[Terminé][Quête]Le bon, La brute et le Fangeux [Adeline Delorme, Alexandre de Terresang, Lothaire Ferbois, Cross Algoln, Constance Hillaire]

Johann était un orphelin de huit ans qui vivait au temple depuis quelques mois. Un petit garçon énergique qui atteignait avec peine les hanches de la prêtresse, qui avait les yeux bleu et les cheveux blonds coupés courts. Cet enfant de la Création était un petit bout de chou à protéger pour Pénélope, qui s’était mise en tête de veiller sur lui, plus que sur les autres. Elle avait remarqué qu’il était très timide et que d’autres orphelins avaient tendances à le bousculer pour jouer. La nuit passée, Johann avait apporté une missive à Pénélope qui était surprise et interloquée à la vue d’un prêtre-responsable qui suivait les pas du jeune garçon. Pas n’importe quel prêtre-responsable, car il s’agissait de Clovis, l’homme de foi qui s’était énormément chargé d’elle, lorsqu’elle intégra la prêtrise. C’est lui-même qui lui passa sa foi envers Anür.

Clovis chargea Pénélope de répondre favorablement à cette lettre et de représenter le Clergé. Elle devait veiller au respect des traditions, mais aussi à la bonne conduite des auteurs des expériences sur la Fange. Fièrement et avec intégrité, la prêtresse acceptait son devoir en remerciant Clovis pour la confiance qu’il lui portait. Non seulement Pénélope voyait en cette occasion une chance d’en découvrir de plus, de satisfaire sa curiosité, mais également de s’attirer les faveurs des Dieux et du Clergé. Songeait-elle déjà également à la possibilité d’utiliser cette expérience, en cas de réussite, pour glisser quelques mots à ses supérieurs et devenir Responsable, toutefois c’était mettre les bœufs avant la charrue.

Levée avant l’aube, Pénélope prit son bain dans les thermes, puis elle s’habillait avec des vêtements plus confortables et protecteurs qu’une robe bleue du culte d’Anür. Elle récupéra dans ses affaires un carnet de note, du matériel léger afin d’officier, un petit nécessaire basique pour soigner des plaies bénignes et son poignard. La jeune demoiselle prit son goûter du matin (des céréales chauffées avec du lait) puis elle sortait du temple en saluant ses amis et en embrassant le front de Johann. La voilà partie pour la première aventure de sa vie, pour la première fois, Pénélope sortait des enceintes de Marbrume. Une espèce de sensation bizarre nouait son ventre et la rendait patraque, mais ça ne l’empêchait pas de sourire en marchant vivement et fougueusement vers le Port, son sac en toile qu’elle tenait sur son dos clapotait en rythme contre ses tissus en lin.

« La Fierté Gâchée.. »

Marmonnait-elle pour elle-même pendant qu’elle cherchait ce quai d’embarquement bien précis, et pas un autre. Pénélope interrompit un marin au hasard qui tirait de son bateau un large filet plein de poissons, jusque sur la rive construite en pierres et en bois.

« Bonjour. » Souhaitait-elle à se marin, en lui adressant un sourire poli et formel. Les peintures bleues ornaient, en cette matinée, le visage de la belle et son anneau sur lequel était gravé un petit poisson ne laissait pas de doutes sur ses croyances.

« Je cherche le quai d’embarquement ; La Fierté Gâchée. »

Le marin salua la prêtresse, cracha un mollard sur la pierre chauffée par le soleil de Mars, puis lui indiqua la direction d’un mouvement large du bras droit. « C’est par là prêtresse. Z’êtes une servante d’Anür non ? Vous pourriez bénir mon bateau si vous plait m’dame... » Concluait-il en soufflant à cause de l’effort qu’il prodiguait pour décharger sa marchandise.

Pénélope acquiesça et prit de son sac une gourde fermée pour humidifier ses mains qu’elle joignit l’une contre l’autre, en se tournant vers le destrier marin de l’homme. Elle fermait ses paupières et récitait cela dans sa tête : [Puisses-tu guider ce bateau vers la fortune Anür, puisses-tu m’entendre, je te le demande et te soumettrai bientôt mon offrande. Merci d’être là pour veiller sur nous.]

La jeune femme aux longs cheveux bruns saluait l’homme en affirmant. « J’ai prié pour vous et votre bateau. Puissiez-vous sentir la présence d’Anür vous guider comme je le ressens, bien brave homme ! »

Sur ces mots, Pénélope s’en allait rejoindre ledit quai d’embarquement pour grimper à bord du bateau de Sire Bombaysers, homme qu’elle n’avait par ailleurs jamais vu de sa vie.

Alexandre était prêt à organiser sa première expédition de l'année, il voulait retourner au Pavillon de Chasse pour essayer de voir ce qui devait être rénové pur faire de l'emplacement, une base de ravitaillement de la Guilde ... ça ce n'était pas négligeable mais quelque chose lui brisa son rêve d'étendre l'Astre ... un message de la part d'un certain ... "Bombaysers", bon déjà on aurait pu croire à une farce mais que nenni ! Il semblait que cette lettre soit vraie et tant mieux ! Si cet homme avait vraiment la possibilité de trouver un remède à cette engeance, cela sera profitable à L'Ordre mais un tel remède existerait-il vraiment ? Qu'importe, cet homme allait jouer au chercheur fou et il fallait qu'un membre de la noblesse vienne voir ce qui s'y passait, peut être que le Duc voudrait avoir une version plus ... "officielle" en cas d'échec.

Le lendemain, à l'aube, il s'apprêta. Il mit son armure de cuir, pas plates, non ... on ne savait jamais et même si ils devaient capturer un fangeux, le cuir était plus souple et il n'entraverait pas ses mouvements si la situation se compliquait. Il finissait alors de s'armer et se dirigea vers les quais alors que Mars pointait ses rayons de soleil encore certes frais mais le soleil était tout de même là et dire qu'il aurait pu envoyer une caravane au pavillon de chasse mais la recherche était primordiale avant tout.

Il arriva alors aux quais et vit au loin une personne ... une prêtresse ... encore ? Pas étonnant après tout, si le Duché autorisait pareille recherche cela se ferait sous la vision du clergé pour éviter tout acte blasphématoire; le Duc avait donc tout prévu !

Il se mit à suivre la jeune demoiselle, peut être était-elle l'une des envoyé du Temple pour surveiller ce bourgeois et il pressa le pas pour la rejoindre lorsqu'elle atteignit le bateau.

