Marbrume


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 [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]

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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyJeu 5 Aoû 2021 - 13:26
Au fil de ses rencontres, Aeryn avait compris que le sens du mot "mensonge" pouvait être interprété différemment selon les personnes. Pour certaines, il s'agissait simplement d'un moyen de se protéger en transformant légèrement la réalité. Pour d'autres, mentir aidait à manipuler les gens pour obtenir des faveurs. Le mensonge pouvait servir à tant de choses finalement, et même si la mercenaire pouvait comprendre (parfois) son utilisation, elle ne pouvait pourtant s'empêcher de détester cet acte, toujours volontaire. Elle préférait largement le silence. Plutôt que de mentir, mieux valait se taire. Pour la rouquine, cela était nettement plus acceptable. Il suffisait juste de refuser de répondre… C'était tellement simple pourtant… Alors pourquoi la plupart des gens préféraient user de cette méthode si trompeuse ?

Alaric affirmait ne pas avoir menti, du moins pas totalement. Il devait avoir ses raisons, évidemment, et c'est d'ailleurs pour cela qu'Aeryn avait choisi de l'interroger en privé plutôt que de se braquer comme elle l'aurait fait habituellement. Le jeune homme était quelqu'un de bien. Une personne honnête. C'est pour cela qu'elle avait tenu à lui accorder le bénéfice du doute. L'explication qui suivit semblait cohérente. Il n'y avait en soi rien de mal à prendre quelques renseignements, juste au cas où… Il évoqua ensuite l'aide offerte par le roi et les changements que celle-ci aurait pu engendrer en même temps que certains conflits plus ou moins latent. Il ne parla pas en ces termes, mais c'est pourtant bien ainsi que la mercenaire interpréta ses paroles.

-Rien ne m'empêche de prendre un contrat privé, tu sais, murmura-t-elle avant de lui donner un coup de coude amical. Enfin, cela dépend du contrat, il faut que je reste dans le cadre légal, sans quoi… Et bien, je serai sévèrement punie. Donc si jamais tu as besoin de moi… Et puis au pire, je connais deux autres mercenaires extrêmement compétents qui seraient ravis de te prêter main forte.

Même si Aeryn les voyait de moins en moins depuis son intégration chez les Lames, elle savait qu'elle pouvait compter sur ses frères. Ceux-ci sortaient de plus en plus de la cité pour honorer leurs contrats maintenant… Rien ne les empêchait donc de se rendre à Sombrebois.

La mercenaire aurait pu poursuivre cette conversation, mais Alaric préféra visiblement ramener la discussion à sa belle et au bien-être que celle-ci semblait lui procurer. Aeryn était sincèrement heureuse pour lui, évidemment, même s'il lui était bien difficile de comprendre ce dont il parlait. Comment une personne pouvait apporter de l'air à une autre ? Décidément la chose lui échappait totalement.

-Si tu le dis, je ne peux que te croire sur parole, soupira-t-elle en se laissant tomber en arrière afin d'admirer le ciel qui se chargeait lentement d'étoiles. J'ai jamais ressenti ça, pour ma part… Mais j'avoue que ça a l'air plutôt agréable.

Finn lui avait apporté beaucoup, mais plus elle réfléchissait à leur relation, plus elle doutait de la nature de ses propres sentiments. Peut-être l'avait-elle aimé, d'une manière ou d'une autre, mais pas au point d'en être devenue totalement dépendante. Il lui avait longtemps manqué, parce qu'avec lui la rouquine se sentait libre d'être elle-même sans avoir à se battre. Mais aujourd'hui il n'était pas là et Aeryn ressentait cette même liberté auprès de ses compagnons. Finalement, Finn avait simplement ouvert une porte vers ce renouveau qu'Aeryn avait pu appréhender ensuite à sa manière et surtout à son rythme.

-Et du coup… Elle à Marbrume, toi à Sombrebois… que comptes-tu faire ? Est-ce que tu vas l'épouser ?
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyJeu 5 Aoû 2021 - 22:14
- Merci Aeryn.

Savoir que la mercenaire pouvait accepter un contrat privé était une bonne chose, de même qu’elle possédât d’autres connaissances parmi les Lames susceptibles de lui donner un coup de main si la situation l’exigeait. Quant à la question de la légalité, c’était une autre histoire. Pour l’heure, ces conflits dissimulés apparaissaient bien trop flous au soldat pour savoir comment il pourrait s’y faufiler, quel camp il rejoindrait, contre lequel il devrait user de ses capacités. S’il s’agissait d’aller à l’encontre de la couronne… Mais Alaric n’en avait aucune idée. Le seul parti qu’il suivrait serait celui d’Eve et, bien sûr, il ferait tout pour protéger Rosen de ces étranges complots. Il grimaça en pensant à la baronne de Sombrebois : il ne savait pas encore quelles informations confidentielles il oserait lui transmettre. Comme la comtesse lui avait fait remarquer, la blonde avait déjà fort à faire, entre les changements survenus dans le bourg et sa grossesse difficile qui arriverait bientôt à son terme. Non, décidément, il était bon de pouvoir compter sur la rouquine, mais jamais il ne la mettrait face à un tel danger. Tant qu’il n’en saurait pas plus, il se refuserait à l’appeler à l’aide.

Comme Aeryn, Alaric se laissa tomber sur le dos, admirant les premières étoiles éclairer le ciel. Il tourna sa tête vers elle, observa son visage plus détendu, ses yeux clairs contemplant la voûte céleste. Vu l’enfance et l’adolescence qu’elle avait vécue, le soldat aurait parié que la jeune femme n’était jamais tombée amoureuse. Son caractère bien trempé et son accoutrement masculin n’aidaient certainement en rien, et pourtant… Comme Eve, et même comme Sydonnie avant elle, il avait eu l’occasion de la voir telle qu’elle était : fragilisée par l’alcool, il avait eu la chance de l’apercevoir sans sa garde d’habitude relevée. Tu as un don, lui avait-elle affirmé, avant de chanter à tue-tête. Peut-être qu’elle avait eu raison, finalement. Quoiqu’il en soit, le soldat était persuadé que la rousse pourrait ressentir cette joie profonde qui l’habitait désormais.

- Ça l’est, confirma-t-il. J’espère que tu pourras le ressentir, toi aussi…

Est-ce que tu vas l’épouser ? Épouser Eve. L’embrasser sous les yeux satisfaits des Trois, nouer ses doigts au sien d’un joli ruban, partager une coupe d’alcool avec le roi… Il grimaça et son fantasme disparut, tranché vif par le titre pompeux qu’elle portait. Alaric déglutit et se releva avant de soupirer. Et si elle devait bientôt se marier ? À son âge, nombre de nobles étaient déjà promises à des partis intéressants. Sa gorge se noua, son ventre se serra, ses mains se crispèrent sur son arc long, posé en travers de ses genoux.

- Non, souffla-t-il.

Alors il repensa à ses résolutions, aux révélations qu’il avait confessées à Herold : pourquoi se préoccuper d’un avenir flou, lorsqu’il pouvait vivre l’instant présent ?

- Enfin, qui sait ? ajouta-t-il. Pour le moment, c’est bien comme ça.

Eve et Alaric, c’était tout et c’était assez. Pour un fervent croyant comme lui, il n’était pas facile d’admettre qu’il vivait une relation interdite, non seulement aux yeux de ses divinités, mais plus encore aux yeux, plus terribles, de la société et de l’étiquette. Mais les Trois l’avaient placé sur des chemins complexes, dont les sens lui avaient échappé à maintes reprises. Avec Eve, il ne doutait plus : il était là où il devait être. Si les dieux en avaient décidé ainsi, pouvaient-ils vraiment refuser cet amour proscrit ?

En contrebas, les compagnons d’Aeryn partaient se coucher et quelques miliciens entamaient leurs tours de gardes, patrouillant le long des nouvelles fortifications. Alaric discernait leur silhouette, éclairée faiblement par le feu et les quelques torches disposées à l’entrée du camp.

- Et toi, hein ?

Il lui sourit.

- T’es pas aidée, avec ceux-là, dit-il en désignant les Lames. Mais les Trois finiront bien par te présenter un gars qui appréciera ton mauvais caractère, tu crois pas ?

Il rit et lui donna une tape amicale sur l’épaule.

- Le plus dur, pour toi, comme pour moi…

Ils se ressemblaient beaucoup, après tout.

- C’est d’oser franchir le pas.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyLun 9 Aoû 2021 - 9:42
Si Aeryn était très heureuse pour le jeune homme, elle ne l'enviait pas pour autant. La mercenaire avait bien vu son regard s'assombrir un instant lorsqu'elle lui avait demandé s'il comptait épouser sa belle … Ce à quoi le soldat s'était d'ailleurs empressé de répondre non, comme s'il s'agissait là d'une évidence pour lui. La rouquine ne dit rien, même si dans son propre regard il était aisé d'y lire son étonnement. Aeryn n'y connaissait rien en relation amoureuse ou seulement amicale. Mais ne l'avait-on pas bassiné toute sa vie sur l'importance du mariage au sein de cette société régit par les règles des Trois ? Alors pourquoi ce "non" ? Il lui fallut cependant quelques secondes pour réaliser qu'il ne s'agissait pas d'un "non" ferme et détaché, mais plutôt un "non" résigné chargé de regret. Ce qui, finalement, ne pouvait signifier qu'Alaric ne pouvait pas l'épouser. Sa belle était-elle déjà mariée ? Faisait-elle partie de la haute société l'empêchant de se lier à un homme de la condition du jeune homme ? Était-ce en réalité un amour à sens unique ? Aeryn ne l'interrogea pas plus sur le sujet ne voulant point se montrer intrusive. Et puis, que pouvait-elle lui dire au juste ? La mercenaire ne saurait absolument pas le conseiller, elle n'avait aucun avis sur la question et puis… Cela ne la regardait pas. Alors elle décida de se taire pour écouter Alaric se raviser d'un :" Enfin, qui sait ?" laissant sous-entendre qu'il ne perdrait pas espoir. La rouquine sourit avant de pouffer lorsque le soldat l'interrogea à son tour.

