrivée d'Alaric finalement fut vécu comme une énième surprise, un énième imprévu si bien que la rouquine - déjà grandement éprouvée par cette dernière journée - ne sut comment réagir. L'intervention de son chef lui permit ainsi de remettre un peu d'ordre dans ses idées et ce, malgré l'agitation qui s'en suivit.

Le convoi put enfin repartir, le camp n'étant plus très loin, il ne s'agissait là que d'un dernier effort avant un repos bien mérité. Malgré tout, tant qu'ils ne se trouveraient pas à l'abri derrière les palissades, mieux valait ne pas relâcher leur attention, mais de cela, Alaric ne sembla pas s'en préoccuper puisque ce fut le moment qu'il choisit pour l'interroger.

- Je te répondrai quand nous serons arrivés, rétorqua-t-elle en désignant les ruines d'un simple mouvement de tête. Il y a trop d'endroits offrant une cachette par ici.

De l'ancien village, il ne restait plus grand-chose sinon quelques tas de pierres et de bois entassés mêlés à plusieurs ruines de maisons dont il ne restait que les murs souvent émiettés. La fange n'avait évidemment pas besoin de cachette, même si ses représentants semblaient aimer l'effet de surprise comme pour jouer avec leurs proies. Mais les bannis, quant à eux, même s'ils étaient plus malins et probablement moins nombreux, pouvaient tout aussi bien profiter de toutes ces zones à couverts pour attaquer tout ce petit monde sans pour autant avoir à se montrer.

Ils continuèrent ainsi à progresser dans les marais qui semblaient s'être étendus. Les pieds de la rouquine s'enfonçaient dans la boue et la vase si bien que sa progression se fit bien plus lente et éprouvante.

-Grrr, je déteste cet endroit... grogna-t-elle tandis que le jeune homme sembla s'intéresser à la gamine recouverte de bandages. Lili ? Elle fait partie de mon unité, c'est tout.
-Je t'ai entendu Rynette, la coupa-t-elle, boudeuse. T'es pas gentille.

Aeryn soupira en levant les yeux au ciel. L'amitié restait une notion plus ou moins abstraite pour la mercenaire qui l'imaginait probablement plus profonde que le reste de l'humanité. Pour elle, elle n'avait pas d'amis, seulement quelques compagnons de route avec qui elle partageait ses repas. Cela s'arrêtait là.

Le convoi continua d'avancer jusqu'à ce que les barricades soient bien en vue. Un soupir de soulagement général se fit entendre lorsque le passage servant de "porte" fut atteint. Les gens d'armes et les ouvriers déjà sur place vinrent les aider à se débarrasser de ce chargement devenu trop lourd à supporter.

-Tu as l'air en forme, lança la rouquine en se délestant de sa besace. Et plus propre que la dernière fois aussi… Tu as fait quelque chose avec tes cheveux, non ? lui demanda-t-elle en le saisissant par le menton afin de mieux voir la joue qu'elle avait maladroitement blessées quelques semaines plus tôt .Totalement invisible, tant mieux, ce serait dommage de gâcher un joli minois si souriant… Trop souriant même, c'est bizarre...

Elle s'écarta légèrement comme pour mieux l'observer quand une main lourde vint se poser sur son épaule.

- Rien de bizarre, petite furie, ça c'est le sourire d'un homme envoûté par une divine créature, railla son chef avant de tendre sa main à Alaric.
-Quoi ? Une sorcière tu veux dire ? s'écria la rouquine dont l'inquiétude fut accueillie par un éclat de rire franc et sonore.
- Mais non, voyons, une femme ! Ce gars-là est amoureux !
- Ouf, soupira-t-elle, soulagée,Tu m'as fait peur. Ça te tuerait de parler plus clairement !
- Tu manques cruellement de subtilité, gamine, railla-t-il en saisissant finalement la main d'Alaric. Je te remercie pour ton aide, mon garçon, je suis Pat, le supérieur d'Aeryn chez les Lames du Morgestanc. Joins-toi à nous pour le repas, nous avons du gibier et du vin… Bon, il n'est pas bien fameux mais il reste plus sain que l'eau du coin. De toute façon tu n'as pas vraiment le choix, j'ignore où tu te rendais mais il est trop tard pour reprendre la route. il sourit puis se retourne vers la rouquine. Tu peux disposer de ton temps comme tu le souhaites. On se retrouve tout à l'heure.
-Merci Pat,le salut-elle en le regardant s'éloigner avant de reporter son attention sur le jeune homme au sourire étrange. Amoureux hein ? Bon sang, je dois être voyante sans le savoir… Je devrais peut-être me faire payer pour les prédictions, railla-t-elle en croisant les bras. Je suis contente de voir cette mine réjouit en tout cas. Dois-je te féliciter ? Je ne sais pas trop ce qu'il faut dire oui faire dans ce genre de situation.
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyJeu 29 Juil 2021 - 14:36
Aeryn ne devait pas avoir autant l’habitude des marais que lui. Alaric ne pouvait blâmer sa réponse sèche ni l’inquiétude qu’il percevait dans ses gestes vifs. Le soldat avait dû traverser ces terrains fangeux un nombre incalculable de fois comparé à une bonne partie des habitants de Marbrume, seuls des miliciens de l’externe avaient dû les franchir plus souvent. Jamais il ne minimiserait les dangers qui tapissaient les lieux et jamais il ne relâcherait sa vigilance. Justement parce qu’il les avait foulés plus que quiconque, il en connaissait toutes les embûches, se méfiait des ombres changeantes, des échos irréguliers. Il se contenta donc de hocher la tête, sans se départir de son sourire. La distance qui les séparait du camp nouvellement fortifié était courte, le convoi important et il doutait que bannis ou bandits osent s’en prendre à eux, à moins d’être tout aussi nombreux. Alaric n’y croyait pas : seules des créatures auraient pu les prendre en chasse, mais aucun râles ou grognements gutturaux n’avaient attiré son attention.

Son unité ? Aeryn faisait donc bel et bien partie d’un groupe de mercenaires. Elle qui lui avait avoué ne pas trouver sa place dans la cité et ne pas avoir de fonction bien précise, semblait avoir trouvé une solution. En quelques mois, tous les deux avaient pris des chemins qu’ils n’avaient sous doute pas soupçonnés au départ – c’était du moins son cas – mais il espérait que, tout comme lui, elle était, si pas heureuse, au moins satisfaite de ce qu’elle avait accompli.

- Rynette ? releva-t-il, amusé.

Un sourire moqueur sur les lèvres, il dévisagea la rouquine. Elle avait levé les yeux au ciel, mais Alaric devinait qu’elle n’était pas autant ennuyée par la gamine qu’elle le laissait sous-entendre. Avec persévérance, la petite Lili parviendrait à creuser le mur que la mercenaire prenait soin d’ériger avec les autres personnes.

Enfin, ils pénétrèrent dans l’enceinte de la nouvelle Balazuc, point de départ d’une victoire supplémentaire contre la fange. Déposant les sacs avec le reste du chargement, Alaric serra quelques mains, reçut une tape amicale d’un milicien qu’il avait aperçu à Sombrebois, un petit mois plus tôt. Le soldat comptait bien faire le tour du camp, observer les quelques fortifications déjà établies, le chantier en cours, les dispositions prises par les ouvriers et gardes afin de reconstruire l’ancien village au plus vite certes, mais dans les meilleures conditions possibles. Il avait l’impression d’être à Sombrebois, cette effervescence qui s’emparait des habitants, conscients qu’ils luttaient en permanence contre le danger, mais l’adrénaline, la volonté de reprendre un terrain qui leur appartenait les poussait à se dépasser. C’était une ambiance particulière dont il se délectait ; il se sentait utile, à la base d’un changement qui serait prolifique pour tous s’il était mené à bien, qui aurait le mérite d’être salué s’il échouait.

