[Terminé][Quête]Le bon, La brute et le Fangeux [Adeline Delorme, Alexandre de Terresang, Lothaire Ferbois, Cross Algoln, Constance Hillaire]

Un vent de fraîcheur soufflait sur cette petite compagnie, vent incarné par la jeune et jolie prêtresse toute en formes et en rondeurs maternelles. Les Trois avaient un humour particulier pour ainsi confronter la vie en devenir à la mort qui sommeille, mais peut-être était-ce un signe finalement. Qu’Ils veillaient sur leurs sujets de leur royaume céleste et que rien ne pouvait échapper à leur attention ni à leur contrôle.

Quoi qu’on en dise, bombaysers était rassuré de voir une femme prendre la tête des opérations. Une femme à poigne à la tête bien pleine et à la voix ferme et pleine d’assurance.

Citation :: Jet d’autorité

- Charisme de Constance : 18
7 réussi

Quelques mots prononcés avec suffisament de ferveur eurent autant d’effet sur les hommes que tous les précédents discours, ces derniers s’activèrent et non sans avoir fait leurs derniers adieux à leurs camarades mirent en place le bûcher qui mènerait leurs âmes jusqu’au portes du royaume d’Anür, les arrachant ainsi à la fange qui sommeillait désormais en eux.

La cérémonie fut célébrée dans l’intimité des soldats endeuillés pendant que la dépouille du jeune Baptiste était emmenée à fond de cale. Parmi les hommes pourtant bien braves, nombreux furent ceux qui versèrent une larme tantôt discrète tantôt moins dissimulée. Ils avaient été frappés dans leur chai et bon nombre d’entre eux n’avaient connu que la caserne et les épées de bois, ce baptême du feu était tout ce qu’il y a de plus sordide. Aucun ne n’oublierait jamais.

* * * * *

À bord les discussions allaient bon train et le Traumaturge opérait avec un sang froid et une précision glaciale, que dire si ce n’est qu’aucune précaution n’était superflue? Chaque coup de marteau produisait un bruit humide et écoeurant tandis qu’un sang carmin abreuvait copieusement le sol de la calle. On put entendre un soldat peiner à retenir ses hauts le coeur, mais qui pouvait lui en vouloir? Baptiste, leur sujet, pouvait très bien être un ami, un frère, qu’en savaient-ils?

Une fois leur sujet proprement amputé et édenté de lourdes chaînes vinrent lui barrer le torse, doublées et croisées dans autant de précautions qu’ils en avaient peur. Et à raison, comment prévoir la réaction du monstre lorsqu’il se verrait débouté de toutes ses armes naturelles?

Le détenu lui voyait son destin vaciller sur le fil du rasoir, pouvaient-ils se passer d’un sujet comparatif? Bombaysers haussa les sourcils en voyant les regards que s’échangeaient le guérisseur et le noble, inutile d’être devin quand l’on voyait la manière dont ils regardaient la cage du Détenu. C’était une mauvaise idée, mais il savait que son avis ne serait pas entendu aussi le garda-t-il pour lui. Après tout, ces gens étaient parfaitement capables de prendre des décisions, et d’en assumer les conséquences.

Le petit groupe et son Oracle réuni face à la cage, le plus long fut l’attente, interminable. Et à mesure que le temps passait les questions se posaient, se réanimerait-t-il tout court? Ou bien avaient ils manqué le véritable mécanisme de cette sordide malédiction?

Une heure passa, les plaies du malheureux avaient cessé de goutter et le silence était devenu palpable, presque tangible, quand un râle guttural s’échappa de la gorge meurtrie de feu Baptiste. La créature ouvrit lentement les paupières pour dévoiler deux yeux aux blancs jaunis et injectés de sang, calmement, froidement.

Ils assistaient à la naissance d’un mort, et celui-ci, n’était pas ravi du tout.

Citation :: Tentative d’évasion

- Force du Fangeux : 6 (Malus de -5 pour Amputations multiples)
10 échec

Les chaînes firent bien mieux leur travail que les filets et la bête hurla son mécontentement, aspergeant les barreaux de sa cage ainsi que les alentours du sang encore présent dans sa bouche.

Citation :: On rentre dans le vif du sujet, à vous de jouer! Faites vous plaisir, je vous fais confiance pour me surprendre et inventer des horreurs auxquelles je n’aurais pas pensé!

Adeline à toi l’honneur de commencer pour ce tour-ci, pas d’ordre pour le reste d’entre vous!

Bon jeu à vous!

Prochain mjitage le : 10/02

Il y avait, à mon sens, bien trop de monde dans cette “pièce” à présent silencieuse. Une fois encore, je restais dans mon coin, observant simplement la dépouille du milicien, amputée et enchaînée comme l'aurait été une carcasse animale dans l'arrière-boutique d'une boucherie. Ce temps me ramena à un autre, pas si lointain, où j'étais seule face à un cadavre bien plus familier. Loin de me laisser influencer par mes souvenirs, je décidais plutôt de prendre des notes, croquant sur papier notre bien misérable sujet d'étude. J’y décris le moment d'arrêt des saignements… et puis ce fut tout. Il n'y avait malheureusement pas grand-chose à observer et ne restait rien d'autre à faire qu'attendre…

Quelle incertitude, cela dit, rien ne pouvait nous permettre d'affirmer que l'homme mutilé reprendrait vie. Et pourtant. Ses yeux s'ouvrirent lentement pour nous offrir un regard déjà vu auparavant. Ainsi donc, même privé de son âme et de son fluide vital le corps s'animait… Sa réaction fut la même que celle de Renaud. Sombre observation d'abord, calme, posée... avant de se débattre avec une vigueur heureusement maîtrisée. J'annotais le tout dans mon carnet avant d'approcher de la cage pour mieux me rendre compte de la chose…

Il y avait tant de tests à effectuer, d'observations à reporter… Mais trop peu de temps pour cela en sachant que nous avions déjà perdu un temps considérable… Le bateau nous offrait la protection de la mer, nous préservant ainsi d'une éventuelle attaque tout en nous garantissant une possibilité de fuite… Bien que ce fangeux là aurait bien du mal à courir.

-Avant toute chose, je pense qu’il serait bon de nous offrir plus de temps, lançais-je à l'attention du trésorier.Si c'est une question de monnaie, je peux également participer. C'est une opportunité qui ne se représentera pas de sitôt après tout.

Des idées d'expériences, j'en avais des tas et je ne devais pas être la seule. Je me tournais ensuite vers le thaumaturge, cherchant son aval dans son regard.

-Cela ne fait pas partie de mon domaine d'étude habituel, mais… Je serai curieuse de savoir si la créature peut cicatriser… Ses plaies sont nombreuses et profondes… Ma curiosité me pousse à m'interroger sur ses besoins... A-t-elle besoin de boire et réellement de se nourrir, peut elle mourir de soif ou de faim ? Son régime alimentaire particulier est-il nécessaire ou… se nourrit-elle de nos chairs pour d'autres raisons, s’il en est ?

Ceci valait pour les études à long terme… Ma main glissa jusque dans mon sac pour en tirer une petite fiole au contenu encore instable… Soufre, sel et salpêtre… Une nouveauté jamais testée puisque je ne pouvais décemment pas mener ce genre d'expérience en plein cœur de la cité. Je ne pouvais donc prévoir son efficacité… Ni même savoir comment le mélange allait réagir une fois la mèche allumée. Je me contentais donc de l'observer tout en réfléchissant, avant de la ranger dans ma besace.

-Nous savons à présent qu'ils réagissent au sel… C'est ce que l'on dit du moins. Mais rien ne nous indique la nature de cette réaction… Il serait peut-être bon de commencer par là? Qu'en pensez-vous monsieur Ferbois ?

Et puis… que se passerait-il si nous combinons le sel à d'autres matières ? Là aussi, mes idées étaient probablement plus nombreuses que les moyens et le temps dont nous disposions. Certaines légendes anciennes évoquaient, par exemple, la sensibilité de certaines créatures mythiques à l'argent… À certaines herbes rares… Et autres substances plus ou moins réalistes… Néanmoins, pour l'heure, nous devions faire avec les moyens du bord, en y allant étape par étape pour ne pas tuer, trop rapidement, notre seul et unique sujet…

les opérations se firent en toute rapidité par le médecin de bord, c'était absolument horrible même pour un vieux loup comme Alexandre, il en avait vu des horreurs … il en avait commis également mais là, amputer un pauvre gamin qui n'avait rien demandé de plus que aider sa cité, s'en était trop. On l'avait choisi pour devenir le sujet d'expérience du groupe … voilà comment était récompensé la loyauté mais il ne disait mot, le bruit horrible de la scie tranchant les chairs et du marteau brisant les dents était assez évocateur comme cela, il en avait même vu parmi les miliciens sangloter mais même si c'était immoral de faire cela … il fallait bien le faire pour le bien du plus grand monde.

Il se détourna de la scène de boucherie pendant qu'on harnachait de lourdes chaines le pauvre homme et il se mit à observer le détenu … si il avait agit comme chef d'expédition et comme stratège plutôt que de laisser le gamin qui servait de chef militaire à bord, il aurait écouter le médecin et ce serait servit du détenu … peut être que douze miliciens n'auraient pas perdu la vie et l'une des victimes ne seraient pas dans cette cage … si l'on devait trouver un nouveau sujet d'expérience, Alexandre n'hésiterait pas … il utiliserait le condamné.

Le Vicomte allait remonter sur le pont tellement que l'entente était interminable, peut être fallait-il recommencer après tout, peut être que tous s'était trompé sur le mode de transformation de ces horribles créatures mais il entendit un cri horrible… du sang lui arriva aux chausses … ah, bon … en fait, il est réveillé. Il écouta alors la jeune Adeline, oui, plus de temps mais comment ? Il devrait peut être parler au capitaine … hm, il se mit à réfléchir … il avait quelques écus sur lui et une bourse complète que l'un de ses Azuréens lui avait donné quand il est venu rapporter le matériel de l'alchimiste… bien, soit !

« Il nous faut donc plus de temps … je vais en discuter avec le capitaine. »

Puis il partit sur le pont en toute hâte, il était vrai que la journée était déjà bien entamée et cela ne suffirait jamais à trouver un moyen de combattre ces choses … il passa alors entre les marins qui s'affrétait sur le navire, la plupart auraient de mauvais souvenir de cette journée mais qu'importe, Alexandre aussi aurait sa semaine de cauchemar après cela, il arriva enfin près du capitaine et ouvrit alors la bouche.

« Capitaine, nous avons besoin de plus de temps … nous sommes sur votre navire, vous êtes le seul maître à bord mais je vous demande de nous aider dans notre quête, 24h c'est beaucoup trop peu, je vous propose un écu d'or si vous vous laissez encore deux jours pour faire une découverte, si d'ici là nous avons rien, je vous redonnerais deux écus pour deux jours de plus + cinq pistoles par jour de nourriture en moins. »

Constance semblait légèrement épuisée, il fallait dire que pour une femme enceinte, autant d’effort n’était pas forcement quelque chose de raisonnable. Silencieuse, elle s’était mise un peu en retrait, observant sagement l’homme qui allait devenir fangeux, parce qu’elle n’avait aucun doute sur la question, parce qu’elle savait, elle sentait qu’il finirait par se transformer. Pour en avoir déjà vu, une transformation pouvait être très rapide, comme très lente, il ne semblait pas avoir de règle fixe pour ce type de danger, ce type d’évolution. Une main sur son ventre, savourant les mouvements de son bébé, profitant de cette légère coupure pour s’amuser à ‘communiquer’ avec l’être qui évoluait dans son ventre, Constance tapotait sagement un endroit sur son ventre, pour sentir ensuite la peau s’étendre à ce niveau-là. La balafrée ne semblait guère néanmoins à s’attarder sur ce petit jeu, consciente que quelque chose qui nécessitait toute son énergie n’allait plus tarder à se dérouler. Le groupe semblait dans une attente nerveuse, presque lourde, étouffante. Toujours sans prononcer le moindre mot, la prêtresse avait attendu, se redressant légèrement pour enfin voir les premières indications. Les blessures ne saignaient plus, les plaies pouvant encore apporter la mort s’étaient refermées, et là, oui là ce fut le moment ou le fangeux nouveau-né avait ouvert les yeux.

La clerc n’eut aucun mouvement de recul, ou d’émerveillement, ou de trouble, elle avait semblé rester stoïque face à la situation, comme si cela ne la touchait pas, comme si cela n’avait pas d’importance ou que le plus important était maintenant à jouer et d’ailleurs, c’était le cas : le plus important était à faire. Naturellement, presque spontanément elle avait laissé le groupe accepter l’idée de cette transformation, observer, elle avait haussé un sourcil en constatant que certains liens n’avaient pas résisté à la créature qui pourtant n’avait plus grand-chose pour blesser, pour tuer, ou pour se débattre. La seconde femme de l’expédition avait pris presque naturellement la parole, semblant particulièrement fascinée par l’ensemble. Elle voulait rester plus longtemps, parler argent, c’était des choses qui n’avaient jamais eu de grande importance pour la prêtresse, si bien qu’une nouvelle fois, elle n’apporta aucune réaction.

La suite des interrogations ne semblèrent guère obtenir plus d’intérêt pour celle qui soignait depuis presque le début de la fange les blessures de celle-ci. Presque sans s’en rendre compte, la représentante du culte lâcha un bref petit soupir, il allait falloir prendre des décisions et surtout se concentrer sur ce qui lui semblait être le plus important : trouver des faiblesses, si les créatures avaient des faiblesses. Elle n’avait eu de cesse d’entendre parler du sel, sans jamais voir quoi que ce soit de type de ses propres yeux, prenant une grande inspiration, elle avait fini par s’approcher de la cage pour le contourner, avant de s’intéresser au prisonnier. Détaillant celui qui était voué à mourir, sans réellement savoir quand, la petite blonde lui adressa un sourire.

- « Qu’avez-vous fait pour être ici, monsieur ? » lui demanda-t-elle curieusement « Que pensez-vous de la créature, avez-vous déjà été mordu, ou en avez-vous déjà rencontré ? »

Constance savait pertinemment que cet homme finirait par mourir, pour autant sa gentillesse la poussait à communiquer, à obtenir son avis, peut-être qu’il pourrait être utile autrement que la mort ? Ou peut-être envisageait-elle à provoquer une morsure pour avoir la certitude de ne pas le voir se transformer vivant, ou peut-être de voir jusqu’où la créature s’intéresserait. Prenant une légère inspiration, encore, et passant son pouce sur son ventre particulièrement arrondi, elle s’avança jusqu’au groupe, laissant le noble discuter en amont avec le capitaine.

- « La fange ne s’alimente que de l’Homme » fit-elle d’une voix forte « Elle ne touche pas les animaux et nous n’en avons pas pour confirmer ce fait, hormis les observations de la milice régulière de l’extérieur. » souffla-t-elle sans arrêter son geste au niveau de son ventre « Partons du principe que nous ne savons rien voulez-vous, je ne crois pas aux rumeurs, je ne crois que ce que je vois lorsqu’il s’agit des fangeux, je commence même à supposer que chacun à ses faiblesses, et que chacun réagit différent, comme nous, les hommes. Nous avons des points faibles différents, mais néanmoins des points communs importants, c’est ceux-là que nous devons trouver. » elle observa la jeune femme « Nous devons nous mettre d’accord tous ensemble sur les choses à tester, il faudra également transformer le prisonnier, ce fangeux-là est faible, peut-être qu’à cause de son état il ne réagira pas de la même manière qu’un autre en pleine possession de ses moyens. Ne vous méprenez pas, le second il faudra le blesser aussi, nous ne faisons pas le poids face à un fangeux ‘normal’. »

Elle abandonna le prisonnier derrière elle, restant concentrer sur le pourquoi le temple l’avait envoyé et surtout pourquoi elle. Constance s’occupait de la fange depuis le début, accompagnait les blessés dans la mort et se retrouvait mort à mort toujours plus affecté, toujours plus dépassé par les créatures qui étaient bien trop résistantes. Arrivant devant la créature qui semblait s’enrager avec toujours plus de force, elle laissa ses doigts effleurer les barreaux de la cage, détaillant avec plus de force le fangeux, celui qui semble si humain est pourtant si agressif.

- « Oublions tout ce qui touche à l’esprit et les souvenirs, visons les points faibles communs. Je suis d’accord pour commencer par le sel, peut-être l’eau salée d’abord, sur la peau, sur les blessures ou les anciennes, puis en lui faisant avaler. Nous savons qu’il se cache dans l’eau des marais sans la moindre problématique, mais pas dans la mer… Le sel aurait donc un impact… Reste à savoir de quelle manière et si il est si important que ce que les murmures chuchotent. Avez-vous d’autres idées ? Êtes-vous d’accord pour débuter par le sel ? »

Constance Hilaire a écrit:

Constance cherche à en savoir davantage sur le prisonnier, pensant qu'il a peut-être des informations sur la fange.
Elle recadre en précisant qu'il faut trouver les points faibles de la fange et s'accorde sur la proposition d'Adeline d'étudier les réactions avec le sel.

-Il en est hors de question. Nous ne pouvons pas user de cet homme comme bon nous semble.

Pour paraître incongru, la réponse pouvait l’être venant du seul à avoir proposé d’utiliser le prisonnier comme appât. Pour celui avoir à ce point étudier sur la Fange, à avoir passé des nuits blanches à décrypter des centaines de témoignages, à se faire procurer tel ou tel prétendus reliques de fangeux et ainsi de suite. Pourtant, c’était bien de la bouche du guérisseur aux tempes grisonnantes qui venaient de parler.

-Croyez le bien, j’admire à toutes les deux votre dévotion concernant ces expérimentations pour étudier ces maudites goules mais je me refuse à mettre fin à une vie humaine de sang-froid. Ce n’est pas pour ces valeurs-là que j’ai appris les arcanes de l’art médical.

Mensonge ou demi-vérité ? Il n’avait pourtant pas hésité à condamner de ces propres mains ce maudit damné de Gondoval, un fol lui ayant planté son carreau d’arbalète dans la jambe. La fureur en avait fait un autre homme, on aurait peine à croire qu’il s’agissait du même homme. Luttait-il contre quelque chose de profondément enraciné en lui ? Quelque chose d’assurément bien plus sombre et violent que ce que laissait entrevoir ce médecin, veuf éploré et si magnanime dans les soins qu’il distribuait au Temple.

-Si je suis celui qui a proposé d’utiliser notre prisonnier comme appât, c’était dans le but de limiter le nombre de possibles victimes, non de considérer certaines vies comme remplaçables. Tout comme je regrette que mon plan n’ait point pu être accepté, je refuse d’être celui qui tuera cet homme ou d’y contribuer. Les autres cadavres auraient pu être utilisés pour …

Il s’interrompit. Etait-ce la prise de conscience qu’il dépassait les bornes, qu’il insultait quelque part l’honneur et la valeur des miliciens s’étant sacrifiés pour lui permettre d’enfin étudier ces maudits macchabés anthropophages ? Si les jeunots de la milice les escortant s’étaient contentés de refouler leurs tripes et leurs égos en laissant l’un des leurs servir pour les expérimentations, la perspective de parler d’eux comme d’unités remplaçables plongeait Lothaire dans une grande perplexité. Ils avaient été consacrés aux Trois, un hommage leur avait été rendu et il en parlait comme d’outils ?

A partir de quel moment Lothaire avait-il à ce point changé ? En quoi était-il différent de ce que proposait cette prêtresse qui semblait comme désigné des Trois pour ceux capable de décrypter les signes ? Une jouvencelle jaillissant des flots, un bel enfant en elle, venu veiller que la volonté des Trois soient respectés. Il n’y avait guère à transiger, la jeune femme n’en était sans doute pas consciente elle-même, mais d’une certaine manière, Anür lui donnait personnellement la direction à suivre. Celle de sacrifier le prisonnier. Il n’était guère considéré comme vivant par la société, par le reste de ce navire, en quoi la conscience de Lothaire pouvait infléchir sur cela ?

Qui était-il au final ? Le savant investi corps et âme dans la Quête, aux élans gnostiques, pour la Cure de la Fange ? Celui prêt à tout sacrifice pour en percer les secrets, quitte à verser dans l’illégalité même ? Celui animé par cette rigueur et cette foi dévote lorsqu’il devait se salir les mains, se frayer un passage dans le milieu des trafics divers pour avancer dans la Quête ? Ou subsistait-il encore en lui ce brave médecin, cet honnête père de famille, celui se démenant avec sa fille et sa femme pour tenter de sauver le plus de réfugiés ? Celui qui n’hésitait pas à filer un coup de main à toute pauvre âme dans le besoin ? N’était-ce point pour cela qu’il avait entrepris l’étude de la médecine ? Pour sauver des vies ? Ou était-il cette part de ténèbres qui ne demandait qu’à se réveiller, celle née en découvrant le petit cadavre ratatiné de son enfant, une maudite goule à la bouche pleine et ensanglanté de ces boyaux.

Serrant les poings face à ce maudit souvenir, à ce cauchemar l’emplissant d’une sensation de désespoir, de culpabilité et d’impuissance manifeste, il devait choisir. Il était tout cela à la fois, toutes ces contradictions faisaient à présent partie de lui. Mais cela ne pouvait guère continuer, une décision devait être prise. Il ne pouvait pas, lui homme de raison et de foi, osciller indéfiniment.

Le souvenir de cet instant extrême d’impuissance lui revenait à l’esprit, il s’était juré ‘’ plus jamais cela’’. Plus jamais on ne l’y prendrait à faire preuve de sentimentalisme lorsque les enjeux étaient aussi élevés. De la mort de cet homme une arme contre les fangeux pouvait être extraite. Il n’avait pas le droit à la faiblesse.

-Faites ce qui vous semblera juste. Appelez-moi juste quand vous en aurez fini avec lui, je me chargerais du reste du travail.

*****
Il était à présent temps de s'attaquer au nœud du problème, cette sale bête continuait de remuer du fond de sa cage, malgré ces multiples amputations. Elle disposait d'une sacrée vitalité pour un défunt aux mains et pieds bots. Lothaire notait comme tout à fait intéressant que la cicatrisation des plaies de la bête ont coïncidé avec la réanimation de celle-ci.

-Concernant l’autre goule, je suggère de tester quelques-unes des histoires qui se racontent à leurs sujets. Ne dit-on pas que les goules auraient une peau bien à eux, différente de celles de leurs vivants ? Nous savons également que le sel les brûle, que le soleil semble les gêner sans pour autant les tuer et qu’elles préfèrent demeurer dans les marécages humides. Peut-être qu’à l’instar des limaces, escargots, grenouilles et autres tritons, leurs peaux ne peuvent supporter d’être asséchés ?

S’adressant à l’une des recrues disponibles :

-Vous là, allez m'allumer une torche.

Avant de se retourner vers le reste du groupe :

-Nous pouvons déjà voir si la chaleur le fait réagir. Évitons juste de le brûler. Un volontaire pour titiller notre nouvel invité ?

Le regard perçant de Lothaire plongeait dans celui de la bestiole. Il était enfin d'extraire tout ces satanés secrets à cette maudite goule.

Citation :: Lothaire demande à un des miliciens d'allumer une torche pour vérifier la réaction du fangeux. L'idée serait de la promener devant le visage de la créature, histoire de vérifier si la chaleur semble le gêner. Lothaire devrait également vérifier l'état de la peau (histoire de voir si elle diffère de celle d'un cadavre classique, si elle est particulièrement humide ou non, etc) et des yeux de la créature (histoire de voir si les pupilles du Fangeux se rétracte devant la forte lumière de la torche).

Tous les regards s’étaient écarquillés à la vue de cet être démoniaque qui s’agitait avec une force inhumaine malgré des blessures qui auraient dû le réduire à l’état de larve impuissante. Comment un tronc démembré parvenait-il à insuffler une telle terreur chez ses proies potentielles? Mais personne n’avait tremblé, ils en avaient malheureusement vu d’autre, comme tous.

Bombaysers notait avec satisfaction les idées proposées, opinant du chef à l’évocation du sel et de la lumière. S’il n’y avait pas pensé lui-même ces considérations étaient justes et s’avéraient finalement être une bonne base de travail, un démarrage en douceur avant de pousser l’expérimentation un peu plus loin. L’Oracle elle tentait d’obtenir des confessions du prisonnier, comptant certainement sur son apparence juvénile et innofensive. Mais oserait-il avouer ses crimes à une envoyée directe d’Anür?

Citation :: Jet de persuasion

- Charisme de Constance Hillaire : 18
18 réussi

Ébloui par cette envoyée des Dieux Le Detenu baissa la tête et soupira, il ne pouvait pas mentir aux Trois, ces derniers savaient et voyaient tout. Peut-être même que la Prêtresse recevait en ce moment-même des visions d’Anür lui indiquant les crimes qu’il avait commis. Il confessa sans oser relever la tête un seul instant cet attrait qu’il avait toujours eu pour la mort et le plaisir intense qu’il éprouvait lorsqu’il ôtait de ses mains la vie. Il n’avait jamais utilisé d’armes et étouffait ses victimes à mains nues, serrant leur cou en se délectant de leurs yeux révulsés qui se teintaient de rouge à mesure que le sang affluait dans leur tête.

Relevant la tête il plongea son regard dément dans celui de la jeune femme et parla assez fort pour que tous entendent.

“J’accepte mon sort, transformez moi, je n’ai rien mérité de mieux.”

De son côté Le Traumaturge observait sans ciller leur sujet d’expérience qui se débattait toujours avec autant de vigueur. Bombaysers nota que malgré ses blessures et l’absence de membres le fangeux mettait ses chaînes à rude épreuve, nul doute qu’il serait tout de même capable de tous les tuer s’il parvenait à se libérer de ses liens.

Citation :: Test d’observation

- Intelligence de Lothaire Ferbois : 18 (Bonus de +3 pour Sens du détail)
6 réussi

La peau du monstre brillait faiblement, et il semblait au médecin qu’à chaque minute qui passait celle-ci se faisait plus lisse et moite, presque verdâtre, exactement comme celle des grenouilles dont il avait parlé quelques minutes plus tôt. Ses pupilles réagissaient elles-aussi fortement à la lumière mais dans sa rage la bête semblait l’ignorer totalement, elle était trop concentrée sur son objectif pour tenir compte qu’un si maigre désagrément. Peut-être faudrait-il réessayer quelques heures plus tard?

Un des miliciens sembla s’agiter dans le recoin sombre qu’il ne quittait pas, ses phalanges blanchies à force de serrer le pommeau de son arme. D’autres avaient simplement tiré leur lame au clair, une précaution somme toute naturelle et sensée. Mais pas Artaud, lui était comme figé, se demandant s’il devait fuir ou bien charger cette abomination qu’était devenu son ami. L’homme n’était pas dupe, rien de ce qu’avait été Baptiste ne subsistait en cette carcasse maudite, mais l’effet était terrifiant et menaçait de le submerger entièrement.

Citation :: Jet de résistance

- Intelligence de Artaud : 9 (Malus de -1 pour Terreur et Deuil)
15 échec

Par quel miracle était-il parvenu à conserver son sang froid jusqu’ici? Ses collègues s’étaient détournés du fangeux pour observer le jeune homme avec attention, la dernière chose dont ils avaient besoin était qu’un soldat perde pied et ne tente quoi que ce soit d’intelligent ou non.

La respiration d’Artaud avait fini par s’emballer complètement et les tremblements qui agitaient ses mains étaient devenus incontrôlables, il avait fini par dégainer son arme comme le reste des gardes et fixait désormais leur sujet d’expérience avec une détermination particulière. Ce n’était plus son ami, tout ceci était complètement fou mais ce monde ne l’était-il pas? Observant L'Oracle il se dit que si une jeune femme, enceinte de surcroît, parvenait à rester stoïque il devait prendre exemple sur elle et se montrer à la hauteur. Mais c’était au-dessus de ses forces, s’avançant d’une démarche fébrile le jeune homme se rua sur le milicien volontaire qui approchait désormais une torche du visage du fangeux.

C’en était trop. Il pouvait supporter la mort et ses affres mais ceci dépassait de loin ses limites. Artaud chargea en hurlant à la manière d’un possédé.

“Non! Je ne vous laisserai pas insulter encore un peu plus sa mémoire! Jamais!”

Citation :: Tentative d’attaque

- Attaque d’Artaud : 10
1 réussite critique

Dans un geste à la fois leste et précis, son épée vint s’enfoncer dans le dos de son camarade, lui perforant le coeur. Le pauvre hère n’eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait, ses yeux s’écarquillèrent de surprise avant qu’il n’expire pour la dernière fois. Les deux hommes s’éffrondrèrent, l’un raide mort et l’autre en larmes. Artaud laissa son épée lui échapper des mains pour se prendre le visage et pleurer à chaudes larmes, ignorant totalement les visages effarés autour de lui et les cris qui montaient de toutes parts.

* * * * *

Sur le pont Le Trésorier tentait de leur obtenir un délai supplémentaire auprès du Capitaine, après tout et Bombaysers l’avait bien précisé, il était seul maître à bord et pouvait décider à tout moment d’annuler cette mission. Pouvait-il certainement la prolonger s’il était correctement motivé.

Citation :: Tentative de persuasion

- Charisme d’Alexandre de Terresang : 15
6 réussi

Le Capitaine se racla la gorge, tout ce qui concernait cette maudite quête ne l’interessait pas le moins du monde et les corps qui finissaient de brûler sur la grève étaient un témoignage assez poignant de la puissance de ce fléau, il préférait s’en tenir le plus loin possible. Mais comme l’avait dit le petit homme joufflu qui avait affrété son navire, tout ceci était d’une importance capitale. Il le comprenait, si ces gens étaient capable de mettre au point un remède ou bien une arme contre ces monstres l’enjeu était crucial. Tant qu’on ne lui demandait pas de venir confronter ces maudites bêtes lui-même.

“J’accepte. Mais en plus de votre prix vous devrez payer la solde des miliciens le temps que durera votre mission, j’imagine que le Bailli ne verra pas cette économie d’un mauvais oeil. Tout ce qui est ici est votre, tant que vous payez pour. Si nous sommes d’accord sur ce point je ne vois aucune raison de ne pas prolonger cette “aventure” comme vous la nommez si bien.”

Des cris montaient de la calle et la négociation prit fin tandis qu’un milicien affolé venait chercher Le Trésorier, Le Preux étant introuvable pour le moment. L’homme paraissait terrifié et l’épée qu’il tenait fermement hors de son fourreau était un signe de plus que quelque chose ne tournait pas rond.

“Messire de Terresang! Venez vite messire! Artaud… Il a… Par les Trois!”

Le milicien disparut aussi vite qu’il était apparu, emporté par une course folle tandis que les bruits qui s’élevaient de la calle s’intensifiaient à chaque seconde qui passait.

Citation :: Lothaire, tu as failli y passer! Heureusement qu'on a des pnjs à sacrifier! Pour le reste vous avancez plutôt bien, à vous de voir ce que vous faites de votre prisonnier ainsi que du milicien et du cadavre.

J'ai pas grand chose de plus à vous conseiller, continuez comme ça!

Bon jeu à vous!

Prochain mjitage le : 17/02

Alors … Un plan ? Lequel ? Pour le coup, tu n’avais plus la moindre idée. Tu étais imaginatif mais vous étiez face à un gros problème. Vous manquiez cruellement de connaissance sur les fangeux. Si les cerveaux de la bande arrivaient à un plan correct, vous arriveriez peut-être à trouver une faiblesse supplémentaire. Le sel était une ressource très utile mais à moins de se forger des lames mélangées à du sel, il n’y avait aucun moyen de l’utiliser correctement contre les fangeux … Se recouvrir de fine poche de sel, utile mais pas sur le long terme. On perdrait plus de sel qu’autre chose. Tu te grattais le crâne ignorant les cris en bas. Ce n’était pas tes affaires mais c’était nécessaire, une fois une faiblesse trouvée tu sauras peut-être quoi faire. Pour le moment, il fallait attendre.

Mais voilà que le destin se retourne contre toi à pleine vitesse. Tu voulais passer un bon moment, attendre que le temps passe et que finalement l’affaire soit réglée, un milicien arriva sur le pont appelant le trésorier à l’aide … Instinctivement, tu te dirigeas vers le milicien le suivant vers la cale. Tu imaginais déjà le pire… Mais non, il fallait être logique. Il n’y avait pas tant de cri que cela, donc le fangeux ne c’était pas enfuit, c’était forcément autre chose. Quoi ? Une forme de panique, peut-être que le fangeux avait fait une victime de plus, ce qui ne t’arrangeait pas vraiment. Tu t’avanças en bousculant les gens pour voir la situation sous tes propres yeux. Le fangeux immobile, parfait. Deux hommes au sol, un immobile et un autre en panique. L’immobile semble perdre du sang. Rapidement tu t’avanças pour prendre la torche encore au sol évitant de créer un feu inutile et tu la donnas sans rien dire à un autre milicien qui semblait encore effrayer par la scène sous ses yeux. Instinctivement tu te tournas vers deux autres miliciens en leur criant dessus. « Vous deux ! Prenez le gars qui pleure et vous l’attacher en haut, ce n’est pas le moment pour le punir de trahison. »

Trahison ? Oui, tu pouvais le comprendre sans mal. Les fangeux ne tuent pas en silence. Et cet homme n’avait pas été par poison vu le sang qui semblait s’entendre sous lui. Tu ordonnas ensuite au doc de venir t’aider sur-le-champ. « Doc, aidez-moi à inspecter son corps, on ne peut pas le laisser se transformer en fangeux sans l’avoir attaché et charcuter lui aussi ! » Tu retournas le corps sur son dos montrant que le coup avait été parfaitement exécuté, passant à travers le torse d’un côté à l’autre. Tu pris ta lame et commenças à couper à travers le tissu quand il ne voulait pas se détacher correctement. Mettre à nu homme… Tu n’aurais pas cru que tu le ferais une fois dans ta vie et surtout pas dans la cale d’un bateau mais il fallait le faire pour éviter plus de problèmes. Tu donnas un autre ordre à tous les miliciens. « Que tous les miliciens encore en état de penser correctement restent ici, les autres vous partez sur le pont et aller vomir vos tripes à la mer. On a pas besoin d’une autre série de meurtres stupides. »

Bon ... Alexandre se disait que dans l'histoire il s'était fait avoir en beauté, il s'était fait sodomiser contre son gré ... payer un écu par jour passait encore ... mais payer presque 10 écus de salaire pour des miliciens qui ne savaient qu'à moitié se battre et qui se tuaient entre eux ... ouais, c'était plus le Trésorier qu'on aurait dû l'appeler mais "Le Pigeon" mais soit ! C'était pour trouver un remède ou au moins un moyen de combattre ces créatures sans risquer la vie d'une dizaine d'hommes à chaque fois sinon l'Humanité allait vite de plus exister.

Il accepta l'offre du Capitaine ... en espérant que les miliciens se fassent tuer un par un ... hein ? Oulah, voilà qu'Alexandre commençait à devenir radin et souhaitait ne rien payer ... après, si cela n'avait était que lui il aurait prit une vingtaine d'hommes avec lui, aurait tué les marins et le capitaine du navire puis l'aurait réquisitionné mais bon, c'était un mauvais plan et il valait mieux débourser des pépétes.

Alexandre se détourna du Capitaine lorsqu'on vint le chercher pour une urgence ... le messager semblait dans un tel état de peur qu'on aurait dit que le Fangeux s'était détaché et bouffait tout le monde dans la cale mais quand le Preux et le Trésorier entrèrent côte à côte dans la cale, ils virent une scène qui n'avait rien à voir avec l'attaque d'un Fangeux, un homme était étendu sur le dos perdant sa précieuse essence de vie pendant que l'autre chialait comme une madeleine, bon on savait ce que ça voulait dire ... au moins, il aurait un salaire de moins à payer. Il se mit dans un coin de la cale près de l'entrée et observa le milicien Algoln faire son office.

Le milicien qui avait fait un fraticide fut relevé de ses fonctions et emprisonner dehors pendant que la moitié des miliciens encore présents partaient sur le pont encore en état de choc. Visiblement, la situation n'était pas au beau fixe et Alexandre prit la parole.

"A mon avis, messire Algoln vous devriez faire un petit speech motivant à vos hommes qui sont remontés là haut ... histoire que nous n'ayons pas une mutinerie sur les bras et que les recherches effectuées dans cette cale ne servent à rien vu que si il y a une révolte, je ne pense pas mettre à mal sept miliciens à moi seul et vous encore moins."

Il regarda alors les chercheurs puis la prêtresse enceinte ... il se demandait encore ce qu'elle faisait là d'ailleurs mais qu'importe.

"A moins que ces pauvres hères n'aient besoin de conseils de la part d'une émissaire des Trois plutôt qu'un milicien qui est leur égal."

Constance avait dialogué avec le prisonnier, découvrant les horreurs qu’il avait pu commettre sans savoir réellement quoi faire des informations, elle lui proposait la confession, il proposait de se sacrifier. N’était-ce pas après tout la meilleure façon de racheter son âme ? Sans aucune hésitation, elle avait opiné simplement ignorant les remords du guérisseur, à quoi bon. Avait-il peur de quelque chose, de mal faire ? Il fallait faire des choix dans la vie et celui de protéger l’humanité de la fange valait à ses yeux beaucoup de sacrifice. Cependant, les choses avaient fini par se précipiter, le même homme qui se révoltait de sacrifier un « innocent » avait fait venir une flamme pour l’approcher du fangeux. La prêtresse avait simplement observé, sans rien dire, restant plutôt en retrait. À ses yeux il était primordial de comprendre ce que les fangeux n’aimaient pas, ce qui pouvait les blesser, ce qui pouvait peut-être faire éloigner les monstruosités.

La clerc avait fini par accepter des évidences, les fangeux étaient des anciens humains, conservaient donc les points faibles identiques, les mêmes faiblesses, l’unique difficulté résisté dans la surhumanité des monstres. Rien de plus rien de moins, mais peut-être qu’avec l’amélioration des compétences physique, avait-il aussi hérité de nouvelle faiblesse. La question était là, réellement là, et c’est ce qui lui semblait très important de découvrir. Les recherches au clergé avançaient longtemps, parce qu’elles n’étaient pas acceptées par tous, mais aussi parce que faire venir un fangeux dans l’enceinte même de Marbrume était quelque chose de beaucoup trop dangereux. Personne ne savait comment on devenait fangeux. Personne. Peut-être que le simple fait d’être un contact avec une créature permettait de le devenir, peut-être fallait-il être blessé ou mordu, peut-être fallait-il simplement la regarder. Oui, là aussi, la méthode de contamination restait un mystère. Fallait-il obligatoirement mourir ? Pouvait-on se transformer même en étant encore vivant ? Fronçant les sourcils, la multitude de questions s’abattant dans son esprit sembla la déstabiliser, la jeune femme n’ayant jamais été à la fois si proche et si loin d’obtenir rien qu’une minuscule petite réponse.

Ses pensées furent stoppées presque immédiatement alors qu’un des miliciens s’était jeté sur celui tenant la torche, l’embrochant de son épée sans que personne ne puisse réagir. Des cris de surprise s’étaient fait entendre, des gestes de gênes et presque naturellement Constance s’était reculée en cherchant à protéger son ventre rond. Laissant ses doigts rouler sur la protubérance de sa peau tendue sous le tissu, elle prit une large inspiration, alors que son rythme cardiaque s’était légèrement accéléré. Constance n’était pas une femme de terrain, elle était une femme de soin, une femme d’étude, alors le moindre mouvement brusquement, le moindre changement d’ambiance avait don d’immédiatement l’impression. Le sang s’écoulant de la plaie ne semblait pas la déranger outre mesure et l’attaque fut si soudaine qu’elle ne tenta même pas de se précipiter, une blessure de ce type était fatale et si l’homme n’était pas mort il faudrait l’achever sans aucun doute.
Le milicien qui était jusqu’alors resté silencieux avait fini par refaire surface, venant reprendre pleinement et convenablement les choses en main. Il avait donné ses ordres, demandait à ce que ceux ne se sentant plus de rester de monter, ordonnant qu’on s’occupe du corps. Que faire de ce corps d’ailleurs ? Immobile la jeune femme avait fini par se redresser, par avancer vers l’animation. Le noble s’était échappé déjà pour discuter, pour échanger avec le capitaine et un petit milicien semblait avoir accouru pour le prévenir.

- « Je vous laisse vous occuper du mort et si il n’est pas mort, il faut le faire devenir, inutile d’essayer, il n’y a rien à faire avec ce type de blessures » cela devait sembler horriblement froid, mais elle était réaliste « Autant qu’il soit utilisable pour le fangeux. N’oubliez pas qu’il faut trouver une faiblesse, une difficulté, c’est notre objectif. Le reste n’a pas d’importance, nous sommes là pour ça.»

Inclinant poliment la tête, son regard s’était attardé sur l’autre femme, convaincue qu’elle comprendrait qu’il fallait se remettre au travail, prendre des décisions, c’était une façon de lui faire marquer sa confiance, une manière silencieuse de lui demander de prendre les choses en main. Parce que c’était la seule qui avait proposé des choses qui lui semblaient intéressantes, notamment avec l’idée du sel. Abandonnant la troupe, Constance monta rapidement jusqu’au pont pour faire son office, afin de rassurer, mais aussi de faire comprendre qu’il n’y avait aucune honte à être ainsi affecté.

- « Je comprends votre tristesse, je comprends vos maux et votre crainte. Ce que vous faites aujourd’hui marquera les esprits, que l’on trouve ou non des solutions. » elle prit une légère inspiration avant de reprendre « Vous êtes humains, nous sommes tous humains et ce sont bien nos émotions qui vont nous différencier de ses choses horribles, il ne faut pas avoir honte de vos sentiments ni avoir honte de vos réactions elles sont normales… Pleurez si vous en avez besoin, criez aussi, vous avez le droit mes enfants, vous avez le droit et vous en avez même le devoir. Buvez un peu, fermez les yeux, reposez-vous sur ma voix et uniquement ma voix. Exprimez-vous. La fange est notre ennemi commun, mais Rikni, Serus et Anür sont là pour nous aider et nous encourager, ne doutez pas, jamais, aucunement… Acceptez dans votre cœur le réconfort de notre précieuse Trinité. »

Diantre, se disait intérieurement Lothaire, elle n’y allait pas de main morte la jouvencelle. Loin de se laisser attendrir par ses instincts maternels, elle se révélait au contraire d’un grand pragmatisme, même pour une prêtresse. Tout aspirait chez elle à l’efficacité, nul compromission ne devait subsistait. Cela déconcertait grandement le médecin, qui se demandait bien si cette jeune femme, qui, en passant, semblait encore pencher vers la jeune fille par moment, était bien une envoyée des Trois. Si cette supposition s’avérait vrai, il n’était guère venu le temps des scrupules. Seul la Cure comptait !
Le sieur Algoln l’enjoignait de son côté à scrupuleusement examiné le corps du malheureux, craignant une quelconque résurrection. Il ignorait probablement le fait que seule une morsure de ces hideuses créatures vous transformait, selon les différents recoupements qu’il avait pu faire. A vrai dire, plus qu’une théorie, il en était parfaitement sûr depuis plusieurs longs mois maintenant. Un corps vierge de toute morsure était probablement plus qu’inoffensif, du moins concernant le problème de la réanimation post-mortem. La logistique d’écoulant de la gestion d’autant de macchabés en était un autre et la crémation systématique permettait de minimiser les risques.

Examinant un instant le corps du pauvre assistant trépassé, Lothaire marmonna une courte prière à l’attention de celui-ci. Closant de ces doigts les deux yeux vitreux du milicien, il profita de cet instant de recueillement pour réfléchir à ce qu’il venait de découvrir.

La maudite beste voyait sa peau muer en une espèce de muqueuse humide, semblable à celles des mollusques et des batraciens. Il avait donc bien raison, tout un processus de transformation changeait progressivement le réanimé en quelque chose d’autre. Il ne s’était guère souvenu de crocs, de serres ou peau de grenouille chez la maudite goule qui lui avait arraché sa famille. Trop récente, elle n’avait guère eu l’occasion de muter.

Les pupilles semblaient de nouveau fonctionner, comme chez n’importe quel homme, femme ou enfant en bonne santé mais nul véritable désagrément. Peut-être muteraient-ils aussi ? La chaleur non plus ne semblait pas le déranger, mais cela pouvait se mettre sur le compte de son inlassable fureur meurtrière. La piste de l’effet de la luminosité restait à creuser, elle aussi, leur sujet restait encore trop humain. Il fallait retenter leurs chances dans quelque heure.

Portant sa main sur le cœur, il se releva dans une attitude grave. Il s’était assuré de vérifier la présence de la moindre morsure, de la moindre cicatrice suspecte, malgré le sang poisseux et bientôt caillé recouvrant le feu assistant. Quoi qu’il en soit, la décision restait la même, la crémation. Il restait hors de question de remettre en question les directives de la Cité et le sieur Ferbois se devant de maximiser ces chances d’une reconnaissance officielle de ses travaux.

Il poursuivit son chemin en direction de la jeune alchimiste, lui partageant ces observations sur le processus de mutation de ces goules. La peau humide et verdâtre, sans doute utile pour se camoufler dans les eaux marécageuses et pleine de fange (ces créatures portaient décidemment bien leurs noms), la possible permutation des rétines en celles d’un prédateur, bien plus sensibles à la lumière, probablement la croissance de crocs et de serres, malheureusement inobservable chez ce sujet amputé. A moins que…

-Allez me chercher les échantillons, vous là !

Il n’y avait guère pensé sur le coup, mais peut-être tenait-il là une possible piste concernant cet auguste Défi lancé par les Dieux à l’Homme. Si un semblant de loi naturel leurs était alloués, les restes de mains, de pieds et de dents du défunt n’aurait guère muté à l’instar d’une rognure d’ongle ou d’un cheveu coupé. Mais si ceux-ci se transformaient malgré leurs évidentes sections, on aurait affaire à une bien plus étrange affaire qu’initialement supposé…

Citation :: Heureusement que je l'ai échappé belle alors
Lothaire inspecte le corps du milicien décédé, comme le propose Algoln, pour vérifier s'il n'y as aucune trace de morsure ou de cicatrice suspecte. Il communique quoi qu'il arrive l'information à Algoln.
Sinon, il demande à vérifier ce qui reste des dents et membres sectionnés, pour vérifier s'ils se sont transformés tout seuls de leurs côtés

Avions-nous réellement besoin de cela ? À l'évidence, non. C'en était même à se demander quel être sadique nous observait de là-haut tout en s'amusant à nous torturer toujours plus encore. Lequel des Trois pouvait se monter aussi “joueur” ? Tous ? Aucun d'entre eux ?Allez savoir…

Le fait est que je restais, une fois de plus, totalement figée par une nouvelle scène surprenante. J'avais bien évidemment entendu le cri de désespoir du milicien face à la créature que nous avions volontairement mutilé afin de pouvoir l'étudier en sécurité… Créature qui était encore, il y a peu, l'un de leur compagnon d'armes et d'infortune… Mon respect pour la vie me poussait à éprouver une honte certaine quant au destin funeste et méprisable du milicien transformée enchaîné dans la cage… Je savais pertinemment que l’homme, devenu par son geste un assassin, ne voulait pas commettre ce crime… Je savais que la pression psychique exercée sur sa conscience était forte… Il s’agissait là d'un poids bien trop lourd exercé sur de bien trop frêles épaules… Les miennes avaient tendance à vaciller, tantôt d’un côté, tantôt de l'autre… Mais ma conscience doublée de ce même respect pour la vie, celle des humains en général, me poussaient à voir plus loin que cette cage…

Je laissais les autres s'occuper du cas du milicien et du nouveau cadavre. Je n'aurai certainement pas eu les bons mots pour calmer toutes ces âmes éplorées et sévèrement endeuillées. Il me fallait réfléchir plus efficacement… Voir plus loin encore pour mieux me ramener à l'instant présent et sur la mission qui nous avait été confiée.

Mon regard se porta ensuite vers la jeune prêtresse… Toujours aussi sage et incroyablement calme malgré son état. Je m'étonnais de ce flegme décontenançant, me demandant si cela lui demandait un effort particulier ou si cela faisait partie de sa nature… Autant dire que je fus bien incapable de cerner le personnage qu'elle représentait… Je n'en avais d'ailleurs pas le temps puisque dès lors, la future mère me ramena rapidement à notre but … Le seul réellement important dans cette affaire.

-Ne prenez pas de risque… Percez le cœur, découpez le corps puis placez-le dans la cage… Cela vous semblera peut-être horrible, mais c'est aussi l'occasion de voir si la créature a faim… Et si elle peut se nourrir de cadavres… Mais dépêchez-vous, ne laissez pas le temps au corps de refroidir...

Je pris sur moi de rester calme, m'efforçant de visualiser l'essentiel en prenant exemple sur la clerc… De mon côté, j'avais déjà noté les changements opérés sur la peau du monstre… Cela me ramenant à ma théorie sur les grenouilles… Pourquoi leur peau était-elle si lisse, si humide ? À quoi cela leur servait dans leur environnement naturellement ? Quels autres changements son corps allait effectuer par la suite ? Pourquoi apparaissaient-ils aussi rapidement ? Et comment ?

Le médecin dû se poser les mêmes questions puisque déjà, l'homme demandait à ce qu'on lui rapporte les membres amputés. Probablement dans l’espoir de voir les signes de cette métamorphose apparaître sur les parties séparées du corps… Ce qui serait grandement étonnant, avouons-le, même si plus rien ne pouvait m'étonner à présent.

Pour l'heure, la créature était bien trop agitée pour que l'on puisse effectuer nos tests sur elle… Son énervement ne ferait que fausser les résultats, ce qui n'apporterait finalement rien de bon dans cette étude. Autant essayer de l’apaiser et un repas me semblait être une bonne idée… Restait encore à savoir si elle pouvait se nourrir sans dents… Et si elle se contenterait d'un cadavre, même si celui-ci était encore tiède …

Je me tournais ensuite vers le détenu, l'observant de haut en bas, veillant à paraître aussi froide et calme que possible.

-Si le fangeux ne s'intéresse pas au corps en morceaux, livrez lui celui-ci, lançais-je à l'attention des miliciens encore présents. Un volontaire pour nourrir la créature?

Le pauvre Artaud fut traîné sur le pont où il fut mis aux fers en attendant le retour à Marbrume où une potence l’attendrait certainement. Pouvait-on tomber plus bas? Ses protestations ne changèrent rien tant le dégoût se lisait sur les visages de ceux qui le tenaient fermement. Il avait tué un de ses frères d’une manière incompréhensible, si tous pouvaient convenir d’un coup de folie il n’en était pas moins coupable et serait jugé en conséquence.

Il ne lui restait qu’une seule alternative, la fuite. Pourquoi et vers où? Mieux valait l’ignorer pour le moment, son regard passait du pont au rivage et aux fers qui l’attendaient non-loin du bastingage, avec cet espoir fou que sa vie pouvait encore valoir quelque chose.

Citation :: Tentative d’évasion

- Habileté d’Artaud : 11 (Bonus de +1 pour énergie du désespoir)
3 réussi

Ont-ils vu venir le coup? Le milicien qui se tenait derrière lui eut le nez broyé par un coup de tête et s’effondra en pissant plus de sang qu’il ne pensait posséder, le second trébucha, déséquilibré par le poids du soldat qui vacillait et sa petite seconde d’inattention offrit à Artaud sa liberté. Enjambant le bastingage le jeune soldat plongea sans attendre, la rive était toute proche et personne n’oserait se lancer à sa poursuite après le désastre qui s’était joué sur la petite plage. Mais après tout peut-être fonçait-il tête baissée vers sa propre mort? D’une manière ou d’une autre il était cuit, autant tenter de survivre à sa manière plutôt que de se livrer docilement.

C’était eux les monstres, pas lui. Eux qui avaient saccagé la dépouille de son collègue, brisé ses dents et découpé ses membres. Pauvre homme, pauvre monde. Aucun d’entre eux n’avait mérité ça...

Parvenu sur le rivage et près du bûcher où finissaient de se consumer ses camarades tombés au combat, si l’on pouvait appeler cela un combat. Artaud s’empara d’une branche à l’extrémité rougie et se marqua lui-même l’avant-bras. Il ne lui restait que le bannissement comme espoir de survie, restait juste à espérer que personne n’ait eu vent de l’abolition de cette peine, sans quoi il devrait faire face à d’autres problèmes

Citation :: Tir d’arbalète

- Tir d’Archer : 9 (Malus de +1 pour cible en mouvement)
9 réussi

- Jet de localisation : 10
Tir à la jambe droite

- Endurance d’Artaud : 10
2 réussi

Le carreau fendit l’air en sifflant et vint se ficher dans le tronc d’un arbre à quelques pouces de son visage alors qu’il pénétrait dans les fourrés qui marquaient la limite entre rivage et marécages. Surpris en plein élan le jeune homme sursauta, offrant sa jambe à l’une des flèches. Le carreau lui transperça le bas du mollet, manquant de peu son os ainsi qu’une veine proche mais ne faisant que peu de dégâts. La blessure serait douloureuse, terriblement douloureuse, mais pas mortelle s’il parvenait à se soigner convenablement.

Hurlant de douleur et sans se retourner, le milicien déchu s’enfonça dans les marais, certain qu’aucun de ses frères d’armes ne se lancerait à sa poursuite.

* * * * *

Dans la cale la jeune Prêtresse dispensait sa sagesse avec une humilité touchante, offrant son soutien à ceux qui étaient le plus marqué par cette succession de tragédies. Restait la mission, c’était tout ce qui importait finalement. Bombaysers observait la scène du coin où il s’était posté, ne pouvant s’empêcher de constater à quel point ce monde était devenu fou. Qui aurait pu croire quelques années plus tôt que tout partirait ainsi à vau-l’eau? Certainement pas lui, mais pourtant ils étaient là, réunis pour contrer ce fléau galopant et toutes les horreurs qu’il apportait avec lui.

Le Traumaturge lui conservait ce sang-froid propre à la profession et observait le corps mis à nu sous toutes les coutures, aucun risque ne pouvait être pris.

Citation :: Test de différenciation

- 1 à 10 : Le corps ne présente aucune marque suspecte.
- 10 à 20 : Le corps porte une ou plusieurs traces de morsures.
6 : Le corps ne présente aucune marque suspecte.

Jet d’observation

- Intelligence de Lothaire Ferbois : 18 (Bonus de +3 pour Sens du détail)
10 réussi

Malgré un examen complet et approfondi, le corps du jeune soldat restait vierge de toute trace suspecte, aucune griffure ou morsure qui soit assez récente pour être imputable à la fange. Mais cela écartait-il tout doute pour autant? De leur côté les dents et membres du fangeux n’avaient pas subi la moindre transformation, la chair était grise et froide, aussi inerte que pouvait l’être un cadavre tout ce qu’il y a de plus normal.

L’Inventrice elle, prônait une approche plus directe. Un milicien s’approcha et s’employa à exécuter la sombre besogne qu’on lui commandait. Son épée embrocha le coeur du soldat, pressant ce dernier qui expulsa à même le sol le peu de sang qu’il contenait encore. Ensuite vinrent ses membres, puis sa tête. Aucun risque ne pouvait être pris. À chaque coup les soldats qui observaient sursautaient, l’un d’entre eux quitta subitement la cale pour aller soulager son estomac dans les flots calmes.

Un coup, puis deux. Il ne resta bientôt du milicien qu’une flaque de sang parsemée de morceaux de chair mutilés. Celui-ci ne se réveillerait certainement pas, mais le pire restait à venir.

Se saisissant d’un bras le soldat s’avança vers la cage d’où le fangeux n’avait pas manqué une miette du spectacle. Il s’agitait toujours follement à la vue du sang et de toutes les proies qui s’agglutinaient autour de lui, faisant claquer sa mâchoire édentée en roulant des yeux déments dans ses orbites sombres.

Lorsque le bras mort parvint à portée de gueule, la bête plongea, se saisissant de la main tendue pour y planter ses gencives sanguinolentes et tira violemment vers elle. Le soldat n’eut pas le temps de réagir et un instant plus tard c’est sa propre main qui se retrouvait captive des mâchoires de la goule. La chair l’intéressait, mais la chair vivante. Cela ne l’empécha pas de léger le sang qui maculait sa bouche tandis que le milicien tentait de se dégager de cette étreinte - heureusement - sans dents.

Citation :: Jet d’endurance

- Endurance du Milicien : 10
3 réussi

La blessure n’était pas profonde, mais les os se brisèrent comme des fétus de paille dans une prise qui s’avérait solide, très solide. Au point que sentant son camarade perdu, un soldat qui se tenait en retrait abattit sa lame sur l’avant bras qui dépassait de la cage. Mieux valait perdre une main que la vie. Un flot de sang aspergea à la fois les deux hommes et le fangeux qui sembla s’en délecter, déchirant joyeusement la main détachée qui ne lui offrait désormais plus aucune résistance.

Le milicien hurla puis s’évanouit quelques instants et l’on ordonna qu’il soit escorté sur le ponton pour y être soigné. La coupure était propre et nette et serait cautérisée sans problèmes, avec un peu de chance la fange n’aurait pas eu le temps d’imposer son emprise sur son corps.

Bombaysers se décomposait d’avantage à chaque seconde qui passait, la fange n’avait-elle aucune faiblesse? Même mutilée et enchaînée cette bête avait été capable de mettre à terre deux hommes de par son influence démoniaque. Dans quoi s’étaient-ils lancés? Une petite voix au fond de son esprit lui murmura qu’aucun d’entre eux ne quitterait jamais ce navire en vie. Jamais.

Citation :: Et ça continue en gore et en gore!

Mine de rien on commence à en apprendre un peu plus, continuez comme ça!

Prochain mjitage le : 24/02

Dernière édition par Zizanie le Sam 23 Fév 2019 - 10:01, édité 1 fois

Alexandre observa alors la scène pendant que la jeune prêtresse partait sur le pont pour essayer de calmer les jeunes miliciens qui semblaient en avoir assez de ce triste spectacle.

Le Vicomte fermait l'oeil droit à chaque fois qu'un morceau fut découpé de la pauvre carcasse de la victime collatérale … oui, Terresang en avait vu d'autre, oui le Seigneur avait connu des champs de batailles où l'odeur du sang régnait et où les cris faisaient lois mais là, ce n'était pas une bataille … c'était une expérience sur l'être le plus abject que le monde pouvait connaître et il devinait aisément que les camarades du pauvre homme en avait assez de ce triste spectacle et il avait raison au vu de la désertion de certain d'entre eux pour remonter sur le pont… il se demandait même comment le bourreau faisait pour hacher l'homme qui avait était autrefois son compagnon d'armes.

