Y'a du bruit dans la cuisine.

Je lui fis un sourire amusé lorsqu’elle se dit rassurée que je ne refasse pas l’intégralité de sa maison. Ceci dit, elle affirmait avoir également passé une belle journée, avouant que son fils semblait tout particulièrement aux anges. Naturellement, elle ne pouvait pas imaginer à quel point ma journée avait été extraordinaire.
En y repensant, cependant, elle devait bien voir que j’étais parfaitement heureux puisque mon visage avait tendance à trahir mes émotions…
Mon sourire s’élargissait lorsqu’elle accepta mon offre pour un verre de jus de pomme et, je me détournais donc pour sortir la bouteille et deux gobelets.

Un seul verre, c'est promis ! Dis-je en souriant d'un rare air polisson, faisant référence à sa soirée précédente.

Un petit ronflement s’élevait déjà du coin où le chiot avait son coussin alors que je remplissais les deux verres.

Je ne sais pas si Erick sera dans le même état que Goup’, mais ils étaient adorables à voir tous les deux. Ils se sont bien dépensés ! Dis-je en souriant, poussant un verre vers elle.

La réflexion d’Héléna sur le calme de la bâtisse, contrairement à d’habitude, n’entachait pas mon humeur. La journée avait été fantastique et je ne voulais pas me laisser démoraliser.

Oui, il m’a fallut du temps pour cesser d’y prêter attention. Après, je passe le plus clair de mon temps dans l’atelier et généralement, lorsque j’en sors, j’ai les oreilles qui bourdonnent jusqu’à ce que je m’endorme. Annonçais-je avant de boire une gorgée.

Cette maison n’est pas prévue pour un homme seul, il suffit de voir la taille de cette cuisine ! J’ai largement la place d’accueillir quatre ou cinq personnes en aménageant légèrement l’espace. D’ailleurs, je dois vous remercier, Goup’ apporte un peu de vie ici, c’est très agréable.

–Je ne sais pas si Erick sera dans le même état que Goup’, mais ils étaient adorables à voir tous les deux. Ils se sont bien dépensés !
–J'espère bien que si, affirmais-je en saisissant le verre qu'il venait de pousser dans ma direction. Il faut dire qu'Erick n'a plus vraiment d'activité. Du moins, pas autant qu'avant. Il ne s'est pas encore fait d'amis de son âge. Les quelques enfants vivants dans notre quartier se connaissent depuis toujours. Apparemment, c'est compliqué pour eux d'intégrer un nouveau venu dans leur petite bande.

Et j'en étais sincèrement désolée pour lui. Jadis, mes fils étaient entourés d'enfants. Tous n'avaient pas le même âge et, pourtant, ils jouaient ensemble sans faire la moindre distinction. À cette époque, ils n'étaient finalement jamais seuls, même à la maison… Ils étaient deux. Aujourd'hui, Erick se retrouvait pratiquement seul et même si nous redoublions d'efforts pour l'amuser, cela n'avait rien à voir avec ce qu'il avait connu autrefois.

Au fond, notre maison se trouvait juste un peu plus animée que celle d'Erwan. Erick n'étant pas un enfant spécialement turbulent … Mais la vient régnait bel et bien, contrairement à celle-ci.

– Oui, il m’a fallu du temps pour cesser d’y prêter attention. Après, je passe le plus clair de mon temps dans l’atelier et généralement, lorsque j’en sors, j’ai les oreilles qui bourdonnent jusqu’à ce que je m’endorme.
– J'imagine, affirmais-je en souriant.
–Cette maison n’est pas prévue pour un homme seul, il suffit de voir la taille de cette cuisine ! J’ai largement la place d’accueillir quatre ou cinq personnes en aménageant légèrement l’espace. D’ailleurs, je dois vous remercier, Goup’ apporte un peu de vie ici, c’est très agréable.
–A vrai dire… C'est pour cela que je vous l'ai donné. Vous me sembliez bien seul, il a encore quelques semaines. Aujourd'hui, j'ai l'impression que ce petit bout de chien a su combler ce petit vide avec son énergie, avouais-je avant de boire à mon tour. Personne ne devrait être seul. C'était déjà vrai avant tout ça, mais ça l'est d'autant plus aujourd'hui. Je suis heureuse de vous savoir un peu moins renfermé… pour ne pas dire triste.

Après tout, c'était cette tristesse parfaitement perceptible qui m'avait tant frappé à notre rencontre. Aujourd'hui, Erwan n'affichait plus du tout les mêmes expressions et souriait plus souvent. Je trouvais cela très agréable.

Je souriais avec compassion en entendant la jeune mère évoquer les difficultés du petit garçon à se faire des amis. Cela renforçait plus encore le plaisir que je ressentais d’avoir pu lui offrir quelques heures de rire.

Les enfants sont toujours difficiles. Avouais-je. Ils sont facilement isolationnistes et méchants avec leurs camarades, c’est vrai. Cela dit, ils ne font que copier leurs parents. Je sais que pour une bonne partie de ceux qui, comme vous, se sont réfugiés ici, l’accueil n’a pas été…Toujours très agréable. Je suis d’autant plus ravi du temps que je vous ai accordé, Erick à un sourire enchanteur.

De même que le vôtre avais-je envie d’ajouter, mais ce n’était clairement pas le moment pour cela. Une réflexion de ce type aurait, sans doute, brisé cette belle journée.
D’autant que la discussion déviait déjà sur le côté pesant de ma solitude dans ma grande maison. Héléna avouait alors m’avoir confié Goup’ pour m’offrir de sortir de mon isolement, me tirer de ma tristesse permanente.
Je lui souriais et hochais la tête.

Il anime et comble une bonne partie du vide, oui, c’est vrai. Il a l’énergie communicative et sa joie permanente est… Ne trouvant pas les mots, je me contentais d’un vague geste qui ne voulait rien dire, mon sourire amusé confirmant très bien à lui seul ce que j’en pensais.

En tout cas, merci beaucoup pour cette journée en votre compagnie ! Cela a été un véritable bonheur ! A ce propos, si un jour, pour une raison ou pour une autre, vous avez besoin de quelqu’un pour occuper Erick, n’hésitez pas, Goup’ fera cela avec enthousiasme ! Annonçais-je avec un petit sourire qui ne cachait en rien le plaisir que j’avais eu à passer du temps avec le petit. Et c’est toujours agréable de passer un moment avec vous, Héléna. Dis-je en me desservant du jus de pomme.

Vous avez dit un seul verre, je ne vous repropose donc pas ! Taquinais-je.



Fin
La suite ICI