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 [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau

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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyLun 27 Juin 2022 - 20:00
21 Avril 1167.
[convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau Ael9
L’esplanade puait. Pas de cette odeur de basfond qu’on trouve dans les quartiers les plus pauvres et qui définit la réussite ou non d’une vie. Non, c’était quelque chose de plus subtil et pourtant plus aigre. La stupidité. Oui c’était cela. Bouffi de leurs orgueils et de leur supériorité, les gens de cet endroit se menaient des guerres intestines quand elles n’étaient pas carrément incestueuses, tout ça pour se disputer les miettes d’un gâteau que leur maître se refusait à leur donner. Maître, oui, car qu’étaient-ils tous à part ses esclaves consenti ? Il n’y a pas si longtemps, leur volonté faisait loi et à peu de chose près, ils dirigeaient le monde.

Mais ce monde avait changé et la grande noblesse de Langres n’avait sut que stagner et se vautrer dans ses propres déjections en refusant d’accepter d’évoluer à son tour, espérant que dieux, hommes, Fange et réalité se plieraient gentiment à leur besoin de voir les choses perdurer de la même façon qu’ils l’avaient toujours connu. Ils étaient stupides et leur stupidité embaumé l’air de l’esplanade comme la merde embaume le cul d’une vache.

Mais ce ne fut pas ce parfum que sentit Léonice de Raison en ouvrant la porte de sa demeure après une énième matinée à prodiguer ses conseils à une oie tout aussi stupide que ses congénères mais qui avait le mérite de payer à l’heure. Non, l’odeur qu’elle découvrit, faites de fumée, était à la fois piquante et douce, comme un miel qu’on aurait parfumé de menthe. Pas désagréable, même un peu entêtante, mais qui dans tous les cas n’avait aucune raison de se trouver dans sa maison. Il ne lui fut pas difficile de remonter le chemin de fumée jusqu’à son petit salon ou un parfait inconnu était installé, voir affalé dans un des fauteuils, un pied posé avec négligence sur la petite table.

C’était un homme, grand, malgré sa position, et plus que solidement bâtit vu sa largeur d’épaule et le dessin perctoral qu’on apercevait sans peine au sommet de sa chemise non nouée au col. La qualité de ses vêtements ne faisait pas le moindre doute, on pouvait même parler de richesse, mais possédaient malgré tout un aspect plus rustique ou martial que ceux de la plupart des nobles de cour qu’elle croisait. De hautes bottes de marches en cuir sombre brodé d’un fil d’or qui semblait représenter l’aile stylisée d’un faucon ou d’un oiseau similaire. Un pantalon de combat avec sa ceinture assortie, mais l’épée longue qu’elle devait habituellement retenir était posée, toujours dans son fourreau, contre l’un des accoudoirs. La chemise était encore plus ténébreuse que le cuir des bottes et semblait faîte d’une sorte de soie, peut-être quelque chose de plus épais, mais captant la lumière de la même étrange façon.

Il portait une cape immense, assez pour s’écouler sur le fauteuil comme une cascade de noirceur. Le col était fait d’un épais pelage blanc et noir d’un animal difficile à définir, un loup peut-être ? Du moins c’est que pouvait laisser supposer les attaches. Car plutôt que d’être noué à son cou et de le gêner, elle était maintenue par deux petite effigie de tête de loup en argent maintenue à ses épaules.
Sa peau était un peu plus sombre que ce qui faisait cours en Morguestanc, comme si elle avait bu le soleil la majorité de sa vie. Il possédait un bouc très léger et une coupe laissée sauvage d’un roux plus profond que le sien, confinant au sanguin dans ses reflets. Ses yeux bleu vert n’en semblaient que d’autant plus clair et il les avait posés sur elle dès qu’elle avait franchi la limite du couloir. D’une main il tenait un étrange petit objet tubulaire. Non, pas un objet, plutôt un assortiment de feuilles roulée et embrasé à la manière d’un encens. C’est de là que semblait venir l’odeur. De l’autre, il apportait à son nez une étoffe qu’elle reconnut sans peine, l’un de ses châles qu’elle gardait sans aucun doute dans sa chambre. Elle l’entendit inspirer doucement le tissu.

- Que Rikni me fouettes de ses queues écailleuses s’il m’a été permit de sentir si agréable parfum depuis bien longtemps, ma Dame. Vous ne m’en voudrez pas, j’ai attendu que votre… protecteur ne soit pas à la maison pour vous rendre visite. Je n’ai jamais aimé les brutes, surtout quand elles ont une épée.

Malgré son affirmation, il ne semblait pas plus inquiet que cela à l’idée d’une confrontation directe avec le chevalier. Non, son choix semblait plutôt porter sur le fait de la voir seule. Il se pencha et tapota la pointe de son étrange petit baton dans un bol qu’il avait du dégoter dans sa cuisine puis le porta à ses lèvres, faisant rougeoyer l’extrémité par l’appel d’air de ses poumons. Il en recracha un long panache de fumée, présentant le petit objet à l’arrivante.

- Vous fumez ? C’est l’un de mes apothicaire qui produit cette merveille, cela détend l’âme et réveille le corps… je ne doute pas qu’un jour on se les arrachera partout dans la cité. Dit-il avec un sourire calme comme si rien d’anormal n’avait lieu dans ce petit salon.



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Léonice de RaisonBaronne
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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyLun 27 Juin 2022 - 20:47
Cela ne faisait que quelques jours qu’ils étaient rentrés d’Usson ; peut-être une semaine, tout au plus. La partie de chasse avec le Baron avait été détestable au point de rappeler à la jeune veuve un sentiment presque oublié : l’ennuie. Passé l’inquiétude de parcourir à nouveaux les sentiers où le moindre silence trop prolongé pouvait cacher la Fange, c’était bien la pure lassitude des êtres sans objectifs ni réel intérêt qui l’avait assailli, présentant l’exploit de la mettre de mauvaise humeur. Hector fut pourtant d’un fort beau secours durant toute cette période, leur lien s’étant un peu amélioré ces dernières semaines. Leur retour s’était ponctué d’un retour à la normale des affaires de la dame aux cheveux flamboyants, ces quelques jours d’absences ayant suscités quelques questionnements, regrets mais surtout des dépenses qu’elle se devait de soigneusement recouvrer. Cette matinée ne sonnait pas le bon réveil ; Léonice avait dû céder Hector auprès d’un autre noble pour assurer sa sécurité quelques temps, ce que Dartigau avait évidemment accepté malgré toute la réticence qu’il avait pu avoir. Cette histoire d’assassins n’était pas réglée, et si la Baronne limitait ses déplacements en dehors de l’Esplanade, il fallait bien continuer de vivre du mieux qu’ils le pouvaient. Aussi se rendit-elle chez cette Vicomtesse dont les syllabes du nom sonnaient si exotiques que Léonice ne prenait plus le soin de les retenir ; la pauvrette ne savait quoi faire de l’héritage de son feu époux, trépassé des années avant même l’arrivée de la Fange. Plus que des histoires de comptabilités et de petits commerces, Léonice savait parler dans le vide auprès de cette vieille femme qui se rêvait de beaux et grands mâles pour venir lui soulever la jupe.


Léonice se sentait facilement épuisée, dans des journées comme ça ; moins par fatigue réelle que par nécessité de cacher ses pensées avec un peu plus de flegme qu’à son habitude. Elle croisa l’une de ses domestiques sur le chemin retour, la jeune femme salua sa maîtresse avec pour idée de se rendre au marché ; elle était accompagné de leur jardinier, et les deux semblaient s’entendre de mieux en mieux à chaque fois que l’astre diurne se levait de nouveau. La baronne ne se préoccupait que peu des relations entre ses servants, tant que le travail qu’elle demandait d’accomplir était bien fait. Forte du constat que son dernier serviteur était en jour de repos, elle se demanda si la tranquillité de son chez soi suffirait à apaiser l’agacement latent qui roulait dans ses veines.


C’était presque dommage, puisqu’une visite chez la Vicomtesse demandait toujours un peu plus d’efforts esthétiques de Léonice. Coquette, elle appuyait la souplesse de sa chevelure par un léger ruban qui venait tresser ses mèches sur le côté de son épaule. Un pendentif en ras de cou habillait sa peau en partie dénudée, l’ensemble surmonté d’un saphir de la même couleur que ses yeux, rappelant le bleu de la nuit lorsqu’elle se prend la fantaisie de s’éclairer. Sa robe alimentait peut-être de passagères jalousies, bien que très modeste comparé à ce que portait la Vicomtesse ou d’autres nobles, l’étoffe mettait en valeur les hanches et la poitrine de la Baronne. D’un vert agréable, rappelant le printemps qu’ils quittaient progressivement pour s’approcher de l’été, la robe de Léonice était à l’image de sa porteuse ; dans une éternelle retenue qui alliait tant l’élégance et le charme, rien ne semblait forcé.


Ses pensées divaguaient, allant de choses agréables comme le dernier poème de Gyrès qu’elle avait lu aux problèmes futurs que provoqueraient peut-être Hector si sa prochaine mission avec la milice se passait aussi aimablement que leur partie de chasse. L’immédiateté de la différence ne lui échappa pourtant guère : une odeur, légère mais ancrée dans les lieux l’accueillait en rentrant dans sa petite maisonnée. C’était unique, fumé, elle en fronça les sourcils en se sentant infiniment curieuse. Ses pas s’arrêtèrent pourtant dans le couloir ; un assassin ? Encore ? Pourquoi la porte n’était pas forcée ? Sa servante avait-elle oublié de verrouiller derrière elle ? Les questions s’enchaînèrent avant que la baronne ne réalise que, en l’absence d’Hector, si quelqu’un était venue pour la tuer, elle n’y pourrait pas grand-chose. Ce fut avec la dignité d’une ambitieuse ayant pour espoir qu’un malfaiteur ne dégagerait pas une odeur si forte qu’elle se déplaça jusqu’à découvrir son invité de fortune, vautré sur l’un de ses fauteuils de tissus, un honteux pied sur la table en chêne brun. Il lui était inconnu ; les roux, après tout, ne courraient pas vraiment les rues. Mais elle ne reconnut ni l’insigne qu’il portait, ni son visage, ni cette nonchalance qui allait si bien à ceux qui se pensaient au-dessus de tout. Léonice lui avoua une certaine beauté ; la rudesse des traits d’un homme capable de se battre se mélangeaient à quelque chose de moins facilement descriptible, presque charmant. Il n’empêchait que l’homme était rentré par effraction et, pour combler le tout, tenait un de ses vêtements pour le respirer dans un art théâtral… intéressant.


