Marbrume


-55%
Le deal à ne pas rater :
Coffret d’outils – STANLEY – STMT0-74101 – 38 pièces – ...
21.99 € 49.04 €
Voir le deal

Partagez

 

 [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyLun 28 Fév 2022 - 10:28
- Oh, n'ayez crainte, j'ai l'habitude, mes propres hommes ont également leurs petites particularités. Vous pouvez m'appeler Pat, c'est le seul nom auquel je réponds, déclara le chef de meute avant de prendre place à la table des miliciens.

Assise sur son banc, face à son bol de soupe encore fumant, Aeryn observait de loin la tentative de copinage de son chef. Évidemment, la mercenaire aguerrie savait pertinemment que mieux valait se rapprocher des gens d'armes que de se les mettre à dos. En combat, une amitié, même naissante, pourrait grandement aider à assurer leurs arrières. Pat, comme tout combattant expérimenté, le savait pertinemment… Néanmoins, tout en observant, la rouquine ne put que se demander : pourquoi se rapprocher de cette coutilerie en particulier ?

Sa question resterait bien évidemment sans réponse. La grande Lame ne partageait que très peu la nature de ses plans avec les membres de sa meute, voire pas du tout. Aussi, en voyant leur chef rejoindre les miliciens, les loups de Pat l'imitèrent un à un… Ryn, peu encline à partager son repas avec autant de monde, fut la dernière à se lever. Ses collègues s'étaient déjà installés et probablement présentés lorsqu'elle se décida à les rejoindre.

Elle traversa donc la salle, son bol à la main… Jusqu'à ce qu'un milicien inconnu lui barra la route.

-Tiens, tiens… souffla-t-il de son haleine empestant l'alcool. Si c'est pas dommage de voir ça…
-Je vous demande pardon? rétorqua la mercenaire, sa politesse ne dissimulant que très peu son impatience.
-Une belle plante comme toi n'a rien à faire avec une arme…
-Oh, mais rassurez-vous, je n'ai rien d'une plante, répondit la rouquine en lui offrant un sourire carnassier. Maintenant, si vous me le permettez, je...

L'homme, hilare, la saisit brusquement par le poignet. Le geste surprit tant la mercenaire qu'elle ne put retenir son bol qui tomba sur le sol déversant son contenu bouillant sur les braies du malotru.

-P'tain, t'aurais pu faire attention, espèce d'idiote ! gronda l'abruti avant de lever la main sur Aeryn avec la ferme attention de la gifler.

La rouquine vit rouge. Pourtant ce ne fut pas elle qui arrêta la main déjà lancée dans sa direction… Ce fut une grande main gantée, fermement resserrée sur le poignet du milicien qui ne put que grimacer.

-Ne le blesse pas, Corin, murmura la jeune femme. Il est certes bête comme ses pieds et saoul comme un cochon, mais il peut tout de même avoir son utilité...Enfin, si jamais nous nous faisons attaquer par une femme… Sait-on jamais.

La remarque de la rouquine fut évidemment entendue par les personnes installées juste à côté. Si certains s'étaient probablement sentis aussi insultés que le milicien face à elle, la plupart explosèrent simplement de rire, allant même de leur propre moquerie. Corin le relâcha. Sans ménagement, il le poussa jusqu'au banc derrière lui avant de le forcer à s'y asseoir.

-Arthur! Apporte un autre bol à la d'moiselle! gronda la voix de l'aubergiste. Va donc t'asseoir, ma p'tite, j'vais nettoyer tout ça.
- C'est bon, je m'en occupe, vous avez bien assez de travail comme ça, rétorqua la rouquine en attrapant le seau et le torchon de la tenancière avant de se baisser pour entreprendre sa tâche.
- C'est ça, nettoie. Les bonnes femmes sont bonnes qu'à ça… Elle est là ta place, t'façon, grogna l'ivrogne.

Corin lui lança un regard noir avant de poser une main sur le pommeau de son épée, prêt à faire taire le milicien. Néanmoins, le mercenaire fut rapidement stoppé par la main levée de son chef, lui signifiant que c'était à Ryn elle-même de se tirer de ce mauvais pas. En réalité, il s'agissait-là d'un test. Il voulait savoir si la rouquine savait se montrer moins impulsive… Un test qu'il savait risqué. L'homme connaissait suffisamment la jeune femme pour savoir que celle-ci pouvait réagir aussi vivement que violemment…

Et effectivement, Aeryn éprouvait toutes les peines du monde à se retenir. Elle serrait les dents, essayant tant bien que mal de contenir sa colère en s'imaginant planter sa dague dans la gorge de cette idiot. Au lieu de l'attaquer, la jeune femme se contenta de nettoyer tout en souriant, consciente que cela énerverait d'autant plus le milicien qui se voyait privé de son adversaire.

- Ça va chier, railla Braan avant d'avaler une gorgée de sa bière.
- Tais-toi… Laisse-la faire...

-Tu sais quoi, lança la rouquine en se relevant. Tu es loin d'être le premier à me faire ce coup-là et encore moins le dernier. J'en ai croisé des idiots dans ton genre et je sais que c'est uniquement parce que vous vous sentez menacés. C'est dur, hein, de voir que les femmes sont bonnes à autre chose qu'à vous servir. Je le conçois parfaitement … Mais figure-toi que "ma place", je l'ai mérité et je doute que ce soit ton cas… Alors j'estime que je n'ai strictement rien à te prouver à quelqu'un comme toi. Donc maintenant, je te conseille de te la boucler, de manger et d'aller décuver dans ton coin si tu ne veux pas servir de repas demain...

Une nouvelle salve de rires accueillit la remarque de la rouquine qui se contenta de rendre le matériel à la tenancière avant d'aller rejoindre les autres.

-Bien dit ma fille, la salua l'aubergiste. Pour la peine, je t'offre le repas.

Toujours en colère, la rouquine remercia la bonne dame d'un simple geste de tête. Ses poings, dissimulés sous la table, étaient toujours serrés tout comme ses mâchoires, mais elle se contenait … Difficilement, certes, mais elle se contenait tout de même.

- Tu as très bien réagi, Ryn. Je suis fier de toi.
- J'ai quand même cru que tu allais lui faire avaler ton bol…
- C'est pas l'envie qui me manquait...
-Tu veux que Lili s'en occupe, Rynette ? Lili peut le faire taire, tu sais...
- Ouais, je sais… Mais je préférerai que tu n'en fasse rien...
-Comme tu veux... déclara la gamine en haussant les épaules.
- Et elle, c'est Aeryn Monclar, notre dernière recrue. Un caractère bien trempé,mais une très bonne combattante… Mais je suppose que vous la connaissez déjà, lança Pat, levant sa choppe, un sourire amusé sur les lèvres.

Les discussions pouvaient reprendre à présent que la situation était maîtrisée. Miliciens et mercenaires échangèrent quelques histoires tandis que Ryn et Corin mangeaient en silence. Néanmoins, un peu plus loin, le milicien humilié, subissait les railleries de ses collègues tout en ruminant dans son coin. L'homme ne comptait visiblement pas en rester là...


Revenir en haut Aller en bas
Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyMar 1 Mar 2022 - 19:47
Théophile était ravi de voir les mercenaires se joindre à eux. Ca lui permettrait de se lier à de nouvelles connaissances et d’en apprendre un peu plus sur la nouvelle Aeryn. Pourtant, la bonne humeur fut de courte durée pour tous lorsque la rouquine se fit prendre à parti par un ivrogne qui portait un costume de milicien. Le gars n’était pas venu avec eux depuis Marbrume, sans doute un de ceux laissé à l’abandon ici, dans ce village à l’âme faiblissante...

Il fut étonnant de voir que les camarades de Ryn n'agissent pas. Volontairement de ce que l’échange entre la grande Lame et l’archer de la troupe laissait entendre. Au début, Théophile ne comprenait pas l’intérêt de laisser leur camarade seule face à l’adversité. Ce ne fut que lorsque Pat félicita la rouquine qu’il comprit que c’était un test. Dans l’armée du Roi c’était aussi quelque chose qui était courant, lui aussi y avait eu droit. Aeryn n’était chez les Lames que depuis très récemment, ce qui pouvait expliquer qu’elle doive encore monter qu’elle méritait sa place. Pour autant, ça ne valait que pour les mercenaires. Les miliciens n’étaient pas obligés de laisser passer les choses sans rien faire.

La petite équipe échangea quelques œillades. Ils s'étaient compris. Aucun d'entre eux n'acceptait ce genre de comportement. Même le plus macho d'entre eux, qui n'était autre que Grincheux, ne reléguait pas les femmes au statut d'esclave sur pattes. Bien sûr, chacun avait un avis plus ou moins poussé sur la question. Entre un Grincheux qui râlait si son dîner n'était pas prêt mais que sa femme remettait en place, et un Théo qui se pliait en quatre pour le plaisir de ses dames, la marge était importante. Pour autant, leur parler comme à un chien, comme si le mâle était de loin supérieur à celles qui donnaient la vie, ce n'était pas entendable.

Puceau glissa quelques mots à l'oreille de Grincheux, qui lui donna quelque chose en râlant.

« Je vous préviens, vous me laissez tranquille pour le reste de la soirée. »

Il avait marmonné ces quelques mots avant de s'en retourner à son bol, comme si il ne voulait être tenu en rien pour responsable dans ce qui allait suivre. Car lui le savait, bien sûr qu'il le savait...ses compères avaient décidé ensemble de jouer un mauvais tour, sous le silence complice de leur Coutilier.
Puceau fit glisser la minuscule bourse marron qu'il venait de récupérer jusqu'au Rouquin. Ce dernier se leva, suivit de près du borgne. Les deux garnements, étaient souvent complices dans leurs mauvais tours et leurs mauvais travers. Cette fois n'échappa pas à la règle.

« Et bien cette bière se bois bien vite. Nous allons nous réapprovisionner avant que les assoiffés ne la finissent. »

Théophile, le roi des excuses, leur avait donné un motif officiel de disparition. Le Rouquin se dirigea vers le comptoir et sur sa route, il rencontra malencontreusement l'épaule du poivrot numéro un de la soirée. Celui-ci se mit à brailler auprès de son agresseur, une partie de sa bibine s'était renversé sans aucun hasard sur sa chemise déjà crasseuse.

« Héééé tu pourrais faire 'tention ! T'm'a renversé... »

L'archer allongea son grand bras autour des épaules du braillard et le détourna de sa victime.

« Dis-moi, toi qui as l'air de bien t'y connaître en bière, qu'est-ce que tu peux me dire sur ce doux breuvage qui nous est servi ici ? »

Le poivrot eut un temps de retard, suffisant pour que Barthélémy puisse glisser discrètement une partie du contenu de la bourse de Grincheux dans la pinte du pauvre homme, avant de continuer vers le comptoir. Pendant ce temps, l'archer continua d'abreuver l'alcoolique de paroles.

« Tu sais, ce qu'il s'est passé tout à l'heure me rappelle une espèce d'histoire que me racontait ma mère. Une histoire de feuillages...Le Chêne dit un jour au Roseau de cesser d'accuser la Nature de ses maux : un Roitelet se posant sur lui était un fardeau, le moindre vent l'obligeait à baisser la tête. Alors que lui, fier Chêne au front imposant, arrêtait les rayons du soleil, bravait la tempête. Il aurait fallu, selon lui, que le Roseau vienne se mettre sous l'abri de son imposant feuillage, afin de ne pas souffrir autant. Le Roseau lui, ne le voyait pas de cet œil. Car certes il pliait, mais sans jamais se rompre. » 

La pupille intacte du conteur chercha Aeryn des yeux. Longtemps, il n'avait pas compris où sa mère avait voulu en venir. La première fois qu'elle la lui avait raconté, il avait 5 ans, et venait de tirer les cheveux de la petite Sarah. Lorsqu'elle était allée se plaindre à sa mère, le petit Castaing l'avait traité de petite pleureuse. La matrone avait tiré son fils par l'oreille jusqu'au domicile familial et l'avait mis au coin jusqu'à ce qu'il réfléchisse à ses bêtises. Le soir, elle lui avait narré le Chêne et le Roseau. Trois ou quatre ans plus tard, sa mère remémorait cette fable aux trois hommes de la maisonnée. Al était encore un petit bonhomme et se plaisait juste d’entendre sa mère parler. Le père et son aîné s’étaient fixé du regard, cherchant une réponse dans le regard de l’autre. La maîtresse de maison les avait fixé son époux avec ses plus beaux yeux noirs, qui eut une illumination divine à ce moment là.

