Marbrume


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 Allonge.

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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptySam 15 Juil 2017 - 14:05

- Ah pas du tout ! Comme tu l'as dit je suis curieuse, je me posais simplement la question. Pour savoir.

Il fallait avouer que l'histoire, avec un début plutôt banal, avait pris une tournure plutôt tragique pour Lucain. Tragique comme dans les tragédies, avec l'homme surpuissant qui se fait punir par les dieux. Ça devait être dur pour lui. Lucain, c'était pas un meurtrier sordide qui avait été jeté dehors quand on l'avait découvert. C'était un noble, qui avait probablement défendu la cité en temps de guerre, et qui en avait été chassé pour rien, pour un type blessé qui ne méritait pas mieux de toute façon. On ne gagne rien de bon à insulter les gens. Astrid se demandait comment Malachite s'était retrouvé banni, lui aussi.
Avant de les connaître tous les deux, le bannissement c'était lointain. C'était pour de grands criminels, des types hyper dangereux qu'on ne pouvait vraiment pas garder entre les murs parce qu'ils mettaient en danger la vie de tous. Mais en fait c'était bien loin de ça. Astrid ne savait pas si c'était la vraie version des événements, elle ne savait pas si Lucain n'aurait pas un peu menti pour se montrer sous son meilleur jour. Mais si ce qu'il disait était vrai... Il n'avait certainement pas mérité ce qui lui arrivait.

- Moi j'aime pas trop les hommes en armure. On dirait qu'ils sont pas humains, avec leur carapace de métal. Et puis, je connais deux ou trois histoires où ils sont un peu moins chevaleresques que ce qu'on croit... Ça m'a pas trop fait rêver quand j'étais petite.


Elle ne parlait pas d'histoires "vraies" entendues dans ses voyages, mais de chansons, de fables, qu'elle entendait avec sa troupe, ou auxquelles elle participait elle-même. La plupart étaient écrites par Hadrien, le ménestrel attitré, et donc forcément originales. Et dépendantes de la vision du monde qu'il voulait transmettre, aussi. Visiblement il n'aimait pas trop les chevaliers et Astrid ne devait pas en avoir retenu le même enseignement que les filles de l'Esplanade dont parlait Lucain.

- Mais moi, je la trouve pas très sympa ton histoire. Y en a bien qui doivent dire que c'est bien fait, mais je trouve pas. Je trouve ça triste. T'as pas eu de chance de tomber sur une idiote. Si ça se trouve je la connais en plus, des imbéciles qui attendent le grand amour j'en croise un peu tous les jours.

Astrid y croyait pourtant un peu, à l'amour. Mais elle, elle n'était pas du genre à le croire tout puissant, forcément réciproque et salvateur. Et elle ne faisait pas l'erreur de croire qu'il lui était destiné. Si elle se mariait un jour, ce qui n'était pas près d'arriver, ce serait un genre de miracle. Si elle avait un enfant d'ici là ce serait une catastrophe. Le grand amour c'était bien un truc de riches qui savent pas s'occuper, et qui ont du temps à y consacrer. Pour les autres, il y avait le petit amour, discret, qui pouvait arriver parfois et un peu par surprise parce qu'on préférait penser à manger. Et pour Astrid rien du tout, parce que son travail à elle c'était de consoler ceux qui ne trouvaient rien. Et ceux qui voulaient tout gâcher.

- Tu veux faire un tour ? Avant que je retourner à ma tente...


Astrid se pencha en arrière pour s'étirer, avant de croiser ses bras sur sa poitrine. Lucain et elle avaient terminé de manger ils n'allaient pas rester là pour le plaisir du décors. C'était trop bruyant et trop plein. Restait à savoir si Lucain avait envie de poursuivre un peu la discussion, ou si maintenant qu'il savait où on était le plan il préférerait s'en aller directement. Mais vu la tournure que semblaient prendre les choses, ils avaient tout le temps de discuter. Ils ne seraient pas sur l'Esplanade ce soir là.
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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptySam 15 Juil 2017 - 15:57
« Moi j’en connais huit mille des histoires où les chevaliers ils sont pas chevaleresques. Faut bien te rendre compte que la cruelle vérité, c’est qu’à l’origine, un chevalier, c’est juste un guerrier. Un gars qui est entraîné pour remplir un service militaire en échange d’une terre et de serfs sur cette terre. C’est pas parce qu’on m’a apprit à chanter et à faire le beau bien habillé dans les banquets que ça supprime le but premier de ma fonction ; Tout ça c’est juste du pipi de chat inventé par des prêtres pour contrôler une bande de rustres qui abusent trop souvent de leur pouvoir en pillant et en violant.
Moi je sais des trucs sur les chevaliers qu’on aime pas raconter aux autres. Genre les doigts de pieds qui s’arrachent à cause des gelures en plein hiver, les moments où tu défaillis en plein été... J’ai connu des gens qui, par manque de vivres lors d’un siège en Outremer, ils avaient été forcés de manger les cadavres de leurs ennemis. Et puis ça laisse des marques tout ça, hein, Rikni adore torturer les esprits avec des cauchemars, très ironique de Sa part, elle qui nous parraine quand on part en guerre pour une juste cause. »

Si j’étais dehors, j’en cracherais par terre, comme je fais lorsque toute contrariété m’assaille. Mais là, je me contente de grogner en raclant ma mâchoire.

« Mais c’est pas la faute à la gamine tout ça. C’est de ma faute à moi. J’aurais juste dû fermer ma gueule et baisser la tête.
T’en fais pas va. Si j’arrive à atteindre l’Esplanade et rencontrer mon oncle, peut-être que tout ça ce sera du passé. »


C’est un beau rêve. Illusoire, mais je m’y accroche depuis tellement longtemps, je n’essaye même plus de m’imaginer que ça puisse n’être que faux ; J’en tomberais de très haut.

« Ouais, on s’arrache. »

Je me levais en mettant ma main à la bourse. Je l’ouvrais et laisser tomber une jolie pièce d’argent frappée du sceau d’une puissance étrangère ; Elle n’était pas censée avoir de valeur ici, à Marbrume, mais vu que c’était un vrai morceau de métal, de l’argent blanc et pur, personne n’en aurait à faire que ce ne soit pas de la devise officielle. L’argentier du duc devait effectivement remplir la fonction la plus inutile de ce nouveau monde rempli de réfugiés qui ne commercent quasiment plus. Déjà que le troc a remplacé la grande majorité des échanges de service, et son altesse ne touche pas d’impôts là-dessus.

Je redonne mon bras à l’Astrid et je pousse la porte pour, à nouveau, sortir en premier. Mon long manteau en cuir à nouveau sur le dos, j’ai plus qu’à arpenter ces chemins en terre qui n’ont pas encore été pavées. Avec la chaleur de l’été, le soleil tape dur sur les détritus et les immondes. Pourtant, le Labourg, en tant que grand arrondissement paysan, est assez épargné ; C’est sale, mais campagnard, et on croise parfois un chat ou un chien qui vient pour bouffer les rats et les nuisibles. Au goulot ou au fond des égouts c’est pas la même chose, et je ne serais pas étonné qu’au final, ce soit une maladie qui emporte la ville.

