Visite inattendue [Theodren]

Tout au long de la marche vers le bassin, Constance écoute les angoisses, les craintes que son amant formule. D’abord en ce qui concerne le temps, puis la tenue, elle fronce légèrement les sourcils, visiblement en pleine réflexion. Aucun des deux ne semblait vouloir se positionner, imposer à l’autre sa vision des choses, ainsi la conversation semblait un peu tourner en rond, Theodren semblait vouloir la laisser gérer entièrement la cérémonie et le reste, alors que la jeune femme aurait apprécié que leur union représente parfaitement les deux horizons qu’ils représentaient tous deux. Elle lâcha un léger soupir, pesant le pour et le contre, cherchant des éléments qui pourraient convenir autant à lui qu’à elle. Sur l’instant, la jolie blonde conserve le silence, mémorise chacune des inquiétudes tout en se promettant d’y répondre, le tout, c’était simplement de le rassurer, comme il avait su le faire avec elle. Quand il eut enfin terminé le trajet, que le couple s’était faufilé entre les pierres pour atteindre le bassin bien à l’abri des regards indiscrets. Le guérisseur abandonna sa serviette pour rentrer dans l’eau, à la recherche visiblement d’un confort et d’une détente dont il semblait avoir besoin. La jeune femme cligna des yeux, avisant le corps masculin de son amant une fraction de seconde avant qu’il ne disparaisse sous l’eau. Encore au bord du bassin, la balafrée fit le choix de rester parfaitement enroulé dans sa serviette, s’asseyant simplement sur le rebord. Elle semblait encore en pleine réflexion, à la recherche des bons mots. Une fois Theodren à la surface, elle lui offrit un sourire rassurant, puis pris enfin la parole, reprenant point par point les éléments importants qu’elle avait retenus :

- « Je veux que notre mariage nous ressemble à tous les deux. Ça me semble important. » Premier point « Il est fort probable que tu sois dans l’obligation de m’accompagner pour la couturière prenne tes mesures, pour un joli costume, ne t’inquiète pas, j’en connais une, elle me doit un service, tu n’auras rien à payer. » Deuxième point « Je ne sais pas danser non plus, je ne bois pas non plus, ce n’est pas quelque chose d’obligatoire, on peut apprendre tous les deux. Pour les personnes présentes cela sera plutôt un petit comité, nos proches… » troisième point « Ce qui m’importe, c’est juste la cérémonie pour le reste, rien n’est obligatoire… On peut formuler nos vœux, puis passer le reste de la journée juste à deux, ou bien prévoir quelque chose dans un établissement avec nos proches et ton barde si tu veux. »

Constance s’appliquait à ne pas laisser voir sa préférence, elle voulait qu’il puisse donner son avis à lui, aussi sincèrement qu’il pouvait le faire. Elle essayait de répondre le plus précisément possible à ses inquiétudes, sans en rajouter davantage et le fait de se retrouver dans un lieu neutre, sans personne pour les déranger, l’aider à s’exprimer, à poser les choses calmement.

- « Je pense qu’on peut avoir une belle cérémonie et une belle soirée après, sans pour autant débourser beaucoup. Tu as une certaine réputation, moi aussi, beaucoup de commerçants seront prêts à nous aider juste pour avoir une bonne image. Le plus important n’est pas la cérémonie à venir, d’ailleurs il va falloir qu’on fixe une date… Pour que je puisse en parler à Marcel… Enfin, le plus important, c’est de savoir ou tu veux vivre, si tu veux qu’on vive ensemble ou si chacun garde son indépendance… » elle se pince la lèvre « Je sais que c’est courant pour certain couple.. Je sais aussi que tu veux sortir des bas quartiers, même si tu sais bien que moi ça ne me dérange pas. »

Elle le laisse encaisser le tout, réfléchir sagement aux différentes options, puis se releva doucement, laissa glisser sa serviette le long de ses courbes jusqu’à pouvoir l’abandonner sur le sol, dévoilant sa nudité encore pleine de petites traces discrètes du premier rapport, puis rentra dans l’eau dans un soupir de bien-être et de détente. Sa nudité devant Theodren ne semblait plus vraiment la déranger outre mesure, si ce n’est qu’elle avait bien enregistré qu’indirectement il avait envie qu’elle prenne un peu de poids. La jeune femme ne l’avait pas nécessairement pris comme un reproche, quoi que, peut-être un peu quand même. Elle profita un peu de l’eau pour nager, se détendre avant de revenir jusqu’à son amant dans l’espoir qu’il soit plus en état de discuter, malgré les possibilités que pouvait offrir le lieu.