« Oui fils tu vois...ta mère est le plus beau roseau du village. »

La réponse parut satisfaire son épouse, puisqu’elle s’en été retourné à s’occuper d’Alaric. Des soupirs soulagés s’étaient élevés dans la petite maison des Castaing.

Ce n'est que bien plus tard, grâce à Alice, qu'il avait saisit l'essence de cette histoire. A chaque fois qu'elle souffrait en silence de ses saignements, qu'il savait bien plus douloureux que ceux des autres femmes, elle était le Roseau.
Quand elle lui avait raconté son histoire, quand elle l'avait défendu, et quand même ce soir elle n'avait pas cherché à se venger, Aeryn aussi était un Roseau.

Pourtant Théo ne s’attendait pas à ce que quiconque prête réellement attention au contenu de l’histoire. Ce qui était important, s’était de capter l’attention. Et ça, il savait faire ! Surjouer, c’était quelque chose qu’il avait appris depuis très longtemps. A grand renfort de gestes et d'intonations fluctuantes, il tenait en haleine son public, sans jamais renverser le peu de bière qu'il restait dans sa chopine.

« Certes le Chêne ne courbait pas l'échine jusqu'ici. Cependant, il ne fallut que cette discussion pour qu'un terrible vent se lève et souffle sur le marais. Le Roseau, habitué à plier, put survivre à la tempête. Le Chêne par contre, après avoir résisté debout de toute ses forces, finit par tomber, les racines arrachés à la terre.  »

Les femmes du comté avaient survécu, pendant que les hommes étaient tombés à la guerre. Jamais cette morale n'avait eut autant de sens qu'en ces temps troublés, alors même que le temple cherchait à repeupler les terres à l'aide des filles d'Anür. Ceux qui continuaient à se penser les rois du monde, du  haut de leur talonnettes, étaient des idiots finis, que les Dieux se chargeraient de punir. Aidé par certains miliciens au passage…

L'ivrogne regardait bouche bée le dialogue solitaire du borgne, qui l'empêchait absolument d'en placer une. Celui-ci, feintant un air désespéré, termina sa diatribe.

« Et bien, cette histoire m'a donné soif. A la tienne ! »


L'archer trinqua avec l'homme saoul, faisant bien attention à ce que les liquides ne se mélangent pas et laissa le pauvre homme là, abasourdi par la tempête Théophile. Ce dernier alla rejoindre son complice pour faire remplir sa chope, sous l’œil méfiant du maître des lieux.

Les deux miliciens rejoignirent leur place une fois réapprovisionnés, discutant joyeusement. A peine furent-ils assis que le poivrot se leva dans un grand fracas, se tenant le ventre. Sans attendre, il courut hors de la pièce comme si la fange était à ses fesses, sous le regard taquin des deux garnements. Le beau parleur et le filou trinquèrent à leur réussite.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyMer 2 Mar 2022 - 13:09
Ressasser n'aidant nullement à apaiser l'esprit, Ryn décida de se concentrer sur les discussions des uns et des autres. Évidemment, la rouquine ne fit aucun effort pour y participer. Après tout, puisque personne ne s'adressait directement à elle, il lui semblait difficile de s'introduire ainsi dans une conversation sans paraître grossière. Néanmoins, cela ne l'empêcha pas d'observer avec grande attention tous les membres de la tablée, ce qui lui permit de remarquer les regards échangés par les miliciens prouvant que ces derniers avaient bel et bien une idée derrière la tête…

Et cela ne loupa pas. Après avoir échangé leurs œillades et quelques messes basses, voilà que la fine équipe, le borgne en tête, se dirigea vers l'ivrogne. Aeryn, très attentive, en posa même sa cuiller, abandonnant son repas pour mieux observer la scène. Rapidement, l'expression naturellement impassible de la rouquine laissa place à un sourire sincèrement amusé.

Braan, visiblement enchanté par la tournure des évènements, se rapprocha suffisamment d'elle pour la mercenaire soit la seule à pouvoir l'entendre :

- C'est quoi cette histoire de roseau ?
- C'est probablement un peu trop subtil pour toi, railla-t-elle avant de lui donner un coup d'épaule.
- Tsss, j'suis sûre que t'as pas plus compris que moi...
- Qui sait? le taquina-t-elle tout en levant sa choppe. J'aime mieux préserver ce mystère, si cela ne t'ennuie pas.

En réalité, Aeryn avait bien saisi la morale de cette histoire. Une fable des plus intéressantes qui, en aucun cas, ne mettait en opposition les hommes et les femmes, comme on pourrait aisément l'imaginer, mais plutôt l'orgueil et l'humilité. Un sujet qui constituait, justement, l'un des principaux apprentissage de la mercenaire. Elle-même se battait sans cet contre cet orgueil imposé par le père Monclar qui avait cherché à modeler des êtres invulnérables, dépourvus de la moindre faille. Ryn avait pourtant réalisé que Rodrick s'était totalement trompé. Il n'avait forgé aucune arme invulnérable, seulement des êtres orgueilleux et pourtant craintifs, tout particulièrement chez la petite dernière que le père avait pris grand soin d'étouffer.

La jeune femme était bien consciente que le chemin à parcourir vers l'humanité, du moins celle qui semblait plus acceptable, était encore long et semé d'embûches. Aeryn avait beaucoup de choses à apprendre, à comprendre, néanmoins, tout ne lui était plus inconnu.
Il lui sembla d'ailleurs bien étonnant que cette histoire, si particulière, ait pu être contée par Théophile Castaing tant l'image que le milicien renvoyait ne semblait pas coller à la morale de cette histoire. Loin d'être orgueilleux, Théophile semblait être le genre d'homme pour qui rien, mis à part l'amusement et les femmes, n'avait la moindre importance. Il jouait, en permanence, cherchant à provoquer les autres comme s'il avait encore besoin de tester les limites de la patience de ses interlocuteurs. Aeryn en avait fait les frais. Théophile également puisque la mercenaire ne s'était jamais distinguée par un seuil de tolérance exponentiel. Il l'avait agacé, et l'agaçait encore de bien des manières sans pour autant parvenir à provoquer la colère de la rouquine.

Pourtant, il n'y avait pas si longtemps, Ryn aurait bondit de son siège en voyant les miliciens intervenir de la sorte. Après tout, il s'agissait là de son problème, sa bataille, une chose qu'elle ne tenait pas particulièrement à partager avec quiconque. Mais cette fois, la mercenaire se contentait d'arborer une mine sincèrement amusée, pas parce qu'il l'avait aidé, évidemment, mais simplement parce que la scène était réellement drôle. Ni plus, ni moins.

Même si aux yeux de la jeune femme, Théophile restait un mystère, il lui semblait pourtant comprendre deux ou trois petites choses chez cet individu horripilant. Si Aeryn avait souhaité se débarrasser de son heaume de fer, longtemps porté pour dissimuler sa nature et son identité, le milicien s'échinait visiblement à garder le sien bien en place… Un heaume de chair arborant un air malicieux et un sourire narquois. Un masque qui se devait de tromper les autres, le faisant passer pour un individu frivole, mais surtout pour se tromper lui-même ou plutôt pour se protéger.

Au fond, le milicien n'était pas plus courageux que la mercenaire. L'un cherchait à oublier et dissimuler ses faiblesses tandis que l'autre souhaitait, au contraire, les affronter pour mieux les combattre. Néanmoins, la mercenaire ne tenait pas à s'exprimer de nouveau sur ce sujet ô combien sensible. Après tout, elle ne le jugeait pas plus qu'elle ne le condamnait, même si Aeryn continuerait à se méfier de cet homme étrange. Et qu'importe après tout, si le regard de la rouquine tendait à se porter vers l'avenir, celui de Théophile restait dirigé en direction d'un passé qu'il chérissait autant qu'il l'effrayait.

Ayant fini son repas et sa choppe, la mercenaire décida de se retirer. Elle avait, d'ores et déjà, désigné la salle des bains comme lieu de couchage. L'endroit serait désert durant la nuit et la porte se fermait de l'intérieur. Il ne lui en fallait pas plus pour espérer passer une nuit plus ou moins tranquille loin des regards et des oreilles indiscrètes. Ses démons pourraient venir mener leur bataille nocturne, la rouquine les attendait de pied ferme.

Néanmoins, avant de gagner l'étage, Aeryn préféra visiblement prendre un petit moment pour s'entretenir avec le borgne. Arrivée à sa hauteur, la mercenaire haussa un sourcil narquois avant de lui lancer :

-Viens avec moi...

Chacun y alla de son petit commentaire. Des railleries que Ryn préféra ignorer, comme à son habitude. Au lieu de quoi, elle attendit patiemment que Théophile ne se lève avant de le guider jusqu'à l'extérieur où l'air frais lui serait profitable. Une fois que le milicien fut sorti, Aeryn lui offrit un grand sourire, un sourire plus carnassier que railleur qui ne laissait rien présager de bon. L'instant d'après, la mercenaire poussa le pauvre homme contre le mur, le contraignant à rester là, le dos plaqué contre les aspérités du bois rendu humide par l'air des marais.

-Il me semble t'avoir déjà demandé de ne plus te mêler de mes affaires... grogna-t-elle en venant placer le dos de sa lame contre la gorge du milicien en lui lançant un regard noir…

Néanmoins, l'attitude menaçante de la rouquine disparu aussi vite qu'elle n'était apparue… Pire, le corps d'Aeryn se mit à trembler sous l'effet du fou rire qu'elle s'efforçait de contenir. Ne tenant pas particulièrement à blesser le milicien, elle rangea sa dague dans son fourreau avant de reculer de quelques pas.

-D'ac...D'accord, bredouilla-t-elle entre deux éclats de rire avant de prendre une profonde inspiration dans l'espoir de retrouver son calme. Il lui fallut néanmoins quelques secondes pour parvenir à parler correctement. On va dire que je te pardonne pour cette fois, mais uniquement parce que c'était à mourir de rire. Je ne sais pas ce qu'il y avait dans sa bourse, mais… Bon sang… Il faut absolument que je m'en procure pour la prochaine fois...

Reprenant peu à peu son souffle, elle alla s'asseoir sur une caisse posée contre le mur d'en face.

-Mais je ne plaisante pas, Théophile… cesse de vouloir m'aider. Je tiens à me débrouiller seule… Pour être plus claire… J'ai besoin de me débrouiller seule, du moins, lorsque je le peux. Ton intervention, même si elle était pour le moins… hilarante, n'était pas nécessaire et tu le sais aussi bien que moi, lui dit-elle calmement. Cet homme, ce n'est au fond qu'un pauvre type qui a besoin d'écraser les autres pour paraître fort… "Paraître" c'est tout ce à quoi il peut aspirer à présent… Et encore, après ce soir, il aura bien du mal à être pris au sérieux par qui que ce soit.

En ayant terminé, elle descendit de sa caisse pour se diriger de nouveau vers la porte.

-Je te remercie, par politesse… Mais ne me pousse pas à recommencer, lâcha-t-elle avant de se tourner de nouveau vers le milicien. Si tu n'es ni le chêne bourré d'orgueil, ni l'humble roseau… Qui es-tu, Castaing ?