« T’as... T’as un lieu où tu veux te balader ? »
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptySam 15 Juil 2017 - 18:22
En écoutant ce que Lucain avait à lui dire sur les chevaliers, Astrid se rendit compte qu'Hadrien était loin d'avoir tort dans ses créations. Mais lorsqu'il eut fini il fit un drôle de bruit, un genre de grognement, qui ne donna pas envie à Astrid de revenir sur le sujet. Elle, elle avait juste voulu parler d'histoire qu'on raconte aux enfants, pas de trucs vrais, même si elle se doutait qu'aller à la guerre c'était loin d'être juste accomplir des faits d'armes héroïques et revenir auréolé de gloire. Elle repensa à Viktor. Lui c'était un type bien, et un chevalier en même temps. Mais c'était peut-être parce que c'était un bâtard, et donc qu'il était pas tout à fait noble comme les autres. Astrid savait que ce genre de choses aidait à garder les pieds sur terre.

« Mais c’est pas la faute à la gamine tout ça. C’est de ma faute à moi. J’aurais juste dû fermer ma gueule et baisser la tête.
T’en fais pas va. Si j’arrive à atteindre l’Esplanade et rencontrer mon oncle, peut-être que tout ça ce sera du passé. »

Son oncle ? Jusque là il avait surtout parlé de sa soeur, et de "sa famille" dans son ensemble. Qu'est ce qu'il comptait faire là bas ? Vivre enfermé dans leur manoir ? Leur demander d'annuler son bannissement? Est-ce que c'était possible ça? Astrid n'en était pas sûre. Et puis pour ça il faudrait sûrement qu'ils le veuillent, et qu'il le veuillent vraiment du fond de leur âme pour faire tout ce qui était possible. Seulement, s'ils considéraient que Lucain leur apportait de la honte, la cartomancienne doutait qu'ils aient tant envie de le réhabiliter. Et ils seraient aussi sûrement déçus, parce qu'il n'était sans doute pas le même qu'à son départ... Astrid ne dit rien et ne posa pas une seule question à ce sujet. Si Lucain croyait en son salut sur l'Esplanade, grand bien lui fasse. Elle craignait juste de le ramasser à la petite cuillère s'il devait en redescendre, encore qu'il se ferait peut-être même trahir par les siens en plus de ne pas recevoir leur aide, et qu'elle ne le reverrait sûrement même pas. C'était un peu bizarre.

« Ouais, on s’arrache. »

Lucain se leva et laissa une pièce d'argent sur la table. Astrid prit le temps de la regarder, parce qu'elle était pas comme les autres et que ça l'intriguait. Comment était-il tombé sur ce genre de pièce? Seulement le banni lui tendait déjà son bras, enfin son coude, pour qu'elle reprenne sa place à ses côtés. La cartomancienne prit son bras et le suivit alors qu'il sortait de l'établissement.

« T’as... T’as un lieu où tu veux te balader ? »

Astrid s'était déjà assez promenée pour être lassée de tout Marbrume. Sauf peut-être du quartier de la milice qu'elle évitait soigneusement et qu'elle ne comptait visiter de sitôt. Elle avait vécu une vie de voyages avant la Fange, de paysages nouveaux tous les jours et de nouveaux visages qui venaient avec. Être enfermée ici était dur et ennuyeux. Si le fléau avait une fin un jour, elle ne ferait pas de vieux os par là.

- Non, pas vraiment. J'aime pas Marbrume. Enfin, disons que j'en ai marre. Et puis honnêtement, y a pas tellement de beaux paysages à part l'Esplanade par les temps qui courent. Mais cette promenade là c'est pas pour aujourd'hui... Tu veux aller où toi ?

Astrid tourna la tête vers lui. Lucain n'était pas venu depuis longtemps à n'en point douter, il avait peut-être envie d'aller à un endroit en particulier. Ou pas. Lui, il vivait en haut avant. Il n'avait sûrement pas trop de souvenir qui viennent de cette partie de la ville, d'où son envie de retourner sur l'Esplanade.
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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptySam 15 Juil 2017 - 19:24
Vous savez ce que j’aime pas chez Astrid ?

Elle parle pas.

Certes, certes, vous pouvez être étonné de cette subite confession, et si vous vous mettez en tête de vouloir me contrer, vous pourriez retracer les souvenirs de mon récit pour tenter de voir les moments où elle a ouvert ses lèvres pour se mettre à gazouiller. Mais c’est pas de la vraie parlotte. C’est à peine si elle dit vraiment ce qu’elle pense, ou qu’elle parle d’elle. Reste donc des moments de silence gênants, que je ponctue toujours de grognements, de « mhh » ou de « ahr » plus ou moins graves pour meubler le tout.
Tenez ; Voilà que nous avions quitté le restaurant, pressés par sa volonté d’aller faire un tour. Normalement, dans les conventions auxquelles je suis habitué, le sous-langage est tout aussi important que les mots que votre langue fourvoie. Quand on dit qu’on va faire un tour, c’est qu’il y a un endroit qu’elle est censée vouloir aller voir. Mais non, elle n’a pas vraiment d’idée en tête. Une vraie femme, ces créatures-là sont vraiment constamment indécises. Voilà que je me retrouve donc à faire un bruit de mes lèvres, avant de lui répondre du même ton monocorde, rauque et sans variation d’octave dans laquelle je suis à présent maître.

« Mrrmh. T’as peut-être envie qu’on aille faire un tour dans les marais, mh ? Quel bon dos d’en avoir marre de Marbrume ; Tu as plutôt intérêt à t’y faire, car tu ne verras jamais plus d’autres rues que celles-ci, jamais d’autres sillons que ceux des lopins froids et humides du Morguestanc, jamais plus haut clocher que celui de la Cathédrale locale.
Si tu voulais voyager, il fallait le faire avant que les Dieux ne se décident subitement à vouloir nous punir. Je me demande même, en réalité, quel péché a finalement vaincu leur divine patience. P’têt que t’as une idée ? »


En réalité le débat théologique n’a aucune importance. C’est juste un moyen de piailler, et peut-être, d’un peu me moquer d’elle et de la façon dont son propos était tourné, si léger, comme si elle pouvait se permettre d’agir en simple voyageuse qui se mettait à bailler à cause de son étape qui s’attardait.

« Ou alors t’as déjà voyagé, et c’est de te retrouver à présent coincée qui te gênes. Mais au fond, pourquoi ça te tient tellement à cœur ? Je pense que ton problème, c’est que tu accordes bien trop d’importance à ta simple vie et aux sensations qu’elles t’apportent. Je ne te jette pas la pierre ; Je suis comme toi.
Mais tu veux que je te dise quoi ? Les fangeux sont ici pour une simple raison. Pour punir les gens comme nous. »


Un sourire mesquin se dessinait sur mon visage. Moi j’avais accepté depuis longtemps ma punition, sans doute parce qu’elle était plus vive et plus dure que celle des autres. Moi j’ai pas des murs derrière lesquels me cacher. Je dors avec la Fange. Mais je vais pas répéter ce propos. Dès l’instant où j’ai rencontré la cartomancienne, j’ai été on ne peut plus clair sur ma situation actuelle.

