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 Un plat qui se mange froid

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Desmond de Rochemont
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MessageSujet: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyLun 26 Juil 2021 - 11:17
29 avril 1167

Il ne m’a fallu que quinze jours pour mettre en place mon plan, ou plutôt mes plans. Je suis sûr qu’avant la fin de cette journée, mon commanditaire, l’ingénieur Edgar Duval, va être très satisfait. Il souhaite en effet découvrir ce qui est arrivé à sa fille et à sa femme, afin de se venger, ce qui me partait bien normal, tuer les gens qui vous ont fait du mal est une activité saine, je le fais moi-même régulièrement.

J’ai donc mis un de mes hommes sur le coup pendant que je voyageais jusqu’à Sombrebois, aidant la Milice à protéger les convois et les derniers avant-postes de l’humanité. J’ai même participé à la reconstruction du village de Balazuc, qui avance à grand pas.

Maintenant, je suis de retour et Paul m’a fait son rapport, je n’ai plus qu’à envoyer une missive à l’architecte pour lui demander de passer à mon Quartier Général. Ce dernier est également bien avancé du point de vue de son aménagement et le délai devrait être respecté, ce qui, dans le domaine du bâtiment est assez rare.

Je l’attends dans une pièce, le jour de repos des ouvriers et à l’abri des oreilles indiscrètes. Dès qu’il arrive, je lui offre un verre de ma liqueur de cerise, ayant reçu un nouvel approvisionnement du Labret, il y a peu. Mes effectifs s’étoffant peu à peu, je peux maintenant faire différentes escortes, et mes revenus grimpent régulièrement. Ce n’est pas encore la richesse, mais je peux manger à ma faim et m’offrir quelques plaisirs. Une foois mon invité arrivé, je passe aux choses sérieuses :

Le videur qui se trouvais à la Balsamine le soir où votre fille est morte va arriver. Il postule pour intégrer la guilde et ne se doute pas de nos véritables intentions. Je vais donc faire un entretien normal et je vous présenterai comme mon associé, vous pourrez lui poser toutes les questions que vous voulez, mais il ne faut pas qu’il se doute de nos objectifs.

Dès que mon acolyte sera prêt, je ferai signe à Milas, mon jeune suivant, de le faire entrer. Je suis sûr qu’en lui disant qu’il nous a été recommandé par une personne nous ayant vanté sa discrétion, nous allons arriver à nos fins et savoir ce qu’il s'est passé lors de cette nuit fatidique.
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Edgar DuvalIngénieur
Edgar Duval



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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyLun 26 Juil 2021 - 16:08
« Quinze jours, pas plus. »

Tel avait été l’arrangement prononcé par Edgar, à l’intention de son hôte au sang bleu, l’inflexible messire de Rochemont. Ce dernier avait proposé de venir en aide à l’ingénieur estropié en échange de travaux au Balazuc, qu’il fallait rénové pour espérer dresser un autre bastion de l’humanité.

Comme à son habitude, il fut arraché à ses cauchemars de la même manière ; une désagréable lueur matinale le sortant d’un sommeil engourdit par le mauvais alcool. Cette fois, il réussit à éviter de faire tomber la bouteille de picrate qui était restée vide et cadavérique sur sa commode. En revanche, ça, il ne pu l’éviter :

« Nom de dieu de putain de bordel de merde de saloperie de connard d’enculé d’ta mère… »

Il se massa les tempes. Sa tête était si douloureuse qu’il en avait oublié la douleur de sa jambe gauche. Cette douleur occasionnait chez l’ingénieur quelque coprolalie désenchantée qui ne semblait pas atténuer le moins du monde cette insupportable affliction. De surcroit, messire de Rochemont lui avait filé un contact qu’il n’avait pu trouver et il avait dû s’en remettre à un herboriste de pacotille qui ne versait pas dans les produits illégaux. La concoction de substitution le permettait à peine de calmer la douleur, mais elle avait au moins pour vertu de réfréner le contre-coup de l’ébriété et pouvait permettre à Edgar Duval de travailler d’arrache-pied avec un professionnalisme qu’on connaissait peu à Marbrume. Alors il se leva, gémissant, s’aidant de sa canne en cyprès, jusqu’au caisson, subtilisant une fiole de liquide vert qui fleurait bon la menthe et qui brûlait ses trachées. Bientôt il allait comme se sentir sous l’empire d’une ivresse tout autre, qui dérégulait ses émotions mais qui lui offrait une éphémère clairvoyance sur les entreprises quotidiennes.

Et aujourd’hui était un grand jour. Messire de Rochemont l’avait sommé de se rendre au Faubourg, dans l’établissement dont la rénovation était sous la responsabilité d’Edgar. À la sortie de ses appartements, des mercenaires l’attendaient déjà pour l’escorter hors de la ville. Ils n’étaient pas aussi féroces que messire de Rochemont, non, mais ils n’inspiraient aucune sympathie non plus. Le genre de personne à qui il ne fallait pas chercher de noises. Autant dire que l’ingénieur se sentait en sécurité, mais pas suffisamment pour faire profiter les professionnels du combat de quelques jaseries ou autre jeux de mots savamment construits.

Il les garderait pour messire de Rochemont lorsque ce dernier se serait assuré du réel sérieux de l’ingénieur, pensa-t-il.

Lorsqu’il arriva à bon port, il crut apercevoir à distance raisonnable un homme de carrure impressionnante, le crâne rasé et la mine encore moins amicale que les mercenaires. Il avait une tête à assurer la sécurité dans des établissements de jeu ou de maison de passe. Enfin, quinze jours tant attendus, le temps avait semblé figé, infini, insupportable. Il en avait bien profité pour s’aérer les idées, mais tout de même.

Il entra dans la bâtisse. Edgar était seul au milieu de la pièce. Le décor ne payait pas encore de mine, mais l’odeur de bois neuf donnait à l’atmosphère une agréable sensation de fraicheur et de nouveauté. Il présenta ses hommages au sang bleu d’une énergique poignée de main. Son regard, lui, n’avait pas changé. Toujours aussi vitreux et tiraillée par la fatigue et la tristesse.