Un dernier sourire et Aeryn disparut à l'intérieur pour se rendre directement à la salle de bain où elle passerait sa nuit. Et comme à son habitude, Lili passerait la sienne sur la paillasse improvisée, déposée devant la porte qui la séparerait de la rouquine qui ne tenait pas à être dérangée.
Revenir en haut Aller en bas
Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyJeu 3 Mar 2022 - 10:35
La plaisanterie avait eut le mérite d’alléger l’atmosphère des lieux. Théo fit un peu plus connaissance avec les mercenaires, enfin surtout avec son camarade archer. Son air était plus vivant qu’à leur arrivée et il fut facile de discuter avec lui. Surtout que les deux semblaient avoir le même point de vue sur comment bien charrier ses camarades.
Aussi, devait-il être bon joueur quand se fut son tour de subir les railleries alors qu’Aeryn lui demanda de le suivre. Le coup de coude de Braan d’un côté et du Rouquin de l’autre lui coupèrent presque le souffle. Ces deux-là avaient peut-être besoin de revoir leur niveau d’amitié virile...

Les regards pesaient sur le dos du couple alors qu’ils sortaient, mais rien de suffisant pour que le borgne ne fasse demi-tour. Le renouveau de son amitié avec Ryn le valait bien.

Lorsqu’elle le poussa, l’archer écarquilla les yeux. D’habitude c’est lui qui poussait les filles. Mais bon si Ryn voulait inverser les rôles, et bien il pourrait la laisser faire un petit moment…Si il s’était attendu à ce qu’elle prenne les devants...En même temps il la savait impétueuse, sa fougue devait se retrouver au lit aussi, même avec sa virginité...
Sauf que se retrouver avec une lame contre le cou n’avait rien à voir avec de la drague. Rien du tout. D’impatient, le borgne passa à prudent. Le tout serait de pas énerver la demoiselle plus qu’elle ne semblait l’être.

« Ce cochon portait l’uniforme de la milice, on ne pouvait pas le laisser faire n’importe quoi. »

La mauvaise foi de sa réponse n’empêcha pas Théo de la sortir avec conviction. Comme si c’était réellement important et non la première chose qui lui était passé par l’esprit pour calmer la furie. Heureusement, celle-ci se retira en riant.

De l’humour ? Elle lui avait fait de l’humour avec un couteau contre la gorge ? Vraiment ? Il n’était pas sûr au final que la proximité des mercenaires soit une si bonne chose...Ces crétins lui apprenaient vraiment n’importe quoi. Il fallait lui enseigner la finesse des traits d’esprit certes, mais ils avaient oublié de lui préciser que le public n’aimait pas se faire menacer en même temps…

La voir s’esclaffer lui amena tout de même un sourire, maintenant que sa caboche était à l’abri d’une quelconque décapitation. Le trublion ne le prit même pas mal qu’elle trouve plus drôle le coup du laxatif que sa diversion. Il devrait prévenir Le Rouquin qu’ils avaient encore mieux travaillé qu’ils ne l’avaient pensé. C’était un travail d’équipe après tout.
Content de son coup, il ne se laissa pas atteindre par les « je suis une grande fille blablabla ». Ce discours il le connaissait déjà et la fin ne lui plaisait pas. Autant laisser couler...si ça pouvait lui faire plaisir de penser encore qu’elle pouvait tout faire toute seule, il n’avait pas envie de la contredire. Cela étant, il n’adhérait absolument pas au concept et continuerait à faire ce qui lui semblerait juste. Il lui faudrait seulement faire preuve d’un peu plus de discrétion à l’avenir. Le milicien en était capable, bien qu’il préférait la flamboyance à l’ombre.

La conversation revint sur lui et son oreille se fit plus attentive.

« Qui je suis ?  »

La question était étonnante, au même titre que sa version de l’histoire. Il n’avait jamais pensé à l’orgueil et à la modestie. La jeune femme ne lui laissa même pas le loisir de répondre une quelconque pirouette et partie se coucher semblait-il. Elle le laissa là, comme un couillon de première, en train de réfléchir au sens de ce qu’elle lui avait demandé. Trop vague...c’était bien trop vague...Elle pouvait s’interroger sur ce qu’avait été sa vie avant Marbrume, ou bien encore sur comment se passaient les choses à la caserne, maintenant qu’elle ne parlait plus de milichiens, ou bien encore sur ses talents de conteur. Perplexe, ces questions tournaient en boucle et le manque de sommeil réparateur ne l’aidait pas à y voir clair.

Aussi, il retourna à la tablée, qui s’était vidée de quelques membres. Il retrouva cependant Le Rouquin, Chef et Braan en train d’installer un plateau de dés. La partie n’ayant pas commencé, Théophile se glissa près de son Coutilier pour se joindre à eux. Braan et Le Rouquin le regardèrent en haussant les sourcils, prêts à recevoir un potin croustillant. Chef ne devait pas être en reste, il cachait cependant beaucoup mieux son impatience.

- Oh, super, tu es entier ! J'l'aurai pas parié pourtant

« Ce salaud sait toujours comment s’en sortir. En général il s’en sort pas trop mal pour compter fleurette aux filles. Sauf Mademoiselle « J’ai pas pris de râteau »...euh Ryn »

Le regard noir de Théo quant à ce stupide surnom rappela à son camarade la contrepartie qui lui était réservée si il continuait avec cette histoire. Cela suffit au Rouquin pour prendre les dés et attaquer la partie.
Elle se termina après une bière supplémentaire et surtout la femme de l’aubergiste qui vint les chasser à coup de balais. Soit disant qu’il était « l’heure de s’la fermer et d’aller roupiller avec les autres dans un endroit qui n’était pas situé sous sa chambre ». Les femmes en colère pouvaient vraiment être impressionnantes ! Aucun des quatre compère ne moufta et ils allèrent gentiment rejoindre leurs équipes respectives.

Dès qu’il fut allongé, Théophile fut à nouveau assailli par la question d’Aeryn et les réponses qu’il aurait pu y apporter. Après s’être retourné une dizaine de fois dans sa paillasse, il entendit Chef râler à voix basse.

« Castaing, tu te calmes ou je t’attache à cette saleté de paillasse. Tu va réveiller tout le dortoir... »

Conscient qu’il lui serait impossible d’accéder à la requête de son gradé, le borgne préféra quitter les lieux et s’éloigner du concert de ronflements. Ca ne changeait pas vraiment de la caserne, et pourtant ils lui semblaient insupportable ce soir. Aussi, il pris garde de bien attacher sa cape et chercha un endroit pour tenter de retrouver un semblant de paix intérieure.

Une fois dehors, il aperçu un grand chêne près des palissades. L’arbre avait déjà attiré son œil auparavant. Une de ses branche basse avait la même inclinaison et orientation que celle de son arbre préféré à Estaing. Celui où il aimait se réfugier quand il ne souhaitait pas être retrouvé. Seule Alice était parfois venue l’y déloger avec son tendre sourire. Bien qu’il soupçonnait sa mère d’être parfaitement au courant de sa cachette, mais elle l’avait toujours laissé faire.
Alors il ne résista pas plus longtemps. Faisant signe aux gardes pour ne pas les inquiéter de sa présence, Théophile escalada le chêne et pu prendre place à pas loin de trois mètres du sol. Adossé au tronc puissant, une jambe de chaque côté de la branche, c’était une position qui lui était familière. La sensation de l’écorce rugueuse sous ses doigt, le bruit du léger vent dans les feuilles naissantes, l’odeur de la mousse...C’était apaisant.

En observant le village, il tenta d’imaginer ce qu’était la vie ici il y a quelques années. Ses yeux s’étaient fermés tous seuls, et il n’eut pas la force de les ouvrir en sentant des petites pattes de furet grimper le long de son torse pour venir se cacher dans sa cape, près de son cou.

« Toi aussi t’avais besoin d’air mon p’tit pote ? Dors bien... »

Ce furent les dernières pensées cohérentes qui le traversèrent avant que la nuit et Rikni ne l’emportent.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyJeu 3 Mar 2022 - 14:20
Étrangement, cette nuit-là fut des plus calmes pour la mercenaire qui n'avait fait que bien peu de cauchemars. Aeryn s'éveilla bien tranquillement, juste avant que l'aube ne vienne teinter le ciel de ses lueurs dorées. Au moins pouvait-elle se satisfaire d'être suffisamment en forme pour travailler dans de bonnes conditions. Pourtant, hors de question pour elle de trainailler. L'auberge ne tarderait pas à se réveiller et la rouquine ne tenait pas particulièrement à être trouvée ici . Alors, sitôt fut-elle levée que la jeune femme s'empressait déjà à ranger sa paillasse tout en rassemblant ses quelques affaires. Fin prête, elle ouvrit la porte de la pièce et fut bien surprise de ne pas retrouver sa collègue de l'autre côté. Pourtant, Lili avait bel et bien passé la nuit à cet endroit, l'adolescente n'ayant point débarrassé sa paillasse, laissée sur place. Soupirant, Ryn ramassa le tout avant d'aller déposer l'ensemble à l'endroit désigné.

Tout était encore calme, un instant de paix que la mercenaire savait apprécier à sa juste valeur. C'était justement cette atmosphère apaisée qui semblait tant lui manquer en ville. Marbrume grouillait de vie, de jour comme de nuit. Ce qui n'était évidemment pas le cas dans ces petits villages reculés soumis à un couvre feu des plus strict. Au fond, la jeune femme pourrait très bien se satisfaire de ce genre d'existence si l'ennuie n'était pas à tant redouter pour elle. À côté de cela, la fange ne représentait pas grand-chose.

En sortant, Ryn eut la surprise de croiser l'aubergiste qui semblait de fort bonne humeur. La bonne dame resta silencieuse, mais offrit un morceau de pain et de la viande séchée à la mercenaire qui se voyait déjà dévorer tout cela dehors.

À l'extérieur de la bâtisse, le silence ne se voyait brisé que par le bruit des pas des miliciens de garde et le chant des oiseaux. Aeryn déposa ses affaires à l'arrière d'un chariot et décida d'aller se promener. L'endroit n'était pas bien grand, signe que Sarrant n'avait toujours été qu'un village étape pour les voyageurs traversant autrefois le duché. Les gens d'ici devaient mener une vie des plus paisibles… Probablement trop pour une jeune femme comme Aeryn.

Errant sans but, la mercenaire finit par tomber sur une petite placette sans grande prétention. La disposition des palissades laissait sous-entendre que le lieu était jadis un peu plus grand et devait accueillir les petits rassemblements bien typiques de ce genre de village. Plus jeune, lorsqu'elle ne pouvait observer le monde qu'à travers les deux petites ouvertures offertes pas son heaume, Ryn adorait observer les gens s'animer durant ces nombreuses fêtes qui rythmaient la vie des villageois. Cette placette-ci avait dû en voir des festivités… Autrefois… À présent, l'unique forme de vie n'était nulle autre qu'un chêne. À sa taille, l'on pouvait aisément lui donner une bonne centaine d'années, voire même deux ou trois, tant le tronc était large et robuste. Il s'agissait d'un très bel arbre qui avait de quoi ravir les enfants du coin avec ses branches basses, mais épaisses, permettant d'y grimper aisément… Et, en parlant d'enfant, la jeune femme ne put s'empêcher de sourire en apercevant un Théophile endormi sur l'une des branches se trouvant dans les hauteurs de l'arbre…

Ne voulant pas prendre le risque de surprendre le milicien, la jeune femme décida de s'asseoir au pied de l'arbre pour attendre que résonne la cloche annonçant le repas. De temps à autre, son regard se portait vers les hauteurs, guettant le moindre mouvement annonciateur du réveil du borgne, le tout en avalant son petit déjeuner.