« Moi Marbrume j’la connais pas. J’ai pas mes marques, ça fait que je me sens un peu perdu. Faudrait que je fasse un vrai tour pour me familiariser. Je pensais que ce serait à toi de m’aider un peu de ce côté-là.
Mais je te trouve bien froide à mes côtés, Astrid... Quand je te propose ton aide, tu me repousses. Quand je te propose d’aller demander des renseignements auprès de l’échevinat, tu refuses. Quand je verse du vin dans ton verre, tu ne le finis pas. C’est quoi cette manière d’agir ? Me dis pas que je continue de te faire peur ? »

Et le sourire s’agrandit alors que je penche un peu la tête de côté, la demoiselle toujours à mon bras, pour bien l’observer. La façon dont j’ai tourné la fin de phrase, on dirait pas que je la pense vraiment, mais plutôt que c’est juste une manière rhétorique de plaisanter, de la faire se sentir un peu embarrassée.

« J’vais te raccompagner à ta tente, parce que t’as pas vraiment l’air d’avoir envie de perdre une journée de boulot à cause de moi. Puis je vais tenter de me dégourdir les pattes dans la ville, et il faut que j’aille parler à quelqu’un que je connais... Je te promets d’essayer de ne pas m’attirer d’ennuis.
Mais t’es occupée ce soir ? Tu peux peut-être m’accompagner quelque part que tu connais, j’sais pas, pour boire ou pour se détendre. Ou pas d’ailleurs, c’est toi qui voit. Mais faut que j’aille héler des gens le long du port, si tu vois c’que je veux dire. »
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptySam 15 Juil 2017 - 20:36

- J'ai pas refusé de me renseigner, je te ferais dire. J'ai dit que c'était dangereux, que ce serait long, et que je voulais pas enlever d'enfants. Mais j'ai jamais dit que je refusais de me renseigner quand même.
Elle marqua une pause. Si je refuse ton aide c'est parce que j'ai peur que ça nous apporte que des sales ennuis dont on se passera bien et pas à cause d'un autre truc que tu pourrais penser, et si je bois pas mon verre c'est moi que ça regarde.

Il avait un sourire mesquin sur le visage, qu'il avait agrandi au fur et à mesure de toutes les remarques qu'il venait de lui adresser. Et Astrid, elle, avait eu un regard incrédule. Voilà. Pour une fois qu'elle donnait son avis sincèrement sur quelque chose, à savoir Marbrume, il fallait que Lucain le prenne mal et s'en serve pour lui reprocher au final des choses bien différentes les unes des autres.

- Quoi ? Sous prétexte que j'ai la chance de pouvoir rester entre les murs j'ai pas le droit de me plaindre, c'est ça? Évidemment. Qu'est-ce que je peux être égoïste, ridicule, aveuglée de pas être heureuse d'être là! Mais ça va, c'est bien, je vais tout de suite mieux quand un type que je connais depuis deux jours vient subitement me rappeler que je vis dans le pêcher, j'apprécie.

Elle finit par lâcher son bras. Pourquoi voudrait-elle rester si près de quelqu'un qui commençait sévèrement à lui sembler insupportable ?

- Tu me trouves froide ? Pourquoi ? Je suis pas assez curieuse ? Je m'intéresse pas assez à ta vie ? Parce que je te dis que je sais pas où je veux me promener ? Bah, je sais pas moi, peut-être que si tu me disais "au fait, tu me fais visiter ?" ou "on pourrait faire le tour du coin comme ça je m'habituerais" tu l'aurais mon aide. Mais non, et maintenant au lieu de me demander mon avis tu préfères regarder "de quoi j'ai l'air" et décider toi-même que je serai bien mieux entourée de mes vieilleries mystiques jusqu'à ce que tu veuilles me revoir ce soir, peut-être un peu parce que t'as pas le choix de dormir dans ma chambre alors tu voudrais pas me mettre trop de travers quand même, histoire que ça reste agréable.


Elle cherchait sur son visage une réaction. Quelque chose. Elle n'arrivait pas à le comprendre. Parfois il était agréable, ils pouvaient parler tranquillement, et après il fallait forcément parler de marais, de Fange, de punition divine et attendre qu'elle se taise en le plaignant ou en regrettant de se plaindre pour rien. Mais non. Vivre à Marbrume était peut-être mieux, mais pas bien. Elle n'allait pas s'excuser de ne pas être heureuse.

- Alors, tu veux mon aide ou tu veux simplement quelqu'un pour te regarder boire ce soir ? Dis le, ça nous fera gagner du temps, et comme ça on sera fixés.

Elle avait peut-être un peu exagéré. Mais elle espérait que Lucain comprendrait le message: arrêter de la prendre pour une idiote récalcitrante et lui demander clairement les choses. Il l'avait embauchée pour le faire passer, et d'accord ce n'était sûrement pas très bien parti, mais elle n'avait pas souvenir qu'il lui ait demandé une visite du quartier. Ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Elle s'intéressait à sa vie mais il ne posait aucune question en retour, alors qu'il ne vienne pas lui parler de froideur.
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Lucain d'AgranceBanni
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptySam 15 Juil 2017 - 22:19
« Calme tes ardeurs Astrid. Nul besoin de réagir ainsi. Je pense que tu comprends pas ce que je veux dire. »

J’aime pas faire des scènes dans la rue. Et là sa réaction me gêne. Pourquoi maintenant ? Pourquoi sur un chemin ? Pourquoi alors qu’il y a des gens qui marchent, qu’on croise une charrette tractée par un âne, qu’on observe une bande de gens avec les bottes crottées qui descendent l’avenue, qu’un pigeon roucoule dans le ciel en allant se nicher sur le toit d’une baraque -voyez bien l’attention aux détails que je prête- et que l’alcool me monte déjà dans le pif. D’ailleurs je passe ma main sous mon nez et je renifle en la regardant bien dans les yeux, me baissant un peu, en prenant en compte que l’Astrid est aussi grande que moi.

« Quand je parle de faire le tour du quartier, je parle pas de le faire de façon agréable pour une promenade ; Non pas que ce serait pas sympathique de te tenir, hein, j’dis ça sans ironie je le pense vraiment, mais quand je parle de prendre des marques dans le quartier c’est à la manière du chien. J’ai envie de visiter les ruelles, les coupes-gorges, avec la capuche sur ma tronche, c’est limite si je vais pas pisser sur les réverbères et au pied des portes d’immeubles, j’pense pas que t’aies envie de faire tout ça avec moi alors que t’as besoin de gagner ta croûte.
Mes excuses si j’ai mal interprété tes dires. M’est avis que tu voulais m’amener quelque part. M’est avis qu’t’étais un peu pressée de partir. Mais, c’pas comme si je t’envoyais chier, après tout je voulais te raccompagner jusqu’à la tente, non ? »


Je fais un pas en avant, pour bien être tout près d’elle, et ma voix descend en volume et se fait bien plus gutturale. Diphonique, je continue mon propos.