"Hm, Prêtresse ? Seigneur Alexandre, Vicomte de Terresang ... vous êtes l'envoyée du Temple pour l'expédition de Messire de Bombaysers ?"

Du temps, des idées et de la matière, je n'en demandait guère plus, ni guère mieux… Quoique si, la possibilité d'enfin pouvoir tester quelques-unes de mes théories et des résultats produits tenant, pour la plupart, dans quelques petites fioles de verre fin et volontairement fragile. Je tenais leur composition exacte dans un livret, certaines contenaient plus ou moins la même chose à un dosage différent. Mais pour l'heure, elles ne faisaient que garnir mes étagères déjà bien trop encombrées…

Je pensais que cela allait durer encore longtemps, trop longtemps. Ma condition de femme malingre, ne m'offrait aucunement la possibilité de me rendre en extérieur afin de pouvoir faire mes “petites” expériences. Le monde était devenu bien trop compliqué et dangereux pour cela, loin de moi l'idée de mettre ma vie en péril aussi sottement.

Et puis… L'on frappa à ma porte, ce qui n'arrivait pas si souvent. Rapidement, je me retrouvais avec une missive entre les mains tandis que le messager visiblement pressé disparut dans la ruelle sans attendre son reste… Peut-être avait-il eu vent des rumeurs me concernant, celles qui affirmaient bêtement que je n'étais qu’une sorcière, une hérétique… Ces ignares… Quelle bande de crétins sans cervelles assez stupides pour croire en l'existence de la magie… La pensée me tira un soupir tandis que je me décidais à dérouler le pli entre mes mains…

Tout en la parcourant du regard, je ne pus que buter sur certains mots comme “Devoir” ou encore “Aventure”... Mais le plus important “une chance bien réelle d’en finir une bonne fois pour toute avec ce fléau qui ronge notre monde”. Je n'en croyais pas mes yeux, je dû d'ailleurs relire plusieurs fois la phrase pour être certaine de ne pas me tromper… Quelques mots qui ressemblaient étrangement à une promesse… Tout en m'invitant à veiller à sa réalisation…

Je déposais le morceau de papier sur ma paillasse, non loin de mon fameux carnet contenant mes fameuses “recettes”. Prenant appuie sur le bois, en posant mes paumes tout contre ses nervures… je pris le temps de réfléchir… Mais lorsque mon regard se porta sur mes étagères, je compris que toutes réflexions étaient inutiles, car je “devais” prendre part à cette “aventure”... il n'y avait aucune autre possibilité.

Voilà pourquoi je me trouvais ici, sur le port à l'heure même du rendez-vous. Ma besace contenait quelques-unes de mes créations ainsi que mon carnet et de quoi écrire. D'autres personnes se trouvaient là, des hommes armés et une femme… Une prêtresse apparemment, ce fut en tout cas ce que je compris en écoutant la conversation. Moi, je me tenais dans mon coin, en recul, comme à mon habitude. J’affichais la même mine fermée et éteinte qu'à l’accoutumé, attendant simplement que l'on nous explique ce que nous faisions là...

‘’Enfin…’’

Fidèle à ces nerfs d’acier, les longs doigts fins de Lothaire ne tremblaient pas en tenant la missive parcheminée mais l’émotion d’une joie sincère se gravait sur les traits du médecin. Ce genre de document ne pouvait être transmis de manière aussi libre sans le consentement des autorités. Il tenait enfin là sa première chance de faire ces preuves sous le consentement officiel de l’autorité ducale, le chemin vers le triomphe s’ébauchait lentement mais surement devant lui. Il n’avait que de vagues souvenirs de traités scientifiques et essais ornithologiques à l’évocation de son commanditaire, le dénommé Bombaysers, mais cela ne lui importait que peu. Il tenait là sa chance.

Il se prépara, s’habillant sobrement d’une toge noire qu’il ceint au niveau de la taille d’une ceinture de cuir usée. Vérifiant une dernière fois le contenu de sa besace, il choisit ces scalpels et écarteurs les plus propres ainsi que quelques potions, des anti-inflammatoires et des antidouleurs… Pas de quoi pouvoir parer à tout cas de figure mais c’était déjà une bonne base pour administrer des premiers secours. Lothaire tenait cette habitude, profondément ancré en lui, de toujours être en possibilité d’administrer des soins à tout instant de ces années passées à étudier la médecine avec acharnement. La rigueur et la discipline avait fait de lui un perfectionniste et ces derniers échecs en tant que médecin, chercheur et …époux et père avait aggravé ces dispositions en lui. La détermination envers la quête de la Cure contre la Fange était devenue à présent son mantra, sa raison de vivre…

Rabattant son manteau de toile brune sur ses épaules, il claqua la porte de son humble demeure et cabinet, piétinant le sol de ces bottes de cuir. Il tâta l’intérieur de sa bure, dans laquelle il avait dissimulé son poignard, une arme purement défensive qui était plus que bienvenu étant donné ces temps troublés…en particulier depuis que Ferbois entretenait de menu contacts auprès de divers individus dont il ne pouvait pas tous forcément contrôler les actions, la rumeur d’un chercheur souhaitant constituer un réseau pour éradiquer la Fange pouvant fortement déplaire à certains, sans parler du caractère évidemment illégale de ses recherches.

Tournant le regard plein Est, le Docteur quittait à présent son quartier de résidence pour se trouver dans celui du Port, continuant à présent sur les docks pour finalement arriver au quai. Jetant des regards par ci par là, il recherchait à présent la fameuse ‘’Fierté Gâchée’’ cité dans la missive, auxquels il jetait de temps à autre un regard bref mais appuyé, comme pour s’assurer qu’il ne faisait pas erreur. Et enfin, il ne faisait pas erreur. Remarquant un petit attroupement sur le pont d’un beau deux-mâts, il eut la bonne surprise d’y retrouvé, gravé sur coque, le nom qu’il recherchait.