« Messire de Rochemont. »

Il prit place à ses côtés, remerciant d’un signe de tête son hôte pour avoir anticipé ses besoins en alcools. De la liqueur de cerise comme il lui en avait proposé dès le début. Celle-ci était encore plus fraîche et goûtait meilleur. Il se sentait d’autant plus enhardi, écoutant avec sérieux son acolyte qui le briefait sur l’entretien à venir.

« Je vous fais confiance pour l’entretien sur les aptitudes, je m’occuperai de la partie psychologique. Avec un peu de chance, cher ami, vous ferez d’une pierre deux coups et vous aurez un nouvel atout tandis que j’aurai des informations sur ce qui est arrivé à ma fille. Pourvu que cet homme n’ait rien à voir avec son assassinat, bien entendu… »

Alors qu’il se tut, Desmond somma un de ses sbires – Milas, qu’il s’appelait – de faire entrer l’individu. Edgar le détailla de plus près.

Il s’agissait d’un véritable loubard. Il était presque aussi gargantuesque que messire de Rochemont. Un gros bébé, chauve de chez chauve, comme si on avait étiré et engraissé un nouveau né jusqu’à lui donner cette drôle de forme. Son odeur corporelle était forte, il empestait la sueur et malgré la fraîcheur des lieux, il se nettoyait déjà le front perlant de sueur.

« Salutations. Élie Coptère, je souhaite rejoindre la guilde de messire de Rochenont. »

L’ingénieur arqua très brièvement un sourcil. Écorcher le nom de messire de Rochemont, voilà qui partait mal. Ou peut-être était-ce le stress de l’entretien. Il échangea un regard au sang bleu, voir s’il allait réagir, et lui laisser entamer les formalités.
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyLun 26 Juil 2021 - 17:19
À chaque fois que je rencontre l’architecte, je crains que cela ne soit la dernière, tellement son état physique laisse à désirer. Un jour ou l’autre, il va claquer, c’est sûr et pas de la belle manière, mais en vomissant du sang sur le sol. Heureusement que j’ai pensé à la liqueur de cerise, sinon il aurait comaté durant toute l'entretien d’embauche.

Maintenant, qu’il va mieux, il m’indique qu’il est d’accord avec mon plan et nous nous répartissons les rôles. À moi la partie physique et à lui le côté mental, ce qui me convient tout à fait. Je fais donc signe à Milas de faire entrer le candidat et je vois arriver un homme baraqué, chauve et sentant fort, comme la majorité des gens du peuple, homme ou femme, le savon étant devenu hors de prix de la majorité de la population.

Au moins il connaît son nom, ce qui est déjà bien, même s’il s’embrouille avec le mien. Je le reprends donc gentiment :

C’est Rochemont, mais ce n’est pas bien grave. Si vous êtes là, c’est que vous pensez avoir les capacités physiques et intellectuelles de rejoindre la Guilde des Boucliers de Marbrume ou le GBM en abrégé.

Je vois mon interlocuteur hocher la tête et dire, d’un ton un peu plus assuré :

Oui, c’est exactement cela.


Je peux maintenant aller au cœur du sujet et lui demander :

Alors je vous poser deux questions très simples, auxquelles il faudra répondre par la vérité, avez-vous déjà tué et savez-vous garder un secret ? Ce sont les deux qualités que j’attends des mercenaires que j’emploie.

Ce n’est pas vraiment exact, je souhaite aussi qu’ils sachent pister, se débrouiller en pleine nature, qu’ils aient de l’autorité pour gérer une caravane de marchands récalcitrant, mais il s’agit d’un entretien un peu spécial et c’est pourquoi je lui fais ces demandes. Je le vois se gratter la tête et me répondre, d’un air un peu contrit :

Je n’ai jamais tué encore, bien sûr j’ai déjà frappé des mauvais clients ou des filles qui ne voulait pas se laisser faire, mais tuer, ça jamais. Et je sais garder un secret, j’ai été embauché en tant que remplaçant videur à de nombreuses reprises dans des maisons de passe et je n’ai jamais divulgué l’identité d’un seul client.

Il finit sa phrase en souriant, semblant très fier de lui.
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Edgar Duval



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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyLun 26 Juil 2021 - 18:08
Il savait y faire avec les questions épineuses, messire de Rochemont. Derrière son pupitre, comme retranché dans sa tour d’ivoire, Edgar avait croisé les bras, hoché la tête, une moue un semblant approbatrice, le regard comme perdu dans le vide à réfléchir à quelles questions il pourrait accorder à Élie.

« Quelle est votre expérience en gestion de crise ? Par exemple, si un client vient à maltraiter une fille, jusqu’à l’amocher, la rendre moins… désirable, disons. Que faites-vous ?
— D’abord les clients ne rentrent jamais armés dans les chambres, ensuite on se met au monis à deux sur eux pour les expulser. On fait aussi en sorte qu’ils ne reviennent pas. J’ai davantage cogné du salopard en misère sexuelle que sur une donzelle récalcitrante. Mais au fait, vous êtes qui vous ?
— Gaël Duvard, responsable des affaires de la GBM et bras droit de messire de Rochemont. C’est moi qui pose les questions. »

Faire montre d’autorité face à un gros loubard comme Élie Coptère s’avérait être quelque peu risqué. Le plus important était de ne pas faire ombrage à messire de Rochemont, d’où la précision de « bras droit » ce qui, dans le langage de Desmond, était sans doute « une bonne chose ». L’ingénieur laissa donc un silence vague et destabilisant. Il remarqua qu’Élie, s’il était sans doute capable de briser le vieil homme en deux, avait soudainement ravalé sa fierté, attendant la suite.