« Je veux pas quelqu’un pour me regarder boire. Je t’invitais pour boire avec moi. J’pensais que t’aurais saisis la nuance... T’sais depuis combien de temps j’ai pas pu passer une soirée juste à m’asseoir dans un coin sans être trempé d’eau des marais, tremblant de froid, ou accroché les fesses sur un arbre ? Et puis ta compagnie est très agréable. J’suis grégaire moi, qu’est-ce que tu veux ?
Pour ça que je te dis, mais peut-être que tu préfères que j’enlève quelconque ambiguïté tout de suite. J’ai juste envie d’être posé ce soir. Ça te dit de m’amener quelque part ? Ou bien t’as pas envie ? »
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Astrid la DouceCartomancienne
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyDim 16 Juil 2017 - 0:08

« Calme tes ardeurs Astrid. Nul besoin de réagir ainsi. Je pense que tu comprends pas ce que je veux dire. »

Oui, peut-être. Elle croisa ses bras sur sa poitrine d'un air impatient, attendant les explications. Qu'il lui explique alors, si elle n'avait pas compris ! Elle pouvait comprendre, elle n'était pas plus bête qu'une autre.
Alors elle écouta. Avec attention. Et elle le laissa même approcher tout près d'elle pour continuer ce qu'il était en train de lui raconter, avec une voix plus basse. Il ne lui faisait plus vraiment peur maintenant, mais elle persistait à le trouver particulièrement étrange. Au moins il ne regardait pas ses seins. Ça aurait pu être pire.

- Je veux bien. Mais va falloir que tu mettes tes lèvres en accord avec ton cerveau un jour tu sais ? Tu peux pas me dire tout et son contraire en l'espace de deux minutes et espérer que je te comprenne. Mais sinon oui, je veux bien boire quelque chose avec toi ce soir. Mais à deux conditions. Aucune remarque sur ce que je bois, ou ne bois pas. Et surtout, tu arrêtes de me parler de la Fange toutes les deux minutes en me rappelant, dès que je fais ou dis un truc qui te plaît pas, que c'est à cause de gens comme moi qu'on va tous mourir. D'accord? Ou j'en demande trop ? Parce que sérieux, je pense qu'on peut pas passer une bonne soirée sans ça.


Elle n'était même pas sûre que ce soit une bonne idée d'accepter cette invitation. Lucain lui paraissait un peu dingue, elle avait du mal à suivre ses pensées ou à imaginer l'origine de ce qu'il pouvait vouloir lui raconter parfois. Et il changeait trop d'avis. Un coup elle était froide, un coup elle était de bonne compagnie, un coup elle aurait dû l'aider, un coup c'était normal qu'elle ne vienne pas... Elle se moquait bien de savoir s'il voulait un petit tour sympathique ou une traversée des ruelles, elle aurait très bien pu lui faire faire les deux. Elle trouvait ça mesquin de lui reprocher de ne pas l'aider avant de lui dire que c'était plutôt un truc de type solitaire à moitié malade. Mais elle avait bien envie d'aller boire quelque chose. Ou pas. Mais au moins de sortir. D'ailleurs, pourquoi il emmenait pas son ami avec lui, plutôt que lui demander à elle ? Enfin, il serait peut-être là et elle l'ignorait ?

- Alors, à ce soir ? Devant la tente ? Je te laisse à tes... réverbères, ou à tes chiens, fais bien comme tu le sens. Et, c'est pas la peine de me raccompagner hein, je connais le chemin... Toi aussi, t'as l'air pressé.

Elle lui fit un petit sourire, elle s'était calmée et avait laissé ses bras redescendre et quitter sa poitrine. Elle se demandait bien ce que ça pourrait donner comme soirée, sa curiosité l'emportait sur le reste. Mais avant il lui restait une longue, bien longue après-midi de cartomancie. Astrid fit demi-tour et reprit le chemin du travail. Lucain avait touché une corde sensible en lui disant qu'elle n'avait plus de voyages à espérer. Qu'est-ce qui lui restait alors ? Elle n'avait pas l'amour, pas la famille, pas la richesse, pas le bonheur, pas le voyage... Elle avait la beauté mais qui se fânerait évidemment, et la santé mais il ne fallait pas trop s'avancer. Les choses pouvaient vite changer. Elle était plutôt abattue. Elle imaginait le banni à côté d'elle, lui dire qu'il lui restait le plaisir de vivre à Marbrume et de pouvoir boire des coups. Il n'aurait pas tout à fait tort de lui dire ça.
Même Lucain avait une famille. Et elle était tellement bien qu'il espérait la rejoindre malgré son bannissement. Astrid, sans se l'avouer, était profondément jalouse. C'était bien la seule chose qu'elle pouvait lui envier, il fallait dire. Elle arriva à sa tente la mort dans l'âme. Mais elle sourit, elle ne dit rien. Et d'un signe de tête elle fit entrer à sa suite le premier client angoissé de son avenir. Vivement ce soir.
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Lucain d'AgranceBanni
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyLun 17 Juil 2017 - 17:29
Pour comprendre comment une rue fonctionne, il faut déjà avoir foutu ses mains au milieu d’une carcasse froide. Les villes, c’est rien de plus qu’une construction archaïque, fondée et refondée au fil des générations qui se sont agglutinées autour de communautés princières, attirées par les chartes d’affranchissement et de privilèges. Les constructions sont sauvages, les avenues s’étalent en cercles et en montées, ça coule et ça s’entoure comme des nœuds de souliers, ça traverse des arbres et ça se chevauche sur des lopins de terre, parfois meubles et impropres à la construction. Il arrive qu’entre deux maisons, un conflit de voisinage, un incendie ou une quelconque autre raison ait conduit à l’installation d’impasses et de minuscules ruelles insalubres où l’on trouve immondices et mauvaise graine dans des recoins sombres. Il est peu étonnant que je souhaite être seul pour cette besogne, car il s’agit véritablement de prendre ses marques.

Depuis l’auberge où Astrid se repose, j’ai remonté la longue avenue. J’ai beaucoup tourné en rond, avec une mauvaise démarche, mains le long du corps, le manteau bien ouvert, la mâchoire un peu en avant, les bagues aux doigts et la lame toujours cachée sur mon pourpoint. L’exercice est mauvais et salissant. Il s’agit d’avoir la pupille affuttée, de traîner les pattes dans la boue, de regarder les fenêtres et les petits escaliers où qu’on peut tenter de s’enfuir, où un mendiant peut observer des patients, où un gamin peut s’amuser à espionner pour vous.
Et pourtant, mon tour ne m’apprend pas grand chose. En faisant plusieurs fois le tour des mêmes avenues, je note que des gens m’observent, le sourcil levé et leurs dents affichées. Lentement, j’attire un peu plus l’attention que je ne le voudrais. Descendant l’avenue du Saint-Sauveur et de son église, gagnant la ruelle qui mène via la Place Léonide, ou bien prenant la petite rue Ralont où se trouve une échoppe qui vend des pots et un autre commerce aux vitres brisées et dont l’entrée a été condamnée ; J’essaye d’imprimer une carte dans mon cerveau, une orientation, un tracé que je puisse utiliser.
Mais c’est pas comme les marais. Ici il n’y a pas d’arbres que je peux marquer, il n’y a pas de cachettes que je peux creuser, il n’y a pas une branche où je peux jeter une corde pour escalader. Enfin je pourrais peut-être essayer, mais toutes mes affaires ne sont pas sur moi, et il y a bien trop de têtes inconnues ici.

