Il avait été chanceux. Ulysse de Sombreval, interloqué, regarda le fangeux s'effondrer avant de comprendre. Décomposant l'action, il revit le carreau fendre l'air pour se ficher dans la jambe de la créature. C'est alors qu'il avait chargé avec l'innocence d'un milicien sortant pour la première fois des murs de la Ville. L'innocence, et la peur. Cette peur qui vous prend aux entrailles, qui s'infiltre dans vos membres et qui vous pousse à l'erreur. La lame n'avait pas atteint son but. Avait-elle seulement effleuré le crâne du fangeux? Il en doutait. Son regard, légèrement hagard, se posa sur la hache qui avait terminé sa course au sol, puis fit le trajet inverse, jusqu'à voir Alexandre de Terresang, lui-même soufflé de voir les dégâts causés par son arme. Déjà, le Comte s'approchait alors que le cri de la créature ramenait de Sombreval à la réalité.
Il s'était montré présomptueux, mais on ne l'y reprendrait pas. Si la source de vie s'écoulait abondamment des plaies de la bête, il ne prendrait pas de risque supplémentaire. Dans un geste souple, il leva son épée pour trancher la gorge du fangeux au sol. Alors seulement, l'homme put souffler, recevant une grosse tape sur l'épaule. « Vous allez bien, Ulysse ? » Il était en vie, et indemne, n'était-ce pas là le principal?
La tension était maintenant palpable chez les hommes. Tous avaient leur arme au clair et guettaient le moindre bruit suspect. Les regards parcouraient les environs, détaillant les buissons, les hautes herbes et les troncs les plus larges susceptibles de cacher une créature.
- Jet de fangeux:
A pile ou face, pile, un ou plusieurs fangeux se relève(nt)
Résultat : Face
(Tssss)
- Jet de panique:
1D20 pour déterminer la panique qui s'empare du groupe -pj et pnj-
Résultat : 15 ; échec. La peur s'infiltre chez chacun et commande la suite.
Rien. Le silence et l'immobilité parfaite, rien ne venait troubler le calme de la forêt... si ce n'est la voix de Letto.
- On devrait pas rester planter là.
L'arbalétrier avait raison, et chacun le savait. Ils étaient vulnérables. Certains avaient l'impression que des yeux les guettaient, depuis la cîme des arbres. L'un des hommes du Baron reprit sa tâche et décapita un énième cadavre. Un autre suivi, puis un troisième. Les gestes étaient nets, sûrs, mais trahissaient la peur viscérale de voir un autre corps se relever d'entre les morts pour tenter de les dévorer. Quelques minutes suffirent à terminer le macabre travail. La voix du Comte finit par s'élever dans le silence respectueux de ceux qui avaient combattu les bannis.
-
Nous partons. Cet endroit grouille peut-être de fangeux, et le terrain ne nous est pas favorable. La voix de Terresang était ferme, le ton sans appel.
- Mais m...
-
Non. Ces enfants sont partis innocemment il y a deux jours. S'ils ne rentrent pas, c'est qu'ils ont perdu la vie. Nous n'avons pas retrouvé leurs traces, et nous avons des blessés dont nous devons nous occuper avant que l'odeur du sang ne rameute les fangeux.- M...
-
Le terrain ne nous est pas favorable, soldat. Jouez au héros si ça vous chante mais vous y laisserez la vie.Le geste était-il calculé? Sans doute. De Terresang pointait le mercenaire récalcitrant de sa prothèse, symbole d'une main perdue autrefois. Dans son dos, Ulysse acquiesça. L'homme déglutit, tandis qu'autour de lui, on se rassemblait pour quitter le boisé. Une curieuse brume semblait s'installer sur le sol, dense et peu rassurante. Le ciel sembla vouloir s'obscurcir, le temps qu'un innocent nuage blanc passe devant le soleil. Décision fut prise de laisser les corps des miliciens sur place. On ne pouvait raisonnablement pas ralentir le groupe, deux blessés, c'était bien suffisant.
Symboliquement, l'un des soldats de l'Ordre prit le temps de ramasser un petit objet sur chacun des cadavre. Bracelet de cuir, piécette, boucle de ceinture, n'importe quelle breloque qui pourrait être remis à un parent qui souhaiterait enterrer son fils perdu. On hissa le coutillier Grave sur le cheval du Comte, qui, accompagné du Baron, ouvrit la marche pour rejoindre rapidement Philibert, resté seul en arrière.
- Jet de survie:
Philibert : Chances de survie 10/20.
Résultat : 6, réussite
(Dommage)
Personne n'osa parler. Personne n'osait contredire les ordres. Même les chevaux soufflaient bruyamment leur nervosité. Les hommes voulaient partir, le fangeux avait refroidi leur élan héroïque pour la journée. Philibert se joignit à la troupe et ne posa pas de question quand on lui dit de laisser le cadavre décapité sur place.
- Jet de rencontre:
1D20 pour déterminer si une dernière surprise se présente sur le chemin :
0 à 5 : Rien
6 à 10 : Banni
11 à 15 : Le couple recherché
16 à 20 : Fangeux
Résultat : 3. Le trajet de retour se déroule sans encombre.
La troupe fit son possible pour atténuer le bruit des pas, jusqu'à sortir du boisé sans encombres. Alors seulement, on soupira de soulagement. Le visage complètement fermé, Alexandre de Terresang ne put s'empêcher de jeter un dernier coup d'oeil aux traces aperçues un peu plus tôt. Il n'avait pas pu sauver les jeunes gens, et sans doute étaient-ils déjà morts. Il avait décidé d'opter pour la sécurité, à contre-coeur.
Les hommes du Baron et ceux du Comte regagnèrent le petit village où Marcelle Gironti apprit la nouvelle. Deux missions n'avaient pu lui ramener son fils, son deuil devrait sans doute commencer aujourd'hui. A moins qu'il ne s'accroche à cet espoir fou, mais ô combien humain, qu'un miracle des Trois ne lui ramène son enfant chéri. Au Labret, la rumeur du charnier ne se propagerait même pas. Les hommes de Sombreval et ceux de Terresang garderaient cette curieuse expédition secrète. Seul le Coutillier Garde, qui se remettrait de ses blessures après plusieurs semaines de soins et de repos, songerait à reprendre la traque des bannis avec des hommes biens entraînés, qui vengeraient la mort de ses gars.
- La prochaine fois...:
Je ne tire pas aux dés. Et je mets des boyaux partout.
Dans la mesure où le charmant Baron n'est plus parmi nous, je clôture ici puisqu'il y aurait peu d'intérêt à continuer l'aventure sans lui. J'espère que le final te plaira!