« Si vos intentions ne mettent pas en péril mon intégrité ou ma réputation, j’aviserai à fermer les yeux sur ce petit détail. »


Léonice affichait un sourire emplit d’une charmante politesse, bien que son cœur s’était durement agité contre sa poitrine. Mais puisqu’il semblait jouer les hommes aimables, elle n’avait aucune raison de se montrer agressive ; enfin, pas pour l’instant. Le calme de l’homme forçait à le considérer avec attention ; la baronne fit un pas supplémentaire pour se mettre face à lui, juste derrière le second fauteuil. Il devait être grand, peut-être plus qu’Hector, mais peut-être pas autant que Lazare. Elle nota que l’odeur perçu plus tôt devait provenir de l’étrange bâtonnet à ses lèvres. Elle fit un léger geste de refus avec ses doigts dont elle venait de dégager le gant.


« Je vous crois sur parole, mais je pense être suffisamment réveillée pour l’heure. »


Léonice ramena ses mains à son giron. Ses yeux fixaient l’homme avec une intensité propre à ceux qui croyaient déjouer les maléfice d’un regard ; elle souriait toujours, mais ses épaules étaient crispées. Sa voix resta douce comme si, en effet, rien d’étrange n’était en train de se produire.


« Puis-je savoir à qui ai-je l’honneur de m’adresser, messire ? Et quelles affaires pourraient vous pousser à éviter consciencieusement la présence de mon protecteur et chevalier ? »





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Dame CorbeauMaître du jeu
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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyLun 27 Juin 2022 - 21:38
21 Avril 1167.
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L’inconnu inclina la tête sur coté tel un oiseau de proie provoquant le glissement des ses cheveux enflammé à l’image d’un rideau devant l’éclat lumineux et pourtant ombrageux d’une l’une. Et même de deux dans le cas présent tant ses iris semblaient posséder cet éclat à mi-chemin de ténèbres et lumière.

- Malheureusement je ne puis tout à fait vous le promettre, mais au moins puis-je vous donner parole sur le fait que vous aurez accepté ce changement si jamais il devait advenir. Finit-il par lui répondre avant de tirer une nouvelle fois sur son… tube. Un anneau de fumée quitta ses lèvres arrondies pour venir dessiner la jeune femme dans une auréole grisâtre qui fit ressortir l’intensité de ses traits. Devant ses questions, il sourit et se redressa, confirmant sa plus que haute stature.

- Quel malotru je fais…

La révérence qu’il effectua à son encontre était en tout point parfaite. Profonde, élégante et même solennelle. Le jeu de sa main évoluant dans l’air comme une plume portée par un souffle printanier, sa cape cascadant à ses cotés amplifié par le mouvement discret d’une épaule tandis que son autre bras se plier dans son dos. Oui, parfaite… Et pourtant moqueuse. Pas à l’encontre de la jeune femme, non, mais bien du geste lui-même. Il aurait été difficile de définir comment il y parvint, mais comme ses artistes de théâtre qui parvenait à mimer la précision d’un geste en y incluant l’émotion de leur choix, cet homme raillait visiblement les codes d’un art qu’il maitrisait malgré tout à la perfection.

- Vicomte Dédale des Marches Boréales, pour vous servir ma Dame. Ne faîtes pas attention au prénom, mon père avait un grand sens de l’humour, mais uniquement adaptés à ceux qui vivaient par chez moi. Bien loin… de tout, en réalité.

Il rit, d’un rire sonore mais pas bruyant, se laissant retomber en arrière avec bien moins de considération pour l’étiquette donnée, faisant crisser légèrement son assise. Au moins ne reposa-t-il pas son pied sur la table se contentant de passer une jambe par-dessus l’autre.

- Et si je m’offre la liberté de vous rencontrer ainsi c’est pour me faire une idée de la femme et non de la veuve. Malgré tout le respect que j’ai pour le rôle de chevalier, sa présence vous enferme dans un certain degré de mensonge. Involontaire bien entendu, du moins j’ose le croire. La protection est bien souvent prison quand elle étouffe le droit d’exister.

Il tapota une nouvelle fois la cendre de son bâtonnet dans le bol ayant au moins le bon gout de ne pas souiller le tapis de la personne chez qui il s’introduisait. Il continuait de l’observer, dans les moindres détails. Pas avec cet appétit masculin que la belle demoiselle savait éveiller chez les autres même avec la sobriété charmante de ses tenues. Mais d’une manière plus vorace et intéressée parce qu’il ne voyait pas encore. L’exemple qui aurait pu lui venir si elle avait été combattante aurait sans doute était le regard d’un général face à une forteresse s’élevant sous ses yeux et dont les murs sont pour lui un défi suffisant à lui-même.

- Voyez-vous, pour beaucoup ici, vous êtes une dinde. Une dinde intelligente et même avec de l’esprit, avec une solide réputation, mais une dinde tout de même, qui n’attends que d’être farcie, comme toutes les autres dindes. Expliqua-t-il sur le ton tranquille de celui qui évoque un fait bien connu, que l’on pourrait aisément aborder autour d’un thé. Mais ils n’y connaissent rien. Selon moi, vous êtes une jeune louve qui n’a pas encore eu l’occasion de montrer ses crocs. Par chez moi, c’est à ce moment qu’on les abat, avant qu’elles ne deviennent dangereuse. Bien plus que les mâles d’ailleurs. Ils ont la taille et la force, mais elles, elles sont brutales et intelligentes.

Il lui sourit.

- Mais je suis un homme et donc par définition, je suis imparfait. Alors je viens vous demander si vous êtes une dinde comme on le prétend, ou si j’ai raison de croire que la louve peut devenir dangereuse…



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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMar 28 Juin 2022 - 0:39
Joueur. L’homme était fait d’un bois très similaire à celui de Léonice, à la différence près qu’il dégageait une audace qu’évitait la jeune femme pour de multiples raisons : sa position encore peu acquise au sein d’un monde qui ne cessait de se mouvementer en faisait partie. Elle reconnut pourtant cette manière de dégager la tête sur le côté, tout en répondant avec une justesse aliénante. La baronne haussa ses fins sourcils roux sans se départir de son sourire ; elle se dit que même Hector qui avait beau peu se préoccuper des occupations de sa Dame aurait pu agresser à vue l’étranger pour de tels mots. Si elle capta le sous-entendu à peine dissimulé, la jeune femme garda ses mains rangées derrière le fauteuil, ne répondant que par un regard constant alors que l’autre se levait tel un artiste au-devant d’une scène. Léonice ne s’autorisait pas à la détente, trop consciente de la dangerosité non dissimulée d’un homme non seulement en pleine possession de ses moyens, mais à l’esprit suffisamment affuté pour parvenir à se moquer habilement de toute une dynastie sans montrer qu’il en était profondément dédaigneux. La baronne inclina la tête à la manière des dames, sans trop s’avancer sur sa propre crédulité : un Vicomte ? Elle plissa les yeux sur les révélations sans montrer le moindre signe de moquerie. Les noms étaient en effet parfois étrange ; une part d’elle doutait qu’un noble s’introduirait de cette manière chez une comparse, mais d’un autre côté, les héritiers de sang-bleu n’étaient-ils pas les plus à mêmes de s’écouler à la moindre fantaisie ?

« Enchantée donc, Vicomte » , se contenta-t-elle de répondre de sa voix chaleureuse.

Elle gardait encore une certaine distance au moins physique avec le Vicomte. L’homme se fichait de pas mal de codes tout en étant capable de s’exprimer d’une manière peu commune ; dangereusement intelligente, pensa Léonice alors que l’homme s’affalait à nouveau sur son siège.

« Mmh. Car vous pensez que mon Chevalier, d’une manière ou d’une autre, étoufferait mon existence ? »

Léonice, après un instant de réflexion, se déplaça autour de l’assise contre laquelle sa main reposait. Ses doigts dénudés glissèrent le long du tissu jusqu’à en suivre les coutures. La mention de mensonge lui fit tendre une oreille, mais le Vicomte ne semblait pas suivre le même fil de pensée que la veuve. Sa manière de présenter les choses étaient… étrange, et malgré une intrusion qu’elle trouvait profondément déplacée, Léonice accorda à Dédale au moins l’intérêt qu’il suscitait progressivement. Debout près de l’accoudoir, elle lui fit un geste léger de la main pour l’inviter à continuer de parler. La fumée qu’elle sentait dans la pièce lui irritait légèrement la gorge sans lui être désagréable, mais ne l’aidait pas spécialement à se concentrer. Alors qu’elle se faisait succinctement traitée de dinde, Léonice pencha la tête de côté, décidant finalement de s’asseoir sur le siège faisant face au Vicomte. Il lui fut difficile de définir si elle était explicitement en train de se faire menacer ; et a priori, s’il valait mieux rester une dinde à farcir dans cette conversation ou accepter d’avoir des crocs comme des griffes. Après avoir passé un doigt sous son menton, Léonice remonta son regard azur vers les pupilles voisines, essayant de jauger l’imperceptible, presque l’invisible.