« J’ai donc parlé de crise. Vous dites que vous fouillez les clients systématiquement, mais comment agissez-vous si l’un d’eux va jusqu’à tuer l’une de vos filles ?
— On sévit d’autant plus en essayant de les neutraliser. On tue en dernier recours et, par les Trois, j’ai jamais eu à faire ça. On s’arrange pour que le client rembourse la fille qu’il a saccagée, ça peut monter jusqu’à mille écus. Ça en revanche, des cas comme ça, j’en ai vu.
— J’imagine que les clients devaient être de sang bleu pour posséder de telles sommes ?
— Ou bourgeois. On a déjà perdu une fille à cause d’un client à la Balsamine. L’affaire a été étouffée après qu’une coquette somme a été versée à l’établissement. Mais c’est très rare les cas comme ça. Très peu de gens finissent impunis et on n’a plus revu ce client, il n’a même pas essayé de se faire passer pour quelqu’un d’autre ou que sais-je. Des fois y a des clients qui essaient de frauder, mais on s’y connait en délit de sale gueule. J’oublie rarement un visage. »

À nouveau, il semblait fier. Edgar, tant qu’à lui, s’adossa à sa chaise, prenant à nouveau une lampée d’alcool de cerise et jetant un regard à messire de Rochemont, dans l’hypothèse où il voudrait poursuivre en questions discrètes. Au moins, ils savaient que le loubard savait appréhender le danger, mais toujours pas s’il était possible pour lui de tuer ou non.
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyLun 26 Juil 2021 - 23:42
C’est maintenant au tout de l’architecte de poser des questions, se présentant même sous une fausse identité, sans doute pour brouiller les pistes. Il interroge intelligemment le candidat, venant petit à petit au véritable but de l’entretien, nous pouvons apprendre ainsi qu’il est bien au courant de ce qu’il s’est passé à la Balsamine, que c’est bien un client qui a tué sa fille et qu’il n’est pas réapparu. Je décide ainsi de pousser le videur dans ses retranchements, afin d’avoir le fin mot de l’affaire :

Ainsi tu as échoué à protéger une des filles sous ta garde, alors comment puis-je te confier la responsabilité de tout un convoi ?


Et lui, je me suis brusquement à le tutoyer, ce qui le déstabilise et en plus, je finis ma phrase en haussant la voix, comme s’il avait commis une erreur de débutant. Je le vois cligner des yeux et me répondre d’une voix geignarde :

Je n’ai rien pu faire, c’est la première fois qu’on le voyait entrer, il a demandé directement la fille, comme quoi on lui avait chaudement recommandé puis dix minutes plus tard, on a entendu du bruit et quand je suis monté, j’ai vu qu’il l’avait tué, et pas de la manière la plus douce, je peux vous l’assurer.

Il poursuit, faisant visiblement des efforts pour ne pas s'effondrer:

La patronne est arrivée également, ils ont fermé la porte, discutés pendant que j’empêchais d’autres personnes de rentrées et finalement, l’homme a donné une bourse et j’ai été chargé de me débarrasser du corps.

Je l’ai laissé parler sans l’interrompre une seule fois, car de toute évidence, il avait besoin de vider son sac. Je fais mine de réfléchir, puis tout en continuant de fixer Elie Coptère dans les yeux, afin de maintenir une certaine pression psychologue, je demande à mon acolyte :

Avez-vous d’autres questions à poser ?


J’imagine qu’il en des tas, car il a devant lui, un témoin direct de ce qui est arrivé à sa fille.
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyMar 27 Juil 2021 - 16:20
Le candidat passait vite à table, et au fur et à mesure qu’il se confondait en explications ou encore en excuses bateau, Edgar observait chez son camarade au sang bleu une certaine propension à la terreur, à l’interrogatoire sans soumission à quelque instrument de torture physique. Non. Élie Coptère subissait une torture psychologique certaine. L’ingénieur, lui, serra le poing sous la table. Il ne faisait aucun doute quant à l’identité de la victime. On lui avait fait part de la même version des faits. Il avait lutté corps et âme pour voir une dernière fois la dépouille de sa progéniture avant qu’elle ne finisse décapitée et incinérée. Spectacle qui avait brisé son âme à jamais, et dont les morceaux épars étaient déjà bien égarés.

Mais cette sensation, cette situation de père endeuillé et sous l’empire d’une douleur chronique à la jambe, il ne la connaissait que trop bien. Il respira, pensant à Anur qui, le tourmentât-elle, le soumettait à l’épreuve, constamment. C’était l’explication la plus plausible qu’il pouvait se donner, si elle n’était pas rationnelle le moins du monde. Alors, reprenant contenance, échangeant à nouveau un regard avec messire de Rochemont, il planta un regard qui n’avait rien d’aimable à l’attention d’Élie et poursuivit en ces mots :

« Vous venez de montrer que vous suez l’échec. Il existe cependant une chance de vous rattraper si vous voulez rester dans les bonnes grâces de messire de Rochemont, c’est d’avouez que vous transpirez le mensonge et que vous ne savez pas garder un secret. Si vous connaissez tout ou partie de l’identité du tueur, c’est le moment de commettre un impair sur votre réputation et de nous aider. Cette information vaut sans doute votre place chez le GBM, n’est-ce pas ? »

L’ingénieur se tut. Son regard ne quittait pas celui du gros lard chauve. Le silence commençait à peser sur l’homme qui semblait hésiter, comme s’il dérogeait à un principe. Alors l’ingénieur continua de le charcuter.

« Vous n’avez pas le regard d’un tueur. Moi-même je n’ai jamais commis pareil acte, mais j’ai déjà vu des gens choir sous mes yeux, à cause de la Fange tout comme à cause de crimes divers et variés. Messire de Rochemont est un tueur, vous ne l’êtes pas. Et vous avez certainement peur de ce qu’il pourrait vous arriver si vous parlez. Me trompé-je ?
— Écoutez, monsieur Duvard, je veux pas d’ennuis, j’essaie simplement de me rendre utile et de gagner ma croûte en ces temps de crise, vous devez me comprendre non ? Si je parle, oui, je risque d’avoir des problèmes. Je connais pas le gars, mais je sais à quoi il ressemble, et les rumeurs disent qu’il est lié à un sang bleu. »

À nouveau, l’ingénieur répondit à Élie par un mutisme consternant et un hochement de tête, l’invitant à poursuivre sur sa lancée. Il était sur le point de l’insulter pour manque de collaboration, lorsque le chauve prit à nouveau la parole.

« C’était un homme de taille moyenne, rasé de près, avec les cheveux très courts et bruns. Pour reprendre vos termes, il a une tête de tueur. »

Le regard du candidat se porta sur celui de messire de Rochemont, comme pour s’inspirer de sa description physique.

