L'Iris dans un écrin bucolique (Pv Clarence)

Clarence se dévoilait en toute simplicité, loin des strasses et paillettes de sa vie de fille de petite vertue. Dans sa robe de chambre qui ne laissait que ces pieds nues, à profiter de l'accueillante bienveillance de son hôte, elle se révélait au regard du Comte comme une femme douce, polie et arborant ce sourire sincère que l'homme de cours appréciait tant.

Après l'avoir surprit, Victor l'écouta d'une oreille distraite alors qu'elle se formulaire à nouveau en excuses vis à vis des événements de la veille au soir. D'un revers de main, il balaya ces mots, reportant son attention sur cette âtre qui semblait avoir hypnotisée son invitée qui ne manquait de rien pour remplir son estomac.

- Ne revenons point sur cette histoire voulez-vous, c'est du passé. Mais puisque vous le soulignez, je me soucis de votre état de fatigue pour l'avenir. Vous devriez prendre rapidement vos distances avec le Jardin ou tout du moins prendre plus de temps pour vous. Si vous souhaitez que j'intervienne auprès de Madame Rose, ce que je ne souhaitais pas dans l'absolu, n'hésitez pas à me solliciter.

Face au déploiement de gratification dont il fut le destinataire quand à sa décision d'aider la rouquine dans son nouveau projet, Rougelac fini par la fixer et glisser un doux regard après l'avoir observer dans cette tenue des moins conventionnelle.

- Comme je vous l'ai dit, la seule manière de me remercier et que mon nom puisse être valoriser dans l'exécution de votre projet. Je n'ai nullement besoin de gratitude matérielle. A mesure que votre futur établissement s'épanouira, qui sait si je ne pourrais point en tirer d'autres avantages. Je laisserais le temps faire son œuvre. Si vous souhaitez me remercier autrement, vous n'aurez qu'à m'en faire la surprise. Je n'attend en tout cas rien de vous.

Il tend sa main pour chercher à se saisir d'une des main de la jeune femme non sans que son regard azur s'en retrouve plus solonnel.

- Vous ne vous imaginez pas à quel point votre participation à cette perfide intrigue m'a été bénéfique. Il secoue légèrement la tête pour appuyer ces dires. Je vais vous faire un aveux, vous avez été la pièce maîtresse d'une œuvre qui m'a permis de me rapprocher significativement de la couronne.

Clarence a un petit sourire timide. L’idée même que Victor de Rougelac se présente au Jardin dans l’optique de régler un souci avec Madame Rose est touchante, même si elle sait que la tenancière ne laissera sans doute pas le temps au Comte de dire le moindre mot. C’est une femme d’affaires redoutable et il y a bien à craindre que pour pouvoir s’en libérer totalement Clarence ne doive dévoiler son secret. Le mot « grossesse » signera sans nulle doute la fin d’un contrat et de son travail dans la maison close, cet état ne permettant guère d’y officier de manière régulière. Cela permettra également d’éviter à Rougelac de se présenter là-bas.

- Je vous remercie, Victor. Je pense avoir des arguments pour qu’elle me libère de mon travail.

Le regard du Comte glisse sur elle sans que cela ne la gêne le moins du monde. Elle n’y perçoit aucune concupiscence, rien de malhonnête ou de pervers, ce qui a le mérite de considérablement l’apaiser. Les propos corrects et dépourvus du moindre sous-entendu lui rendent le sourire, un sourire plus large alors qu’elle s’empare, tout aussi timidement de la main du Comte. Un geste désintéressé…Quelque chose de simple et doux. Une main qui se tend.

- Il faut que je puisse y réfléchir de concert avec ma sœur, ce projet concerne notre maison, je ne puis décider seule. Cela étant, si cela la gêne trop, je chercherai un autre endroit afin de dispenser cette éducation. Je suis confiante, je sais que je peux parvenir à faire quelque chose de bien en cette vie, quelque chose qui pourra aider les autres et m’aider moi-même dans le même temps.

Clarence regarde sa main dans celle du Comte et l’observe ensuite alors qu’il avoue sa participation a rapproché le Comte de la couronne. Elle inspire profondément et songe au pouvoir de cet homme-là, au pouvoir entre les mains qu’elle serre.