C’était donc ici le lieu du rendez-vous, se dit alors le guérisseur. Tournant ses yeux en direction de la petite compagnie déjà formée, il les examina de son regard aussi méthodiquement qu’il l’aurait fait avec un bras au cubitus visiblement fêlé ou de bubons purulents sur le cou d’un malade en consultation. On lui avait parfois déjà fait la remarque que son regard scrutateur gênait, un regard lent et pesant de ce qu’il comprenait, mais c’était bien plus fort que lui, autant d’années passées à examiner le corps humain l’avait conditionné à ce reflexe. Et jusqu’à présent, ça lui as plutôt bien réussi. Deux hommes, deux femmes. Un grand chauve barbu en armure de cuir à l’air martial, un autre, plus jeune, un peu plus d’une vingtaine d’année, aux cheveux en bataille et également équipé pour le combat. Des gens d’armes, miliciens sans doute, peut-être même nobliau vu la prestance et la qualité pour le chauve. Quant aux deux jeunes femmes, il devina assez vite la fonction sacerdotale sur la première, de par sa robe bleue, commune aux servantes consacrées à Anür. Sans doute plus signe de dévotion que signe d’une nouvelle mode chez les jeunes femmes, un tatouage bleu était appliqué sur son visage de part en part. Il ignorait en revanche ce que faisait ici la seconde, mais il passa vite à autre chose. Tout lui serait expliqué sitôt que le commanditaire expliquera la mission plus en détail.

Alexandre se posa alors devant le gras petit bourgeois (comme ça il avait pas besoin de le préciser, c'était évident qu'un homme pareil était petit et gras ? Allons, les généralités !) la main droite derrière son dos en compagnie de son crochet métallique, il écouta alors l'homme tout en examinant l'équipe qui composait l'expédition ... hm. Une jeune femme avec une besace qui semblait être ni milicienne, ni prêtresse comme la jeune femme à son côté qui l'était aux dires de Bombaysers ainsi qu'un homme grisonnant et un jeune milicien ... eh bien, on nommait les sergents de plus en plus jeune, 'fin il supposait que c'était un sergent, la milice allait-elle envoyer un jeunot, un troufion pour pareille expédition  ?

Basile Le Petgras (voilà comment il allait l'appeler maintenant, Bombaysers faisait trop ... blaguounette.) donnait alors dans le mélo, il était vraiment motivé pour cette expédition qui allait sans doute lui ouvrir de nombreuses portes si elle s'avérait être une réussite ... sinon, eh bien, il tomberait sans doute dans l'oubli. Alexandre était perplexe mais les dernières phrases du speech de Basile lui fit tilter ... de quoooiii ? Le Vicomte allait être le chef de l'expédition ? Mais ... mais ... pourquoi ? Il n'avait rien demandé ... il se faisait pas chier l'autre gras-du-bide ..; bon bah ... quand faut y aller, faut y aller.

"Euh ... bon, d'accord ... l'Astre d'Azur se fera un plaisir de suivre votre expédition mais sachez que l'Ordre n'a pas les moyens nécessaires pour le moment mais bien entendu, si vous avez besoin de fournitures, ma fortune est à votre disposition ... contrairement à certaine d'après ce que je vois."

Dit-il tout en regardant le bourgeois d'un air neutre puis il se hissa jusqu'au pont supérieur du bateau et annonça.

"Madame ... Delmorne ? Delorme, c'est cela ? Vous irez avec Monsieur Ferbois dans la cale pour préparer le nécessaire pour l'arrivée de votre futur sujet d'expérience et me dire ce qu"il vous manque, notre valet ira le quérir. Vous serez accompagné tout du long par le Sergent Algoln et trois de ses hommes ainsi que Soeur Mercuro qui fera en sorte qu'aucune autres transgression envers la vie et la mort ne soit faîtes."

Il se tourna vers l'homme qui était le capitaine et lui annonça :

"Départ dans moins de trente minutes, hissez la grande voile, larguez les amarres ... 'fin faîtes le nécessaire pour qu'on sorte du port sans se faire harponner par un quelconque récif."

Il se tourna vers Bombaysers.

"Etant donc le chef proclamé de cette expédition, monsieur Bombaysers, je ne veux pas vous voir dans les pattes des miliciens chargés de la surveillance de l'expérience, si le sujet est incontrôlable ... eh bien, il serait dommage que vous soyez devant les protecteurs de l'équipe en charge de l'expérimentation." Il soupira et eut un petit sourire.

"Bon ... eh bien, en route pour l'aventure, messieurs, ma dame et ma soeur, les Fangeux nous attendent."

Une fois à bord du bateau, tout se calma. Chaque personne attendait calmement l’arrivée de Bombsayer et surtout, tout le monde voulait savoir ce qu’ils foutaient ici. La lettre était bien joli, et bien écrite, mais ça n’expliquait pas ce qu’on allait devoir faire pour vaincre le fléau qui ronge le monde. Personne ne vous avait prévenu comment vous alliez devoir procéder et surtout ce que vous alliez devoir faire. Après toi une femme arriva calmement, ainsi qu’un homme, assez âgé mais pourtant, il n’avait pas l’air si rouillé à ton regard. Et finalement, le centre du sujet arriva… Un centre rond, potelé, et gras, mais un centre qui allait pouvoir répondre à nos sujets. Enfin, cela va pouvoir nous être utile.

Il commença correctement, en expliquant le but de la mission… Capturer un fangeux vivant. Tu haussas d’un sourcil te rappelant de la discussion que tu as partagée avec Serena à propos des fangeux. Capturer un fangeux sera une expérience intéressante, très intéressante. La boule semblait malheureusement assez mal organisée et on aurait presque pu parier qu’il a menti et à jouer sa vie sur la capture du fangeux. Un navire et un équipage ? Le duché semblait n’en avoir rien à faire de sauver les personnes ici. Et … Tu pouvais sentir que ta vie était aussi rajoutée sur la ligne ici, ainsi que toutes les personnes ici. Ce n’était plus un combat pour sauver Marbrume mais sauver nos vies.

Tu t’assis alors tranquillement sur une caisse qui trainait pour prendre appuie et réfléchir à la suite. Pour le moment, il fallait savoir les cartes qu’on avait en main avant de penser comment les utiliser. Tu écoutas alors bras croisé très attentivement ce que la boule avait à dire. Premièrement, il te surprit un point particulier. Un mort fraichement réanimé ? La légende était donc vraie ? Voilà qui fut une première révélation intéressante. Mais … la suite te posa problème, il parlait de matériel, disant qu’on aurait assez de tout… Comment pouvait-il le savoir ? C’était la première chasse au fangeux vivant, comment pouvait-il être convaincu que cela suffira ? Il était arrogant de croire que cela suffira… Mais il avait mis sa vie en jeu, il devait forcément y avoir mis les moyens nécessaires selon lui.

Les rôles ? Voilà qui fut intéressant, nous aurions donc tous un rôle important à jouer pour la suite de la mission. Pour le coup, tu te demandas quel rôle on allait te donner. Tu n’étais pas forcément très célèbre, à part le rôle d’appât, tu n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait vraiment te donner.