Une fois dans l’eau, la jeune femme s’autorise quelque courte longueur, le temps pour elle de plonger la tête sous l’eau, de savourer la sensation de chaleur qui se diffuse un peu partout sur son corps et qui au gré de ses mouvements la nettoie de ses occupations passées. Elle revient vers son tendre, un petit sourire sur les lèvres et un regard attentif. La balafrée semble soulagée de voir que la conversation se poursuit avec plus ou moins de sérieux. Rejoignant Theodren, les cheveux humides, elle conserve une certaine distance. La jeune femme ne semble pas souhaiter que l’activité tourne dans le mauvais sens. Constance l’écoute, comme souvent, notant mentalement les choses qui lui semblent importants. Pas d’alcool, cela ne la gêne pas. Elle n’a jamais bu, ne s’est jamais retrouvé en état d’ivresse et elle ne semble pas en ressentir le besoin, la blonde opine simplement, écoutant la suite. Quand il exprime que le mariage n’est pas important à ses yeux, ceux de la jeune femme s’écarquillent, il tente d’argumenter sa pensée, mais Constance reste bloquée sur cette première et simple phrase. La blonde secoue doucement sa chevelure, un peu contrariée par cette maladresse, puis finit par entendre et prendre en considération le reste. Theodren se projette déjà dans les jours qui suivront leur union. Elle non. Pas encore. Le sujet de la conversation se reporte sur le logement, de nouveau elle entend bien les propos et l’argumentation, mais n’y accorde pas plus d’intérêt que ça, le lieu de vie ne lui importante pas vraiment. Elle affiche un petit sourire, puis reprendre de nouveau les différents points. Enfin, déjà elle s’approche de lui, abandonnant la distance réglementaire pour venir l’embrasser avec douceur, puis murmure :

- « J’ai compris pas d’alcool pour nous. » c’est ça qui lui semble le plus important, elle le comprend « Interdiction de bougonner pour la couturière, je suis certaine que tu prendras plaisir à t’y rendre, autant que tu prendras plaisir à découvrir ma robe le jour de notre union. » C’est un peu une carotte aussi. « On fera une cérémonie simple, je m’occuperai de tout, tout en t’informant des différents choix, par contre, tu devras discuter avec le prêtre qui nous officiera pour te confesser avant notre union, puis pour préparer tes vœux. De plus, histoire de ne pas te faire surprendre par le déroulement, on assistera à une cérémonie ensemble, avant. »

Ça, cela lui semble important de ne pas le prendre par surprise, qu’il puisse savoir vers où il va. Que ce soit l’échange des alliances, ou des rubans. Elle le connaît sensible, elle est certaine qu’il trouvera ça beau et touchant. Pour le sujet du logement, elle n’a pas vraiment envie d’y revenir, mais sent qu’elle le doit, pour le rassurer d’un côté, mais aussi pour lui signifier que cela n’a que très peu d’importance pour elle.

- « Concernant le logement, tu sais que cela ne me gêne pas, alors je te laisse libre de cette décision. De toute façon, union ou pas, je passerais mes journées et certaine de mes nuits au temple tu t’en doutes bien… Et puis, si un jour nous avons envie de changement, nous pourrons toujours nous installer dans un petit village… Depuis la reprise du labret, j’entends beaucoup de bien, malgré les difficultés et les risques que cela implique de vivre en extérieur…qui sait, cela pourrait être une vie qui nous conviendrait aussi. On a le temps d’y réfléchir. Rien ne presse. »

Elle prend une légèrement inspiration, alors qu’elle se décale légèrement afin d’aller vers une zone où elle a presque pied, sa petite taille ne lui facilite pas la tâche. Elle prend une nouvelle inspiration, puis revient sur un autre sujet important, la date.

