Marbrume


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 Et l'hiver sera rude...

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Janke “Jan” LaDoloyreÉgorgeur
Janke “Jan” LaDoloyre



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MessageSujet: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyVen 1 Juil 2022 - 22:52



VOLENEÀ ce train, on va crever avant le printemps.
JANÀ c’train j’t’aurai buté avant.


Qu’est-ce qu’il me gonflait, l’Volène, à être aussi pessimiste alors qu’on avait d’jà réussi à survivre quoi… ? Quatre mois dans c’merdier crasseux ? Et à rassembler assez d’débris pour faire un début d’barricade autour du village. C’était pas l’grand luxe hein, faut pas non plus s’faire des idées. La gueule du village vous m’direz, trois baraques d’pêcheurs qui s’battent en duel, pendant qu’on a l’bottes dans la bouillasse dégueulasse du marais. Moi j’m’installe dans les arbres, y a pas moyen qu’une d’ces saloperies d’Fangeux vienne m’croquer une miche pendant que j’pionce. Et j’en ai bien b’soin, d’pioncer, l’Trois m’prennent à témoin, j’me donne comme une forcenée. C’derniers mois ont vraiment pas été d’tout repos et même si nos rangs gonflent comme un cadavre en mer à force d’nouveaux marqués, d’nouveaux “bannis” d’Marbrume. C’est à croire qu’ils font une sacrée purge d’nous autres indésirables dans la capitale, va savoir à quoi ça ressemblera là-bas quand il restera qu’des trous du cul d’nobles et d’bourgeois qui vont s’la faire à l’envers à la moindre occasion et s’ront pas foutus d’préparer un œuf. Quelle bande de vautours d’merde… J’me r’tourne vers c’lui qu’on pourrait appeler notre chef, un type un peu spécial qu’a dû être garde avant d’se faire jeter, ou un truc du genre. Balèze, blanc comme un linge, l’boule à zéro, et pour moi qui suis déjà grande pour une femme, il me mettait facilement une tête. Par contre il avait pas l’air d’mon milieu, ou en tout cas, il f’sait probablement pas aussi pouilleux qu’moi malgré ses cicatrices ou ses scarifications. Sa diction avait bien plus d’gueule même si du coup j’le trouvais un peu pompeux des fois. Mais d’mon point d’vue ? Il en envoie, t’as pas envie d’aller lui casser les couilles avec ton écharde dans l’doigt ou l’fait qu’tes godasses soient noyées. Ce sera le cadet d’tes soucis.

JANL’premier village ‘t à quat’ lieues. I’s ont forcément gardé du grain pour c’t’hiver, ç’nous tiendra au corps et ça s’transporte sans trop d’mal.


L’village en question, c’est Monpazier. On sait, d’source sûre, qu’y a encore quelques semaines l’patelin était vide et qu’ses habitants s’étaient réfugiés dans la capitale quand cette merde nous est tous tombée d’ssus. Honnêtement ? J’peux pas leur reprocher d’être allés s’planquer, j’pense que j’aurais pas fait la fière si j’me trouvais au milieu du Morguestanc avec des revenants à ma porte. En tout cas, s’il restait un pignouf là-bas pour protéger son élevage de porcs, j’pense qu’il aurait pas fait long feu, trois p’tites marches ou une branche et il se s’rait fait dépecer dans son grenier. Mais quatre lieues, c’pas la porte à côté non plus, et ça nous prendrait au moins quatre heures voire plus avec l’marécage qui nous ralentit comme jamais. Crapahuter dans l’eau, les roseaux, les branches, les corps décapités d’ceux qu’on a réussi à abattre au prix d’nos derniers arrivés parfois, c’tait vraiment pas une mince affaire. J’étais dans l’coin depuis septembre et j’te garantis, j’me suis fait d’belles frayeurs en m’coinçant la patte dans des espèces d’algues à la con qui te r’tiennent comme des sables mouvants. Et pour peu qu’tu pèses un bœuf et d’mi, ça devient d’plus en plus compliqué d’te sortir de là. L’Volène, c’était un peu c’genre. Pas très combatif le grand brun, pour pas dire qu’c’est une tanche en terme d’agilité, mais c’est un veau qu’t’as intérêt à avoir dans ton équipe si t’as besoin d’en venir aux mains. Il te colle des patates d’la taille d’un bélier d’siège en travers d’la gueule sans sourciller. Mais il est con comme un âne.

JANT’en penses quoi ? Six gars, j’vais t’dire l’Volène, l’Bardaux, Silence, Dugommier, moi… et le p’tit dernier là, l’blond. Trois brutes, trois flèches.


L’gars installé sur le toit d’un des baraquements s’redresse pour voir qui s’trouve dans l’coin en contrebas de son trône. Il m’faisait penser à Léon, enfin, l’Couturé dans l’jargon quand il rôdait pas dans les parages — parce qu’il détestait qu’on l’appelle comme ça. Et c’était un type envers qui j’avais une sacrée admiration. J’irais pas jusqu’à d’la loyauté, mais il m’donnait pas envie d’le rouler. Déjà parce qu’il faisait l’double d’mon poids, et que j’aurais jamais pu l’foutre au tapis. Et parce qu’il en avait dans l’crâne. Lui-là, Griff’, c’était pareil. Un charisme qu’j’avais du mal à expliquer, mais qui donne pas envie d’la lui faire à l’envers. On y gagne sans doute beaucoup plus à être dans ses p’tits papiers. C’que je m’efforçais d’faire depuis mon arrivée, pratiquement au même moment qu’lui. Il avait l’avantage sur moi d’connaître un peu mieux la Fange, moi j’sortais d’une stase de plusieurs mois et j’avais rien vu d’tout ça avant d’sortir par la grande porte. Alors j’comptais sur lui, et son expertise. J’me rappelle pas combien on était c’soir-là, déjà une bonne vingtaine, dont une escouade partie vers Sarrant pour récupérer les prochains bannis. On s’côtoyait déjà depuis quelques mois si bien qu’il m’faisait assez confiance pour aller mener les gars dans un pillage sur Monpazier sans trop d’pertes. Alors sur son accord, je siffle les cinq terribles et j’leur fais signe de m’rejoindre au centre du village.

JAND’main, à l’aube, on s’rend à Monpazier, quat’ lieues par là. Armes, sacs, et on ramène tout l’grain qu’on trouve et qu’on peut porter. Si on s’chope un cochon qui traîne dans l’village, on l’découpe, on l’embarque, vu ? L’viande nous f’ra pas d’mal pour l’restant d’l’hiver. On d’vra p’t-êt’ passer une nuit là-bas donc j’vous l’dis d’avance, prévoyez pas d’rentrer entiers, ou vivants.


J’voyais l’grand dadet blond m’regarder d’travers, c’qui commençait déjà à m’chauffer, mais fallait bien qu’il s’rende utile. Si Volène était un gros lourd, et que l’Bardaux et moi, on est d’la même catégorie, Dugommier et “Silence” étaient plutôt d’celle du précieux. D’ailleurs, on app’lait Silence comme ça parce qu’il était muet d’puis la Fange, apparemment. Tellement choqué par c’qu’il a vu qu’il a jamais réussi à m’cracher un mot d’puis qu’j’le connais. Final’ment, ça lui servira. J’attendais pas particulièrement d’remarques, tout l’monde s’dispersait pour aller pioncer quelques heures dans nos baraques en hauteur. L’repos du guerrier comme on dit.

Le lend’main est arrivé trop vite, j’avais éclaté une planche d’mon plafond pour voir l’soleil s’lever en plein sur ma tronche et qu’ça m’réveille comme il faut. Un peu d’eau d’pluie sur la gueule, un peu d’blé sec et insipide qu’il nous restait, juste d’quoi nous donner de l’énergie pour atteindre l’patelin, et on d’vait s’rejoindre aux portes du village. Dugommier, un p’tit rouquin, était tellement à l’heure que j’me demande s’il était pas recouvreur pour les bourgeois lui. Silence m’a pratiquement foutu les j’tons en arrivant dans mon dos, à tel point qu’il a manqué d’peu de manger mon coude en pleine face. Volène, on n’pouvait pas l’manquer, Bardaux sur ses talons avec ses ch’veux noirs en catogan. N’restait qu’le dernier qui s’pointait sans que j’puisse déceler ses armes, si bien que j’me demandais s’il en avait seul’ment.

JANOye, toi. Tu m’rappelles ton nom ? T’vas les cogner ‘vec quoi les Fangeux, une tasse d'thé ?