Premièrement le chauve, il fut nommé trésorier, il s’occupera de la partie finance de l’histoire et aura autorité sur le groupe. Normal, mais ça ne t’intéressait pas vraiment pour le coup. Tu n’avais compris qu’une chose, c’est qu’il pouvait donner les ordres qu’il voulait. Parfait. À moins qu’on organise une mutinerie, on ne pourra rien faire de plus à part lui obéir.

Ensuite l’inventrice, elle sera très utile pour différentes choses, mais pas pour la capture. Tu ne t’attendais pas à ce que ça soit-elle, mais on fera avec… Et le prochain rôle, un rôle qui te fut donner te surpris encore bien plus.

La capture était donc pour toi … On n’est jamais servi mieux que par soi-même et rien n’est mieux qu’un monstre pour capture un autre monstre. Tu avais donc des miliciens sous tes ordres… Punaise, tu n’es pas fait pour être chef, alors te donner ce rôle allait … Allait être très marrant. Tu baissas un peu la tête pour commencer à réfléchir de bien des manières. Ce rôle allait être très utile… Mais il fallait savoir comment. De nombreuses idées te passèrent à travers l’esprit, pas des idées que tu avais sur le moment, mais de très nombreuses idées que tu as eues sur le temps. En pensant comment vaincre c’est bête et comment en capturer une.

D’autres rôles furent donner, le thaumaturge, celui qui s’occupera des blessures après la bataille et avant la bataille. L’oracle qui s’occupera à de favoriser les dieux pour nous … Même si tu n’avais pas besoin de la faveur des dieux pour cela et qui aidera le Doc. Un valet qui nous aidera, un détenu… l’appât en clair. Le capitaine qui s’occupera de la navigation et qui n’obéira qu’au trésorier. Et lui, la boule qui s’occupera de nous observer. Il lança alors la balle au chauve qui allait s’occuper de gérer l’équipe.

Il commença à son tour à lancer son speech non pas pour encourager, mais donner des ordres à gauche et à droite. Super, tu pouvais parier qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. Il te donna un ordre à toi et tes miliciens, tu te tournas vers tes miliciens leur disant de rester en place, pour le moment, il était trop tôt pour faire de bêtise et faire n’importe quoi. Une fois ses ordres donnés et le départ lancé tu lui posas directement une question plus que claire. « Monseigneur de Terresang, en route pour l’aventure oui, mais vers où ? »Ta question fut aussi stupide qu’elle puisse paraître, avait une logique derrière une logique très importante. « Certes je ne suis pas celui qui donnera les ordres, mais c’est mon équipe et moi qui se chargera de capturer l’animal, et une chasse se prépare correctement. Nous n’allons pas poursuivre le premier fangeux qu’on trouvera épée lever en espérant le capturer vivant et en bon état. Choisissez l’endroit que vous voulez pour la chasse, ça m’importe peu, mais j’aimerais pouvoir vous donner mon avis sur la question avant que vous choisissiez si ce n’est trop demandé. »Tu te retournas alors vers tes miliciens. En espérant ne pas être avec une bande d’incapables.

- « Bien, je ne vais pas vous le cacher. Il y a des chances qu’on crève tous. Ce qui est logique. Mais je vais vous demander d’inscrire au fer blanc plusieurs choses dans votre tête. Premièrement, les fangeux sont des bêtes, rien d’autre. Deuxièmement, ceci est une chasse, rien d’autre. Troisièmement, le premier d’entre vous qui fuit pour survivre… Je ne lui en voudrais pas, mais le premier qui n’aide pas son camarade à moins que je lui donne l’ordre de fuir, je le tuerais de mes mains. On est littéralement sur le même bateau. On évitera donc le maximum de perte. Et quatrièmement … Je ne me répète jamais, donc écoutez bien. Maintenant les ordres. »

Tu tournas la tête vers Madame Delmorne et monsieur Ferbois. « Madame Delmorne, Monsieur Ferbois, j’imagine que vous allez faire l’inventaire de ce que nous avons. Prenez deux miliciens avec vous, ils vous aideront à faire le compte et écrivez-moi l’inventaire actuel sur une feuille. Et tout ce dont vous aurez besoin sur une autre, comme l’a dit seigneur de Terresang. Le valet se chargera de chercher ce qui vous manque. Mais moi, j’ai besoin de savoir ce dont avant tout et j’ai aussi des choses à demander. »Tu te tournas à nouveau vers tes miliciens pour élever le ton et donner tes ordres.« Je veux que deux d’entre vous, deux sachant lire et écrire correctement ou un minimum accompagnent dame Delmorne et Monsieur Ferbois. Une fois l’inventaire fait et écrit, vous me le rendrez sur papier avec rien qui ne manque et vous me rendrez aussi la liste de ce que nos génies auront besoin. Je devrais y rajouter ce dont on aura besoin. J’aurais forcément des choses à demander. Les autres vous vous occuperez d’aider le capitaine et son équipage CORRECTEMENT ! Le premier qui commence à agir comme un idiot, je l’enfermerais dans la même cage que l’animal qu’on capturera. Clair ? Maintenant, ceux qui veulent passer chez la prêtresse pour recevoir ses bénédictions, c’est maintenant ou jamais. Les autres vous avez du boulot. ALORS AU BOULOT ! » Nan, tu n’étais pas fait pour être chef, tu te tournas pour monter sur le pont supérieur pour voir le trésorier et le capitaine.« Voilà qui est fait. J’espère que ça ne vous a pas cassé les oreilles. Maintenant … Monseigneur de Terresang, vous avez une idée de notre destination ? »

Mon père disait que la patience est une vertu toujours récompensée. Je ne saurai dire s'il avait tort ou raison, pour l'heure, je me montrais patiente sans réellement me soucier d'une quelconque récompense… Probablement parce que mon propre esprit est beaucoup “logique” et pragmatique que le sien.

Ce n'est donc qu'une fois à bord du navire que je réalisais réellement ce qui se passait. Depuis mon coin, toujours aussi reculé, j'observais tout ce petit monde attroupé autour d'un tout petit bonhomme de forme sphérique. Nul doute que sa fortune devait aisément le protéger de la famine qui sévissait dans les bas-quartiers. Je me surpris même à penser qu’il ferait un mets de choix pour quelque fangeux déambulant à l’extérieur des murailles.