Pour l’heure, cependant, la rouquine était décidée à reprendre leur conversation, maintenant qu’elle était soulagée de se trouver dans un semblant de sécurité.

- Euh, oui, bredouilla-t-il alors que les doigts d’Aeryn se saisissait de son menton recouvert d’une barbe de quelques jours. Je les ai coupés, et…

Un joli minois ? Même ivre, elle ne lui avait pas fait ce compliment. Il aurait voulu renchérir sur la puissance de ses coups de poing et sur celui qu’il avait abattu sur son nez, mais il referma la bouche, alors qu’elle fronçait les sourcils face à lui. La mercenaire était la première connaissance qu’il rencontrait depuis qu’il avait quitté Marbrume et les bras d’Eve. Il avait conscience des enjeux qu’impliquait cette relation secrète, ainsi que tous les risques qu’ils encouraient tous les deux. Si même Aeryn, malgré sa maladresse sociale – d’après elle – devinait qu’il cachait quelque chose, il ne ferait pas le poids face à Rosen ou la châtelaine.

Une lourde main le sortit de sa rêverie, Alaric manqua de sursauter. Amoureux, avait dit barbe rousse, après avoir ri de la méprise de sa subordonnée. Les joues du soldat se colorèrent tel un adolescent pris en flagrant délit. Il aurait pu tenter de réfuter ses paroles, mais il n’aurait convaincu personne. Il allait devoir travailler sur son fichu visage éclairé d’ici son retour à Sombrebois s’il ne voulait pas que leur histoire soit découverte par sa faute.

- Je m’appelle Alaric, finit-il par dire. Je comptais m’arrêter ici, avant d’atteindre Sombrebois demain. Merci pour votre invitation, remercia-t-il en saisissant fermement la paluche du dénommé Pat.

Un brave gars, à priori, qui lui avait donné la réponse à sa question : les Lames du Morguestanc, la guilde de mercenaires qu’Aeryn avait intégrée. Une personne de plus à l’appeler par son vrai prénom, nota-t-il.

L’homme leur sourit, avant de les laisser seul et de rejoindre ses autres compagnons. La mercenaire aurait pu décider de changer de sujet, mais elle répéta l’évidence et Alaric détourna le regard, une moue renfrognée sur le visage.

- Oh non, pas besoin, assura-t-il. Ce n’est pas…

Grand-chose ? Il ne termina pas sa phrase, incapable de prononcer ce mensonge éhonté.

- Enfin, moi aussi je peux te féliciter, Rynette, répliqua-t-il afin de changer de sujet au plus vite. Les Lames du Morgestanc, hein ?

Du menton, il désigna les mercenaires.

- Ton unité ?

D’un mouvement du corps, il l’enjoignit à le suivre. Ils déambulèrent dans le camp, slalomant entre les différentes tentes et autres matériels disposés çà et là. L’espace était petit, mais propre, disposé stratégiquement parmi les décombres de l’ancienne Balazuc. Retiré, proche d’une éminence rocheuse où une échelle avait été disposée, il était bordé par une source d’eau qui s’écoulait doucement, emplissant l’air d’un clapotis régulier.

- Il sera facile de le défendre, murmura-t-il pour lui-même, sans prêter attention à la rouquine. Par contre, la fuite serait bloquée si…

Sa voix s’arrêta, mais ses pensées prirent le relais, tandis qu’il étudiait le chantier. Son menton posé sur ses doigts, il réfléchissait aux nouvelles dispositions à prendre, aux possibles assauts, aux stratégies à adopter. Enfin, il releva les yeux vers Aeryn, comme s’il s’était souvenu de sa présence.

- Tu étais déjà venue ?

Elle n’avait en effet pas l’air d’être aussi curieuse que lui.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyVen 30 Juil 2021 - 17:22
Si Aeryn pouvait émettre quelques doutes quant aux révélations de son supérieur, la réaction d'Alaric suffit à lui donner raison. Elle qui avait tenté de blaguer un peu, la voilà si gênée à présent qu'elle peine à parler. "Alaric amoureux, ça alors." Au fond, la mercenaire était heureuse pour le jeune homme, même si le mot "heureuse" lui semblait bien fort pour exprimer son sentoment sur le sujet. Qu'importe, l'ancien milicien arborait une mine reposée. Ses cernes semblaient avoir disparu pour laisser place à un sourire certes un peu bête, mais pourtant plaisant et plutôt communicatif.

-Pitié, non, n'utilise pas ce surnom ridicule, le supplia-t-elle en raillant avant de flatter son épaule d'un léger coup de poing amical. Lili est assez spéciale et aussi têtue aucune bourrique. Impossible de lui faire perdre l'envie de m'appeler ainsi… Mais je te déconseille de faire de même...

L'air menaçant qu'elle affichait n'avait rien de bien effrayant. Aeryn plaisantait, bien qu'elle détestait réellement ce sobriquet plus que ridicule.

-Les Lames du Morgestanc, oui. Je les ai rejoins il y a quelques semaines, rétorqua-t-elle d'un ton faussement détaché, suivant Alaric à travers le camp qui avait déjà bien changé. Pat nous appelle "ses loups" ou encore "sa meute"... Pour ma part, je préfère les termes "équipe" ou "unité".

Tout en progressant au milieu des tentes et des tas de bois et de pierres, Aeryn réalisa que le jeune homme était ailleurs. Il semblait observer les aménagements, non… Il les étudiait. La mercenaire fit de même bien qu'avec beaucoup moins d'attention que son compagnon. Elle avait beau savoir se battre, la rouquine n'y connaissait strictement rien en matière d'édifice défensif. Finalement, au bout de plusieurs minutes silencieuses, Alaric finit par sortir de ses pensées pour interroger la mercenaire.

-J'ai déjà escorté quelques convois, en effet, rétorqua-t-elle simplement. Le chantier avance vite, c'est plutôt bon signe, mais je me demande si la vie pourra réellement reprendre ici… Les marais ne sont pas très surs et… franchement déplaisant.

Ils progressaient lentement vers la source offerte par une cascade s'échappant d'un creux dans la roche. Aeryn trouvait le son de l'eau apaisant, aussi décida-t-elle de s'asseoir au bord de l'eau afin de profiter un peu de ce calme avant de devoir rejoindre les autres membres de sa "meute".

-Mais cet endroit est plutôt sympa, déclara-t-elle en retirant ses bottes pour plonger ses pieds endoloris dans l'eau froide. Voilà pourquoi il vaut mieux faire bouillir l'eau avant de la boire, nous sommes nombreux à faire ça. Alors tu disais te rendre à Sombrebois, comment c'est par là-bas ? Je n'y suis jamais allée, il me semble. Mon père trouvait le seigneur étrange…

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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyDim 1 Aoû 2021 - 13:26
- Sinon quoi ? la taquina-t-il. Tu vas me mordre l’oreille, Rynette ? rétorqua-t-il, amusé face à son air faussement menaçant.