Dernière édition par Janke “Jan” LaDoloyre le Jeu 25 Aoû 2022 - 9:37, édité 1 fois
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Vladémir de la SayettePurgateur de Rikni
Vladémir de la Sayette



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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyDim 3 Juil 2022 - 12:53
La brûlure dans ton avant-bras frottait contre le tissu noir qui la recouvrait, presque aussi vivement que quelques jours auparavant. C’était désagréable mais Ô combien cela te rappelait ton bon choix et ton existence. L’hiver frappait dur et tes jambes n’étaient pas encore habituées à de tels travaux ; moins d’une semaine après ton espèce de « recrutement » parmi d’autres bannis, voilà que tu accompagnais ces braves bêtes pour trouver de quoi passer la saison des gels. Tu n’étais jamais très loin d’eux, mais pas non plus trop proche. Silence. Un surnom que tu aurais également aimé récolté, te fondant aussi dans un relatif mutisme qui singeait la peur du véritable Silence. Enfin, tu ne singeais pas seulement ; tu avais peur, oui, cela t’arrivait de craindre les ombres, mais de cette même crainte qui excitait tes sens jusqu’à te pousser à des extrêmes qui ne t’ennuyaient jamais. Le gros point noir était finalement ce Volène ; un imbécile qui crut bon d’entacher ta première soirée à l’extérieur de Marbrume par quelques insanités futiles. Il martelait qui n’était pas sûr avec ses prédictions de morts et son manque d’ambition, jusqu’à avoir prétendu que « le p’tit blond » ferait partie des plus rapides victimes. Alors certes, tu n’étais pas le plus impressionnant de tous ces anciens malfrats ou de ces guerriers nés, et ta manie de garder ton corps camouflé sous des tissus sombre peuvent faire croire à une certaine faiblesse physique ; il n’en n’était rien. Tu avais conscience de ne pas pouvoir faire tomber une Jan ou le gros baraqué qui vous servait de chef de l’instant de front ; tu n’étais pas non plus certain que tous te sous estiment. Il y avait une certaine méfiance instinctive dans certains coup d’oeils : chose dont tu te délectais, tout en faisant mine d’être un peu plus nerveux que tu ne l’étais vraiment.

Volène. Volène. Volène. Il était la prime raison pour laquelle tu t’étais demmerdé pour finir ici, avec eux, à les suivre, à t’obséder pour la meilleure manière de lui faire payer son ton désagréable et son manque de respect. Mais pour l’heure, il te fallait jouer les bons petits soldats. Tu aimais les hauteurs et profitait de ton agilité pour toujours avoir de bons angles de vue ; tu te dis même que cette nouvelle liberté devrait te pousser à apprendre à tirer à distance… mais tu aimais bien trop le bruit des lames qui fendaient les organes pour ça. La grande rousse là, était unique par sa musculature, sa manière de parler et par le simple fait que tu n’ais pas croisé tant de femmes que ça depuis ta sortie de la ville. Elle avait la sympathie du Griff et de pas mal d’autres, là où toi ne t’étais attiré la sympathie que de petits bannis ayant besoin d’attention. Elle t’agaçait, avec ses yeux de tueuse endormie et son expertise qui valait bien de t’écraser encore un peu ; il faudrait que tu trouves un moment pour lui parler, peut-être, un jour. Mais Volène occupait toutes tes pensées.

Après lui avoir adressé un regard neutre mais qui du paraître agressif à la gueule qu’elle tira, tu t’échappas bien vite pour te placer hors de portée de toute forme d’attaque. Tu manquas de tomber du premier arbre auquel tu grimpas, grognant ton manque d’expérience qui refaisait surface de temps à autres. A Marbrume, tu savais te glisser partout où tu le pouvais malgré tes épaules et ta musculature ; tu pouvais tenir sur la moindre petite corniche ; tu savais passer dans les angles morts de n’importe qui, avec un plaisir qui était inaltérable. Mais ici, l’inconfort de ta situation t’amusait, mais tu savais aussi qu’il ne faudrait pas tenter uniquement la guidance de Rikni ; rien ne servait à tenter la mort quand cela n’avait aucune incidence. Tu trouvas un demi-sommeil finalement dans un intérieur, un petit grenier que le hasard fit non loin de là où avait trouvé refuge la grande rouquine, mais tu n’allas pousser le vice jusqu’à monter là où elle se trouvait. L’aube te réveilla ainsi que les grincements des planches sur lesquelles tu t’étais assoupi ; tu pris soin de brièvement remettre tes cheveux en ordre, bien que tu ne te fasses pas d’illusion. Tu savais que la saleté s’incrustait sur les crânes plus vite qu’un morpion sur une prostituée, mais l’avantage des cheveux blonds couplés à l’hiver était bien que tu puisses faire mine d’être encore propre. Plus personne ne faisait attention aux odeurs ici, de toute façon ; seule la mort et l’anxiété restait sur la peau et les visages, bien que l’exception te frappait encore de son jus.

Tu rejoignis le groupe en dernier, notant cette capacité non négligeable à Silence de se fondre dans un… silence finalement assez adéquat. Muet ou assassin ? Un fin sourire se dessina sur tes lèvres alors que tu t’imaginais sans mal lui faire une proposition parmi les tiens, mais c’est alors que la grande rousse se prit l’envie de t’adresser la parole.

« Vlad ira très bien. Oh ? C’est vrai que cela aurait été intéressant, mais malheureusement, j’ai oublié mon service chez moi… »

Tu t’excusas d’une révérence minimaliste, peu envieux de pousser la moquerie jusqu’à se faire décrocher la mâchoire. Tu n’étais pas sans arme ; de fins couteaux à ta ceinture, dans une botte également, et ta longue cape noire camouflait une arme d’estoc qui te coulait sur le flanc. Ton envie de jouer était grande ; et à cette distance, tu ne pourrais pas cacher que tu craignais bien peu la situation, mais tu savais aussi que te mettre à dos tes camarades de fortune en jouant au plus malin ne te servirait pas grand-chose. Tu écartas un pan du tissu noir qui te recouvrait pour laisser apparaître ton épée.

« Un simple cure-dent, je dois l’avouer, mais qui peut fendre facilement la chaire. »

Tu tournas ton regard dérangeant vers les autres que tu prenais presque pour des convives.

« Je fais pâles contrairement à vous autres, mais je ferais en sorte de me rendre utile » , complétas-tu d’un sourire plus conciliant et moins méprisant que tout à l’heure.




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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyLun 4 Juil 2022 - 1:34
Au moins, l’type avait d’l’humour malgré son côté précieux d’nobliaud à deux ronds qu’essayait quand même d’rester propre alors qu’on était laissés à pourrir l’gueule ouverte dans c’merdier. C’la dit, ça changeait des deux trois bourgeois qu’étaient passés dans l’coin et s’étaient contentés d’être trop bien pour nous parce qu’ils avaient oublié qu’ici, tout l’monde est logé à la même enseigne, et qu’ton hypothétique fortune n’a aucune valeur quand ta vie n’tient qu’à un fil et à notre bon vouloir. Et bon, tout ça pour s’faire rattraper par le sort, croquer l’mollet par un Fangeux et finir par s’vider d’leur sang dans la vase des marais. Un d’eux en était même v’nu à crever dans l’village quand on l’a ram’né, une des premières nuits après mon arrivée, et il s’levait l’lendemain avec une tête d’déterré qu’a causé pas mal d’emmerdes chez nous. “Chez nous” putain… Ça m’fait mal d’imaginer c’trou à rats comme ma future maison, alors qu’j’avais fait mon blé comme il fallait à Marbrume, investi dans des affaires qu’ont peut-être coulé d’puis et que j’pouvais plus faire tourner… Putain d’gâchis.

JANNoté. Jan.


J’avais jamais eu affaire à lui, y avait peu d’chances qu’il sache qui j’étais surtout en v’nant d’un milieu où on pétait dans la soie et on s’mettait des murges à renfort d’grands crus d’je n’sais quel vignoble. Maint’nant, on était sur un pied d’égalité. J’remarquais à peine sa cape sur l’moment, l’aube était encore épaisse et sous l’tas d’arbres qui nous protégeait d’va savoir quoi, on n’y voyait pas grand chose encore. L’fourreau d’son épée était à sa taille comme prévu, même si j’soupçonnais quand même qu’il ait des p’tites dagues fourrées va savoir où, un surin par ci, une aiguille par là, l’genre d’arme fourbe particulièr’ment utile contre les vivants, mais plus complexe à rentabiliser contre un d’ces revenants d’merde. Parce qu’ils étaient coriaces, non seulement leur rapidité m’foutait la nausée, mais j’ai été proj’tée par une d’ces saloperies et j’ai cru que j’allais m’casser en deux. Pourtant, vu ma carrure, c’tait pas une mince affaire, même m’péter une côte faudrait s’y reprendre à plusieurs fois. Ça f’sait bien longtemps que j’m’étais pas sentie vulnérable, et je n’tomberai pas de nouveau dans l’piège de trop m’faire confiance, pas ici. Pas maintenant.

JANCe s’ra p’t-êt’ b’en utile quand on s’ra là-bas, va savoir quel pécore s’planque encore et pourrait nous canarder d’carreaux d’arbalète. J’compte sur vous trois, là, pour m’débarrasser d’ces moustiques. L’essentiel, c’est d’courir vite.