Sans m’en rendre réellement compte, j'en étais à compter le nombre d'épées, ne portant finalement qu'une oreille plus ou moins distraite au discours du gros homme. J'en saisis au moins l'essentiel, le but de cette expédition, évidemment, mais aussi le rôle qu'avaient à tenir chaque personne présente, dont moi…

“Le cerveau” Voilà un terme bien étonnant qui me poussait à m'interroger sur la nature même de celui-ci… Mon regard se porta vers l'homme en tunique sombre, j'avais entendu le bourgeois le qualifier de médecin… Donc, il s'agissait forcément d'un scientifique et à en juger par son âge, celui-ci devait avoir bien plus d'expérience que moi… Même si nos domaines de prédilections différaient quelque peu. Aussi me contentais-je de lui adresser un geste de tête respectueux, loin de moi l'idée de prendre au pied de la lettre les mots proférés par l'homme au nom étrangement imagé. Il faudrait être stupide pour ne pas reconnaître la sagesse, encore fallait-il prendre le temps d'observer convenablement, ce que je ferais, bien entendu.

Le discours terminé, le noble chauve prit la parole… Lui prenait visiblement son rôle parfaitement au sérieux et commença à distribuer ses ordres. Inutiles pour ma part, puisque ce qu'il m'ordonnait tenait de la logique… Je me demandais d'ailleurs si une cage enfermée dans un lieu sombre serait une riche idée… Mais enfin… Nous verrons bien, sans l'avoir sous les yeux, je ne pouvais réellement formuler d'hypothèse.

Encore un hochement de tête, lent de lassitude, mais assez respectueux et respectable pour me permettre de la garder encore un peu accrochée au reste de ma tête. Je n'ai jamais aimé les ordres, en particulier de ce genre-là, mais quelque chose me disait que j'allais devoir faire avec.

Vint ensuite au tour du jeune milicien de prendre la parole. Décidément… Son idée me déplut, simplement parce qu'il demandait à des non-initiés de prendre des notes à notre place. Non, vraiment, sauf si nous avions besoin de gros bras, la présence de miliciens dans une pièce probablement étriquée ne nous servirait à rien. Mais tant pis, autant ajouter un peu d'eau dans mon vin et acquiescer une fois encore. Je n'avais pas encore tous les éléments face à moi pour port et un jugement.

Ne nous restait plus qu'à découvrir ce fameux lieu de recherche et étude… La prison pour créature… Direction la cale, donc… Là où je découvris effectivement une cage aux barreaux façonnés dans un acier de qualité… Mais cela ne suffirait probablement pas. La force des créatures est impressionnante, je me souvenais d'ailleurs parfaitement de l’état des chaînes de Renaud… Enfin, plutôt du monstre qui avait prit sa place après sa mort. Sans me soucier de savoir si l'homme chargé de noter mes demandes était équipé ou non, je commençais mon inventaire.

-Il faudrait des chaînes supplémentaires, les plus résistantes possibles, déclarai-je en parcourant la pièce du regard. Deux ou trois tonneaux d'eau de mer, un soufflet de chaudronnier… Il servira de pompe si la créature a besoin d'être calmée.

Je fis alors le tour, des instruments présents, pour ma part, cela suffirait amplement… Restait une chose à régler. Mon regard se posa sur la seule et unique ouverture apportant qu'un faible rayon lumineux… Le seul étant naturel…


-Faites amener aussi une dizaine de miroir, ou des plaques d'acier lisses. Je voudrais aussi une plaque de verre, si vous pouvez en trouver, assez grande...

Placés aux bons endroits, les miroirs guideront le rai de lumière pile sur la cage de notre invité… Le verre quant à lui, servira à agrandir le fameux rayon… Peut-être ceci sera inutile, mais je n’aimais pas l'idée de laisser la moindre chance au hasard.

Je me tournais finalement vers le médecin, afin de savoir s'il lui fallait également quelque chose.

-Et vous monsieur, que vous faut-il ?

Tournée avec nonchalance vers son commanditaire, Pénélope l’observait d’un œil inquisiteur. La main droite sur la hanche et le pied dominant en avant, la belle aux cheveux marron écoutait Bombaysers pour comprendre le rôle qu’elle jouerait dans cette quête. Le résultat ne fut pas volé et ce fut avec assurance qu’elle acquiesçait aux paroles du bon monsieur enrobé. Il était tout naturel que cette œuvre n’aurait pu exister sans l’accord du Clergé et encore moins sans l’approbation des Dieux. Il fallait que cela dure ! C’était là son rôle : entrer en communion avec la Trinité et veiller à ce que leurs désirs ancestraux soient respectés, pour continuer à agir sous le regard bienveillant des trois Déités. Le rôle de Pénélope était pour ainsi dire le plus important !

Motivée par cette idée de rendre grâce aux trois grands puissants et d’en être la porte-parole privilégiée, Pénélope interceptait déjà les miliciens et mousses les plus croyants. Le sourire bienveillant de la femme accueillait les êtres les plus adorateurs, alors que ses yeux les invitaient à humblement s’approcher au plus près d’elle. Les mains humides d’eau salée, la prêtresse d’Anür pressait ses deux paumes contre les visages des superstitieux en récitant une phrase de façon générique.

« Qu’Anür veille sur toi pendant cette mission. Que Rikni guide ta lame et que Sérus rende ton regard clairvoyant ! »

Après quelques longues minutes, Pénélope avait béni de toute sa bonté et de tout son cœur les aventuriers du bateau. Place à sa seconde mission qui était de descendre dans la cale, son devoir était le suivant : Vérifier que tout cela soit fait selon les règles Cléricales.

Ebahie, la damoiselle écarquillait les yeux devant tout le matériel mis à disposition. Mais, son cœur se serrait étrangement en voyant cette cage, ces chaînes et autres instruments de douleurs disséminés par ci par là. Comment les Dieux avaient pu autorisés une telle création aussi abominable ? Parfois, Pénélope ne comprenait vraiment pas à quoi pensaient les trois Hauts, cependant, s’ils en avaient décidés ainsi, c’est que cela devait être utile et justifié. S’avançant vers Adeline, la dame de foi déclarait sobrement, cachant sa terreur intérieure vis-à-vis de toutes ces horreurs humaines.

« Allez-vous vraiment utiliser tout cela ? Les Fangeux sont-ils aussi dangereux qu’on le dit ? Je n’en ai jamais vus moi... »

La belle innocente réunissait ses deux mains tout contre son cœur et fermait ses yeux en demandant spirituellement aux Dieux, pourquoi avaient-ils permit de telles atrocités ?

« Vous pensez qu’ils souffrent, les fangeux ? »

Continuait-elle sur un ton interrogateur, question cette fois-ci destinée à tous ceux qui étaient présents dans la cale.