-Tu sais, lança-t-elle, taquine, une fois le moment venu. La prudence veut que lorsque l'on dort ainsi dans un arbre, on s'attache au tronc par la taille… Juste histoire de ne pas tomber… Un accident est si vite arrivé.

Elle resta assise là, continuant son repas en attendant que le milicien perché ne se décide à descendre. Une fois ce dernier de retour sur la terre ferme, la mercenaire se releva pour lui tendre la moitié de sa miche de pain et le reste de la viande.

- C'est pas encore la saison idéale pour dormir à la belle étoile, Castaing. Un nez rouge et coulant n'est pas très engageant aux yeux de ces dames. Il serait bien dommage que ce dernier te prive d'un bon lit… railla-t-elle en désignant le nez du jeune homme du bout de son doigt. Tu vois… Il est déjà bien rosé… C'est mauvais signe.


Revenir en haut Aller en bas
Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyJeu 3 Mar 2022 - 21:09
Les rayons du soleil vinrent lécher doucement le visage de Théophile, le réveillant de manière agréable. Un léger sourire fleurit sur ses lèvres, alors qu’il entendait un peu plus loin le village qui sortait doucement du sommeil, tout comme lui. Il bâilla et s’étira. La position n’était pas très agréable sur une aussi longue durée. Et pourtant, il avait vraiment très bien dormi. Le retour à l’air libre du comté sans doute.

Futé avait quitté les lieux, mais l’archer eu la bonne surprise de ne pas être seul dans le coin. Il jeta un coup d’œil plus bas mais il avait reconnu la voix de la mercenaire.

« Ne t’inquiètes donc pas pour moi. Je serais un bien mauvais archer si je n’étais pas capable de rester assis ici. Mais j’apprécie que tu t’en soucis. »

Le milicien fit passer ses deux jambes du même côté et s’attela à descendre de son perchoir. Il prit d’abord appui sur la branche sous lui, puis s’y accrocha avec ses bras avant d’atterrir devant la rouquine tel un acrobate. Il était clair qu’il avait l’habitude de ce genre d’exercice. Et même si cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas pratiqué, ça ne s’oubliait simplement pas. Grimper était ancré en lui depuis trop longtemps.

Quand Ryn parla au borgne de son nez rosé, il le frotta légèrement avant d’attraper ce qu’elle voulait bien lui partager en guise de petit-déjeuner. Il hocha la tête et la remercia. La cloche sonnait déjà et il n’aurait pas eu le temps d’aller jusqu’à l’auberge avant qu’il ne reste plus rien. Il croqua dans la nourriture avant de sourire.

« Un bon lit et de la bonne compagnie nous attendrons à Usson, c’est nettement plus accueillant qu’ici. La route n’est pas longue et nous pourrons profiter un peu des lieux avant le voyage de retour, mais tu as déjà du faire le voyage non ? Mon nez tiendra bien quelques heures. Au fait, tu sais, je n’ai pas vraiment compris ta question hier soir. Est-ce que... »

L’arrivée du Rouquin interrompis la question que son camarade allait poser.

« On va pas tarder à y aller, Chef se demandait si t’avais pas avalé accidentellement le laxatif de Grincheux. Il a dit que tu tenais pas en place hier soir et qu’après t’as disparu. »


Se rendant compte de la présence de la mercenaire, il lui fit un signe de tête en guise de salutation, alors que Théo resta bouche bée un instant. Puis ce dernier se révolta. Qu’est-ce ses crétins de camarades allaient encore lancer comme rumeur sur son compte...

« Non ! Vous ronfliez juste trop fort pour que j’arrive à dormir. »

L’autre milicien haussa juste les épaules, signe que ça lui importait bien peu. Il attendait juste que l’archer veuille bien bouger son arrière-train jusqu’à leur poste. Chef l’avait certainement missionné pour qu’il ne bouge pas sans être sûr de ramener le dormeur égaré. Dépité, celui-ci se rendit à l’évidence. Son moment privilégié avec Aeryn, et éventuellement les réponses qu’il attendait depuis plusieurs heures, était terminé.

« Et bien je crois que nous devrons reprendre cette conversation plus tard... »

Un soupir plus tard, les deux miliciens s’éloignaient de la mercenaire. Les chariots étaient déjà prêts à repartir. L’effervescence était palpable. Cette nuit à l’abri avait revigoré les corps et les âmes, et il était clair que tous attendaient avec impatience de retrouver un village avec un peu plus de vie. Ce voyage dans les marais était éprouvant pour tous, même si aucun incident n’était encore venu entacher la mission.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyVen 4 Mar 2022 - 10:37
Décidément, plus elle apprenait à le connaître et plus Ryn trouvait que le milicien ressemblait à un enfant...Un gamin quelque peu étrange, il est vrai, mais un gamin tout de même. Théophile semblait se complaire dans l'insouciance là où la mercenaire aimait se perdre dans l'inquiétude et le contrôle permanent. Il avait donc un petit quelque chose d'amusant. Un effet qu'il veillait probablement à provoquer chez les autres en guise de protection… Après tout, "personne ne se méfie réellement du bouffon de service", une leçon qui lui venait d'Elwin, son frère disparu et que la rouquine peinait encore à comprendre.

Point le temps de discuter ce matin-là. Tous devaient déjà reprendre la route. Le trajet vers Usson s'annonçait court - à peine une demie journée - et rien ne laissait supposer que celui-ci pouvait être perturbé d'une manière ou d'une autre. À son tour, Aeryn rejoignit les membres de sa meute déjà fin prêts.

- Où étais-tu ? lui demanda Braan tout en s'étirant. T'as loupé le repas.
-Je profitais du silence pour manger le petit déjeuner offert par l'aubergiste. Inutile de t'inquiéter donc ...
- Moi je sais où Rynette était, je l'ai vu... siffla Lili en sautillant sur place.
- Ah ?
- Elle était avec le milicien qui n'a qu'un oeil... railla la gamine tandis que la rouquine poussa un long soupir las.
- Ooooooh… Vous faisiez quoiiii ?
La mercenaire haussa un sourcil perplexe, peinant visiblement à comprendre le fond de la question.
-Bah rien… Que voulais-tu qu'on fasse ?
- Ô Rynette, petite Rynette, chantonna l'archer avant de placer un bras autour des épaules de de sa collègue. Tu es si naïve et innocente… Je peux t'expliquer deux ou trois petites choses si tu veux...
-Braan...grogna-t-elle entre ses dents. Si tu ne veux pas perdre ton bras, je te conseille vivement de le retirer de là...
- Bien ma dame, railla-t-il en levant les deux mains en l'air en signe de reddition tout en faisant deux pas en arrière. Mais il n'empêche que tu devrais faire attention...
-T'en fait pas pour moi, souffla-t-elle avant de s'éloigner.
- Je t'aurai prévenu, Ryn! s'écria-t-il.

La route reprit comme la veille. Le silence régnait toujours en maître et tout se déroula à merveille jusqu'à ce qu'un hurlement lointain mais familier se fit entendre. Il n'en fallait guère plus pour éveiller la peur chez les passagers que les gens d'armes tentèrent d'apaiser avec quelques paroles rassurantes, en vain. Impossible de localiser la créature qui devait se trouver suffisamment loin pour ne point inquiéter les plus téméraires des soldats… En revanche, pour ceux qui connaissaient réellement la Fange, ce cri guttural suffisait à éveiller leur méfiance. Les créatures ne semblaient pas aimer la solitude et se déplaçaient si rapidement pour que la distance qui les séparait soit brusquement réduite de manière inquiétante. Pourtant, il fallait avancer. L'on demanda aux archers de monter à l'arrière des chariots afin de leur offrir un meilleur angle de vue. Les autres s'agrippèrent à leurs armes, priant pour que Rikni les préserve d'une attaque.

Malgré la faible distance qui séparait Sarrant et Usson, cette partie du voyage semblait être la plus longue et la plus éprouvante pour l'ensemble des membres du convoi. Rikni devait être avec eux ce jour-là, car malgré la crainte ressentie, aucune créature ne vint à leur rencontre.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin aux portes du village, le soulagement illuminait chacun des visages faisant face aux palissades. Bon nombre des voyageurs se dirigèrent aussitôt vers le temple afin de remercier les Trois pour leur protection et leur bienveillance. Les autres, s'occupèrent de décharger les chariots en silence, harassés par ce voyage qui, malgré tout, avait été des plus éprouvant.

Une fois la tâche terminée, Aeryn put enfin s'étirer, faisant craquer sa nuque endolorie par la pression accumulée. Usson assurant une certaine protection, la mercenaire pouvait s'accorder un petit moment de détente sans avoir à s'inquiéter d'une attaque… Enfin, presque. Aussi, la jeune femme prit le temps de parcourir le village, seule, s'arrêtant dans les quelques boutiques ouvertes simplement pour passer le temps en attendant que le soleil se couche avant de rejoindre l'auberge.

L'ambiance à l'intérieur de celle-ci différait grandement de l'auberge de Sarrant. Des musiciens jouaient dans un coin, tandis que des demoiselles dansaient en sautillant sous le regard des hommes attentifs. Une partie d'entre eux étaient déjà en train de dévorer le contenue de leur gamelle, tandis que d'autres se contentaient de boire devant une table de jeu ou non. Les lames avaient pris place dans un coin, auprès des miliciens avec lesquels ils semblaient avoir lié d'amitié… Ryn, soupirant comme à son habitude, allait les rejoindre quand une imposante silhouette attira son attention. Il s'agissait d'un homme grand doté d'une carrure impressionnante. Des cheveux d'ébène, des yeux d'un bleu clair, un regard bienveillant éclairant un visage souriant et admiratif visiblement adressé à l'une des danseuse qui semblait particulièrement ravie de bénéficier de son attention… Et comment l'en blâmer, Kaël avait toujours été un très bel homme. Si beaucoup de ces dames semblaient préférer la sauvagerie d'Ivaad, les autres savaient apprécier la douceur de son aîné.

Aeryn ne bougeait plus, elle observait simplement encaissant bien difficilement les diverses émotions qui l'assaillirent toutes en même temps. Son frère ne l'avait pas encore vu… Trop occupé à admirer la jeune femme en fleurs et semblait ne danser que pour lui… La rouquine, quant à elle, se sentait bien merdique en cet instant … Triste, en colère, jalouse, heureuse, reconnaissante… La mercenaire le fixait sans pouvoir détacher son regard de ce frère qu'elle avait cru mort… Et puis, Kaël fini par détourner le regard de la danseuse pour enfin se rendre compte de la présence de sa petite sœur qui semblait être sur le point d'exploser. Il ne fallut pas plus de quelques secondes au mercenaire pour rejoindre la rouquine qu'il enlaça sans qu'elle ne le repousse. Au contraire, Aeryn lui rendit son accolade en y mettant toute la maigre force qui lui restait. Son corps entier tremblait sous l'émotion. Ses yeux bleus de chargèrent de larmes trop longtemps contenues, repoussées, méprisées…

-Bon sang, je suis si heureux de te retrouver...

De l'autre côté de la salle, la scène -probablement étonnante- était attentivement observée par les membres de la meute qui se demandaient très clairement qui pouvait bien être cet inconnu. Après tout, même si le nom de Kaël Monclar ne leur était pas inconnu,aucun d'eux ne l'avait rencontré auparavant…

- En voilà un bien chanceux, railla Braan tout en levant sa choppe.
- J'savais pas que Rynette avait un amoureux...
- Allons bon, cela ne nous regarde pas.









Revenir en haut Aller en bas
Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyVen 4 Mar 2022 - 18:50
Chef attendait le trublion numéro un de sa troupe de pied ferme, un pli soucieux et colérique à la fois. Aussi étonnant que ce soit, c'était tout à fait possible quand on devait essayer de gérer un phénomène comme Théophile Castaing.