J’avais pas idée à quel point ça allait êt’ prémonitoire. J’passais mes deux sacs dans mon ceinturon, d’quoi les garder à portée d’main sans qu’ils m’entravent, parce que l’retour allait être aussi dangereux qu’l’aller et avoir plus d’chargement qu’ça n’va pas servir mes affaires. Ils le savaient tous, si on s’faisait prendre en chasse, tant pis pour l’butin, l’vie avant tout. Et surtout… un pour tous, chacun pour sa gueule. J’avais qu’une hache de bûcheron pour toute arme, croch’tée à ma ceinture aussi, si on oublie mes poings défoncés qu’j’ai entourés d’tissu histoire d’les protéger un minimum si j’dois grimper à des arbres ou c’que tu veux. L’reste était en tout point c’que j’portais l’jour d’mon bannissement. Plastron, protections, cuir, toile, d’quoi avoir assez d’flexibilité pour pas m’faire ralentir, mais certain’ment rien qu’allait traîner, comme une sangle ou quoi qu’ce soit. L’blond, “Vlad” comme il disait, j’le sentais peut-être pas des masses pour l’instant, mais il avait c’genre d’éclat sournois dans l’œil qui m’laissait supposer qu’cette bouille d’ange cachait un démon, j’savais pas encore d’quelle espèce, mais j’préférais l’avoir sous la main et surtout, sous surveillance. Du coup, j’me rapprochais d’lui juste d’quoi effleurer son épaule d’la mienne parce qu’il fallait qu’j’lui touche deux mots. Un truc simple, mais qu’allait faire vite sens, et j’préférais garder ça pour nous et n’pas trop hausser l’ton.

JAN, murmurantLaisse la cape. Conseil d’ami.


Parce que j’serais la première à tirer d’ssus pour l’jeter aux loups. Mes mains claquent un peu sourdement, et j’annonce l’départ. L’course du soleil avait d’jà été notée à même l’façade d’certains baraqu’ments, si bien qu’c’était un jeu d’enfants d’repérer l’nord. Et c’est par là qu’on devait s’diriger. Les environs immédiats du village sont assez solides, on s’enfonce pas encore à mi-cuisses dans l’boue et l’eau croupie, mais on sent qu’c’est pas l’endroit l’plus sec d’la région. Chaque pas vient avec un froiss’ment d’mousse écrasée qui fait juter une sorte d’mucus répugnant qui imprègne nos bottes, chaque souffle fait même monter un peu d’tension. Car l’silence est d’or ici plus qu’ailleurs. J’ouvrais l’marche, Vlad légèr’ment derrière moi sur ma gauche, l’reste en formation diamant avec Volène en queue d’peloton. Dugommier assurait ma droite, mon angle mort d’puis perpet’, même si j’avais appris à m’servir d’mes esgourdes pour savoir si l’danger guettait. J’faisais pas encore assez confiance au nouveau pour s’foutre sur mon profil l’moins sécurisé. On s’engageait sur une route – enfin, j’peux pas app’ler ça une route, mais tu m’auras comprise – qu’allait être longue et j’préparai systématiqu’ment un plan d’retraite pour m’échapper dans un arbre pas trop chiant d’accès ou même un trou d’souris où m’planquer l’temps qu’les Fangeux abandonnent la chasse.

Il n’a fallu qu’un quart d’heure pour capter un craqu’ment d’branche derrière une volée d’arbres sur notre droite… Et j’peux t’dire, l’angoisse s’est installée dans nos estomacs comme jamais.
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Vladémir de la SayettePurgateur de Rikni
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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyLun 4 Juil 2022 - 18:01
Tu notas son nom, qu’il s’agisse d’un surnom comme ce que tu venais de lui donner ou de son véritable patronyme. « Jan », tu trouvais ça sympathique, facile à retenir, plus instinctif que « Vlad » qui contenait deux consonnes trahissant un prénom de princesse marbrumienne ; mais en même temps, tu affichais sournoisement tes origines houleuses avec les sang bleu, ce n’était donc que légitime qu’on ne te troque pas d’un prénom autre. Tu avais quitté ta vie apparente pour en épouser un autre, ce qui ne voulait pas dire que tu reniais ce que tu étais, toi. Tu étais toujours guidé par la Reine des Ombres, on t’appelait même secrètement Purgateur. Tout ceci n’était qu’un supplément dans le théâtre dont tu aimais être acteur et metteur en scène ; à la différence près que tu ne pouvais pas te trimballer partout avec ton masque. Tu hochas la tête, particulièrement docile face à cette femme qui t’impressionnait un peu, il fallait bien l’avouer, malgré ton air espiègle qui volait son expression au mépris.

Tu singeas la combattante à la hanche de bucheron en emportant avec toi deux sacs ; il était presque sûr que tu ne pourrais pas autant les remplir que tes camarades les plus imposants, mais au moins remplirais-tu ta mission en te rendant efficace. Son murmure te fit hausser un sourcil ; laisser la cape ? Tu observas quelques secondes la longue étoffe qui te donnait un peu de chaleur en même temps qu’elle ne camouflait ton arme principale ; il ne te fallut pas bien longtemps avant de deviner ce qui pourrait te coûter de la garder, en effet. Que quelqu’un ne s’en serve pour te faire tomber, qu’un fangeux ne l’attrape. Tu n’hésitais pas longtemps avant de rouler le vêtement dans un de tes sacs, ne gardant que le strict nécessaire sur le dos. De légers tremblements te prirent alors que les couches de vêtements ne suffisaient pas à te faire endurer le froid hivernal ; mais très vite tu parvins à prendre l’ascendant sur la chose. Il te faudrait faire preuve d’un calme divin pour ne pas te laisser aller aux mêmes grognements que la brute t’étant détestable ; chose dont tu te savais capable dans tous les cas.

Et alors, la procession avança. Tu n’étais pas très loin de Jan, sans connaître son envie de te garder à l’œil qui allait avec ta propre ambition de ne pas la quitter du regard. Rien n’était facile alors que vous vous enfonciez, notamment pour les plus lourds, dans une mixture faite d’eau, de boue, et parfois de sensations qui collaient un peu plus pour être identifiables. La route n’était que difficilement praticable, mais vous avanciez ; plus lorsqu’à vos oreilles résonna une musique discrète et déplorable, celle du mal qui aimait se tapisser dans les soubresauts de la psyché humaine… comme dans leurs angles morts. Sans te presser, tu tournas le regard vers ce craquement audible, le cœur battant une valse délicieusement inédite. Un murmure dans le dos leur fit comprendre avant qu’ils ne réalisent ce qui se trouvait à leur droite ; quelques mètres seulement vous séparaient de la créature rachitique et pourtant ô Combien dangereuse. Le dos courbé, la peau blafarde et presque verte, un liquide poreux coulait de sa bouche. Ses yeux papillonnaient, gênés, mais intensément plantés sur le groupe d’humains que vous étiez. Tu haussas un sourcil alors que la créature se tenait là, derrière un tronc, presque en embuscade mais en même temps pas vraiment.

Et là, vous étiez repérés. Un gargouillis affreux sorti de la gorge déformée de la créature ; Volène dans votre dos se mettait à hurler, brisant votre formation pour vous dépasser. Tu t’écartas de son chemin en sentant qu’il allait te bousculer, réfléchissant aux arbres autour de vous ; serait-il possible de grimper ? Non. Se battre ? La remarque de Jan te restait en tête. Toi, tu n’avais jamais affronté de fangeux, mais vu la gueule que ça avait, et malgré les dires de l’Épurateur à leur sujet, tu doutais quelque peu que la bienveillance divine te suffise à t’épargner. Alors tu te jetais sur le côté, attendant de voir la réaction de celle qui avait déjà été confrontée à ces choses… du moins l’espérais-tu.

Et sinon, tu pourrais toujours planter un couteau dans la hanche de Volène, qui venait de sonner l’alarme pour le Fangeux qui courrait désormais droit vers vous.




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Janke “Jan” LaDoloyreÉgorgeur
Janke “Jan” LaDoloyre



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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyMar 5 Juil 2022 - 1:08
Il avait bien fait, l’blond, d’avoir suivi mon conseil. J’suis pas un monstre – enfin, j’te parierais qu’un tas d’enfoirés t’diraient l’contraire derrière les remparts d’Marbrume –, mais plus j’ai d’options à sacrifier à la Fange, plus j’ai d’chances d’me tirer d’un mauvais pas. Et putain c’que c’était un sale pas sur l’quel on tombait. Parce que quatre mois m’ont suffi pour savoir qu’un d’ces revenants n’venait pas tout seul, ou rar’ment. Alors un seul planqué derrière un tronc d’arbre, ça annonçait aussi bien l’arrivée d’une horde. J’sentais mon cœur s’emballer entre mes tempes, parce que non seul’ment j’entendais dans mon dos qu’un d’mes gars r’connaissait la source du craqu’ment, mais parce que ça v’nait d’mon angle mort. J’tournais à peine la tête qu’Volène s’met à tracer et à m’bousculer au passage. C’t’abruti était condamné d’avance, et j’pouvais pas m’empêcher d’me dire qu’c’était mon aubaine. Parce qu’à ce mouvement brusque, l’attention du Fangeux s’met à s’étrécir sur l’tas de muscles un peu pataud qu’est l’Volène avec ses bottes pleines d’boue et son poids qui l’enfonce dans l’marais. Il aurait jamais fait l’affaire, aurait jamais pris d’vitesse une bestiole pareille. Aucun d’nous, à vrai dire. Mais l’plus important… c’est qu’je bougeais pas. J’avais même l’vé une main pour ret’nir mes collègues d’se disperser. J’attendais qu’ce prédateur l’prenne en chasse, parce que j’avais plus d’une fois vu ces choses à l’œuvre et leur instinct avait l’air d’s’attarder sur ceux qu’étaient l’plus agités ; c’était bien ma veine.