- « Concernant la date, je pense que dans un mois, c’est quelque chose de convenable, ou alors deux mois… Qu’est-ce que tu en penses ? »

Constance se mordille doucement la lèvre inférieure, elle avise Theodren avait ce regard qui en dit long. Elle sent un frisson parcourir sa nuque et descendre jusqu’à son bas dos. On avait dit conversation sérieuse. Même là, il arrivait encore à dévier le sujet pour lui donner un aspect terriblement dangereux. La blonde se recule légèrement, reprendre la direction du lieu où elle a abandonné sa serviette, hésitant visiblement à sortir pour s’enrouler de nouveau dedans. Tentateur. C’est bien ça qu’elle aurait voulu lui murmurer, mais elle se tait, tâchant de conserver tout le sérieux qu’elle est capable d’exprimer.

- « C’est important de rencontrer un clerc neutre, avant, tu n’es pas obligé de citer mon prénom si cela te gêne et je ne parlais pas forcement de…. Ça comme confession. »

La balafrée prend une petite respiration alors qu’elle s’appuie sur le rebord pour s’extirper de l’eau, elle pivote légèrement pour s’installer sur le rebord, attrape sa serviette pour essayer de s’enrouler au maximum dans celle-ci. Rester ici, c’est prendre le risque que cela dérape, elle se le refuse pour l’instant.

- « Pour la cérémonie, je vais voir, peut-être que d’ici là j’aurais une demande pour en célébrer une, sinon, on en assistera une par un collègue. Après la période de se prêtre pas vraiment au mariage. »

Elle repense à sa réaction vis-à-vis de la date et se met à rire doucement. Passe une main dans sa chevelure qu’elle enroule dans un méli-mélo qui ne tiendra de toute façon pas en place. Elle prend une nouvelle respiration, comme souvent quand elle veut prendre la parole pour formuler quelque chose qu’elle juge important.

- « On attendra un mois, le temps de faire les tenues, de préparer la cérémonie aussi. Cela me semble convenable comme temps pour patienter. Et, oui, tu patienteras ce temps-là pour que je m’appelle madame Hilaire. » Elle lève doucement les épaules, le temps c’est aussi une sécurité « En attendant, cela te laisse aussi la possibilité de préparer des invitations, que ce soit oralement ou par missive, je t’aiderai si besoin. »

Elle laisse encore un peu ses pieds dans l’eau, tout comme ses mollets, dépose ses yeux verts sur son tendre, l’avisant un long, très long moment. Pour quelqu’un qui n’était jamais venu ici avant il y a peu, il semblait parfaitement se faire à l’ambiance des thermes. Elle fait le tour de ses pensées, met de côté chaque chose qu’elle a abordé avec lui et qui lui semble définitif, Constance semble satisfaite, avoir abordé tous les sujets qui la tracassait plus ou moins, maintenant que les choses étaient dites, cela la rassurait. La blonde espérait qu’il en soit de même pour Theodren. Allaient-ils peut-être pouvoir examiner quelque personne avant de se quitter pour la journée.

- « Bien, qu’est-ce que mon futur époux à envie de faire à présent ? Profiter encore un peu des thermes, remonter pour faire notre travail, que ce soit sur des blessés de la fange ou non. Tu es libre de décider de notre prochaine occupation. »

Sa formulation était prononcée sans sous-entendu, de sa voix douce habituellement accompagnée de son regard bienveillant. Elle l’avait nommé ‘son futur époux’ pour s’habituer aussi, pour donner un peu de réalisme aux événements qui eux, semblaient particulièrement irréalistes.

Quand il évoque sa non-connaissance de la confession, elle fronce doucement les sourcils. Si elle avait bien intégré le fait qu’il soit ignorant sur les coutumes de la trinité, mais à ce point-là… Elle s’efforce de ne pas juger, elle a baigné dedans non pas par choix, mais parce que les trois l’avaient décidé ainsi, peut-être pourrait-elle le ramener dans le droit chemin et lui apprendre le minimum à savoir concernant les différentes pratiques de sa religion. Pour une fois, c’est elle qui maîtrise le sujet, nulle gêne sur son visage, nulle hésitation non plus, ce n’est plus la femme et ses émotions qui prennent le contrôle, mais bien la prêtresse.