- Vous avez de grands pouvoirs, et de grandes responsabilités également…Cela doit être épuisant…Toujours tout vérifier, regarder, compter, peut-être même supputer, surveiller... Avez-vous l’esprit en repos, Victor ?

Un sourire doux.

- Cela doit être épuisant…d’être vous, dit-elle de cette voix timide et charmante qui est la sienne. Comment faites-vous pour gérer toutes ces pressions ?

Clarence déclina l'aide que souhaitait lui apporter son généreux mécène dans l'optique de rompre ces activités au Jardin. Victor ne chercha alors à se formaliser sur ce détail car après tout Clarence était la principale concernée dans cette affaire et le Comte ne souhaitait pas que ces relations se compliquent d'autant qu'une forme de profit de notoriété publique était en jeu.

Le Gouverneur acquiesça donc avant d'écouter sagement la suite du discours de son invitée qui avait naturellement besoin de trouver un terrain d'entente avec sa sœur dans ce projet caritatif. La suite des échanges se focalisa alors sur le sang-bleu, la demoiselle de Sarravilliers dans un sourire doux et un timbre de voix timide, cherchant à prendre la mesure des conséquences d'un homme dont la vie était rythmée par le pouvoir, l'influence et les responsabilités. Récupérant sa main, le mondain se réinstalla dans son fauteuil avant de fixer longuement l'âtre un fin sourire de circonstances aux lèvres.

- Épuisant, a n'en point douter. Mais tout ceci est l'oeuvre de ma vie, voyez-vous mademoiselle. J'ai apprit depuis longtemps à gérer stress et pression. Mon esprit ne sera reposé qu'à ma mort, j'en suis conscient.

Il rajusta sa tunique, prenant une pose plus décontractée.

- Cette vie me convient parfaitement. Je ne l'échangerais pour rien au monde voyez-vous. J'aspire à laisser mon emprunte dans l'histoire du Royaume et j'entrevois enfin un destin à la mesure de mes nombreuses années d'efforts. Certains projets se font et se défont. Les gens passent et disparaissent, mais je suis toujours là et mes aspirations grandissent. Je suis conscient que le temps ne joue pas en ma faveur, la vieillesse me guette, pourtant mon appétit croît. De mon aveux j'envisage même de reprendre la forteresse de Tourbière. Une perspective que nombreux qualifieraient de "suicidaire".

Il reporta son attention sur la jeune femme toute de robe de chambre vêtue.

- Mais je parle bien trop de ma personne à en oublier pourquoi vous êtes ici. Apres votre petit-déjeuner, souhaitez-vous consulter la bibliothèque ou arpenter le parc ?

Ainsi, tout le monde passe et disparaît dans l’entourage du Comte…

C’est ce qu’elle comprend de cette conversation avec le noble sang. Lorsqu’il reprend sa main, elle se contente de nouer les siennes sur ses cuisses, écoutant religieusement les propos tout en regardant les flammes danser dans l’âtre, y trouvant sans doute la chaleur nécessaire afin d’apaiser le long frisson qui cout le long de son dos et de ses épaules.

Clarence a compris que chaque personne dans l’entourage du Comte n’est qu’un outil, un petit pion qu’il déplace au gré de ses envies, de ses besoins, toujours pour atteindre un but personnel qui la dépasse. Ses ambitions semblent sans limite et sont fixées à des niveaux de pouvoir qu’elle n’atteindra sans doute jamais. Alors oui, cela doit être épuisant d’être Victor de Rougelac. Epuisant…et tout nimbé d’une atroce solitude. Il ne doit sans doute faire confiance à personne…

- Si cette vie vous convient, alors j’en suis heureuse pour vous…

Même si elle se demande comment il est possible d’être heureux en vivant comme cela, seul, entouré de personnes dont on se méfie, toujours à calculer les choses des semaines voire des mois à l’avance…Cela doit être tout simplement horrible.

Pour autant, le mondain ne s’étale pas plus que de besoin sur son mode de vie personnel. Il s’enquiert même des besoins de Clarence qui lui sourit gentiment.