« Nez aquilin, dents jaunes, front proéminent, je sais pas trop quoi vous dire d’utile à part que… Je l’ai déjà croisé en tenue de milicien. »

L’ingénieur avait envie de renverser la table suite à cette déclaration.

Il bouillonnait de colère.
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyMer 28 Juil 2021 - 15:40
Ce n’est pas une question que pose mon acolyte, mais un véritable interrogatoire en règle. Il ne lui laisse pas une seconde de répit au début, l’enchaînant pour en faire de la marmelade. Il se décompose au fur et à mesure et à la fin, il finit par tout révéler comme un lâche. Je vais avoir du mal à faire de lui un bon mercenaire, mais je suppose que s’il survit à un ou deux convois, il fera l’affaire.

J’écoute attentivement ses explications, il fait un portrait assez précis de l’agresseur, qui me rappel quelqu’un et quand il indique qu’il est milicien, toutes les pièces du puzzle se mettent en place. J’ai déjà travaillé avec lui, avant de rencontrer le comte de Rougelac, quand je réalisais différentes missions pour les gens de l’Esplanade.

Je vois bien que l’architecte est très énervé, alors, ne voulant pas qu’il y ait un esclandre entre les deux hommes, je décide de mettre fin à l’entretien, je me lève donc et dit à l’homme, en lui tendant la main :

Félicitation, nous t'avons un peu chahuté, mais c’était pour voir ta force de caractère. Tu sais quand tenir votre langue et quand lâchez du lest et c’est ce que je recherche. Mets-toi maintenant en armure, prends une épée en bois et va rejoindre le terrain d’entraînement situé à l’arrière de la bâtisse.


Je vois le candidat me regarder sans comprendre :

Un terrain d’entraînement ?

Je lui souris d’un air carnassier, prenant une voix innocente :

Je ne te l’avais pas dit ? Pour entrer dans l'organisation, il suffit de survivre à un combat de cinq minutes contre moi, l’abandon ou la mort étant éliminatoire.

Je vois l’homme déglutir avec difficulté et la tête basse, sortir de la pièce. Une fois que je suis sûr que nous ne serons plus entendus, je me retourne vers mon voisin de table et je lui dis :

Rendez-vous dans deux heures, rue des Pendus au croisement avec la rue des Ecartelés. Il y a une petite maison abandonnée car menaçant de tomber à tout moment. Je vous rejoins là-bas avec le milicien, je vois très bien qui c’est, prenez votre matériel.

Sans lui laisser le temps de répondre, je quitte les lieux, prends une épée d’entrainement également et inflige une correction mémorable à Elie. À ma grande surprise, il n’abandonne pas, même si j’ai dû lui casser quelques doigts avec mon arme et qu’il est couvert de bleu, particulièrement sur le crâne. Je lui indique donc :

C’est bon, tu es engagé, va te soigner et revient demain, j’ai du travail pour toi.

J’ai un convoi qui part demain en direction du village en pleine reconstruction, Balazuc, ce sera pour lui, un véritable baptême du feu. Il ne me reste plus qu’à envoyer une lettre dotée d’un certain symbole au milicien, via un des enfants abandonnés qui me serve occasionnellement de courrier et comme c’était prévu à l’avance, l’homme que l’on soupçonne d’être un assassin arrive. Je n’ai plus qu’à l’assommer proprement sans qu’il me voie, le mettre dans un grand sac prévu à cet effet et rejoindre l’ingénieur.

Arrivé sur place, j’entre dans la maison en ruine, soulève une trappe pour entrer dans une toute petite cave, une chaise est déjà en place, j'y attache l'homme toujours inconscient et indique à mon acolyte :

Voilà l’homme que vous recherchiez. Il connaît ma voix, alors ce sera à vous de mener l’entretien.
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyJeu 29 Juil 2021 - 12:51
Deux heures, c’était serré.

Alors qu’il ouït les directives de messire de Rochemont, Edgar Duval finit son verre de liqueur de cerise d’une traite, et s’en alla sans se faire prier. Dehors, il alla retrouver les mercenaires du sang bleu, ceux qui l’avaient escorté au beau matin, leur intimant de le raccompagner à son atelier et de l’aider ensuite à transporter du matériel démonté, recouvert de draps miteux aux couleurs sombres. Il se montrait impatient, méthodique, entreposant les pièces dans une charrette, attirant l’attention par moment, mais ceux qui connaissaient Edgar se rendaient à l’évidence.

« Il ne s’arrête pas de travailler. C’est un homme bon. »

Une des montures tractait dès lors une charrette, sur laquelle il avait entreposé son matériel. En chemin, il en profita pour sortir de sa poche un morceau de papier neuf, qu’il déchira de moitié, chiffonna et plaça dans sa bouche, sans obstruer la trachée, de sorte à ce que son timbre de voix s’en retrouve modifié lorsqu’il parlerait à l’éventuel meurtrier de sa fille.

Ils arrivèrent un peu en retard. Duval inspecta les lieux. La bâtisse ne payait pas de mine, et on aurait dit que le toit allait finir par céder tôt ou tard. Par chance, l’endroit semblait peu fréquenté, si ce n’est un clochard qu’on avait fait déguerpir et qui n’avait pas demandé son reste à la vue des trois mercenaires qui escortaient l’ingénieur. Lorsqu’il descendit de selle, il ordonna aux mercenaires, dans le feu de l’action, comme s’il en était devenu leur chef :

« Déchargez tout dans la pièce à vivre. »

Puis, escorté par messire de Desmond, il inspecta les lieux et descendit dans la cave.

« Non, non, non ! Cet endroit est trop petit ! Je vais installer mon matériel en haut, nous n’avons pas le choix. C’est soit ça, ou soit je vous demanderai gentiment d’utiliser vos méthodes, mais il risquerait de savoir qui vous êtes. Ne vous en faites pas, il n’ébruitera rien. Je connais bien le corps humain, même si je n’ai jamais torturé. »

Il manqua presque de se rétamer sur les marches, pressé, prit par l’angoisse certaine d’échouer à inspirer la terreur à un milicien. Il guida les hommes de Desmond pour assembler les pièces de ce qui ressemblait progressivement à…

« Un chevalet dernier cri. Spécifiquement conçu et construit par mes soins pour cette occasion… »

Il attendit que le suspect fût aménagé sur l’instrument de torture, tandis qu’il briefa messire de Rochemont sur son usage.

