[Terminé][Quête]Le bon, La brute et le Fangeux [Adeline Delorme, Alexandre de Terresang, Lothaire Ferbois, Cross Algoln, Constance Hillaire]

Constance s’était éloignée du reste du groupe effectuant des recherches, la fatigue commençait à se lire sur les traits de son visage, même si elle tâchait de rester patiente et à l’écoute. Les événements lui avaient prouvé que ce genre d’initiative n’était définitivement pas une bonne idée, il fallait des groupes plus petits, plus organisés et surtout dans le même état d’esprit. Les idées, les besoins et la recommandation de chacun étaient beaucoup trop différents, trop aléatoires pour permettre une quelconque progression et la balafrée était désormais convaincu que cette mission presque suicidaire ne donnerait pas grand-chose, le groupe essuyait les maladresses, les difficultés et même des problématiques internes liées à l’organisation de l’ensemble. Il n’y avait pas de dirigeant, personne ne prenait les décisions et quand celles-ci étaient enfin prises, il y avait toujours une autre personne pour la contredire. S’éloignant avec les personnes plus fragiles dans un coin de la soute un peu plus équilibré, la blonde avait essayé d’apaiser, de rassurer, de redonner confiance à ses hommes qui n’avaient commis que comme une unique faute d’être humain et d’avoir des sentiments et réactions humaines. Cela n’avait guère semblé suffire puisque rapidement –encore une fois- la situation dégénéra et le groupe dû essuyer cette fuite, puis attaque, puis crainte et peur.

Redescends pour éviter de se faire malmener à l’étage, ou tout du moins de prendre un mauvais coup, elle fut surprise par la nouvelle vision d’horreur qui se dessinait devant elle, un homme avait la main en sang, le noble venait de planter son épée potentiellement salée dans l’abdomen de la créature. La représentante du culte cligna un long moment des cils, cherchant à percevoir une réalité différente sans jamais n’y parvenir. Ne fallait-il pas ne pas infliger des blessures mortelles au fangeux ? Afin de s’assurer de sa survie la plus longue possible ? Mh ? La pensée l’agaça, la stupidité et la précipitation de celui qui devait financer le projet aussi. Pour autant, elle n’en dit, relevant légèrement sa robe d’officiante pour descendre les dernières marches et s’approcher de celui qui avait été touché par la fange et reprenait doucement ses esprits.

- « Suivez-moi, notre soigneur étant occupé, la dame à gérer l’impulsivité du noble et notre fangeux capturé à essayer de survivre, je crois que c’est moi qui vais m’occuper de votre main. »

La blonde l’attira dans un coin, tâchant de le rassurer et d’éviter de le sortir de cet état de choc qui semblait l’animer. L’attrapant par le bras non blessé, elle le fit s’asseoir dans un coin, l’obligeant à ne plus bouger, le débarrassa de toute arme dangereuse ou tranchante qu’il possédait ou qui se trouvait non loin pour éloigner l’ensemble avant de récupérer de quoi faire le soin. Il fallait bien l’admettre, ce n’était pas beau, mais la coupure était nette et lui laisserait un moignon propre. Faisant un signe à un observateur quelconque, elle lui ordonna de lui ramener un alcool fort, très fort, devait-il bien y en avoir une bouteille dans un coin du rafiot.

- « Je vais, essayer d’emballer le tout et de refermer la blessure en fonction de ce que je sais… Vous allez avoir très mal, réellement mal… Je vais asperger d’eau salée afin qu’Anür vous apporte son soutien, néanmoins, votre main est perdue, je suis désolée. » elle avait récupéré un vieux morceau de tissu qui traînait là pour lui enfoncer dans la bouche « Vous n’avez qu’à mordre ou hurler la dedans, de toute façon, je suis certaine que vous allez rapidement tomber dans l’inconscience, tenez-vous prêt. »

Et puis, elle c’était appliqué à déverser le liquide salé sur la blessure, l’homme c’était mis à hurler encore et encore, étouffant les cris dans le tissu, et puis elle avait essayé de replacer la peau qui pendait, elle fit ce qu’elle put, comme elle put en fonction de ce qu’elle voyait extérieurement, de ce qu’elle imaginait puis emballa le tout, elle ignorait si l’homme avait fini par tomber inconscient ou non, dans tous les cas elle avait fait ce qu’il fallait pour essayer de soigner le mieux possible le blessé.

Aucune trace de morsure, rien. Il n’avait pas été infecté. Pourtant, cela n’avait pas empêché l’Inventrice de commander l’embrochement du cœur du cadavre, une mesure préventive tout à fait inutile aux yeux du médecin. Plus le temps passait, plus cette aventure se muait en farce tragi-comique. L’assassin s’était enfui par-dessus bord, non sans avoir esquinté deux hommes auparavant. Un autre, celui qu’avait chargé Adeline Delorme de nourrir le fangeux édenté d’un bras humain, s’était retrouvé avec la main broyée par celui-ci. Un trop généreux collègue avait préféré ne prendre aucun risque et lui avait tranché l’avant-bras aussi sec, comme ça, aucun risque d’infection. Le vice semblait habiter ces maudites bêtes

Le sieur de Terresang allait dans ce sens, se demandait même si la science serait utile face à ces goules. Il finit toute fois par prendre lui l’initiative, trempant son épée dans de l’eau de mer avant de la traîner en direction du fangeux. Alors qu’il commençait tout juste à la glisser le long de l’abdomen de la malheureuse créature, l’alchimiste lui cria dessus, lui intimant de ne guère toucher à la sale bête. Tant de sacrifices pour perdre le sujet dans une vulgaire bravade spontanée ? Il en était hors de question !

-Non, messire de Terresang, je vous en prie.

Lothaire s’était avancé, rejoignant les rangs de l’alchimiste, comme pour donner du poids à leurs revendications.