- « Eh bien, tout dépend la confession, il y a des confessions régulières qui varient en fonction des individus, une fois par semaine, par mois… Certains viennent même échanger chaque jour. Ce n’est pas forcement pour évoquer des choses mauvaises, mais échanger sur des doutes, des besoins, ou simplement un besoin de parler, d’être rassurée. Celle avant la cérémonie à principalement cet objectif, rassuré. Être à l’écoute du futur époux et de la future épouse pour éviter qu’à cause de la panique, l’un ou l’autre ne prenne la fuite » elle sourit. « Je crois que depuis que j’apprends et j’exerce c’est arrivé qu’une fois que sous l’angoisse une jeune femme refuse finalement le mariage. »

D’ailleurs elle s’en souvenait bien Constance, cela l’avait profondément marqué, la famille de la jeune femme avait été couverte de honte, mais surtout, la prêtresse savait pertinemment que la réaction n’avait été dû uniquement à cause de la peur. La future épouse aimant sincèrement celui qu’elle aurait dû épouser. Elle n’avait pas résisté à la pression des familles, celle qu’elle s’infligeait et puis le stress du jour J. Constance regarda un instant Theodren fronçant un peu les sourcils devant cette réaction, elle n’avait pas dit qu’il allait falloir attendre le mariage pour de nouveau consommer une union pas encore prononcé. Elle avait simplement notifié que pour préparer tout convenablement, il fallait un mois. Un peu vexée elle s’était relevée, lui jetant à peine un regard balayant l’air d’un geste de la main :

- « Un mois c’est convenable, cesse tes enfantillages. » Elle fait une pause « En plus tu m’as mal comprise. Tu n’écoutes pas. J’ai dis un mois pour la cérémonie, pas pour le reste » elle afficha un sourire en coin, consciente qu’il n’avait pas pris pleinement mesure des paroles.

Elle resserre la serviette autour de sa poitrine, la tire légèrement pour que cela couvre au maximum son corps dénudé. La jeune femme l’attend avec ce regard bienveillant qu’elle perd en une fraction de seconde quand il se demande pourquoi il épouse une prêtresse. De nouveau un peu piqué à vif, Constance fronce doucement les sourcils, répondant presque au tact au tact, signe qu’avec lui, elle avait quand même bien laissé de côté sa timidité :

- « Pourquoi ai-je dis oui à un guérisseur… On y va, ou tu veux encore remettre en question quelque chose ? »

Il la regarde, elle lui affiche un petit sourire, de quoi le rassurer sur son début d’humour un peu maladroit. La balafrée finit par avancer doucement, vérifiant par la même occasion qu’il la suit bien. Elle écoute les paroles qu’il prononce, fronce de nouveau les sourcils, visiblement le un mois est douloureux dans l’esprit de Theodren qui s’imagine ne pas pouvoir tenir un jour de plus sans découvrir davantage les plaisirs que peut offrir Sérus. De nouveau elle ronchonne dans son coin, retenant un petit pique qui lui brûle les lèvres. Si elle sait qu’il n’est pas avec elle uniquement pour profiter de deux corps s’entremêlant, sa petite voix intérieure, elle, se fait un malin plaisir d’installer un doute.

- « Pas besoin d’affronter qui que ce soit, monsieur Hilaire. » Murmure Constance « On va travailler tous les deux pour l’instant. On doit avoir le temps de faire quelques patients avant que l’heure du départ approche. »

Elle poursuit sa marche repasse par le chemin emprunté précédemment et l’abandonne le temps de se changer, elle a mis une autre tenue de prêtresse, l’autre n’étant à ses yeux plus suffisamment propres pour être portée de nouveau. Remontant sa longue chevelure, la coinçant avec une plume, elle avait fini par ressortir pour retrouver Theodren en bas des marches.