Volène trace quelques mètres, dix peut-être, grand maximum. Et j’vois sortir d’mon angle mort une silhouette presque floue tell’ment elle est vive et petite ? J’vois pas grand chose d’dos, et elle a l’air courbée en avant, mais on dirait un gamin. Ou plutôt une gamine, parc’que ses longs ch’veux encore quasi intacts sont bien là, plantés sur son crâne verdâtre. “Elle” saute dans l’dos du gros lourd avec une agilité qui m’fait froid dans l’dos et irrite quand même ma soif d’compétition, fait pulser l’adrénaline dans mes veines. Parce que son allure m’laisse penser qu’ça fait pas longtemps qu’elle est dans cet état, l’plupart ont l’air vach’ment plus décharnés qu’elle, et plus ils l’sont… plus tu risques ta peau. Alors au moment où ses griffes s’plantent dans les épaules d’Volène, qu’hurle comme pas permis, j’agis. Indiquant aussi à mes confrères de passer à l’assaut, après m’être assurée d’un p’tit coup d’œil qu’un autre rôdait pas dans nos environs directs, j’talonne Dugommier, plus agile et rapide qu’moi, qu’arrive en premier sur l’bête. Tout aussi vite, il s’fait éjecter d’un large coup d’patte qui l’envoie valser dans l’lichen et la flotte poisseuse. Silence contourne l’Fangeuse, essaie d’la suriner d’l’autre côté pour perturber ses r’pères, et il arrive tout juste à lui lacérer l’bras droit avant d’lui-même s’faire envoyer chier comme il faut. J’tente mon coup, l’main près d’la tête de ma hache pour réduire l’amplitude d’mes mouv’ments, histoire d’lui attaquer les jambes pour l’empêcher d’nous courser si on d’vait s’tirer en vitesse. L’distraction des deux ficelles a l’air d’fonctionner, parce qu’en essayant d’rétablir son équilibre sur l’dos d’Volène qui s’débat, ses pattes arrière sont bien ancrées contre ses hanches et j’lui entame salement la chair d’la cuisse, pas loin d’la pliure du g’nou, avant de m’jeter d’côté en cas d’représailles.

VOLENEAidez-moi, AIDEZ-MOI PUTAIN !!!


Son hurlement m’glace l’sang, mais l’colère l’fait bouillir. L’bec ouvert après son cri, elle plonge ses crocs dans une des épaules blessées d’mon gars et lui arrache un sacré bout d’chair. Bardaux, qu’est probablement l’meilleur ami qu’ce pignouf ait pu trouver dans notre village, agite son espèce d’massue qu’vient s’écraser dans l’colonne vertébrale d’la créature. Sur l’moment, j’croyais qu’le craquement osseux venait d’celle d’Volène, et c’est en voyant l’Fangeuse s’écraser au sol en gémissant et en grognant que j’réalise l’force qu’il a dû mettre dans l’coup. L’approcher maint’nant allait poser problème, si bien qu’c’était plus malin d’se tirer d’là avant qu’l’agitation n’attire l’restant d’la famille. Silence et Dugommier avaient eu la chance d’retomber sur un sol meuble, mais ils ressentaient encore l’choc ayant tapé dans leurs côtes. Volène morflait et pissait l’sang, mais j’pouvais rien pour lui, c’était l’sacrifice nécessaire.

JANFaut s’magner l’fion, on est dans l’merde noire si l’s aut’ nous ont entendus, allez, allez. Ça, c’tait une morveuse à côté d’c’qui peut nous tomber d’ssus.


Pas d’temps à perdre, on d’vait avancer, j’pouvais pas m’poser trop d’questions sur l’pourquoi, l’comment et l’si. Et ça s’adressait aussi au Volène qu’pleurnichait en s’tenant l’épaule et s’redressait tant bien qu’mal tant qu’il était pas trop faible. S’il d’venait un poids mort, on l’abandonn’ra, c’est l’prix à payer dans notre vie d’parias. L’survie n’tient qu’aux dépens du plus faible, et j’ai trop perdu pour m’laisser aller à c’genre d’fin. Hors de question. Je j’tais un œil au blond qu’je préférais garder en roue d’secours, qu’avait l’air quand même vachement intéressé par l’bestiole – à qui j’donnais au bas mot douze piges – qu’grognait sans trop remuer parc’que sa structure osseuse avait volé en éclats. D’un claquement de langue contre l’palais, j’lui indiquais d’un regard appuyé que c’était pas une bonne idée de s’en approcher d’trop près, même dans cet état, et qu’il était plutôt temps d’continuer la route. Parce qu’elle était encore longue.
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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyMar 5 Juil 2022 - 16:31
Tu connaissais tes capacités à réagir dans l’urgence, mais il fallait bien dire que si le comportement de l’autre dégénéré de Volène ne t’étonna pas, une pointe d’admiration et de délicieuse surprise s’immisca dans le bleu de tes yeux face à la rigueur immobile des autres autour de toi. Jan en tête, cette femme dont la peur devait battre aussi vite dans le corps que dans celui des autres restait là, à l’écoute d’autres bruits ou par le simple constat du condamné en course. Evidemment, Volène se fait rapidement rattrapé, très rapidement ; tu en as le tournis, toi qui te pensais rapide et capable de suivre une flèche du regard, voilà que tu te surprends à perdre de vue la silhouette trouée de moisissure entre son départ de derrière l’arbre et le moment où elle est sur Volène. Sa posture te rappelle tout l’amalgame des bêtes sauvages que tu as un jour eu l’occasion de chasser ; humains compris. Mais cette brusque bestialité ? Il te fallut avouer que la fascination l’emporta brièvement sur la crainte, suffisamment pour que tes camarades aient tous tenter quelque chose avant toi.

Les hurlements ne te font pas grand-chose, et n’excitent qu’à peine ta propre envie de mêler sur des doigts le sang de l’erreur native qu’était Volène. Mais après avoir repéré le coup d’œil circulaire fait par Jan, tu te souvins d’une des discussions entendues lors de tes premiers pas à l’extérieur ; la Fange n’aimait pas la solitude. Alors une aussi petite créature, qui plus est, pouvait tout être. A quel point pouvait-elle s’être isolée ? Comment la combattre ? Une main sur la hanche, près de ton épée, tu te contentas d’observer les forces disparates de tes camarades. Ce n’était pas que tu ne ressentais ni l’envie ni le besoin de lier tes capacités à eux ; mais il te sembla bien peu judicieux de risquer perturber l’encerclement déjà établis, surtout que ta carrure n’était pas suffisamment fine pour que l’on t’oublie. Tu aurais vite fait de prendre un coup de massue par mégarde, et ils semblaient tous avec ce genre de caractères qui ne te permettraient pas de te reposer sur eux si tu venais à être blessé.

Et au prix de plusieurs coups, quelques tentatives et l’énorme massue de Bardaux, la créature fut propulsée sur le côté, son visage baignant soudainement dans l’épaisse boue qui les aurait empêchés de courir correctement. Tes jambes s’agitèrent toute seule, soumise à un effet de groupe presque inédit ; loin d’être un loup solitaire, tu étais habitué à toi-même donner le pas. Tu t’avançais quelque peu vers la créature, mais un coup d’œil de Jan te dissuada de trop t’y intéresser. Tu respectais sa position qui pour l’heure t’étais supérieure ; il fallait un chef, même momentané, et défier son autorité maintenant ne t’apporterait strictement rien ; surtout que vous n’étiez qu’au tout début du périple. Tu repris alors la marche avec les autres, chacun bien secoué de l’événement. Entendant Volène qui continuait de pleurnicher, tu t’avanças jusqu’à lui ; de tes deux mains, tu déchiras une partie de la cape à ton sac, le tendant au gros lard qui te cracha pratiquement sur les bottes.

« A défaut d’être malin, tu pourrais au moins t’en servir pour te le mettre au fond de la gorge et nous éviter tes gémissements de pleurnicheuses, qu’en dis-tu ? »

Tu ne sais pas trop qui pouffa de rire, nerveux, mais il était certain que le Volène manqua de peu de t’en mettre une. Puisqu’il ne désirait pas se faire un bandage de fortune ; qui étais-tu pour le forcer ? L’homme allait mourir, tu l’avais déjà décidé quelques heures auparavant. Mais s’il voulait se suicider… tu n’irais pas jusqu’à le contredire. Alors, comme un fidèle à la suite de son maître de fortune, tu trottinas en faisant peu de bruit jusqu’à revenir près de Jan, un regard néanmoins malicieusement mauvais en direction de Volène. Ah, Rikni t’accordait certainement encore une bonne journée en ce bas monde…




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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyMer 6 Juil 2022 - 14:23
Pour l’heure, l’Vlad était pas trop con et acceptait d’me suivre à la lettre. C’est pas toujours gagné avec les types d’son genre qui ont tendance à tout savoir, tout vouloir, tout-d’suite. Ils disent d’nous qu’on n’connaît rien à rien, mais quand il s’agit d’suivre des ordres, c’vraiment les derniers sur qui compter. Donc on dira qu’c’est une agréable surprise l’temps qu’elle va durer. Quoi qu’il pense d’moi, que j’sois une barbare sans éducation ou une pouilleuse, il avait au moins l’notion d’la hiérarchie un minimum imprimée dans son crâne, et ça m’convenait dans la situation où on s’trouvait. Parce que gérer un rebelle dès l’départ de notre planque, c’était l’garantie d’y retourner fissa et pas sans qu’il nous manque des morceaux. Et même si j’me demandais bien c’que j’allais faire d’Volène dans cet état, c’est pas comme s’il l’avait pas cherché. Il était là d’puis deux mois, et c’était pas sa première mission avec moi. C’était une tête brûlée, et ça f’sait partie des caractères les moins faciles à canaliser quand l’mort te guette à la moindre touffe d’herbe et à la moindre motte de terre. Pourtant, en dépit d’cette caractéristique, c’tait un bon combattant et il nous fallait des gros bras. Maintenant, on allait devoir s’démerder sans, vu l’état des siens.