« Quelque chose me dit que vous n’attendez pas spécialement que je vous déclare ouvertement être à plumes ou à poils. Vous ne me diriez pas tout cela si vous n’avez déjà pas une petite idée de la chose. C’est simple ; je ne me suis pas réellement mise à hurler pour que le voisinage s’inquiète du tapage jusqu’à appeler les gardes, et je ne vous ai pas immédiatement menacé en espérant que de simples mots vous fassent fuir. »

Elle n’était pas sereine, mais ne comptait pas jouer les pintades non plus. Léonice prit une légère inspiration, se composant un visage moins doux mais tout aussi aimable. Seul résistait un regard plus tranchant que précédemment.

« Je pense pouvoir affirmer que nous avons tous deux acceptés un certain nombre de choses tacitement. Vous n’êtes pas par chez vous, il n’y a donc nulle louve à abattre. Mais cela veut-il dire que vous en avez besoin, messire des Marches Boréales ? »







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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMar 28 Juin 2022 - 1:45
21 Avril 1167.
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Il continua de la détailler alors qu’elle se décidait finalement à prendre ses aises dans sa propre demeure, tentant avec une certaine élégance de ramener à jeu égal leurs échanges. S’il devenait invité, il ne serait plus intrus. Dédale ne fit rien pour s’opposer à cette habile tentative.

- J’ai noté que chez vous, il apparait normal que l’homme domine la femme. C’est dans votre quotidien, dans votre hiérarchie, dans votre éducation, presque pourrions-nous dire que c’est dans votre sang. Même si heureusement certaines font l’exception. Alors oui, j’estime que la présence de ce… Hector, oui c’est cela Hector Dartigau est nuisible à l’expérience d’une rencontre sincère avec la dame de Raison. Sans parler du fait qu’il est aussi givré qu’un sommet de montagne… Mais vous avez conscience de ce point, je n’en doute pas. Argua donc le prénommé Dédale alors qu’elle finissait de s’asseoir en inclinant la tête d’une façon pas si différente de la sienne. Similarité qui sembla plaire à l’homme en face d’elle.

- À poil me conviendrez bien mieux, mais il est encore un peu tôt pour ce genre d’audace.

Bien qu’un sourire se dessina sur ses lèvres, il ne rit pas de sa choquante remarque, bien plus curieux d’étudier la sienne que de se trouver drôle tout seul. Il poursuivit presque immédiatement, enchainant les remarques et réponses à la manière d’un bretteur jouant de l’estoc.

- Mais vous n’avez pas tort ma Dame. J’avais ma petite idée avant même de venir et je l’ai vu confirmée dès que vous avez franchi la porte de cette pièce. Il serait stupide de le nier, même s’il reste bien des choses à découvrir sur le comportement d’un animal, même après avoir découvert sa nature.

Jouant un étrange jeu, le sieur des Marches Boréales ne se comportait qu’à demi comme elle aurait pu s’y attendre. Si en effet il choisissait mots et images dans le but de darder ses remarques face aux siennes, toute son attitude alternait entre détente assumée et examen approfondit. Il suivait ses gestes, tendait l’oreille pour suivre au mieux son intonation, allant jusqu’à plisser les yeux pour détailler ses expressions. Il l’étudiait, littéralement et ne faisait strictement rien pour le dissimuler à son interlocutrice comme il aurait été de bon ton entre gens d’importance jouant le jeu de l’esprit.

- Besoin… oui, je pense qu’on peut le dire ainsi. Je cherche une louve. Celle que l’on ne voit pas devenir dangereuse, celle que l’on sous-estime sans voir sa véritable nature. Si la mort d’autant d’hommes du royaume a servi à une chose, c’est bien de permettre à tant de femme de se révéler à elles-mêmes. De manière trop ostentatoire malheureusement. Donne de la viande à un affamé et il se rendra malade au lieu de se sustenter et d’en garder pour plus tard. La métaphore n’est pas la plus élégante, mais ma mère l’aimait particulièrement. Sans doute car elle connaissait bien la faim.

Après une dernière bouffée sur son bâtonnet, il dut estimer qu’il ne restait pas assez de matière pour prendre le risque de se brûler les doigts. Il l’écrasa donc dans le bol avant de se réinstaller confortablement face à elle.

- Vous êtes pauvre. N’y voyait pas offense, la richesse n’a jamais été une fin en soi pour moi et ma famille. Je n’exprime qu’un fait, que cette demeure met en exemple. Vous n’avez pas le titre, pas l’influence, pas l’argent. Mais vous avez la réputation. Vous, Baronne vous êtes vu comme l’une des plus noble parmi les nobles, au point qu’on vous demande leçon. Et moi, je suis vôtre miroir déformé.

Il prit un air abattu en levant les mains, mais qui semblait plus amusé qu’effondré.

- J’ai fortune, puissance, titre, terre et même plus de troupes que ne peuvent en aligner des conglomérats de seigneur. Mon influence va même au-delà de la cité. Mais pour tout le monde ici, je ne suis qu’un barbare du nord lointain. Même les Hendois leur semblent civilisé à coté de moi. Pourquoi ? Questionna-t-il de manière apparemment rhétorique puisqu’il répondit lui-même.

- Parce que là d’où je viens, l’épée fait le pouvoir. Depuis que mon arrière-grand-père a obtenu son titre en l’arrachant des doigs mort d’un vaincu, nous l’avons tous gardé par l’épée. Cela ne les dérangeait pas tant que je restais là-bas, bien au froid à repousser les invasions nordiques pour qu’ils puissent se dorer le cuir du cul au soleil, j’avais même le droit à des félicitations et des encouragements sur de belles lettres. Mais la guerre, si elle coûte cher, rapporte aussi énormément. Alors quand j’ai commencé à prendre mes aises ici, à réclamer que les vieilles promesses, d’un Duc à un autre, soient honorées, ils m’ont étonnamment beaucoup moins apprécié. Bah ! S’exclama-t-il soudain en chassant cela d’un geste.

- À m’écouter ainsi, je me donne l’impression d’être un enfant pleurnichard. Ne vous détrompez pas. Je me moque comme d’une guigne de leur avis. Mais je sais que les temps changent et que ceux comme nous voient leur moment arriver à grands pas. Je me refuse de rater cette opportunité par ego. Si je dois paraître, je paraîtrais, jusqu’à ce que je prenne tout.

Plantant ses yeux dans les siens, il répéta avec une conviction étonnante :

- Tout.

- Je vois en notre antagoniste reflet une opportunité, pour vous et pour moi, de combler les lacunes de l’autre. Et d’être prêt à obtenir ce que les autres ne voient même pas encore se profiler.





Dernière édition par Dame Corbeau le Mar 28 Juin 2022 - 11:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMar 28 Juin 2022 - 10:32
Il n’était pas étonnant que l’homme s’essaie à la psychologie de comptoir ; ce n’était pas très bien présenté, mais sa tentative de décrire la psyché de Léonice n’était pas complètement idiot non plus. Elle n’était pas certaine quant à sa décision de prolonger une telle discussion, mais là était tout le piège d’un esprit qui avait besoin d’être stimulé alors que le monde autour d’eux continuait de s’effondrer ; sa curiosité prenait le pas sur sa réflexion ainsi que sur sa raison. Dédale n’avait cependant pas tort dans ses remarques ; Léonice considérait bien que l’homme restait un dominant, et que la femme se devait soumise. Peut-être que l’étranger du nord n’imaginait cependant pas que la soumission rimait avec faiblesse. Les choses étaient dans l’ordre dans lequel elles devaient être ; enfin, moins depuis l’effondrement de l’ancienne royauté, du monde… et de la noblesse, quelque part. La baronne ne trouva pas utile de reprendre le rouquin aux allures de noble dévergondé quant à Hector ; il lui fut désagréable d’entendre ainsi son Chevalier traité, mais la réalité l’empêchait de se montrer trop tendre envers lui. Il avait son respect, ses secrets et une forme de son affection. Hector n’était pas un frein, mais une protection ; et ce dernier ne collait pas non plus sa régente, comme le prouvait cette inédite entrevue entre le Vicomte et la Baronne.

« Vous n’êtes encore qu’un étranger insultant, pervers et barbare qui plus est, pour l’heure. J’admets qu’il est certainement un peu trop tôt, oui. »

Malgré le phrasé volontairement cassant, Léonice ne cachait pas le début de son amusement. Sa voix était restée courtoise, singeant quelque peu le ton de son interlocuteur. Elle retrouvait la chaleur et le charme tranquille de ses habitudes ; ses yeux restaient haut sur le visage de Dédale, mais elle gardait en tête l’épée, la musculature… tout ce qui ferait que si jamais Dédale décidait subitement de l’agresser, la baronne aurait bien du mal à s’en défaire.

« L’analogie est étonnante », commenta la Baronne, « est-ce typique de par chez vous ? »

Si les connaissances de Léonice se trouvaient limitées, peut-être son esprit peu affuté aurait trouvé une ressemblance au renard pour l’homme aux cheveux qui en possédaient le pelage. Mais en vérité, l’homme se comportait comme ses gigantesques félins dont le seul songe terrifiait les chasseurs. Il avait conscience de sa dangerosité mais s’abaissait presque de manière négligée à un jeu. La différence était que Léonice ne se surestimait pas au-delà du seuil de proie ; mais une proie avec suffisamment de ressources pour se sortir de pas mal de mauvais pas, assurément.