« Je n’aime pas faire souffrir moi... »

Encore une fois Pénélope se tournait vers Adeline. Son regard était plein d'empathie.

« Souhaitez-vous être bénie jeune demoiselle ?... »

Puis vers Lothaire.

« Et vous monsieur, voulez-vous de ma bénédiction ? »

Le regard de Pénélope était tout aussi empathique. A sa manière, elle souhaitait vraiment aider, car elle avait peur que les âmes de ces pauvres gens ne s'égarent... Soudainement la femme eut un léger soubresaut et fit une révérence. Elle plaçait sa main devant sa bouche et se mit à parler plus vite qu'il ne le faut, oubliant d'articuler.

« Excusez mon impolitesse ! Je me nomme Pénélope Mercuro ! Enchantée ! »

Le Thaumaturge…Lothaire ne trouvait rien à redire à ce titre, ça lui allait. Il se retourna vers la dénommée Delorme, ‘’l’Inventrice’’, un profil plutôt intriguant en somme. Ainsi donc, ça serra à elle de superviser les recherches, cela pouvait sembler étonnant de choisir une femme pour ce rôle mais étant donné la crise qui traversait le duché, c’était bien le cadet des soucis de Lothaire. Qu’importe, pourvu qu’elle se montre à la hauteur, se disait-il. Après tout, elle ne semblait guère arrogante comme certains gringalets tout juste devenus médecins qu’avait déjà rencontré le guérisseur.

Se retournant vers l’Oracle, il émit un léger sourire de travers. Ainsi donc, on leur avait enjoignez une garante de caution envers le Clergé, histoire de s’assurer de la ‘’légalité religieuse’’ de l’affaire. Si en soit Lothaire était un croyant convaincu en la volonté des Trois, son obstination à voir en la Fange une épreuve divine lancée à l’Humanité pourrait faire grincer certaines dents chez ceux qui semblaient perdre foi. Et le fait de concevoir que cette épreuve se doit d’être remportée, non par une infinie dévotion et une résignation fataliste, mais par une quête de recherche d’un savoir divin à travers l’étude de ces macchabées pourrait achever de mettre en colère certains clercs peu enclins au mysticisme et à la gnose. Ne disais-t-on pas que les voies des Divins étaient impénétrables ?

C’était pour la tâche que tous à présent s’apprêtait à accomplir, lui le premier. Au-delà du prétexte de soigner la Fange, c’était bel et bien un décryptage des intentions d’Anür, de Rikni et de Sérus qui allait être entamé. L’humain se rapprocherait enfin un peu plus du divin, l’harmonie envahirait notre peuple, la maîtrise des passions, la discipline, la justice et l’amour de la connaissance s’imprimerait en chacun de nous alors, peu à peu…Sans doute Lothaire avait conscience que cela devenait de plus en plus hypothétique, qu’il se perdait en conjoncture, mais une chose demeurait fermement imprimé en lui concernant la quête de cette élixir contre la Fange. Sa famille serait enfin vengée, il aura alors trouvé la paix…

Monseigneur de Terresang, notre trésorier, et le Sire Algon lui avait donné pour instruction d’aller préparer un inventaire complet du matériel présent ainsi que de tout ce qui pourrait manquer dans la cale du navire pour les expérimentations, en compagnie de Delorme. Deux miliciens lettrés chargé de prendre des notes les suivaient à présent, c’était toujours ça de moins à écrire. Descendant la cave pour explorer la cale, Lothaire examina l’endroit. Lui vient la pensée qu’il leur faudrait des piques pour tenter de contrôler la bête à travers les barreaux de la cage, même si des lames courtes seraient plus utiles si elle s’échappait. Enfin, c’était déjà penser au pire.

-Il faudrait des chaînes supplémentaires, les plus résistantes possibles. Deux ou trois tonneaux d'eau de mer, un soufflet de chaudronnier… Il servira de pompe si la créature a besoin d'être calmée.

La jeune femme s’était exprimée sans ambages, elle savait parfaitement l’effet du sel sur ces sales bêtes ainsi que leur réticence à s’approcher des côtés. En détournant un simple soufflet, on se retrouvait avec un moyen de dompter la goule efficacement sans prendre trop de risque. Un petit sourire semblait presque pointer du coin des lèvres du médecin, elle lui plaisait bien. C’était clairement plus rusé que d’user de piques et de glaives dans la soute d’un navire.
-Bonne idée, Dame Delorme. Il nous suffirait de mettre en charge de cet appareil un des miliciens qui nous est accordé. A la moindre menace, il activera le mécanisme.
Il commençait à se demander si celle-ci n’avait pas déjà eu directement contact avec ces maudites créatures lorsqu’il remarqua la manière dont elle fixait son regard sur l’ouverture de la cale.

-Faites amener aussi une dizaine de miroir, ou des plaques d'acier lisses. Je voudrais aussi une plaque de verre, si vous pouvez en trouver, assez grande...

-Et vous monsieur, que vous faut-il ?

Souhaitait-elle tester l’effet du soleil sur cette infamie à forme humaine ? Après tout, d’aussi loin qu’il puisse se souvenir concernant les centaines de témoignages qu’il avait recueilli aux sujets de ces bêtes, elles semblaient toujours préférer l’obscurité pour attaque, osant parfois fureter aux abords du faubourg. A présent, on pourrait enfin en avoir le cœur net.

-Malin, vous souhaitez étudier l’effet du soleil sur ces fangeux car après tout, ne ditons pas qu’elles n’attaquent que de nuit et se réfugie dans les marécages aux premières lueurs du jour ?

-Mais j’aurais une théorie complémentaire à proposer, s’il ne s’agit pas du soleil qui les fait fuir, peut-être qu’à l’instar de nous autres, humains, ces créatures ont également besoin de dormir ? Pour en avoir le cœur net, je préconise d’empiler une réserve de torche prête à l’emploi et de tenter de la garder la plus longtemps éveillé, pour voir si elle peut s’épuiser faute de repos et éventuellement voir si le temps passer à dormir diffère du notre.

Attendant sa réponse, le Docteur fit quelque pas avant de se retourner, voyant la jeune prêtresse rejoindre la cale du navire. Elle ne semblait pas vraiment emballer par la présence de la cage et du reste du matériel mis à disposition.

-Allez-vous vraiment utiliser tout cela ? Les Fangeux sont-ils aussi dangereux qu’on le dit ? Je n’en ai jamais vus moi...

-Moi à deux reprises. La première fois, elles ont …

Lothaire s’interrompit à l’instant, se rendant compte du caractère éminemment privé de l’information qu’il allait révéler sur lui-même. Il n’arrêtait pas d’y penser, cela lui a paru naturel d’en parler sur le coup.