Reconnaître la rouquine dans les marais l’avait mis de bonne humeur, malgré les dangers qui ne cessaient de les guetter. Pat n’avait pas tout à fait tort dans son analyse : le sourire idiot qui flottait sur ses lèvres l’enveloppait dans une bulle confortable où tout allait pour le mieux. Seuls comptaient les souvenirs d’Eve, son sourire rayonnant, sa douce main dans la sienne, ses lèvres chaudes sur…

- …les termes « équipe » ou « unité ».

Alaric releva la tête, chassa ses pensées d’un mouvement de tête et se reconcentra sur la mercenaire. Qu’avait-elle dit, au juste ? Il avait entendu ses paroles sans en percevoir le sens, recouvertes d’une brume suave. Il se contenta donc de hocher la tête, avant qu’ils ne partent explorer le camp. Là, face aux nouveaux chantiers et aux ouvriers qui terminaient leur ouvrage pour la journée, il avait pu regagner son sérieux, afin d’étudier avec justesse les dispositions prises par les habitants.

- Tu n’as pas l’habitude des marais, hein ? J’espère que la vie pourra reprendre, renchérit-il, sinon… à quoi tout cela sert-il ?

Il ouvrit les bras, embrassant le camp d’un geste ample.

À l’écart de toute cette agitation, l’écoulement calme de l’eau berçait le lieu, offrait un instant de plénitude à quiconque prenait le temps de respirer, au milieu de ces terrains hostiles et inquiétants. Le soldat s’accroupit, plongea ses doigts dans l’eau fraîche et ferma les yeux, avant de s’asperger le visage. Bénéficier d’une eau de source était un avantage non négligeable qu’ils se devaient de conserver ; le camp fortifié avait été installé avec intelligence. Un petit rire franchit ses lèvres, alors qu’Aeryn mentionnait le caractère d’Hector qu’elle n’avait jamais rencontré.

- Hector était étrange, c’est vrai…

Était. Utiliser le passé pour parler du baron demeurait douloureux, mais il parvenait à l’employer sans hésitation, désormais. Un petit pas en avant. Alaric prit conscience que la roussette ne connaissait rien de lui. Il faut dire qu’elle avait essayer de discuter, mais face à son refus, cette conversation s’était muée en un duel bienvenu au cours duquel il s’était laissé aller à la colère qui l’habitait à cet instant-là.

- Sombrebois, c’est chez moi, avoua-t-il. Depuis mars, j’ai été nommé chef de la nouvelle garnison par le sergent Yohan de Morgestanc.

Il haussa les épaules. Il se souvint qu’elle n’avait jamais fait partie de la milice, mais le nom du sergent était assez célèbre dans la cité pour qu’elle ait entendu parler de ses nombreux exploits.

- Voilà pourquoi Balazuc a beaucoup d’importance pour moi. Ce camp permettrait des convois plus sûrs entre Sombrebois et Marbrume.

Il marqua une petite pause avant d’ajouter :

- Combattre la fange, c’est ce que nous devons faire. Ce chantier, c’est une petite victoire.

Pourtant, Alaric savait que des menaces non pourvues de griffes, mais d’autant plus puissantes, planaient sur le bourg et ses environs. De nouveaux ennemis qu’il n’avait pas l’habitude d’affronter, des adversaires qu’il devrait apprendre à reconnaître d’abord, à combattre ensuite, armés de secrets et de savoirs, plutôt que d’épées et de poignards.

S’amusant des ondes qu’il créait à la surface de l’eau, il les contempla un instant avant de se retourner vers Aeryn, les pieds nus toujours plongés dans la source.

- Alors, tu as trouvé ta place, finalement ? dit-il en souriant, le regard doux et bienveillant.

Enfin, il se releva et balaya le camp du regard. La majorité des convois avait été déchargée. Sous un auvent, quelques ouvriers fatigués et des miliciens exténués s’étaient avachis sur des banc en bois, fatigués et affamés par une longue journée de labeur.

- On va les rejoindre ? proposa-t-il.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyDim 1 Aoû 2021 - 17:09
"Le monde est régi par les lois de l'inattendu et de l'imprévisible". Rodrick Monclar aimait répéter cette phrase et ce, bien avant l'arrivée de la Fange. Le paternel ne disait pas cela sans raison. Pour lui, il s'agissait avant tout d'une mise en garde, un moyen de rappeler à ses enfants que tout pouvait arriver quand bien même il leur semblait avoir tout imaginé, tout prévu. Aeryn avait toujours pris cette mise en garde au sérieux, d'autant plus depuis que la taille du monde s'était considérablement réduite. Ce duché… Il lui semblait déjà si minuscule à l'époque, si inhospitalier, si laid… À présent, la mercenaire le voyait comme une sorte de prison, mais aussi comme un abri de fortune, un coquillage à la coquille ébréchée. Le Morgestanc tomberait, un jour ou l'autre, de cela elle en était certaine, même s'il lui était impossible de prévoir la date de sa chute.

La vie reprendrait probablement, durant un temps du moins. Des familles viendraient s'installer dans ce petit village des marais, des enfants y naîtraient, d'autres y mourraient, comme ils pouvaient le faire autrefois. La vie y serait probablement plus difficile mais au moins pourraient s'éloigner un peu de cette ville surpeuplée qui leur avait offert tant de fausses promesses… Et puis, un jour… Tout cela disparaîtra de nouveau dans les hurlements de terreur et de douleur. Cela ne pouvait être qu'inéluctable au yeux de la mercenaire qui n'avait jamais su croire en l'avenir contrairement au jeune homme souriant à ses côtés.

- C'est pourtant évident, cela sert à garder espoir. Ni plus, ni moins, répondit-elle en souriant.

Elle écouta ensuite Alaric évoquer brièvement le seigneur de Sombrebois… Puisqu'il utilisait le passé en affichant une mine nostalgique, Aeryn cru bon de ne point l'interroger sur le sujet. Elle retint néanmoins le prénom Hector essayant de se souvenir si elle l'avait déjà entendu ou non, en vain. Mais qu'importe, si l'homme était mort, retenir son prénom ne lui serait pas vraiment utile. Elle pu alors se concentrer sur les informations données par Alaric : "Sombrebois, c'est chez moi."

Il y avait visiblement sa place, un poste plutôt important puisqu'il était chef de sa garnison depuis quelques semaines. La mercenaire sourit de nouveau en songeant à leur évolution respective.

-Je comprends mieux la nouvelle coupe, railla-t-elle gentiment. Cela va plutôt bien avec le boulot.

"Alors, tu as trouvé ta place, finalement ?" Lui avait-il demandé en souriant. Aeryn, le regard perplexe face à cette question, pencha légèrement la tête sur le côté. Lui avait-elle parlé de cela ? Si tel était le cas, elle n'en gardait pas le moindre souvenir et commençait même à s'inquiéter, se demandant ce qu'elle avait bien pu lui raconter d'autre.

-J'en sais trop rien, rétorqua-t-elle en lançant quelques regards en direction de sa "meute". Elle sourit en croisant le regard inquisiteur de Lili, sans doute curieuse de savoir ce que les deux pouvaient bien avoir à se raconter. Disons que je n'ai aucun mal à m'habituer à leur présence… Ce qui, en soit, est assez rare pour être mentionné.