« Je vous en fais cadeau, je ne compte pas récupérer cette horreur. Vous n’avez qu’à actionner le levier un peu plus vers le bas pour accentuer l’écartèlement. Je vous laisse me couper la tête si l’instrument ne démontre pas son efficacité. »

L’ingénieur semblait soudainement habité d’une violence inouïe, d’une rage bouillonnante. Il avait à sa merci l’homme qui avait fauché la vie de sa pauvre fille. Homme qu’on réveilla non sans rudesse, après s’être assuré qu’il était bien fixé à l’espèce d’établi mortel.

« Savez-vous pourquoi vous êtes là ?
J’ai rien pu faire pour la cargaison d’opium, Lucifer était sous surveillance ! Ça se reproduira pas, on a pas merdé jusque là ! »

Edgar arqua un sourcil. Il se trouvait dans le dos de l’individu et hors de sa vision. Il l’interrogea du regard, mais messire de Desmond ne semblait pas savoir de quoi il en retournait. Il poursuivit.

« Un milicien véreux ? C’est censé me surprendre ?
– … C’est pas pour l’opium que j’suis là ? Vous êtes qui, espèce d’enfoiré ?! J’vous jure que vous allez passer un sale putain de quart d’heure de merde, vous savez pas qui chuis ! Vous faites une lourde erreur ! »[/color]

Edgar fit signe aux commanditaires d’appuyer un peu sur le levier.

« Bordel c’est quoi cette chose ?! tonitrua l’inconnu.
Vous le saurez bien assez vite si vous ne me dites pas votre nom, ni ce que vous avez fait la nuit du 9 octobre 1664 à la Balsamine.
Lombeth ! Je m’appelle Lombeth ! Mais j’me rappelle de rien de ce que j’foutais à cette date !
ET CASSANDRA, VOUS VOUS EN RAPPELEZ, OU VOUS L’AVEZ JUSTE VIOLÉE PUIS TUÉE CE SOIR-LÀ ?! »

Soudain, sous l’empire de la colère, il dégaina sa canne, dans laquelle il avait dissimulé une lame contondante, et se prépara à planter l’individu droit au plexus…
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Desmond de Rochemont
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyJeu 29 Juil 2021 - 13:41
Pour une surprise, c’est une surprise, alors que je m‘attendais à quelques instruments comme des compas ou autres outils d’architecte, tenant facilement dans une sacoche, il arrive carrément avec une charrette ! Ce type est complétement dingue ! Après avoir fait fuir un clochard anonyme, nous nous positionnons dans une des pièces au rez-de-chaussée et je regarde avec curiosité mon acolyte donné les ordres à mes mercenaires pour monter un chevalet de torture !

Je n’en crois pas mes yeux, cela fait bien longtemps que je n’en avais pas vu, la plupart ayant été perdu lors de l’arrivé de la Fange. Je vois Edgar pressé comme un enfant devant ses cadeaux d’anniversaire, en tout cas, on peut dire qu’il a de la suite dans les idées, car cela doit faire des années qu’il met en place sa vengeance et je ne peux qu’être admiratif devant cette force de caractère ou cette folie, selon les points de vues.

Je l’aide donc du mieux que je peux, après avoir dit à mes hommes d'aller à l'extérieur, car je ne veux pas de témoin et je sors notre prisonnier de son sac. Pour le moment, personne ne sait qu’un milicien est en notre possession et je tiens à ce qu’il en reste ainsi. Je leur demande donc de surveiller les lieux, repose les planches aux fenêtres et à la porte pour que personne ne puisse voir ce qui va arriver.

Heureusement, le quartier, d’ordinaire est déjà mal famé et les rues sont désertes. Nous sommes ainsi à l’abri des oreilles et regards indiscrets et pouvons commencer l’interrogatoire. Avant cela, je dis à voix basse à l’architecte, qui semble de plus en plus énervé :

Merci pour ce beau cadeau, j’en prendrai soin.

Je ne lui demande pas d’épargner le meurtrier de sa fille, puisque j’aime beaucoup l’adage, œil pour œil, dent pour dent. Je n’ai plus qu’à mettre la main sur le levier, prêt à faire mon travail, avec un certain plaisir, je dois bien le dire.

L’homme ne semble pas savoir pourquoi il est là, et l’architecte est obligé de lui donner certains détails. J’active de temps en temps le levier pour l’inciter à parler, mais alors qu’il allait enfin se mettre à table, le boiteux tente de le planter ! Il ferait vraiment un bien mauvais bourreau s’il tue ses victimes avant qu’elles ne parle, j’arrête donc sa lame avec mes mains, me blessant légèrement au passage et fait non avec la tête, puisque je ne peux pas parler.

Le malandrin, lui a de plus en plus peur et se met à discourir à toute vitesse :

C’est à cause de cette catin que je suis sur cette putain de chaise ? Oui, j’l’ai tringlé comme une truie et j’l’ai frappé, jusqu’à ce qu’elle meure et alors ? Il y en a plein d’autres dans le caniveau !

Je prends cette fois-ci les devants et active le chevalet. La douleur doit être atroce, car il tente de respirer par tous les moyens, son visage devenant écarlate et il essaye de s’expliquer :

J’ vous en prie, il n’y avait rien de personnel, c’était juste un putain de job !

J’arrête là ma manipulation, curieux de connaître la suite, cette affaire se révélant bien plus intéressante que prévue.
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyJeu 29 Juil 2021 - 18:10
Interrompu dans son acte mortifère, la mine interdite, fou de rage, Duval fusilla Desmond du regard. Le colosse avait arrêté la lame avec une facilité déconcertante, secouant la tête, imperméable à la probable douleur causée par le tranchant sur sa main, dont quelques filets carmins commençaient à s’écouler. L’hémoglobine gouta même sur le corps de Lombeth, le milicien félon qui avait obtenu un sursis, ne fût-il pas dans les grâces de messire de Rochemont. Ce calme légendaire dont avait fait preuve le noble avait immédiatement permis à Duval de retrouver ses esprits ; aussi son semblant de rage destructrice s’en était allé aussi vite qu’il était venu.