- « Prêt ? »

Elle lui demande parce qu’elle ne veut pas le brusquer non plus, elle sent bien que depuis qu’Isabelle lui a offert un joli interrogatoire, il n’est pas forcément très à l’aise. Enfin en soin, il devrait vite retrouver ses marques, elle en est certaine. Le couple remonte doucement les marches et même si certains clercs les regardent, personne ne vient vraiment les déranger. L’information semble circuler vite, trop vite. Quand ils arrivent de nouveau dans la salle de soin, Constance prépare différents cataplasmes et remède, ceux qu’on utilise le plus souvent, notamment pour la douleur, récupèrent des fioles d’eau salées qu’elle place dans un petit panier puis toujours accompagné de son amant prend le chemin des soins. Elle s’arrête devant un premier box, entre doucement et dépose le panier sur un coin.

- « Bonjour madame » dit-elle simplement

Elle l’avise tout en se rapprochant, la jeune femme est allongée, sursaute quand le duo s’approche. Elle semble mal voyante, ou du moins en donne l’impression. Elle plisse le regard avise tour à tour les deux personnes. Elle ne semble pas être blessée, du moins de manière visible, quoiqu’en y regardant bien, Constance remarque que sa main droite reste appuyée sur sa cuisse droite. Son visage est un peu tuméfié à certains endroits et de multitude de petites taches bleutées parcourent son corps. La prêtresse avise son partenaire s’approchant doucement de la blessée :

- « Vous permettez que mon collègue regarde votre blessure ? Pendant ce temps, je vais passer une peau d’eau salée sur vos petites traces » sa voix est douce posée.

En voyant Theodren approcher, la femme semble légèrement paniquée, Constance laisse son amant gérer, histoire de la rassurer.

Constance l’avait regardé s’éloigner sans réellement comprendre le pourquoi du comment, puis revenir. Elle serre les dents quand il évoque oralement et sans la moindre discrétion leurs ébats, instinctivement ses joues s’empourprèrent de rose alors que son regard balayait la zone, vérifiant que personne ne soit témoin de la conversation. Elle n’a pas le temps de s’emporter, la situation ne tarde pas à tourner et quand elle comprend, sa bouche s’entrouvre, perplexe. Non, elle n’avait pas pensé une seule seconde que les choses qui pouvaient gêner Theodren étaient liées à son enfance, pleine de culpabilité elle conserva le silence. Le suivant sans ne plus rien dire. Elle l’avait abandonné derrière pour s’occuper de sa patience, se promettant de revenir plus loin sur le sujet de conversation précédent. À genoux, devant la patience, Constance applique de l’eau salée sur un tissu, attends que la jeune femme accepte pour Theodren. Elle est hésitante la patience, elle semble effrayée, alors Constance la rassure avec son regard bienveillant :

- « Il ne vous fera aucun mal… » elle inspire doucement « Vous pouvez lui faire confiance, je n’ai confiance en nul autre homme que lui… Je suis là, quoi qu’il arrive. Ne vous en faites pas. »

Un sourire plein de tristesse s’affiche sur les lèvres de la dame, alors qu’elle opine en direction de Theodren, l’autorisant pour approcher et s’occuper de sa blessure. Lentement la blonde tapote sur les différentes plaies pour désinfecter, elle s’assure d’attirer son attention et essaie de la détendre en faisant un peu la conversation.

- « Je ne peux pas vous obliger à me raconter la raison de votre venue, ainsi que la cause de votre blessure… Mais si vous ressentez le besoin de nous parler, alors nous pouvons vous écouter. »

Celle qui était jusque maintenant muette, secoua doucement a tête de droite à gauche, elle ne souhaitait visiblement pas partager son histoire. Se pinçant la lèvre inférieure, Constance se demandait si le fait d’exprimer sa supposition ne la mettrait pas davantage mal à l’aise. Alors, toujours pour occuper l’esprit de celle qui inquiétait la prêtresse, afin de permettre à Theodren de soigner sans risquer un mauvais coup, elle reprit la parole :

- « Vous savez, le mariage n’implique pas de tout supporter en silence, le dialogue est important… Si vous en ressentez le besoin vous pouvez passer la nuit ici, plusieurs même, je peux m’arranger. Avez-vous faim ? »