- J’aimerais me promener dans le parc, si vous le permettez…J’ai terminé mon petit-déjeuner depuis un moment déjà, je profitais honteusement de la bonne chaleur de votre feu.

En un mouvement souple, elle est debout, drapée dans la longue robe de chambre, les bras croisés sur son ventre pour que le tissu ne baille pas.

- Si vous le permettez, je vais me changer et enfiler une tenue plus adaptée…

Clarence esquisse une petite révérence et s’éloigne déjà vers sa chambre afin de trouver quelque chose de joli à porter.

Spoiler:

Clarence de Sarravilliers se montrait être une auditrice sage et compréhensive. Face au discours du mondain, la jeune femme n'avait émise aucune remarque, nulle remontrance ou critique, sa réaction se résumant simplement à croire que son hôte trouvait son bonheur dans cette vie ô combien complexe loin des stéréotypes que tout à chacun connaissait.

La rouquine fini alors par porter son choix sur une promenade dans le parc, toujours dans ce style propre à sa personnalité tout en douceur et politesse. Victor la toisa d'un regard empli de gratitude et de respect face à l'absence de jugement sur sa personne et lorsque la demoiselle se redressa non sans joindre ses mains de manière à ce que les plants de sa robe de chambre ne dévoile pas une once de sa peau laiteuse, le mondain eut un étonnant réflexe. Laissant Clarence prendre congé, il ne put s'empêcher de la suivre à distance.

A peine la porte de sa chambre franchit, Clarence pu soudainement se sentir soulevée et se retrouver portée à bout de bras sans avoir à tourner sa tête pour reconnaître l'auteur de cette initiative puisque le parfum caractéristique du Gouverneur du Sud vint immédiatement chatouiller son odorat.

- Laissez-moi vous conduire et vous aider à vous apprêter, très chère.

A la fois ferme et protecteur, Victor d'un coup de talon, ferme la porte derrière lui avant de transporter son délicieux fardeau jusqu'à ce lit à baldaquin dont avait put profité l'ex bourgeoise la nuit précédente. S'il l'allonge soigneusement sur les draps, le Comte de Rougelac semble s'inviter dans ce nid douillet en venant alors de ses mains habiles, desserrer le cordon de la robe de chambre de la rouquine.

- Si je n'avais point été l'un de vos clients, m'auriez-vous tout de même trouvé à votre goût ? Car j'aurais une faveur à vous demander, Clarence...

Victor surplombait la nymphe allongée, son regard la dardant alors que son geste pour la libérer de son tissu semblait conditionné à la réaction de sa partenaire d'affaire, loin de lui l'envie de lui imposer quoi que ce soit. Réceptive ou non, Victor avait été sans nul doute entreprenant et conscient de pouvoir être éconduit.

Elle n’avait pas besoin de guide pour retrouver sa chambre. Clarence avance donc en silence, d’un petit pas rapide et étouffé par l’épais tapis du couloir.

Une promenade dans le jardin, ce sera ravissant et lui permettra de prendre l’air en plus d’enfin admirer les fleurs et les bosquets, les arbres et petits arbustes du parc privé. C’est donc le cœur en joie qu’elle entre dans sa chambre, avisant d’un seul coup d’œil la grande armoire où sont rangées les jolies robes mise à sa disposition.

Clarence n’a pas le temps de faire un pas qu’elle sent deux bras la soulever comme une princesse. Un petit cri lui échappe tandis qu’elle s’accroche au cou du Comte dont elle a reconnu la fragrance, tellement surprise qu’elle ne songe même pas, dans un premier temps, à protester.

Elle entend le bruit de la porte qui se ferme, elle ressent le moelleux de ce merveilleux duvet sous lequel elle a dormi, puis avise enfin le visage du Comte, au-dessus du sien. Le mondain est en train de dénouer la ceinture de sa robe de chambre.

- Mais…Monsieur le Comte…Je…

Une violente rougeur monte aux joues de la jolie rousse.