-Que les Trois m'en préserve, au contraire, s'écria-t-elle avant de s'esclaffer. Mon caractère est ce qu'il est et je ne changerai pas pour quiconque. Et puis, franchement… Regarde moi. Je ne correspond pas le moins du monde à l'image de la femme bonne à marier. Je suis même totalement l'inverse. Je suis mercenaire avant tout… Je ne ferai certainement pas de vieux os et c'est quelque chose que j'accepte. Je ne tiens pas à rencontrer quelqu'un… Je ne veux pas ressentir ce genre de chose. Je ne veux pas non plus me marier et encore moins devenir mère… Par les Trois, tu me vois toi en femme au foyer ?

Elle frissonna en disant cela. En réalité, la seule idée de mener ce genre d'existence rangée la dérangeait fortement. Elle ne se voyait pas revêtir l'une de ces robes atroces que l'on porte pour convenir à un homme. Elle ne se voyait pas échanger de vœux, partager un ruban ridicule ou seulement un quotidien. Elle ne pouvait pas non plus s'imaginer mettre au monde un autre être humain qui serait totalement dépendant d'elle. Cette seule vision la rendait malade de dégoût… On ne l'avait pas élevé dans le but de mener ce genre de vie, après tout. Alors comment pouvait-elle s'imaginer en épouse quand le simple fait d'éprouver des sentiments romantiques pour une autre personne la dégoûtait profondément ?

-Je te laisse ma part de bonheur si tu veux. Du moins de ce genre là. Personnellement, je suis très bien comme je suis actuellement. Cela me correspond plutôt bien, tu ne trouves pas ?

La rouquine se redressa lentement, la nuit était bel et bien tombée à présent et le ciel continuellement voilé du Morgestanc se remplissait de petites étoiles floues et de constellations presque invisibles. Au loin, on pouvait entendre les grognements des créatures continuellement affamées si bien qu'en contrebas, dans le camp, l'on commençait à éteindre les feux pour ne point les attirer.

-Il est grand temps de redescendre, sinon nous allons devoir marcher dans le noir…

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyMar 10 Aoû 2021 - 21:51
Alaric tourna son visage vers la rouquine et la regarda littéralement, comme elle le lui avait demandé. Il rit, avant de secouer la tête. Désirait-elle vraiment ne jamais ressentir cette douce félicité, pourtant si agréable lorsqu’elle vous étreignait le cœur ? Un peu plus tôt, elle avait pourtant avoué que le sentiment avait tout l’air d’être agréable. En soi, se dit-il, la mercenaire ne pouvait pas éprouver le manque de quelque chose qu’elle n’avait jamais connu et, même si elle était complètement fermée pour le moment, même elle pouvait se laisser envelopper par de tendres émotions, au moment où elle s’y attendrait le moins.

- Tu te projettes trop loin, murmura-t-il. Je ne te parlais pas de te marier, ni d’avoir des enfants.

N’était-ce pas cependant ce que la société attendait de la jeune femme ? Alaric avait été élevé avec ces mêmes principes, mais, à l’instar de la relation qu’il avait débutée avec Eve, il commençait à remettre en question ces traditions. Le monde dans lequel ils vivaient désormais n’était plus le même ; n’importe qui pouvait ressentir ces profonds bouleversements. Pour vivre pleinement, ne fallait-il pas passer outre ces coutumes qui n’avaient plus de sens ? Ses propres pensées le surprenaient lui-même, pouvait-il seulement nourrir de tels raisonnements ? N’était-ce pas… mal ?

- Je pensais comme toi, au début. Je voulais m’attacher à personne. Mais…

Il sourit.

- Ce n’est pas quelque chose que je peux contrôler, alors… autant en profiter chaque instant, tu crois pas ?

Le soldat haussa les épaules.

- Tu es très bien comme tu es, et tu ne dois pas changer Aeryn. Ce que je veux dire c’est… Ne refuse pas ces sentiments parce que tu as toujours vécu sans.

Il avait l’impression de lui donner une leçon de moral, alors qu’il n’était clairement pas le mieux placé pour en parler. Néanmoins, il pensait comprendre l’état d’esprit dans lequel se trouvait la mercenaire. Alaric savait mieux que quiconque que, malgré les bonnes résolutions que l’on pouvait prendre, malgré les habitudes qui semblaient convenir au même instant, une autre personne était capable de tout bouleverser. Eve avait eu ce pouvoir sur lui ; il frissonna, en repensant à son sourire, à ses yeux clairs dans lesquels il avait aimé se perdre.

Il hocha la tête, avisant les dernières torches que les soldats éteignaient. Il perçut les râles au loin, et caressa la corde de son arc. Cela faisait longtemps qu’il n’en avait plus vu, longtemps qu’il n’avait plus essayé d’en abattre un. Fais attention sur la route, d’accord ? Une moue boudeuse s’afficha sur ses lèvres tandis que la rouquine descendait l’échelle de corde. Seule la lune illuminait le camp et ses environs, quand d’épais nuages ne voilaient pas ses rayons argentés.

Alaric la rejoignit bientôt sur la terme ferme. Les derniers rires s’étaient estompés, seule la rumeur de la source berçait la nouvelle Balazuc. Près des palissades, quelques miliciens patrouillaient, discutant parfois à voix basse, sans perdre des yeux les marais alentours.

- Comme je l’ai dit à Pat, je vais veiller avec eux, dit-il en désignant ses ex-camarades. Je ne suis pas fatigué. Repose-toi bien.

Il lui offrit un bref signe de main, avant de se rapprocher de l’extrémité est du camp. De sa position, il discernait quelques contours de ruines, entendait le vent s’engouffrer dans les vestiges de l’ancien village, faisant bruire la végétation qui y avait repris ses droits. Demain, il retrouverait Rosen – il espérait que tout allait pour le mieux – et il quitterait définitivement le petit cocon confortable qu’avait été sa dernière semaine. Il s’était engagé auprès d’Eve pour découvrir les complots qui se jouaient à Sombrebois et il ne comptait pas la décevoir. Il n’empêche, il ne savait pas encore comment il allait procéder : tout avait eu l’air plus simple dans ses bras. Il se mit à déambuler, afin de ne pas rester statique, entreprenant une ronde semblable à ses congénères.

Un frémissement le sortit de sa rêverie. Sa main droite palpa son carquois, tandis qu’il sondait l’obscurité des lieux. À priori, rien d’alarmant ne se cachait dans les fourrés. Alaric jeta un œil aux autres miliciens, mais ces derniers ne semblaient pas avoir entendu ou remarqué quelque chose d’anormal. Son instinct lui hurlait pourtant l’inverse. D’un pas souple, il se dirigea vers le nord ; au sud, le cours d’eau offrait une protection naturelle. L’éminence rocheuse ne surplombait pas l’entièreté du camp et, si des fangeux ou du moins, la cause du bruit qu’il avait entendu, traînaient dans le coin, c’était le point faible du chantier. Plaqué contre la palissade, il encocha une flèche et attendit. Plus rien ne venait perturber le calme qui s’était installé entre les tentes. Peut-être avait-il rêvé, finalement ? Quelques animaux nocturnes rôdaient encore dans les marais… Pourtant, aucun cri, ululement ou autre manifestation n’avait accompagné le bruissement étrange qu’il avait perçu.

Les deux miliciens remontèrent le chemin vers sa position et l’interrogèrent du regard. Alaric s’apprêtait à leur signifier qu’il s’agissait d’une fausse alerte, lorsqu’un sifflement lugubre transperça l’air ; une flèche s’était fichée dans l’épaule du plus petit des deux soldats, qui bascula en hurlant.

- On nous attaque ! rugit l’autre en dégainant son arc.

Mais il n’était pas prêt, contrairement à Alaric. À couvert de la palissade, il se redressa une demi-seconde, afin de laisser filer son trait. Un gémissement lui répondit, signe qu’il avait atteint l’une des cibles. Car c’était l’inconnue principale de ce nouveau problème : combien étaient-ils ?
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyVen 13 Aoû 2021 - 16:44
De nouveau, Aeryn l'avait laissé parler sans l'interrompre même si, cette fois, ce ne fut pas vraiment par respect mais plutôt parce que la mercenaire ne savait que répondre à tout cela. Elle ne s'était pas réellement projetée mais savait pertinemment ce que la société exigeait des célibataires. Pour eux, une femme de son âge aurait dû être mariée depuis longtemps. Elle devrait même déjà avoir plusieurs gosses pendus à ses bras, à ses seins et ne devrait vivre que pour eux et son époux. Une scène bien misérable aux yeux de la mercenaire qui ne voyait en ce schéma qu'une sorte de prison. Les femmes se devaient donc de devenir les esclaves de leur famille et cela, Aeryn ne pouvait le supporter. Et si l'amour menait à cela, la mercenaire ferait évidemment tout pour l'éviter, consciente que les doux sentiments ne dureraient qu'un temps trop bref.