-Disons que je m’y suis cassé les dents pour arrêter la dite-créature, enfin dire les doigts seraient plus exacts.

Bien qu’il ait miraculeusement récupéré concernant ces poings, un œil attentif porté sur ces phalanges y remarquerait des cicatrices discrètes. Encore aujourd’hui, Lothaire ne s’expliquait pas comment il avait pu trouver la force de tuer la bête. Tout ce dont il se souvient à vrai dire, c’était la douleur de ces poings en sang et le cadavre des deux femmes de sa vie allongées sur le sol. Il s’était ensuite réveillé quelque part au Temple, pris en charge par du personnel qu’il connaissait vaguement.

Merdre, il y repensait encore. Ces pensées accablantes arrêteront-elles de le tourmenter un jour ?

-Et la seconde fois, j’ai dû rafistoler en urgence une brave jeune fille beaucoup trop téméraire. Leurs coups de griffes ne pardonnent pas.

*J’y ai également perdu un beau manteau, au passage.* se dit Lothaire, mais c’était de gaieté de cœur qu’il l’avait donné pour couvrir les habits déchirés de la rouquine.

-Vous pensez qu’ils souffrent, les fangeux ? Je n’aime pas faire souffrir moi...

-Oh, bonne intervention de votre part, sœur Mercuro. Je n’avais pas pensé à étudier la sensibilité à la douleur de ces réanimés. Je suppose qu’on pourrait la piquer avec une lance, un instrument prévu à cet effet ou la brûler avec un tison chauffé pour observer ces réactions. Peut-être ne ressent-elle pas vraiment la douleur ? Ou peut-être cela la rends-t-elle folle de rage à force de s’y prendre ?

Le Ferbois n’avait guère prêté attention à ce qui s’apparentait à une sensibilité exacerbée chez la jeune prêtresse, considérant qu’entre ‘’professionnels’’, il n’avait guère à prendre des gants.

Elle se retournait alors vers la femme de science en charge, la fixant du regard et lui proposant une bénédiction. Elle se retourna ensuite en direction de Lothaire pour lui proposer de même.

-Souhaitez-vous être bénie jeune demoiselle ?... Et vous monsieur, voulez-vous de ma bénédiction ?

Elle fixait à son tour le regard sec et fatigué du guérisseur. Il y avait quelque chose de passionné et d’innocent dans son regard, quelque chose qui respirait la gentillesse. Quelque chose de beaucoup trop rares en ces temps si sombres et désolés. Elle émit une courte révérence avant de se présenter.

-Excusez mon impolitesse ! Je me nomme Pénélope Mercuro ! Enchantée !

Lothaire ne put s’empêcher d’émettre un nouveau sourire devant la jeune prêtresse. Faisant un court mouvement de tête, il répondit :

-De même, Lothaire Ferbois, guérisseur. Et voici Dame Delorme, si je ne fais pas erreur. J'avoue en revanche, ne pas connaître sa profession, ça serra à elle qu'il faudrait demander. Ah oui, j'oubliais, c'est un oui pour la bénédiction.

Les présentations faites, Lothaire décida jugea bon d'accomplir sa tâche, s'arrangeant pour vérifier l'état de chaque pièce de matériel avant de le faire figurer dans le registre. Quand aux propositions d'utiliser un soufflet combiné à deux tonneaux d'eau de mer, des miroirs censés réfléchir la lumière du soleil, une plaque de verre, de divers instruments de torture dont un tison et un paquet de torches, toute furent notés par les deux scribes improvisés.

Au moins, ça faisait déjà une tâche de moins. Lothaire s’apprêtait donc à remonter la cale du navire, pour rejoindre les deux autres hommes sur le pont. Non pas que de la compagnie féminine le dérangeait, mais il était à présent envahi de détermination et, cela faisait bien étrange à admettre pour un homme ayant passé plusieurs semaines à stagner au cours de ces recherches, d'excitation pour cette toute nouvelle aventure.

S'appuyant contre le bastingage, il ferma les yeux et ouvrit la bouche, emplissant ces poumons de l'air marin, profitant un petit instant de ce moment de calme et de sérénité. Car à présent, c'était une toute nouvelle étape qui s'annonçait, tout était près pour accueillir leur futur invité, il ne manquait plus à présent que la dite-bête. Et son instinct lui soufflait que ça n'allait avoir rien d'évident comme mission.

Tandis que je m'occupais d'inventorier le matériel dont j'aurai probablement besoin pour plus tard, le guérisseur se permit une hypothèse à laquelle je n’avais jamais pensé : le sommeil des fangeux. De part mes propres observations, certainement trop courtes et trop personnelles, j'estimais que les créatures n'éprouvaient pas ce besoin de repos… Mais pourtant… Ils se nourrissaient. Du moins, c'est ce que l'on pouvait croire, même si je ne voyais là qu’un instrument d'éradication humaine apporté par une volonté divine aussi cruelle de capricieuse. Néanmoins, une théorie ne restait qu'hypothèse tant que celle-ci n'est pas prouvée. Aussi, en bonne scientifique, je me devais de toutes les considérer et celle proposée par monsieur Ferbois n'avait rien de stupide.

-J'avoue ne pas y avoir pensé, mais cela me semble tout à fait valable. Seulement, je doute que cela soit vérifiable en une seule journée…

Voilà donc qui soulevait une autre problématique : la durée de la mission. Nous n’avions qu'une seule journée pour piéger, capturer, étudier et ramener l'une de ces abjectes créatures… Le temps allait certainement nous manquer quelque part…

-En réalité, je me suis surtout demandé : pourquoi le sel ? D'un point de vue chimique, celui-ci n'a rien d'agressif, sauf pour toute matière humide inadaptée. L'on dit que la peau des fangeux ressemble à celle des grenouilles… Celles-ci ont besoin d'humidité pour survivre. Le soleil comme le sel assèchent dangereusement leur peau au point même de menacer leur vie. Je n’affirme pas que ce soit aussi le cas pour ces créatures, mais je voulais vérifier...

Soucieuse du moindre détail, je laissais mon regard parcourir, une fois encore, tous les instruments étalés sur la paillasse. D'un point de vue extérieur, aucun de ces outils n’était en lien avec la science, du moins, pas celle que je pratiquais depuis bien des années. Ne se trouvait là qu'un ensemble d'instruments de torture devant servir à la science d'une façon fort peu engageante que je tentais, bien malgré moi, d'imaginer… Et visiblement, je ne fus pas la seule à le remarquer.