-C’est nous qui avons reçu la charge d’examiner la bête. Nous devons faire cela petit à petit, étape par étape. Nous avons tellement à apprendre de celui-ci ! Nous sommes déjà en train de travailler sur ces rumeurs évoquant une peau humide de grenouille pour ces sales bêtes. Regardez donc sa peau, ne tenons-nous donc pas une piste ? Voilà ce sur quoi nous travaillons, alors rangez votre lame et laissez-nous agir.

Que le fangeux ait pu être blessé ou non par la lame salée, le guérisseur finit par s’approcher à bonne distance de la cage, pour observer l’état de celui-ci. Il fallait absolument connaître le processus de transformation de celui-ci, en étudier la vitesse et les modalités. Demandant à un autre garde de jouer les assistants en éclairant la cage avec une torche, le guérisseur ne lâchait pas du regard son hôte verdâtre.

Il fixait le regard morne du réanimé, cherchant à déceler la moindre once d'une quelconque vie antérieure, le moindre souvenir. Se souvenant de ces occurrences de fangeux attaquant principalement la nuit et fuyant le jour, ces deux sphères sans vie captaient toute son attention. Le processus de transformation leurs procurait des serres et des crocs, à l'instar des bêtes sauvages, peut-être obtenait-ils des yeux leurs permettant de voir dans le noir ? Ces pupilles avaient-elles à présent eut le temps de muter ? Pouvait-il souffrir à l'idée d'être exposé à la lueur d'une torche une fois sa transformation achevée, à l'instar des taupes, chauve-souris et autres bêtes de la nuit ?

Un jour le poète a dit que le brave n’est qu’un idiot, l’irréfléchi un sot et l’impulsif un mort en devenir. Hardiesse et vaillance ne sont pas gages de longévité, surtout face à l’incarnation du mal absolu. À l’heure où ce travail se devait d’être celui d’une équipe les rangs se clairsemaient dangereusement et à en juger par les mines déconfites qui entouraient la scène les choses ne pouvaient pas se dérouler d’une pire manière.

Alors quand Le Trésorier s’empara d’une épée pour - semble-t-il - embrocher comme un vulgaire poulet la source de tous leurs tracas, bombaysers se frappa le front du plat de la main. Il avait pourtant soigneusement choisi ses participants, tant pour leurs qualités que la solide réputation qu’ils détenaient.

Citation :: Tentative précipitée

- Force d’Alexandre de Terresang : 12
19 raté

- Endurance du Fangeux : 12
14 raté

Fort heureusement s’il était venu à l’esprit du noble d’occire le fangeux il n’en fit rien, ou ne le put. D’où il était Bombaysers fut incapable d’affirmer que le coup était volontairement léger ou non. Toujours est-il que malgré les protestations du Traumaturge et la fureur de L’Inventrice le noble s’employa à ouvrir une longue ouverture le long de l’abdomen de la bête.

Lorsque l’eau de mer se mêla au sang qui sourdait de la plaie, la bête connue pour ignorer totalement la douleur se crispa et hurla aussi fort qu’elle le pouvait de sa voix démente et inhumaine. D’instinct les miliciens reculèrent d’un pas, bien que derrière d’épaisses chaînes et barreaux ce monstre inspirait une crainte quasi divine à ces hommes pourtant rompus aux horreurs de cette guerre sordide.

Si d’aucuns s’étaient attendus à une réaction particulière de l’organisme du fangeux il n’en fut rien, ou rien qui soit décelable à l’oeil nu. Le sel le brûlait visiblement alors qu’il n’avait pas émis le moindre son lorsque l’acier avait mordu sa peau. Mais quelque chose que personne n’aurait imaginé se produisit. Folle de rage et se tortillant sauvagement la bête se mit à vomir et cracher du sang. Etait-ce une réaction métabolique à la présence de sel dans sa blessure ou bien un résidu du sang avalé lorsque ses dents avaient été brisées? Le milicien désormais manchot avait lui aussi copieusement saigné dans la gueule du monstre, certaines dents brisées ne l’étaient pas entièrement et laissaient apparaître des extrémités saillantes qui avaient déchiré la chair tandis que les gencives broyaient les os du soldat.

Le Trésorier fut aspergé d’un mélange de bile sanguinolente, de fragments de dents brisées et de tout le contenu de l’estomac de leur sujet. Encore une fois il était impossible de dire s’il s’agissait d’une réaction physique ou du seul moyen qu’avait trouvé la bête de répondre à cet outrage.

Citation :: Jet d’endurance

- Endurance d’Alexandre de Terresang : 12
14 raté

Le noble était couvert de sang, dans les yeux, dans la bouche partout où la fureur du fangeux avait pu se déposer. De bons réflexes lui auraient probablement permis d’éviter le gros de l’assaut mais personne n’aurait pu prévoir une telle chose.

Citation :: Jet d’observation

- Intelligence de Lothaire Ferbois : 18 (Bonus de +3 pour Sens du détail)
13 réussi

Le monstre hurlait toujours mais rien n’indiquait qu’il puisse être fier de son acte, rien n’indiquait qu’il puisse penser tout court. Il avait agi de manière prédatrice et n’en éprouvait ni fierté ni joie. C’était bien le signe que rien ne demeurait de l’ancien milicien, rien ne subsistait de l’ancien habitant de cette carcasse déformée. Et pour le reste des soldats c’était peut-être le plus difficile à accepter.

La lumière de la torche semblait cependant bien moins difficile à supporter que le sel dans une blessure, la bête hochait la tête comme tout être humain l’aurait finalement fait, peu encline à se faire dorer les rétines mais pas particulièrement indisposée.