« Ton visage a l'air bien reposé. Je me demande si une purge ne t'aurais pas fait du bien. »


« Merci de ta sollicitude Chef, mon transit fonctionne à merveille. Je t'en donnerai des nouvelles tout au long du trajet si ça te tiens autant à coeur. »

« Non, je m'en passerais très bien. Et d'entendre ta voix aussi au passage... »

Le signal de départ fut donné peu après et chacun se mit à sa place, effaçant toute trace d'amusement. Tous savaient qu'Usson n'était plus loin, et l'impatience se faisait sentir. La peur pris le pas lorsque des fangeux se firent entendre au loin. Comme ses camarades archers, Théo fut invité à monter sur les chariots pour prévenir au mieux une attaque.
Il grimpa prestement et se stabilisa, un genou à terre et l'autre relevé, il banda son arc, une flèche prête à partir immédiatement. Alerte, il fixa la forêt durant le reste du trajet et jusqu'à ce que la chariotte soit arrêtée dans le village.

Le déchargement fut vite réglé. Les marchands habitués à la navettes avaient déjà leurs marques et leurs contacts ici, l'aide des miliciens n'était pas requise. Pour ceux dont c'était le premier voyage, on distinguait tout d'abord un net soulagement. Pour certains, le moment était plus émouvant, celui des retrouvailles avec de la famille longtemps perdue de vue. Ce qui fut le cas de sa petite protégée.

Voyant que les miliciens cherchaient avant tout à manger ou dormir, le borgne profita de ce quartier-libre pour aller prendre un bain rapide et surtout filer vers une maison où il savait qu'il trouverait de quoi contenter son envie de chair douce et chaleureuse. Ce soir, les filles seraient bien trop sollicitées et elles essaieraient de monter les prix. Il avait déjà vu le phénomène se produire....Autant donc économiser et s'y rendre de suite. Et puis, il avait été un adepte des siestes crapuleuses avec Alice.
En cette heure, lorsqu'il fut sur son lieu de débauche, il se retrouva avec un large choix de demoiselles à honorer. Les heures suivantes furent dédiées à une certaine Lydia, pulpeuse brune aux formes généreuses. Les deux amants passèrent cette fin d'après-midi à prendre soin l'un de l'autre, à l'abri du monde derrière les volets clos.

En fin de journée, Théophile quitta enfin la petite chambre qui l'avait accueilli. Un sourire au lèvres, il ne fit aucun effort pour coiffer ses cheveux, ni arranger correctement sa tenue, ni faire plus que la toilette sommaire que Lydia l'avait aidé à faire. Personne ne pouvait ignorer d'où il venait, et ça lui était complètement égal. L'homme était de bonne humeur . Ne manquait à ce soldat qu'une bonne bière, un bon repas et une partie de dés.

En arrivant dans la salle de l'auberge il chantonnait :

Jeanneton prend sa faucille
La rirette, la rirette,
Jeanneton prend sa faucille, pour aller couper le jonc,
En chemin elle rencontre
La rirette, la....Rynette ???


Abasourdis, il vit la mercenaire serrer dans ses bras un grand homme aux cheveux noirs. Ryn...serrait, un homme ! Dans ses bras ! Est-ce que c'était ce couillon sans nom qui lui avait brisé le cœur ? Le dit couillon était, au passage, sacrément bien charpenté en muscle...ce qui n'empêcherait pas Théo de lui dire ce qu'il pensait, quitte à prendre un ou deux coups. Ce ne serait pas les premiers, ni les derniers...Comment pouvait-on promettre à une fille monts et merveilles et puis la laisser tomber comme une vieille chaussette, cassant son coeur et son estime d'elle ?

Et bien il en aurait sans doute bientôt la certitude, car encore une fois, l'entrée du borgne ne s'était pas faite sans fracas. Sa chanson était bien connue du petit peuple, et la consonance si semblable des termes, qui l'avait lui-même enduite en erreur, avait fait pouffer certains dans l'audience. Il y avait peu de chances que le tout nouveau humour de Ryn puisse comprendre qu'il n'avait pas fait exprès...Seuls les Dieux pourraient désormais intervenir en sa faveur.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyVen 4 Mar 2022 - 20:48
-La… Rynette? souleva Kaël en haussant les sourcils pour mieux observer Théophile, le détaillant de pied en cape avant de se tourner vers sa sœur. Il parle de toi ?
-J'ose espérer que non, railla-t-elle tout en observant le milicien. Serais-tu déjà ivre ?

Ivre sans doute, mais probablement pas à cause de l'alcool si l'on devait juger le milicien par sa tenue dépenaillée ainsi que celle de la jeune femme qui apparu soudainement dans son dos.

-Hm… Je comprends mieux, affirma-t-elle d'un ton narquois avant d'entraîner son aîné un peu plus à l'écart dans l'espoir de pouvoir s'entretenir avec lui, loin des oreilles indiscrètes et des chansons déplacées.

Lui prenant la main pour le guider, la jeune femme jeta son dévolus sur une petite table ronde dressée dans un angle oublié de la pièce. Tout deux s'installèrent sans se défaire de leurs sourires ravis, ni même sans détourner le regard l'un de l'autre. Aeryn avait énormément de questions à lui poser… La première dû semblait particulièrement évidente puisque Kaël y répondit aussitôt.

-Il n'est pas là...
- Où est-il dans ce cas ? J'ai deux mots à lui dire ... affirma-t-elle tandis que son sourire se mua peu à peu en une grimace contrariée.
-À l'étage, il se repose...
- Dans les bras d'une demoiselle, je suppose, pouffa-t-elle, amère.
-Non, Ryn… Il est seul dans sa chambre. Nous avons eu… quelques soucis.
- Comment ça ? demanda-t-elle finalement, décidant de laisser son amertume de côté pour mieux écouter le récit de son frère.

Kaël lui expliqua que la mission qui les avaient mené au Labret, bien des mois auparavant, s'était bien mal déroulée. La Fange, ce fléaux, avait attaqué leur convoi, tuant la plupart des hommes et des femmes de la caravane, blessant les deux frères, Ivaad tout particulièrement.

À ces mots, Aeryn se leva d'un bond, prise d'inquiétude pour ce crétin de frère qu'elle avait pourtant maudit si souvent et qui, aujourd'hui encore, souffrait en silence à l'étage. Kaël, plus posé, la poussa à se rasseoir doucement avant de poursuivre.

- Il va bien, ne t'en fait pas… Enfin, disons qu'il se porte beaucoup mieux à présent...
- Pourquoi ne pas être rentrés à Marbrume dans ce cas ?

Le sourire de son aîné fut brusquement obscurci, se teintant d'une pointe d'amertume vraisemblablement mêlée au regret. Son regard soudainement éteint se plongea dans la contemplation de la bière qui remplissait la choppe à laquelle il n'avait pas touché.

- Mais enfin, pourquoi ne réponds-tu pas ?! s'écria-t-elle brusquement.

Néanmoins, en guise de réponse, Kaël se contenta seulement de relever sa manche afin de la laisser trouver la réponse toute seule.

- Non... souffla-t-elle en observant l'ignoble marque que l'on avait apposé sur la peau de son frère… Lui aussi ?

En silence, le mercenaire acquiesça en souriant bien humblement. Ses frères étaient de nouveau des rescapés… Mais des rescapés que Marbrume la grande méprisait et rejetait.

- Nous avions envoyé quelqu'un en ville pour te prévenir, un marchand qui faisait régulièrement la navette… Mais il nous a dit que tu avais intégré la Compagnie des Lames… Celle-ci étant dissoute, nous nous sommes dit que les informations dataient de plusieurs mois et que… Peut-être... murmura-t-il en serrant ses mains dans les siennes.
- Non… Il a du mal comprendre ou peut-être qu'Hegbert s'est mal exprimé. J'ai effectivement intégré la guilde des Lames de Morgestanc…
- Ce qui doit expliquer la tenue, je suppose… Elle te va plutôt bien d'ailleurs... railla-t-il en se reculant un peu sur sa chaise comme pour mieux l'admirer. Rodrick serait fou de rage s'il te voyait ainsi… Quoique, non, je pense sincèrement qu'il serait enfin fier de sa fille...
- Je dois bien avouer que tes deux suppositions me font froid dans le dos, affirma-t-elle en faisant mine de trembloter ce qui ne manqua pas de faire rire son aîné, surpris mais ravis de voir sa chère sœur plaisanter sur un tel sujet. Je peux monter le voir ?
- Évidemment… Viens, allons-y, je t'accompagne, dit-il en se levant avant d'escorter sa cadette tout en posant une main dans son dos. - Je suis heureux de voir que tu n'es pas seule, déclara-t-il lorsqu'ils passèrent près de la table accueillant les autres mercenaires et les miliciens qu'il salua d'un hochement de tête poli. Tu arrives à t'entendre avec des miliciens à présent?
- Plus ou moins, répondit-elle tout en observant Théophile. Disons que je fais des efforts...

Un nouveau éclat de rire de Kaël ponctua leur ascension vers l'étage où il guida sa sœur jusqu'à une petite chambre. Dans cette dernière se trouvait un Ivaad ivre d'un alcool sans aucune joie ni malice… Le mercenaire souffrait de son état et plus particulièrement de cette inactivité imposée par sa blessure à la jambe déjà presque guérie, mais pas suffisamment pour lui laisser la possibilité de quitter ce village. Mais qu'importe, en voyant sa sœur entrer dans la pièce, la tristesse laissa place au bonheur de la retrouver en vie. Qu'importe leurs différents après tout : une famille restait une famille, quoiqu'il advienne.

******

En bas, les discussions allaient bon train. Les tables avaient été débarrassées des gamelles depuis longtemps vidées de leurs contenus. Certains jouaient aux dés, d'autres discutaient. La vie suivait son cours.

- Je m'ennuie... soupira Lili tout en s'allongeant à moitié sur sa table. Qu'est-ce qu'elle fait Rynette ? Ça fait longtemps qu'elle est montée avec son amoureux...
- Euh... bafouilla Braan tout en lançant un regard implorant à Corin, comme si ce dernier pouvait enfin ouvrir la bouche pour lui venir en aide. Le mercenaire balafré resta évidemment aussi silencieux qu'à son habitude, laissant l'archer se débrouiller avec ses mensonges. Ils doivent discuter ... voilà tout...
- Discuter ? C'est ce qu'ils faisaient déjà avant de monter… T'en pense quoi toi ? demanda-t-elle à Théophile avant de glisser dans sa direction. Qu'est-ce qu'ils peuvent faire là-haut, hein ?
- Ça suffit, Lili. Je l'ai déjà dit, cela ne nous regarde en rien. Aeryn est une adulte, elle a bien le droit que faire ce qu'elle veut...
- Mais… Lili veut savoiiiiiir, râla la gamine avant de disparaître sous la table comme si le sol venait de l'aspirer.

Au même moment, la fameuse rouquine finit par redescendre pour rejoindre les lames.

- Belles retrouvailles ? la taquina Braan tout en levant sa choppe dans la direction de sa collègue.
-Une belle surprise, en effet… répondit-elle sans avoir la moindre conscience des allusions dissimulées derrière la question de son collègue. Braan...
- Ouiiii Rirette euh… Rynette ? rétorqua-t-il en agitant sa choppe avant de boire une gorgée… absente.
-Elle est vide, ta choppe...
- Ah ? Ah bah oui, tiens… Elle est vide...
-Je … Je vais aller prendre l'air, hein... dit-elle juste avant de s'éloigner, visiblement mal à l'aise.
Revenir en haut Aller en bas
Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptySam 5 Mar 2022 - 10:56
Théo tourna la tête et eut la surprise de voir Lydia. Il avait cru qu’elle serait restée dans sa chambre. La prostituée lui sourit.