« Votre mère est une sage personne. »

Un poignet sous un coude, Léonice levait sa main libre pour venir doucement toucher le joyau à son cou. Un sourire barra son visage, et la baronne eut du mal à retenir un léger pouffement. Non, de tout ce qu’il avait dit, parler de sa pauvreté n’était pas le plus scandaleux, aussi ne s’en fâcherait-elle pas. La baronne n’interrompit pas plus Dédale alors qu’il finissait son explication. Ainsi lui manquait-il la réputation d’être un noble parmi les nobles ? Etait-une question de vertu, dans ce cas ? C’était intéressant, très présomptueux mais compréhensible ; au moins jusqu’à ce que l’homme ne fasse preuve de quelque chose de bien plus intrigant que tout le reste, à savoir de l’ambition. Si le reste paraissait être une conversation presque normale parmi deux comploteurs nés, le dévoilement soudain de quelque chose d’aussi pur fit redresser la tête de la jeune femme. Son coude glissa jusqu’à un accoudoir, rompant la ligne parfaite de son dos et de ses jambes pour légèrement s’affaisser sur le côté. Elle réfléchissait, puis toisait son interlocuteur, s’épargnant les habituels jeux de regards quand elle cherchait à passer pour moins calculatrice qu’elle ne l’était vraiment.

« Votre histoire est vraisemblable, mais vous me supposez aussi ambitieuse que vous. »

Elle laissa ses propres mots filer dans la pièce comme la fumée qui s’amenuisait depuis que Dédale s’était arrêté de fumer. Avec une pointe de dramatique, Léonice finit par sourire à nouveau.

« Je ne vous donne pas tort. »

Sans se redresser, la veuve finit de scruter les yeux de son interlocuteur avant de reprendre sur le même ton.

« Je vous épargne de feindre l’indifférence, vous avez attisé ma curiosité malgré votre méthode outrageusement cavalière. Comprenez cependant que de simples mots ne seront jamais suffisants à me faire céder un quelconque… partenariat. »

Léonice se redressa légèrement son siège, légère, la tension s’étant intensifiée au même rythme que son regard.

« Vous semblez bien être tout ce que vous prétendez, je ne vous le retire pas, mais je manque cruellement de connaissances sur votre réel statut, autant que vous vous trompez légèrement sur certaines de mes opinions. »

Elle laissa filer un instant.

« Mais puisque nous en sommes là… voulez-vous du thé ? »




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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMar 28 Juin 2022 - 11:40
21 Avril 1167.
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Dédale semblait particulièrement savourer l’échange. Peut-être pas le contenu lui-même, mais ses nuances. Ses yeux de prédateur semblaient s’amuser de cette joute, comme s’il trouvait enfin de quoi satisfaire un appétit trop longtemps frustré. Il n’avait pas eu besoin de la convaincre d’assumer son ambition, même si elle choisit un demi-mot pour l’admettre. Voilà une étape dont il n’aurait pas à s’embarrasser. Tant mieux, elle était ennuyeuse et Dédale détestait s’ennuyer. Toujours souriant il dit :

- Ma mère était une garce cruelle… et oui, avec un nuage de lait, si vous en possédez. D’un ton parfaitement naturel, banalisant l’un des sujet à l’image de l’autre. Au contraire de n’importe quel invité, et sans doute de la majorité des hommes de la connaissance de Léonice, Dédale se leva à sa suite pour la suivre dans la petite cuisine.

Plus encore, il se défit de sa longue cape qu’il posa avec soin sur un meuble, confirmant, s’il en était vraiment utile, que ce n’était pas le col de fourrure qui dessinait ses solides épaules, mais bien l’inverse. Toujours aussi intrusif et pourtant d’une courtoisie consommée, il s’affaira à sortir des tasses alors qu’elle mettait de l’eau à chauffer.

- J’espère bien me tromper sur nombre de choses, et en ignorer encore plus vous concernant, ma Dame, finit-il par reprendre à la suite de la conversation alors que ses mains puissantes manipulait la fine porcelaine avec expertise pour les déposer auprès d’elle. Les gens que je cerne trop aisément sont d’un ennui mortel. Je ne fais que croire en votre nature profonde, je n’assume pas vous connaître, même moi n’ait pas cette présomption… pour le moment. Après tout je suis un étranger insultant, barbare et pervers…

Il semblait amuser de cette définition et bien entendu Léonice put noter sans peine son choix d’échanger l’ordre des termes employés. Cela était-il un message ? Une provocation ? La simple suite de son petit jeu ? Alors qu’elle versait avec des gestes précis l’eau dans les tasses, il poursuivit.

- Si de simples mots ne suffisent pas, que diriez-vous d’un mariage cet été ?

Le noble dut admettre que sa consœur possédait un grand contrôle d’elle-même. Pas une goutte ne fut renversée, même si une ondulation agita fébrilement le filet d’eau presque bouillante et que ses doigts délicats affichèrent une certaine raideur l’espace d’un battement de cil, peut-être même d’une inspiration.

- Nous n’avons pas besoin de l’officialiser aujourd’hui même, l’Esplanade aime être surprise. Vous aurez donc amplement le temps de vous faire une idée de ma personne et de mon ambition réelle. Peut-être accepteriez-vous d’être mon invitée, quelques jours, en toute courtoisie, cela va de soi. Pour vous faire une idée.

Sans doute la cour du roi n’avait-elle pas vu demande en mariage aussi spontanée et informelle depuis bien longtemps.

- Je ne cherche pas à faire de vous ma dinde, ma Dame. Pas même à vous farcir. Seulement à être du bon côté des crocs lorsque vous en ferez usage. Je ne vous demande pas d’amour, pas même de fidélité. Mais une loyauté respective dans la recherche de nos réussites communes et personnelles. J’ai une fille, jeune mais intelligente, une fierté. Si vous vous refusez à me donner héritier par deuil ou par principe, elle prendra sans mal ma succession le moment venu pour nous de laisser place.

Il porta sa tasse à ses lèvres, buvant le liquide encore chaud, ses yeux posés sur elle avec cette même voracité que depuis son arrivée.

- Bien entendu, s’il vous sied, je serais bien heureux de vous courtiser selon la forme consacrée. Vous êtes femme d’exception et je pense que je prendrais grand plaisir à vous séduire si cela est votre souhait. Mais comme vous l’avez dit, je cherche une partenaire, il n’y a donc point de nécessité à ce point, juste notre envie.



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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMar 28 Juin 2022 - 12:21
Alors que le duo se levait pour rejoindre la petite cuisine à quelques mètres de là, les faisant passer dans un couloir dont la tapisserie cachait mal le temps qui lui glissait dessus, Léonice eut un nouveau sourire peut-être un peu plus brave que les autres.

« Sage et charmante, donc. »

Léonice n’avait pas honte de montrer qu’elle avait pris l’habitude de se faire son propre thé. Ce que bons nombres de nobles voyaient comme le signe exquis de la dégénérescence d’une lignée, la baronne s’y confondait dans une humble nécessité doublé d’un certain plaisir. Elle avait appris à plier les feuilles de thé dans de fin filets pour les laisser imprégner l’eau une fois suffisamment chaude. Son attention restait portée sur l’homme dont elle découvrait la réelle largeur d’épaule, sa cape restant éloignée de son gabarit. La baronne ne s’étonna finalement pas des aises que prenaient Dédale dans un jeu maîtrisé ; s’il se trompait de vaisselle, elle lui en indiquait une autre d’un mouvement gracile du doigt. Elle lui pointa également du doigt le service où reposait miel, sucre, et même lait, un luxe issu des hasards des dons d’une soirée précédente. L’homme s’amusait de cette discussion et, Léonice devait bien l’admettre, si elle craignait encore un brin ce morceau de noble bien trop aventureux sur un terrain qu’il ne considérait pas tout à fait comme conquis, la noble prenait le goût d’un risque très peu calculé de son côté. Si Dédale possédait néanmoins tout ce qu’il avait évoqué, et si ses intentions ne possédaient pas de piège supplémentaires, alors la baronne venait peut-être d’être trouvée par un allié de choix. Dangereux, étrange, barbare pervers et peut-être manipulateur, mais satisfaisant. Et Léonice, au travers de ses relations avec des gens qui ne faisaient souvent pas l’unanimité, était devenue une habituée des prises de risques pour espérer en obtenir de judicieux résultats.

La mention d’un soudain mariage manqua tout de même de faire trembler des mains habituées à la mesure. Léonice battit rapidement des cils, levant un regard inquisiteur à l’homme qu’elle soupçonna de parler pour simplement la faire réagir, à la manière de ses oiseaux qui émettaient des sons avec pour seul but de dénicher la présence de proies inquiétées. Elle crut pourtant déceler une sincérité propre aux joueurs d’échecs qui savaient brusquer habilement avec une vérité dénudée.

« Je ne vous mentirais pas en prétextant ne pas avoir pensé, à vous entendre, qu’un mariage restait une alliance de choix entre nobles, mais je ne me doutais pas que vous oseriez ainsi en parler de cette façon. »

La surprise, à défaut de la figer totalement ou de la faire trembler, lui donna suffisamment chaud pour qu’elle ne regrette d’être ainsi couverte en ce mois d’avril. Le printemps fleurissait malgré la chaleur qui se faisait encore discrète ; mais en cet instant, la flamboyante Léonice se crut ancrée en été. Une fois préparée, elle tendit la tasse remplit de thé vers son intrus devenu invité. Mais contrairement à tout à l’heure, elle ne choisit pas une place à son opposé ; la baronne s’invita en bout de table, s’assurant que l’homme ne puisse s’asseoir de manière trop éloignée. Elle continua de l’écouter ; l’homme était odieux, sûr de lui, mais elle trouva le doute acceptable. Versant un peu de miel dans sa boisson, la jeune femme resta muette quelques instants, analysant les possibilités, les avantages d’une telle réalité, et les inconvénients.