Il y a pourtant des gens que je pourrais rencontrer, et qui pourraient m’aider. Pas forcément des gens fréquentables d’ailleurs. Il y a ce jeune garçon qui me servait de page avant mon bannissement, le blond Onfroi. Je sais que ses mœurs déliées et désinvoltes le conduisent forcément à traîner dans un bordel mal famé, et ses goûts exotiques réduisent le nombre de places où je peux lui mettre le grappin dessus. Mais il y a aussi Rampert, enfant de boucher né à Marbrume par un heureux hasard, et qui m’accompagnait dans mes luttes, me servant de coutillier depuis quelques années maintenant ; Nul doute qu’en allant chez son père, à la Halle-aux-Viandes, j’apprendrais qui il est en train de battre en duel pour une bourse d’or tassée jetée par un parieur. Mais si je suis vraiment en bas de tout, alors je peux être tenté de prendre contact avec mon ancien valet d’armes Waldelène, un ignoble reître qui s’est retiré de mon service au tout début de l’apocalypse, étant mordu par un fangeux. Je suis bien resté en contact avec lui, mais je n’ai plus pipé mot de ce qu’il advenait une fois la marque apposée sur mon bras. Qu’est-ce qu’il devenait ? Je suis sûr qu’il a sombré dans la criminalité qu’il apprécie tant, et que pour satisfaire son besoin pathologique de meurtre, il s’est mit au service d’un patrice local qui le stipendie pour assassiner des concurrents. Si tel est son sort, il y a des chances qu’il soit raide mort à l’heure qu’il est.

Et pourtant, alors que je rumine mes pensées, et que je me demande lequel d’entre eux je vais bien pouvoir appeler pour qu’il m’aide, la conclusion me frappe, vive et amer ; Celui que je vais chercher pour m’aider, c’est aucun. Aucun parce que je suis bien trop paranoïaque pour faire confiance au moindre d’entre eux.
Waldelène, Onfroi et Rampert, on a pourtant baroudé ensemble un bon bout de temps. Techniquement, les trois me sont redevables, et me doivent la vie. Mais est-ce qu’ils seraient vraiment prêts à risquer leur peau pour moi ? Ce sont des amis, mais l’amitié ça dure que si c’est renouvelé, et aucun d’entre eux n’a eu la folie de me suivre dans mon bannissement, ils m’ont tous tourné le dos. J’ai tout appris à mon écuyer, notamment à porter la lance et l’épée, et à bien se placer sur le cheval, mais être son mentor ne veut pas dire être de sa famille, et résisterait-il au danger de mettre en danger les siens, surtout s’il s’est marié ou fiancé depuis ? Mon sergent a toujours été quelqu’un de brave et courageux, mais il est aussi vénal et obsédé par l’argent, serait-il donc prêt dans son esprit à renier notre service ensemble pour une grasse prime qu’un prévôt lui accorderait pour me dénoncer ? Quant à Waldelène, cet homme m’a toujours mis mal à l’aise, lui qui prenait bien trop de plaisir dans la chose de la guerre, et faisant preuve d’une cruauté sadique lorsque nous partions en razzia ; Il serait ironiquement celui-là plus à même de me soutenir, ne serais-ce que par les soucis de son âme, mais alors je craindrais de lui présenter Astrid et Malachite, avec lesquels il serait bien trop heureux de « s’amuser ».
Ni mon page, ni mon valet, ni mon coutilier ne peuvent m’aider. Ce serait trop risqué de ma part. Peut-être qu’au fond je ne me fais que des idées, peut-être qu’ils seraient tout trois ravis de m’armer et de m’accompagner, mais est-ce que ça vaut le coût de tenter la diablesse ? Je suis en pleine hésitation, ruminant plus qu’un bœuf, mains dans les poches et crachant tous les cinquante pas.
Au final, le soleil a commencé à se coucher sur l’horizon du port, et laissant mon manteau bien ouvert et lâche sur les épaules, je suis allé retourner voir l’Astrid.

Je tirais le bout de la toile de tente alors que la dame était en train de ranger ses affaires. Un petit signe de tête en guise de bonsoir, et je retirais mes gants pour aérer un peu mes doigts, eux qui étaient constamment cachés depuis mon arrivée à Marbrume.
Je regarde la marque. Les yeux rivés dessus, je me mets à piailler en direction de la belle deux-trois sottises.

« Ton après-midi c’est bien passé ? La mienne a pas vraiment été très utile. Qu’importe.
Tu désires te changer ? J’aimerais bien qu’on aille dans un endroit un peu amusant. ‘fin... Un endroit où dépenser ce que j’ai, quoi. »
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyLun 17 Juil 2017 - 23:09
La fille était gentille. Mais un peu bête. Astrid s'en voudrait presque si elle lui prédisait des bêtises, mais elle n'en saurait sûrement jamais rien. La cartomancienne regardait la paysanne qui caressait son ventre rond d'un air plutôt tranquille.

- Je veux l'appeler Philippe, ou Philippa. C'est joli non ?


Astrid hocha la tête avec un sourire un peu triste. Oui, c'était joli. Mais ça n'était pas une question à laquelle les cartes allaient répondre. La cartomancienne continua à mélanger ses cartes.

- En quoi les cartes peuvent vous aider ?
Demanda-t-elle doucement.

La paysanne, sans se défaire de son sourire, sembla se rappeler brusquement qu'elle n'était effectivement pas venue ici pour se vanter de son talent pour choisir des prénoms.

- Oh désolée, vous avez raison je m'égare! Je voudrais savoir... Si... Il ou elle... Va survivre. Je veux dire... Quand il va naître.

Personne n'avait encore posé cette question à Astrid. Les parents se contentaient du joyeux, de l'avenir lointain, ils venaient demander si leurs enfants feraient de bons mariages ou gagneraient de l'argent, plus rarement s'ils seraient vaillants, et parfois s'ils étaient encore en vie. Rarement s'ils allaient ne serait-ce que survivre à leur naissance. Astrid ne posa pas de question. Elle tira ses quatre cartes en silence, avant de les retourner. Mais elle n'eut pas besoin de mot. La carte de la mort, celle de la maladie, celle de la solitude, et l'énorme soleil doré de la vie... Trois cartes sur quatre étaient très clairement funestes mais pour les yeux des profanes. Astrid releva les yeux vers la future mère qui avait déjà les larmes aux yeux. Mais cette dernière reste digne.

- Ne dites rien.

Elle posa les quelques petites pièces qu'elle devait à Astrid sur la table, avant de se lever difficilement.

- C'est un bien lourd fardeau, connaître l'avenir. Je vous envie pas.

Astrid aurait juré l'entendre pleurer dès qu'elle sortit de la tente. Heureusement c'était la fin de la journée. Et elle allait boire. Terminer sur la promesse de mort d'un nouveau-né ne faisait pas vraiment partie de ses loisirs, c'était au contraire particulièrement pénible. Et Astrid se prenait à prier d'avoir menti.
Elle ne savait pas si personne d'autre n'était intéressé, ou si les pleurs de la demoiselle avaient découragé les autres, mais plus personne ne vint. De toute façon la journée touchait à sa fin. C'était tant mieux.
La cartomancienne commença à ranger ses affaires, décidée à sortir rapidement de sa tente pour prendre l'air. Elle pourrait toujours attendre Lucain dehors. Mais celui-ci fut particulièrement ponctuel, et vint la rejoindre à l'intérieur avant d'oser enlever ses gants. Astrid le regarda avec attention pendant deux ou trois secondes, voyant qu'il semblait absorbé par ses mains. Mais elle ne dit rien, continuant tranquillement son rangement jusqu'à ce qu'il parle.