Le point positif, c’était que Lombeth devait avoir cru rendre son dernier souffle au point qu’il en avait tâché son futal. Il passait d’autant plus à table, alors que messire de Rochemont testait l’efficacité de son outil. Il était encore plus efficace que ce que Duval avait espéré. C’en était déconcertant pour son créateur même.

« J’vous en prie, il n’y avait rien de personnel, c’était juste un putain de job ! »

L’ingénieur intima alors d’arrêter la course de l’écartèlement et de réduire le jeu, offrant une nouvelle grâce éphémère au félon qui reprit son souffle sous ses couleurs chaudes.

« Qui vous a engagé ? »

La question était simple, sèche, perçante. Il avait demandé sans ambages aucun l’identité du commanditaire. Il connaissait la réponse, au fond. Il voulait l’entendre de sa bouche. Le torturé déglutit. Il avait goûté à la puissance du chevalet.

« J’ai reçu mes ordres du baron de Chastain ! Fallait faire assassiner la fille à tout prix, j’en sais pas plus. »

Ça se confirmait. Mais il ne fallait pas s’arrêter en si bon chemin.

« Et qui est ce Lucifer ?
C’est mon sergent ! Je suis coutiller sous sa responsabilité directe ! Écoutez, si vous me laissez partir, je dirai rien, je le jure ! Je vous ferai même part de mes passe-droits ! Aucun milicien vous emmerdera ! J’vous en supplie ! »

Une demande directe de corruption, sans doute se croyait-il invicible… Ou simplement à l’article de la mort. Duval, lui, tourna les talons. Il était dans la même pièce que celui qui avait violé et tué sa fille. L’image de l’inflexible Desmond le préemptant dans sa charge létale demeurait encore gravé dans son esprit. Cette haine, tapie dans son propre cœur, lui disait d’en finir avec lui. Comment cet ingrat avait-il pu parler de Cassandra comme “une truie” ?

Il serra le poing, dos au noble. Il avait les larmes aux yeux et le dilemme était lourd à porter. Et puis vint l’image de cette prêtresse, Gudrun, à qui il pensait peu, mais lorsqu’il y pensait, quelque chose en lui s’apaisait. Accepterait-elle de savoir que Duval était un tortionnaire meurtrier ? Et pourtant, il fallait laver la mémoire de sa fille.

Et que voudrait Anur au final ? Sans doute était-elle impartiale ; elle s’occuperait simplement de juger les âmes qu’on lui enverrait. Méritait-il seulement ce sort ? Il fallait qu’il trouve quelque chose de pire que la mort. Mais Duval avait déjà les mains sales, et s’il y a une personne qui pourrait le tirer d’affaire, c’était bien messire de Rochemont.

« Décidez de son sort, dit-il à messire de Rochemont, la voix tremblante. Je sais à qui j’ai affaire. »
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyVen 30 Juil 2021 - 19:50
L’ingénieur qui semble s’être un peu calmé reprend l’interrogatoire et lui pose la question à laquelle je m’attendais et qui est la raison principale de notre présence ici, dans cette maison en ruine. Malheureusement, il n’y a pas de suspense, de roulement de tambour qui indiquerait une tension, à la place, le prisonnier lâche l’information, comme si ce n’était rien du tout.

J’avoue que je suis un peu déçu, il a cédé bien trop facilement et toutes les idées que j’avais en tête ne seront pas concrétisé. J’avais même ramené un petit brasero, car le feu, cela intimide toujours. La vie n’est pas un long fleuve tranquille et quand personne n’y met du sien, les choses ne ce font pas, c’est la vie qui veut çà et je ne veux jamais la décevoir.

Je suppose que le baron Chastain est la prochaine cible, j’apprends d’ailleurs que Lucifer est un sergent véreux au sein de la milice, mais il y en a tellement que j’ai oublié de les compter. Alors que je pensais qu’Edgar, ayant finalement reçu ce qu’il voulait allais l’achever, il s’isole un instant avec de m’indiquer que c’est à moi de prendre la décision !

Finalement, je vais pouvoir m’amuser un peu et j’indique juste à voix basse à l’homme qui vient de me donner carte blanche :

Demandez-lui juste tout ce qu’il sait sur la Milice, sur ses affaires louches et enfin sur ce fameux Lucifer.


Une fois que c’est fait, je mets une cagoule sur l’homme pour qu’il ne me reconnaisse pas et je prends tout mon temps pour lui infliger la pire des souffrances, avec mes tenailles, mes fouets, mes bâtons, ma dague, n’hésitant pas à cicatriser ses plaies pour recommencer encore et encore. Je prends grand soin à ce que toutes ses blessures puissent être caché sous ses vêtements et je l’écoute me raconter toutes les affaires louches dans lesquelles il a pu tremper, et les Trois savent à quels points elles sont nombreuses !

Bref, je m’amuse comme un petit fou pendant deux heures, laissant un pantin désarticulé qui a fini par s’évanouir, une vraie chochotte. Pour ma part, je suis particulièrement fier de moi, j’ai appris moult choses bien utiles et je suis maintenant parfaitement au courant de ce qu’il se passe dans l’univers des forces de l’ordre, comme quoi le partage d’information, c’est important.

Je quitte les lieux et indique à mes hommes :

Jean, tu détaches cet homme et tu le laisses à quelques rues d’ici, Pierre et Jacques, vous me démontez le chevalet et vous me l’amenez dans notre Quartier Général, il sera remonté quand nous aurons notre sous-sol.

Un bel engin comme cela, ce serait dommage de le perdre. Je me retourne ensuite vers mon commanditaire :

Pas de regret pour l’exécution ? Il n’est pas trop tard pour lui trancher la gorge.


Oui, je joue le rôle du tentateur, mais j’aime quand le travail est bien fait, c’est ma nature perfectionniste, je n’y peux rien. J’entends donc sa réponse avant de continuer avec un grand sourire :

Je sais où trouver ce fameux Baron, cette fois-ci nous ne serons que tous les deux, j’espère que vous n’avez rien contre les maisons de passe ?
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptySam 31 Juil 2021 - 20:27
Il n’avait pas vraiment su à quoi s’attendre.