Doucement, elle poursuivit ses mouvements appliquant par la suite un baume pour aider à la cicatrisation. Si l’humain pouvait mentir, le corps lui ne mentait jamais. Les marques que Constance pouvait constater, ancienne ou récente chantaient toutes la même histoire, pas très joyeuse. La balafrée ignorait si celle qui recevait des soins était une femme battue, ou une femme qui n’avait simplement pas de chance. Le regard de la prêtresse se déposa enfin sur la silhouette de Theodren, attendant certainement son verdict à lui, sur la blessure, sur ce qu’il préconisait. Personne ne pouvait obliger cette femme silencieuse à rester, elle n’était visiblement là que pour obtenir un soin et retourner à son malmenage. La difficulté des soins était aussi de pouvoir accepter le fait qu’on ne pouvait pas sauver tout le monde.

Constance soupire doucement de soulagement quand Theodren annonce que la blessure va se résorber, la jeune femme qui attendait le verdict aussi. La prêtresse poursuit ses mouvements avec toute la délicatesse qu’elle dont elle est capable. Elle fronce légèrement les sourcils quand son amant prend la parole, elle le fronce davantage devant ses propos. Il ne faut jamais brusquer une fidèle, jamais, elle reste seule maître de sa volonté. Même si la jeune femme à conscience qu’il ne porte pas un jugement, une oreille extérieure pourrait le penser. Ainsi, elle n’est pas entièrement à l’aise devant cette situation. Constance entrouvre les lèvres, s’apprête à reprendre les propos de Theodren de façon plus délicate, mais il poursuit. La prêtresse sent sa patiente se crisper au fur à mesure qu’il s’adresse à elle, elle la sent se braquer toujours davantage prête à prendre la fuite, à partir.

- « Theo… » murmure Constance qui ne semble pas se faire entendre
Trop tard, la patiente se lève déjà et s’emporte. Laissant une jeune clerc, perplexe et dans l’incapacité de réagir.

- « Je ne vous permets pas » grogne la patiente « De quel droit vous permettez de vous de porter un jugement sur mes agissements ou non ? De quel droit pensez-vous que je ne me défends plus, ou que j’ai simplement.. »

C’est trop tard pour râler, Constance se retrouve une hystérique sur les bras alors que Theodren est sortie depuis plusieurs minutes déjà. Elle cligne des yeux, longuement, observe celle qui s’agite de plus en plus.

- « Madame, calmez-vous… Je suis navrée, mon collègue à mal choisi ses mots, il ne voulait nullement vous offenser…
- Vous devriez avoir honte, je viens ici pour éviter de me faire juger
- Je… »

Constance serre les dents, elle a l’impression que la situation lui échappe, la voix de la jeune femme s’élève davantage et chaque mot prononcé semble plus acerbe que les fois précédentes. Elle prend une longue inspiration avise celle qui s’agite toujours davantage, dépose une main sur son épaule pour la faire se réinstaller.

- « Madame, vous avez raison, veuillez accepter mes excuses… Je ne voulais nullement vous offenser. S’il vous plaît, restez ici pour la nuit, je vais vous faire chercher de quoi vous nourrir un peu. » Elle attrape un baume « Tenez, c’est pour vous, afin de vous soulager… »

La dame récupère le baume et le conserve contre elle. Elle opine simplement et semble retrouver un certain calme. Constance sort du box, lâche un long et profond soupir, interpelle une apprentie et lui demande de rapporter de quoi boire et manger à la jeune femme. Puis elle rentre de nouveau dans le box pour dialoguer un peu.