* * * * *

Sur le pont Le Preux avait beuglé ses ordres en vain et le milicien renégat s’en était allé aux devants d’une mort certaine dans la moiteur putride des marécages, au moins n’aurait-il pas à subir l’opprobre et le jugement de ses pairs. Il était mort et le resterait aux yeux de tous, à vrai dire, c’était presque comme s’il n’avait jamais existé.

Le sieur Algoln improvisa une tirade dont on ne savait dire si elle se voulait véhémente ou fédératrice, l’effet produit sur ses hommes n’en fut que plus mitigé, ils ne savaient plus à qui ou à quoi se fier et l’incertitude gagnait progressivement les rangs.

Citation :: Tentative d’autorité

- Charisme de Cross Algoln : 8
5 réussi

Ce n’était pas un miracle et s’il n’avait pas gagné le respect de ses hommes il s’était au moins assuré de leur obéissance. Ceux qui n’aidèrent pas leur camarade blessé à recevoir les soins nécessaires regagnèrent leur poste, l’arme à la main et le regard vif, aux aguets. Plus aucun incident de la sorte ne se produirait sous leur garde.

* * * * *

Dans un recoin isolé de la cale le milicien manchot avait repris connaissance, visiblement choqué et pas encore tout à fait conscient de la blessure qu’il venait de subir. L’Oracle s’employa à nettoyer et refermer la blessure du mieux qu’elle le pouvait. De son côté le jeune milicien le regard affolé et la bouche obstruée par un morceau de tissu n’osait pas regarder l’extrémité de son bras, sans doute savait-il que sa main était perdue sans oser l’accepter.

Citation :: Jet d’endurance

- Endurance du Milicien : 10
19 raté

D’épaisses ténèbres envahirent bientôt son esprit et son cri se fit plus faible, plus étouffé tandis que sa plaie était nettoyée et débarrassée des fragments d’os restants. Le pauvre jeune homme était désormais inapte au combat et aurait tout le temps de réfléchir à son avenir une fois revenu à lui. En attendant l’un de ses camarades qui n’avait rien manqué de ce triste spectacle se porta à la rencontre de la Prêtresse muni d’un tison chauffé à blanc. C’était sale et repoussant mais malheureusement le seul moyen de lui sauver la vie. Il n’aurait au moins pas à endurer cette épreuve inconscient.

Citation :: On a frôlé le drame, frôlé!

Continuez comme ça!

Prochain mjitage le : 03/03

Constance était à genou, face à cet homme qui venait de perdre un membre, une main. Elle s’était afférée à récupérer l’ensemble pour brûler l’extrémité pour éviter que la situation s’empire. Lui sauver la vie signifiait lui retirer une chose utile, néanmoins pourrait-il s’inspirer sans aucun doute du trésorier du groupe, qui à moins d’une mauvaise observation de sa part avait également une main en moins. Ce fut douloureux sans doute, bien qu’inconscient des mouvements involontaires du corps avaient pu être observé par la religieuse qui commençait à sentir ce vent de fatigue, d’angoisse, mais aussi d’incompréhension. La situation semblait lui échapper, à lui, à elle, au groupe, au capitaine, chacun agissait sans la moindre réflexion, tentait des choses sans même l’approbation du restant de la troupe. Abandonnant le cœur, l’oracle comme elle fut nommée sur cette drôle d’épreuve et d’enquête. S’approcha de celui qui venait d’être recouvert de sang, prenant une intense respiration, alors que l’odeur dans la pièce devenait presque irrespirable, mélange de sang, de vomis, de mort et de presque putréfaction, la blonde reste là, immobile.

Le hurlement de la bête hantait encore son esprit, résonnait encore dans ses oreilles, sans qu’elle ne puisse y faire quoi que ce soit, l’agitation qui régnait n’était plus qu’incompréhension, dégoût et crainte. Son regard se déplaçait sur les différents participants, naturellement, et ce fut ce presque jugement qui devait animer désormais ses prunelles. Éprouvée par ses hormones, par les mouvements du petit être qui évoluait en son ventre, par la situation, la mort et les échecs, son attention s’arrêta définitivement sur le noble. Alors qu’elle le pointait du doigt pour lui ordonner de s’éloigner :

- « VOUS » fit-elle avec sévérité « Puisses la trinité vous apporter un brin de luminosité dans votre esprit, vous avez manqué de tuer la créature et je doute qu’elle survive encore bien longtemps. Montez, que nous vous nettoyons de ce sang et autre substance. » elle fit une pause « Vous allez devoir rester sous surveillance étroite maintenant, je ne sais guère comment votre corps va réagir à ce contact si proche de la fange sur vous. »

Elle se passe une main derrière la nuque, elle espérait dans le fond que le noble n’est aucune blessure ouverte, ni même d’ancienne plaie non refermée, sans quoi elle allait être incapable d’affirmer avec certitude qu’il ne risquait rien. Des blessés étaient déjà arrivés au temple sans rien et pourtant, à la mort, la transformation avait eu lieu, était-ce une mauvaise observation, une morsure qui était devenue invisible à l’œil, ou le contact prolongé avec un fangeux de manière trop poussée pouvait également avoir une influence, elle n’en savait rien et craignait à présent que cet idiot se transforme sans raison apparente.

- « Vous » fit-elle en dévisageant celui qui pouvait apporter des soins « Et vous » en démontrant la blonde « Arrangez-vous donc pour reprendre en main cette chose et éviter qu’elle ne tire son dernier souffle, il faut poursuivre les recherches rapidement, une blessure comme celle-ci sur un homme entraînerait la mort sur une courte durée, je doute qu’elle y échappe. Il faut faire vite. » souffla-t-elle les lèvres pincées puis se retournant vers Terresang « Par les trois, qu’attendez-vous pour monter sur le pont ?! »

Elle glissa une main sur son ventre qui semblait se faire un brin douloureux, une grimace furtive se dessina sur les traits de son visage, alors qu’elle ne reprenne pleinement le contrôle de ses émotions et expression. Pivotant vers les escaliers montant à l’étage, elle sembla hésiter un brin, avant de se retourner vers le milicien, dubitative.