On reprenait l’chemin en accélérant la cadence, perdre du temps sur un ch’min aussi long nous aurait coûté la peau à coup sûr. Et sans abri digne de c’nom en plein marécage, sans pouvoir distancer ces abominations non plus, on n’avait aucun moyen d’s’en débarrasser. J’prenais bien soin d’marcher là où l’soleil perçait l’feuillage des arbres, là où j’étais à peu près assurée d’pas voir d’Fangeux dorer en pleine chaleur. J’avais l’impression qu’ils évitaient un peu les endroits exposés à la chaleur, non pas qu’ça les brûle, mais ça d’vait les éblouir, et c’était un avantage suffisant pour moi. Silence et Dugommier tenaient l’coup malgré le fait qu’leurs flancs douillent comme il fallait d’puis les coups d’la p’tite Fangeuse. J’me d’mandais bien d’où elle sortait et c’qu’elle faisait dans c’coin sans avoir d’alliés avec elle. Marbrume bannissait vraiment des gosses d’un claquement d’doigts ? Alors qu’dehors, t’avais plus un rat et qu’l’Humanité était pas loin d’vivre ses derniers instants ? L’logique m’dépassait un peu mais j’avais pas assez d’patience pour m’lancer dans c’genre de considérations quand j’devais surtout m’occuper d’guetter les alentours en tendant l’oreille et en scrutant c’que j’pouvais. Un œil en plus m’aurait pas fait d’mal, un grand angle mort pouvait signer ma fin et j’redoublais d’vigilance.

Une saillie dans l’forêt s’fait entrevoir entre les troncs moussus, et j’accélère un peu plus l’pas pour débouler dans une sorte d’clairière. Ça f’sait pas loin d’trois quarts d’heure qu’on crapahutait, c’était déjà un bon début d’matinée entamé. L’soleil brillait même s’il était chiche parce que l’hiver approchait vite. Si j’me trompais pas trop, on était fin décembre, et l’idée qu’ces enculés d’la capitale fête l’nouvelle année pendant qu’nous on galère m’foutait la haine. Dans un recoin d’cette percée parmi les arbres, y avait un p’tit cabanon, pas d’quoi nous héberger, mais il d’vait servir aux chasseurs d’l’ancien temps dans une région où ça déborde d’sangliers et autres conn’ries. On voyait bien qu’le truc avait pas servi depuis perpet’, mais l’retard d’Volène qu’arrivait pratiqu’ment dix minutes après nous décidait à ma place. J’ai entendu Vlad et l’blessé discuter à un moment, enfin j’crois, et Dugommier s’marrait comme un âne. Mais vu l’mine d’Volène… l’relations étaient pas au beau fixe, il aurait pu sauter sur l’blond qu’j’aurais pu l’anticiper un an à l’avance.

JANOye, Volène. Trouve un truc pour t’faire un bandage et pas t’vider d’ton sang, et planque-toi là-d’dans. T’es en train d’crever et t’arriv’ras pas à Monpazier dans c’t’état. Attends qu’on r’vienne c’soir, si on s’démerde bien, et on f’ra l’chemin r’tour.

VOLENEMais t’as b-...

DUGOMMIERT’es sûre qu’c’est une…

JANOYE. J’veux rien entendre. T’fermes ta gueule et t’rentres là-d’dans, y a pas à tortiller du fion cent dix ans. J’vais pas condamner quat’ gars pour t’sale trogne.

VOLENEFait chier putain… Magnez-vous alors, j’veux pas crever d’faim.


Il était trop faible pour m’contredire et gagner c’bras d’fer, quoi qu’il arrive. Il a beau être borné, il était pas si con qu’ça, et sentait bien qu’c’était un poids mort. Alors c’est vers Vlad qu’il s’tourne pour lui demander son bout d’chiffon, d’une politesse qu’laisse clairement à désirer. Si l’blond r’fusait d’lui filer c’fameux morceau d’tissu pour une raison ou une autre, j’lui aurais mis un coup d’pied au cul, parc’que c’est pas l’salon d’thé ici, ni les esclandres d’l’Esplanade. On n’avait pas l’temps d’se battre pour l’égo d’chacun alors qu’on était à découvert ici. Et j’veux quand même veiller à c’qu’il s’en sorte, c’connard. Dugommier m’prend à part un instant, pendant qu’Volène s’occupe de sa plaie quitte à déchirer ses propres frusques, pour m’demander si c’t’une bonne idée d’le laisser si près du camp dans l’cas où il pass’rait l’arme à gauche. Pour sûr qu’ça l’est pas, mais c’t’un bon gars qu’a tendance à écouter les ordres. Et ça, ça s’fait rare quand comme nous autres, on est des rebuts d’la société morguestanaise avec du sang sur les mains, et notre orgueil. J’plaide coupable. Mais si j’peux l’retrouver vivant, même faible, j’préfère autant prendre l’risque. Et puis c’cabanon pourrait aussi nous servir d’remise à mi-ch’min entre Monpazier et notre piaule…

JANOn s’bouge.


Midi était pas très loin et c’était les heures l’plus chaudes d’la journée, même en fin d’automne. Donc on avait un peu moins d’risques d’croiser la route d’un Fangeux, même si c’était quand même vachement probable. Une partie du ch’min qui restait était moins boueuse, si bien qu’on rattrapait notre retard pris quand on devait attendre l’Volène avec d’la vase jusqu’aux g’noux. À un point où l’trois heures qu’ont suivi sont passées bien plus vite qu’prévu, même s’il fallait qu’on s’pose parfois une minute ou deux pour boire à nos gourdes et pas s’dessécher. L’eau potable était rare, et j’espérais m’ravitailler une fois à destination. Tous les patelins du coin avaient bien un puits, après tout. L’effort est quand même drastique, on s’ferait pas ça tous les matins ; l’boue avait partiellement séché sur nos sapes si bien qu’ça nous alourdissait moins, mais marcher dans une terre meuble jusqu’aux ch’villes d’mande un sacré travail ne serait-c’que pour avancer à bon rythme. Vlad avait intérêt à avoir eu un bon entraîn’ment d’puis sa tour d’ivoire, j’allais pas l’attendre.

Il nous restait pas loin d’une heure, un peu moins peut-être, si on en croit la course du soleil et notre rapidité retrouvée. Et l’forêt s’éclaircissait p’tit à p’tit, moins d’arbres au mètre carré, on respirait même une espèce d’horreur rance d’pourriture dans l’peu d’vent qui v’nait jusqu’à nous.

JANJ’crois qu’on approche d’Monpazier… J’vous conseille d’garder vos armes au clair, et d’guetter derrière vous.
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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyVen 8 Juil 2022 - 14:32
Tu aimas toutes les nuances qui passèrent sur le visage grossier de Volène, ce dernier n’osant ni te frapper ni réellement te répondre. Tu enfonças à nouveau le tissu déchiré dans l’un de tes sacs, ne te souciant plus vraiment du personnage, profitant simplement de l’aura que tu dégageais alors que l’autre ne savait peut-être pas complètement que sa fin approchait. Tu guettais le reste du groupe avec cette fois une curiosité plus pragmatique, cherchant à noter les faiblesses, les blessures ; il était encore pour toi assez incroyable de voir les dégâts qu’une si frêle créature venait de faire. Cela te conforta au moins dans ton idée de te rapprocher de Jan et de respecter ses directives, au moins pour l’heure, puisqu’en plus d’être dégourdie elle bénéficiait d’une remarquable capacité à mener les siens. Le chemin se continua dans un silence raisonné, parfois effrayé pour les plus nerveux dont tu ne faisais pas partie. La crainte pulsait parfois dans tes tempes comme tout humain capable de ressentir le danger, mais tu avais trop confiance en tes sens perceptifs pour trop craindre te faire surprendre ; au moins tant que tu restais attentif.

Tes bottes émettaient un son parfois désagréable quand la mollesse du terrain t’attirait irrémédiablement. La saleté en elle-même n’était pas dérangeante, mais cette obligation au bruit vous rendait vulnérable ; au moins Volène ne se permettait-il pas de trop grogner ses blessures, sans quoi tu l’aurais probablement étouffé d’ennuie. La voix de Jan te sortit de tes propres considérations alors que le groupe ralentissait jusqu’à pouvoir parler au retardataire sans hurler. Tu étais un peu surpris que la mercenaire propose ainsi une relation de repli, mais ça restait en effet plus intelligent que de se trainer le poids qu’il était devenu après une toute petite confrontation. Tu n’aimais pas l’idée qu’il finisse par mourir tout seul dans son coin, sans que tu ne puisses voir les dernières lueurs de vie lui échapper jusqu’à prendre l’aspect d’un poisson mort. Il fallait bien faire des compromis ; et puisque Jan avait décidé que c’était une bonne chose, tu n’étais pas encore partie pour lui saper son autorité.