« Vous présentez la chose comme si vous craigniez que je ne m’élève dans la société jusqu’à devenir un pur risque. Je vous deviens alors nécessaire, dans votre discours. Astucieux, et je dois avouer être assez admirative ; je ne serais pas attentive que je ne comprendrai pas la menace sous-jacente. »

Il le disait un peu plus tôt ; assimilée à une louve, par chez lui on les éliminait avant que ces créatures ne puissent être dangereuses. Toute l’atmosphère instillée par l’homme visait tant à lui transmettre ce pas de côté fait à son attention que le pur risque que constituait dédales.

« En effet, vous ne cherchez pas de dinde, mais quelqu’un qui puisse aisément passer pour un tel volatile. »

Léonice ne le dirait pas de cette manière, mais elle aimait la manière dont Dédale avait présenté les choses. Il lui accordait une liberté de cœur et de couche, lui-même certainement très peu intéressé par de tels sentiments. Léonice n’ayant jamais été soumise aux aléas de l’amour, mariée trop jeune, elle en comprenait néanmoins les mécanismes ; mais le mariage, au-delà de se prétendre sacré par les Trois, n’était rien de plus qu’un jeu politique à déplacer sur l’échiquier d’un monde en ruines.

« Je vous accorde ma loyauté ainsi que ma main après avoir entendu votre réponse, si du moins elle parvient à me satisfaire. »

Sa cuillère touilla dans la boisson aux vapeurs agréables, qui finirent par adoucir l’odeur de plantes séchées qui avait embaumé tout le rez-de-chaussée.

« Pour ce qui de me courtiser, ou de tenter de me séduire, c’est un jeu qu’il ne me déplait pas de tenter, bien que peu prioritaire à mes yeux. Mais si notre partenariat peut prendre des allures agréables, je ne vous le refuserai pas. Mais dites-moi, Messire, vous m’avez révélé tout vouloir. Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour obtenir ce que vous convoitez ? »

Le regard de Léonice se para d’une lueur qu’on pourrait qualifier de malsaine. Peu choquable, il était clair que la veuve, malgré son jeune âge, ne prendrait pas pour sympathie une demi audace.




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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMar 28 Juin 2022 - 17:13
21 avril 1167.
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Le seigneur des Marches appréciait l’esprit de la Raison. Pragmatique, la jeune femme ne s’embarrassait pas des préliminaires inutiles si habituels dans les discussions de sang bleu. Pas de faux ton offusqué, pas d’incompréhension mensongère, pas de négoces par principe. Elle acceptait une réalité établie, gardant ses objectifs par-devers elle, attendant son moment sans le faire durer.

- Pourquoi serait-elle sous-jacente ? La questionna-t-il avec une sincérité désarmante. Je refuse de croire que vous vous contenterez de sourire gentiment quand se présentera votre chance. Vous le reconnaissez vous-même, nous partageons l’ambition. Nous sommes l’ambition et celle-ci ne souffre pas de rival. Je sais que si nos routes restent divisées, un jour ou l’autre elles s’opposeront. C’est inévitable. Je ne crains pas votre ascension, je la devine. N’est-il pas normal alors d’y être préparé dans tous les cas ? La rose n’attend pas d’être cueillie pour faire pousser ses épines.

Reposant sa tasse, le sire barbare s’empara du miel pour s’en servir une légère cuillère juste suffisante pour briser l’amertume sans sucrer outre mesure la boisson. Il ne semblait pas surpris qu’elle envisage vraiment son offre, comme si cette manière de se proposer était la plus raisonnable de toutes. En réalité, Dédale avait juste peu d’intérêt à jubiler d’une conviction qu’il avait déjà en arrivant, après tout il venait la voir parce qu’elle n’était pas stupide.

- Délicieux. Commenta-t-il en goutant à sa tasse nouvellement adoucie.

- Votre question est intéressante, car elle sous-entend qu’il serait logique qu’une limite se doive d’exister dans cette quête. Il n’en est rien. J’ai trahi, trompé et tué pour vivre et survivre jusque-là ainsi que pour obtenir ce que je souhaitais. Je ne vois aucune raison d’en changer. Comprenez-moi bien ma Dame. Je ne suis pas un boucher, pas même un sadique, j’aime d’ailleurs à croire que je suis un homme bon la plupart du temps. Mais j’ai déjà couvert mes mains du sang innocent pour ce royaume. Il n’est qu’équité que je sois prêt à la même chose pour moi, ou pour nous.

Nouvelle gorgée, nouvelles paroles, qui attendirent cependant qu’il hume le délicat parfum du breuvage, même si ce n’était point sa tasse qu’il regardait.

- Me servir de la douceur naïve qu’on vous attribue sans vous connaître n’est pour moi pas bien différent que de couvrir ma lame de suie pour qu’on ne la voit pas arriver. Mais ne vous méprenez pas, je n’espère pas de vous que vous soyez la gentille façade de notre couple. Je souhaite la devenir en votre compagnie et avec votre aide, comme j’espère que les moyens dont je dispose et qui deviendront les vôtres, seront des outils dont vous userez pour vos propres velléités, avec mon indéfectible soutien. Loyauté et équité, entre nous et nous seuls.

Toujours aussi audacieux, il tendit sa main pour l’enrouler autour de celle de Léonice, la soulevant avec douceur jusqu’à venir effleurer ses articulations de ses lèvres. Son souffle, comme sa peau sur la sienne, était chaude. Il les reposa sur le coin de la table qui les séparait. Sa paume légèrement calleuse d’homme d’armes n’en restait pas moins confortable, voire agréable pour la sienne. Il ne la serrait pas, mais ne la libérait pas non plus, l’obligeant à elle-même prendre cette décision si elle souhaitait rompre le contact. Son pouce effleurait à peine le flanc de son index dans une caresse difficilement qualifiable de désagréable, même si éminemment déplacée.

- Je ne vous demande pas une réponse de l’instant ma Dame, même si je ne doute pas que vous en seriez capable. Je ne fais que vous dévoiler mon intention à votre égard afin de votre décision soit en connaissance de cause. Je suis un goujat, mais un goujat patient.



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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMer 29 Juin 2022 - 17:47
Léonice utilisait ses doigts pour frotter doucement sa petite tasse, un rituel bien ancré lorsque la conversation ne lui permettait pas d’en permanence fixer son interlocuteur. Elle fut curieuse de sentir une telle sincérité dans la question de Dédale, aussi choisit-elle d’y répondre sans détour, usant d’une tranquillité qui devenait de plus en plus établit. L’homme cachait peut-être des choses qui pourraient faire bien du tort à la baronne mais, dans l’immédiat, il était acté que cette discussion n’aboutirait sur rien de désagréable ou en tout cas de pas gérable, quand bien même l’un de ses serviteurs ou encore son chevalier arriveraient en cet instant.

« Car vous restez suffisamment alambiqué pour ne pas être trop direct pour qui écouterait aux murs et ne saurait pas réfléchir de cette façon. Mais, je vous l’accorde, il ne s’agit là que de menus détails. »

L’homme faisait preuve d’une logique qui si elle n’était pas encore implacable, était suffisamment intelligible pour faire hocher la tête à Léonice dans son acceptation. La jeune femme but de son propre thé en attendant que sa dernière question ne trouve une réponse ; elle sentit son cœur légèrement palpiter. D’une manière ou d’une autre, la jeune veuve ne voulait vraiment pas être déçue. Dédale était trop unique, cavalier, audacieux ; et puis, son visage comme son corps ne semblaient point détestables. Aussi pragmatique puisse être la baronne, elle restait une femme relativement jeune n’ayant pas abandonné l’idée d’éprouver quelques tendresses. La nervosité passa d’une légère appréhension alors que la voix du nordique s’élevait, sur le même ton que tout le reste. Elle admirait assez ce côté-là ; manipulateur, mais pas trop. L’homme avait conscience du choix qu’il offrait et s’était suffisamment renseigné pour savoir, ou comme il le disait deviner, que Léonice serait aisément tentée par de telles manœuvres.

A la fin de sa tirade, la senestre de Léonice gisait tranquillement sur la table, alors que sa voisine portait la tasse aux lèvres charnues de la belle. Le soulagement n’eut à peine le temps de dévaler sa poitrine que le contact de leurs doigts lier l’agita à nouveau. Elle n’en laissa rien paraître, encore suffisamment joueuse pour ne pas montrer qu’elle manquait parfois de défaillir ; Léonice était une habituée de l’audace, mais… pas de ce genre-là. Elle eut chaud, elle eut froid, mais son corps resta d’une immobilité discrète.

« Je vois », commença-t-elle avant de poser sa tasse.

Il aurait difficile de prédire ce qu’elle allait faire ensuite, mais là était tout le secret de dame Léonice de Raison ; à chaque nouvelle rencontre s’ajoutait de nouveaux fonctionnements. La panique du départ passé, il lui était difficile de ne pas chercher à s’adapter, aussi piégea-t-elle de sa main libre cette qui s’aventurait déjà contre sa peau, se penchant légèrement à la manière d’un homme de cour qui voudrait murmurer moult mots doux.

« Je crains, mon cher Vicomte, que dans tous les cas vous deviez me faire la cour correctement. Vous cherchez à adoucir votre réputation ; si je partagerai votre amusement à organiser un mariage secret, cela ne ferait qu’augmenter les suspicions sur cette relation qui paraîtrait… trop proche de ce qu’elle serait réellement. Je vous invite donc à, sans tenir compte de ma réponse, me croiser lors d’une réception, au Temple, car vous êtes pieux, n’est-ce pas ? Invitez-moi à danser, puis à donner des leçons de danse à votre fille. Une union ne paraîtrait que bien plus naturelle… et nous offrirait l’occasion de discuter de toutes sortes de choses. »





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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMer 29 Juin 2022 - 19:21
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Un accord sans en être un, une prudence bienvenue mais qui restait prometteuse. Dédale n’avait pas besoin de plus… pour le moment. Elle ne le décevait pas, au contraire, elle était plus intéressante en réalité que dans la supposition qu’il s’était faîtes. Peut-être même qu’une fois libérée des chaines de sa condition pourrait-elle le rendre admiratif. S’il l’avait à son bras, de grandes choses auparavant presque inaccessibles, deviendraient aisée pour le sieur des Marches. Son ton ne fut pas moins voluptueux que celui de la jeune femme aux cheveux de feu.