"Ce n'est pas pour moi", s'entêterait-elle donc à penser malgré tout. Alaric pouvait bien se permettre ce genre de chose, c'était un homme. Il ne perdrait rien, bien au contraire, il avait même tout à gagner à se laisser aller à ses sentiments… Tout du moins, en théorie, puisqu'il paraissait bien évident que sa situation était bien plus complexe qu'elle ne devrait l'être.

La nuit tombée, les deux redescendirent dans le camp avant de se séparer. La mercenaire se dirigea vers la tente qui lui était attribuée et où elle devait dormir seule. Hors de question pour la jeune femme d'accepter de partager celle-ci avec l'étrange Lili. Pour autant, dormir paisiblement dans un endroit pareil s'avérait souvent impossible. Il aurait fallut faire confiance aux miliciens chargés de la garde pour cela et Aeryn en était totalement incapable. Généralement, la mercenaire se contentait de fermer les yeux en espérant que cela suffise pour reprendre des forces même si son attention auditive, elle, restait en alerte permanente.

- On nous attaque ! finit-elle par entendre. Il ne lui fallut que quelques secondes pour sortir de sa tente, ses armes bien en main tout comme ses compagnons des Lames.

- C'est quoi ce bordel ? grogna Braan observant les alentours sans rien apercevoir. Elle est où l'attaque ?

Corin, armé de sa lourde épée, haussa les épaules. Lui non plus ne percevait rien de particulier si ce ne fut le bruit des pas précipités des miliciens qui semblaient se regrouper dans un coin. L'attention des mercenaires se porta donc aussitôt sur l'attroupement qu'ils décidèrent de rejoindre. Là, ils trouvèrent une jeune fille, une adolescente probablement, qui semblait se débattre avec la flèche plantée dans son épaule.

-Chouette, une bannie, s'écria Lili, jouant avec son stylet dans sa main. On peut la tuer !
-Pas si vite, Gamine, nous ne sommes là qu'en renfort. Ce n'est pas à nous de prendre ce genre de décision.
- On fait quoi alors, on s'tourne les pouces ?
-Allons voir si cette gosse n'aurait pas des copains cachés quelque part. Ça m'étonnerait qu'elle ait pu se lancer seule dans une attaque. À moins qu'elle soit stupide.
-Qu'en est-il des créatures ? demanda Aeryn, plutôt inquiète à l'idée de sortir du camp en pleine nuit.
-Ne t'en fais pas pour ça, les bannis sont passés maîtres en matière de survie. Si il y en a dans le coin c'est que la Fange est absente. Ils ne sont pas fous.

Visiblement peu concernée par la conversation des adultes, Lili décida de s'éloigner quelque peu pour fouiller les buissons autour d'eux. Le reste du groupe, habitués de la voir agir ainsi l'observait tout en continuant de parler. Aucun milicien ne les avait interpellé, ils supposaient donc que ces derniers n'estimaient point avoir besoin des mercenaires, ce qui ne serait pas une première.

-Sauf si elle est seule et que cette attaque était plus désespérée qu'autre chose. Après tout, mieux vaut être exécuté par des miliciens plutôt que par ces monstres... déclara Aeryn en croisant finalement les bras avant de se tourner vers Alaric juste un peu plus loin l'interpellant d'un Alors ? quelque peu empressé.

Pendant ce temps, la petite Lili continuait son exploration en sautillant partout à quatre pattes, ressemblant ainsi tour à tour à un limier ou un lapin. Elle finit même par grimper sur le toit de l'une des carrioles abandonnée près de la palissade est avant de passer par dessus, l'escaladant dans un silence particulièrement étonnant. Les mercenaires, inquiets de la voir partir seule, auraient bien été tentés de la faire revenir, mais cela aurait signifié lui faire prendre le risque d'être repérée bêtement. Aussi restèrent-ils là, dans l'attente de son retour qui ne tarda heureusement pas. La gamine revint auprès de Pat, affichant un regard fier et amusé à la fois.

-Quelqu'un se cachait juste là derrière. Il ne doit pas être bien loin et il a de grands pieds, s'écria-t-elle toute joyeuse. Il est où le monsieur, hein ?

A ces mots, le groupe de mercenaires se saisirent fermement de leurs armes, prêts à attaquer. Lili avait un instinct extrêmement développé auquel tous accordait une grande confiance. Et cela ne loupa pas. Quelques instants tard, ce ne furent point des flèches qui s'abbatirent sur le camp, mais des pierres de tailles différentes.

-À couvert !
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyDim 15 Aoû 2021 - 12:49
La suite supposée n’arriva pas : pas de nouvel assaut, seuls les gémissements de l’adolescente qu’Alaric avait touchée étaient perceptibles. Les miliciens, ainsi que les mercenaires, s’étaient attroupés proches de la palissade. Certains avaient rejoint leur compagnon touché afin de l’éloigner en hâte et de lui prodiguer les premiers soins à l’abri dans la tente prévue à cet effet.

D’un ordre prononcé d’un ton autoritaire, le soldat empêcha ses compagnons d’un soir d’abattre la jeune femme. Se redressant complètement, sans lâcher son arme où une nouvelle flèche était déjà encochée, il la dévisageait, sourcils froncés. Elle était plus jeune que lui, ne portait guère d’armures, si l’on faisait abstraction de quelques plaques de cuir cousues les unes aux autres, offrant un patchwork d’une piètre qualité. Ses joues étaient sales, ses cheveux bruns en bataille et ses yeux noisette lançaient des éclairs, malgré sa situation précaire. Une attaque désespérée ? Alaric n’y croyait pas une seule seconde : bannis ou bandits, tous s’organisaient pour commettre les pires méfaits.

- Combien êtes-vous ? demanda-t-il.

Elle lui offrit un regard noir pour toute réponse ; la douleur défigurait ses lèvres gercées. Enfin, elle commença à reculer, sans doute pour rejoindre les fourrés dans lesquels elle s’était cachée.

- Alors quoi ? répondit-il sèchement à la rouquine.

Même si son attention avait été rivée sur son adversaire, il n’avait pas perdu une miette de la conversation entre Pat et ses Lames. Des Lames qui ne frappaient que pour les pièces qu’on leur avait données. Les mercenaires étaient à Balazuc pour transporter un convoi et rien d’autre. Ils ne semblaient pas désirer prendre part à une bataille qui, Alaric en était certain, tomberait d’un moment à l’autre. Soit la gamine, trop impatiente, s’était lancée dans la bataille avant ses compagnons, soit elle offrait une merveilleuse diversion.

Le soldat se retourna vers elle, mais évidemment, elle n’était plus à sa place. Il jura, avant d’observer Lili revenir de son exploration suicidaire. Cette gamine était complètement folle et ses comparses s’en accommodaient ; Alaric n’était pas certain de pouvoir en faire de même. La piste qu’elle avait soulevée confirmait ses observations, mais il ne comprenait pas pourquoi leurs ennemis n’en avaient pas profité, alors qu’elle était seule de l’autre côté de la palissade. Peut-être n’aurait-il jamais réponse à sa question : des pierres s’abattirent soudain sur le camp et tous se mirent à couvert. Certains miliciens n’eurent guère le temps de trouver un abri et l’un d’eux, touché à la tempe, s’écroula par terre, assommé.

D’instinct, Alaric s’était à nouveau plaqué contre la palissade, se rapprochant d’Aeryn. Il avait tenté de calculer le nombre d’impacts de pierres, afin d’estimer le nombre de bandits, mais la pluie de rocailles ne s’arrêtait pas.

- Tu comptes attendre que d’autres personnes se fassent toucher, ou tu viens avec moi ?

Pour le chef de la garnison de Sombrebois, il était clair à présent que l’adolescente n’avait été qu’une diversion. Le plus gros des troupes de Balazuc – qui n’en étaient pas vraiment – s’était amassé au nord du camp, laissant sans aucun doute le champ libre au sud, à la porte d’entrée.

Sans attendre de réponse de sa part, les mains en porte-voix afin de couvrir l’impact des pierres sur le sol, il donna l’ordre aux miliciens de se répartir tout au long de la palissade.

- C’est une diversion ! hurla-t-il. Une partie avec moi à l’entrée, vite !

Alaric n’avait que faire de ne pas être en charge du camp. Les soldats présents le connaissaient, si pas de vue, de réputation. Il était celui qui avait repéré l’attaque et c’était naturellement qu’il avait disposé les hommes pour faire face à l’assaut surprise. Quant aux mercenaires… Sans doute feraient-ils ce qu’ils savaient faire de mieux : sauver leurs vies, sans secourir celle des autres. Il lança un dernier regard à la rouquine, avant de s’élancer vers le sud du camp. Avec un peu de chance, aucun bandit n’y avait déjà mis les pieds.