- « Messire » fit-elle plus calmement et raisonnablement « Faites sortir vos hommes de la pièce, ne doivent rester ici que les chercheurs et attacher solidement le blessé, si il meurt il va se transformer, j’en suis presque convaincue, peut-être même sans mourir je ne sais pas… Dans le doute, isolez-le et rassurez le reste de votre troupe, calmement… Nous avons essuyé trop de désordre et d’échec en peu de temps, cela ne doit plus se reproduire. Merci. »

Sur ses mots, elle était remontée sur le pont, détaillant le noble et un matelot. Elle s’adressa simplement au matelot, il était hors de question que le trésorier reste dans cet état.

- « Déshabillez-vous » fit-elle sans brusquerie « Je vais tirer de l’eau de mer pour vous laver. Vos vêtements retourneront également dans l’eau. » Pivotant vers le matelot elle fit une autre demande « Vous, trouvez des vêtements, quitte à retirer ceux d’un des miliciens, monsieur ne peut guère rester nu comme un ver, ne traînez guère plus vite que ça. »

Elle fit un bref geste de la main avant de se reconcentrer sur le sang bleu, alors qu’elle jetait un premier sceau dans l’eau, s’appliquant à le remonter avec quelques difficultés.

- « Avez-vous des douleurs particulières ? Une gêne ? Une sensation étrange ? »

-Mais qu'est-ce que...

Je ne pus, finalement, que rester sans voix devant le spectacle ahurissant qui se déroulait devant nos yeux. La réaction de la créature ne se fit guère attendre et déjà son hurlement résonnait dans la cale. Elle cria si fort que je dus me boucher les oreilles pour préserver mes réflexions. Ce hurlement… Était-il dû à la douleur ? Et dans ce cas… Pourquoi ? Qu'y avait-il dans cette eau de mer, pourtant des plus banales, qui entraînait pareille réaction ? Mais ce ne fut pas tout, à peine, la bête s'était-elle tut qu'elle rendit tripes et boyaux, aspergeant le noble irréfléchi de multiples substances fort peu ragoûtantes.

Encore une fois… Pourquoi ? Est-ce la suite logique de la réaction de son organisme envers la matière ou était-ce une réaction plus physique… Un peu comme l'effet de la contrariété sur un enfant qui vient de manger, par exemple ? Impossible de réfléchir posément au milieu de ce désordre… Trop de bruits, trop de gens, trop de réactions influençant autant mes réflexions que la créature toujours agitée continuant de hurler comme pour signifier sa fin. Mince… Voilà quelque chose que nous ne pouvions nous permettre et je n'avais certainement pas besoin des ordres de la prêtresse pour le comprendre. Qu’elle fasse sortir cet idiot sanguinolent, qu'ils sortent tous. Ils en avaient déjà assez fait.

Voyant le misérable état du fangeux, il m'était bien impossible de croire qu'une telle chose puisse le tuer… L'amoindrir, certes, mais je ne pouvais l'imaginer périr pour cela… Il “vivait”, sans bras, sans jambes… Les plaies n'avaient pas été cautérisées… Il n'aurait pas pu vivre sans fluides vitaux dont l'ancien milicien avait été privé. Mais pourtant… Il ne suffisait pas de croire pour être parfaitement certaine de tout ceci. La logique semblait avoir déserté ce rafiot devenu fou. En toute logique, un mort le restait. La mort devait être un état définitif… et pourtant cette créature était bien là, gigotant sans aucune âme, cherchant à se libérer de ses entraves pour venir se repaître d'un repas uniquement constitué de chair humaine… Mais ressentait-il seulement la faim ? Comment éliminait-il les restes de “nourriture” ?

Une fois le lieu déserté de toute personne inutile, je m'empressais de prendre des notes pour ne rien oublier, réfléchissant déjà à la suite… Les fangeux cicatrisaient-ils comme tout être vivant normalement constitué ? Il y avait bien une plaie ouverte à observer, ce qui tombait plutôt bien… Restait-il à trouver un moyen d'approcher la créature sans provoquer d'autres dégâts… Et pour cela, mieux valait immobiliser sa tête. J'avisais les quelques miliciens toujours présents dans la cale.

-Prenez cette chaîne, dis-je en désignant ledit objet trônant sur la paillasse.Passez-là autour de son coup, en premier lieu. Faites-là passer ensuite autour des barreaux avant de venir plaquer son front. Veillez à bien l'accrocher à la cage… Et SURTOUT, ne vous approchez pas de trop près. Nous avons essuyé assez de catastrophes pour la journée.

Restait encore le problème de sa gueule sanguinolente, qu'elle tenait évidemment, grand ouverte… Nous pouvions essayer d'y placer un mors suffisamment important pour l'empêcher de la refermer sur une prise bien vivante… Mon regard se posa sur les objets dont nous disposions… Et parmi les divers outils de torture se trouvait un pieu de bois de la taille d'un mollet et suffisamment long pour ne pas avoir à mettre la main dans sa bouche… Je m'en saisis avant de le tendre à l'un des hommes.

-Dans sa bouche, maintenait le en place avec un morceau de tissus épais… Et comme deux précautions valent mieux qu'une, attachez les extrémités aux barreaux.

Ceci fait, nous pourrions peut-être travailler plus posément et donc, plus efficacement. Je me retournais ensuite vers le médecin, seule personne encore sensée de ce groupe de fou.

-Devrions-nous essayer de le soigner ?