Rien que le fait de voir Lombeth se faire enfiler une poche sur la tête lui avait fait froid dans le dos ; pire, avait glacé son sang. Cet instant avait sans doute été le plus violent de tous, car il était sujet à moult interprétations et la mine de messire de Rochemont était tout sauf amicale ; elle avait toujours transpiré la violence et l’effroi. L’ingénieur comprit, une fois pour toute, qu’il avait mieux fait de ne pas l’avoir comme ennemi. Il boita dans une hâte incontrôlée à l’extérieur de la bâtisse. Il avait commencé à voir le début de spectacle sanglant, maintenant il n’avait que des échos de la scène, le dos tourné.

Il se pencha et offrit au sol pavé une bien belle flasque rosée, vomissant les restes d’alcool, entre autres aliments prédigérés. Il manqua même un instant de tourler l’œil, alors il décidé de s’accroupir, le front poisseux, à côté de la flaque de gerbe dont il était l’auteur, fermant les yeux, essayant de faire fi des cri d’horreurs du félon sous l’empire de la torture du noble.

« À quoi m’attendais-je ? se demanda-t-il à voix haute, incapable de contenir ses pensées. »

Il finit par se redresser, chassant l’éventuelle souillure de son visage d’un revers de manche, les yeux injectés de sang, les cheveux collants au front, suant de tout son corps. Il aurait préféré se faire faucher par un Fangeux, des fois.

Le tortionnaire revint, offrant le bénéfice du doute à Edgar quant au sort de l’individu.

« Il mérite le centuple de ce que vous lui avez infligé… répondit Edgar, encore chancelant. Il avait le choix et a décidé de faucher une âme en plus de briser un père. Je choisis de faire de sa vie un enfer. »

Il s’efforça de ne pas regarder Pierre et Jacques se débarrasser du corps pour en faire on ne savait quoi. Messire de Rochemont, visiblement au top de sa forme, anonçait la suite. Il semblait enhardi par cette séance de torture, visiblement satisfait d’avoir fait l’acquisition d’un nouvel objet aussi efficace ; un instrument de torture que l’ingénieur avait conçu la mort dans l’âme, spécifiquement pour cette occasion. Et ça, curieusement, les dieux ne lui avaient pas empêché.

« Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, messire de Rochemont. Je préfère vous prévenir cependant : je ne connais pas le baron en personne, mais partez du principe qu’il me surpasse sur tous les points, et spécifiquement en intelligence. Sinon Victoria ne s’y serait pas reprise à deux fois pour aller vers lui. Elle l’a choisi à mon détriment. C’est un homme supérieur que je ne serai jamais. Aussi le coutiller était certainement un adversaire coriace qui ne faisait pas le poids face à vous, mais l’idée que vous vous fassiez piéger par notre cible me serait insupportable. Agissons de concert, mettons cela derrière nous et passons des jours moins tumultueux à Balazuc… Et donc, pourquoi mentionner les maisons de passe ? »

L’air de rien, il semblait avoir repris du poil de la bête. L’aura de messire de Rochemont, violente fût-elle, dégageait cette aura galvanisante qui enivrait l’ingénieur : c’était l’homme calme, froid, méthodique qui savait faire les choses quand il s’agissait de résoudre les conflits ; le vieil homme n’avait pas ses qualités-là.
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptySam 31 Juil 2021 - 23:23
L’homme à l’origine de toute cette opération refuse toujours de tuer l’assassin de sa fille, ce que je trouve dommage, car comme dit l’adage, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. En plus, je ne vois pas comment il a choisi de faire de sa vie en enfer, à moins qu’il me demande régulièrement de le kidnapper et de lui faire subir ce traitement, ce qui est possible, même si je n'ai pas que cela à faire de mes journées.

Je l’écoute ensuite m’expliquer que le prochain poisson à pêcher est plus gros et plus intelligent que le milicien, il me met même en garde et je lui réponds en souriant :

Si je vous ai demandé quinze jours, ce n’est pas pour faire du rien, un de mes hommes, le plus discret dont je dispose à filer le baron et je sais que ce soir, il sera dans une maison de passe, pour une session un peu particulière.


Je m’apprête à lui communiquer une information qui ne lui fera pas plaisir. Au début de la journée, je ne savais pas comment lui annoncer, mais maintenant qu’il sait qui à commanditer le meurtre de sa fille, ce sera plus facile, je lui indique donc :

Il semble qu’il a des goûts assez particuliers et qu’il apprécie de cogner des femmes ainsi que de se faire cogner. Mon homme a déjà pris contact avec la prostituée que je vais devoir cacher loin de Marbrume après cette opération. Elle va nous aider, car lors de sa dernière session, il l’a pas mal amoché et elle a risqué d’y passer. Elle nous fera donc entrer par la porte de derrière en la laissant ouverte et s’occupera de lui bâillonner la bouche et de l’attacher. Nous pourrons ainsi l’interroger sans problème.

Je sais que c’est trop beau pour être vrai, et je m’attends à quelques difficultés, c’est pourquoi j’indique à mon acolyte:

Cette fois-ci, vous allez devoir changer de vêtements, de canne et mettre un masque, j’en fera de même.


Et oui, si nous nous faisons démasquer ce sera terrible, aussi bien pour nos réputations que pour nos vies, alors il ne faut pas se louper. Je suis convaincu que le comportement ignoble du noble lui a créé de nombreux ennemis et j’espère que cette attitude le mènera à sa perte.
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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyDim 1 Aoû 2021 - 11:41
Tout s’éclaircissait.

Messire de Rochemont n’était décidément pas en reste, et semblait même plus intelligent qu’Edgar sur bien des aspects. S’il était capable de prendre le baron de Chastain à son propre jeu, alors, pensait-il, il fallait tenter, prendre des risques. La mémoire de feu sa femme en dépendait. Il fallait l’envoyer devant Anur pour qu’il réponde de ses actes. D’après les informations glanées, c’est quelqu’un qui aime cogner des femmes. Lui-même l’avait vu de ses propres yeux, après tout ; le beurre noir qu’avait exhibé Victoria ne mentait pas. Sans parler des multiples contusions qu’il lui avait découvert sur tout le corps ; mais rien sur ses enfants, ni sur Cassandra à l’époque. Un homme comme un autre qui se croit au-dessus des lois et méprise les femmes, certainement encore plus que messire de Rochemont et l’ingénieur même.