- Si c’est là votre crainte, je me sens le devoir d’y remédier aussitôt que je le puis douce Dame. Je crois savoir que la favorite de la reine organise une « petite réception » comme elle aime à appeler ses dépenses mirobolantes demain soir. Peut-être aurais-je la chance de vous y croiser. Vous savez, le hasard des rencontres. Peut-être même trouverais-je votre toilette des plus désirables…

Était-ce un espoir ? Une demande ? Une taquinerie ? Son sourire pouvait signifier l’un des trois, comme aucun. Homme d’efficacité, il n’avait maintenant plus qu’une hâte, c’était cette rencontre officielle. Il reposa sa tasse vide et après une dernière longue caresse sur sa main, la libéra également. Debout avec adresse, il repassa sa cape aussi aisément qu’il respirait. L’entretien était terminé… Décidément, que ce soit dans ses arrivées ou ses départs, cet homme se souciait bien peu de l’image qu’il renvoyait. En réalité, on aurait même pu dire qu’il prenait un malin plaisir à se montrer impoli.
La dame de Raison n’eut d’autre choix que de le suivre alors qu’il récupérait son épée avant de le raccompagner à la porte. Elle tendait la main vers la poignée quand il ajouta distraitement :

- Ah oui, une dernière chose.

Le temps qu’elle lève les yeux vers lui, il était sur elle. Sa main saisit son poignet dans un étau dont elle aurait eu bien du mal à se défaire. L’autre passa dans son dos au même instant et la plaqua contre lui. Ses lèvres s’emparèrent des siennes avec férocité. Il était si fort et si grand qu’elle eut presque l’impression d’être décollée du sol, la pointe de ses orteils étant ses seuls appuis. A son étonnement, une fois le saisissement passé, elle put se rendre compte qu’il ne lui faisait pas vraiment mal. C’était brusque, sauvage même, mais pas douloureux le moins du monde.

Sa bouche, parfumée du thé qu’ils venaient de partager était chaude et avide, joueuse, sa langue caressant parfois ses lèvres. Sa main, si elle ne saisissait pas sa fesse réellement, restait diablement aventureuse sur sa hanche et ne s’interdisait pas la caresse. Le sieur Dédale prenait quelque chose que la décence lui aurait interdit de prendre, mais il le prenait avec un talent certain. Était-ce vraiment désagréable ?

Ses doigts, profitant de son mouvement pour retrouver le sol quand leurs lèvres se séparèrent, caressèrent toute la longueur de son dos jusqu’à glisser entre ses omoplates. Le souffle de la jeune noble était raccourci par la durée où il l’avait maintenu prisonnière, ou était-ce autre chose ? Dédale lui offrait à nouveau un sourire vorace autant que satisfait, qui le rendait aussi agaçant que beau.

- Oui, je crois que je devrais aussi pouvoir m’y habituer…

Sans un mot de plus, pas même un aurevoir, il ouvrit la porte et s’en fut, la laissant là, haletante contre le second battant de sa sombre demeure qui paraissait bien minuscule pour des moments comme celui-là.
Allait-elle vraiment se rendre à cette soirée pour revoir un homme comme celui-ci ?



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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyMer 29 Juin 2022 - 20:25
Ah, Léonice avait déjà entendu parler de cette réception ; la baronne avait après tout pour avantage de discuter avec toutes sortes de gens, et les nobles pouvaient se montrer particulièrement bavards quand on savait s’y prendre. Sa réputation était encore à faire ; la belle aux cheveux de feu étaient relativement éloignées de la cour royale, mais plus le temps passait et plus son influence lui avouait quelques invitations intéressantes. Si la belle connaissait mal la favorite en question, il s’agissait là d’une soirée parfaitement accessible pour les ambitions de Léonice, qui ne donna tout de même pas de réponse immédiate. Au milieu de toute la maîtrise de son corps, la rousse eut un léger sursaut. Désirable… elle savait l’être, oui, mais elle se sentit tout de même un peu trop observée par le regard presque embrasé de son interlocuteur qui se leva très peu de temps en suivant.

Léonice n’était pas insensible, mais ne cédait pas tant de terrain que ça. Mentalement, du moins, puisque son corps souhaitant visiblement la trahir par une forte chaleur dans tout son corps ; rien qui ne puisse être trop remarqué tant qu’ils ne se touchaient pas plus de ce qui avait déjà eu lieu. Bien qu’habituée aux arrivées et départs en coup de vent de son chevalier, la baronne eut un demi-sourire presque méprisant alors que l’homme repartait droit vers le salon, récupérant cape et épée avec une Léonice sur ses talons. Elle ne fit aucun commentaire, comprenant qu’une telle nature ne pouvait qu’être suivie ou confrontée ; et qu’en l’espèce, Léonice n’avait aucune envie de s’opposer trop durement à son invité intrusif, malgré les limites de la bienséance qu’il s’amusait visiblement à dépasser. L’heure était donc de se quitter, dans un accord vraisemblable qui se profilait au moins jusqu’à la soirée suivante. La baronne en était déjà à des considérations calculées, sereines mais qui nécessitaient que l’on y réfléchisse, oubliant presque que Dédale se tenait toujours derrière elle. L’éclat de voix qu’elle entendit ne lui laissa le temps que de répéter les quelques syllabes que son propre esprit eut le temps de formuler.

« Une dernière… ? »

Il y avait de ces instants qui échappaient à toute notion quelconque. Ce n’était plus vraiment une question de ne pas réaliser, de voir le temps s’écouler trop vivement ou au contraire se figer. Non, une part de Léonice comprit ce qu’il se passait à la seconde même où Dédale agissait ; elle sentit tout, du contact contre ses lèvres à celui dans son dos, ou encore son poignet prisonnier de quelque chose qui l’empêcha de se débattre. Sonnée, désemparée, mais surtout nimbée d’une émotion qui échappa à tout contrôle, un battement de cils suffit à ce que les corps se rapprochent sous la simple impulsion d’un caprice. Calcul ? Simple envie ? Test ? Démonstration du je-m’en-foutiste caractériel de Dédale ? Léonice usa de sa main de libre pour s’accrocher au bras de ce qui frôlait devenir un agresseur afin de s’assurer son tout relatif équilibre. Elle se sentit portée, en alerte, essoufflée et un brin exaspérée de ne… même pas avoir envie de se dégager. De toute façon, elle n’en eut aucun temps ; à peine son méfait commis, le criminel s’envolait en la laissant là, chancelante mais pas moins digne. Agitée, il fallut quelques instants à Léonice pour pousser la porte de ses deux mains et ainsi la fermer, s’isolant dans une maison qui lui parut minuscule.

Son souffle ne se reprit jamais vraiment ; et avec le même soudain que le geste ou les paroles de Dédale, Léonice se mit à rire, dans un bégaiement qu’heureusement personne n’entendit tant il était d’une nature frivole. Les pensées de la jeune femme se mêlèrent alors qu’elle revenait vers la cuisine pour s’y asseoir, contemplant les deux tasses vidées sur sa table en bois. Tout d’abord, qu’il lui faudrait prendre pour habitude de glisser une courte lame dans son corset quand elle en portait, afin d’avoir au moins quelque chose sous la main si une telle chose devait se reproduise dans des circonstances… moins avantageuses. Alors que sa dextre venait éponger la transpiration à son front, Léonice finit par comprendre pourquoi elle se sentait si agitée ; pensant d’abord que la honte de se laisser ainsi embrasser par un inconnu l’avait rattrapé, elle réalisa que son trouble était d’un tout autre genre. Léonice n’avait connu qu’un mari, quelques années ; si elle lui avait témoigné quelques élans sincères d’amitiés, leur vie conjugale n’était pas particulièrement animée.

Ce que ressentait Léonice pour l’une des premières fois de sa vie, c’était du désir. Pas du genre à lui faire perdre la tête, non ; charmeuse, la jeune femme savait comment titillait certains instincts chez l’humain pour le dompter. Mais jamais de telles entreprises n’avaient été faites à son encontre ; mêlé au début de feu de bois qu’avait provoqué le nordique, il fallut de longues minutes à la rousse pour se calmer.

Qui disait désir signifiait également ambition affermit. Les possibilités qui s’ouvraient à elles lui donnaient le tournis, mais surtout… Léonice restait un loup politique et social, plus qu’une dinde, en tout cas. Bonne stratège, elle savait perdre une bataille pour surprendre son adversaire et lui ravir la guerre. Ainsi donc, Dédale voulait jouer ?

« Je ne devrais pas penser comme ça », soupira-t-elle pour elle-même, les bras ballants alors qu’elle s’affalait dans son siège.

C’était quelque peu puéril de sentir une soudaine envie d’affronter Dédale sur ce terrain-là. Mais si elle se présentait à la soirée du lendemain… Un sourire continua de s’étirer jusqu’à, il semblerait, les étoiles. Léonice se présenterait bien, le lendemain ; mais elle comptait bien emmener avec elle ses propres règles. Léonice passa donc le reste de la journée à minutieusement préparer sa tenue, ses bijoux, son parfum. Elle dut faire preuve d’un immense calme pour ne pas trahir tout ce qu’elle cogitait ; la plupart de ses domestiques ne remarquèrent aucun changement, sauf peut-être son jardinier qui avait toujours été le plus attentif ; mais il fut très simple de mettre ça sur le dos de la réception à venir. Il s’agissait quand même de la favorite de sa seigneurie la Reine !