La question me semblait stupide… Qu'y avait-il à soigner au juste ? Il ne signait pas de ses moignons, pourquoi saignerait-il de cette entaille ? Néanmoins, je n'étais pas soigneuse et j'aimais mieux obtenir son avis, connaître ses opinions sur la question, quand bien même fusse-t-elle idiote. Je le laissais donc, se charger de cette besogne-là.

-Nous pouvons tout de même noter que les créatures sont sensibles à l'eau salée. C'est donc un fait avéré. Nous savons également que la lumière apportée par une torche ne les incommode pas plus que nous autre… Qu'en est-il de la lumière naturelle ?

Naturelle, mais amplifiée… Le soleil était encore assez haut pour me permettre d'utiliser ses rayons et de les guider jusqu'à la bête grâce aux miroirs que j'avais fait installé plus tôt. Je me dirigeais donc vers le faible raie de lumière passant dans la cale par les escaliers pour y placer le premier miroir que je dirigeais vers le second. Il ne me restait plus qu'à guider la lumière produite vers le suivant et ainsi de suite, jusqu'au dernier...Celui que je guidais directement sur les yeux bien ouverts de la bestiole attendant sa réaction.

Le sang, ce liquide si précieux et pourtant on le gaspille si inutilement. En ces temps troubles et même avant ce Fléau, le sang était quelque chose que l'on répondait aussi allégrement qu'une pincée de sel ou de semailles. Tout le monde en avait, lui, vous, les autres qui avaient risqués sa vie pour essayer de capturer ce putain de Fangeux … même la plus petite coccinelle en avait, même le plus ridicule des moucherons, c'est dire.

Un homme pouvait se retrouver affubler d'hémoglobine de multiples façons, il a peut être égorgé quelqu'un et son sang lui a giclé dessus … il a peut être chassé un sanglier et il s'en est venu giclé sur son visage quand il tentait de l'écharper … il s'est peut être fait casser le nez lors d'un affrontement de taverne ! Il existe de multiples façons d'avoir du sang sur soi et en Terresang c'était le synonyme qu'en bataille on avait était valeureux mais Alexandre avait était tout sauf valeureux à ce moment là.

En mettant sa lame sur l'abdomen de la créature, il avait décidé de voir l 'effet du sel sur cette maudite créature qui avait causée tant de mal, d'aucuns auraient pu penser que son objectif était de tuer la créature comme il pouvait en attester par l'engueulade qui lui administrait l'alchimiste qu'il connaissait bien puis par le conseil du médecin mais qu'importe, il ne voulait pas rester sans rien faire alors qu'ils restaient là à jouer avec du feu et à blablater comme des grattes papiers … c'était des scientifiques en même temps, c'est leur boulot de parler.

Durant toute la durée de l'opération, Alexandre ne s'était pas rendu compte que le Fangeux faisait semble t-il une réaction au seul dans son sang et donc dans son organisme … en fait, il était tellement omnibuler par le cri de la créature qu'il n'avait su éviter la riposte de la créature … un mélange de sang et de vomi… il s'était reculé vivement … il avait de ce précieux liquide dans la bouche, le goût du fer imprégnait son sens du goût, c'était du sang rien de plus, rien que du sang … du sang d'une créature morte vivante mais du sang … d'UNE CREATURE MORTE VIVANTE !! Il s'était reculé lentement, il en avait sur les yeux mais il arrivait à voir même si cela restait flou … son bras gauche là où il lui manquait une main commençait à lui faire mal … déjà la transformation ? Mais … c'est pas la morsure qui transformait quelqu'un ou alors on avait trouvé un nouveau moyen de transformer une personne … Alexandre était éberlué, il ne savait plus quoi dire et lorsque la donzelle qui servait de prêtresse lui gueulait dessus une première fois, il ne fit rien alors que la seconde fois … il fit ce qu'il lui disait … en homme superstitieux Alexandre se disait qu'il avait peut être contracté un nouveau mal et si il n'avait pas besoin de mourir pour se transformer en fangeux ? Non ! Rester lucide, la prêtresse sait ce qu'elle fait !

Il se déshabilla alors à sa demande sans réellement savoir ce qu'il faisait, il n'entendit pas les paroles autour de lui, il faisait ce qu'on lui disait tout simplement… il était censé être le chef de cette expédition de dingue mais il n'était rien de plus qu'un cobaye pour l'instant, il avait du sang de créature dans sa bouche, son sens du goût commençait à lui dire que ce liquide n'était pas fait pour être à cet endroit et il n'avait qu'une envie c'était de vomir … vomir, expulser cette chose de son organisme et si il ne pouvait pas s'arrêter ? Et si il mourrait à cause de cela ? Trop de questions, pas assez de réponse ! D'ailleurs, il en entendit une de la part de la prêtresse et avec tout ça, il ne comprenait pas pourquoi il avait froid alors qu'il s'était déshabillé sans ce rendre compte … du sang de Fangeux …

« Je … je … j'ai froid. » Dit-il alors en se touchant le corps pour se rendre compte qu'il aussi nu qu'à la création … c'était donc normal, il prit la peine de souffler un bon coup tout en fermant les yeux. « Mon bras … mon bras gauche … il me fait mal … où est mon épée ? » Dit-il en les réouvrant pour ensuite observer où il était … comment était-il arrivé ici? « Et ma bouche … le sang … il est entré dans mon corps, c'est ça ? Vous savez ce que ça fait sur un être humain ? » Demanda t-il sans réellement bouger, il avait trop peur pour cela en fait … un Alexandre qui avait peur ce n'était pas commun et là il était même terrifié.

La stupéfaction s’affichait aussi clairement qu’il était possible de l’imaginer sur les traits tirés de Lothaire Ferbois. Non pas que la consternation n’y figurait pas non plus, l’on se retrouvait encore une fois avec un incident sur les bras, dû à la maladresse du Trésorier en personne. Non, c’était surtout la réaction de la maudite bestiole au contact du sel qui l’avait profondément intrigué.