Un fin sourire se dessina sur tes lèvres quand Volène revenait te demander le morceau de tissu précédemment refusé. Puisque tu avais le dos tourné aux autres, tu te permis de faire couler toute la malveillance qu’il t’inspirait dans un sourire malade, et un regard qui manqua de le faire reculer d’un pas.

« Bien-sûr, voici mon brave ; je t’ai même découpé un autre morceau de tissu. Prends bien soin de toi, je serais sincèrement affligé d’apprendre ta mort. »

Toute la sincérité dans ton œil bleu ferait au moins le même effet qu’une promesse mortelle. Peu encline à t’attarder, tu te contentas de laisser l’homme ici, un dernier regard dans sa direction. Quelques discussions avaient repris comme un écho sans artifice, on questionnait Jan sans vouloir lui donner tort, évoquant des possibilités aussi dangereuses pour eux que pour le camp qu’ils avaient laissé ; la décision étant néanmoins prise, tu fus rassuré de ne pas voir la guerrière aux airs de boucher avide de sang faire trois pas en arrière et changer d’avis. Tu préférais les idiots bien décidés à se faire respecter plutôt que les imbéciles qui revenaient sans arrête sur leurs paroles.

Il n’y eut pas vraiment d’accroches ou d’incidents sur le reste de la route. Peut-être que tes camarades étaient surpris de ne pas tant te voir trainer la patte que ça, bien au contraire ; tu n’avais pas l’endurance de quelqu’un ayant dû survivre par lui-même sans la couverture chaleureuse d’une bonne naissance, en attestait ta forte transpiration et les brûlures à tes jambes qui te guettèrent probablement plus vite que les autres. Aussi, tu étais plus faible sur bien des points ; moins rapide et discret que Silence, loin d’être une force de la nature comme les autres, tu te savais en revanche capable de suffisamment ignorer ta douleur ou ta fatigue pour avancer. Là était bien le mérite des esprits formés aux poisons de la violence physique et de la torture ; ton abruti de père, les assassins des templiers, tous t’avaient finalement amené vers une situation où il serait facile de croire que tu ne ressentais ni douleur ni fatigue. Car même avec tes chevilles qui se sciaient à chaque mouvement ou la soif qui te faisait tourner la tête, tu avançais avec la même dignité, le même flegme et le même visage souriant que si tu te baladais dans un petit parc.

Le jour déclinait à un rythme qui te parut irréel ; étiez-vous parti si tard, ou l’affrontement avec la fangeuse vous avait fait perdre autant de temps ? Que Rikni te guide dans cette fatigue mal proportionnée ; Jan vous annonça l’approche de Monpazier ; il y avait de moins en moins d’arbres, mais la plupart étaient encore suffisamment épais pour supporter le poids d’un homme.

« Jan, un instant. »

Mine de rien, la question de la solitude de la fangeuse alors que le soleil était au clair plus tôt restait quelque chose qui restait dans ta mémoire.

« J’aimerai profiter de la proximité d’arbres suffisamment robustes pour voir les environs. C’est calme, et cela fait quelques minutes que je n’entends plus la moindre faune. »

Tu te tournas finalement vers Silence, dont tu remarquais tout de même la capacité à se rendre presque invisible ; effrayant. Passionnant, aussi.

« Sauf si tu veux t’en charger, mais tes côtes vont te gêner. Je serais plus rapide. »




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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptySam 9 Juil 2022 - 0:22
Qu’est-c’que tu voulais que j’lui dise ? Ça m’semblait pas déconnant d’faire un tour d’horizon pour savoir un peu ce qui s’tramait au-delà des frontières du village. Alors on s’rassemble, l’Bardaux et sa grandeur – de taille plus que d’âme – s’occupaient d’aller hisser l’Vlad au niveau des branches l’plus intéressantes pour jouer l’vigie. De notre côté, avec Silence et Dugommier, on restait à mi-chemin entre l’lisière du bois et notre destination, guettant nos environs pour s’assurer qu’rien n’vienne perturber cette halte. Rester immobile était parfois l’meilleur moyen d’se faire avoir…

”Premier niveau - 14 à 20”:

”Deuxième niveau - 7 à 13”:

”Dernier niveau - 1 à 6”:
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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyDim 10 Juil 2022 - 17:04
Jan faisait de plus en plus preuve d’intelligence à tes yeux ; tu ne savais pas encore si tu étais vraiment surpris ou non. Il était difficile de faire le tri entre ce que ton éducation noble te soufflait à l’oreille et ce que ton expérience d’assassin chantait de l’autre ; évidemment qu’une part de toi comparait sans cesse tes nouveaux compagnons comme une plèbe dégénérée de barbares et de malfrats, mais ce n’était pas comme si tu avais un jour mieux traité tes pairs de sang bleu. Au moins Jan et la plupart des autres de votre groupe connaissaient leur place dans ce monde, leurs faiblesses pour la plupart et surtout leurs forces ; une franchise réaliste dont tu aimais t’entourer, bien que toujours aussi prompt à porter un masque comme un autre.

Ici, il ne te fallut pas plus longtemps avant de prendre appuis sur l’épaule garantie du Bardaux avant de t’élever. Ta souplesse surprendra plus que ta discrète lenteur ; tu n’étais pas spécialement rapide, et tu préférais savoir où se frottaient tes mains plutôt que de te précipiter alors que nulle urgence ne se pointait. Tu repéras le village sans difficulté, notant son abandon de vie, un élément rassurant bien que le silence ne soit pas quelque chose de toujours très plaisant. Ton pied manqua de briser une branche plus faible que tu ne l’imaginais, mais tu continuas ton ascension. Quand la grosse pierre rentra dans ton champs de vision, ton menton se rapprocha de ton torse ; que Rikni te garde de te fourvoyer sur le décors, mais tu étais presque sûr de ne pas l’avoir vu à votre arrivée.

Gardant cette information pour toi, tu forças un peu plus, faisant craquer sous ton poids l’écorce fragilisée par une récente pluie d’hiver l’arbre formant ton observatoire. Le vent était une chose ; la présence dans le village en était une autre. Mais le mouvement que tu décelas rapidement te glaça le sang autant que te fit grogner. Tu te retins tout juste d’exécuter quelques signes des mains, ce que personne d’autre que toi n’aurait su comprendre.


« Fangeux, par le chemin qu’on vient d’emprunter ! »
dis-tu d’une voix ferme.

Sans hurler, tu devinais sans mal que ta voix porterait trop pour ne pas attirer d’autres bestioles si elles étaient dans les parages. La situation s’avérait complexe ; tu étais très haut et devait redescendre d’un niveau ; si la créature ne s’attaquait pas à l’arbre directement, peut-être aurais-tu un peu de temps pour guider les autres en contrebas ; mais plus le rocher sur pattes s’approchait, plus il te semblait difficilement réalisable de survivre à un assaut frontal.




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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyMar 12 Juil 2022 - 19:50
Un Fangeux ? C’est tout c’que t’as à nous annoncer Vlad, sérieusement ?

J’sentais mon sang bouillir en un claquement d’doigts, c’flux d’adrénaline qui gonfle mes veines et m’fait réfléchir à toute vitesse. Il avait pas gueulé pourtant, l’blond perché dans son arbre, mais l’intonation d’sa voix avait suffi à hérisser tous les poils qu’il m’restait à l’idée d’devoir encaisser une attaque d’un autre spécimen qui s’rait probablement pas aussi petit qu’celui qu’on venait d’paralyser. Pour l’moment, il était pas en vue, mais Bardaux qu’était en train de nous r’joindre s’est mis à s’taper la course la plus frénétique qu’j’ai jamais vue pour un type d’son gabarit, et j’peux t’dire qu’avoir un poids lourd comme ça qui trace dans ta direction fout au moins autant les j’tons qu’un revenant qui s’rue vers toi. Et l’expression sur sa tronche m’foutait froid dans l’dos en plus d’ça, j’pouvais y lire toute la terreur qu’une bestiole pareille pouvait lui procurer rien qu’à être mentionnée. Y avait pas une seconde à perdre.

JANSilence, Dugo’, par l’ouest !


J’avais pas l’temps de me mettre à leur expliquer l’pourquoi du comment, ni même d’me préoccuper de s’ils allaient suivre mes ordres. Cela dit, ils avaient l’habitude d’bosser avec moi et d’pas trop questionner mes directives, c’est pas comme si on pouvait s’permettre d’être plusieurs à s’battre pour l’mot d’la fin. Et puis l’instinct d’survie f’sait son boulot aussi, un sens qu’la plupart des citadins d’Marbrume avaient sans doute enterré depuis belle lurette derrière leurs grands murs d’tafiole. Les deux p’tits se sont barrés aussitôt, ont pris la tangente pour aller s’planquer en ville, et c’est tout l’mal que j’leur souhaitais. Parce que rien m’garantissait d’les revoir un jour, ou en tout cas, pas sous cette forme fringante, bien vivante, avec des chicots qu’ont pas quadruplé d’longueur. Moi ? J’me faisais pas prier non plus, j’me taillais vers Monpazier sans attendre, dans l’même axe qu’Bardaux et c’qui devait sans doute nous poursuivre. Je sais pas c’que j’espérais, la semer ?