Alaric se releva pour mieux observer la masse humaine épuisée près du convoi. S'il voulait les rejoindre ce n'était pas son cas. Cela faisait des jours qu'elle les supportait et tenait à savourer cet instant de calme.

-Vas-y, si tu le souhaites, je vous rejoindrai plus tard. Je n'ai pas la moindre envie de les écouter se plaindre… Ils n'ont pas arrêté durant le trajet : "Ces marais sont trop humides", "ces marais empestent", "cette viande séchée est trop sèche", "il y a trop de vinaigre dans ces légumes au vinaigre", "et bla, et bla et bla"... Sans façon.

Aeryn ne comptait certainement pas les rejoindre de sitôt et comme pour exprimer ses propos, elle sortit ses pieds de l'eau pour s'allonger en utilisant ses bras comme oreiller.

-Ils ne savent pas la chance qu'ils ont d'être en vie, c'est comme ça, déclara-t-elle avant de fermer les yeux. Et… la personne à qui tu dois ce sourire bizarre, elle est à Sombrebois aussi ? T'es pas obligé de tout me raconter hein, je ne suis pas si curieuse que ça. Mais ce doit être une personne assez particulière pour réussir à te faire changer à ce point… Changer en bien hein! se rattrapa-t-elle en redressant légèrement la tête, un œil ouvert pour s'assurer de sa réaction. C'est une bonne chose en tous cas… Une très bonne chose, j'espère.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyDim 1 Aoû 2021 - 19:08
Garder espoir. Une bonne chose, nul doute là-dessus, mais ce n’était plus suffisant pour Alaric. Les habitants de Marbrume, du Labret et des villages alentours ne pouvaient plus se contenter d’espoir ; ce dernier vacillait, mangé par les ombres des fangeux et des conflits intérieurs. Non, il était temps de leur proposer des solutions concrètes, des preuves qu’ils pouvaient lutter contre ces créatures et remporter des batailles à leur tour. Au fond de lui, le soldat y croyait éperdument : il s’agissait de combats auxquels il devait prendre part, au cours desquels tous devaient se battre, s’ils voulaient que leur situation s’améliore.

Il lui fut reconnaissant d’enchérir sur une note plus joyeuse, raillant sa coupe et son nouveau style. Il rit, passa une main encore mouillée dans ses cheveux qui s’ébouriffèrent d’autant plus sur le haut de son crâne. C’était étrange : comme si pour sortir des ténèbres qu’il avait endurées, il avait dû opérer un changement physique, en accord avec ses nouvelles motivations. Laisser derrière lui ce qui le ralentissait, ses trop longues mèches de cheveux tombées avec ses regrets et ses sombres pensées.

Alaric surprit le sourire d’Aeryn, lorsqu’elle se retourna vers la jeune Lili et le reste de l’unité. Il se contenta de hocher la tête, sans rien ajouter. Il comprenait ce qu’elle voulait dire : on n’était rarement sûr de ses choix, des chemins empruntés, proposés par les Trois. Cependant, certains se révélaient plus agréables que prévus, plus naturels. Il devinait que c’était là une des révélations de la roussette : pour le moment, la compagnie des Lames lui convenait, et c’était tout ce qui comptait.

Le soldat arqua un sourcil, ses yeux bleus détournés du convoi pour dévisager Aeryn de haut, la tête posée sur ses mains. Il avait cru qu’elle aimerait rejoindre ses compagnons, mais c’était finalement un soulagement qu’elle préfère sa seule présence et le semblant de calme que leur offrait la source. Il rit à ses remarques, aux critiques qu’elle adressait à ses camarades et se rassit à ses côtés, les jambes pliées contre son torse.

- Hé bien, il faudra que je fasse honneur à Pat pour le repas, mais en attendant, je peux rester ici. Je n’ai pas non plus envie de les entendre se plaindre.

Il lui sourit, puis releva son regard vers l’éminence rocheuse et l’échelle qui permettait d’accéder à son sommet. L’envie d’y monter le démangeait. Quand le soir serait complètement tombé, que les torches seules éclaireraient la palissade, et les rayons de la lune inonderaient le camp, lorsque les étoiles scintilleraient dans le ciel, laissant croire à la sécurité des lieux, il s’y hisserait et laisserait librement son esprit vagabonder, profitant de la brise fraîche qui caresserait son visage.

Alaric s’en détourna et secoua la tête en réponse à la question de la rouquine.

- Non, elle vit à Marbrume.

Il sourit.

- Particulière, ça tu peux le dire…

Eve de Clairmont, nièce du roi.

- Je ne pense pas qu’elle m’ait changé, murmura-t-il. Je crois plutôt… Que je suis redevenu celui que j’étais.

Léger, joueur, un brin espiègle, des traits de caractère que le fléau avait emporté avec la mort de sa famille. Bien sûr, Eve n’avait pas effacé le côté plus sombre qui n’avait cessé de croître, mais c’était comme si elle avait réveillé cette part qu’il avait enfouie au plus profond de lui. C’était nouveau, et il n’était pas certain de résultat que cette étrange fusion allait donner. Il imaginait qu’en fonction des circonstances, il se montrerait tantôt sérieux, tantôt malicieux, capable de profiter de sa nouvelle vie, sans minimiser les dangers qui le menaçaient en permanence. Avec Eve, il avait le sentiment d’être arrivé là où il aurait dû être, s’il n’avait pas rencontré tant d’obstacles sur son chemin. Il avait pris plus de temps, certes, mais il était arrivé à un carrefour composé de nouvelles voies. Et il avait choisi la sienne : ce n’était pas les fangeux qui l’y avaient contraint, ni la milice et encore moins la jeune noble elle-même. Non, il avait choisi de l’aider et d’être avec elle. Sans aucun doute, c’était le plus beau risque qu’il était prêt à prendre.

- Je ne sais pas si ce sera une bonne chose…

La petite voix qui lui soufflait qu’Eve finirait par l’abandonner n’était jamais bien loin, prête à le tourmenter, même s’il ne devait jamais lutter longtemps pour la faire taire.

- Mais pour le moment, cela me suffit.

Alaric n’ajouta rien. Un sourire flottait encore sur ses lèvres ; lui qui n’avait jamais beaucoup parlé, il aurait pu discourir au sujet de la noble pendant des heures. Quoique, quand il y pensait, il s’agissait-là d’informations qu’il préférait garder pour lui. Le parfum iodé qui enveloppait sa peau, sa volonté de justice qui enflammait ses yeux clairs, son passé trouble qui les voilait parfois. Des détails que lui seul connaissait, qu’elle lui avait révélés parfois, qu’il avait découvert au cours de ses nombreuses contemplations, à l’écoute de ses mots et de son corps.

Il reporta son attention sur les autres membres de l’unité des Lames. Il avait rencontré Pat et Lili, sans obtenir le prénom des autres compagnons de route. Tous avaient l’air bien différents, qu’est-ce qui les avait rapprochés dans cette guilde ? Comment s’étaient-ils retrouvés embarqués dans les Lames ?

- Comment tu as rejoint le groupe de Pat ? demanda-t-il. Enfin, si tu veux bien me raconter, ajouta-t-il, de peur de la pousser à lui parler. Puisque tu es sobre cette fois, tu ne voudras peut-être pas tout me dire.