Il avait craché.

Si la prêtresse s’était rapidement chargé du Noble pour l’emmener se rincer et éviter une quelconque contamination, il n’en demeurait pas moins que l’affaire n’était pas clause pour le médecin. D’aussi loin qu’il pouvait se figurait, il n’avait jamais réussi à entendre quoi que ce soit approchant de cet acte pour le moins étrange.

Des fangeux crachant du sang…

N’était-ce pas juste un réflexe ? Un simple reflux du sang issu de la main coupée que la bête tenait il y a peu dans ces mâchoires ? Un phénomène semblable à celui de ces sangsues médicales qui vomissaient aussi sec leurs repas si vous les asticotiez un peu trop ? Une raison d’ailleurs pour laquelle on préférait recourir à la saignée par le croc acéré d’un scalpel, ce qui évitait un reflux de mauvais sang dans le corps.

Une nouvelle idée se frayait un chemin dans l’esprit brumeux de la quarantenaire. Se pouvait-il que le Fangeux avait tenté, consciemment ou non, de…convertir de Terresang au sein de sa maudite race de trépané ? Dans un dernier effort, sentant sa fin proche, le sel lui dissolvant les chairs, il aurait tenté de répandre sa malédiction sur l’être le plus proche.

Par le sang.

Le sang était-il l’élément déclenchant la transformation ? La morsure ensanglantée d’une goule pouvait peut-être injecter du sang vil qui se mettrait alors à entraîner la damnation du pauvre homme.

La présence de ce sang dans la gueule du monstre ne provenait peut-être pas de la main coupée, ou d’une rupture de la chair cicatricielle recouvrant les crocs brisés de la bête. Peut-être même que la présence de sang contaminé dans la bouche du fangeux était un autre processus naturel, celle-ci attendant de frapper tel une maudite vipère et de laisser le venin faire son effet.
Arraché à ses profondes réflexions par la voix douce mais alerte de L’Inventrice, celle-ci lui demanda s’il était possible de soigner la maudite bête à la gueule ensanglantée. Elle semblait donc plutôt pencher a priori pour une origine accidentelle du saignement.

-Je…Je ne pense pas qu’il y ait vraiment besoin de soigner cette saleté. Elle a bien réussi à se soigner de ce que je lui ai fait, ce n’est pas cela qui la tuera.

Son regard perçant scrutait chaque beuglement informe de cette créature impie. Les bras croisés, il laissait pianoter ces doigts contre ces coudes, évoquant une attitude à mi-chemin entre l’impatience face à un tel potentiel de découverte et la frustration d’être aussi lent à percer les secrets de sa créature. Le guérisseur espérait au moins qu’exposer sa petite théorie pourrait les avancer à quelque chose.

-Je commence à me questionner au sujet de l’incident avec Sire de Terresang. Vous ne pensez pas qu’il serait possible que cette goule ait volontairement tenté quelque chose en projetant ce sang ?

Continuant l’exposé, Lothaire lui déclamait celle-ci avec un empressement d’un amoureux des sciences à l’aube d’une nouvelle découverte, de celui du passionné d’arithmétique et de géométrie découvrant les contours d’un théorème inédit ou de celui du naturaliste qui, listant les caractéristiques de ce qui s’apparente à un batracien commun, est pris d’un choc en se rendant compte qu’il a affaire à une toute nouvelle espèce. Etait-ce ces nombreux mois passés presque en solitaire à étudier presque ascétiquement la Fange qui le rendait si prolixe sur le sujet ? Le fait que la Quête de la Cure contre la Fange était devenue sa principale raison de vivre ? Quoi qu’il en soit, il n’était presque plus si difficile à deviner que Lothaire était bien qu’un simple médecin motivé par un intérêt d’ordre scientifique et sanitaire par la Fange.

Achevant la présentation de sa conjecture, il poursuivit :

-Peut-être devrions-nous, une fois le test de la réaction à la lumière du soleil, creuser la question de la contamination par le sang ? Nous tenons peut-être là une première explication sur le processus de transformation des mordus ?

Citation :: Lothaire expose sa théorie concernant le jet de sang du Fangeux et la possibilité qu'il ait voulu infecter Alexandre de Terresang comme ça à Adeline. Sinon il laisse faire pour son expérience sur les rayons solaires reflétés par les boucliers.

L’ensemble de l’équipage avait sursauté au cri du monstre, tous même ceux qui patrouillaient sur le ponton avaient d’instinct reculé d’un pas. Et tandis qu’un nobliau se retrouvait nu comme au premier jour et en proie à un état d’hébêtement proche de la panique. Un homme dans son coin ruminait et rongeait son frein, pris de l’envie brûlante de mettre le feu à ce rafiot et de laisser cette bande de dégénérés payer le prix de leurs expériences démentes.

Il en avait vu des horreurs. Et il en avait vu des idiots. Mais jamais il n’aurait pu penser qu’on puisse cumuler autant en si peu de temps. Oui le Capitaine était fou de rage. Fou de voir que son fier navire était devenu l’antichambre de savants fous et inconscients. Fou de voir que le sang bleu supposément en charge de la petite troupe était de loin le plus stupide d’entre eux.

La patience ne lui avait jamais manqué. Et pourtant en observant la scène du noble nu que l’on aspergeait de seaux d’eau la moutarde lui monta au nez. Bombaysers n’était pas la cible de son ire, ce n’était qu’un vague commanditaire, un pignouf inapte et inepte qui avait préféré confier les clefs de son propre échec à de parfaits inconnus.