« Ton après-midi c’est bien passé ? La mienne a pas vraiment été très utile. Qu’importe.
Tu désires te changer ? J’aimerais bien qu’on aille dans un endroit un peu amusant. ‘fin... Un endroit où dépenser ce que j’ai, quoi. »

Elle ne réfléchit pas avant de répondre, même si elle aurait peut-être dû. Elle se serait peut-être rendu compte que Lucain n'avait pas forcément envie de vraie réponse. Juste d'une conversation polie et sans intérêt. Ou pas. En fait elle n'en savait rien, même après réflexion.

- C'était horrible. Et non merci, pas la peine que je me change...

Elle eut enfin fini de remettre de l'ordre dans sa tente et de récupérer les affaires qu'elle emportait avec elle. Alors, elle réfléchit. Lucain voulait un endroit amusant ? Elle ne comprenait pas tout à fait de quoi il voulait parler...

- Qu'est-ce que tu veux dire par "amusant" ? Tu veux aller dans un bordel ?

Astrid n'avait pas l'air choquée. Elle n'était pas une de ces dames qui craignaient de montrer ne serait-ce que leurs chevilles et Lucain l'avait probablement compris lors de leur conversation du midi. Elle était au contraire tout à fait sérieuse. Bon, un type qui irait voir une prostituée et refuserait d'enlever ses gants ce serait bizarre. Mais pourquoi pas ? Les riches avaient parfois des lubies bien plus étranges, elle était bien placée pour le savoir.

- Ou tu veux juste boire ? Je connais des endroits où on peut boire beaucoup pour pas cher, mais c'est pas très bon je te préviens...

Astrid s'était levée, et se tenait à la sortie de la tente.

- Sinon, y a des endroits un peu mieux, mais c'est plus cher. Et si tu veux des filles, je dirais que ça dépend de tes goûts. Mais moi, je crois que juste boire ça m'irait. Ça fait du bien des fois...

Elle fit un sourire à Lucain. Oui, sa journée avait été assez horrible pour que notre sobre Astrid ait envie de boire un peu. Ces bannis avaient peut-être aussi une sale influence sur elle aussi...

- Y a de quoi boire dans les marais ?
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyLun 17 Juil 2017 - 23:37
« Allez voir des... Des filles ? Genre, avec toi ? »

Pour une fois, j’arrête d’observer tout autour de la quincaillerie. En fait, quand je lui dis ça, j’étais en train de jouer avec un bidule en verre nonchalamment posé sur la table. Non, cette fois-ci je lève bien ma tête pour la regarder, les sourcils bien levés. Je crois même que je me suis mis à bredouiller quelque chose. Je sais pas pourquoi, je vous avoue. Je m’imaginais pas timide ; Qu’un homme me propose d’aller voir des gonzesses, j’aurais sauté sur l’occasion, et puis on se serait congratulés avec des claques dans le dos et des coups de coude dans les côtes. Mais là, que ce soit une fille qui me propose, j’avais limite envie de regarder mes pieds.

« Mais, heu, c’est pas bizarre, tu trouves ? Moi je pensais juste... Juste aller boire. T’sais puisque tu te demandes, y a strictement rien à boire dans les marais, ‘fin des fois on est chanceux et on tombe sur la cave à vin d’un monastère ou d’une maison forte d’un ancien seigneur, mais la plupart du temps on s’alcoolise à coup de boissons fermentées. J’ai déjà vu quelqu’un devenir aveugle à cause de ça.
Mais on boit pas trop en fait. Bah oui, faut garder la tête froide la plupart du temps. Pour ça que... Que je voulais aller m’enivrer un peu. Voilà. Ouais. »
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyMar 18 Juil 2017 - 0:05

- Bizarre ? Pourquoi ce serait bizarre ? Tu veux aller boire parce que tu bois pas dans les marais, alors tu vas quand même pas essayer de me faire croire que vous avez tout un tas de jolies filles cachées dans un coin pour votre bon plaisir ?


Elle rit un peu, parce que c'était tout à fait comique de voir Lucain avec un air aussi surpris et un peu timide. Lui qui lui racontait à midi qu'il avait fait tout un tas de jolies conquêtes, voilà qu'aller au bordel lui semblait soudainement bizarre ! Une fois son rire éteint elle ne lui laissa pas le temps de répondre, et reprit directement.

- C'est parce que je suis une femme, c'est ça ? Tu vas quand même pas me dire que t'as peur que je m'ennuie, ou que c'est pas un endroit pour une demoiselle ? Mais bon juste boire c'est bien aussi, je vais pas me plaindre. C'est toi qui parlais d'aller s'amuser, je voulais juste savoir à quoi tu pensais ! C'est pas évident évident, hein. Aller, je t'emmène quelque part si tu veux.

Astrid, déjà presque dehors, lui fit signe de la rejoindre alors qu'il était encore à côté de la table en train de tripoter quelque chose. Décidemment il ne savait pas garder ses mains dans ses poches, mais tant qu'il ne touchait rien d'aussi sensible que ses cartes elle ferait un effort pour ne pas se montrer trop possessive ou trop maniaque.

- Juste pour boire
, ajouta-t-elle finalement avec un clin d'oeil pour lever toute ambiguïté possible, après quelques secondes de silence. Ton ami nous rejoint pas, d'ailleurs ?

Elle savait plus ou moins où elle voulait l'emmener cette fois. N'importe quel établissement ferait l'affaire lorsque le but était aussi simple que boire. Simplement boire. Et peut-être un peu oublier. Mais il y avait quelques coins plus paisibles que d'autres quand il s'agissait de rentrer chez soi en était un peu aviné, et Astrid comptait bien retrouver sa chambre saine et sauve. Les rares fois où elle avait vraiment voulu boire, elle avait toujours élu domicile au même endroit, et n'y avait jamais eu de problème.
C'était une taverne, où il n'y avait qu'à boire et à manger, pas de chambres. C'était assez lugubre, mal fréquenté comme tous les endroits du genre, mais pas trop loin de son auberge et les prix étaient corrects. Toutes les qualités d'une taverne réunies dans un seul établissement.
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyMar 18 Juil 2017 - 0:26
Je remets mes gants avant de sortir, comme si j’allais attraper froid aux doigts en plein hiver. D’un certain point de vue, on pourrait presque dire que c’est vrai ; J’aime pas mes pattes, elles trahissent un peu mon mauvais air. Ma tête elle a quelques cicatrices, mes yeux sont injectés de sang, ma lèvre fendue, mes bras épais, mes côtes apparaissent sous ma peau. J’ai un aspect famélique, et en même temps inquiétant. Mais mes doigts ? Mes doigts c’est des mains de noble, fins, fins comme des doigts de fille, sans éraflure, les phalanges longues, le dos assez doux. J’en ai horreur de ces sales mains, ou peut-être que c’est la marque au fer rouge qui a bien cicatrisée, et qui apparaît atrocement au début du poignet. Combien de fois je l’ai pas gratté, ce bras ? On aurait pu m’ostraciser de toutes les manières qu’on veut, mais me le greffer dans ma peau, ça m’énerve.