Alors le soir venue, Léonice ne manqua pas de se présenter. Pas trop en avance ni à l’air, la minutie la poussa à ne montrer le bout de son museau qu’avec cet art des heures où les regards s’attiraient moins facilement vers les retardataires : mais l’on finissait toujours par remarquer les plus habiles qui n’étaient pas là en début de soirée. La baronne ne possédait pas de grands moyens ; Dédale avait raison sur les états de ses finances qui, si elle mangeait à sa faim et pouvait se payer quelques fantaisies de temps à autres, n’étaient pas au meilleur de leurs formes. La baronne possédait tout de même quelques atouts dans sa garde-robe, baignant dans la soutenue élégance qu’elle aimait porter. Elle portait de ces robes qui pouvaient paraître presque banales au premier abord ; la couleur primaire était plutôt sombre, proche d’un mauve profond fait de velours allant des côtés de sa nuque pour tomber jusqu’à ses chevilles. Mais plus l’on détaillait la silhouette, et plus chaque détail paraissait divinement remarquable ; la première tunique se tenait un autre tissu brodé de beige et d’or, l’ensemble ceinturé aux hanches d’un alliage de tissus et de perles. La peau laiteuse de la jeune femme s’entrevoyait à ses épaules, ainsi que sur ses mains et ses avant-bras qu’elle avait choisi découvertes ; mais tout semblait être dans la suggestion. Ses longs cheveux bouclés se portaient jusqu’à son dos, à peine enfermés dans un ruban aux mêmes teintes que la robe, et à ses oreilles ainsi qu’à son cou se tenaient de fins bijoux dorés.

Il était peut-être un peu idiot de penser de cette manière, se répétait-elle inlassablement ; mais rien que l’expectative de cette soirée amusait grandement la jeune femme. Qu’en serait alors la réception en elle-même…







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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyJeu 30 Juin 2022 - 15:48
22 avril 1167.
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Pour la Noblesse de Marbrume, c’était dans des soirées comme celle-ci qu’on s’apercevait de l’amélioration de la vie dans la cité. Le faste n’était certes pas encore l’égal des périodes d’opulence, mais de nouveau les tables étaient garnies, les musiques joyeuses, les rires sincères. A dire vrai, quand l’on connaissait les conditions de vies encore terribles des plus démunis, tout cela paraissait presque obscène. Mais il s’agissait visiblement de la volonté de l’organisatrice des choses, la Vicomtesse Félia de VertChemin. La favorite de la reine s’efforçait avec soin de faire connaître l’influence et le pouvoir de sa maîtresse en réunissant de plus en plus régulièrement ce genre de festivité afin de rappeler à tous qui se tenait dans l’ombre d’un Roi toujours plus puissant.

Même si sa majesté ne faisait finalement que rarement apparition dans ces fêtes informelles, son nom était sur la plupart des lèvres. Félia s’en assurait. Debout sur le balcon qui dominait la salle de balle presque comble du manoir que lui avait prêter l’un des seigneurs les plus ouvertement dédié à la cause de l’épouse royale. Elle devait admettre ressentir une certaine satisfaction à ce spectacle. Comme de bons petits soldats ils s’agitaient tous d’une formation à l’autre, se croyant bien intelligent, suffisamment perspicace pour se savoir manipuler et agir malgré tout pour leur intérêt, mais ainsi ils s’aveuglaient aux véritables machinations. Dans quelques jours, tous tomberaient des nus.

Une chevelure d’un roux vivace comme un soleil matinal s’avança dans son petit bal de poupée et elle du admettre sa surprise devant cette présence. Sa tenue, d’une sobriété calculée semblait malgré tout attirer de nombreux regard par sa qualité et son décalage avec ces dames qui en faisaient toujours trop pensant que le plus serait forcément le mieux.
Bien entendu, elle se souvenait vaguement de ce nom dans ses invités possible, la favorite de la reine transmettant ses invitations avec assez de largesse pour faire rêver même les moins fortuné d’entre eux, même ce qui ne comptaient que peu. Mais la plupart n’avait pas l’audace de venir, conscient de leur place dans le jeu.
Félia détestait autant qu’elle aimait les grains de sables, mais la première option s’appliquait plus souvent quand elle ne comprenait pas leur présence. Une bonne ou une mauvaise chose ?

Félia descendit donc à la rencontre de cette invitée imprévue avec le sourire le plus charmant qu’elle put trouver dans sa besace à expression. Léonice de Raison était une belle femme, surtout au vu de ses maternités passées. Que ce soit elle ou la nature, quelqu’un avait décidé qu’elle ne laisserait pas son corps s’amollir et s’épaissir après avoir accompli son devoir. Elle possédait néanmoins ce petit soupçon de maturité donné pas la maternité. La foule se fendit devant Félia comme l’écume devant la proue d’un navire des regards suivant sa trajectoire pour se poser sur la jeune femme tout juste arrivée.
Si elle s’était voulue discrète, l’intérêt qu’elle provoqua chez l’organisatrice mit fin à son admirable savoir-faire.

- Voilà un visage que je n’ai vu que trop peu ! S’exclama avec une joie magnifiquement feinte la vicomtesse en saluant Léonice d’une révérence gracieuse.

- La baronne de Raison me faisant l’honneur de sa présence. Un fait bien rare, la belle musique a-t-elle finit par parvenir à vos oreilles au point de vous ensorceler ?

L’on aurait presque pu entendre une moquerie à cet instant, mais la chose était trop bien dissimulée pour en être certain. Passant un bras léger autour du sien, la vicomtesse l’entraina d’un pas tranquille vers les verres que des serveurs s’entêtaient à remplir.

- Nous n’avons que trop rarement l’occasion de voir le cercle extérieur de l’Esplanade. L’on m’a dit que vous gagnez votre place en vendant vos conseils, c’est formidable, que faites-vous donc précisément ?

En sous-entendant que la dame de Raison ne pouvait garder sa place sur l’esplanade en usant uniquement de son nom, il n’y avait plus vraiment de doute possible, elle l’insultait. A demi-mot, bien entendu, mais elle l’insultait bien.



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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyVen 1 Juil 2022 - 11:40
Voilà bien longtemps que Léonice ne s’était pas rendue au sein d’un tel faste. Il y avait une part de tranquille indécence à organiser ce genre de fête ; enfin, c’est ce que se dirait probablement une personne très peu aux faits des jeux de pouvoirs qui s’organisaient dans le visuel et les fréquentations. Léonice s’était toujours montrée discrète, ne laissant pas ses propres ambitions empiéter sur la réputation qu’elle se forgeait. Alors qu’elle se déplaçait sans chercher à attirer les regards outre mesure, mais sans se cacher non plus, un sourire naquit sur ses lèvres alors qu’elle se disait certainement avoir été trop facilement audacieuse pour un homme qu’elle ne reverrait peut-être jamais. Il y avait du profitable à être ainsi titillée, puis manipulée ; la baronne reconnue sans mal que sans l’étrange échange qu’elle avait entretenue avec Dédale la veille, probablement que les réceptions de la Vicomtesse de VertChemin ne seraient restées que de lointaines supercheries.

Léonice comptait bien jouer à son propre jeu pour la soirée ; mais elle ne s’imaginer pas, parmi toutes les personnes présentes, s’attirer l’attention d’une singulière personne. N’était-ce pas la Vicomtesse elle-même qui faisait se séparer la foule comme Serus avant elle ? Léonice était bien plus à l’aise dans ce genre d’environnements, malgré tous les risques que cela pouvaient engendrer, qu’esseulée avec un inconnu chez elle ; mais elle dut bien reconnaître que l’arrivée de Félia lui donna chaud. La femme était sublime, son corbeau de chevelure en contraste parfait avec le lumineux du renard de Léonice. Elle élégante, mais de cette élégance qui n’appartenait qu’aux femmes qui se savaient de pouvoir, capable de piéger les cœurs de chacun au creux de leur main. Si Léonice ne l’avait jamais rencontré au auparavant, elle ne doutait pas un seul instant du pourquoi de son statut de favorite ; en quelques secondes, la rousse avait déjà entendu le nom de la reine amené deux fois autour d’elle.

L’instant fatidique s’approchait à grands pas ; la baronne s’inclina de la même manière que sa voisine, sentant dans son dos brûler les regards curieux, envieux ou encore jubilatoires des invités autour d’elle. Le sourire de Félia n’eut d’égal que le retour chaleureux sur le visage de Léonice ; cette dernière s’inclina respectueusement, feignant un ravissement total. La Vicomtesse semblait sincèrement joyeuse, jusqu’à créer un léger doute dans le cœur de la baronne qui intellectualisa rapidement la situation. Un simple coup d’œil autour d’elle lui permis de confirmer qu’elle était une toute petite erreur dans un organisme bien huilé. Les femmes se ressemblaient dans leurs indélicates robes qui brillaient ainsi que des joyaux volés à la terre entière. Elle devinait des parfums entêtants par leur forte odeur ; là où le sien n’effleurait qu’à peine les sens quand on se rapprochait d’elle.

« Ne jamais contempler le vôtre aurait été d’une indignité extrême », répondit la belle d’un ton doucereux.

Léonice laissa sa curieuse compagne lui prendre le bras. Elle la suivit, docile, croyant noter une pointe de moquerie dans le phrasé qui ne devait passer que pour une boutade ; ou une remarque sans incidence. La baronne n’était pas farouche, mais avait conscience de sa place dans cette mascarade ; elle s’imagina un instant que Dédale l’ait volontairement poussé à se rendre à cette réception pour voir si elle saurait se dépatouiller de quelques pressions. Mais cela voulait-il dire qu’il savait qu’elle serait remarquée ? Il y avait, à ses yeux, des limites aux prédictions des uns ou des autres.