Carte Razz:
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyDim 15 Aoû 2021 - 15:05
S'il y a une chose que tout mercenaire déteste dans ce genre de situation c'est bien de devoir attendre les ordres de la milice pour agir. Tous trouvaient cela grotesque, sauf peut-être Lili qui semblait se ficher de presque tout. Mais pour les autres, devoir rester là et attendre bêtement des ordres qui ne venaient jamais tout cela pour respecter leur foutu contrat les rendaient tout simplement malade. Dans les yeux du chef des mercenaires, l'on pouvait lire une certaine colère qu'il veillait pourtant à passer sous silence. Celui-ci fixait avec insistance le sergent présent dans l'espoir d'attirer son attention afin de lui rappeler leur présence, mais rien y fit. Aeryn elle-même avait essayé maladroitement de faire de même avec Alaric, le hélant d'un "alors?" qui lui avait pourtant semblé clair, mais qui, de toute évidence, ne l'était pas. Le soldat lui avait répondu sèchement, non pas parce qu'il n'avait point besoin d'eux mais qui tenait plutôt d'une certaine incompréhension.

Tant pis… Ils savaient que leur tour d'agir arriverait bientôt. D'après leur contrat, les Lames auraient le droit d'intervenir sans attendre d'ordre de leurs supérieurs du jour, des miliciens visiblement méprisant à l'égard des mercenaires, lorsque la situation se ferait plus pressante. Cela ne tarda d'ailleurs pas à arriver lorsque leurs ennemis se mirent à les canarder à coup de pierres. Tous allèrent s'adosser à la palissade afin d'assurer leur sécurité tout en essayant de déchiffrer la situation. Vu le nombre de pierres qui se trouvaient au sol, leurs ennemis devaient être assez nombreux même s'il était impossible de les compter en se tenant là. Impossible de deviner non plus…

-Tu comptes attendre que d’autres personnes se fassent toucher, ou tu viens avec moi ? lui lança alors Alaric d'un ton qui n'avait strictement rien pour plaire à Aeryn. Celle-ci, d'ailleurs, lui offrir un regard particulièrement noir en guise de réponse.
-Qu'est-ce qu'il dit celui-là? intervint Lili, étrangement enjouée.
- Il nous insulte, évidemment, rétorqua Braan avant de pouffer, visiblement vexé.

Aeryn, quant à elle, resta silencieuse. Elle n'appréciait ni le ton, ni le regard du jeune homme, mais ce n'était pas le moment de s'en offusquer. "Qu'il pense ce qu'il veut, après tout", se dit-elle en resserrant sa prise sur les manches de ses lames.

-On bouge! ordonna Pat sans réellement se préoccuper d'Alaric.

Les événements s'enchaînant, la grande-lame pouvait enfin reprendre le commandement de ses hommes et celui-ci comptait bien agir à sa façon. Ils connaissaient ses loups, leur manière de réfléchir, leur manière de se battre. Il connaissait leurs points forts et leurs points faibles et savaient parfaitement comment les guider. A force d'observer leur trajectoire, il avait noté que la plupart des pierres venaient de l'est, mais rien ne pouvait garantir que tous les assaillants se trouvaient là. Rester groupés lui parut être une très mauvaise idée.

-Braan, Corin, avec les miliciens. Lili et Aeryn, vous resterez avec moi.

Tous acquiescèrent avant de se séparer rapidement. Aeryn comprit aussitôt qu'ils n'avaient pas choisi de garder les deux furies ensembles par hasard. Aussi, Pat n'eut aucunement besoin de développer son plan. Il voulait que les deux passent par-dessus la palissade, au niveau de la zone faite en pierre simplement pour offrir une ouverture à l'autre groupe qui se dirigeait vers l'entrée. Ryn comme sa comparse ne craignaient pas la mort. Elles se fichaient bien de se retrouver face à des humains puisqu'il leur restait toujours une chance de faire des dégâts avant de succomber. Ainsi, les deux longèrent la palissade jusqu'à la zone qui les intéressaient. Elles attendirent le bon moment pour se hisser par-dessus en silence alors que du côté des miliciens, tout semblait plus bruyant et menaçant. Leurs ennemis s'attendaient forcément à les voir passer les portes du camp. C'était la manœuvre logique et stratégique lorsque la tactique des jeunes femmes semblait plus déraisonnable voire carrément suicidaire.

Leur petite carrure leur permit de se coucher sur le haut du mur afin d'observer ce qui se passait en dessous. Trois ombres passèrent à côté d'elles… Aucun bruissement alentour ne laissait supposer que d'autres se trouvaient là. Il fallait donc agir vite… Tuer rapidement avant de se dissimuler dans l'ombre. Elles se laissèrent donc glisser sans bruit avant que Lili ne s'élance la première frappant l'un des hommes dans le dos, pile dans la nuque afin de ne lui laisser aucune chance. Rapidement, elle s'abaissa pour donner de nombreux coups dans les cuisses du second qui s'écroula à son tour pour agoniser sur le sol. Ne voulant pas lui laisser le temps de crier l'alerte, la gamine l'égorgea tandis qu'au même moment, Aeryn profita de la surprise du dernier pour le frapper au cœur et aux tripes. Les ombres à terre et totalement neutralisées, elles allèrent s'accroupir près du mur d'enceinte guettant le moindre bruit. Pat finit par les rejoindre aussi silencieusement que possible. L'obscurité leur offrait une protection non négligeable, mais c'était aussi le cas de leurs ennemis. Il leur fallait donc se montrer particulièrement prudents. Hors de question de formuler des ordres à voix haute. Ils restèrent donc là, quelques secondes, le temps de s'habituer aux bruits extérieurs et au manque de luminosité.

Lorsque tout leur sembla assez calme, les trois mercenaires décidèrent de progresser vers le sud, continuant ainsi de longer la bordure du camp, toujours accroupis. Ils tombèrent rapidement sur deux autres individus qu'il fut aisé de neutraliser. Arrivés au niveau des ruines encadrant l'entrée, ils eurent la surprise de tomber sur un autre groupe dissimulé derrière les pierres instables, ils attendaient que les miliciens arrivent à leur hauteur pour les prendre en embuscade. Alors, silencieusement, les trois lames se placèrent dans leur dos… Ils étaient huit et il était impossible de tous les attaquer… Autant attendre la milice pour ainsi leur offrir la plus grande surprise de leur vie. Juste attendre le bon moment. Lorsque Alaric et ses hommes se montreront, lorsque le groupe des bannis se décidera à attaquer, les lames dans l'ombre de jetteront sur eux.
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyMar 17 Aoû 2021 - 20:26
Pat et le sergent affilié au camp semblèrent se réveiller suite aux ordres hurlés par Alaric. Le premier commanda ses lames d’un ton autoritaire, répartissant ses membres entre les différents groupes. La rouquine s’empressa de répondre à son supérieur, et le soldat la perdit rapidement de vue. Sans s’expliquer pourquoi, sa colère à l’encontre des mercenaires s’amplifia encore. Bien sûr qu’elle préférait suivre la grande-lame plutôt que lui, c’était sa meute après tout. Mais connaissaient-ils aussi bien les bandits et leurs attaques désespérées dans les marais que lui ? Il espérait sincèrement que le borgne ne l’envoyait pas à la mort, incapable d’anticiper ce genre d’embuscade.

Alaric progressa vers le Sud, en compagnie de Braan et Corin, ainsi que de deux miliciens. Les autres avaient rejoint le sergent, un homme à la carrure large et au crâne rasé dont le soldat ne se souvenait plus du nom. Leurs regards se croisèrent et ils hochèrent la tête de concert : son groupe partirait à l’ouest, afin d’empêcher les ennemis de les encercler complètement. C’était le point faible du camp : on pouvait le défendre aisément, mais si les forces opposées étaient nombreuses et bien organisées, tous seraient fait comme des rats, l’éminence rocheuse les empêchant de fuir. Ainsi, si leurs adversaires désiraient s’emparer de la nouvelle Balazuc, ils allaient devoir faire face à trois équipes distinctes, dont les stratégies employées seraient bien différentes les unes des autres.

Les deux miliciens tirèrent l’épée au côté de Corin tenant fermement son arme à deux mains, tandis qu’Alaric et Braan, restés en retrait et planqués derrière des tentes, patientaient. De sa position, le jeune homme observait les ruines en dehors du camp, reste de l’ancien village. Elles offraient des recoins bienvenus à leurs adversaires, se glissant dans les ombres des murs ébréchés, disparaissant en silence dans une végétation dense, prêts à frapper.

Alaric fit signe à Braan de s’approcher un peu plus. Lui-même contourna sa cachette d’un pas silencieux. Il sauta souplement par-dessus quelques barriques, roula afin d’éviter un éventuel trait qui n’arriva pas, puis se plaqua contre une des charrettes qu’ils avaient vidée un peu plus tôt.