JANVLAD, PAR L’EST !


J’lui gueulais ça alors que j’prenais mes jambes à mon cou pour rattraper Bardaux qu’avait quelques mètres d’avance sur moi. Fallait pas qu’il reste dans l’arbre, si l’Fangeux s’décidait à revenir sur ses pas, Vlad s’rait une cible parfaite et à portée d’escalade. Parce que j’ai vu ces saloperies grimper à des trucs improbables lors d’une percée dans le camp, à tel point qu’on a décidé de s’débarrasser d’toutes les échelles pour éviter ça, et d’abattre l’branches les plus basses. Pour l’moment, j’avais pas l’temps d’y songer, l’urgence m’faisait courir comme une dératée vers les premières maisons d’Monpazier. Enfin, maisons, un amas d’planches clouées à une structure croulante pour faire des écuries, des greniers et des chambres. J’avais assez d’endurance pour les atteindre, mais déjà d’un coup d’œil par-d’ssus mon épaule, j’voyais l’bestiole nous charger d’puis l’orée du bois. Elle était vachement plus massive qu’la précédente, et c’en était une que j’voulais pas affronter au risque d’me faire étriper sans autre forme de procès. Et alors que j’rattrapais Bardaux qu’était d’jà essoufflé par la course qu’il menait depuis la lisière, une idée aussi mesquine que géniale m’traversait l’esprit. Une idée qu’animait ma patte gauche pour attraper ma hache d’bûcheron, la sortir d’son anneau et l’empoigner en bout de hampe pour m’donner assez d’allonge. Une idée qui la surélevait au-d’ssus d’ma tête presque et l’abattait sans attendre dans l’mollet exposé d’mon collègue une fois à hauteur. Un hurlement. Bardaux s’casse la gueule dans l’herbe encore fraîche et humide, s’vautrant comme la dernière des merdes en trébuchant lorsque sa jambe l’a lâché. J’plaide coupable. Mais j’lui sautais quand même par-dessus sans même y réfléchir, parce que ma course n’s’arrêtait pas là. Des gouttelettes d’sang m’coulaient dans la manche quand j’assurais ma prise sur ma seule arme que j’avais pas l’intention d’lâcher, jetant un coup d’œil au-d’ssus d’mon épaule pour voir si l’bête s’ruait sur nous.

BARDAUXSALE GARCE, TU L’PAIERAS CHER !


Bardaux s’était relevé et boîtait comme jamais, essayant de courir malgré la blessure qui l’handicapait. La haine dans son r’gard attisait mon instinct d’combattante, malgré moi. C’genre de rage qui t’consume et t’fait perdre les pédales. C’genre de colère noire qui t’ferait survivre à n’importe quoi sauf la Fange... et c'qui s'trouve juste derrière lui et pourrait tout aussi bien finir l'boulot.
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Vladémir de la SayettePurgateur de Rikni
Vladémir de la Sayette



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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyMer 13 Juil 2022 - 14:12
Tu étais fasciné par ton flair, comme si la peur subite qu’engendrait ton annonce pouvait remontait jusqu’au sommet auquel tu étais perché. Sans te prendre à ricaner, mieux valait se hâter ; les plus rapides prirent une direction tandis que Bardaux s’était mis à courir depuis un petit moment déjà. Tu voyais ses gros pieds laisser des traces facilement repérables derrière lui, sans parler de son allure de sanglier transpirant et en charge qui passa sans même demander son reste devant Jan. Un coup d’œil dans la direction de la femme qui beuglait ses ordres te donna le coup de jus nécessaire à ne pas réfléchir plus longtemps ; tu ne possédais certainement pas le même instinct de survie que tes camarades, les difficultés ayant parcheminés ta vie ayant été d’un tout autre ordre, mais tu savais reconnaître quand chaque fibre de ton cours te hurlait de courir dans une direction. Tu ne pris pas le risque d’attendre l’arrivée du Fangeux et sauta de la plus basse branche que tu pus attendre en un temps le plus court ; tu roulas dans la boue, souple sur tes jambes pour ne pas te briser les chevilles et tu fonças tout droit vers le village que tu savais inhabité à défaut d’être sécurisé. La bête t’avait tout de même dépassé le temps que tu dérapes de ton sommet, te faisant prendre par le choix de Rikni et la voix de Jan ce qu’il te semblait être l’est ; avec la force de l’urgence, tu parvins à contourner le duo jusqu’à courir à leur hauteur, au couvert de quelques arbres qui te permirent de voir qu’aucun autre fangeux ne semblait vouloir interrompre ta course. Tu ne voyais cependant plus ni Silence, ni le dernier qui était partie avec lui.

Tu ne fus pas certain de sentir ou de deviner l’odeur du sang à tes narines. Entre la course et le souvenir des blessures de tes camarades, le fer inondait ta bouche sans que tu ne te sois coupé ; en tournant la tête, tu vis à peine par anticipation la hache de la grande rouquine se ficher dans le bas du mollet du porc qui se mit à hurler. Etait-ce un nouveau signe envoyé par Rikni ? Cette femme au caractère opportuniste était-elle de ce genre qui ne reculaient devant strictement rien ? Tes yeux s’éclairèrent d’un manque de réflexion peut être idiot, mais qui te fit glisser en angle droit pour passer dans le dos de Bardaux qui se remettait à courir. La bête, férocement rapide en dépit de son poids, ne se séparait d’eux que de quelques mètres, aussi tu pus sentir tout le phénomène d’angoisse qui te scia les tripes. Tu n’hésitas pas longtemps avant d’empoigner ta propre qui, en dépit du fait de ne pas être faite pour trancher, ne se gêna pour couper les deux talons du sanglier blessé. Ce dernier hurla sa haine comme sa douleur en pensant avoir été rattrapé par le fangeux alors qu’il s’effondrer, les muscles de ses bien incapables de se remettre suffisamment vite pour lui éviter une mort atroce.


« Que Rikni te garde, »
souffla Vladimir d’un air mauvais.

Un sourire malade se dessina sur ses lèvres, mais l’approche du fangeux lui fit tourner les talons. Bardaux, condamné, continuer de hurler des insanités en envoyant sa grosse paluche contre ta cheville ; tu dois bien avouer que ton pas sauté était fort joli, mais pas suffisant pour ne pas te faire trébucher et t’étaler au sol. Heureusement, ce moment fut choisi par le fangeux pour se jeter sur sa victime la plus proche, te laissant tout le loisir de massacrer une dernière fois le visage du gros costaud d’un coup de pied bien senti. Te levant avec une seule hâte ; t’éloigner du meurtre derrière toi, rejoignant ce qui pourrait te sauver, cherchant du regard l’initiatrice d’une telle idée que tu saurais ne pas oublier.




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Janke “Jan” LaDoloyreÉgorgeur
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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptyJeu 14 Juil 2022 - 19:02
L’angle droit qu’Vlad faisait pour rejoindre Bardaux m’laissait croire qu’il allait l’aider, parce que c’est tout c’que les bannis font, hein ? S’serrer les coudes et s’sacrifier pour les autres, s’mettre au devant du danger quand l’un des nôtres est sur l’point d’y passer, l’protéger au péril d’notre vie. On n’était qu’en décembre, et déjà, on avait perdu un tas d’bons gars dont l’cœur était bien trop gros pour c’monde de merde. Ici, c’était la loi d’la jungle, et seul l’plus fort et l’plus égoïste saura s’tenir debout jusqu’à la fin. Je l’avais accepté d’puis belle lurette, et c’est c’crédo qui m’a garanti ma survie. Alors j’avais pas l’temps d’buller, d’regarder l’blond s’occuper d’ce poids mort et y passer à son tour. Parce qu’une fois qu’le Fangeux les croque, il s’amuse pas à les déchiqueter jusqu’à plus soif ; et c’est ça l’pire dans tout ça. Il t’arrache un morceau, s’assure qu’tu vas en crever, mais t’laisses plutôt en état. Leur instinct a l’air d’se multiplier, pas par l’procréation hein, mais par l’fait d’mordre le suivant pour qu’lui même s’réveille après la mort et perpétue l’cycle. Ça faisait à peine quelques semaines que j’me disais qu’cette progression allait tous nous condamner, et j’bataillais pour n’pas y penser maintenant.

Là, en l’état, j’devais juste courir pour ma peau. Et c’est c’que j’faisais, à tracer dans l’boue et l’herbe autour d’Monpazier, à franchir une clôture pour piétiner c’qui devait être un champ d’va savoir quelle plante. J’me rappelle avoir galéré à avancer dans les sillons affaissés des rangs d’légumes qu’avaient pourri depuis l’départ des villageois, et l’odeur était infecte. J’voyais un cadavre d’chien sur l’bas-côté d’la palissade, un autre qu’avait plutôt l’air d’faire la taille d’un sanglier, et la puanteur d’la décomposition m’donnait presque un haut-l’cœur. Mais j’pouvais pas plus accélérer l’pas, j’avais quand même d’la masse à m’coltiner, et l’endurance c’était pas forcément ma première qualité. Un peu plus loin, derrière la barrière de l’enclos qui rassemblait la végétation putréfiée autant qu’les bestioles venues s’goinfrer dedans, y avait une sorte d’étable. L’genre de bâtisse qui tient bien debout, a de grands battants d’porte parfois chaînés, et un étage accessible avec une échelle. C’est tout c’qu’il me fallait, un endroit en hauteur où j’pouvais m’planquer un moment. Alors j’passais par-d’ssus la barrière, j’regardais un coup derrière moi pour voir qu’Vlad m’avait suivie, c’qui arrangeait pas forcément mes affaires, mais ça voulait dire aussi qu’il m’restait au moins un gars avec qui ramener d’la bouffe, si on s’tirait d’là vivants.