- Allez-vous vraiment utiliser tout cela ? Les Fangeux, sont-ils aussi dangereux qu’on le dit ? Je n’en ai jamais vu moi... m'interpella une petite voix hésitante.

Silencieuse, mais surprise, je me retournais vers la jeune prêtresse. Celle-ci semblait douce et encore trop naïve… Probablement trop fragile et innocente pour se trouver dans ce bateau. J'avais sincèrement envie de lui répondre, néanmoins, je craignais de ne pas avoir les mots justes, ceux qu'elle voulait probablement entendre pour être rassurée… Comment un monde aussi pourri jusqu'à la moelle et hostile pouvait permettre à ce genre de personne de survivre ? La réponse était simple : à l'abri des murailles de Marbrume… Or, là, elle s'apprêtait à en perdre leur protection…

-Je ne sais pas encore ce qui nous sera utile ou non, ma dame. Mais, à supposer que ces créatures réussissent aisément à décimer la population humaine, je pense pouvoir affirmer que oui, ils sont réellement dangereux.

Je trouvais inutile de lui dire que pour ma part, j'ai effectivement la possibilité d'en voir un de près. L'un de ces nouveaux nés au visage cruellement familier. Mon esprit torturé ne put s’empêcher de revenir à ce moment-là, lorsque mon tendre frère rouvrit ses yeux ternes pour m’observer longuement, avant de vouloir m’attaquer… Mais même si je ne dis rien, veillant à ne rien laisser paraître de mon trouble, un oeil observateur pouvait clairement me voir frissonner lorsqu'elle évoqua leur sensibilité à la douleur…

Souffraient-ils ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais…

-La douleur fait partie intégrante de l'instinct de survie et de préservation. S'ils fuient d’eux-mêmes certaines choses et pas d'autres, c’est qu'elles doivent avoir un impact plus ou moins important sur cette capacité de souffrance. Mais je doute qu'elle soit la même que la nôtre. Nous sommes bien plus fragiles que ces monstres. Beaucoup plus vulnérables et beaucoup moins téméraires qu'eux.

Elle n'aimait pas faire souffrir… Pensait-elle que c'était notre cas, à nous ? Je ne pouvais affirmer la même chose pour le guérisseur, même si provoquer la souffrance allait à l'encontre de son objectif premier qui avait tout l'air d'une vocation , néanmoins…

-Nous sommes là pour comprendre, ma dame. Même si nous voulons tester ses résistances à la douleur, croyez bien que ce n’est pas de gaité de coeur. Je ne suis pas un bourreau.

Je tentais de lui offrir un sourire rassurant, même si l'exercice me parut bien peu naturel. J'en avais perdu l'habitude, le réflexe… Mon visage ne manifestait guère d'émotions depuis ce jour… Aussi, mon rictus devait prendre des allures de grimaces inquiétantes qu'il valait mieux oublier. Celui-ci s'effaça d'ailleurs, plutôt brusquement, lorsque la prêtresse me proposa sa bénédiction… Quel intérêt ? Pourquoi ? Non… Pas pour moi… Je profitais donc de l'intervention de monsieur Ferbois pour m'éclipser à l'extérieur. Loin de moi l'idée de me montrer impolie, mais je ne tenais pas à devoir quoique ce soit à la bonne volonté des dieux. Qu'ils observent, ils ne sont bons qu'à ça… Provoquer des catastrophes puis regarder les pauvres âmes que nous sommes se débattre… Non… Hors de question.

"Une destination ? Oui, j'en ai une mais cela vous concerne." Il s'approcha doucement de Cross et lui dit avec un léger sourire."Je ne veux pas d'un petit milicien qui joue au chef sur ce navire qui est désormais sous mon commandement, restez à votre place, écoutez les ordres et agissez en conséquence, comme l'a si bien dis messire Bombaysers, je suis un Sang Bleu et même si je n'aime guère user de mon autorité ainsi, je vous serais gré d'agir en gentil milicien, ce qui veut dire  Agir et laisser les grands réfléchir. Vous avez peut être un grade et une réputation aux casernements mais ici c'est le noble qui dirige, vous, vous exécutez les ordres tout simplement. Si je revois une once d'ordres en contradiction avec les miens ... ce n'est pas ces miliciens qui iront dans la cage mais bien vous, et vous irez faire de la plongée avec, est-ce clair ? "

Il se recula tout en observant la réaction du milicien qu'il venait d'alpaguer de la sorte et eut un grand sourire après cette interruption.

"Maintenant que tout est au clair." Il se tourna vers les miliciens.
"Vous êtes peut être sous l'autorité de messire Algoln mais ici c'est moi qui commande en premier lieu, trois d'entre vous rejoindront donc la cale avec pour instruction de protéger les scientifiques et la prêtresse, les autres vousirez capturer la bête dont je laisse le soin au Sergent Algoln d'établir un plan, vous ne vous occupez pas de l'équipage, ni de notre destination, ce bateau à un équipage et un capitaine et ils servent à cela, que je sache vous n'êtes pas des miliciens marins."

Il vit alors l'arrivée des deux miliciens dont le "Preux" Algoln avait demandé la liste de ce qu'il faudrait aux chercheurs en bas, il prit alors cette dernière et eut un demi-sourire, il faudrait presque une heure pour tout récupérer avec les seuls bras du jeune homme. Il se tourna vers le Valet qui attendait derrière lui et le capitaine.

"Viens, je te prie." Lui dit-il avec une voix qui se voulait amicale et non pas autoritaire comme elle l'était il y a quelques minutes.

Il lui mit sa main prothétique sur l'épaule et lui montra le parchemin, ce dernier était étonné par ce qu'il voyait très certainement.

"Tu ne seras pas seul... vas à ma Résidence, demande l'Azuréene Alaïne de Meutesang, dis lui que le Seigneur de Terresang demande quatre membres de l'Astre d'Azur grands et forts pour t'aider à récupérer tout ce matériel. Ne t'en fais pas, nous ne partiront pas sans toi alors vas y vite.

Il se tourna alors vers le capitaine et le milicien en chef.

"Avec ce navire nous pouvons allez où nous le voulons à travers les côtes de Marbrume et du Morguestanc, nous accostons en un lieu donné et pendant ce temps messire Algoln ,qui aura tôt fait de construire un plan, partira en chasse." Il regarda le capitaine "Avez vous une carte de la région ?"


[HRP : Avec l'autorisation de Zizanie, je poste, considérez ce tour comme terminé !]