Alors il aperçut des ombres sortir des vestiges, l’arme au poing. Certains d’entre eux poussèrent des cris de guerre et se jetèrent sur les trois épéistes positionnés en avant. Ils étaient plus nombreux, mais les flèches du garde de Sombrebois, couplées à celle de Braan ralentirent leur progression, laissant le temps au mercenaire silencieux et aux deux miliciens de riposter. Ensuite, tout se passa très vite. Alaric fronça les sourcils, surpris par les hurlements de terreur et les gémissements des bandits qui tombaient comme des mouches, alors que son groupe ne les avait pas encore attaqués. Les chevelures rougeoyantes de Pat et d’Aeryn se démarquèrent dans les rayons de la lune. À côté, Lili égorgeait un banni qui tentait de fuir, après avoir compris le piège dans lequel ils étaient tombés. Bientôt, des cadavres jonchaient le sol trempé de boue et de sang ; seules les deux cibles d’Alaric ne gisaient pas par terre, ses traits n’ayant jamais eu pour but de tuer. L’une d’elle préféra se donner la mort sous leurs yeux en se tranchant la gorge dans un gargouillis morbide. L’autre n’était qu’un gamin. Une flèche plantée dans la jambe, il gémissait sans pour autant cesser ses regards noirs aux soldats, emplis de larmes.

À l’ouest, d’autres cris leurs parvinrent, suivis du choc caractéristique du métal contre le métal. Balazuc subissait donc une attaque complète d’une bande relativement bien organisée. Hélas pour les bannis, ils avaient déjà perdu : tous allaient gagner les miliciens et repousseraient les derniers intrus. Il suffisait d’abattre leur dernière victime avant de donner un coup de main au sergent ; ce que firent les deux miliciens, accompagnés des deux mercenaires, après un accord tacite de la grande-lame. Alaric s’approcha en silence, empêchant quiconque de l’achever d’un regard. Il pouvait lire l’impatience dans les yeux de Lili, la méfiance dans l’œil de Pat. Il n’osa pas croiser les prunelles claires d’Aeryn : il craignait d’y lire une forme de dégoût, d’incompréhension. Qui pouvait comprendre un soldat qui n’abattait pas un ennemi ? Aussi jeune qu’il fût, ce dernier n’aurait pas hésité à planter une lame dans sa poitrine. Le soldat s’accroupit. Le gamin ne devait pas avoir plus de douze ou treize ans. Une fronde de fortune gisait à côté de lui, ses doigts étaient ensanglantés, poissés par sa blessure. Il voulut reculer, mais une plainte s’étrangla dans sa gorge.

- Ta blessure n’est pas grave, annonça le soldat.

Sans se préoccuper des mercenaires, il ajouta :

- On pourrait te soigner, ici.
- Je m’en fiche, gémit l’enfant. Mon frère…

Il ravala ses sanglots et pointa un doigt accusateur sur Aeryn et Lili.

- Elles l’ont tué.

Les doigts gourds, en mouvements impatients et rageurs, la petite victime essayait d’atteindre une dague rouillée accrochée à sa ceinture. Sans doute voulait-il imiter son confrère et mourir de sa main, plutôt que de celles de ses adversaires. D’instinct, Alaric posa ses doigts sur les siens, l’empêchant de poursuivre son geste.
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Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyMer 18 Aoû 2021 - 8:47
"Elles l'ont tué", avait dit le gamin. Encore un gosse trop jeune pour se retrouver au milieu de la bataille. Trop jeune pour seulement appartenir aux bannis… Aeryn l'observa attentivement tout en conservant une attitude neutre, comme à chaque fois qu'il lui fallait sortir ses dagues. Pourtant, même si la mercenaire ne laissait rien paraître, celle-ci n'était point dépourvue d'émotions.

-Comment peux-tu le savoir? lui lança-t-elle pourtant avant de croiser les bras. Tu étais ici, dans le noir, prêt à te jeter sur ces hommes pour les assassiner comme un lâche. Comment aurais-tu pu voir qui était en train de mourir dans ton dos et par quelle main ?
- Non! s'écria-t-il avant de baisser les yeux. Je...J'voulais pas. J'avais pas l'choix.

Aeryn lança un regard sur les cadavres qui jonchaient à présent le sol avant de relever les yeux vers l'enfant. Malgré son jeune âge, le gamin avait pourtant vivement participé à l'attaque. Évidemment, celui-ci aurait pu très bien être entraîné par son frère et ses compagnons pour commettre un acte qu'il n'était pas encore capable d'assumer … Pourtant, il l'avait fait. Il se trouvait bien là au milieu de ces corps sans vie et ces gens d'armes encore à l'affût. Il se devait de réaliser tout cela. Il se devait de faire face, d'assumer sans se cacher derrière la fameuse excuse de "j'avais pas l'choix". Pour autant, il ne méritait pas de mourir, il lui faudrait accepter sa défaite, ses erreurs pour mieux pouvoir avancer par la suite. La mercenaire ne le ménagerait certainement pas.

-Tu es peut-être jeune mais pas stupide, visiblement. Tu dois penser qu'en nous attendrissant tu pourras t'en sortir, néanmoins je suis désolée de te le dire, mais cela ne fonctionne pas ainsi. Tu es tout aussi responsable de tes actes que ceux-là. Vous nous avez attaqué et je doute fort que ce soit pour venir partager une bière avec nous. Vous ne vouliez pas simplement nous faire sortir du camp mais aussi nous éliminer, sinon vous n'auriez pas pris la peine de dresser cette embuscade grotesque. Donc je te conseille vivement de cesser ton petit numéro, immédiatement.
-J'voulais pas, j'vous l'jure.
-Ça, c'est trop facile, gamin. Mais ce qui est fait, est fait et on ne peut plus rien faire pour effacer tout ça. Il est grand temps de grandir, tu ne penses pas ?

Le gamin agita la tête en signe d'acquiescement. Il était seul à présent, seul au milieu de ses ennemis. Pourtant, aucun d'eux ne se montrait agressif à son égard. Pas même la jeune Lili qui, quelque part, devait se reconnaître un peu en ce gosse perdu comme pouvait aisément le faire la rouquine.

-La mort n'est pas une issue acceptable, j'espère que tu en as conscience, murmura-t-elle en lui retirant sa dague et la fronde qu'il portait à la ceinture.

Il acquiesça.

- C'est quoi ton nom ? lui demanda-t-elle en s'accroupissant devant lui pour mieux capter son regard.
-Isaac…
- Moi c'est Aeryn. Tu vas venir avec nous, on va soigner cette blessure et voir comment tu peux te rattraper. Tu ne pourras pas réparer ce que tu as fait et tu n'as pas à assumer leurs actes, seulement les tiens.
-Vous allez me tuer ?
-Nan, on ne tue pas les gamins, même les plus meurtriers.
- Qu'est-ce que vous allez me faire alors? demanda-t-il en frissonnant étrangement.

Aeryn comprit alors que ce pauvre gosse avait dû subir bien des actes écoeurants et hautement répréhensibles.
-Rien que tu n'ais à redouter. Nous ne sommes pas des monstres, Isaac.
-J'ai déjà entendu ça quelqu'part, pouffa-t-il amèrement.
-Juste une question, cela dit : il y en a d'autres comme vous dans l'coin ?
-Non, on était tous là …
-Je vois… Allez, allons-y…
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyMer 18 Aoû 2021 - 18:57
Il est grand temps de grandir, tu ne penses pas ?

Alaric ne se retourna pas vers Pat, gardant ses yeux bleus sur le gamin apeuré. Pourquoi un enfant de cet âge aurait dû grandir si vite ? Pourquoi fallait-il l’exhorter à assumer des actes dont il n’était en rien responsable ? Bien sûr, le soldat ne comptait pas laisser purement et simplement oublier sa participation à l’attaque, mais les paroles du mercenaire lui semblaient dénuées de sens. Cependant, le dénommé Isaac acquiesça, écoutant aussi bien la grande-lame que la rouquine qui s’était accroupie à côté du garde de Sombrebois. Ce dernier lança un regard réconfortant au garçon auquel celui-ci ne répondit que par un bref signe de tête.

- Allez, viens là.

Alaric passa une main derrière son dos et il le sentit se crisper, terrifié, des tremblements agitant son corps frêle. Il ne pesait pas grand-chose, et le soldat n’eut aucun mal à le soulever afin de le ramener à l’intérieur du camp. Quelques grimaces déformaient ses lèvres lorsque sa jambe blessée, branlante dans les bras de l’ex-milicien, bougeait un peu trop, mais il avait séché ses larmes et, à mesure qu’ils progressaient, il se détendait, conscient que ses ennemis ne lui voulaient plus de mal. Alaric lui sourit.

- Tu vis dans les marais, Isaac ?

Le petit hocha la tête.

- David, mon grand-frère… Il s’était fait mordre, alors on avait pas trop le choix… Il disait qu’il y aurait plein de nourriture ici. C’est pour ça qu’on…
- Je comprends, coupa Alaric.

On pouvait bien le blâmer de ne pas assumer ses erreurs, mais comment un enfant pouvait-il effectuer les bons choix, lorsque la vie s’acharnait sur son sort ? Les adultes eux-mêmes en étaient incapables.

À l’ouest, l’équipe du sergent revenait vers le centre du camp fortifié, au complet et en sueur, sans séquelles. Les bandits avaient fourni un bel effort pour reprendre Balazuc, mais ils étaient tombés face à une bande plus organisée. Le sergent lança un regard surpris au soldat lorsqu’il aperçut le paquet d’Alaric, mais se retint de tout commentaire. Ce n’était que partie remise, il en était certain : les mercenaires de Pat n’étaient peut-être pas des monstres, mais il connaissait suffisamment les miliciens pour connaître leurs états d’âme souvent inexistants. Peut-être l’officier n’était-il pas de ce genre-là, mais les bras croisés sur son large torse et sa moue renfrognée avaient tendance à confirmer les craintes du Sombreboisien.