”Ça suffit!” Beugla-t-il en pointant le noble du doigt. “Cette mascarade a assez duré! Et cette mission cette quête, peu importe le nom idiot que vous lui avez donné, est terminée! Rhabillez-vous messire, vous vous faites honte à vous-même. Ce navire mettra les voiles dans une heure et vous pourrez continuer vos expériences démentes jusqu’à ce que l’on approche de Marbrume, ensuite vous tuerez ce monstre avant de le jeter par-dessus bord. Est-ce que je me suis bien fait comprendre?”

Ne laissant ni au noble ni à la Prêtresse la possibilité de répliquer, le Capitaine commença à aboyer ses ordres à son équipage et disparut bien vite dans un des recoins de son navire, se préparant à mettre les voiles et oublier définitivement cette farce sordide. Bombaysers lui n’avait pas manqué une miette de l’esclandre, tout comme la totalité de l’équipage. Il se prit le visage à deux mains, bien conscient que tout était allé bien plus loin que ce qu’il avait envisagé et que son statut ne lui offrait aucun pouvoir sur le Capitaine, il ne parviendrait pas à le raisonner et reporta son attention sur les expériences en cours.

Pourvu qu’ils puissent en découvrir un peu plus…

Citation :: Jet d’intégrité mentale

- INT d’Alexandre de Terresang : 15 (Bonus de +1 pour Volonté de fer)
17 raté.

Tout ceci est bien trop à supporter et ton personnage fait une crise d’angoisse.

* * * * *

Dans la cale le fangeux s’était retrouvé ceint d’une nouvelle couche de chaînes tandis qu’on lui enfonçait dans la gueule un pieu assez long pour le maintenir fermement en place. Est-ce que cela serait suffisant? À peine fut-il entravé que le monstre s’agita de nouveau, bien décidé à ne pas se laisser pas une brindille de ce genre.

Citation :: Jet de force brute

- FOR du Fangeux : 11
19 raté.

Il semblait que cette fois-ci la bête ne pouvait véritablement plus bouger, tout au plus se contentait-elle de grogner à travers le bout de bois qui lui maintenait la gueule ouverte et fixée au barreaux de sa cage. Il était prêt pour la dernière trouvaille de L’inventrice qui n’était pas dénuée de bon sens. Après tout notait Bombaysers sur son carnet, ces monstres se terraient pour la plupart lorsque le jour se levait, mais pour quelle raison?

Et la bête? Comment se portait-elle d’ailleurs? La coupure infligée par Le Trésorier avait abondamment saigné lorsque l’acier avait tranché les chairs. Le petit homme s’était penché pour observer la blessure, tachant d’y déceler des signes de cicatrisation précoce.

Citation :: Jet d’endurance

- END du Fangeux : 10
11 raté.

Mais il n’en était rien. elle saignait comme n’importe qui après une blessure de ce genre et la plaie se boursoufflait doucement pour former deux lèvres rougies et enflées. Tout ce qu’il y avait de plus humain en somme, à une mort près!

Les miroirs étaient prêts et il ne manqua plus que le geste d’un milicien pour que le réseau s’illumine et ne vienne chatouiller les rétines du monstre. Tous observaient pendant que sur le pont l’agitation témoignait des préparatifs du départ.

Citation :: Jet d’endurance

- END du Fangeux : 10
4 réussi.

Bombaysers soupira. La bête était gênée certes mais comme chacun aurait pu l’être avec un miroir braqué sur les yeux. Finalement, est-ce que les fangeux n’étaient pas plus humains que ce qu’on leur prêtait habituellement?

Citation :: On approche du de la fin les loulous! D'ailleurs je m'excuse pour cette petite pause, on reprend sur une base d'un post par semaine! Je pense qu'il nous reste deux voir trois tours suivant le déroulement.
Pour le reste continuez comme ça!

Prochain mjitage le : 24/03

Constance restait d’un calme à toute épreuve, ce qui avait le don de la surprendre elle-même. Le noble avait fini par retirer la totalité de ses vêtements sans qu’elle ne s’en offusque, bien au contraire. Prenant une légère inspiration, elle cherchait à trouver des réponses à des questions qu’elle n’avait même pas encore imaginé. Comment réagissait un humain au contact du sang d’un fangeux ? Comment pouvait-elle le savoir ? Comment pouvait-il y avoir une réaction quelconque ? Déposant une main sur chaque épaule du noble, elle chercha à obtenir la totalité de son attention, hors de question qu’un autre membre de l’équipage devienne complètement fou.

- « Non je ne sais pas, mais tout va bien se passer, je vais récupérer de l’eau salée, vous rincer convenablement, vous allez en boire un peu et vous rincer la bouche et me parler de la moindre douleur que vous allez ou non ressentir. »

Elle fit un geste vers le matelot qui venait de déposer des affaires propres, l’obligea à aller plonger un sceau dans la mer pour le lui rapporter avec un tissu. Le jeune homme s’exécuta sans attendre, laissant un petit récipient flotter à la surface. Alors que la blonde s’apprêtait à plonger le tissu dans l’eau salée, elle fut surprise par l’arrivée du capitaine, qui semblait quelque peu contrarié. Ce reculant, la femme enceinte assista sans pouvoir rien faire à une dispute entre le capitaine et le noble, qui entièrement nu ne semblait même pas réaliser du ridicule de la situation. Était-ce seulement important, elle commençait à en douter. Puis ce qui avait fini par devoir arriver arriva et ce fut une véritable crise d’angoisse qui anima le sang bleu qui avait pourtant réussi à canaliser ses émotions jusque là. Une main sur son ventre, s’appuyant sur le rebord du bateau, la blonde respirait lentement, cherchant à calmer les mouvements de son enfant qui se faisait un peu plus présent, une fois ce petit événement passé, elle s’avança jusqu’au noble se permettant de lui jeter un verre d’eau salée au visage.