« Je viens trouver d’autre clients mon chou. A moins que tu ne veuille remettre le couvert. »

Le borgne regarda la rouquine s’éloigner avec cet homme, celui qu’elle tirait avec elle loin d’eux tous. Il fut alors tenté de retourner dans la douceur de ses bras. Aucun dilemme ne s’imposait à lui quand ses lèvres sillonnaient la peau laiteuse de la belle-de-nuit. Il ne pensait pas avec quelle facilité cet homme avait apporté le sourire sur le joli visage de la mercenaire alors qu’il savait qu’il lui avait brisé le coeur. Elle ne croyait plus en l’amour à cause de lui et visiblement elle lui pardonnait...Car même si elle ne l’avait évoqué qu’avec une petite phrase, ça avait été plutôt évident qu’il avait fait des dégâts chez une jeune fille qui lui avait fait confiance.
L’archer savait comprendre quand la défaite était devant ses yeux. Aeryn n’avait pas oublié l’amour qu’elle lui vouait, le pardon lui semblait bien facile pour ce type…

Théophile alla plutôt chercher une bière et un repas, puis alla rejoindre sa coutilerie. Tous le fixèrent et il se contenta d’un hochement d’épaule avant de s’asseoir. Bien entendu, cela aurait été bien trop simple…

« Alors, comme ça, elle en a déjà un autre ? »

Chef ne leva même pas la tête pour l’interroger, mais clairement la question était pour lui. Le Coutilier avait attendu qu’il soit installé pour parler.

« Pourquoi vous me demandez ? J’en sais rien... »

« Et ça ne te pose pas de problème ? »

Puceau paierait tôt ou tard pour venir l’asticoter ainsi...

« Non ! »

Si ! Bien sûr que c’était un problème ! Mais il préférait répondre ce « non ! » outragé que de l’avouer...Sinon ils lui en feraient voir de toutes les couleurs et il ne pourrait pas profiter de son repas. Il avait besoin de retrouver des forces après tout...Alors, il les laissa baver en restant, pour une fois, silencieux.

Les mercenaires étaient également de vraies pies et le milicien finirait sans doute par perdre patience. Etaient-ils obligés de commenter la vie amoureuse de Ryn tout le long du repas ? Alors qu’à priori tout le monde savait qu’elle lui avait mis un râteau. Etait-ce si drôle de venir lui agiter devant le nez qu’un autre avait mieux réussit que lui ? Heureusement, la seule qui vint à nouveau le questionner fut Lili. Sa voix enfantine fit retomber cette espèce de jalousie mal placée. En réalité, il était plutôt un peu triste de ne pas avoir pu afficher ce sourire sur le visage de la rouquine. Il soupira .

« Ce qu’ils peuvent faire ? C’est leurs histoires Lili. Si Rynette est heureuse c’est tout ce qui compte non ? »

A ce moment là, le sujet principal du débat se présenta devant ses camarades avant de sortir. Elle n’était pas resté longtemps devant la table, et cela sembla étrange à l’archer. La jeune femme n’avait même pas mangé...et puis elle était redescendue seule. Son compagnon descendit les escaliers quelques minutes plus tard, l’air bienheureux. Lui n’avait pas l’air d’avoir de problèmes existentiels...C’était rageant qu’encore une fois ce soit Aeryn qui soit la seule à souffrir de la situation.

Théophile savait qu’il ne pourrait pas escompter d'aide des Lames pour régler ce genre de problèmes. Après tout, ils n’avaient rien fait à l’auberge la veille. Pat considérait probablement que c’était encore quelque chose que sa pupille devait régler elle-même. Mais savait-il ce que la vie avait réservé à cette jeune femme ? Pour partie c’était sûr qu’elle avait dû lui révéler. Cependant il aurait été étonnant qu’elle lui expose ce que son armure cachait et que seul l’alcool l’avait aidé à divulguer.

Alors, ne pouvant visiblement compter que sur lui-même, le borgne se leva et se stoppa devant le bellâtre. Son index vint s’enfoncer dans la poitrine de celui-ci et il le fixa d’un air sérieux.

« Toi...tu lui brise le coeur, tu la laisses tomber et tu reviens comme une fleur ? Ne t’avises pas de la blesser à nouveau. »

Sans lui laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit, Théophile alla rejoindre la rouquine à l’extérieur, laissant son repas livré à lui-même.
Il trouva la jeune femme debout quelques mètres plus loin, dos à lui, en train de regarder les étoiles. Il s’approcha d’elle et s’adressa à elle de manière un peu plus posée.

« Ryn...Tout va bien ? Je sais que je n’ai pas toujours l’air très fiable mais je sais parfois écouter sans l’ouvrir. »


Que ce soit pour commenter ou alla caqueter, Théo savait être aussi silencieux qu’une tombe. Il avait déjà été l’épaule solide d’Alice pendant des années, alors qu’elle était mise de côté et parfois maltraitée par certains enfants. Aeryn était peut-être déjà prise, il n’en restait pas moins qu’il l’aimait bien et qu’il pouvait être son ami. L’archer ne comptait par jouer avec elle, il l’avait déjà compris bien avant qu’ils ne se lancent des saloperies au visage. Elle méritait plus, et il était prêt à l’aider à trouver le bonheur. Alors il lui fit un sourire qu’il espérait engageant pour qu’elle lui confie ce qui lui pesait.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptySam 5 Mar 2022 - 14:30
Même s'il en fut particulièrement surpris - la menace de Théophile sitôt suivie par sa fuite - arracha un grand sourire au mercenaire qui ne put s'empêcher de vouloir en savoir un peu plus.

Dehors, Ryn profitait de l'air frais pour réfléchir. Ces retrouvailles changeaient beaucoup de choses pour la jeune femme qui devait prendre une décision. Quitter les Lames pour rester auprès de ses frères ou abandonner sa famille pour continuer de mener sa petite vie dans son coin. Un choix des plus cornélien qui nécessitait du temps et un recul suffisant pour être certaine de prendre la bonne décision. Un recul, que Théophile sembla vouloir lui refuser.

-Hein ? demanda-t-elle, étonnée par tant de sollicitude de la part du milicien qui semblait … inquiet ? Bien-sûr que je vais bien… C'est quoi cette question ?
-Je crois que ton "ami" se fait des idées, railla le mercenaire, visiblement très amusé par la situation. Il vient de me menacer… Enfin, en tout cas, cela ressemblait énormément à une menace...
-Te menacer ? répéta-t-elle en prenant un air des plus ahuris. Pourquoi donc?
-Apparemment, quelqu'un t'aurait brisé le cœur et,visiblement, ce jeune homme pense que ce serait moi… Il semblerait donc que vous ayez à discuter tous deux… Et autant te dire que je suis également curieux de connaître cette histoire, moi aussi.

Toujours aussi souriant, Kaël se dirigea vers le milicien. Une main ferme se posa sur l'épaule du soldat tandis que le mercenaire vint lui murmurer à l'oreille.

-Je suis content que Ryn se soit fait des amis, même parmis des gens de ta classe… Mais, permets moi de te renvoyer tes menaces, milicien… Moi aussi, je me soucie d'elle, figure-toi.
-Hey, c'est pas bientôt fini ces messes basses ! gronda la rouquine.

Kaël récupéra sa main, adressa un dernier sourire au milicien avant de les laisser seuls… La jeune femme, humiliée, serra les dents en attendant que son frère se soit suffisamment éloigné pour ne pas l'entendre…

-Fait chier… Viens avec moi, toi... grogna-t-elle avant de saisir le poignet du jeune homme pour l'entraîner loin de cette auberge de malheurs et des oreilles curieuses se trouvant à l'intérieur…

Elle marcha sans réfléchir, cherchant simplement un endroit calme et reculé afin de pouvoir s'exprimer plus librement. Une fois qu'elle eût trouvé l'endroit idéal, la rouquine relâcha le milicien avant de se tourner vers lui.

- Pourquoi fallait-il que tu lui parles de ça hein? Tu t'es pris pour qui, au juste ? gronda-t-elle tout en posa un doigt colérique sur le torse de Théophile. Il ne va plus me lâcher maintenant, c'est sur … P'tain...

Oh, nul doute que son aîné ferait tout à présent pour lui tirer les vers du nez. Elle qui avait toujours veillé à garder cette histoire secrète pour mieux s'en défaire, voilà qu'elle se retrouvait dans une position particulièrement inconfortable.

-Tu te rends compte que je suis arrivée à lui cacher tout ça pendant des mois… Des mois, tu entends ?! Et toi, tu te pointes comme une fleur et tu reduits tous ces efforts en miettes, juste comme ça... dit-elle tout en ponctuant ses paroles d'un claquement de doigts. Mon cœur n'est pas brisé, Théophile, d'accord… Et même si c'était le cas, je ne vois pas en quoi ça te regarde... soupira-t-elle tout en haussant les épaules, les paumes dirigées vers le ciel. Je vais bien, d'accord… Plus que bien même. J'avais simplement besoin de prendre l'air pour réfléchir tranquillement… Et maintenant je vais devoir supporter un interrogatoire dont, honnêtement, je me serai bien passée... affirma-t-elle tout en affrontant le regard du milicien, les poings à présent posés sur ses hanches. Elle l'observa quelques secondes avant de se mettre à faire les cents pas, signe de sa grande nervosité.

Parler de Finn restait douloureux, même si, finalement, la mercenaire se semblait plutôt bien se remettre de cette séparation. Tout ce qui restait à présent de cette bien brève histoire "d'amour" n'était qu'interrogations qui resteraient à jamais sans réponses. Elle ne mentait pas, son cœur n'était pas brisé, seulement meurtri, blessé, à l'image de son égo qui lui, peinait à se relever.

-En même temps, c'est ma faute, j'aurais jamais dû te parler de ça, soupira-t-elle tout en passant une main dans ses cheveux.J'ai été stupide, je le reconnais… Et maintenant je vais devoir le supporter lui et ses questions à la noix parce que tu peux être certain qu'il voudra absolument tout savoir…raaaah… Mais pourquoi tu as fait ça, bon saaaang, grogna-t-elle avant de saisir le milicien au col pour le forcer à la regarder dans les yeux. Tu dis que tu sais te la fermer quand il le faut… Mais c'est à croire que tu en es incapable...
Revenir en haut Aller en bas
Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyDim 6 Mar 2022 - 9:55
C’était à ne rien y comprendre. Ryn qui en fait allait bien, l’autre gars qui arrivait tranquillement, tout sourire, racontant que Théo se faisait des idées. Pourtant il venait bien de lui avouer à l’oreille qu’il tenait à elle et il le menaçait. Quel était leur délire à tous les deux exactement ? Tout leur semblait naturel...ne se rendaient-ils pas compte que pour le commun des mortels il y avait quelque chose de bizarre dans tout ça ?

Le borgne ne put comprendre que lorsque la rouquine le traîna à part et commença à déblatérer. Donc, il était le problème... Si il avait juste voulu aider son amie, il était fautif ! Si il s’inquiétait alors qu’elle minaudait, il était le coupable !

« C’est ce type qui se pointe comme une fleur ! Tu lui sourit, tu disparais avec lui et quand tu redescends tu fuis dehors. Excuses-moi de trouver ça étrange, et je ne suis pas le seul ! Même tes propres camarades n’en revenaient pas ! Tu passes ton temps à éloigner les gens, et là d’un coup, ce mec a droit à un câlin ? »

Ca ne sentait pas du tout la jalousie ce discours...il était temps de se calmer. Le borgne pinça son nez puis soupira. Ryn aussi était agitée, et la dernière fois qu’ils avaient tous deux été dans cet état, le résultat n’avait pas été fameux.