Elle le lui a précisé pourtant, la veille…Il a juste devant lui Clarence Sarravilliers, non pas Iris du Jardin. Elle pose sa main sur celle du Comte pour interrompre son mouvement, les joues cramoisies.

- Je…Je ne sais pas…Il y a…un monde entre le Jardin et le reste de ma vie, Victor…Et…si vous n’aviez pas été un de mes clients, je ne vous aurais sans doute jamais rencontré…

Son cœur bat si vite…

- Quelle est cette…faveur ?

L'opportunisme soudain du Comte de Rougelac avait rapidement trouver une opposition. Clarence, après l'effet de surprise, protesta verbalement dans une hésitation palpable avant de chercher par l'une de ses main à stopper l'élan de son hôte. La demoiselle de Sarravilliers semblait décontenancé et finalement, incapable de répondre au mondain qui alors se saisit de la main venue en opposition pour la neutraliser en quelque sorte tandis que sa main libre glissa sous le pant droit de la robe de chambre de la rouquine pour venir délicatement cueillir un sein.

- Vous ne répondez pas à ma question Clarence.

D'un mouvement de bras, il vient alors plaque la main de Clarence contre la couche, tandis que sa main palpant le sein descendit ensuite pour venir alors dénouer le cordon de la robe de chambre. Victor fort d'une position dominante, s'abaissa pour que son visage vienne flirter avec le nombril mit à découvert, son regard azur venant fixer plus la haut la créature à la peau poudreuse.

- Même si vous ne suivez pas les règles que je viens de dicter, je vais tout de même vous répondre.

Non sans continuer à embrasser le vendre de la jeune femme, Victor se prémunissant également que la rouquine ne cherche de son autre main à stopper ses ardeurs, il remonte lascivement tout en se formant donc en un aveux peut être prématuré mais qu'il souhaitait tout de même dévoiler sans plus attendre.

- Voudriez-vous être l'une de mes maitresse? Vous pouvez refuser, je ne me formaliserais pas, nos affaires perdurerons. Vous avez ce "reste de votre vie" pour trouver l'amour. Je ne pourrais être celui-ci car un âge nous sépare et un rang également. Mais... auriez-vous peut-être besoin de mon affection, le temps de trouver chaussure à votre pied.

Son visage remontait inexorablement vers le cou et la nuque dégarnie de la rouquine, continuant du bout des lèvres, d'un frôlement presque, d'exploiter ce grain de peau gourmand.

Au Jardin, Iris aurait déployé toute sa science de cet art de l’Amour dont elle sait si bien user, quelque soit le rang, la condition, l’apparence de celui ou celle qui passe le pas de la porte de sa petite chambre. Payée pour cela, elle aurait répondu aux attentes, elle les aurait même sans le moindre doute anticipées, par habitude, connaissant très bien les moindres petits mouvements, les souffles, les regards, les tensions exercées ici et là…comme de petits appels, des demandes silencieuses…Au Jardin, Iris aurait probablement retourné la situation à son avantage.

Clarence, elle, est absolument terrifiée. Terrifiée parce qu’elle n’est pas ici en tant qu’Iris et qu’il la désire, sans l’ombre du moindre petit doute.

Parce qu’il est bien plus fort qu’elle et qu’elle n’a rien vu venir, lui qui se déplace comme une ombre chez lui.

Parce qu’il lui semble tout à fait impossible que l’on puisse la désirer en dehors du cadre poudré d’une chambre de maison close.

Les mouvements du Comte ne laissent aucune place à l’équivoque.

Il la désire. Tout de suite.

- Victor…Je…

Les échanges charnels ont toujours été empreints d’une violence morale, pour la jolie rousse. Elle a cédé sa vertu pour que sa sœur et elle puissent manger un peu de pain. Elle a ensuite vendu son corps pour que jamais elles ne manquent de rien, ni l’une ni l’autre. Et elle n’y a jamais trouvé le moindre plaisir. Ce plaisir si beau dont lui parlaient parfois Madame Rose ou même les autres Fleurs…Jamais elle ne l’a ressenti. Toutes ces années, son corps n’a été qu’une machine à plaisir pour ses clients, rien de plus.