Le soldat l’emmena dans la tente où les deux autres blessées avaient déjà été soignés. Il le déposa avec douceur sur une couchette, avant de donner ses recommandations au seul guérisseur du camp fortifié.

- Ça va faire mal ?
- Tu es courageux, Isaac. Ça va aller. Après, tu pourras te reposer.

Alaric lui ébouriffa les cheveux avant de regagner le camp. Quelques miliciens s’étaient rassis sur les bancs, reprenant leur souffle, se remettant de leurs émotions nocturnes. Il aperçut Aeryn à quelques pas des autres mercenaires, les bras croisés sur la poitrine, les yeux clairs perdus vers la source. Le calme était revenu et son clapotis tranquille et réconfortant emplissait à nouveau Balazuc. Depuis le début de l’attaque, il ne lui avait plus adressé la parole, ni n’avait osé croiser son regard. Alaric soupira et se dirigea vers elle. En silence, il se tourna vers l’éminence rocheuse à son tour et passa une main dans ses cheveux.

- C’était bien ce que tu lui as dit… à l’enfant, ajouta-t-il comme s’il était nécessaire de préciser.

Il avait cru que les mercenaires l’empêcheraient de lui laisser la vie sauve.

- L’embuscade que vous leur avez tendue, c’était risqué. Ils auraient pu être beaucoup plus nombreux, cachés de l’autre côté.

Il n’y avait aucun reproche dans sa voix, ce n’était qu’un constat. Il fut un temps, il aurait pu entreprendre pareille tentative, se moquer de la mort, se jouer de ses ombres et rire de sa défaite. Désormais, ce n’était plus un risque qu’il était capable de prendre : il avait bien trop à perdre que sa simple vie.

- Merci pour votre aide, finit-il enfin par souffler, en relevant ses yeux sur le visage d’Aeryn.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyJeu 19 Aoû 2021 - 8:56
Comme à chaque fois qu'une situation lui échappait au point de troubler ses pensées, la mercenaire préféra s'éloigner du groupe pour mieux s'isoler. La solitude l'aidait généralement à s'apaiser en remettant de l'ordre dans ses idées. Même si extérieurement la rouquine pouvait sembler impassible, à l'intérieur c'était une tempête de colère qui sévissait. Un œil averti s'en apercevrait facilement, il suffisait d'observer sa posture rigide et ses muscles tendus pour s'en rendre compte. Visiblement, ce fut d'ailleurs le cas pour ses partenaires, même Lili veillait à rester loin de la furie silencieuse… Pourtant, Aeryn ne resta pas bien longtemps seule devant la source. Elle se raidit en entendant les bruits de pas dans son dos, serrant les mâchoires pour résister à son envie de cogner puisqu'il n'y avait que cela pour la soulager.

Elle ne reconnut Alaric qu'au son de sa voix, ne voulant point se retourner. Silencieuse, la rouquine le laissa parler sans pour autant lui répondre, consciente que, dans son état, sa verve se ferait plus acide que jamais. Pourtant, elle l'écoutait malgré tout, bien qu'elle se concentrait plus particulièrement sur sa respiration saccadée et la pression qu'elle exerçait dans ses mâchoires.

"Qu'est-ce que ça peut te foutre que l'on se mette en danger au juste", songea-t-elle sans pour autant prononcer les mots à voix haute, consciente que ces pensées pouvaient être injustes. Pourtant, elle avait entendu ses mots acérés un peu plus tôt, lorsqu'il lui avait presque reproché de ne rien faire… Elle avait vu son regard méprisant et avait parfaitement ressenti sa haine envers les siens, envers elle. Aeryn lui en voulait. Quelque part elle s'était sentie même trahie par Alaric et n'était clairement plus capable de savoir s'il était réellement sincère… Plus tôt ? Maintenant ?

"Merci pour votre aide..."

Cette fois, elle se retourna vers lui pour lui lancer un regard particulièrement noir.

-Tu te fiches de moi ? grogna-t-elle entre ses dents. Il y a encore quelques minutes tu étais près à nous cracher dessus sans réelle raison. Tu crois que je suis stupide ou carrément aveugle ? Je les ai vu, chacun de tes regards. Tu nous jugeais, nous méprisait… Tu penses, sans aucun doute, que nous ne valons pas mieux que ces foutus routiers, hein. Tu penses qu'il n'y a que l'argent qui nous intéresse ? Nous ne sommes que des vauriens à tes yeux hein ? Au fond, tu ne vaux pas mieux que ces miliciens de merde qui nous considèrent comme des vautours. Comme des chiens bien dressés peut-être…

Elle serrait les poings pour se contenir, mais sa colère était pourtant parfaitement perceptible à présent.

-Ce foutu contrat nous imposait d'obéir aux ordres de leur sergent incompétent. Si nous avions pu intervenir plus tôt, peut-être que ce gosse ne serait pas seul à présent, peut-être aurions-nous pu trouver une autre solution… Ou peut-être pas, mais on ne le saura jamais, ça. Mais ne nous remercie pas pour ces meurtres, parce que ce n'était que ça, des meurtres, des assassinats… Et ce gamin là, il va devenir quoi en fait hein ? Qu'est-ce que ces foutus milichiens vont en faire ? Qui dit qu'ils ne vont pas le buter dès qu'on aura le dos tourné, hein ?

Elle tremblait sous la colère, sous ses doutes… Pourquoi donc continuait-elle à s'ouvrir ainsi à un homme qui l'avait si sévèrement jugé en quelques secondes dès que la situation avait tourné au vinaigre. Elle ne pouvait lui faire confiance après tout, alors autant laisser tomber.

-Fait chier, gronda la mercenaire avant de cogner le tronc de l'arbre derrière elle. Une fois, deux fois… Puis, sans ajouter un seul mot, elle s'éloigna.
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AlaricGarde de Sombrebois
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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyJeu 19 Aoû 2021 - 14:17
Alaric déglutit. Il s’était attendu à un tel déversement de colère de la part de la rousse, mais naïf, il avait espéré que leur victoire contre les bandits assouplirait quelque peu le ressentiment qu’Aeryn avait pu nourrir à son égard. Loupé. Il aurait voulu réagir, mais la mercenaire ne lui laissa pas le temps d’en placer une. Et de toute façon, qu’aurait-il pu dire ? Sa colère lui rappelait celle de la baronne de Sombrebois : dans ces moments-là, il était le plus doué pour aggraver la situation plutôt que pour l’arranger. Impuissant, il la regarda frapper le tronc d’arbre, se souvenant de ses poings s’abattant sur le sol lorsqu’il l’avait rencontrée, ivre à Marbrume. Aucun son ne franchit ses lèvres et il la laissa s’éloigner, à l’autre bout du camp, sans pour autant la quitter des yeux.

Le soldat ne pouvait même pas réfuter ses accusations. Enfin, un peu quand même : il avait peut-être mal jugé la meute de Pat, mais il n’avait pas ressenti à leur égard une haine aussi profonde qu’elle avait évoquée. Cependant, ne venait-elle pas d’avouer à demi-mot ce qu’il avait voulu lui faire comprendre ? Le contrat nous imposait d’obéir aux ordres de leur sergent incompétent. Lors d’une des toutes premières missions d’Alaric à l’extérieur de la cité en tant que milicien, la troupe qu’il avait rejointe était tombée sur un banni. Il ne se souvenait plus des prénoms des soldats de la coutilerie, mais l’un d’eux l’avait menacé, prêt à tuer l’exiler. Le jeune homme s’était interposé. Son contrat à lui, en tant que brave petit soldat, ne lui permettait pourtant pas d’agir de la sorte. Son instinct l’avait devancé et, quand il y pensait, à de multiples reprises depuis lors, ses sentiments avaient pris le dessus sur sa raison. En général, il se tenait éloigné de ce genre d’histoires et ses parents lui avaient appris à toujours respecter ses aînés et supérieurs. Pourtant, dans des situations désespérées, il n’écoutait plus que lui et son instinct. Alaric avait le devoir de faire ce qui lui semblait juste ; cette volonté n’avait fait que croître en vieillissant. Néanmoins, tout le monde n’était pas capable de briser son contrat par simple désir de justice.

Il soupira et se détourna enfin de la rousse. Ses partenaires le toisaient d’un œil mauvais, menaçant, mais ne firent pas mine de venir lui parler. Il les ignora purement et simplement avant de rejoindre Bravoce ; les chevaux avaient henni de concert lors de l’attaque et leur agitation demeurait perceptible.

- Je n’étais pas un bon milicien, murmura-t-il à sa monture. Je suis pas un bon mercenaire non plus.

Un pâle sourire étira ses lèvres. À la solde d’Hector, de Rosen désormais, il avait certes aidé Sombrebois à lutter contre la fange, mais trop souvent il avait outrepassé ses droits. Plus qu’un soldat, il était devenu un ami des habitants du château : ils leur avaient donné la liberté dont il avait eu temps besoin. Désormais, il devait apprendre de nouveau à limiter ses paroles et ses initiatives.