Il lui donna un coup de coude amical. En vérité, il n’était pas uniquement curieux, ni ne voulait combler le silence pourtant plaisant qui s’était installé entre eux. Cette question, à l’air innocent, cachait un intérêt réel. Vu ce qu’Eve lui avait annoncé, les sombres complots qui se jouaient à la cour et au-delà, il valait mieux obtenir l’appui d’alliés de confiance, de groupes qui pouvaient peser dans la balance…
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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyLun 2 Aoû 2021 - 11:46
-Vu la pitance infâme qui nous attends, je peux t'assurer que tu n'as pas à te soucier de l'honneur, railla-t-elle.Et tu auras largement l'occasion de les entendre se plaindre quand même… Par les Trois, ils n'arrêtent pas...

Ainsi donc, la demoiselle de son cœur vivait à Marbrume. En d'autres temps, cette courte distance entre Sombrebois et la cité n'aurait certainement pas posé de problème. Avant l'on pouvait voyager facilement, sans grande crainte, ce qui n'était plus le cas aujourd'hui. Le reconstruction de Balazuc aiderait certainement, mais pas suffisamment pour leur permettre de se voir aisément à leur guise… Mais quelque chose dans le regard du jeune homme laissait sous-entendre que la distance et les dangers de la route n'étaient pas les seuls problèmes. Pourtant, Alaric souriait, affichant à présent un rictus toujours aussi niais, typique des personnes au cœur épris. Aussi, voyant que quelque chose troublait le nouveau chef de garnison, Aeryn chercha un moyen de détourner son attention de ces bien sombres pensées en utilisant l'une de ses bottes… Botte qu'elle lui jeta gentiment à la figure en souriant, malicieuse.

-Pitié, pas ce genre de sourire en ma présence, c'est terriblement embarrassant, lança-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

Histoire compliquée, probablement. Le genre que l'on ne veut pas évoquer à voix haute par crainte de la voir disparaître brusquement. Il disait être redevenu lui-même et elle le croyait sans se poser de question. Bon nombre de personnes s'étaient perdues lors de l'invasion de la Fange. Il n'y avait rien de naturel et de facile à se remettre de la perte des êtres chers, plus particulièrement lorsque l'on y a assisté. Combien étaient-ils à pouvoir témoigner de ce genre d'événement ? Combien étaient-ils à culpabiliser d'être encore en vie alors que leurs proches n'avaient pas eu cette chance ? Aeryn n'osait imaginer cela… Après tout, même si elle se doutait bien que son père et ses frères étaient tous morts, elle n'avait pas assisté à leur trépas. Pourtant, la mort d'Elwin pesait lourdement sur sa conscience. Elle aurait dû être avec eux, au quartier général, au lieu de rester avec Finn dans cette auberge maudite… Finn, encore et toujours lui. Comme elle regrettait de l'avoir rencontré, de s'être laissée berner par cet homme au lieu de se cantonner à ses devoirs. Son frère serait probablement encore en vie si elle avait été avec lui, la mercenaire aurait veillé sur lui… Mais, hélas, cela ne s'était point passé ainsi.

-Et bien, dans ce cas, enchantée cher ancien Alaric redevenu lui-même. J'avoue te préférer ainsi, tu es beaucoup moins déprimant et bien plus propre, le taquina-t-elle sans gêne.

La rouquine ne fut guère surprise de le voir changer de sujet, preuve, s'il en fallait, que son histoire était compliquée. Elle connaissait les hommes après tout, elle avait évolué parmi eux. Et elle savait qu'un homme épris ne parlait plus que de l'élue de son cœur laissant tous les autres événements de côté. Elles devenaient le tout de leur monde et pourtant Alaric ne semblait pas vouloir s'étendre sur le sujet… Soit…

-Ce sont eux qui sont venus me chercher, à dire vrai, répondit-elle en observant le ciel. Je ne sais pas vraiment ce que j'ai pu dire ou faire pour attirer leur attention, mais voilà… Un jour, un homme est venu me voir pour me dire de me rendre au quartier général. Ils m'ont fait combattre l'un des maître-lame pour savoir dans quelle équipe me placer et voilà. Rien de bien exceptionnel en soi.

Même si Aeryn veillait à raconter cette histoire avec une certaine nonchalance, la réalité était quelque peu différente. Elle ne dit rien du côté éprouvant de ses entraînements avec Judith ou avec les autres "aiguisés" comme la maître-lame aimait les appeler. Elle ne dit rien non plus au sujet de ses progrès, ni même de l'esprit de camaraderie qui semblait régner au sein des lames. La mercenaire n'évoqua pas non plus le profond sentiment de reconnaissance qu'elle ressentait par crainte de voir tout cela disparaître subitement. Aeryn ne voulait pas s'attacher à ces gens, voilà pourquoi elle maintenait toujours une certaine distance entre eux.

-Ça commence à sentir bon, lança-t-elle subitement pour changer de sujet. Voilà qui est étonnant...
- C'est Braan, il a attrapé trois lapins bien dodus… s'exclama une petite voix qui semblait provenir des hauteurs. C'est chouette non ?

La petite voix familière était justement celle de Lili qui se trouvait perchée dans le seul arbre alentour, la tête en bas, sur une branche pourtant trop fine pour soutenir son poids.

-Il m'a même laissé les dépecer, Lili est contente, contente. On va manger de la viande ce soir !

La gamine se laissa glisser, étrangement lentement comme si la gravité n'avait aucun effet sur l'étrange créature. Elle atterrit sur ses mains avant de se retrouver brusquement sur ses pieds en faisant un salto.

-T'es qui toi au juste? lança-t-elle à Alaric en le pointant du doigt. Tu touches pas à Rynette, d'accord, sinon tu auras à faire à Lili.

Aeryn, hilare, se redressa finalement avant de se saisir de ses bottes. Elle plaça une main amicale sur la tête de la gamine.

-Ne t'en fais pas pour ça, Alaric est un brave gars. Allons rejoindre les autres, je ne voudrais pas que Corin et Braan mangent tout...
-Ah non hein ! Lili a faim ! gronda-t-elle avant de détaler ventre à terre en direction des tentes réservées aux mercenaires.
-Je pourrais bien te dire que c'est la plus bizarre du lot, mais je n'en suis pas certaine.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyLun 2 Aoû 2021 - 16:58
- Hé ! s’offusqua-t-il, attrapant la botte de la rouquine au vol.

Il prit une moue faussement outrée, tandis qu’il reposait la chaussure sur le sol. Elle n’avait pas tort, il comptait bien faire disparaître ce sourire niais de son visage. Mais il n’avait même pas besoin de fermer les yeux pour contempler la jeune noble en face de lui, pour se souvenir du goût de sa peau, de la mélodie de son rire contre ses lèvres. Le temps suffirait à effacer lentement sa silhouette, même s’il en percevrait encore les contours ; ces derniers, cependant, ne seraient peut-être plus suffisants pour afficher son air béat qui ne le quittait pas.

Il rit à sa nouvelle pique, mais ne répondit rien. Il était inutile d’ajouter quelque chose au sujet de son style et de son caractère plus enjoué ; l’idée était bel et bien de changer le fil de la conversation une bonne fois pour toute. Alaric ne pouvait prendre le risque de s’épancher sur Eve et la relation secrète qu’il avait débutée avec elle. Les Lames du Morgestanc, voilà une matière bien plus intéressante à creuser ! Ainsi donc, la mercenaire avait dû se faire remarquer pour attirer l’attention de la guilde et de ses membres. C’était une bonne chose : elle n’était plus seule, mais parvenait à garder une certaine distance avec ses nouveaux compagnons. Somme toute, c’était ainsi que fonctionnait Aeryn, et le soldat fut ravi d’apprendre que, même si elle ignorait encore où ce nouveau chemin la mènerait, elle avait au moins trouvé une place qui lui convenait.