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Pendant que les cris se font encore entendre en provenance du box, une prêtresse légèrement plus âgée que Constance fait son apparition dans le petit couloir. La jeune femme à une longue chevelure brune, ondulée, de grands yeux d’un bleu profond. Un sourire sur les lèvres elle s’arrête devant le guérisseur, visiblement interpellée par les paroles prononcées fortement :

- « Eh bien ça a l’air de chauffer ici… Je plains celle ou celui qui se trouve à l’intérieur… » elle le regarde et lui tend le panier contenant les différents bandages, tissus et produits de soins « Je vois que vous ne faites rien, venez avec moi, j’ai besoin d’aide. Une ouverture de l’épaule jusqu’au poignet, une séance d’interrogatoire de la milice qui aurait mal tournée. Ne me regardez pas comme ça, on ne peut pas refuser un soin comme ça. »

La brune lui fait un sourire magnifique suivi d’un petit clin d’œil et l’entraîne avec elle dans quelques box plus loin. Elle pousse le pan de tissu qui est juste là pour préserver l’intimité des patients, s’arrête juste avant d’y passer, jugeant bon de se présenter :

- « Oh je ne me suis même pas présentée, je suis Abigaëlle Delacour, fille cadette de la famille Delacour, vous êtes ? Au-delà d’être charmant évidemment, ça je l’ai déjà bien constaté. »

Elle passe le pan de tissu, vérifiant que celui qu’elle vient de qualifier de charmant la suit bien. Il n’est pas rare de voir des cadets ou des cadettes de certaines familles nobles, c’est même très courant. Un sourire rayonnant sur les lèvres, une coiffure qui la met parfaitement en valeur, tout comme une tenue d’une qualité légèrement supérieure à celle de Constance. Elle adresse un regard vers le patient puis s’approche ajoutant :

- « Voyez je suis venue avec des renforts, je suis désolée je n’ai pas trouvé de femme charmante à forte poitrine comme vous me l’aviez demandé… En revanche, si monsieur n’est pas à votre goût il est complètement du mien. »

Elle rit légèrement et fait signe à Theodren de prendre place en face d’elle, si chacun prenait un côté, cela risquait d’aller beaucoup plus vite. L’homme opine de la tête vers le guérisseur prenant la parole :

- « Enchanté… Abigaëlle, vous me décevez on avait dit une magnifique prêtresse, que je puisse me détendre en observant c’est formes pendant que vous faites votre travail… C’est moi le patient à soulager, pas vous. » il regarde Theodren puis rajoute « Oh, ne soyez pas surpris, je suis un habitué… La milice est persuadée que je suis un voleur, je ne fais qu’emprunter un peu a la noblesse voyons… » il fait un clin d’œil à la prêtresse qui lui rend un sourire. « Vous pouvez y aller tous les deux je suis prêt. » il glisse un bâton entre ses dents.

Abigaëlle commence son soin dans les règles de l’art, non pas sans jeter des coups d’œil régulier à celui venue un peu par obligation lui porté assistance. Elle lui offrait de grand et magnifique sourire, alors qu’au loin, les cris semblaient s’être apaisée, Constance avait dû finalement réussir à calmer la patiente.

Abigaëlle a toujours un large sourire sur les lèvres elle regarde tour à tour les deux hommes, tout en s’appliquant à asperger la plaie d’eau salée, les gestes d’Abigaëlle sont certains moins appliquées, moins précis que ceux de Constance, cependant on ne pouvait pas être bon partout. Elle fredonnait une chanson tout en s’appliquant à tapoter le pourtour de la plaie avec un tissu pour retirer le sang sécher, sa logique n’était visiblement pas parfaite non plus. Lentement elle avait fini par récupérer fil et aiguille et commençait à recoudre, lançant un regard vers le guérisseur qui ne s’était toujours pas présenté. S’il avait eu l’audace de croire que le savoir fiancé la ferait cesser, il s’était lourdement trompé.

- « Je dois admettre que c’est la première fois qu’on m’annonce cette excuse, j’en suis presque vexée » commence-t-elle en lançant un regard complice vers son patient « Vous vous rendez compte, les hommes non décidément plus le respect de savourer la drague d’une jeune femme digne de ce nom. » Elle fait un clin d’œil à Theodren « Du moment que le mariage n’est pas fait, il y a toujours moyen de changer d’avis vous savez, je serais ravi de vous faire découvrir bien des saveurs. »

Elle se met à rire doucement, difficile de savoir si elle plaisante ou si elle est sérieuse. En tout cas, la proposition ne semble pas laisser le patient indifférent puisqu’une légère bosse vient se former dans son pantalon. Si Abigaëlle fait semblant de ne pas le remarquer, c’est simplement parce que ça l’amuse et bien de toute façon avec la douleur qu’elle lui impose par ses gestes lents, elle est vite redescendue la bosse.