La confusion la plus totale apparait sur le visage de Clarence. Il n’est pas brutal, il est même plutôt doux…

- …

Des baisers…Il n’y a pas de mots durs ou de geste impatient, il n’y a que…qu’une espèce de prévenance étrange, quelque chose de nouveau. Le poignet maintenu sous la main de Victor tremble un peu, tout autant que sa main libre qui atteint le visage du mondain alors qu’il remonte vers elle pour lui demander cette faveur.

- Mais…

Bien sûr, elle sait que c’est une pratique courante de la haute société. Elle le sait très bien puisqu’elle l’a lu dans les petits livres qui hantent sa chambre de jeune fille.

- Je ne suis personne…Juste…moi, dit-elle dans un souffle un peu raccourci par la situation, le cœur battant très vite. Dans un réflexe acquis de longue date, sa jambe droite se relève un peu, machinalement, frôlant la tunique obsidienne d’un mouvement délicat. La petite main sur le visage du Comte tremble un peu elle aussi, le pouce caressant pourtant, léger comme une plume, la joue glabre de Victor qui la surplombe.

La confusion la plus totale semblait s'emparer de la jeune femme. Face aux avances et à la faveur proposé par le Comte de Rougelac, Clarence était incapable de s'affirmer comme elle pouvait le faire lorsqu'elle endossait le rôle d'Iris. Le mondain se montrait attentionné mais non moins clair dans ses intentions et d'expérience il savait que les premières secondes de réaction chez ces partenaires étaient primordiales dans la suite à donner à ces élans lubrique.

La rouquine ne se débattait pas et ne cherchait pas à repousser l'assaillant. Elle avait toutes peines du monde à repondre verbalement à l'auteur de cette situation et Victor prenait alors une certaine assurance face à cette forme de consentement que lui offrait sa partenaire d'affaire, lui permettant d'ambitionner des moments de plaisirs qu'il espérait partagé. Dans un souffle, la demoiselle de Sarravilliers arriva enfin à prononcer quelques mots qu'hélas le Gouverneur du Sud eu peine à interpréter tandis qu'un mouvement de jambe de sa partenaire contre ses étoffes semblaient clairement indiquer qu'elle se montrait réceptive à la démarche de son hôte.

Se laissant tendrement caresser la joue d'un pouce, Victor permettait ainsi à Clarence à prendre confiance en elle avant qu'il lui adresse un sourire aussi humble que réconfortant.

- Qui ne répond, consent.

Lâcha-t-il pour clore le débat et cette situation qui allait donc amener la bourgeoise déchue à entrer dans un autre cercle, celui des maîtresses et courtisanes de nobles. Victor fini par lâcher le poignet de Clarence qu'il maintenait jusque là contre la couche et passage alors sa main libérée dans la chevelure de feu pour terminer son geste lui aussi sur la joue de sa comparse, rapprochant son visage de celui de sa possible conquête du matin.

- Ne sois pas tendue Clarence. Comme tu as pu me guider par le passé, c'est a moi de le faire à présent.

Il employa pour la première fois le tutoie, signe d'un privilège certain qu'il accordait à son amante. De son autre main qui quitta l'exploration de la poitrine de la rouquine, Victor la posa sur le dos de la main tremblante de Clarence elle-même posée sur la joue du Comte. Un geste qui se voulait donc apaisant et l'attitude générale du mondain indiquait qu'il n'était pas hâtif dans son opération séduction.

- Tu auras dorénavant tes appartements ici... lui avoua-t-il comme gage d'affirmation de son nouveau statu de maitresse du Comte et Gouverneur.

Ses lèvres finissent par se presser contre celles pulpeuses de la jeune femme, cherchant par la même occasion à ressentir tout détail qui lui permettrait de sentir sa partenaire plus à l'aise.

« Qui ne répond consent »…

Les mots du Comte résonnent en son esprit alors qu’elle le regarde, dans une attitude un peu hébétée, incertaine quant à la conduite à adopter.