Amusé, Alaric releva la tête vers la dénommée Lili, pendue souplement à l’une des branches qui les surplombait. L’une ou l’autre de ses bandelettes s’échappaient de l’ensemble et flottait dans le vide, à l’instar de son corps frêle qui se balançait sans crainte de chute. Enfin, elle descendit de son perchoir avec une agilité déconcertante, laissant tout le loisir au soldat d’observer son habilité lors d’un saut arrière joliment exécuté.

- Je suis effrayé, répondit-il, levant les mains devant son visage, comme s’il se sentait réellement menacé.

Aeryn mit fin aux prémices d’un duel amical en posant sa main sur la petite tête de Lili, mentionnant le délicieux repas qui s’annonçait. La gamine les planta là sans demander son reste, pressée d’obtenir sa pitance. Plus attendri qu’il ne l’aurait cru, Alaric la regarda détaler vers les autres mercenaires, comme si elle avait tout à fait sa place dans une guilde de soldats. Comme si c’était normal.

Un sourire en coin, il lui rétorqua :

- C’est toi la plus bizarre ?

Puis, d’un ton plus sérieux, il ajouta :

- Quel âge a-t-elle ? Sûrement pas l’âge d’être sur un champ de bataille, murmura-t-il ensuite, pour lui-même.

Sur les talons de la rouquine, le soldat gagna les habitants temporaires du camp fortifié. Près du feu où tournaient sur des broches improvisées les lapins promis, les odeurs de cuisson étaient succulentes ; l’estomac d’Alaric gargouilla et Pat, proche de lui, lui asséna une tape sur l’épaule après avoir ri aux éclats. Assis sur des bancs, des troncs ou des pierres plates, miliciens, mercenaires et ouvriers dégustaient la chair chaude des lièvres fraîchement pris. La graisse dégoulinait sur leurs doigts et le long de leur menton, source de force et de motivation bienvenue, après la dure journée qu’ils avaient tous traversée. Des godets de vin furent proposés, jamais refusés, bien qu’Alaric eût accepté le sien par politesse. Il n’était pas question pour lui d’abrutir ses sens au milieu des marais, camp fortifié ou non. Assis entre Aeryn et Pat, il terminait son repas, nettoyant sa bouche d’un revers de manche. Lili avait pris place de l’autre côté de la mercenaire et semblait décidée à ne plus la lâcher d’une semelle.

- Alors, Aeryn ne râle pas trop pendant vos missions ? demanda-t-il pour essayer de faire connaissance avec ses nouveaux partenaires.

La bonne humeur avait enveloppé les troupes de Balazuc, repues. Si quelques-uns avaient entrepris des tours de garde, la plupart semblait ne plus craindre les dangers qui peuplaient les marais, rassénérés et ragaillardis par leur repas et le vin servi. Inconsciemment, Alaric porta le godet à ses lèvres et ferma les yeux, appréciant la douce chaleur qui coulait dans sa gorge. Il avait bu plus que de raison ces derniers jours, la soirée qu’il avait passée avec Eve, Herold et son épouse ayant été mémorable – bien que quelques blancs parsèment encore sa mémoire. En grimaçant, il reposa son godet à ses pieds.

- Comment vos missions sont-elles choisies ? interrogea-t-il ensuite, s’adressant aussi bien à Aeryn qu’à ses compagnons.

Autrement dit : qui servaient les Lames du Morgestanc ? Alaric espérait profiter de cette ambiance de franche camaraderie pour obtenir réponse à sa question que certains auraient pu juger trop directe ou indiscrète.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyMar 3 Aoû 2021 - 15:14
"C’est toi la plus bizarre ?"

La question, même prononcée sur le ton de la plaisanterie, surpris profondément la mercenaire. Bizarre, Aeryn l'était probablement. C'était une femme mais s'habillait comme un homme. Elle ne vivait que pour et par son travail sans jamais chercher à créer des liens avec les autres, même si cela arrivait tout de même, parfois. Au yeux des Trois qu'elle respectait et honorait autant que possible, ce n'était qu'une pécheresse… Aux yeux des autres, elle n'était qu'une sorcière aux cheveux roux, sans mari ni enfants comme si cette femme étrange crachait sur le symbole même de la famille et du besoin bien présent de repeupler le Morgestanc. Une égoïste, sans nul doute…

-Qui sait, peut-être ? rétorqua-t-elle en lui donnant un coup de coude bien gentillet.

Le jeune homme semblait intrigué par la petite Lili et plus particulièrement pour son jeune âge. Personne ne le connaissait, en réalité, même si tout le monde supposait que celui-ci se situe approximativement entre treize et seize ans. Une très jeune fille donc … Mais pourtant.

-A son âge, je portais déjà une armure et je me tenais sur le champ de bataille aux côtés de mes frères… répondit-elle en haussant les épaules. La vie ne nous laisse pas vraiment le choix de profiter de notre enfance ou non… La plupart des enfants travaillent aux côtés de leurs parents, cela n'a donc rien de bien étonnant en réalité… Mais pour ce qui est de Lili, il faut la voir se battre pour comprendre que son enfance n'a certainement pas dû être tendre. Cette gamine est redoutable, tu peux me croire...

Lili avait quelques talents plutôt déconcertants. Agile et extrêmement discrète, elle pouvait suivre n'importe qui sans jamais se faire repérer malgré sa tenue plus que voyante. Aucun verrou ne semblait lui résister… Si elle voulait entrer quelque part, rien ne pouvait l'en empêcher… Et puis… Il y avait sa manière de se battre, précise, rapide et simplement meurtrière.

Plus silencieuse à présent, Aeryn guida le jeune homme jusqu'à l'endroit qu'occupaient habituellement les mercenaires. Ils étaient tous là, installés autour du feu au-dessus duquel rôtissaient les fameux lapins. Braan salua le nouvel arrivant d'un mouvement de tête, toujours souriant tandis que Corin se contenta de le dévisager en silence. Pat quant à lui semblait occupé à observer la carte, sans doute préoccupé par le trajet qu'ils auraient à effectuer dès le lendemain. Quand la grande-lame aperçut le duo, il invita le jeune soldat à s'installer près de lui, allant même jusqu'à flatter son épaule d'une main amicale.

La soirée se déroula dans une ambiance bonne enfant. Braan se chargea de l'animation en racontant des blagues déjà maintes fois entendues par les membres de sa meute. Pour le faire taire, Corin lui lança même un morceau de pain à la figure qui fut toutefois habilement esquivé par l'archer. Ce dernier se laissa même tomber à l'arrière avant d'enchaîner une roulade pour mimer une réplique, ses mains imitant un arc lançant une flèche. La scène eu le mérite de faire rire l'assistance, Lili en fut même tant amusée qu'elle sautillait depuis son rondin en tapant dans ses mains.

-Alors, Aeryn ne râle pas trop pendant vos missions ? demanda l'ancien milicien.