- Tu me comprendrais, Eve…

Un raclement de gorge l’obligea à se retourner. Face à lui, le sergent en charge de Balazuc le dévisageait, l’air tout aussi aimable que quelques minutes plus tôt. Ses bras n’étaient plus croisés sur son torse, mais une de ses paluches reposait sur la garde de son épée. Les réprimandes n’étaient pas terminées pour la soirée.

- Alaric, hein ? fit-il d’une voix caverneuse.

Le concerné hocha la tête.

- T’es peut-être en charge de la nouvelle garnison de Sombrebois, mais nous sommes à Balazuc, ici. Sous mon commandement.

Il avait veillé à accentuer le possessif.

- J’décide de ce qui s’y passe, vu ?

Alaric mordilla l’intérieur de sa joue avant de baisser le regard, fixant avec un nouvel intérêt les bottes crasseuses du sergent. Ses poings se serrèrent le long de ses flancs, les moulures de son arc s’ancraient à l’intérieur de sa paume.

- Je m’excuse, articula-t-il. Je n’aurais pas dû commander à vos hommes.

Une excuse qui n’en était pas une et le sergent le savait : si Alaric n’avait pas agi aussi rapidement, le camp aurait très bien pu être envahi. Il pouvait le sermonner autant qu’il le pouvait, mais le garde de Sombrebois avait repris son rôle parce qu’il avait échoué.

- Et je peux vous assurer que l’enfant ne posera pas de problème. Il pourrait se révéler utile, je suis sûr que le sergent de Morguestanc serait ravi d’en apprendre plus sur les groupes de bandits qui vivent dans les environs.

Yohan de Morguestanc était un nom illustre, apprécié, respecté et, dans la présente situation, magique. Le garde de Sombrebois était parti du principe que l’homme qu’il avait en face de lui ne savait pas grand-chose de sa fonction, si ce n’est qu’il avait été bel et bien promu par l’ancien noble. Un gradé que l’on n’avait pas envie de fâcher d’une manière ou d’une autre.

Alaric s’obstina à ne pas relever la tête, non pas par réel respect, mais plutôt parce qu’il ne pouvait dévoiler la lueur de malice qui brillait dans ses yeux bleus, ni la sourire de triomphe qui naquit sur ses lèvres, lorsque le sergent bredouilla un « certes » accompagné d’injures – sans doute – incompréhensibles. L’homme le planta là et s’en alla rejoindre ses l’homme et enfin, Alaric se permit de rire. Nerveux et soulagé à la fois.

- Quoi ? dit-il à Bravoce qui semblait lui lancer un regard rempli de reproches. Ça a marché, non ?

La bête renâcla pour toute réponse. Le soldat lui flatta l’encolure, puis se coucha contre lui. La nuit serait courte, mais les cœurs de tous battaient encore trop vite pour qu’ils puissent se rendormir. Certains avaient regagné leurs tentes, d’autres discutaient à voix basse. Alaric avait hésité à repasser voir Isaac, mais il supposait que le gamin se reposait enfin. Ainsi, il demeura seul, s’assoupit parfois, jusqu’à ce que le soleil teinte à nouveau l’horizon.

Alaric se sentait courbaturé ; il étira ses bras et déplia ses jambes, avant de s’appuyer sur Bravoce afin de se relever plus facilement. Des bruits de marteaux l’avaient sorti de son sommeil léger : les ouvriers avaient repris leur ouvrage, comme si l’attaque de la nuit était déjà oubliée. Il balaya le camp du regard, à la recherche d’une tignasse rousse qu’il repéra presque aussitôt. Il n’était pas certain que retourner lui parler soit une bonne idée, mais Alaric n’avait pas non plus envie de quitter Aeryn sur une mauvaise note. Prenant son courage à deux mains, il se dirigea vers la mercenaire. Ne disait-on pas que la nuit porte conseil ?
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Aeryn MonclarMercenaire
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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyVen 20 Aoû 2021 - 8:38
L'on dit souvent que la nuit porte conseille, mais avec un contexte tel que celui-ci et les derniers événements vécus par les occupants du camp, cette expression ne semblait plus vraiment valable aux yeux de la mercenaire. Aeryn s'était isolée toute la nuit, veillant néanmoins à garder la tente où dormait le jeune Isaac bien en vue. La jeune femme n'avait aucunement confiance en ces gens de la milice. Sa propre expérience avec certains d'entre eux avait grandement mis à mal l'image que ceux-ci pouvait renvoyer. Elle en avait vu, beaucoup trop d'ailleurs, profiter de l'influence octroyée par leurs uniformes pour tyranniser bon nombre de Marbrumiens, plus particulièrement les plus démunis d'entre eux. Alors que feraient ce genre de personne à un jeune garçon ayant évolué pendant des mois au milieu de nouveaux bannis. Ils se fichaient bien des raisons qui les avaient poussé à attaquer le camp. Ils ne savaient pas ce que la faim et le désespoir pouvaient inspirer. Sans avoir une réelle vision manichéenne du monde, la plupart des gens ne se posaient guère de question et pensaient, probablement, agir au mieux en se débarrassant de ce genre d'intru.

Aeryn n'était certainement pas faite de ce bois là. D'ailleurs, si la mercenaire avait eu la possibilité de jouir de son libre arbitre, cette dernière aurait tout fait pour gérer cette situation autrement. Du moins, en théorie. Il fallait encore supposer que ces assaillants auraient pu se montrer ouverts à certaines propositions. Ils n'étaient finalement que des mordus. Exclus de la cité mais libres d'aller où bon leur semblaient. Ils avaient fait un mauvais choix, pris de mauvaises décisions… Mais méritaient-ils réellement de mourir pour cela ? Certainement pas … Pourtant, l'on pouvait déjà sentir l'odeur nauséabonde de leurs chairs brûlant sur les bûchers dressés à la va-vite à l'extérieur du camp.

La rouquine ne pouvait s'empêcher de penser à ce pauvre gosse qui ne pouvait pas non plus échapper à cette horrible odeur. C'était ses proches qui brûlaient là. Leur corps disparaissant peu à peu sous la flamme. Pauvre gamin… Il était bien trop jeune pour affronter pareil événement. S'il avait suivi son frère, cela ne pouvait que vouloir dire que ses parents n'étaient plus… Il se retrouvait donc seul au monde au milieu de personne qui le tenaient responsable de cette attaque suicide. Que pouvait-elle faire pour lui à présent ? Le conduire à Marbrume, au Temple pour qu'il soit pris en charge par les clercs déjà débordés avec le nombre, toujours plus grandissant, de nouveaux orphelins ? L'emmener dans la guilde des Lames, le présenter à Faren et Judith avant de placer son sort entre leurs mains ? Peut-être pourraient-ils lui trouver un travail au sein du quartier général tout en le tenant loin de la bataille… Peut-être… Qu'importe les options qui se présentaient à elle, il était néanmoins évident qu'il ne pouvait rester ici.

C'est ainsi qu'Aeryn passa sa nuit, à réfléchir à l'avenir prochain de ce jeune inconnu tout en évitant de ressasser sa dispute avec Alaric. Le soldat l'avait déçu, blessé… Même si la jeune femme refusait de l'admettre. Elle détestait être jugée aussi rapidement même si cela ne l'empêchait pas de faire de même avec les autres, du moins, en quelque sorte. En dehors du mercenariat, Aeryn veillait toujours à faire mauvaise impression. Si elle acceptait ses compagnons d'armes, les gens appartenant à la guilde ou ses anciens employeurs avec qui la mercenaire faisait de réels efforts pour être plus ou moins appréciée, ce n'était nullement le cas avec les autres. Toutes les personnes sortant de ce cercle un peu moins restreint qu'autrefois étaient considérées par Aeryn comme des ennemis potentiels. Pas de ceux qu'il fallait éliminer, évidemment, mais clairement de ceux qu'il fallait tenir à l'écart. Alaric n'appartenait à aucune de ces deux catégories, même si, la nuit passée, ce dernier avait grandement frôlé la seconde. Voilà pourquoi cette situation là gênait énormément la jeune femme qui ne savait plus comment considérer le soldat. Il n'était pas son ami, tout simplement parce que la mercenaire n'en avait aucun et ne tenait pas particulièrement à tisser ce genre de lien avec quiconque… Mais était-il réellement son ennemi pour autant ? Elle ne savait plus…

Elle laissa donc la nuit passer sans réellement s'interroger sur la question, le sort d'Isaac lui paraissant bien plus important. Au matin, elle se tenait toujours là, debout, les bras croisés et le regard porté sur la tente du gamin. Du coin de l'œil, elle aperçut néanmoins Alaric qui approchait dans sa direction même si elle pensait que celui-ci continuerait seulement sa route. Pourtant, le soldat vint bien se placer à son côté malgré le fait que son arrivée soit accueillie par un profond soupir presque exaspéré de la mercenaire. À dire vrai, Aeryn n'avait strictement rien contre lui, elle lui avait dit ce qu'elle avait sur le cœur la veille et ne chercherait pas à revenir dessus. Néanmoins, cette dernière s'attendait plutôt à entendre les reproches que le jeune homme aurait à lui balancer à la figure et elle n'avait pas la tête à cela. Toutefois, voyant que rien ne se passa, qu'aucun mot ne sortit de la bouche du soldat, Aeryn se décontracta rapidement.