Iris aurait souri, aurait sans doute volontairement pris le dessus sur le Comte afin de le soumettre à sa volonté, dans un jeu qu’elle connait à la perfection. Elle aurait minaudé, posé des questions, elle aurait joué son meilleur rôle de femme fatale, sûre de ses charmes et affirmée dans sa manière de les utiliser, ainsi qu’il a déjà pu le constater au Jardin.

Clarence, elle, est un cœur tendre, une personne profondément bienveillante et gentille qui n’a jamais eu à faire face à ce genre de situation. Victor est séduisant, elle le sait, il possède cette séduction de la maturité avenante qui sait ce qu’elle fait, une assurance policée qui ne permet guère de mettre sa parole en doute. Une séduction qui intimide beaucoup Clarence…et qui lui plaît aussi sans doute au moins un peu. Assez en tout cas pour ne pas fuir loin, en chemise de nuit.

Serait-il possible qu’on puisse la désirer quand elle ne joue pas ce rôle d’Iris ? Elle n’a rien de spécial pourtant, si ce n’est une beauté du corps bien visible et une beauté du cœur qu’il faut découvrir. Elle est pauvre, elle n’a que peu de relations…Alors…pourquoi elle ?

Lorsqu’il la tutoie, elle rougit jusqu’à la racine de ses cheveux. Il lui parle comme si elle faisait partie de son cercle d’intimes, de privilégiés, ce qui est déroutant et étrange à la fois. Et cette douceur dans les gestes…Il est donc capable de cela ? De délicatesse et de prévenance ?

- Je…

En réalité, jamais aucun homme n’a été délicat ou même tout simplement gentil avec elle sur ce point précis des relations rémunérées. Depuis ce jour où elle a vendu sa vertu pour avoir de quoi manger, tout ce monde des relations charnelles n’a été que violences acceptées contre paiement en bonne et due forme. Il n’y a jamais eu de place pour la tendresse ou pour les gestes doux, jamais. Toujours il y avait cette impatience à apaiser, ce désarroi à combler, ces désirs parfois étranges à assouvir.

Ici, il n’y a rien de tout cela sauf que…

- Victor…

Il est si proche…c’en est enivrant…et effrayant dans le même temps. Son cœur bat à toute vitesse, perdue par ce maelstrom de pensées contraires. Il est délicat et pourtant il a surgi pour l’emporter sur son lit, sans rien demander. Il est doux et pourtant il ne lui laisse pas l’opportunité de reprendre pied, la couvrant de mots sensuels et de caresses. Il vient d’abattre sa résistance d’un seul geste, une main posée sur elle avec une tendresse étrange…Les grands yeux émeraude font face à l’océan d’un regard totalement vrillé sur elle. Elle ne dit rien, elle se contente de le regarder, jaugeant l’homme derrière le comte d’un seul regard humble.

- Ne me fais pas de mal…Jamais…A cette seule condition, j’accepterai cette proposition.

Le baiser, le premier vrai baiser qu’elle reçoit, la surprend tout autant qu’il l’apaise. Elle le lui rend, un peu maladroite, timide, les joues rosies jusqu’aux yeux puis rompt le baiser, sentant son cœur battre bien trop fort et une chaleur étrange poindre au creux de ses reins.

- Jure le.

Troublée, hésitante, d'une sensibilité qu'aucun client ne pouvait lui connaître, Clarence de Sarravilliers n'endossait plus du tout le costume d'iris. Pour Victor c'était à la fois déroutant et passionnant. Un mélange de frustration et de satisfaction, aussi complexe qu'il était de plus en plus attiré par ce phénomène. Victor pouvait sentir les battements du coeur de son amant s'intensifier à mesure que ces gestes se faisait doux, précis, prononcés.

Un "Victor" puis il ressenti ce signal, par de petits détails, qui semblait tout indiquer que la rouquine avait baisser ses défenses. Leurs regards se lièrent, se noyèrent, se perdirent l'un dans l'autre. Un silence précurseur d'une dernière déclaration, aussi intrigante que légitime et symbolique. Rougelac était peut être attentionné et doux dans la couche a cet instant mais Clarence savait quel personnage il était et ce que sa vie le contraignait à faire par moment, une vie de pouvoir, d'influence mais aussi de souffrance et la fille de bourgeois déchu ne voulait pas se voir souffrir physiquement.