« Ecoutes, si je vois qu’on fait du mal à une femme, encore plus si je l’aime bien, je ne peux rester sans rien faire. Même si elle me dit que ce n’est pas mes affaires. »


Les Dieux, dans leur grande clémence envers les parents Castaing, avaient doté Théophile d’un frère. Si une petite sœur avait vu le jour, nul doute qu’il aurait été ce genre de frère étouffant et surprotecteur. Le borgne avait déjà demandé au Dieux si son caractère, parfois un peu excessif, était la cause de l’infertilité de leur amour à Alice et lui. Malheureusement, aucune réponse ne lui était jamais parvenu. De toute façon c’était trop profondément ancré en lui pour qu’il puisse changer aussi facilement.

« Et la douleur la plus grande n’est pas celle faite par les coups. On ne va pas refaire toute notre discussion de l’autre fois, mais les hommes t’ont fait bien assez de mal. J’ai cru que c’était le cas là aussi d’accord ?! Si ce type t’en fais voir, tu pourra compter sur moi. Après tout, comme tu l’as dit c’est ma faute, je ne vais pas me défausser. »

Même si il connaissait bien évidement le vainqueur en cas de combat à mains nues. La grosse paluche qui avait accroché son épaule plus tôt était suffisamment convaincante…Sa voix était visiblement habituée à intimider autrui, l’archer n’avait détecté aucune hésitation, aucune fluctuation dans le ton de l’homme.

« Je te demande une seule chose Aeryn. Ne remets pas en cause ma parole. Si je te dis que je sais supporter les confidences quand il le faut, c’est que je l’ai déjà fait. »


Il avait parfois été dur de taire certains secrets. Pourtant, lorsqu’il avait juré son silence, il l’avait toujours respecté. Seuls les Dieux avaient été les témoins de ces moments, le mettant parfois à l’épreuve. Ces secrets partiraient dans les flammes avec lui, ou lorsque leurs propriétaires le libéreraient de ce serment.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyDim 6 Mar 2022 - 16:48
Aux yeux de la mercenaire - dont les mains se trouvaient toujours accrochées au col du milicien - les propos du miliciens semblaient quelque peu décousus. Impossible pour elle de savoir s'il s'agissait là d'un simple constat ou bien de reproches purement déplacés. Ses fréquentations, la nature même de ses rapports aux autres, ne le regardaient en rien après tout. Pas plus que cela ne concernait ses collègues. D'ailleurs, Théophile était le seul à être sorti après elle, personne d'autre ne l'avait suivi à l'extérieur. Preuve qu'ils devaient bien se ficher de toute cette histoire, à raison.

- Mais… Qu'est-ce que tu racontes ? demanda-t-elle plus calmement, lâchant le vêtement pour s'éloigner de quelques pas.

La colère de cette trahison ainsi que la peur à l'idée de devoir affronter les questions de son aîné semblaient avoir totalement disparu et ce, au profit d'une profonde incompréhension.

-Personne ne m'a fait de mal, voyons… soupira-t-elle en passant une main lasse dans ses cheveux, un main qui cessa tout mouvement lorsqu'un propose en particulier lui revint en mémoire. Une phrase qu'elle avait tout bonnement éludée, supposant qu'il s'agissait d'une simple généralité avant qu'elle ne réalise que cela lui était directement adressée.


" Ecoutes, si je vois qu’on fait du mal à une femme, encore plus si je l’aime bien, je ne peux rester sans rien faire. Même si elle me dit que ce n’est pas mes affaires. "


- Attends… T'es en train de me dire que tu essayais de me protéger parce que tu m'aime bien là ? demanda-t-elle, l'air ahuri tout en se pointant elle-même du doigt. Pourquoi ?

Peut-être avait-elle mal compris après tout. Comment pouvait-il éprouver la moindre amitié envers une femme qui ne cessait de l'insulter, de le repousser et de le menacer. Peut-être même l'avait-elle déjà frappé, même si elle ne se souvenait pas vraiment de l'avoir fait. Néanmoins, connaissant son caractère et son impulsivité, la possibilité n'était pas pour autant à rejeter.

-Peu importe, soupira-t-elle en balayant ses propres interrogations d'un geste de main. Savoir ce qu'il pouvait ressentir ou non n'avait pas la moindre importance aux yeux de la rouquine qui ne souhaitait toujours pas s'attacher à qui que ce soit. Je vais bien, vraiment… Je sais bien que tu dois te moquer de moi et de mon besoin de me débrouiller seule, mais j'en suis tout à fait capable. Si tu veux me prêter main forte si je me retrouve un jour dans la merde, et je parle uniquement de ma vie, j'accepterai ton aide sans sourcilier… Pour le reste, c'est à moi de gérer.

Ses mains avaient beau être posées sur ses hanches, rien dans l'attitude de la mercenaire ne laissait supposer une certaine agressivité de sa part. Elle était calme, posée et essayait sincèrement de se faire définitivement comprendre par le milicien.

- Écoute, je sais bien que cela ressemble à de la fierté déplacée, mais ce n'est pas le cas. J'ai passé toute ma vie à bêtement obéir sans me poser de questions, à devoir étouffer ma personnalité et ma nature simplement pour mieux servir mon père… À présent, je fais de mon mieux pour savoir ce que je suis… Qui je suis. Je dois apprendre à gérer mes émotions et à les comprendre… Crois-moi, c'est un sacré fouillis là-dedans, railla-t-elle tout en désignant sa tête. mais j'essaie tant bien que mal de faire du tri et ce n'est pas toujours facile. C'est même catastrophique la plupart du temps. Mon père pouvait bien avoir tous les défauts du monde, il avait au moins raison sur une chose : "Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort."

Doucement, elle sourit, les yeux baissés vers le sol, se souvenant de toutes les épreuves qu'elle avait dû affronter en quelques années. Peut-être était-ce pour cette même raison qu'elle s'était jetée ainsi, tête baissée, vers le danger comme pour essayer de s'endurcir toujours un peu plus… Ou peut-être était-ce simplement une preuve de sa folie et de sa stupidité.

-Finn, souffla-t-elle, un sourire amer sur les lèvres. C'est le nom de l'homme dont je t'ai parlé… Il m'a grandement aidé, à sa manière. J'ai souffert de sa disparition, c'est vrai… Mais pas parce qu'il n'était plus là… Simplement parce qu'il m'a privé de la moindre explications sur ce que j'ai pu dire ou faire pour le faire fuir. J'aurai aimé le savoir. Avec le recul, je suis incapable d'affirmer que je l'ai sincèrement aimé… Sans doute que si, mais probablement pas de la "bonne" manière, j'en sais foutre rien. En tout cas, ce qui est fait est fait et je n'ai la moindre envie de m'enfermer dans un passé que je ne pourrai jamais changer. Je préfère essayer de me concentrer sur l'avenir, aussi incertain soit-il, parce que c'est encore le meilleur moyen d'avancer.

Finn lui avait fait ressentir bien des choses. Certaines pouvaient même se rapprocher un tant soit peu du bonheur qu'elle n'avait jamais pourtant réellement connu. Cette relation n'avait finalement mené à rien et ne lui laissait qu'un arrière goût d'amertume.

-Et puis… Franchement, je suis bien trop rancunière pour enlacer un homme qui m'aurait ne serait-ce que contrariée, pouffa-t-elle, finalement. Kaël n'est pas n'importe quel homme. Et il a beau compter énormément pour moi, il n'est pas plus habitué aux embrassades que les autres… Mais, vois-tu, je n'avais pas eu de ses nouvelles pendant des mois. je l'ai cru mort… Alors le retrouver ainsi à été un tel soulagement que… et bien, je n'ai pas pu résister. C'est tout. Et, puisque je réalise à présent que tu ne sais toujours pas qui il est : Kaël est mon grand-frère et probablement le meilleur homme que je connaisse. D'ailleurs, si tu veux saluer Ivaad, il se trouve justement à l'étage. C'est lui que je suis montée voir... finit-elle par avouer tout en souriant posant une main sur l'épaule de Théophile, en signe d'apaisement, avant de s'éloigner.

- Tâche de ne pas oublier que je suis une grande fille, milicien, dit-elle en se retournant. Ah et… J'allais oublier de te dire que la jalousie ne te va guère au teint… malicieuse, la mercenaire lui tira simplement la langue avant de s'en retourner.
Revenir en haut Aller en bas
Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyLun 7 Mar 2022 - 13:39
Théophile resta bouche bée face aux révélations d'Aeryn. Il ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle exprime avec autant de franchise et de sincérité ce qu'elle ressentait. Désormais, il comprenait mieux contre quoi elle se battait. Et son ennemi était le plus difficile d'entre tous, elle-même. L'archer savait qu'il aurait lui-même un paquet de choses à affronter, s' il voulait bien se donner la peine de se pencher sur la question. Mais à quoi bon ? Alice n'était pas là, ses parents non plus. Le seul qui lui restait était Alaric, et son frère le connaissait suffisamment pour qu'il n'ait besoin de changer. La vie lui convenait comme ça, même si ça ne plaisait pas forcément à tout le monde.

Le borgne ne pouvait que se rendre à l'évidence, son amie avait raison. Il devait la laisser se débrouiller toute seule avec ses histoires de coeur. La jeune femme semblait parfaitement consciente de ce dont elle avait besoin et comment y arriver. Ce n'est qu'une fois qu'elle se serait trouvée qu'elle pourrait s'ouvrir aux autres. Le changement de discours en un seul mois était déjà flagrant. Peut-être pourraient-ils tous deux jouir d'une bonne soirée et profiter d'un bon repas sans que les fantômes de son passé ne viennent la priver de ce simple bonheur.

« Je ne suis pas jaloux ! »

Aeryn était déjà plus loin, peut-être n’avait-elle même pas entendu. Mais le résultat était le même. Il se retrouvait seul, dans la fraîcheur nocturne, à ruminer sur ce nouveau râteau.

« Et bien Théo, c’est une grande réussite... »

Le milicien finit par se relever et retourner dans la chaleur de l'auberge, sous le regard de l'assemblée. Ils attendaient un potin croustillant, et pour sûr ce n'était pas Aeryn qui leur avait servi. Ils attendaient donc le dernier protagoniste, qui se contenta de hausser les épaules en soupirant.

« Les femmes... »

Cette citation semblait convenir aux hommes de la tablée, qui pour certains hochèrent la tête et pour d'autres retournèrent à leur pitance. Seule Lili ne semblait pas pouvoir se satisfaire de cette explication.

- Qu'est-ce qu'elles ont les femmes ?

« Tu devrais demander à Rynette, je crois qu'elle est repartie à l'étage. »

Théophile ne voyait pas la rouquine dans les parages, ni même Kaël. Elle avait dû retrouver ses deux frères. Puisqu'elle avait décidé de se débrouiller toute seule, qu'elle gère sa petite copine...le borgne lui avait un repas à terminer et une partie de dés incendiaire avait par la suite clôturé la soirée.

Le lendemain matin, après une nuit qui ne fut pas si mauvaise malgré les ronflements de ses camarades, le milicien eut la surprise d'apprendre que le convoi de retour était retardé, et qu'il ne partirait donc pas ce matin. A la place, ce fut la petite Ariane qui vint le trouver, toute affolée. Son ami à quatre pattes était introuvable, et aucun adulte ne l'écoutait. Certaine que Théophile la comprendrait, elle avait accouru vers lui, les yeux pleins de larmes. Et bien entendu, c'est un regard auquel le trublion ne pouvait que céder.

L'archer et la blondinette se mirent donc à la recherche du furet perdu, et Ariane ponctuait la discussion de détails concernant ce qu'il s'était passé avant la fuite du bestiau. Le boucher du village l'avait menacé de le découper et le transformer en pâté si il tournait encore autour de son atelier ou son étal. Visualisant le personnage, aucun doute, il ne plaisantait pas. Ce bonhomme préférait clairement les bêtes mortes plutôt que vivantes...toute les bêtes sans exception...Le duo décida d'aller faire un tour à l'auberge, assez calme en cette heure-ci, et qui fournissait un nombre incalculable de cachettes.