Le colosse lui fait part de nouvelles directives. Se changer, se dissimuler. Cela ne sera peut-être pas suffisant, mais les quinze jours, s’ils ont été productifs, laissaient penser que le sang bleu savait ce qu’il faisait. Sans demander son reste, Duval tourna les talons, commença à boiter, puis s’arrêta. Avant de disparaître à une bifurcation, il regarda par-dessus son épaule et demanda à son hôte :

« Croyez-vous que les gens les plus intelligents finissent par être pervertis à ce point ? »

Et il reprit sa course, direction son atelier, ou il aurait bien des fripes différentes de ce qu’il avait l’habitude de revêtir. Il commençait déjà par s’habiller mentalement dans un froc délavé et un gilet miteux. C’était ce qu’il y avait de plus accessible pour la populace ; lui qui aimait tout de même rester présentable malgré ses problèmes d’ébriété…

Il regagna son atelier. Changea sa tenue comme indiqué. Se saisit d’une autre canne de toute aussi bonne facture ; mais plus sobre, celle-là. Il trouva même le moyen de se mettre un peu de souillure sur le visage pour accentuer le caractère miséreux de sa personne. Ce n’était pas quelqu’un doué pour se maquiller, mais ses quarante-cinq ans d’existence lui auront appris à improviser à l’envi dans les circonstances les plus extrêmes. Et celle-là était capitale. Il allait faire face à sa némésis. Tout ce temps, il n’avais jamais osé s’interposer à lui, se faire connaître de cet éminent personnage. S’attirer des ennuis avec un noble, c’était mettre un pied dans la tombe. Il l’avait bien vu avec messire de Rochemont, à qui il semblait avoir vendu une partie de son âme, quelque part. Mais il n’y avait pas d’autre moyen, d’autant plus lorsqu’il réalisait qu’il avait indirectement contribué à rendre la milice meilleure à malmener un félon gradé.

Il sortit, se dirigea à une vieille échoppe de bouisbouis, tenue par un miséreux d’un âge encore plus avancé que Duval, à qui la vie souriait encore d’une certaine manière. Avec de vieux os pareils, il avait mieux fait de rester campé à son établi pour limiter la fatigue, et à laisser les gens se servir en échange d’une contrepartie financière. Duval prit un masque de carnaval, blanc, sale, féminin, qui lui couvrait la partie supérieure du visage. Il l’enfila.

Il avait l’air con.

Et il ne passait pas inaperçu. Sans doute quelques rares sceptiques l’auraient reconnu avec sa démarche boiteuse, caractéristique du vieil ingénieur en génie civil de la hanse qui se montrait courtois en toute circonstance. Mais on se désintéressait très vite de lui. Il réussit même à échapper à un contrôle au faciès d’une paire de miliciens ; il feinta l’ébriété extrême, élevant la voix, maugréant des mots à peine intelligibles, se couvrant de ridicule à l’envi. Et ça marchait, puisqu’il était tout sauf une menace.

Il arriva à bon port. Il s’affaissa dans la ruelle, faussement endormi, se rongeant le frein. Il n’aimait pas l’idée de rester dehors la nuit, la Fange était sa hantise véritable. Pourvu que messire de Rochemont se montrât…

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MessageSujet: Re: Un plat qui se mange froid   Un plat qui se mange froid EmptyLun 2 Aoû 2021 - 18:07
Ma réponse a dû être claire, car l’ingénieur ne me demande aucun éclaircissement et part donc s’équiper conformément à mes instructions, il me pose juste une dernière question sur la perversion des gens ayant le pouvoir, mais n’attend pas ma réponse et s’en va.

Je réfléchis à son interrogation, tout en supervisant le transport de la machine de torture vers mon Quartier Général. Ensuite, je m’habille comme un paysan, portant une capuche et un masque pour ne pas être reconnu, portant mon épée, pour une fois, caché dans un ballot de bois. Tous mes hommes sont grimés de la même manière et sont prêt à nous dégager si les choses tourneraient mal, en se mettant non loin de notre objectif.

Même Milas, mon suivant, ressemble à un travailleur de la terre avec ses fripes et m’aident à transporter à l’aide d’un vieux cheval, une carriole remplie de foin, proche des fenêtres. Mes consignes sont claires, s’il voit une fenêtre s’ouvrir, il devra positionner le chariot juste en dessous et avec l’aide des Dieux, nous y atterrirons sans trop de dommage.

Certains diraient que je prends trop de précautions, car j’ai déjà suivi ma cible depuis quinze jours, que j’ai une alliée dans la place et que je ne souhaite pas enlever un noble, mais juste lui parler, mais on n’est jamais trop prudent, il y a aura certainement un garde devant la porte et j’aimerais éviter de tuer un de mes collègues, qui obéit juste aux ordres, dans cette opération.

Je rejoins donc l’ingénieur dans la ruelle à proximité de notre objectif, il est méconnaissable, aussi bien avec ses hardes que son masque et nous faisons un duo bien étrange. Avant de partir, je lui indique :

J’ai réfléchi à votre question et mon père avait une citation pour cela ; le pouvoir absolu corrompt absolument. Donc, pour moi, ce n’est pas une question d’intelligence, mais uniquement de pouvoir, l’être humain est capable du pire, si personne n’y met de limite et ce soir, nous allons montrer au baron où elle se situe.

Joignant le geste à la parole, je lui indique de me suivre et nous arrivons devant l’entrée de derrière. Je retire mon épée que j’ai noircie au charbon de bois pour ne pas faire de reflet, du ballot et je tire tout doucement la porte vers moi. Comme prévu, elle n’est pas fermée à clé et un escalier de service menant aux chambres est immédiatement visible à notre droite.

J’entends des bruits venant de la cuisine située non loin, mais rien d’alarmant. J’entre, tous les sens aux aguets et je commence à monter les marches, doucement, comme on monte à l’échafaud.
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