Un échange, un dernier, de baisé sincère, puis Rougelac se redresse, retirant alors le ceinturon qui maintenant son pantalon autour de sa taille. Il lança a l'autre bout de la pièce l'objet en cuir et commença alors à retirer ses braies sous l'oeil d'un rouquine dans l'attente d'une réponse. Le bas de son corps enfin nu, Victor se rabaissa pour alors prendre entre les deux paume de ses mains les joues de sa future maîtresse, une parmi d'autre, mais qui toutes avaient une spécificité qui leur était propre.

- Je jure que jamais je ne lèverais la main sur toi.

S'il était sincère, il omettait pourtant de contrebalancer l'offre qu'il accepta. En effet, il avait juré que "il" ne lui ferait jamais de mal, mais Victor pouvait très bien l'ordonner par une terce personne. Mais était-ce nécessaire de conditionner verbalement à son amante qu'il faudrait à cette dernière ne jamais causer de tord à la réputation et aux ambitions du Comte de Rougelac et Gouverneur du Sud ? Clarence devait le savoir et le moindre faux-pas en ce sens pouvait lui être mortel.

Il fini par baiser son front avant que ces paumes ne quitte le visage de la nymphe pour se poser ses les hanches de cette dernière alors que son membre venait discrètement trouver une place tout contre l'intimité de la jeune femme. Victor la respectait et elle était à présent seule juge de la suite des évènements du matin. Il venait de faire de Clarence sa nouvelle maîtresse, une nouvelle page s'écrivait, une parmi d'autre, non pas une de plus mais une expérience qui lui sera enrichissante, certainement.

Clarence venait d'accepter l'offre du mondain sans même avoir à prononcer le moindre mot. Non, le simple fait qu'elle se décida à dévêtir son hôte était le signe qu'elle venait de devenir à cet instant l'une des maitresse du Comte de Rougelac. Le destin de cette jeune femme avait été totalement bouleversé depuis que Victor avait franchit les portes du Jardin. De putain, elle était devenue une intrigante capable de faire tomber un personnage influent du port de la capitale et à présent, elle venait de se faire une place dans l'entourage proche et intime de ce personnage au multiple titres et à la prestigieuse fonction de Gouverneur du Sud.

Un chamboulement pour cette jeune femme d'une ex-lignée de bourgeois. Et pourtant, elle était là allongée sur la couche de la chambre d'invité de la résidence de feu l'épouse d'un sang bleu, dans ces futurs appartements, lorsque le coeur lui dirait de quitter son quotidien. Elle usa alors de son arme, celle que Dame Nature lui avait offert, son corps, mais dans un contexte bien différent d'un lupanard.

Des échanges de regards, des gestes doux d'un commun accord, rien ne se passait comme ce qu'avait vécu jusque là la demoiselle de Sarravilliers dans cette sphère des plaisirs de la chair. Victor en avait conscience et s'appliquait donc à une tendresse de tous les instants alors que bientôt tout tissu disparaissait des corps des deux amants s'entrelacant. Le Comte surplombait toujours la jeune femme, une position qu'il devait tenir pour cette première fois avec Clarence et non pas Iris. Le guide dévora alors du regard le visage de ce petit bout de femme qui ne cessait de rougir tandis qu'elle soufflait son prénom.

A cette instant, il se décida à plonger son visage dans la nuque de la rouquine pour l'inonder de sensuels baisés tandis que son bassin venait parfaitement se caler entre les cuisses de sa maitresse. Le moment était alors choisit pour lentement faire disparaître son membre veineux au cœur du jardin intime de la jeune femme, de cette canopée chaud et humide qui lui était offerte. Aucun geste brusque, seulement un long et langoureux mouvement de hanche qui dura de longue seconde pour que tout a chacun en apprecie chaque sensation, chaque découverte. Ce ne fut que lorsque le Comte senti son glaive enfilé jusqu a la garde, pubis contre pubis qu'il imita sa partenaire de couche.

- Clarence... souffla-t-il pour pour sceller leur relation.