Ou alors j’observe mes mains avec une grande attention pour éviter à la conversation avec Astrid. Parce que ça me fait un peu bredouiller. Ah oui, quand je suis avec Malachite, ou un autre gars des marais, qu’importe qu’il soit banni ou encore sujet, c’pas important d’ailleurs, je me répands en grossièretés et en complaintes sexuelles ; Là, vous pourrez m’entendre parler de moi et de ce qu’il advient de mon zizi, de comment j’ai pas tiré mon coup depuis belle lurette, mais que ce qui me manque le plus c’est d’avoir une fille dans les bras. Mais les filles c’est pas pareil, ça fait ressortir en moi une espèce de pudeur confuse que je soupçonnais absolument pas.

« Non, Malachite il est occupé, je dis simplement sans chercher plus d’alibis. Puis, heu, voilà, j’avais envie de passer un peu de temps avec toi aussi. »

Avec la discussion de tout à l’heure, c’est vrai que ça paraît super ambigu mon propos. M’empêche pas de la suivre d’un air moutonnier par ailleurs, notez-le bien. Pourtant dans la rue, c’est pas la même chose que dans la tente, et je retrouve très vite une sensation d’alerte alors que je tourne la tête comme une chouette ou un hibou à l’affût d’un truand qui viendrait sortir sa bourse ou d’un milicien qui oserait demander une fouille. Jamais des situations plaisantes, tout ça.

« Enfin je veux dire... C’est vrai que, bah, heu, c’est... Bah ça fait longtemps que j’ai pas eu de fille, quoi, mais bon, je veux pas m’imposer, même si j’ignorais que toi tu... ‘fin je sais pas ce que c’est s’amuser pour toi. J’sais pas. Déjà si on peut boire et avoir un peu de musique ça me plairait, mais, si ce que tu veux c’est... Enfin, on va où tu veux quoi ! »


Putain de merde, je m’en mordrais les lèvres. C’était quand même beaucoup plus simple quand je pouvais juste faire mon loup et menacer de couper des couilles à des gens. Là je peux même plus la regarder dans les yeux. Heureusement je ne rougis pas, l’honneur est sauf, mais n’empêche que je me sens un peu bredouille et que j’en aurais presque un coup de chaud.
Mais on est dans un environnement urbain, et comme je vous l’ai dis, je ne perd pas ma posture, et j’arrive juste à noyer le poisson en faisant genre que je surveille des recoins sombre où qu’une demi-douzaine de gens armés arriveraient pour nous trucider, quand bien même ce scénario n’a aucune chance d’aboutir.
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyMar 18 Juil 2017 - 0:57
Astrid s'efforçait de ne pas regarder Lucain pour éviter qu'il ne remarque le sourire un peu moqueur qu'il faisait naître chez elle avec sa tentative d'explication. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il essayait de justifier, mais elle n'était pas sûre qu'il sache tout à fait là où il voulait en venir non plus. C'était un genre de texte à trous qu'elle complétait lentement au fur et à mesure que Lucain déroulait sa pensée. Elle finit par hausser les épaules par réflexe, sans même savoir s'il avait remarqué.

- Je fais pas trop ça pour m'amuser, plutôt pour l'argent d'habitude . Mais des fois c'est sympa. Ça dépend avec qui, y en a c'est un peu des malades, mais y en a aussi avec qui c'est particulièrement agréable.



La cartomancienne pensait évidemment à Hector. Mais elle n'avait l'intention de partager ses expériences à ce sujet avec Lucain, ça ne le regardait pas. Et la relation qu'elle entretenait avec le baron était bien assez ambiguë pour qu'elle veuille éviter de devoir la décrire par des mots.
La mention de la musique avait changé légèrement les plans d'Astrid, qui jetait alors son dévolu sur un autre lieu qu'elle connaissait. Moins, certes, mais qu'elle connaissait. Astrid aimait beaucoup la musique, elle savait où on pouvait en entendre parce qu'elle s'intéressait à la chose. Elle avait été chanteuse tout de même, elle ne pouvait pas faire un trait sur cette partie de sa vie si facilement.
Le trajet ne fut pas très long. Le Labourg n'était pas si grand de toute façon, on avait vite fait le tour... La demoiselle s'arrêta devant un établissement d'où on entendait du bruit. La musique ramenait souvent la clientèle, même en ces heures sombres, et on pouvait deviner depuis l'extérieur que la salle était bien pleine.

- Si tu veux écouter de la musique on peut aller là. Mais ça a l'air assez bruyant, donc plutôt plein, et je crois que t'as dit à midi que t'aimais pas trop la foule, non ? Sinon, y a une taverne dans la rue juste là,
dit-elle en pointant du doigt une ruelle qu'on apercevait non loin. Elle est assez déserte d'habitude, mais y a pas de musique il me semble, ou c'est très rare.

Astrid se moquait bien de la foule et de la musique. Même si Lucain avait eu le mérite de la faire rire avec cette histoire de bordel, elle ne parvenait pas vraiment à oublier sa dernière prédiction de la journée, si funèbre qu'elle s'était passée de mots. C'était plutôt rare. La cartomancienne attendait simplement avec impatience de pouvoir s'asseoir quelque part et se changer les idées. Enfin essayer.

- Personnellement je m'en fiche, alors tu peux choisir comme tu veux.

Et puis c'était son idée à lui de sortir, même si Astrid était totalement d'accord avec ce plan là, il pouvait donc prendre la responsabilité de leur lieu de beuverie.
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyMar 18 Juil 2017 - 1:20
« J’aime pas la foule, mais bon, je vais bien m’en accommoder. »

Astrid a eut le bon dos de m’amener au Labourg, le grand quartier paysan de la ville. C’est une bonne chose je pense, parce que même si cet endroit sent le fumier, qu’il y a pas vraiment de jolies filles et de trucs exotiques, il y a quelque chose que je vous ai expliqué tout à l’heure, et qui me fait tolérer cet endroit ; Les gens ici sont gentils. Bruts, benêts, mais gentils. Quand on passe sa vie à traîner avec des connards de différentes espèces différentes on se met à apprécier la populace qui est serviable et qui sourit. Surtout quand on est quelqu’un comme moi, un connard.
En plus je suis tout un tas d’espèces de connard. J’ai été le connard hautain qui jette le gant quand on fait une plaisanterie à mon compte. J’ai été le connard masculin qui brise le cœur d’une fille amoureuse. J’ai été le connard violent qui donne des coups de poings avant d’arracher le collier en or de quelqu’un. Mon exécrable comportement m’a valu un retour de bâton qui est maintenant gravé dans ma chair pour toujours. J’en ai une rage, une très mauvaise rage.