-Jamais en mission, rétorqua la grande-lame d'un ton ferme tandis qu'un large sourire se dessina doucement sur son visage. Elle attend toujours que nous soyons en sécurité.
-Si, parfois elle nous gronde, Braan et moi… Mais seulement quand on est "insupportable".
-Parle pour toi, moi je suis toujours adorable. Mon comportement est exemplaire...
Corin fit mine de s'étouffer, ce qui évidemment ouvrit une sorte de dispute entre lui et l'archer qui venait de s'offusquer. Aeryn leva les yeux au ciel et se tourna plutôt vers le chef et Alaric laissant les trois autres se donner en spectacle.

-Nous sommes des mercenaires, gamin… Des soldats appartenant à une armée privée. Nous avons donc des clients, de riches clients. Ceux-ci vont donc proposer leur contrat à nos maître-lames qui se chargent de l'accepter, ou non. Nous avons certaines valeurs chez les lames, nous n'acceptons donc pas n'importe quel contrat…
-Pourquoi cette question, Alaric ? Tu as besoin de nous pour quelque chose ? lui demanda la rouquine plutôt étonnée par la question du jeune homme. Après tout, malgré leurs valeurs, les Lames restaient avant tout des mercenaires, aussi la manière de les employer était sensiblement la même que pour n'importe quelle autre compagnie.
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyMer 4 Aoû 2021 - 17:21
- J’aimerais leur donner le choix, souffla-t-il, en désignant Lili du menton. Je veux bien te croire, ajouta-t-il, ne doutant pas des capacités de la jeune adolescente, mais c’est dommage…

Dommage que l’innocence de l’enfance lui ait été arrachée, obligée de porter des armes plutôt que des jouets, d’apprécier le baiser de la mort, plutôt que celui de sa première amourette. Alaric avait eu de la chance : oh, les longues et parfois pénibles journées de travail dans les champs n’avaient pas toujours été faciles. Il n’avait jamais rechigné au travail, dans l’ombre de son père du matin jusqu’au soir, maniant la fourche aussi sûrement qu’il employait désormais les dagues. Les mains calleuses, parfois ensanglantées, le dos en compote après avoir ramassé fruits et légumes dans la terre meuble, en subissant le froid mordant les vieilles chemises que sa mère avait rafistolées à plusieurs reprises, n’étaient plus que de petites anecdotes, oubliées, remplacées par des souvenirs bien plus heureux : celui de partager sa vie avec son paternel, de rendre ses parents fiers et surtout, de remplir son rôle de frère aîné et d’être un exemple pour les deux petites têtes qui l’avaient succédé. Peut-être Lili avait-elle pu vivre ces petits instants de bonheur, avant d’être recouvertes de bandages de la tête aux pieds et d’être payée pour de basses besognes. Mais combien d’autres n’en avaient pas eu l’occasion ?

En silence, il suivit la rouquine jusqu’à ses comparses. Curieux, il jeta un œil à la carte étendue devant Pat et fronça les sourcils. Il n’eut aucun mal à reconnaître les marais et devina que le chef des Lames réfléchissait à leur chemin du retour. Convié par les mercenaires, Alaric s’en détourna et accepta sa pitance avec joie, appréciant l’ambiance chaleureuse qui s’était instaurée autour du feu. C’était une bonne chose qu’il soit ainsi entouré dans un endroit aussi dangereux : il ressentirait moins les affres de la solitude une fois la lune levée.

À la réponse de Pat, Alaric rit, s’amusant de la réaction d’Aeryn, une moue boudeuse sur le visage. Ses compagnons étaient peut-être un peu trop bruyants pour elle, mais le soldat ne doutait pas qu’elle savait aussi les apprécier. Ce n’étaient pas des mauvais bougres. À première vue, du moins. Comme elle l’avait dit : tous étaient un peu étranges.

De riches clients, hein. Bien sûr, les mercenaires avaient pour habitude de répondre aux piécettes plutôt qu’aux principes. Au moins avait-il grossièrement compris la hiérarchie établie au sein des Lames du Morgestanc. Les Maîtres triaient les requêtes avant d’envoyer leurs subordonnés en mission.
Alaric secoua la tête.

- Non, j’étais simplement curieux, mentit-il.

Qu’elle le crût ou non n’avait pas beaucoup d’importance. Il y avait peu de chance pour qu’il obtienne suffisamment d’argent pour intéresser un quelconque contrat auprès des Maîtres lames et puis, ce n’était qu’une possibilité qui venait de lui traverser l’esprit. Il pouvait toujours la garder dans un recoin de sa tête. Il haussa les épaules.

- Je n’ai jamais rejoint de guilde comme la vôtre, alors je me demandais comment ça fonctionnait, ajouta-t-il pour plus de crédibilité.

Le ciel changeait de couleur ; rosé à l’horizon, il se teindrait bientôt de noir. Les rumeurs angoissantes de la nuit ne tarderaient plus à perturber le sommeil des plus braves, à terrifier les plus peureux. Une nuit dans les marais était une épreuve pour beaucoup d’hommes, surtout lorsqu’on y était peu habitués.

- Demain, gagnez la plage avant de rentrer à Marbrume, c’est le chemin le plus sûr.

Il balaya le camp du regard, s’arrêta sur Bravoce qui broutait du foin avec les autres chevaux du convoi. Il portait encore ses maigres effets personnels, dont son arc.

- Je ne suis pas fatigué et la route qui m’attend demain sera courte. Je peux monter la garde cette nuit, proposa-t-il.

L’ambiance demeurait bonne enfant, même si certains ouvriers avaient déjà regagné leurs tentes de fortune. Depuis quelques semaines, ils s’étaient habitués à un rythme de vie régulier, où leurs travaux débutaient tôt, dès qu’il faisait suffisamment clair pour construire la suite des chantiers prévus. À l’ouest, les premiers poteaux d’une palissade renforcée avaient été fixés. Alaric ramassa son godet de vin et le fit tinter contre celui d’Aeryn.

- Tu oses boire encore ? la taquina-t-il, avant de terminer sa boisson d’une traite.

Le soldat avisa à nouveau l’échelle contre l’éminence rocheuse.

- Avant qu’il ne fasse complètement noir, j’ai bien envie de monter là-haut, annonça-t-il à la rousse. Tu m’accompagnes ?

Sans attendre de réponse de la mercenaire, il se dirigea vers Bravoce afin de récupérer son arme, puis obliqua vers l’échelle, bien décidé à profiter de la vue, de la liberté que – presque – seule la hauteur pouvait lui apporter.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyMer 4 Aoû 2021 - 19:10
Quelque chose n'allait pas dans la réponse d'Alaric comme si les explications de Pat ne lui convenaient pas, comme s'il était déçu. Aeryn ne dit rien et se contenta de l'observer, cherchant à comprendre d'où lui venait ce sentiment dérangeant. Mentait-il ? S'il y avait bien une chose à laquelle la mercenaire était sensible c'était bien le mensonge. Elle détestait cela, plus que tout, même si, cette fois, la rouquine avait parfaitement conscience qu'il y avait autre chose derrière… Mais quoi ?

Toujours silencieuse, la mercenaire termina sa pitance et son gobelet de vin aigre. D'une oreille distraite, elle entendit les recommandations du soldat concernant le trajet retour. Longer la plage, cela semblait être une bonne idée, d'autant plus que cette fois ils n'auraient pas à protéger qui que ce soit.