« Peut-être, Vicomtesse. Après tout, j’ai toujours aimé la musique ; dans ce monde étrange, qui pourrait éternellement y rester indifférent ? »

Quand elles arrivèrent jusqu’aux diligents serviteurs, Léonice tendit ses doigts fins et très peu marqués à l’exception de quelques cicatrices vers une coupe d’un liquide aviné. Un coup d’œil de ses yeux azurés suffit à déterminer à quel point Félia insultait la baronne ; nul doute que cette dernière cherchait une réaction, comme il en était de coutume parmi les gens qui n’avaient pas grands soucis à se faire en dehors de quelques assassins et, bien entendu, de leur propre influence. Il n’y avait nul lieu pour Léonice de se sentir outrée ; il était vrai que son seul nom ne suffisait pas à garantir sa place à l’Esplanade. Elle eut tout de même un sourire léger, presque coquin quoique fugace ; le nom de Raison était tout de même suffisamment connu pour qu’elle reçoive des invitations, et pour que Félia la reconnaisse d’un seul regard. Son visage s’adoucit pourtant immédiatement, alors qu’elle humait la coupe près de son visage.

« Il est vrai que je dénote parmi tous ces précieux gens, mais que voulez-vous ; mon cœur est faible, je ne me sentais pas de détourner une troisième fois une si belle invitation. »

Alors qu’il était coutume d’au contraire ne jamais se présenter lorsqu’on savait que ce que l’on considérait comme des parasites ne devaient aucunement se mêler aux oiseaux. Mais voilà : Léonice avait croqué à la pomme, et devait maintenant orchestrer. Mais la belle ne comptait pas laisser Félia l’antagoniser ; peut-être était-elle simplement curieuse, voire soucieuse de sa présence. La baronne userait de prudence et de tact ; sans montrer qu’elle se laissait marcher sur les pieds.

« Ce que l’on vous dit est fort juste ; je ne suis rien de plus qu’une amicale conseillère ayant glané au fil des années quelques utiles connaissances. Je ne vous cacherais pas que le qualificatif de dame de compagnie pourrait également me convenir. Je n’ai nullement la prétention d’apprendre aux autres à tenir leurs affaires. D’ailleurs, la plupart du temps, je ne fais que poser des questions qui leur révèle subitement ce qui était caché au fond d’eux. »

Une vérité aussi sincère qu’en demi-teinte ; Léonice préférait s’abaisser légèrement elle-même que de trop ouvertement s’ériger en femme d’importances. Maintenant, tout restait à voir sur comment Félia allait réagir… la baronne en aurait presque oublié le motif de sa présence.






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MessageSujet: Re: [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau   [convocation]Dans la noirceur s'épanouit le flambeau EmptyVen 1 Juil 2022 - 15:04
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Malin petit oiseau, migres-tu ou cherches-tu simplement un nouveau nid ? La dame de Raison, à son agréable surprise, ne rougit pas, ne bafouilla pas, pas plus qu’elle ne se mit en colère sous la pique. Elle fit le dos rond et se contenta d’un pas de coté pour la laisser filer sur son ego. Soit elle était particulièrement stupide, soit elle était plus intelligente qu’il n’y paraissait… Intéressant.
La vicomtesse s’empara à son tour d’un verre qu’elle fit joliment teinter contre celui de Léonice.

- Voilà qui est fort bien parler, en plus d’une modestie rare. Mais je sais qu’il n’est pas si aisé de choisir les judicieuses questions pour mener les personnes à… se développer dans la bonne direction. Choisit-elle pour ne pas dire obéir. Au fond, ce qu’elle-même faisait n’était pas si différent. Comme avec le comte de Rougelac, placer les bons mots aux bons endroits, et laisser faire le reste. Même auprès de la plus puissante femme du royaume.

- Je suis ravie de vous trouver si accomplie en ce cas. Et de confirmer que votre présence n’a que bien trop manqué à mes soirées. Profitez donc de celle-ci, je ne doute pas que d’autres curiosité que la mienne ont été piquée par votre présence. Je n’oublierais pas de confirmer vos prochaines invitations que nous parlions d’une dame de compagnie à une autre. Je suis certaine que cela sera très enrichissant.

La favorite de la reine déposa sa joue contre la sienne, leurs peaux d’une température presque opposée malgré la douceur partagée créant un saisissant contraste, et lui offrit une bise sonore. Après un dernier sourire qui parut presque de connivence, Félia la laissa là, son verre dans les mains pour se mêler à la foule des flagorneurs.
Comme elle venait de lui prophétiser, la Dame de Raison ne tarda pas à se faire aborder de nouveau par d’autres partis visiblement intéressés par sa présence ou au moins par l’intérêt qu’elle avait suscité chez la favorite.

Hélas, une autre prophétie datant de la veille se réalisa et Léonice de Raison pu bientôt découvrir qu’elle assistait au défilé des dindons et de leur farce. Chacun persuadé de lui faire honneur en évoquant leur intérêt, vantant sa beauté et son intellect, même si leur approche était si grossièrement maladroite qu’elle pu douter qu’aucun d’eux ne la croit vraiment dotée d’intelligence. Oh certain parlaient joliment, d’autres avaient pour eux le statut malgré l’âge, d’autres au contraire étaient jeunes et robustes, parfois nettement plus qu’elle-même.

Mais tous partageaient le même défaut, ils étaient ternes, sans audace, sans ambition autre que de se conforter dans leur oisiveté financière. Pas étonnant que la vicomtesse de VertChemin ne les utilise avec tant de facilité. Ils étaient tous fait d’un unique moule plus ou moins frais. Bien entendu, fidèle à sa réputation et à sa grâce, la Baronne sut sans aucun doute offrir sourire et danses lorsque cela s’avérait nécessaire, bien trop perspicace pour se fermer des portes par simple ennui. Mais il y avait là bien plus de pions que de joueurs.

Alors, comme promis mais très en retard, il arriva enfin. Pas aussi discrètement qu’elle, pas discrètement du tout d’ailleurs. Les deux portes s’ouvrirent claquant, le valet manquant de peu de chuter en se rattrapant à la poignée alors qu’un groupe d’hommes entraient en riant fortement. S’ils étaient de tous âges et tout gabarit, ils possédaient tous cet air guerrier de ceux qui ont gagné leur titre sur le champ da bataille plus que dans la cour d’un seigneur plus élevé qu’eux. Cheveux long ou hirsute, cicatrice sur le visage, regards pleins d’une violence naturelle. Pas étonnant qu’on traita les seigneurs du nord comme des barbares.

Dédale se trouvait bien entendu au centre du groupe, immanquable même parmi les siens. S’il avait encore sa cape de loup, il portait cette fois-ci une longue veste de chasse ajustée avec un col haut d’un rouge presque aussi profond que sa chevelure. Son blason, une tête de loup sur fond bleu et blanc ressortait vivement sur son torse comme un éclat de neige au centre d’un lac de lave, s’obstinant à ne pas fondre.

Il décrocha sa cape et la jeta à un serviteur, qui ressemblait de fait à un enfant tenant un rideau. Bien sûr, ils avaient attiré les regards, mais semblaient n’en avoir cure, les lèvres de Dédale remuant rapidement et provoquant un nouvel éclat de rire bruyant. Certains lui tapèrent sur l’épaule avant de s’éloigner en riant alors qu’avec quelques autre il fendit la foule pour à son tour accéder aux verres. Il en descendit un d’une seule traite avant de se saisir d’un autre et d’enfin prendre le temps d’observer la salle. Elle sentit son regard glisser sur elle sans s’arrêter comme si elle n’était qu’un visage parmi la foule.

Petit à petit, l’animation repris son cours sans plus se soucier des bruyants énergumènes qui continuaient de parler bruyamment sans jamais vraiment s’éloigner des rafraichissements. D’une certaine façon, ce comportement semblait plaire à une part de l’assemblée, cela avait quelque chose d’à la fois nouveau et rassurant que de voir son avis confirmé par des comportements sans doute. Léonice put tout de même découvrir que l’animalité du seigneur des Marches ne le privé pas le moins du monde d’un succès certains auprès de la gent féminine. Comme elle avait eu droit aux dindons, elle put le voir aborder par nombre de dindes quémandant un peu de son attention virile.

Malgré l’intelligence qu’elle lui connaissait, elle vit aussi que lui ne faisait pas l’effort de sa diplomatie. Quand il ne les ignorait pas simplement, il disait quelque chose de son petit sourire désarmant et les dames repartaient le rouge aux joues et le regard furibonds. Ce qui ne les empêchaient pas, pour un bon nombre, de lui jeter des coups d’œil hâtif et désireux de temps à autres. Il ne s’accorda une danse qu’avec un dame qui aurait amplement pût être sa mère et qui rit malgré elle alors qu’il la faisait tournoyer, une main sur son épaule plutôt que sur sa taille tant elle était petite.
Ils échangeaient quelques mots sur le bord de la piste en riant tout bas et en pointant les gens quand par un « hasard » bien choisit, son regard se posa à nouveau sur la dame de Raison et cette fois-ci s’y arrêta sans hésitation, la parcourant des pieds à la tête. Le sourire détendu devint prédateur.

Il chuchota quelque chose à la petite femme rondouillette qui hocha la tête et se redressa pour avancer droit sur elle en marchant à travers la piste de ses grands pas confiant. Leurs yeux ne se quittaient plus, même si elle parvenait sans peine à tenir la conversation insipide qu’essayait d’entretenir le même baron depuis plus d’un quart d’heure. Dédale, comme elle pouvait s’y attendre, n’attendit pas la fin de leur conversation pour s’inviter.

- Je ne crois pas avoir le plaisir de vous connaître ma Dame… Et chez moi on dit qu’il n’y a que trois endroits où on peut vraiment découvrir une personne. Un champs de bataille, une piste de danse et…

Plutôt que de finir sa phrase, il lui offrit sa main.

- Ferez-vous quelques pas avec moi ?




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