- « J’espère que je ne vous fait pas trop mal… Je préfère cautériser généralement, mais bon, autant prendre son temps quand on est entouré de deux hommes si charmants. D’ailleurs, il y en a un dont je connais le nom et l’autre pas encore ? »

Elle lance un regard plein de sous-entendu vers le guérisseur, un sourire ornant toujours les traits de son visage. C’est qu’elle a dû charme la prêtresse, d’ailleurs elle en a parfaitement conscience et elle sait très bien en jouer. Malgré son apparence un peu désinvolte, elle fait néanmoins attention à ce qu’elle fait, faisant des pauses régulières quand elle sent l’homme se tendre un peu. Elle regarde Theodren, trouve son travail précis, chose qu’elle ne peut s’empêcher de lui faire remarquer.

- « Vous êtes doués, vous travaillez ici depuis longtemps ? » elle se pince la lèvre inférieure puis rajoute « On devrait faire quelque patient ensemble, histoire de faire un peu connaissance »

Un nouveau clin d’œil et la voilà qui s’inquiète de nouveau de l’homme qui serrait les dents avec une force non négligeable, elle passe un tissu humide sur son front, le tapotant légèrement pour retirer la sueur qui y perlait. Abigaëlle semblait prendre conscience qu’il fallait travailler un peu plus vite, sans quoi son charme ne suffirait plus en guise d’antidouleur.

- « Qu’est-ce que vous en pensez-vous hein ? Moi mon père m’a toujours dit que ce n’était pas parce qu’y avait un cavalier qu’on ne pouvait pas monter le cheval. »

Cette fois le patient en lâche le bâton et éclate de rire, de nouveau il est difficile de savoir si elle est sérieuse ou pas. En tout son regard est plein de malice. Il brille d’une intensité redoutable et il est évident de déduire que ce n’est pas une femme à qui il est simple de dire non. Malgré la douleur, et la mâchoire toujours crispée le Robin des Bois de l’ancien temps avait pris la parole en direction du guérisseur :

- « Vous en avez bien de la chance, vous, à votre place, j’foncerais… En tout cas j’espère que mes nouvelles cicatrices vont faire tomber bons nombres de jeunes femmes »



Pendant que le trio un peu particulier semblait s’amuser, Constance elle vivait un moment peu plaisant. D’abord elle avait mis un temps fou à calmer la patiente qui refusait toujours de lui donner un nom et un prénom, ensuite parce qu’elle avait l’impression qu’on lui avait imposé le tout. Elle conservait néanmoins une écoute attentive devant la montagne de reproche qu’elle se prenait en pleine face. Visiblement la dame avait besoin de s’en prendre à quelqu’un et malheureusement pour la prêtresse, c’était elle qu’elle avait choisie.

- « J’entends bien madame, mais je pense que mon collègue voulait simplement vous faire réagi..
- Non, non, ma vie ne regarde que moi, nullement vous ou qui que ce soit, qu’est-ce que vous croyez !
- Eh bien…
- Non pas de eh bien, vous ne pensez rien, ce n’est pas votre travail. »

Les deux émeraudes de Constance ne trahissaient absolument aucune émotion, alors qu’au fond d’elle-même, une pointe d’agacement commençait à naître. Puis soudain sans aucune raison, la femme éclata en sanglot, attrapant la prêtresse et l’attirant vers elle. La blonde se crispa presque aussitôt ne sachant pas vraiment quoi faire, avant de finalement venir tapoter lentement le dos de celle qui semblait éprouver une souffrance importante.

- « Allez-y… ça va vous faire du bien… Vous avez le droit de craquer aussi, vous savez. Personne n’a jamais sous-entendu que vous étiez une femme faible bien au contraire, je vous trouve très courageuse.
- Ne dites jamais oui sur un coup de tête, jamais.
- Je suis là… »

Constance avait choisi de garder le silence, jugeant déjà les larmes comme un bon pas en avant, ne restait-il plus qu’à la calmer à présent.