-Lili non plus n'est pas fatiguée! s'écria la petite meurtrière. Je peux monter la garde !
-Ne dis pas n'importe quoi. Une longue journée nous attend demain. De plus ces charmants messieurs en uniforme sont justement payés pour cela. Leur relève a dormi tout le jour pour être opérationnelle cette nuit. Alors autant aller roupiller dans ta tente.
-Mais ! Je veux veiller !
-Va donc veiller sur ta couverture. Braan a raison.
-Tu vois, même Rynette est d'accord avec moi.
-Tu es méchante, Rynette ! Mais Lili t'aime quand même...
-Vous allez arrêter avec ce surnom ridicule ? râla-t-elle sans enthousiasme.
-Non.Non, rétorquèrent-ils en coeur, même Corin secouait la tête, signe pour Aeryn que toute protestation était peine perdue.

Elle se contenta donc de soupirer tandis qu'un tremblement dans sa main la ramena vers Alaric.

-Seulement pour éviter de crever de soif, ce serait dommage, répondit-elle en souriant. J'te suis, ajouta-t-elle en se relevant tandis que Braan se mit à les huer avant de mimer un baiser en s'enlaçant lui-même. Aeryn le dévisagea en affichant une mine dégoûtée. T'es complètement barge, grogna-t-elle en lui jetant son godet vide à la figure.
-Hey ! s'exclama-t-il en affichant une expression faussement outrée. Je te souhaite bien du courage, mon gars, cette fille est... le poing fermé de Corin vint le faire taire.Bah quoi ?
- Apprends à te taire, gamin.

La mercenaire les abandonna là sans éprouver le moindre regret, bien au contraire. Contrairement à Braan, elle ne se faisait aucune fausse idée sur les intentions d'Alaric, d'autant plus que ce dernier était déjà amoureux. Elle ne risquait donc rien et ne s'inquiétait pas le moins du monde de se retrouver seule avec lui.

-Ne fais pas attention à Braan. Ce type-là a été bercé trop près du mur… soupira-t-elle avant de grimper à l'échelle. Une fois en haut, elle s'installa, assise sur un rocher, une jambe pliée ramenée sous son menton. Elle laissa le jeune homme admirer la vue qui semblait tant l'intriguer. Aeryn la connaissait déjà suffisamment pour ne plus se sentir émerveillée. Néanmoins elle observa attentivement les avancées du chantier. Pensive, la rouquine attendit quelques minutes avant d'interroger le soldat sur le sujet qui la préoccupait réellement.

- Vas-tu me dire ce qui te préoccupe et pourquoi aurais-tu besoin de mercenaire ? lui demanda-t-elle en lui lançant un regard en coin avant de préciser. Si tu ne veux pas m'en parler, je comprendrai, mais ne mens pas…

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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] EmptyMer 4 Aoû 2021 - 23:10
- Ah non, ce n’était pas… tenta de répondre Alaric, mal à l’aise face à l’imitation scabreuse du dénommé Braan.

Aeryn, Pat ainsi que Corin à sa manière firent taire l’archer plus bruyamment. Le soldat lança un regard en coin à la mercenaire, désolé de l’avoir mise dans une telle situation. Cependant, la rouquine avait l’air plus énervée qu’ennuyée et s’empressa de le rejoindre. Trop contents de s’éloigner du groupe, tous les deux se hâtèrent de gagner l’éminence rocheuse.

Alaric secoua la tête, embarrassé.

- J’aurais dû me douter qu’ils penseraient à ça, soupira-t-il. Je suis désolé.

Il la laissa passer devant lui, puis entreprit de grimper l’échelle à son tour, son arc long passé en travers de son corps. L’arme limitait ses mouvements, et il dût faire attention pour ne pas trébucher sur les barreaux rendus glissants par l’humidité. Tenant fermement la corde entre ses mains, il se hissa enfin à la suite d’Aeryn au faîte de l’élévation naturelle. Là, il prit une longue inspiration en fermant les yeux, profitant de la caresse du vent contre son visage, appréciant son passage dans ses cheveux. Il s’assit en tailleur, son arc sur ses genoux, et s’appuya sur les bras dans son dos, afin de contempler le ciel. En silence, Alaric formula une prière aux Trois, avant de laisser ses pensées divaguer vers Eve. Était-elle à la Mouette chantante, ce soir ? Ou bien regardait-elle l’horizon, elle aussi, depuis l’Esplanade ?

- Hm, répondit-il à la mercenaire.

Il se retourna vers elle et lui offrit un sourire qui n’atteignit pas ses yeux. Ne mens pas. Était-ce une supplique, un avertissement ? Alaric s’était douté qu’il n’était pas parvenu à la tromper, mais il avait espéré qu’elle ne poserait pas plus de questions. Que pouvait-il lui dire, exactement ? Pour sa sécurité, mais également pour celle d’Aeryn, il était préférable de taire l’essentiel de ce qui le préoccupait justement. Lui mentir, il n’essayerait plus – il n’était de toute façon pas très doué – mais omettre quelques détails lui semblait plus que nécessaire.

- Je n’ai pas vraiment menti, avoua-t-il, reportant ses yeux sur le ciel.

Il était toujours plus facile de parler à quelque lorsque l’on se tenait de profil, côte à côte, plutôt que face à face.

- Je n’ai pas besoin de mercenaire. Mais peut-être que ça arrivera, alors je me demandais si je pourrais compter sur toi et ta nouvelle meute.

Il marqua une petite pause, réfléchissant à ce qu’il pouvait lui dévoiler ou pas. Une grande part de lui estimait qu’il pouvait faire confiance à la rouquine, mais on n’était jamais trop prudent, surtout lorsque l’on côtoyait des dangers aussi grands. Et puis, il ne devait pas oublier qu’elle était une Lame à présent, elle faisait partie d’une guilde et suivrait les ordres de cette dernière.

- Puisque tu as escorté quelques convois jusqu’ici, tu dois savoir que la Couronne a décidé d’aider Sombrebois. Nous avons enfin reçu de l’aide, humaine et matérielle. Cependant, il est possible que ces changements ne plaisent pas à tout le monde…

Alaric haussa les épaules, comme s’il ne s’inquiétait pas plus que ça des conséquences probables de cette période de transition.

- Alors je me suis dit qu’avoir quelqu’un sur qui compter, ça pourrait être bien. Tu sais… Au cas où…

Il se tut, passa ses doigts sur la corde de son arc. Le soldat se perdit dans sa contemplation, s’amusant de la sensation de la corde contre sa peau, du claquement sec qui en résultait. D’après la jeune noble, Sombrebois était le lieu d’un véritable champ de bataille, invisible pour le commun des mortels. Plusieurs camps s’y affrontaient, dont les motivations étaient variables, malheureusement non définies. Entre le roi et la reine qui semblaient avoir formé deux groupes distincts, il fallait également compter sur le prince héritier, le mystérieux groupe des Victorieux et puis Eve, qui avait décidé de pousser son joli petit nez dans toute cette histoire. Et lui, pauvre petit fermier devenu soldat, jouait désormais un rôle plus grand, plus sombre aussi, l’un de ceux que personne n’avait le droit de découvrir.

- J’ai toujours eu besoin d’espace pour respirer, murmura-t-il, changeant complètement de sujet. J’ai quitté Marbrume pour cette raison, au départ : trop de monde dans des allées trop étroites. Mais elle…

Dans une petite cabine d’une auberge, sans fenêtre ni ouverture si ce n’est un balcon sur un bar transformé en piste de danse.

- Elle me donne tout l’air dont j’ai besoin.
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