- « Respirez » ordonna-t-elle « Voilà, comme ça, doucement… On fait comme moi »

Elle c’était mise à sa hauteur, avait déposé sa main sur son ventre –dont il devait percevoir les mouvements du bébé qui s’amusait à pousser à l’endroit où se trouvait la main du noble-. Le but n’était néanmoins pas de lui permettre de s’apaiser au rythme des mouvements de son enfant, mais de percevoir ses inspirations et expirations afin qu’il puisse se fixer sur les siennes. La balafrée respirait volontairement beaucoup plus fort, dans cette même idée de partage, simplement, naïvement. Quand elle eut la sensation d’être efficace, elle rapprocha doucement le sceau pour y plonger le tissu et passer délicatement l’ensemble sur le front du noble, tapotant doucement.

- « Bien, je vais prendre votre bras et le bouger lentement » elle s’exécuta « Je vais faire la même chose avec l’autre » elle fit de même toujours avec délicatesse « Est-ce que vous avez mal ? »

De là, elle leva doucement un doigt devant les yeux d’Alexandre.

- « Est-ce que vous entendez bien ma voix ? Vous arrivez à suivre les mouvements de mon doigt ? » elle le déplaçait de droite à gauche, de gauche à droite « Bien, bien… »

Attrapant les vêtements elle finit par le lui tendre doucement, il était largement l’heure pour lui de retrouver un peu de confort, pour l’heure, elle ne voyait à ses yeux rien de dramatique, hormis un état de choc complètement justifié. Même si c’était particulièrement décevant, elle ne pouvait que comprendre la décision du capitaine, tout était devenu vraiment trop dangereux et hors de contrôle.

- « Habillez-vous, pour l’instant je ne vois rien qui m’inquiète. Vous passez cependant me voir au temple cette semaine, chaque jour, par sécurité. » elle prit une légère inspiration « Ne voyez pas tout ceci comme un échec, il nous faut du temps pour comprendre ce type de monstre, nous n’allons pas y arriver en une fois. Il faut simplement plus de préparation » tentait-elle de le rassurer de lui faire comprendre aussi. « Ne vous fâchez plus avec le capitaine, tâchez de vous comprendre et de bien communiquer vous voulez bien ? »

[C'est petit, mais Constance se concentre sur Alex, donc bon... Et puis je suppose que c'est notre dernier tour !]

Et voilà le nobliau qui, malgré les efforts de la prêtresse, craquait totalement et se voyait déjà se transformer d’une minute à l’autre. Si d’aucuns lui pardonnaient aisément cette petite faiblesse somme toute totalement humaine, le Capitaine lui fulminait. Et en l’absence d’un meneur apte à diriger c’était à lui qu’incombait la lourde tâche de mener les opérations.

Le vieux marin désigna du doigt un des miliciens qui gardait l’entrée de la cale, le visage empourpré par la colère et empreint d’un sentiment de puissance conféré par ses nouvelles fonctions.

“Toi! Descends dans la cale et supprime le monstre, le prisonnier subira le même sort de retour à Marbrume. Ensuite balancez ses restes par dessus bord. Par les Trois il va falloir arroser le plancher d’eau de mer pendant des lustres pour éponger cette farce. Tue quiconque tentera de t’en empêcher, est-ce que c’est compris?”

Citation :: Jet de Charisme

- Char du Capitaine : 13
5 réussi

On pouvait appeler cela une autorité naturelle, ou bien le soldat avait-il saisi la gravité de la situation? Toujours est-il que le fangeux eut à peine le temps de pousser un dernier cri tandis qu’une lame d’acier froide lui traversait le coeur puis la gorge, deux précautions valent mieux qu’une.

Personne n’osa bouger, aussi bien les “scientifiques” que les miliciens. Et la dépouille du soldat fut jetée par dessus bord sans plus de cérémonie, tout au plus quelques reniflements dignes et discrets de la part de ses anciens camarades. Le matériel fut lui aussi jeté à la mer, les vêtements du Trésorier avec, aucun risque ne pouvait être pris devant la virulence de ce fléau.

Et c’est chargé de regrets et d’un équipage amoindri que la Fierté Gâchée mit les voiles en direction de Marbrume. Avec à son bord un Bombaysers humilié, ridiculisé et surtout furieux. Furieux contre lui-même et les collaborateurs qu’il avait pourtant choisi avec soin. Adieu ses rêves de gloire et de prospérité, adieu le rêve d’un remède à ce miasme galopant. Le petit homme avait considéré un instant la possibilité de se jeter à la mer à son tour, tant l’humiliation était totale. Mais il s’était ravisé et s’était assis dans un recoin sombre, seul, parcourant ses notes avec mélancolie.

Fort de son échec Basile ne se présenta pas à ses commanditaires pour leur expliquer les raisons de ce fiasco, mais le mot fut passé qu’à partir de ce jour seul le Clergé serait autorisé à mener ce genre de recherches, qu’aucune exception ne serait faite et que quiconque contreviendrait à cette règle serait mis à mort sans autre forme de procès.

L’ordre fut également donné de ne jamais mentionner cette affaire, sous aucun prétexte. Officiellement rien ne s’était jamais produit. Et le Duché comme le Clergé nieraient en bloc toute allusion à cette triste histoire. Ce qui devait être un jour de gloire était le récit d’un échec. Mais n’était-ce pas le signe que la fange ne pouvait être vaincue? Que la volonté des Trois surpassait celle des hommes?

La Fierté Gâchée jeta l’ancre dans le vieux port de Marbrume. Et tous les occupants du navire tâchèrent d’oublier cette histoire. Définitivement.

Citation :: Voilà c'est terminé. Je tenais à vous remercier malgré une fin un peu morne. Finalement on n'aura pas appris grand chose mais on aura rigolé!

Merci à vous et à bientôt pour la prochaine quête!