L’porte de l’étable était entrouverte, et ça par contre, ça faisait mes affaires. J’me suis jetée dedans sans plus attendre, même si l’parfum infectieux des animaux morts d’faim et dévorés par les asticots était pire à l’intérieur. Une échelle menait à cette espèce d’grenier ouvert, protégé d’la chute par une rambarde qui tirait la gueule, et où du matériel avait été stocké dans des sacs d’jute. J’manquais même quelques barreaux en me ruant là-haut, et deux d’entre eux ont fini par lâcher sous mon poids quand j’ai réussi à me hisser sur la plateforme d’bois faite de planches séparées d’espaces suffisants pour voir en d’ssous d’moi. Alors j’me retournais pour choper l’échelle par ses deux pauvres pattes, et c’est à plat ventre qu’j’attendais l’éventuelle arrivée du blond, s’il était parti pour s’réfugier au même endroit par simple mimétisme. S’il se décidait, il n’restait qu’une petite fenêtre de tir pour qu’il se jette sur les échelons et que j’le hisse en haut et l’marche-pied avec lui. Parce que l’Fangeux n’allait pas s’arrêter aux premiers barreaux s’il venait l’premier…
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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptySam 16 Juil 2022 - 18:01
Les odeurs de crasses, de merdes et de morts n’étaient clairement pas des choses que Rikni avait jugé bon de t’épargner. Né dans l’or et l’argent pour s’infiltrer ainsi que l’eau croupie dans les pavés des maisons, tu t’étais déjà fondus au milieu des glorifiantes fins de vie et des puanteurs qui en étaient parties intégrantes. Mais ce qui arrivait à tes narines alors que tu courrais au milieu de ta propre bave et transpiration, tu sentis ton ventre menacer de rendre le peu d’eau et de bile accumulé dans le fond de ton estomac. C’était âcre, désagréable, vif, ça te prenait comme une pucelle dans un bordel sans te laisser le temps de voir ce qui allait t’enfourner. Ta course te fit glisser au milieu des champs pourris et des cadavres de gros rats, peut-être de chiens, te faisant sauter à la suite de Jan au-dessus d’une sorte de palissade décharnée. Toute la zone était ainsi ; dans un état de décrépitude laissé à l’abandon depuis trop longtemps pour respirer autre chose que la désolation, Monpazier voyait ses murs s’élever suffisamment haut pour ne pas laisser transparaître la mort de son âme. Tu y vis une sorte de chance ; tes jambes continuaient de s’élancer à un rythme accéléré, un mouvement de poignet exceptionnel ayant réussi sans que tu ne réalises comment à ranger ton arme d’estoc à ton flanc.

Le bois de l’étable était griffé ; tu t’enfonças sans réfléchir à la suite de Jan, constatant qu’elle était bel et bien plus large que toi et que là où Jan passait, tu pouvais la suivre. Tu gardas à ton esprit le mouvement de hache qu’elle avait eu contre le gros qui hurlait quelques mètres derrière eux. Un sourire crispé passait sur tes lèvres en l’imaginant se retourner pour te ventre au fangeux ; la confiance était une denrée pernicieuse, mais il te fallait bien la prendre en compte sans réfléchir au risque de te faire rattraper par la bête. Tu l’imaginas sans mal faire tomber l’échelle avant que tu ne puisses t’y accrocher ; un rire grave commença à poindre dans le fond de ta gorge, tes yeux brillants presque d’un défi que tu étais le seul à entrevoir. A moins d’un mètre de l’échelle tenue des mains de Jan, tu te précipitas jusqu’à sauter dans un bon incroyablement soupe, clairement mal ordonné puisque ton crâne buta contre un barreau de l’échelle, manquant de te renverser à l’instant même où la force du désespoir te tractait avec l’échelle. Le divin fit que ta botte ne fut pas saisie par le grognant sous toi, et entre tes bras et la ruée d’adrénaline que tu te pris tu parvins à être jeté sur le plancher grinçant sous ton poids. Tu ramenas tes jambes contre toi, vérifiant que tes armes étaient toujours à leur place et qu’aucune douleur autre que celle de tes muscles tiraillés par l’épuisement ne se faisait trop prononcés. Un coup d’œil vers Jan, et tu te permettais de reprendre une respiration plus tranquille, esquissant un sourire malade alors que tu te penchais à peine vers le bas de l’étable pour voir le gros visage du fangeux. Tu étais presque admiratif de ce mélange peu naturel, entre la décomposition et la vivacité d’une chaire qui tenait encore en place.



« Par les Trois… c’était pas le plus beau de la portée, celui-ci… »






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MessageSujet: Re: Et l'hiver sera rude...   Et l'hiver sera rude... EmptySam 16 Juil 2022 - 23:15
Tout c’qui s’est passé après ça est allé si vite que j’ai à peine eu l’temps d’y réfléchir. J’étais encore à plat ventre sur l’plancher à l’étage et j’entendais venir quelqu’un, quelqu’chose peut-être, et j’étais vraiment à deux doigts d’foutre en l’air l’échelle au cas où l’Fangeux avait rattrapé Vlad et venait pour m’finir. Il aurait pu courir pour m’choper, et j’aurais largement préféré crever d’faim là-haut que d’me faire avoir par cette malédiction. Mais après avoir vu une silhouette passer à travers les planches pas bien scellées des murs, c’était une touffe blonde qu’j’ai vue dépasser par la porte de l’étable, et littéralement sauter sur l’échelle qu’a vraiment manqué d’me péter entre les doigts tellement elle avait mal vécu ses vingt dernières années. Sauf que l’nouveau était pas l’seul à venir finir sa course dans cet entrepôt à bétail mort d’puis des lustres. Une ombre vachement plus rapide passait d’vant les grands battants à son tour et força l’passage à l’intérieur d’notre planque alors qu’le grimpeur arrivait à peine à ma hauteur. Alors j’me penchais pour choper l’manche ou même l’col du blond et le hisser comme un débardeur du port, à la force d’un bras, pendant que j’sentais l’autre trembler quand l’Fangeux s’est mis à agiter l’échelle pour monter à son tour. Et là, consciente que j’allais pas pouvoir remonter les échelons pour nous garantir un moyen d’sortie plus tranquille quand on devrait repartir, j’repoussais aussitôt l’support bien amoché pour jeter aussi l’crasseux qu’avait commencé à éclater les barreaux du bas sous son poids. Mais c’qui m’a frappée dans tout ça…

C’est qu’c’était l’Volène.

J’reconnaissais sa tenue, l’ceinturon où il manquait l’arme mais où les deux sacs d’jute étaient restés accrochés. Sa trogne était méconnaissable, sa taille n’avait pas doublé d’volume, mais son agilité maintenant n’avait rien à voir avec c’que je savais d’lui et d’ses compétences. Une peau bleuâtre avait bouffé la sienne plutôt blanche d’base, ses ch’veux étaient restés les mêmes, mais ses mains étaient déformées en griffes dont j’avais pas envie d’connaître la morsure. Alors l’Volène est tombé avec l’restant d’l’échelle qui s’est disloquée en contrebas en tapant contre une mangeoire vide. J’l’entendais rugir alors que j’me relevais pour m’installer contre le mur pour reprendre mon souffle. Ma hache baignait encore dans l’sang d’Bardaux et imbibait l’plancher quand j’la récupérais au crochet d’ma ceinture pour la mettre ailleurs, loin d’Vlad, et où elle n’pourrait pas tomber. C’est là qu’le blond m’a fait sa remarque sur la tronche d’Volène.

JANI’ t’portait pas dans son cœur d’son vivant, ’lors d’son mort, ç’risquait pas. I’ s’est pas arrangé d’puis c’matin.


Un rire qu’j’attribuais à un peu d’nervosité m’échappait aussi sûrement que les glaires qui me remontaient dans la gorge et que j’évacuais d’un mollard par-dessus l’vide. J’avais l’arrière du crâne contre l’mur, calé dans l’recoin d’une planche qui scellait la structure, une jambe ram’née contre moi pour faire office d’accotoir, et je soufflais un grand coup. Mon endurance en prenait encore un coup d’temps en temps après c’genre de course sur la distance, et j’essayais d’calmer ma poitrine comprimée dans mon plastron et voulait en sortir pour s’gaver d’autant d’air qu’possible. Même si finalement, ici, tout était vicié par l’abandon et l’mort, l’puanteur était pas si facile à ignorer…

JANT’as croisé ‘coup d’Fangeux ‘vant d’arriver ch’nous ? Ou c’t’une première et t’as été chançard jusqu’là ?

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