-Tu crois qu'ils vont en faire quoi, du gamin ? lui demanda-t-elle sans détourner les yeux de la tente. Penses-tu qu'ils nous laisseraient le reconduire à Marbrume ? Il n'a aucune raison de rester là et il ne survivrait pas deux minutes à l'extérieur...
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyDim 22 Aoû 2021 - 11:49
Le soupir exaspéré d’Aeryn poussa Alaric à ne pas ouvrir la bouche, de peur d’aggraver encore son cas. Il se tint donc à côté d’elle sans la regarder, cherchant plutôt des yeux l’objet de son attention. La tente où se reposait Isaac, face à eux, semblait monopoliser toutes les pensées de la rouquine. Comme en écho, elle lui demanda ce que le pauvre gamin allait devenir. Le soldat se tourna vers elle. Il n’avait pas eu besoin de l’observer pour déceler la crainte dans sa voix ; comme lui, elle s’inquiétait sincèrement du sort du gosse et il se sentit un peu plus bête de l’avoir si mal jugée la veille.

- T’en fais pas, les miliciens lui feront rien. J’ai discuté avec leur idiot de sergent, cette nuit.

Il lui offrit un sourire rassurant : peut-être ne pouvait-il pas remonter dans son estime, mais au moins, la mercenaire pouvait comprendre qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes au sujet des miliciens et du futur incertain du jeune banni.

- Je pensais le ramener à Sombrebois… ajouta-t-il, le regard perdu dans le vide, son menton posé dans ses doigts, pensif.

C’était ce qu’il avait suggéré un peu plus tôt à l’officier, comme s’il avait gardé Isaac en vie dans le seul but d’utiliser ses connaissances et le présenter au sergent de Morgestanc. Mais, si Aeryn avait d’autres idées pour le gamin au sein de la cité fortifiée, il pouvait toujours les écouter. Alaric était à peu près certain que le dirigeant de Balazuc ne poserait plus de questions à son sujet, trop heureux qu’il serait d’oublier cette terrible nuit où il avait failli.

- Mais, je ne sais pas s’il y serait en sécurité…

Au château, il ne valait mieux pas, mais dans le bourg ? Il pourrait lui trouver une famille qui accepterait de s’occuper de lui et il participerait à des tâches faciles et se faire un peu d’argent. Sombrebois étant en pleine reconstruction et effervescence, le travail ne manquait pas et le garde était sûr qu’Isaac s’y ferait rapidement une place. Au fond, les querelles obscures dont lui avait parlé Eve ne toucheraient sans doute pas le commun du peuple… Même si Alaric ne pouvait le jurer ; il n’avait pas envie d’avoir sauvé l’enfant pour le mener vers de plus grands dangers encore.

- Enfin, serait-il vraiment en sécurité à Marbrume ? demanda-t-il d’une question rhétorique à la roussette.

Il manqua de rire : à sa connaissance, aucun lieu dans le duché n’était exempt de menaces et de mauvais pas. Marbrume, plus qu’ailleurs, regorgeait de coupe-gorges et coupe-jarrets à tous les coins de venelles des bas-quartiers.

- À quoi tu pensais ? L’intégrer dans les Lames ? dit-il en désignant du menton ses camarades.

L’instinct de Lili dut le percevoir car elle se retourna et lui lança un regard noir, assassin. Alaric réprima une grimace. Il n’y avait pas qu’auprès d’Aeryn qu’il allait devoir se faire pardonner. Comment faisait-il pour toujours aussi mal s’exprimer ? Avec Rosen, il ne comptait plus le nombre de disputes, avec Sydonnie, il avait aussi bien agi comme un abruti de service et Eve… Même si elle ne lui en avait pas reparlé, il savait qu’il l’avait blessée. À cette pensée, son cœur se serra. Il était d’un naturel maladroit avec toutes les femmes qui avaient ou prenaient une importance dans sa vie. Était-ce vraiment le cas de la mercenaire, au fond ? Étrangement, il avait aimé leur échange lorsqu’il l’avait aidée à Marbrume et il avait été content de la retrouver ici. Il était rassuré à l’idée de la savoir en sécurité, et malgré ce qu’il lui avait dit, il s’était inquiété pour elle durant la bataille.

Avant de s’en rendre compte, il lâcha de but en blanc :

- J’ai entendu Pat dire que vous n’étiez là qu’en renfort, que vous ne prendriez pas de décision… Alors, j’ai cru que vous alliez rester en retrait.

Il haussa les épaules.

- Je suis désolé de vous avoir mal jugés.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar]   [Terminé]Convergences [Ft. Aeryn Monclar] - Page 2 EmptyDim 22 Aoû 2021 - 17:50
Aeryn aurait probablement pu trouver l'affirmation d'Alaric rassurante si la mercenaire pouvait accorder une once de confiance aux gens de la milice ou seulement envers les inconnus d'une manière plus générale. Combien d'entre eux pouvait brandir leur parole d'honneur avant de la briser comme si de rien était ? Elle-même en avait trop été témoin pour se permettre de se fier à ces gens-là. C'est donc en agitant doucement la tête de droite à gauche que la rouquine accueillit les propos du soldat. Elle ne faisait clairement pas confiance au sergent et n'accordait donc aucun crédit à sa parole.

Toutefois, elle délaissa un temps la contemplation attentive de la tente du gamin pour se retourner vers Alaric lorsque celui-ci évoqua la possibilité de le conduire à Sombrebois. La mercenaire ne connaissait pas le domaine, elle n'en savait même rien du tout comme elle lui avait avoué la veille. Impossible donc pour la jeune femme de se faire une idée de ce qui pouvait attendre Isaac là-bas, même si elle était presque certaine que cela restait mieux que Balazuc. Néanmoins, c'est avec un profond regret qu'elle constata qu'Alaric lui même doutait fort que le gosse y soit en sécurité, même s'il était juste d'affirmer qu'il ne pourrait l'être réellement nulle part.

-Non, en effet, soupira-t-elle en se tournant de nouveau en direction de la tente, les bras toujours croisés.

-À quoi tu pensais ? L’intégrer dans les Lames ? demanda-t-il en désignant les membres de la meute rassemblés un peu plus loin.

- C'est une possibilité à laquelle j'ai effectivement songé, oui, avoua-t-elle sans pour autant le regarder. Intégrer la guilde ne veut pas nécessairement dire devenir mercenaire. Nous avons une taverne, une forge, une salle de soin, des archives… Il y pourrait apprendre à lire parmi les clercs, devenir apprenti des forgerons ou encore s'occuper du linge et de l'entretien des locaux. Peut-être s'y sentirait-il comme chez lui. En tous cas, il y serait plus en sécurité qu'ici et il ne serait pas… seul. Personne ne le jugerait pour ce qu'il a fait ici… Enfin, je ne sais pas… Est-ce seulement une bonne idée ?

En réalité, Aeryn réfléchissait plus à voix haute qu'elle ne lui demandait son avis. Alaric semblait, dans tous les cas, s'être de nouveau perdu dans ses pensées si bien que la mercenaire n'était pas certaine que le soldat l'ait réellement écouté. Et comme pour confirmer ses impressionnistes, celui-ci lança quelques mots totalement hors contexte avant de lui présenter ses excuses.

- C'est bon, souffla-t-elle en soupirant. Les mercenaires ont toujours eu mauvaise réputation, c'est pas bien nouveau et tu n'es ni le premier, ni le dernier à nous prendre pour des guerriers opportunistes uniquement intéressés par l'or…

Peu importe leurs agissements ou leurs haut faits, les mercenaires, de tout temps, ont toujours eu ce genre de réputation totalement corrompue par ce que les plus honnêtes d'entre eux nommaient : les routiers. Ceux-là se mêlaient aux autres soldats, se battaient à leurs côtés durant les batailles pour vider les poches des cadavres sans se préoccuper de leur camp sitôt le calme revenu. Il leur arrivait même de trahir leurs compagnons si le seigneur ennemi proposait une meilleure prime. Ceux-là aussi, n'hésitaient pas, lors des périodes de disette, à piller des villages, brûler des maisons, à violer des femmes autant pour combler leur bourse que pour occuper leur temps… Et c'était ceux-là même qui avaient façonné l'opinion publique pour faire du mercenariat un domaine méprisable.

-Puis après tout, beaucoup auraient agis ainsi... affirma-t-elle avant de poursuivre. Mais la situation ici est un peu plus complexe et délicate. La guilde est jeune, sa réputation reste encore à faire et nous ne pouvons nous permettre de jeter bêtement l'opprobre sur la guilde et ses dirigeants… Nous tenons à respecter nos contrats à la lettre, sans quoi il nous sera impossible d'agir pour le duché. C'est souvent facile, parfois ça l'est beaucoup moins comme ce fut le cas, cette fois, car le contrat précisait bien que nous devions obéir aux ordres du sergent sauf si la situation exigeait l'inverse. Nous étions obligés d'attendre… C'était atroce, je peux te l'assurer… Et encore, quand nous avons enfin pu intervenir il était déjà trop tard pour le faire autrement… Je ne sais pas si nous aurions pu éviter le massacre, j'en doute… Mais qui sait… Peut-être…

La mercenaire soupira de nouveau, songeant cette fois aux mots plein de venin et de hargne qu'elle lui avait balancé à la figure quelques heures plus tôt.

-Je suis désolée de m'être emportée… J'étais en colère et je ne sais pas vraiment me maîtriser dans ces cas-là.
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