On s’est enfoncé dans la salle. Rien à voir avec les coins lascifs remplis de rustres et de vilains aux couteaux aiguisés. C’est peuplé en grande majorité d’hommes, mais on voit aussi plusieurs dames déjà attablées, toute une marmaille d’âges différents, qui me fait penser qu’il y a peut-être des familles ici. Quelques gamins jouaient en courant autour des tables, ce qui valait des réprimandes orales de la part d’un serveur qui failli faire tomber ses chopes qu’il transportait tout le long de ses bras ; Des vieux jouaient à un tout autre jeu, pas très trinitaire, avachis devant une table sur laquelle ils montraient des cartes et tenaient des paris. Pourtant, on reconnaissait bien l’habit d’un curé local, le seul à ne pas avoir déjà terminé son verre. Et puis on entendait un air, un air de luth au milieu de la salle, faite par trois musiciens qui débutaient un tout petit air qu’on avait déjà pu entendre dans la rue.
Mon cœur battit la chamade en croisant, au milieu de la salle, le regard de quelques miliciens qui discutaient avec les paysans. L’un d’eux me regardant en retour. Je me collais à Astrid. Le sergent fronça les sourcils en me voyant, puis il força un mouvement de tête, comme pour me dire bonjour. Je le lui rendais. Probablement que lui et la troupe n’étaient pas aussi violents que la plupart des gens à qui j’avais affaire, les soldats qu’on laissait à l’intérieur devaient, du moins je pense, être probablement bien plus issus du menu et innocent peuple que des bandes de truands et de mercenaires qui arpentaient les marais.

Je me sentais stressé alors que je devrais pas. Rien ici n’inspire la crainte ou la peur. Absolument rien. Les gens sont mal habillés, ils boivent du mauvais alcool, mangent de la nourriture simple. Il fait nuit et on ne s’éclaire qu’avec des bougies un peu partout. Il fait frais mais on se chauffe avec des bûches qui crament en plusieurs emplacements. Ici, la misère disparaît avec de petits bonheurs.

Moi et Astrid sommes pas allés nous cacher dans un coin sombre. Peut-être que j’y étais plus attiré, mais il y avait pas vraiment, de coin sombre. On s’est installés sur deux tabourets, face-à-face, sur une petite table adossée à un mur tout à gauche de l’entrée. Attablé, j’avais tout le loisir d’observer ces gens-là qui se détendaient après une lourde et chaude journée de travail, à en juger par leurs vêtements gorgés de sueur et leurs postures probablement mises à mal par des courbatures.

« C’est... Sympa »
, je me mis juste à sortir comme compliment. Mais ce devait bien être la première fois que je complimentais un lieu dans cette ville de merde. Avouez que je fais des efforts !
Mon regard lui il se levait vers l’Astrid. Je vous l’ai dis, y a pas de filles jolies ici. À part elle. Pas étonnant que je me mette à loucher sur sa fripouille, même si j’avais l’intelligence de rejeter mon regard vers les musiciens quand elle me croisait. Elle devait pas le remarquer. Probablement pas.

« On fait pas trop bizarre, hein ? ‘fin, tout le monde nous regarde pas ? »
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MessageSujet: Re: Allonge.   Allonge. - Page 2 EmptyMar 18 Juil 2017 - 8:54
Puisque Lucain avait choisi la foule et la musique, ils entrèrent sans attendre. A salle était plutôt grande, bien remplie, très peuplée. Mais l'endroit, même bruyant, semblait plutôt tranquille. On n'y trouvait pas vraiment de type étrange dans un coin, capuche rabattue, observant les alentours pour choisir sa prochaine cible. Au contraire, presque tout le monde ici avait le style du paysan honnête, celui qui vient boire un coup bien mérité après une dire journée, et l'endroit était même assez tranquille pour qu'on y croise femmes et enfants.
Cette tranquillité tenait peut-être à la présence de quelques miliciens au milieu, que la cartomancienne n'avait même pas remarqués. Si le banni ne s'était pas collé à elle, elle n'aurait rien cherché d'alarmant et ne se serait pas inquiétée. Astrid n'appréciait pas la milice, ils n'aimaient pas vraiment la cartomancie là-bas, et ils se montraient parfois durs avec les artistes. Ça n'était pas une raison pour paniquer en les apercevant dans une auberge, surtout quand ils semblaient en grande discussion avec d'autres personnes. Astrid n'était même pas sûre qu'ils soient en service. Il valait mieux faire comme si de rien n'était et s'asseoir, ce que les deux acolytes firent sans tarder là où il restait de la place. Ils jetèrent leur dévolu sur une petit table pas trop loin de l'entrée, et contre un mur. Astrid aimait bien, parce que c'était le genre d'endroit d"où on pouvait observer un peu tout le monde.

« C’est... Sympa »

Ça semblait tellement bizarre d'entendre Lucain complimenter l'endroit que la cartomancienne n'était pas sûre que ce soit sincère. Il n'avait pourtant pas un air moqueur ou ironique... Astrid se demandait ce qu'il trouvait "sympa". Il avait voulu de la musique et on voyait et entendait trois musiciens, c'était un bon point. Mais le reste ? Elle avait bien senti qu'il n'était pas rassuré en apercevant les miliciens, elle ne se serait pas attendu à ce qu'il trouve l'endroit plaisant mais plutôt à ce qu'il s'inquiète. C'est ce qui vint dans un deuxième temps.

« On fait pas trop bizarre, hein ? ‘fin, tout le monde nous regarde pas ? »

Elle sourit un peu à Lucain. Il avait l'air bien tendu, tout l'inverse de leur objectif du soir. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, déjà parce que les miliciens étaient sans doute un des cauchemars de nombreux bannis, mais surtout parce qu'il ne devait plus trop avoir l'habitude de ce genre de coins. Ça ne devait pas être très courant dans les marais.

- Détends-toi, tout le monde se fiche bien de notre présence. C'est une taverne, des gens rentrent, boivent, sortent, on les regarde à peine quand ils arrivent et pas vraiment plus quand ils repartent.

Astrid profita de la présence d'un serveur à proximité, elle lui fit un signe de main pour qu'il s'approche de leur table et il arriva rapidement après avoir manqué de peu la chute à cause des jeux de quelques enfants entre les tables. Dangereux métier.

- Bonsoir,
commença-t-il d'un air enjoué, qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?
- Votre alcool le moins fort, s'il vous plaît.

Astrid ne se faisait pas vraiment d'illusion, tout ici serait bien plus fort que ce à quoi elle pouvait s'attendre. Seulement si elle ne voulait pas rouler sous la table en une seul verre, elle pouvait toujours tenter ce genre de demande. Elle voulait boire oui, mais pas se retrouver complètement ivre en dix minutes, et les Trois savaient qu'elle tenait excessivement mal l'alcool.

- Et pour vous monsieur ?

Le serveur attendit la réponse de Lucain avec un sourire, avant de hocher la tête en signe de compréhension puis de s'en aller, probablement pour leur chercher ce qu'ils venaient de demander.
Astrid ne sut pas vraiment quoi dire au banni en attendant. C'était difficile de lancer une conversation, encore plus quand on n'avait rien de spécial à dire pour le moment.

- Alors comme ça euuh... Tu aimes la musique ?

Elle se rappela qu'il était noble à l'origine, et donc qu'il avait certainement disposé d'une éducation musicale. Ça pourrait leur faire un point commun. Probablement un des seuls d'ailleurs.

- Tu en joues... Je veux dire, tu en jouais ?

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