Ils se trouvaient dans le couloir des chambres quand du bruit se fit entendre de la pièce suivante. Ariane se précipita et ouvrit la porte en criant.

« Futé ! Futé! »

« Attends Ariane ! Tu devrais frapper...

Le borgne la suivit et se retrouva dans ce qui semblait être la chambre des Monclar. Les deux frères et la soeur regardèrent en direction de la fillette, puis du borgne. Le silence régna pendant quelques secondes. Puis le boucan recommença et Théo pu apercevoir le furet sur une étagère, se cachant parmi les affaires des mercenaires. Le mustélidé avait dû passer par la fenêtre ouverte. Vu comme il regardait Ivaad, celui-ci n'avait pas dû lui faire un bon accueil. Etant donné qu'ils avaient déjà franchi l'intimité des Monclar, l'archer n'hésita donc pas à s'avancer vers l'étagère pour y attraper le furet.

« Viens par là mon p'tit gars, personne ne va te transformer en pâté. »

Le grand milicien pu le prendre par le cou et le tint fermement.

« Tu n'es pas assez gras encore pour ça. »

D'un coup, la bestiole se dandina, comme pour échapper à la prise qui le maintenait prisonnier.

« Je plaisante, personne de censé ne voudrait te manger, les furets n'ont pas bon goût. »

Ce qui, étonnamment, parut calmer Futé, qui n'alla pas rejoindre Ariane, mais alla plutôt se réfugier derrière la nuque du milicien. Il jetait toujours un regard sombre à Ivaad et sa pose se faisait plus assurée maintenant qu'il était sur ce grand homme. Un observateur attentif aurait presque pu dire qu'il le défiait, du haut de petites pattes blanches et noires.

Théo posa une main rassurante sur la tête d'Ariane, qui s'était elle aussi cachée derrière lui. Ses petites menottes serraient son pantalon et seul le haut de sa tête et ses yeux dépassaient pour observer avec fureur celui qui avait fait peur à son ami.

« Théo, tu es sûr que le méchant monsieur ne va pas faire de mal à Futé ? »

« Et bien... »

A vrai dire il n'aurait pu l'assurer à l'enfant. Le mercenaire lui avait fait une forte impression lors de leur rencontre...impromptue et le milicien avait bien peur que l'homme colérique puisse en effet s'en prendre à l'animal. Puis la présence de Ryn lui semblait être la solution.

« Regardes, Ryn est là. Je suis sûr qu'elle aurait protégé Futé, n'est-ce pas ? »

Il jeta un regard suppliant à Aeryn, espérant qu'elle dise quelque chose pour rassurer la petite. Et surtout pour éviter que son crétin de frère n'envenime les choses.

« Oui Ryn est trop forte ! Elle lui va lui botter les fesses ! »

La rouquine semblait donner du courage à la fillette, qui sortit de derrière les guiboles de son protecteur pour regarder son héroïne avec sérieux. Il n'était pourtant pas sûr que cette preuve de confiance ait l'effet escompté auprès du méchant monsieur.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 EmptyLun 7 Mar 2022 - 15:25
Aeryn l'avait bien compris, s'énerver ne servirait à rien pour se faire comprendre par le milicien. L'homme aurait pourtant dû réaliser que la mercenaire ne voulait pas de son amitié pas plus qu'elle ne désirait celle d'un autre. Aussi, en changeant brusquement d'attitude et en prenant grand soin de formuler ce qu'elle était parvenu à identifier chez elle, Ryn avait espéré que Théophile cesse de vouloir ainsi s'entêter. Comment pouvait-il l'apprécier après tout ? À moins qu'il ne se révèle être un crétin fini, cela lui paraissait bien impossible.

Cette conversation étrange achevée, la rouquine devait se préparer à en affronter une autre. Et si elle avait naïvement espéré n'avoir à s'entretenir sur le sujet qu'avec Kaël, la jeune femme réalisa bien vite que la plus stupide ici n'était nulle autre qu'elle-même. À peine fut-elle de retour à l'auberge que son frère l'invita à la rejoindre à l'étage. Apparemment, le linge sale devait absolument se laver en famille et Ryn n'allait pas échapper à la lessive.

-Alors… Est-ce que ton "ami" a réussi à se calmer ? le demanda Kaël tout en s'asseyant sur sa paillasse, un sourire amusé illuminant son visage.

Si Aeryn n'avait pas apprécié sa manière de prononcer le mot "ami", ce fut également le cas d'Ivaad qui, même totalement ivre, parvint à se redresser sans peine pour mieux observer sa petite sœur.

-Hein ? T'as des amis toi ? lui cracha-t-il au visage, affichant un air méprisant voire même dégoûté.
-Non... rétorqua-t-elle, mâchoires et poings serrés.
- C'est bien c'que je pensais. T'sais même pas ce que ça veut dire "a-mi-tié". T'es seulement une abrutie sans cervelle. Tu sais rien faire par toi-même. Au mieux tu te sers des gens avant de les jeter… Au pire tu.'.
- Arrête ça, Ivaad. T'en pense pas un mot. le coupa brusquement Kaël.
- Bien sûr que si.R'garde là… Juste voir sa sale tronche m'donne envie d'gerber. J'sais pas pourquoi t'es là en plus. T'as rien à fout' ici. Casse-toi… R'tourne avec tes "amis" et cesse un peu de nous emmerder. On est mieux sans toi t'façons.

La mercenaire avait beau sourire, les paroles de son frère l'atteignirent de plein fouet. Dire qu'il semblait tellement heureux de la revoir quelques instants plus tôt et le voilà qu'il recommençait à l'insulter ouvertement sans aucune raison. Ce type de colère là, Aeryn peinait cruellement à l'exprimer. Elle remplissait ses veines d'une substance glaciale qui poussait son corps à trembler. Son cœur cognait si fort sur sa poitrine que le son des battements emplissait ses oreilles… Et ses muscles… Tous se rendaient si douloureusement que la rouquine peinait à tenir debout. Les mots pouvaient causer bien plus de blessures que les coups. Aeryn le savaient pertinemment puisque elle-même n'hésitait pas à employer cette méthode pour repousser les autres. Théophile en avait fait les frais, tout comme beaucoup d'autres avant lui… Autant dire que pour blesser les autres, la mercenaire était allée à bonne école. Tout comme Ivaad qui savait parfaitement s'y prendre pour la torturer avec ses mots, allant même jusqu'à imiter leur père pour être parfaitement certain de la faire souffrir.

- J'ai dit "arrête ça"! gronda Kaël tout en se redressant promptement pour se placer devant sa sœur pour faire barrière entre les deux.

Ivaad souffla, ou cracha… allez savoir, puis se recoucha. L'aîné quant à lui se tourna vers sa cadette pour s'assurer que celle-ci se portait bien et fut surpris en voyant un sourire apparaître sur son visage. Un rictus qu'il ne lui avait jamais vu.

- Ryn… Tu vas bien ?
-Oui, ça va… Je viens juste de comprendre quelque chose… Tout va bien.

Plus de tremblements. La mercenaire semblait même étrangement détendue.

-En fait, c'est sa manière à lui de me dire de vivre ma vie, sans me préoccuper de sa petite personne, dit-elle en haussant les épaules.Il devait se dire que nos retrouvailles allaient me pousser à rester avec vous, renonçant ainsi à ma nouvelle vie. Alors, plutôt que de me dire les choses de manière civilisée et de paraître faible, il préfère me pousser à partir de moi-même. Et, si je le déteste après ça, c'est encore mieux…
- Roh… Mais ferme-là...
-Hm… Nop. D'ailleurs j'espère que ta bourse est suffisamment pleine pour me rembourser. J'ai dû payer quelques-unes de tes dettes. D'ailleurs, l'un de tes créanciers a essayé de m'embaucher de force...
- Hein?! Qui ?! gronda-t-il en se redressant de nouveau, visiblement très en colère.
-Rembourse-moi et on sera quitte, railla-t-elle gentiment, ponctuant sa phrase d'un clin d'œil.

Ils passèrent finalement la nuit à discuter tous les trois, laissant Ivaad décuver tranquillement. Kaël l'interrogea de nouveau au sujet de ces fameuses menaces, mais Ryn décida de ne lui raconter que le strict nécessaire et de garder le reste pour elle. Après tout, même s'ils étaient de la même famille, rien ne l'obligeait à tout leur délivrer, en commençant par omettre le nom de son "presque" amant.

Au matin, Aeryn était toujours dans cette chambre, assise en tailleur sur le sol, discutant tout en aiguisant l'épée de son frère avec une pierre. Ivaad ne s'en était visiblement plus occupé depuis un moment, probablement à cause de la contrariété apportée par sa convalescence qui avait bien assez duré. Un mercenaire alité ne valait plus rien, particulièrement pour lui-même. Ryn ne le comprenait que trop bien pour avoir passé des mois dans un lit pour se remettre des blessures causées par son propre père. Tout en lustrant la lame, la rouquine se perdit peu à peu dans ses pensées, laissant ses frères bavarder entre eux jusqu'à ce que la porte derrière elle ne s'ouvre, avec fracas. La mercenaire a fut même si surprise qu'elle rattrapa la lame d'elle avait lâché par le tranchant. La blessure lui arracha une bien brève grimace tandis que - sans que personne ne le remarque - elle se saisit d'une chemise sale traînant au sol pour improviser un bandage.

- Tiens, comme on se retrouve… railla l'aîné en se dirigeant vers le milicien pour lui tendre une main amicale. Nous nous sommes tous deux menacés mais pas présentés pour autant. Je suis Kaël Monclar et voici mon frère Il...
- J'le connais… Et j'ose espérer que l'ami de Ryn c'est pas c'type là...
- Pourquoi donc ?
-Ils fréquentent les mêmes bordels, grogna la rouquine en se relevant. Et, Ivaad… Tu peux te calmer, il n'y a strictement rien entre nous.
- Y'a plutôt intérêt sinon... Attends, qu'est-ce que t'as à la main toi ? Tu saignes ?
- C'est rien, juste un mauvais réflexe. Je vais aller faire recoudre ça au temple…
- Tu veux que je t'accompagne ?
- Hey, je ne suis pas une petite nature comme vous, c'est pas quelques fils qui vont m'arracher une larme. J'ai l'habitude maintenant… c'est bon.

Resserrant la chemise sur sa paume pour faire garrot, la jeune femme attrapa son paquetage de l'autre main avant de le placer sur son épaule.

- Depuis quand t'es là, toi? lança-t-elle à l'animal avant d'ébouriffer les cheveux de la gamine et d'ajouter à l'attention de Théophile. Vous feriez mieux de sortir de cette chambre, elle n'est pas très bien fréquentée. Même s'il n'y a aucun mangeur de furet…
- Attends… C'est moi le méchant monsieur ?
- Évidemment, t'as vu la tête que tu tirés avec tes sourcils froncés… Bravo, tu fais peur aux gosses. T'en fais pas, Ariane, même blessée je peux effectivement lui botter les fesses, railla-t-elle en tirant la langue à son frère.
- Ouais bah, attends que je sois sur pieds ! Tu vas voir si tu arrives à me battre...
- Allez, zou, sortons d'ici avant qu'il ne se rende ridicule, lança-t-elle en poussant le milicien et l'enfant à l'extérieur.
-Oh mais, ça saigne drôlement ton truc, ça va aller ?
- Mais oui, c'est probablement superficiel, ne t'inquiète pas pour ça, tenta-t-elle de la rassurer, sachant pertinemment qu'une blessure de ce type pouvait mettre des jours à guérir et l'empêcherait de se battre convenablement… En sommes, Aeryn était dans une belle merde.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses   [Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses - Page 2 Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
[Terminé] - C’est à la fin du convoi que l’on compte les bourses
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 5Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Marécages de l'Oubliance-
Sauter vers: