[Terminé][Quête]Le bon, La brute et le Fangeux [Adeline Delorme, Alexandre de Terresang, Lothaire Ferbois, Cross Algoln, Constance Hillaire]

Bombaysers était quelque peu perplexe, le mélange de personnalités réunies ici risquait fort de finir en guerre ouverte. Tout se déroulait somme toute comme prévue en dehors de l’inévitable guerre d’égo entre Le Preux et le Trésorier, peut-être qu’une tierce partie neutre parviendrait à calmer les esprits et amener un peu de paix sur ce navire encore bien trop à quai au goût de L’Instigateur.

S’il y avait quelqu’un sans qui rien ne serait possible, c’était Le Capitaine. Bien que ni militaire ni de sang bleu il était décisionnaire et responsable de son navire, sur un seul mot de sa part toute cette petite compagnie pouvait très bien débarquer et cette aventure se terminer plus tôt que prévu.

L’homme au visage buriné par les vents et le soleil s’avança, la fameuse carte demandée en main. Celle-ci avait bien vécu et la plupart des inscriptions étaient presque ou totalement effacées, mais un bon navigateur tel que lui n’en avait plus besoin, il savait où aller et comment. Il ne lui manquait plus qu’un ordre et une direction.

[Terminé][Quête]Le bon, La brute et le Fangeux [Adeline Delorme, Alexandre de Terresang, Lothaire Ferbois, Cross Algoln, Constance Hillaire] - Page 2 W8VLbVV

“Voilà Monseigneur. Toute la zone en dehors de la carte est considérée comme perdue et personne ne tentera jamais de s’y rendre. Si vous voulez mon avis, la zone au nord est infestée de pirates et beaucoup trop risquée, le mieux est de voguer plein sud disons jusqu’à Piana.” Il pointa du doigt le village effacé sur la carte. “C’est ni trop près ni trop loin de Marbrume et vous devriez facilement trouver ce que vous cherchez.”

L’homme observa le soleil qui commençait à prendre de la hauteur, dissipant petit à petit les nappes de brume qui flottaient sur les eaux de la baie. Le temps filait à toute allure et ils devraient presser le pas s’ils espéraient rentrer avant la nuit.

“Sauf vot’ respect messire, si vous voulez capturer et décortiquer votre truc avant l’aube il va falloir lever l’ancre rapidement. Mon équipage est prêt à partir et le ladre que vous avez envoyé chercher du matériel vient de revenir. Tout est prêt, on attend plus que vos ordres.”

Bombaysers observait dans un coin, prenant note de tout ce qui se disait et observait l’équipage charger à bord tout le matériel que les deux scientifiques de la mission avaient demandé. Ces deux-là ne manquaient assurément pas d’idées, et une part de lui-même espérait que les fangeux étaient bel et bien insensibles à la douleur, sans quoi la créature regretterait bien vite d’être revenue d’entre les morts…

Tout était prêt et il ne manquait plus qu’un signal du Trésorier pour appareiller et aller chercher leur spécimen. Tout ne pouvait que bien se passer, après tout n’avaient-ils pas tous été bénis par la Prêtresse? Cela devait bien compter pour quelque chose, il le fallait.

Citation :: Vous êtes prêts à partir, Alex je te laisse commencer le tour. Cross à toi d'organiser la capture. Pour les autres le bateau est chargé avec ce que vous avez demandé, et Bombaysers avait déjà commencé à stocker des choses, sentez vous libre d'y trouver ce dont vous avez besoin dans la limite du raisonnable.

Bon jeu à vous!

Prochain mjitage: 20/01

Le Preux s'était tu, très bien. Il n'avait plus rien à dire et il n'avait qu'une chose à faire c'était organiser cette chasse pour que les chercheurs puissent s'occuper du Fangeux et peut être trouver un remède à ce mal.

Il écouta alors le capitaine qui avait sorti sa carte et décida que le mieux pour l'expédition était le Sud ... le Nord étant trop dangereux à cause des pirates du Séraphin ... hm... bien. Il avait eu vent de son expédition qu'il avait envoyée il y a quelques temps pour Piana, elle était revenu la journée même à cause d'un sauvetage de milicien qui avait était attaqué par des bannis et des fangeux ... c'était donc l'endroit idéal.

Il regarda alors le capitaine avec un sourire et annonça le départ après qu'il est affirmé que le jeune homme était revenu avec le matériel demandé.

"Bien, larguez les amarres ... nous partons pour Piana. Sergent Cross veuillez préparez vos hommes et consolidez un plan pour la chasse à la Fange ... envoyez l'un de vos hommes dans la cale dire aux chercheurs et à la prêtresse qu'une réunion aura lieu sur le pont lorsque nous arriverons à destination."

Le valet obéit, et les choses s’ordonnèrent, cependant … Est-ce que le chauve était devenu sourd ? Il n’avait pas du tout réagi à ta réponse… Comme s’il ne l’avait pas du tout entendu. Serait-il devenu sourd ? Ou peut-être il n’avait plus toute sa tête. Tu continuas tranquillement, à fixer ton épée, l’observant sous différentes coutures et l’étudiant correctement. Tu connaissais déjà parfaitement ta lame, mais tu avais du temps à perdre.

Le vieux recommença à donner des ordres à tous va. Tu le regardas passablement faisant signe de la main à un milicien écoutant de partir chercher les autres et obéir. Tu pivotas pour le regarder à nouveau, faisant tourner ta lame dans ta main à l’horizontale par les poignées. L’agitant avec souplesse dans sa main. « Comme je vous l’ai dit monseigneur Terresang, j’ai déjà un plan. Mais vous n’êtes pas sourd, et j’imagine que vous avez du bien entendre ce que j’ai dit avant n’est-ce pas ? »Tu le fixas passablement alors que tu savais parfaitement bien qu’il n’ait absolument rien écouté. Son égo gonflant si fort dans ses oreilles qu’il ne pouvait juste plus entendre ce que tu voulais lui dire. À ce moment précis, tu n’avais envie qu’une chose, afficher un très large sourire … mais celui-ci viendra quand tu le verras arrêter de respirer face à toi… Oui, tu voulais qu’il meurt, mais il n’allait pas risquer sa vie lors de la mission, il ne fallait pas rêver. Il n’avait pas la force ou le courage. Il n’était rien de plus qu’un noble chouchouter vivant dans un rêve idyllique, croyant que le monde allait s’agenouiller face à lui. Et s’ils ne s’agenouillaient pas, il ignorait totalement ce qui se passait autour de lui… Fuyant la réalité.

-Piana vous dites ?

Un rictus nerveux se figea, juste là, au coin des lèvres du médecin. L’officier envoyé pour le chercher n’avait pas eu besoin de descendre à la cale, Lothaire était déjà là, sur le pont, appuyé contre le bastingage du navire. Il s’emplissait les poumons de l’air frais de la mer, fermant les yeux, s’emplissant de ce dernier instant de tranquillité avant que l’homme d’arme ne l’interpelle sur leurs destinations. Une courte réunion aurait donc lieu entre tous avant le débarquement.

Le Docteur ignora ce discret frisson qui semblait s’éveiller de sa cuisse gauche, mais les souvenirs de sa dernière mission dans ce village lui filaient le cafard. Ce n’était pas exactement d’agréables souvenirs qui lui venaient à l’esprit, il y avait failli perdre la vie suite à une hémorragie causée par un tir de carreau d’arbalète. S’il n’avait pas eu d’assistance ce jour-là, il y serait passé. La vie semblait être une chose si volage, qu’importe les grandes desseins qu’on semblait hisser au sein de nos misérables existences, la Mort pouvait tout emporter en un instant et puis ensuite, plus rien…

Mais Lothaire n’était pas du genre à se perdre dans de tels considérations, il se forçait à se remémorer son unique objectif à présent, trouver la Cure contre la Fange. Cette quête devait primer par-dessus tout, il en allait de son honneur, de celui de sa famille défunte et de la volonté des Dieux, quels que soit l’avis du Clergé, des Nobles, du peuple ou autre. L’essentiel à présent, c’est qu’il avait obtenu ce qu’il voulait tant, capturer un fangeux et l’étudier, avec l’autorisation du Duc. La Quête devait primer sur tout le reste aux yeux du Ferbois, y compris ces inquiétudes. Ce mantra devait résonner en lui à chaque instant, la discipline devait guider son bras et son esprit aiguisé.

La Quête.
La Cure.
La Fange.

Réfléchissant quelque peu sur le lieu entourant ce village abandonné, il se souvenait que le chemin menant au site était effectivement fréquenté par des fangeux, enfin un pour être plus précis. La sale bête avait fini par être tuée. Mais il y en avait peut-être d’autres. La présence du bateau attendant sur le littoral pour un éventuel départ en catastrophe ainsi que la compagnie d’autant d’hommes d’armes rendait la présente mission bien plus sûre. Il n’y avait pas de motif à s’inquiéter.

Déambulant à présent sur le pont, Lothaire marchait d'un air faussement distrait. S'il préférait éviter de mentionner sa précédente escapade à Piana pour éviter de trop attirer l'attention sur lui, Lothaire ne se ferait pas avoir cette fois-ci. Il contribuera à la capture d'une de ces bestioles et il expérimentera dessus suffisamment pour en déduire quelque chose de nouveau.

Sa résistance à la douleur ?

La morphologie de la maudite goule ?

De quoi sont composés ces maudites griffes ? D'ongles ? D'os ?

L'effet de l'eau de mer, au sel dilué, sur sa peau ? Pourquoi en souffre-t-elle ?

L'effet du soleil sur elle ?

Si peu de temps pour étudier la bête !

Lothaire espérait trouver l'un ou l'autre de ces tout nouveaux compagnons sur ce pont, peut-être arriverait-il à convaincre un ou deux à la nécessité d'étendre la période de tests sur cette créature sur une plus longue durée ?

Bombaysers étaient de plus en plus inquiet, ces rivalités n’avaient rien de productif et il n’osait imaginer les répercussions si jamais la mission tournait au désastre pour une banale histoire d’insubordination. Le milicien se rendait-il compte qu’il risquait la potence? Les hommes placés sous ses ordres grincaient des dents et l’on pouvait sentir leur loyauté vaciller, certes ils étaient à la solde de la milice mais se heurter sciemment à un noble n’était jamais, jamais une bonne idée. Tout cela pouvait conduire à des prises de positions, et pire, une mutinerie.

Le petit homme observait tour à tour les miliciens présents ainsi que les matelots, rien n’allait vraiment dans le sens qu’il avait imaginé, et tentait de jauger leurs réactions.

Citation :: Jet de Charisme

- Charisme de Cross : 7 (Malus de +1 pour Bravade)
3 réussi

- Charisme d’Alexandre : 13 (Bonus de +1 pour Autorité)
4 réussi

C’était peut-être le pire cas de figure, la moitié des soldats et matelots présents ne savaient pas quelle position adopter, la quelle était la plus logique et la quelle était la plus risquée? Des murmures couraient à présent dans les rangs et les dernières paroles du Preux n’arrangèrent rien. Seul Le Capitaine pouvait trancher, étant seul maître à bord de son navire.

Citation :: Jet de Charisme en faveur du Capitaine

- Charisme de Cross : 7 (Malus de +1 pour Bravade)
20 échec critique

- Charisme d’Alexandre : 13 (Bonus de +1 pour Autorité)
19 échec

L’homme n’avait pas quitté sa carte des yeux, se pinçant le nez la tête en avant dans une posture de réflexion agacée. Rien n’autorisait qui que ce soit à se comporter de la sorte sur son navire, pas sous la lumière des Trois et en présence d’une Prêtresse. Il s’avança sur le pont et fit porter sa grosse voix aussi loin qu’il le pouvait.

“Ce navire appartient au Duc et à la noblesse qui paie grassement pour son entretien. Et vous.” Il désigna Le milcien d’un doigt accusateur. “Allez beaucoup trop loin. Je ne tolérerai pas qu’un navire béni par une Prêtresse d’Anür soit le théâtre d’une rébellion aussi mesquine et inutile, encore un mot de la sorte messire et je vous débarque vous et vos hommes avant de rédiger un rapport au Bailli. Est-ce que c’est clair?”

Le Capitaine se tourna vers ses hommes et commença à beugler ses ordres, Le Trésorier avait été clair, ils vogueraient vers Piana en profitant de la marée.

“Vous avez entendu? Larguez les amarres! Plein est sur un mile nautique puis plein sud, si les vents nous sont favorables nous devrions accoster avant midi. Au boulot!”

Voilà qui rassurait L’Instigateur qui ne pouvait pas faire beaucoup plus qu’observer, le mépris qu’il inspirait au Trésorier était très clair et la hiérarchie sociale voulait que ce dernier l’ignore totalement, c’était peut-être pour le mieux finalement.

Restaient dans la cale du navire les deux femmes de l’expédition, fait déjà très rare en soi mais leurs compétences respectives les avaient rendues indispensables au succès - du moins il fallait l’espérer - de cette mission. Elles s’étaient faites discrètes jusqu’à maintenant, bénissant l’équipage pour l’une et passant en revue le matériel pour l’autre.

Un petit raclement, très faible, se faisaient régulièrement entendre dans un recoin assez sombre de leur laboratoire improvisé où était retenu Le Détenu. Celui-ci n’avait rien manqué des propos de la Prêtresse et comptait sur son auguste présence pour se sortir de ce faux-pas. Il était vêtu de haillons déchirés, pour ainsi dire presque nu dans son étroite cage, une barbe sale et hirsute lui bouffait le visage encadré par une chevelure toute aussi sale et ébouriffée; Il devait certainement avoir des poux, si ce n’était pas des puces ou la gale et dégageait une odeur de cachots assez peu engageante. Mais c’était exactement comme ça qu’il comptait sortir d’ici, jouer sur la pitié l’empathie d’une femme connue pour son intégrité et son respect des créations des Trois.

“Aidez moi…”

Citation :: Voilà pour cette semaine, rappelez vous, un post par joueur et par tour, une fois le tour fini vous pouvez continuer au besoin J'ai rien de particulier à ajouter, vous pouvez considérer le voyage comme sans encombres et enchaîner directement.

Bon jeu à vous!

Prochain mjitage le : 27/01

Pour supporter les lieux clos, il fallait que ceux-ci me soient familiers et surtout, que j'y ai quelque chose à faire, ce qui n’était pas le cas, pour l'heure. Sans fangeux, je n'avais strictement rien à faire dans cette cale, mis à part supporter la présence d'une prêtresse qui me mettait déjà mal à l'aise. Je n'avais strictement rien contre elle. Je la respectais, que ce soit pour sa position ou simplement pour sa nature humaine, mais sa naïveté évidente, tout comme sa douceur, me dérangeaient… car je ne savais pas comment agir face à elle. J'aimais mieux sortir donc, évitant soigneusement la bénédiction qu'elle me proposait si gentiment et dont je ne voulais évidemment pas.

Sur le pont, je me fis particulièrement discrète, personne ne me remarqua, visiblement. Néanmoins, je ne perdis rien de la scène regrettable se déroulant devant mes yeux. Autant dire que j'étais inquiète. Une pareille équipe se devait d'être soudée afin d'éviter tout accident fâcheux dont nous nous passerions bien… Surtout dans un contexte aussi incertain. Non, vraiment, je n'étais pas très rassurée…

J'écoutais les remontrances du capitaine du navire sans quitter mon poste d'observation. Nul doute que celles-ci n'allégeraient pas la tension déjà lourdement pesante, alors que nous n'avions pas encore quitté le port. Aussi, attendis-je que l'homme termine son discours avant de me mêler à l'attroupement pour poser les seules questions qui hantaient mon esprit à ce moment-là :

-Je suis consciente que la hiérarchie au sein d'une équipe est importante, mais n'aurait-on pas plus important encore à discuter ? Comme… je ne sais pas, réfléchir à comment capturer une créature, vivante par exemple ? Comment la ramener ici, jusque dans la cale ? Quelqu'un ici connaît le terrain où nous nous rendons ? Saurait décrire comment les fangeux se déplacent ?

Nous n'avions que peu de temps pour accomplir notre mission… Trop peu de temps pour jouer à celui qui a la plus grosse… bourse. Je me fichais bien de la hiérarchie, de la richesse de l'un, de la puissance de l'autre. Moi, ce que je voulais, c'est enfermer l’une de ces bestioles et pouvoir enfin en apprendre plus sur elles.

-Le temps presse, je doute que réfléchir une fois devant le fait soit réellement productif. Je propose donc que nous nous penchions ensemble sur le sujet AVANT d'arriver sur les lieux, au risque de nous retrouver pris de court.

Je doutais que mes paroles soient les bienvenues. J'étais une femme au milieu d'homme visiblement fier et… Armés. Néanmoins, j'avais besoin d'être rassurée sur le bon sens de ces gens… Nos vies à tous étaient entre leurs mains après tout et à mon sens, elles valaient bien plus cher que n'importe quel titre au monde… D'autant qu'ils ne signifiaient plus grand-chose… Je me tenais donc là, maintenant fermement mon masque impassible en attendant que quelqu'un ne réagisse pour le mieux. Sans quoi, autant quitter le navire avant de voguer vers la catastrophe, je n'étais pas venue pour me suicider bêtement.

Le capitaine haussa le ton, lui même savait l'importance de la hiérarchie dans un groupe et chacun devait rester à sa place faute de quoi, l'exécution était de mise ... et Alexandre fera le nécessaire lorsqu'il rentrera à Marbrume, jamais il ne se laissera parler ainsi par un minable petit milicien, dont il savait maintenant qu'il n'était pas plus grad" qu'un simple coutilier, qui se prend pour le chef parce qu'il dirigeait une troupe de milicien pour une mission. Il avertirait ses supérieurs par missive et il espérait que cet affront ne restera pas impuni et qu'il sera sanctionné en conséquence.

Il écouta alors la jeune Adeline, oui, il fallait avoir un plan avant d'arriver sur les lieux et surtout, le noble doutait que l'alchimiste connaissait un tant soit peu la constitution d'un Fangeux ou encore sa vitesse et ses aptitude mais qu'importe, depuis deux années Alexandre combattait la fange et il connaissait un peu le sujet.

"Les Fangeux sont rapides, il faut donc se focaliser sur cette vitesse... je pense que messire Algoln à un plan qui va dans ce sens... n'est ce pas Le Preux ?"

Voilà qu’à présent nos deux coqs se volent dans les plumes, à savoir lequel des deux aura le privilège de casser les oreilles au reste de la basse-cour aux aurores. Algon, le jeune coq, semblait particulièrement hargneux aux yeux de Lothaire, sans doute un mélange entre sa fougue dû à sa jeunesse, la frustration de se retrouver à devoir rentrer dans le rang, surtout face à un sang bleu bien plus âgé, massif et haut-gradé que lui. Un probable dérèglement de la bile jaune, décelait le médecin et homme de science, que son foie devait sécréter en quantité, son caractère bilieux influe sur ses émotions, il se retrouve à lâcher sa colère sur la première source de frustration persistante qu’il aperçoit. Le diagnostic semblait intéressant, mais le Ferbois se gardait bien d’en piper mot à quiconque. Les gens ont tendance à ne pas apprécier les diagnostics non réclamés, en particulier les bilieux…

Au moins le Capitaine savait se faire respecter, c’était déjà ça. Lothaire ne pouvait qu’acquiescer devant son autorité, enjoignant ces matelots à la discipline. Il n’y avait rien d’autre qui puisse aussi bien permettre la réussite d’un objectif pour un homme. A présent, c’était la demoiselle Delorme qui prenait la parole, elle souhaitait réorienter la discussion vers notre objectif premier, la capture d’une de ces satanées bêtes. Elle était plutôt maligne, se dit Lothaire en son for intérieur, elle parvenait ainsi à faire entendre sa voix presque comme une égale au Capitaine et à nos deux taureaux fougueux, à dissiper les tensions pour quelques instants et à profiter du temps de notre traversée pour mettre en place un plan correct.

En sommes, tout ce qu’il fallait pour assurer la cohésion du groupe et l’assurance d’une mission réussie.

De Terresang profita de l'occasion pour intervenir, n'hésitant pas à lâcher une petite boutade au jeune coq.

"Les Fangeux sont rapides, il faut donc se focaliser sur cette vitesse... je pense que messire Algoln à un plan qui va dans ce sens... n'est ce pas Le Preux ?"

-Les marécages.

La voix du Docteur siffla, rompant le silence laissé par la réponse du noble guerrier. Il ne souhaitait guère les entendre se chamailler de nouveau.

-...

La petite intermittence suivant la suite de sa réflexion était voulu, il souhaitait obtenir la pleine attention de ces auditeurs.

-Le territoire entourant Piana est infesté de marécages, non ? Si c’est le cas, nous nous fourrons nous même dans la gueule du loup à nous amuser à les chercher sur leurs propres territoires. N’importe laquelle de ces saletés profiterait d’un moment d’inattention pour nous débusquer et nous traquer. Une morsure seulement, et nous serions condamnés à devenir l’un d’entre eux, si je n’arrive évidemment pas à chasser la fièvre avant. Et cela pourrait arriver à chacun d’entre vous.

Lothaire cherchait à remettre tout le monde à sa place en évoquant leurs propres mortalités, tout autre distraction terrestre n’était avant tout que futilité et vanité, ils avaient tous mieux à faire.

-Je propose d’éviter ces terrains impraticables. La vase pourrait nous ralentir si nous devons fuir. Il faudrait plutôt essayer d’appâter l’une de ces bêtes sur un terrain plus favorable pour nous, quelque chose d’un peu plus dégagé. Une clairière, le village lui-même, s’il n’est pas hanté, ou encore une route. L’important est que nous restions à proximité du littoral, à tout moment, nous devrons être prêt à tout abandonner pour fuir de manière groupé en direction du bateau.

Marchant à travers le pont, parlant suffisament fort pour obtenir l'attention de tous, Lothaire espérait que son ton didactique d'homme de science et de professeur parviendrait à lui assurer une certaine ''autorité'', si ce n'était pas au moins un certain respect.

-Je suppose qu’on pourrait faire appel à un appât pour attirer les goules, quelque chose de suffisamment appétissant à leurs yeux mais qui resterait hors de leurs portées, le temps qu’on puisse en capturer un…le seul souci étant que ces bêtes n’ont visiblement de goût que pour la chair humaine et des considérations religieuses visant à sacrifier un innocent…

Lothaire s'était arrêté, clouant ces deux bottes de cuir sur le sol du ponton.

-...

Fermant les yeux un instant, Lothaire semblait être pris d'une intense reflexion. Il n'y avait pas de doute, il souhaitait obtenir l'aval de tous pour cette reflexion osé, car elle n'était pas forcément pas facile à entendre pour les cœurs les plus sensibles. Enfin surtout une en l'occurence.

-Ah moins que…

Le regard de Lothaire se posait en direction de la porte menant aux calles du navire. Pile l’endroit où se situait la cage du détenu.

-…Comment disait-déjà le sieur Bombayser ? ‘’ Que les crimes qu’il avait pu commettre lui ont ôté tout droit de regard sur son propre sort ‘’? Nous tenons notre appât, je pense. Avec une robuste cage en prime, ça devrait suffisamment distraire ces sales bêtes.

Encore une fois, le monde était contre toi, et que pouvais-tu faire ? Rien, comme d’habitude. Tu soupiras et hochas de la tête en soupirant. Ne cherchant plus à comprendre si Alexandre était juste idiot ou avait un trop grand égo pour pouvoir écouter les autres… Dans tous les cas, cet homme était un poids mort inutile … Un poids vivant inutile, mais son argent nous sera utile voilà plutôt la façon correcte de le dire. Tu ne dis alors plus rien, gardant les yeux fermés et écoutant attentivement la foule d’idiot qui t’entourait … enfin. La seule personne qui semblait douée d’intelligence ici était monsieur Ferbois. Tu pourrais peut-être réfléchir à un plan correct pour qu’après le noble puisse penser si ce plan est valide ou non. Tu ignoras COMPLÈTEMENT le trésorier et te concentras plus sur ce que Ferbois avait à dire. Il avait raison sur plusieurs points, mais sur beaucoup. Mais c’était à toi d’entrer en scène. Le plan était ton but en même temps. Tu t’avanças les bras croisés et les yeux enfin ouverts.

- « Ceci est une chasse. Rien de plus. Les humains ont toujours chassé les bêtes sur leur propre terrain. Comment ? En abusant de leur instinct animal et naturel, retournant leurs atouts contre eux et les utilisant à notre avantage. »

Tu soupiras avant d’inspirer encore une fois, tu détestais guider les troupes, mais quand il le fallait, il le fallait. « Voilà ce que nous savons des fangeux. Rapide, fort, agile, attaque en sautant sur leur proie comme un animal sauvage classique. Étant un humain de base, il possède donc les mêmes avantages et désavantage que nous. Pas de fourrure, donc peu de défense et résistance, mais extrêmement bonne endurance et équilibre. Exactement comme nous. Ils chassent seul ou en meute, mais leur instinct les pousse à attaquer n’importe quel humain passant à leur porter. En clair … Nous avons donc un être humanoïde, se battant instinctivement comme un animal ayant une force impressionnante et une rapidité hors du commun… Nous utiliserons donc cela contre lui. Seul, un humain n’a aucune chance. Mais correctement équiper et préparer nous pourrons les affronter sans mal. »

Tu tournas doucement le regard sur la foule espérant qu’ils voient où tu voulais en venir. « J’apprécie votre idée de la cage monsieur Ferbois, mais nous sommes ici pour capturer la bête, par lui offrir un repas emballé. Mettre l’homme en cage ne servirait à rien et nous perdrons juste un appât… À vrai dire, une cage servirait simplement à rien. Premièrement, nous devons trouver un endroit assez dégagé pour que nous puissions voir les bêtes arriver de loin. Aller dans les marécages serait juste leur offrir de la nourriture. Nous nous placerons dans une plaine pas très large à la lisière des marécages… Je vais vous expliquer maintenant le plan que j’ai pen… Que j’ai trouvé. » Tu marquas sèchement la dernière note avant de reprendre.

- « Dans l’ordre, nous installerons d’abord un piège. Pas une cage, pas un filet, mais plusieurs filets. 3 épaisseurs pour être exacte. Premier un filet à corde moyenne, ayant pour but de la ralentir. Deuxième un filet à fines cordes, mais très nombreuses, qui serviront à emmêler chacun de ses membres et troisième un filet à maillant utiliser par les pêcheurs pour empêcher l’animal piégé de nous atteindre une fois piéger. Les fangeux sont rapides et leur mouvement sont erratiques, mais même si un animal surpuissant emmêle ses membres dans plusieurs filets, sa force n’est jamais suffisante pour s’en détacher. Une fois l’animal dans le filet, il sera piégé, et si on a de la chance, la bestiole ne pourra même plus bouger. Le piège sera tenu par deux longs bâtons en bois, pour faire les coins supérieurs gauche et droit du filet. La base sera tenue par des poids des sacs de sable. Le mieux sera que la bête casse les lances en se projetant, comme ça la bête s’emmêlera encore plus… Mais si vous êtes malin vous comprenez bien que le sac à un problème, il n’y a pas de corde pour le refermer. C’est pour cela que les filets seront tous relier à leur bout par une corde épaisse chacune qui sera fixée sur les sols à droit et à gauche. »Tu sortis alors ta bourse, l’ouvrant pour sortir une pièce.« Pour faire plus simple. Voilà la bête. Elle saute dans le piège. » Tu relâchas la pièce qui tomba dans un petit tintement dans la bourse. « Et le piège se referma sur elle. » Tu tiras alors les deux cordelettes à gauche et à droite pour fermer la bourse. Tu remis ta bourse et repris la suite.

- « Pour l’appât, ce sera simple. On enverra un homme à la lisière des marécages et au moindre danger, il reviendra en courant vers nous. Et il a intérêt à courir vite sinon il est mort. On peut utiliser le prisonnier pour faire cela, mais il y a une deuxième partie dans le rôle de l’appât, et tenir les deux à lui seul ne sera pas très utile. Un appât devra se tenir derrière le filet et forcer un fangeux à lui sauter dessus, le seul problème c’est qu’un animal attaque rarement de face, nous devrons donc placer des murs de pique à gauche et à droite pour les forcer à venir de front. Une fois l’animal lancé vers l’appât à pleine vitesse, on soulèvera le filet et il viendra s’enfoncer dedans directement. »

Tu poussas un soupire de plus et continuas.« Pour la défense, car on devra forcément pouvoir se défendre s’ils viennent à plusieurs et ils viendront à plusieurs. Je veux que chaque homme soit équipé d’un pilum avec un poids. Si la bête leur saute dessus, le pilum l’enfoncera facilement dans sa chair à cause du manque de fourrure. Le joint fragile de la partie métallique et en bois du pilum cèdera. Laissant la bête avec une lance avec un poids en elle. Ça ne la ralentira pas beaucoup, c’est pour cela que je veux chaque homme équipé d’une gourde pleine d’eau salée. Ils verseront l’eau sur leur arme et en les pilums. Et une fois les bêtes blessées, ils jetteront l’eau salée sur eux. » Tu tournas alors le regard vers l’alchimiste.« Le mieux serait d’avoir chaque homme équipé de simple bouteille en verre fin ou des fioles. Ça leur fera une arme de lancer efficace sur les fangeux une fois ralenti par les pilums. »

Tu soufflas une fois de plus en regardant la foule. « Comme me la dit le trésorier, je dois laisser les grands réfléchir et jouer mon rôle de gentil milicien … Donc si vous avez une meilleure idée ne vous gênez pas. »

Les bonnes grâces ne préparent décidément pas à tout. Certes Dame Mercuro avait vu son lot d’horreurs au Temple et les derniers soins aux mourants n’étaient pas chose facile, surtout quand on se demande si le dit mourant ne va pas se réveiller pour vous gober les yeux. Mais elle n’était pas préparée à ce qu’elle vit dans la cale de La Fierté Gâchée. Le Détenu n’était plus qu’un sac dos presque nu tant sa tunique était déchirée, torturé au-delà de ce qui était imaginable il était une vision d'horreur qui n’avait rien à envier au plus décharné des morts-vivants qui hantaient la campagne Morguestane.

Citation :: Jet d’endurance
- Endurance de Pénélope : 8
2 réussi

La jeune femme ne sachant que dire eut pour seul réflexe de porter les mains à sa bouche dans un cri silencieux avant de s’effondrer mollement sur le sol du bois dur et usé. Par chance un milicien présent se rua à son secours, l’empêchant de se cogner la tête. L'Ôracle fut raccompagnée au Temple en urgence où elle se remettrait tranquillement de ses émotions. Le mot fut passé qu’un ou une remplaçant était demandé, aucune expérience ne pouvant avoir lieu sans l’aval d’un représentant de la Trinité.

Pendant ce temps sur le pont et dans l’indifférence générale, le sieur de Bombaysers observait la scène, circonspect comme à son habitude. Les idées proposées étaient bonnes et les interventions du Capitaine et de L’Inventrice semblaient avoir fait leur petit effet, Le Preux ignorait sciemment les conseils prodigués par les uns ou par les autres, au grand damn du Thaumaturge et discourait avec aisance, distribuant ses ordres et expliquant ses idées.

La seule question qui hantait l’esprit de L’Instigateur était : est-ce que trois filets suffiraient? N’avait-on pas retrouvé les dépouilles de chevaliers dont les armures de plate avaient été déchirées à la seule force de griffes fangeuses? Un gros doute planait, mais il n’en avait aucun sur le fait que son avis ne serait ni entendu ni respecté. Aussi se tût-il, s’en remettant aux Trois et à leur bienveillance…

* * * Trois heures plus tard. * * *

De justesse. Ils en avaient réchappé de justesse…

Rien de ce qu’ils venaient de voir ne quitteraient jamais leurs esprits, les cris des miliciens hanteraient leurs nuits pour le restant de leurs jours. La dépouille encore fumante du fangeux finissait de se consumer au milieu des restes déchiquetés des filets et des douze braves hommes qui avaient donné leurs vies pour tenter de la ramener. Devant l’ampleur du désastre l’ordre avait été donné de cribler la bête de flèches incendiaires, une d’entre elles avait d’ailleurs raté sa cible et cueilli un milicien en plein casque, l’homme avait rôti vivant à l’intérieur de son armure avant que ses cris n’attirent l’attention du monstre qui le réduisit au silence. L’on tentait en ce moment même d’empêcher l’archer de se jeter par dessus bord, pauvre hère, il n’avait tenté que d’aider ses compagnons...

Tout cela n’avait duré que quelques instants pendant lesquels personne n’avait osé respirer. Oh le piège avait fonctionné, ils avaient placé leur filet sur une petite plage dégagée à l’orée des marécages. La Fierté Gâchée mouillait à quelques mètres de là, en sécurité sur la mer paisible de cette fin d’après-midi. La bête était venue seule, mais l’homme désigné pour jouer le rôle d'appât n’avait pas été assez rapide, tous avaient constaté la virulence du monstre quand d’une seule main il avait arraché la tête du milicien avant de s’acharner sur sa dépouille d’une manière tellement sauvage que l’un des hommes postés près des filets en avait régurgité d’effroi.

C’est ce qui avait déclenché le reste de ce désastre. Ce gargarisme écœurant avait tiré la bête de son défouloir et elle avait foncé tête baissée dans le piège qui lui était tendu. Les filets n’avaient tenu que quelques secondes, les pilums dressés balayés comme de vulgaires roseaux et la piétaille consciencieusement massacrée.

C’était un désastre. Et Bombaysers craignait que Le Capitaine ne déclare la mission échouée et mette les voiles en direction de Marbrume. Ne serait-ce pas là une manière d’ignorer le sacrifice de ces braves soldats? N’y avait-il rien qu’ils puissent tenter de plus ou qui puisse être tiré de ce bain de sang? Concentré sur les notes qu’il prenait le petit homme attendait que des ordres soient donnés, qu’une décision soit prise mais il redoutait par-dessus tout que tout cela n’ait servi à rien...

Citation :: Jet d’enthousiasme général

- Charisme global : 10 (Malus de -1 pour échec cuisant)
5 réussi

Malgré l’ampleur de l’échec qu’ils venaient de subir, des voix s’élevaient çà-et-là, murmurant que la mort de ces hommes se devait d’avoir un sens, que de les abandonner à leur triste sort sur cette plage sordide serait insulte aux Trois et à leur mémoire. Oui, on disait que la mission devait continuer, que trop de choses en dépendaient et qu’il n’était pas pensable de rebrousser chemin à la première déconvenue, aussi grande soit-elle.

Finalement, il restait un peu d’espoir.

Citation :: Rassurez-vous, il reste de quoi faire! Vous avez encore des soldats et du matériel à bord, le moral reste bon. À vous de voir comment vous souhaitez poursuivre, mais sans vouloir vous aiguiller vous avez pas mal de possibilités!

Suite à la sortie de Pénélope vous serez rejoints par Constance par barque ce tour ci, c'est elle qui postera la première pour s'introduire, ensuite vous enchaînez comme vous le souhaitez!

Bon jeu à vous!

Prochain mjitage le : 03/02

- « Vous voulez que… ? »
- « Oui, Constance, tu dois rejoindre Piana, tu entends, un bateau t’attend eu port, il te déposera là-bas au bord de la plage, tu ne devrais pas avoir de difficultés à trouver le groupe. Tu t’occupes du côté de fange depuis suffisamment longtemps, il est l’heure que la recherche avance »

La blondinette caressa doucement son ventre désormais bien visible sous sa robe de prêtresse, elle était hésitante, pour la première fois de sa vie, elle s’apprêtait à refuser un ordre direct des hautes instances du clergé. Prenant une légère inspiration, elle détailla son interlocuteur un long moment, sans que celui-ci ne prenne la parole. Elle avait toujours eu l’espoir de se voir confier ce genre de projet, mais maintenant qu’elle était mariée et surtout sacrément enceinte –de cinq mois -, il lui était difficile d’accepter de tout perdre pour une recherche, néanmoins son visage avait fini par opiner lentement. Constance n’était pas prêtresse responsable depuis longtemps et même si elle n’était pas une progressiste affirmée, c’était bien une opportunité qui ne pouvait pas se refuser.

- « Bien, faites prévenir mon mari. Rassurez-le. Je serais de retour rapidement, vous pouvez compter sur moi pour porter la parole des trois. »

On lui confirma l’ensemble avant de l’accompagner jusqu’au bateau proche du port, elle n’avait pas eu le temps de prévenir qui que ce soit d’autre, ni même d’embarquer grand-chose avec elle. De l’eau salée, une petite dague, un bâton à la tête de serpent pour s’aider à évoluer et c’était tout. Elle n’était de toute façon pas là pour réaliser quoi que ce soit, mais bien pour donner son accord pour les actes, pour définir ce qui devait être fait et améliorer les recherches ou confirmer les suppositions et les rumeurs qui circulaient. Le voyage ne fut pas bien long et lorsque le bateau l’a largua, elle avait dû sauter dans l’eau, là où le niveau lui arrivait au bassin, faisant davantage ressortir son ventre bien rond. La balafrée ne semblait pas en être particulièrement dérangée, sa condition ne l’empêchait en rien d’exercer son devoir. Avançant un peu plus loin jusqu’à détailler la masse d’individus qui se trouvaient devant elle, la blonde ne sembla pas tourna de l’œil vis-à-vis de la multitude de cadavres bien présents et l’odeur de la mort qui régnait dans les lieux. Ce n’était pas évident à voir, mais Constance avait l’habitude, oui, elle gérait le soin des fangeux, le soin en général au niveau du clergé et avait déjà mis plusieurs fois les pieds dans le coin plus sombre du temple, celui qui permettait de faire des recherches bien moins respectables. Prenant une grande inspiration, elle s’approcha du groupe et sans réellement se présenter, fit ce qui devait être fait. Sa voix était portante, sans être ni trop autoritaire, ni trop douce :

- « Brûlez les cadavres, tous. Gardez-en un encore en état et allez l’enchaîner dans votre piège, vous devez bien avoir ça ? Quelque chose de solide, les cordes ne suffisent pas, les chaînes non plus, ou alors plusieurs et des importantes. »

Quand les regards s’étaient tournés vers elle, parce qu’ils avaient bien du finir par se tourner vers celle qui venait d’arriver et qui n’avait pas vécu l’événement tragique.

- « Je suis Constance Hilaire, prêtresse responsable du clergé et une des chercheuses sur la fange. Ne vous fiez pas ni à mon ventre ni à mon jeune âge, croyez-moi, j’ai dû voir bien pire que ce que vous avez vécu ici. » Détaillant tout d’abord Alexandre de Terresang, qu’elle connaissait de nom et de visage rapidement, elle poursuivit « Vous, noble seigneur, emmenez donc avec vous un membre de l’équipage, idéalement quelqu’un qui connaît un peu les blessures… Choisissez un corps dont les blessures sont mortelles, mais dont la tête est encore bien accrochée, s’il manque un bras, une jambe un œil cela n’importe pas. »

Un instant, elle détailla les autres personnes présentes et s’adressa à l’autre femme, lui offrant un doux sourire :

- « Vous… Venez avec moi, nous allons observer les blessures et les résultats d’une attaque de ses monstres, il faut faire vite, la transformation prend souvent trop rapidement, néanmoins c’est très aléatoire. »

Détaillant pour terminer l’homme qui semblait être un milicien, elle lui offrit un doux sourire, qui se voulait rassurant, on lui avait rapidement et brièvement expliqué tout ce qui s’était passé depuis le début et autant le dire, ce n’était pas joli.

- « Vous, monsieur le milicien, pouvez-vous préparer le bûcher et jeter les corps à l’intérieur avec l’aide de vos hommes restants ? Croyez-moi, je suis sincèrement désolée que vous ayez dû tous endurer cette épreuve, mais rassurez-vous, Rikni va nous venir en aide. »

Avisant tout le monde, elle reprit la parole :

- « Dépêchez-vous, nous n’avons pas de temps à perdre, une fois le futur fangeux choisi vous l’embarquez dans le bateau et vous faites TOUT ce qu’il faut pour l’immobiliser et nous protéger, monsieur le milicien quand vous aurez terminé votre office vous rejoindrez monsieur Terresang et son ami pour vérifier que la future bête ne puisse pas nous échapper, non pas ? Oh et j’oubliais, s’il vous plaît, on m’a chanté un désaccord entre vous… Mettez cela de côté le temps de notre petite aventure, je ne souhaite pas perdre la vie à cause d’un conflit stupide. »

C’était dit, il ne restait plus qu’à se mettre en place, d’un signe de la main, elle avait invité la jeune femme à la suivre. Il fallait absolument en profiter pour analyser les blessures de la fange et surtout faire vite.

Constance Hilaire a écrit:

Pour information :
- Constance est enceinte de 5 mois et j'accepte les risques que cette quête représente pour elle et son bébé.

Les actions du personnage :
- Constance prend les commandes, du moins elle tente, à vous de voir si vous l'écoutez ou non.
- Elle demande à Alexandre avec l'aide de Lothaire de choisir un corps encore potentiellement transformable, c'est à dire donc la tête est encore présente. Si il manque un bras, une jambe osef.
- Elle demande à Adeline de l'accompagner pour analyser les différents types de blessures dans l'idée de peut-être trouver un indice sur la manière dont la fange attaque spécifiquement.
- Elle demande à Cross de s'occuper du feu et de mettre les corps dedans à l'aide du restant de ses hommes avant de rejoindre Alex et Lothaire pour sécuriser le tout.

Une fois le feu en route, Constance réalisera une cérémonie pour les morts.

Rater … complètement rater … un échec total et lamentable, entièrement de ta faute. C’était clair et net, si tu n’arrivais même pas à faire un truc aussi simple que capturer une de ses bêtes … chasser ton père était impossible. Preux ? Mon œil, tu te demandais FRANCHEMENT pourquoi on t’avait choisi toi… N’importe qui aurait mieux fait l’affaire. Tu n’es pas un bon milicien, tu n’es pas un bon meneur d’hommes… Nan, tu as tenté ta chance et voilà le résultat. Cet échec était complètement de ta faute. Tes hommes sont morts car tu n’as pas été capable de faire un plan correct… Le monstre … ton père … lui aurait réussi. Des hommes seraient morts … mais il l’aurait fait… Devant un tel échec, tu ne pouvais qu’affirmer une chose… Tu n’étais pas ce qu’ils croyaient… Tu n’étais rien de cela, et tu l’avais oublié. Tu étais le fils d’un monstre et rien de plus, une horreur de la nature incapable de faire la moindre chose correctement. Mais bon … voilà ce qu’il arrive quand on s’attend à un bon résultat … on finit par tomber sur un échec cuisant, la vie te le prouva encore une fois… Attendre le meilleur et finir sur le pire… Tu aurais dû faire comme à ton habitude. Voir le mal partout et s’attendre toujours au pire… Tu étais lamentable, il n’y avait pas d’autre mot. Peut-être que tu te faire appeler le preux avais juste gonflé ton ego, peut-être qu’ils auraient dû choisir quelqu’un d’autre à ta place, peut-être … Peut-être t’aurais juste du aller mourir à la place de milicien, après tout, un monstre comme toi n’avait pas d’autre place que parmi les cadavres.

C’est alors qu’une femme arriva pour prendre, sa voix se voulait rassurante et sa volonté de faire … mais tu ne voyais en elle qu’une autre personne pour crier des ordres. Elle commença alors à donner des directives claires et précises… Et tu allais obéir… tu ne savais faire que ça. Si mener les hommes n’était juste pas ton truc et tu n’étais bon qu’à mener de rébellion… Tu n’avais pas la place aux commandes des soldats ici et tu méritais encore moins ce titre… N’importe qui aurait fait mieux.

La femme remplaçant l’Oracle vint alors te parler, portant un visage calme, reposé, souriant et apaisant … qui était le parfait contraire de toi, épuisé, déprimé, mort de l’intérieur à nouveau. Elle te demanda de faire un bucher et cramer les corps mais … la suite te fit juste gonfler une veine sur le crâne. Rikni, tu avais alors une soudaine envie de lui cracher au visage ce que tu pensais de leur maudite divinité qui ne faisait qu’une seule chose … l’abandonné. Tu soupiras alors pour toi-même, épuisé par ta vie. « Rikni vous aidera vous … Pas moi. » Les divinités n’ont jamais montré le moindre signe de gentillesse et … Est-ce que tu méritais leur compassion ? Nan, tu n’étais qu’un monstre rien de plus.

Tu fis donc signe à tes soldats d’obéir à la jeune femme, ce n’était plus à toi de donner des ordres. Mais la femme reprit la conversation en te donnant d’autres ordres. Ne plus se disputer avec Terresang ? Tu n’avais plus aucune raison de le regarder ou même de lui répondre, l’échec était entièrement de ta faute. Tu allais faire exactement comme il le voulait, redevenir un gentil milicien et fermer ta grande gueule … c’est tout ce que tu méritais.

Bon sang … le plan du milicien était pourtant bon mais il semblerait que la créature malfaisante en avait décidé autrement, car … ce fut une véritable hécatombe. Alexandre était resté sur le navire pour coordonner tout cela pendant que Cross Algoln dirigeait les opérations sur le terrain malgré le fait que les deux hommes ne s'entendaient pas tellement, il n'aurait pas voulu ce qui était arrivé à son pire ennemi.

En effet, dès que les miliciens avaient débarqués sur la plage pour préparer leur piège et faire en sorte qu'un Fangeux soit capturé, oh … bien sûr, ils avaient réussi à faire en sorte de tendre le traquenard mais l'appât (un milicien bien sûr) n'avait pas était assez rapide et on entendit aussitôt des hurlements. Alexandre avait assisté à la scène planté sur le bastingage du navire … bon sang … ils auraient mieux fait d'écouter le médecin et utiliser le détenu mais le Preux était quelqu'un de borné et même si il n'avait pas fait de remarque sur son plan, il avait trouvé cela quelque peu bancal.

C'est alors que lorsqu'ils (du moins, les survivants) étaient revenus, Alexandre fit un petit discours sur la moralité de cette histoire mais aussi sur le fait que l'on devait continuer sans cela les morts qu'il y avait eu inutilement aujourd'hui auraient était vaine mais il fut vite écourté par la venu de la prêtresse, la nouvelle représentante en charge de veiller au bon déroulement de l'expérience.

La jeune demoiselle, car oui… elle ne devait pas avoir plus d'une vingtaine d'année , se mit à émettre ses ordres. Alexandre n'allait pas émettre d'objection, même si il était le chef de cette expédition, la Trinité avait toute autorité sur celle-ci et il emmena avec lui Lothaire Ferbois dans la cale avec le corps d'un jeune homme d'à peine dix-sept ans qui avait était griffé sur le tout le corps et à qui il lui manquait la moitié d'un bras où l'on voyait encore les muscles et les veines qui pendaient … ce dernier dégoulinait sur les bottes de cuir du Vicomte mais il n'en avait cure.

Il mit alors ce dernier dans la cage mais … il eut une once d'idée qui germait dans son esprit, la créature prenait sa puissance dans ses jambes et ses bras … hm … et ses crocs étaient dangereux. Il avisa un marteau dans un coin de la cale et fit signe à Lothaire.

« Brisez lui les dents, docteur. » Il eut un soupir … ils devaient en arriver là pour survivre, cette expérience était peut être une idiotie mais il y allait de la survie de l'humanité , si ils trouvaient une manière de les ralentir, ils trouveraient peut être un moyen d'aider la populace et Marbrume. Il avisa ensuite une scie sur une table en bois.

« Tranchez lui ensuite les bras et les jambes … peut être aurons nous un moyen de l'étudier sans que cette créature ne nous tue ou ne tue l'équipage. »

-Saleté, lâchait Lothaire devant le spectacle pitoyable de la retraite de leurs hommes.

Il y avait tellement de morts.

Une boucherie. Dire qu’il n’y avait en face qu’un seul Fangeux et pourtant…

Loth se retenait de dire qu’il avait raison, mais il avait bien raison. Cette tentative brouillonne de course face à une de ces goules a échoué, la bête a si facilement déchiré les filets… Non, vraiment, seul le dégoût s’affichait sur les traits du guérisseur. Bien heureusement, l’esprit héroïque et la fierté s’est exprimé au sein de l’équipage, la mission se devait de continuer. Ne serait-ce qu’au nom des braves tombés ce jour, l’on ne pouvait fuir tel des couards. Il en allait de leurs mémoires !

Que les Trois soient loués, Ils comblèrent de leurs faveurs l’équipage par le soutien le plus imprévu qui soit, une jouvencelle bénie d’Anür sans nul doute. Encore trempée par les vagues, une assurance véritable émanait de sa voix. Constance Hilaire, une prêtresse animée par la volonté d’étudier la Fange, d’en percer ces mystères…c’était si irréel. Lothaire s’étonnait à la mention de son ventre, jusqu’à ce qu’il quitte le regard aux traits encore nubile pour celui de sa taille. Son ventre rond pointait à travers sa robe mouillée. Enceinte ? Par les Trois, c’était si dangereux mais pourtant…n’était-ce point là un signe pour ceux qui raisonnent ? Les Trois cherchaient-ils à montrer à l’équipage qu’au-delà de souffrances traversées, ceux-ci veillaient encore sur eux ? Une jouvencelle émergeant des flots, domaine d’Anür, portant un enfant, symbole de fécondité et disposant du sacerdoce, qui se retrouvait à conforter l’équipage dans la discipline des Trois, cela ne pouvait être un pur hasard.

Lothaire en avait presque oublié le départ de la jeune Pénélope, tant cette idée d’un message de faveur divin l’absorbait. Il était vrai que le pauvre hère était dans un état misérable, il ne ressemblait guère plus qu’à une tragique parodie d’être humain. Lothaire n’avait éprouvé aucune animosité ou tendance à la cruauté lorsqu’il avait proposé de s’en servir d’appât, il ne souhaitait que minimiser les coups. Dire qu’à présent, il n’était censé servir que de sujet miroir pour les expérimentations que l’on prodiguerait sur la goule. En l’observant dans sa cage en fer, une idée émergeait chez le Docteur. La petite prêtresse Pénélope n’avait peut-être pas tort, dans le fond…

Obéissant aux ordres de la pucelle, Lothaire trainait sa carcasse, marchant conjointement avec De Terresang pour traîner un cadavre jusqu’au bateau. Un mioche, en jugeait Loth’ en remarquant l’absence de poils sur la figure de celui-ci, il n’avait guère qu’un ridicule duvet. Cela lui fendait le cœur. Son bras était dans un état pitoyable, il tachait de son sang les chausses des deux compères. Au cours de l’installation du cadavre dans la cage, le Vicompte proposa au médecin l’idée d’ôter à la bête ces crocs, griffes et ces membres. Il valait en effet mieux ne prendre aucun risque superflu, ce que le guérisseur opinait. Se saisissant du marteau, il mit deux, toi, quatre coups pour achever la denture du macchabé. Le bruit des dents se brisant contre la tête du marteau avait quelque chose d’insupportable, Lothaire cru déceler des grimaces de dégoût et de douleur chez les soldats présents avec eux dans la calle. Lothaire, lui, se contentait d’afficher son habituel flegme qu’il présentait face aux pires opérations. Cela lui était devenu facile avec le temps.

Les molaires en attendant restaient encore au fond de la bouche de cette saleté, ce qui ne rendait la vile besogne guère aisée. Entre deux coups de marteau et d’extraction à la pince à river, Lothaire profita du dégout des gardes, qui n’osaient contempler l’opération de boucherie, pour apostropher le plus silencieusement possible le noble.

-Sale histoire, tout ça. A tous les coups, cela nous retomberas tous dessus. Autant de morts, être obligée de débarquer la petite Mercuro, ne pas avoir réussi à capturer un fangeux sauvage, en être réduit à expérimenter sur nos propres morts, sur un temps si court qui plus est… Notre mission va au final se révéler être un demi-échec, si vous souhaitez mon opinion.

-Marbrume n’avait guère connu de réels triomphes depuis l’arrivée de cette maudite Fange, la plupart des évènements pouvant être qualifiée de succès nous ont coûtés tellement de vies humaines. Assurément, nous ne pouvons pas nous contenter de juste cela, fit Lothaire en pointant le cadavre à la bouche sanguinolente, il nous faudrait un réel succès. Quelque chose qui remonterait le moral aux nôtres, quelque chose qui prouverait à tous que le Duc et ceux qu’il emploie font avancer les choses.

-Et pour ça, j’ai une idée.

Sans ambages, le Thaumaturge embrailla.

-Ramenons leurs en deux. Deux fangeux. Il nous suffit de virer le condamné, et de le remplacer par un autre cadavre. Je me chargerais de la dentition et de ces membres également. Ça nous serra bien plus utile pour servir de miroir qu’un vivant. Mieux, nous pourrons même objecter que nous respectons ainsi les desseins des Divins, en respectant cette vie misérable, la jeune prêtresse devrait facilement se ranger de cette opinion.

Lothaire espérait que la mention d’un possible ralliement aisé de cette jeune fille à l’aura bénite inciterait son compagnon à tendre de son côté. Il le fallait.

-Ah oui, autre chose. Nous devrions également étendre la durée de nos travaux de recherche. Je conçois que cela risque de coûter chez de mobiliser autant d’hommes mais une tel opportunité ne s’offrira pas deux fois. Trouvons donc un cachot, une étable, ou que sais-je, pour entreposer la cage de ces créatures. Les meilleurs esprits de toute la cité devraient bien réussir à en tirer quelque chose de l’étude de ces maudites bêtes. Des miliciens les relaieront nuit et jour pour les garder, aucun accident malencontreux n'arrivera.

-Qu’en pensez-vous ?

Au sein même du chaos, n'existe plus rien d'autre que la peur lié aux hurlements attestant du carnage sévissant plus bas. En triste témoin, je ne pus rien faire d'autre que subir ce bien sombre concert résonnant à mes oreilles, pourtant enserrées entre mes paumes tremblantes. Je n'ai jamais été forte et encore moins courageuse, si bien que je savais pertinemment que cet obscur événement resterait à jamais ancré dans ma mémoire. Il reviendra, lui aussi, hanter mes nuits et de cela, j'en fus certaine.

Nous avions échoué, sur bien des points. Quelle stupidité… Pourquoi les humains ne savent pas se montrer logique ? Pourquoi ne sont-ils pas capables de déposer leur fierté à leurs pieds lorsqu'il est question de vies humaines ? Celles de leurs semblables, de leurs amis, de leurs frères ? Pourquoi foncer tête baissée face à ces montres lorsqu'on les sait en tous points supérieures à l'Homme… Tout du moins, physiquement parlant. Quel triste constat… Je me battais, à mon niveau, pour préserver les vies humaines et je me retrouvais face à ça …

Mais bon sang, pourquoi ne pas avoir pris le temps de simplement écouter ? Le plan de monsieur Ferbois me paraissait pourtant bon sinon bien meilleur que celui-ci… Je l'avais trouvé simple et efficace, même s'il s'agissait d'utiliser une vie humaine à sacrifier… Une seule contre… Combien ? Je n'ai même pas osé compter. Comment avait-il pu croire que l’Homme était le chasseur dans cette histoire alors que tout prouvait qu’il était au contraire la proie ? Il ne s’agissait pas de capturer un sanglier, mais l’un de ces monstres bénis par les Dieux, même si aucun d’eux ne semblait s’en rendre compte.

Une fois encore, le monde humain perdait quelques-uns de ces faibles représentants… Tout cela, pour rien, puisque la créature visée avait été incendiée. Je rageais intérieurement de cet échec qui aurait pu être évité si les Hommes ne s’étaient pas montrés aussi confiant, trop même, pour leur propre bien… Et le nôtre. Pourquoi se montrer si aveugle et sourd face à la sagesse et la logique au profit d'une fierté ridicule et déplacée? Pourquoi continuer de croire que l’humain était encore le roi de ce monde ? Stupidité aveugle… À l’image, finalement, de cette époque obscure et régie par des dogmes totalement dépassés depuis l’apparition de la fange. Voilà où nous en étions et ce constat me donnait la nausée.

Force, rapidité, férocité, brutalité. Finalement, la sombre créature avait attaqué comme l’aurait fait n’importe quel animal affamé, mais acculé. Le courage, l’esprit stratège propre à la logique guerrière et militaire furent proprement balayés une fois les hommes face à la réalité. Gestes saccadés, empreints de doutes et d'hésitation leur donnaient des airs d'enfants face à un loup… Une seule créature était à l'origine de ce carnage et à mon sens, il ne s'agissait pas de celle gisant aux sols parmi les cadavres de nos compagnons perdus.

Je rongeais mon frein, car j'avais également ma part de responsabilité dans cette histoire, après tout. J'aurai dû m’élever quand le preux avait pris la parole pour exposer son plan… Bon sang… Des filets… Quelle stupidité… Pourquoi avais-je demandé plus de chaînes de la meilleure facture possible si de simples cordages pouvaient suffire ? Ne pouvais-je pas attester de la puissance de ces créatures lorsque j’avais vu le cadavre animé de mon frère commencer à briser les chaînes pourtant solides qui le retenaient prisonnier ?

Il fallait à présent revoir notre plan avec un effectif réduit… Et c'est une jeune femme qui l'exposa, à peine arrivée. Je l'écoutais, évidemment, tout comme les autres… Même si mon regard ne pouvait s'empêcher de se poser sur le petit ventre rebondi à peine dissimulé sous le tissu de sa robe… Mais bon sang… Que venait-elle faire ici ? Le temple n'a donc aucun respect pour la vie pour choisir d'envoyer une future mère sur un front déjà vaincu une première fois ? Ce monde devenait décidément fou…

Lorsqu'elle s'adressa à moi, je ne pus qu'acquiescer d'un bien faiblard signe de tête. Elle avait raison, il ne nous restait que peu de temps. Et même si ce plan de secours ne me convenait pas, je ne pus que me ranger du côté du plus grand nombre. Chacun se mit à la tâche, celles attribuées par la jeune prêtresse, même si la mienne me parut illogique. Je n'étais pas guérisseuse, mes connaissances sur le corps humain se limitaient à quelques schémas découverts à la bibliothèque. Je n’étais pas non plus chasseresse ou milicienne, habituée à observer des blessures… Mais ne trouvant rien dans mes cordes, je la suivis en silence, ma sacoche équipée sous le bras, pour observer les blessures des cadavres.

Morsures, griffures… Celles-ci me rappelaient presque les marques dessinées par des chats sur des cadavres de rats… Même si la manière d'attaquer de la créature était bien différente, moins réfléchie… Le fangeux responsable de ce chaos ne devait pas être si âgé… Pour preuve, la marque de dents encore humaines ouvrant pourtant la gorge de l’une des victimes du carnage… Chaque fois, je notais et décrivais bien soigneusement chacune des blessures… Armures brisées… Membres arrachés… Chairs déchirées… Il y avait du sang et des viscères partout autour de nous...

-Si Je devais émettre une hypothèse, je dirais qu'elles semblent attaquer comme les félins en utilisant leurs crocs et leurs griffes. Mais contrairement aux animaux, elles ne visent pas de points précis, ce qui démontre un manque de réflexion liée à la chasse. Elles tueraient plus rapidement attaquant directement la gorge par exemple... déclarais-je comme pour moi-même avant de me tourner vers la prêtresse. Les chats, par exemple, même s'ils prennent plaisir à jouer avec leurs proies, vont de préférence briser la nuque de leur victime ou leur ouvrir la gorge et le ventre pour les achever. Ce n'est pas le cas ici, la méthode paraît plus hasardeuse, plus chaotique… Mais tout aussi efficace.

Et dire que ces monstres furent, jadis, des humains, tout comme nous. Il était bien difficile de réaliser cela en voyant l'état des cadavres sauvagement mutilés.

-Ce n'est là que mon bien humble avis, lis dis-je en me relevant.Je ne suis pas experte en la matière, mon sujet d'étude est bien moins… Sanglant. Monsieur Ferbois pourra sans doute porter des conclusions autrement plus réalistes…

De part leur position privilégiée par les Dieux, le clergé bénéficiait de connaissances plus affûtées que les gens du peuple… Alors peut-être, avait-elle un avis bien différent du mien… Un avis que j'étais curieuse de connaître, aussi, lui demandai-je :

-Qu'en pensez-vous ?

Le cadavre que nous observions fut ensuite déplacé pour être embarqué à bord du navire sans doute choisis pour être notre futur sujet d'étude. J'entendis, au loin, les ordres du vicomte concernant les multiples amputations du cadavre… Ce qui me fit froncer les sourcils… Comment observer ses mouvements, si la créature ne peut plus bouger ? Je notais, intérieurement, que l'homme avait été vidé de son sang ce qui éveille une série de questions. Allait-il s'animer pour autant ? Les réserves de sang, se rempliraient-elles ? Son cœur, se mettrait-il à battre ? Allait-il saigner par les blessures encore ouvertes ?

L’avenir m'apporterait les réponses… Ou non.