Ils allaient donc tester une nouvelle chose avec la bête sur la demande de l'Inventrice … est-ce qu'il dévorait aussi bien la chair morte que vivante … mais comment aurait-il fait sans chicots ? Bon après, ce n'était qu'une expérience et à première vu on aurait pu penser que c'était cela qui existait le mordeur mais … finalement, ce ne fut pas ce que tout le monde pensait. En fait, même sans dents, la Créature voulait sa dose de chair vivante et le milicien l'apprit à ses dépends … le risque qu'il avait prit pour donner le bras de son ami mort à la goule lui avait coûté une main … et avant de l'entendre tomber dans un bruit flasque sur le sol, on l'avait entendu se briser à plusieurs endroit … ainsi, les Fangeux avaient semble t-ils une bonne force dans la mâchoire, Alexandre se mit de côté lorsqu'on escorta le jeune milicien jusqu'au ponton pour le soigner.
Cela lui rappelait des souvenirs douloureux, il avait lui même perdu une main et savait que le guerrier allait souffrir de l'absence de ce membre essentiel … surtout qu'il présumait que c'était probablement sa main d'arme … lui même avait eu de la chance que cela ne soit que sa dextre qui avait était touchée et non sa senestre.

Il s'avança alors tout en n'évitant pas bien sûr la flaque de sang fait précédemment par le cadavre découpé du milicien et observa le Fangeux d'un œil noir… bon sang, ce pouvait-il que cette créature avait une aura maléfique ? Il prit alors la parole tout en sachant qu'il n'était pas scientifique mais bien un guerrier et un croyant en plus de cela.

« Pensez vous que la science peut nous aider ? Nous avons perdu deux miliciens dans cet endroit alors que la créature était là … j'ai comme l'impression que cette créature a autour d'elle une aura qui nous contamine tous … une aura de discorde … de colère … vous ne croyez pas ? »

Demanda t-il en se tournant vers chacune des personnes présentes puis il reporta son regard sur la créature qui gigotait encore entre ses liens.

« Peut être avons nous eu tort de ne pas faire venir plus de prêtres … je voudrais tenter quelque chose, si vous le voulez bien, mademoiselle Delorme. »

Il se mit à dégainer son épée longue dans la cale, on aurait pu penser qu'il avait envie de découper encore plus en tranche le Fangeux mais il n'en fit rien, en effet, il se dirigea vers un des tonneaux d'eau salée et enleva prestement le couvercle pour ensuite plonger sa lame à l'intérieur jusqu'à la garde … il ressortit cette dernière à présent trempée d'eau de mer et celle-ci trempa le sol aux alentours du tonneau puis se rapprocha de la bestiole et remarqua les regards qui lui étaient adressé.

« Voyons ce que fait l'eau de mer lorsqu'elle est dans le corps de cette bestiole. »

Puis sans crier gare, le Trésorier commença alors à glisser sa lame sur l'abdomen de la créature, il ne restait plus qu'à voir ce qui se passait quand le sel entrait dans l'organisme de la créature du mal.

Alors que tu commençais à déchirer ou retirer les vêtements du corps humain. Le trésorier arriva pour encore une fois donner les ordres et encore une fois, tu devais t’y opposer mais pour une très bonne raison. Les miliciens ici ne te faisaient certainement plus vraiment confiance. Tu avais transformé la première mission du plan en échec cuisant et tu étais responsable de la mort des miliciens qui servaient maintenant de bêtes de tests. Tu t’apprêtas à répliquer quand le seigneur changea d’avis, un avis bien plus plaisant. Constance, votre prêtresse fera bien mieux que toi dans l’état des choses. Tu ne dis donc rien quand la femme prit les commandes pour aller parler aux hommes en haut.

Tu t’occupas rapidement du corps de l’homme déjà mort, cherchant la moindre morsure pour s’assurer que sa mort ne cause pas plus de problème. Le docteur t’aida rapidement t’informant de chaque partie vérifié et détails de l’homme mort. Mais par chance, rien. Pas la moindre morsure. Mais alors que tu t’occupais du corps, tu entendis des bruits en haut fort peu plaisant. Rapidement Cross remonta sur le pont pour voir que l’homme responsable du bordel en bas venait de s’échapper avec une grande facilité. Tu pouvais le voir au loin sur la plage se marquer le bras d’une branche chaude. Sans hésiter tu ordonnas aux soldats avec une forte rage dans la voix : « Cet homme est coupable meurtre et mutinerie. Tirer lui dessus sur le champ ! »

Les miliciens s’exécutèrent et des carreaux d’arbalète furent tirer vers le fuyard l’un ratant de peu, l’autre le touchant de plein fouet dans la cuisse, ce qui le força à pousser un cri de douleur déchirant avant de s’enfoncer dans la forêt. Tu levas la main copiant les mouvements de ton père lorsqu’il donnait des ordres.« Halte au feu ! Que personne ne le poursuive. Il est blessé à la jambe et ne pourra pas courir bien loin, les fangeux de la dernière fois sont certainement encore dans les parages et l’odeur du sang fraiche devrait les faire sortir de leur cachette. Cet homme est mort. » Tu frappas ton poing sur le mat en bois du bateau de pure colère expirant doucement. Ton père … Ce monstre… Il aurait tellement mieux fait que toi. Personne ici n’aurait eu de problème et tout le monde s’en serait sorti facilement. Tu donnas une autre série d’ordres. Tant pis si les soldats ici décidèrent de ne pas t’obéir, tu avais un rôle à jouer ici. « Respirer soldat, et soigner celui qui vient de se faire casser le nez ou arrêter juste le saignement, le doc a du boulot en bas… Si par contre quelqu’un ici n’est pas d’accord avec ce qu’il se passe ici, il peut aussi sauter du pont pour rejoindre le traitre qui vient de partir. Faites-vous plaisir, mais vous avez vu des quoi les fangeux étaient capables. L’endroit le plus sur … c’est ici. »

Un peu de logique aurait probablement poussé le milicien à se servir de sa lame comme prolongateur… au lieu de tenir le membre amputé, encore tiède, de sa propre main pour la rendre au fangeux. D’autant que nous ne savions absolument pas comment la créature allait réagir… Ou peut-être que si… ce qui, en somme, aurait fourni une raison supplémentaire de ne pas tenir les morceaux de chair à la main… Mais, visiblement, ce n'était pas le bon sens qui l'aurait étouffé celui-là, la douleur pourrait avoir cette “chance” en revanche. Bon sang, mais qu'ils s'en aillent ces andouilles de miliciens au lieu d'enchaîner les bêtises de plus en plus graves et sanglantes. Nous n'avions certainement pas besoin de blessé de plus…

À travailler généralement seule, j'avais pris l'habitude de réfléchir dans le calme, ce qui n’était bien évidemment pas le cas ici. Tous y allaient de leurs propres théories et expériences sans se préoccuper de l'avis des autres… Si bien que je me demandais ce que je fichais au milieu d'eux… Il me semblait pourtant que l'on nous avait attribué des tâches à chacun lors de l'embarquement… Alors pourquoi débordaient-ils tous ? Devrais-je m'emparer d'une épée et jouer à la guerrière à présent ? Ou peut-être devrais-je simplement me placer à la barre du navire pour m'improviser capitaine...Non, vraiment, je me posais la question…

Je n'étais certainement pas contre les interrogations et les théories, en revanche, je supportais bien mal que personne ne m’écoute lorsque j'appelais au calme afin d'apaiser la créature. Ou encore, que l'on agisse sur un coup de tête, par simple curiosité… Est-ce que la science nous aiderait ? Je n'en avais pas la moindre idée, j'étais justement venue pour le découvrir… Quant à la remarque du vicomte concernant l'aura émanant de la créature, je ne pus que soupirer.

-Ce que vous ressentez ne vient pas de la bête, mais de la peur émanant de ces gens, dis-je en désignant attroupement d’humain décidément de trop. Si le fangeux réagit comme un animal, il peut sentir l'odeur de l'effroi et donc se sentir galvanisé par ceci… Voilà pourquoi je ne veux voir qu’ici que ceux capables de garder leur sang-froid. Sans quoi, nous courrons droit à la catastrophe...

Pourquoi me demander mon avis si c'était pour agir avant de me laisser le temps d'ouvrir la bouche ? Je serrais les dents en observant le vicomte tenter sa propre expérience sans même réellement consulter les savants présents… Bon sang… C'en était trop.

-Mais que faites-vous, par les trois ? Nous avions décidé d'y aller par étape… Quel intérêt de se jeter ainsi bêtement sans prendre le temps d'observer le reste ? Ceci n'est pas un jeu ! Cela suffit ! Laissez-nous travailler !

Je n'ai jamais eu pour habitude de me mettre en colère, ceci n'arrivant pour ainsi dire jamais. Mais cette fois, je l'étais bel et bien et ce, qu'importe le respect que je vouais à cet homme, ni même à sa position hiérarchique, car dans cette pièce, j’étais celle qui prenait les décisions. Si cet acte faisait échouer toute la mission, d'autant plus avec les pertes que nous avions déjà essuyées, je serais bien incapable de me contenir d'avantage. Pour l'heure, je me contentais de dévisager le noble, l'air grave tout en serrant poings et mâchoires.