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 Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]

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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyLun 16 Nov 2015 - 19:06
Inspiration, expiration. Sa respiration était lente et mesurée, totalement contrôlée et ça, sans qu’elle n’y accorde la moindre pensée. Elle essayait de faire le vide dans son esprit et tout autour d’elle. Elle oubliait ce milicien non loin qu’elle croisait de plus en plus souvent ici et qui semblait être bien plus dévoué à Serus qu’à Rikni. Elle faisait abstraction de la jeune femme qui semblait enceinte à deux bancs derrière elle et qui espérait certainement qu’Anür veillerait sur elle et son enfant. Doucement, toutes les autres personnes présentes devinrent des fantômes, tout comme leurs voix qui devaient s’élevés vers la Trinité, elle se concentra uniquement sur la sienne. Elle n’avait rien de particulier à souhaiter, et contrairement aux visites qu’elles faisaient avant une expédition, elle n’adressait pas ses souhaits à l’un des Dieux en particulier.

Sa voix était toujours teintée de l’espoir profond que lui inspirait Rikni, tout en faisant preuve d’un peu d’amour pour ses proches, Anür ne devait pas y être insensible. Tout ça s’ajoutait à sa volonté de liberté et de profusion, ce pour quoi elle regardait droit vers Serus malgré ses yeux fermés, malgré le fait qu’elle soit placée devant la statue de Rikni. La Trinité représentait une constante, une habitude et une certaine stabilité dans sa vie, encore plus depuis qu’elle était devenue milicienne. Elle ne prétendait pas sentir leur présence, ni les voir intervenir en sa faveur, et encore moins prétendre qu’ils lui traçaient un destin plus favorable grâce à la dévotion dont elle faisait preuve. Néanmoins, ils lui permettaient indirectement de changer de point de vue, de la faire se remettre en question malgré son caractère bien trempé et têtu. Il n’y avait qu’en face d’eux qu’elle reconnaissait ouvertement ses erreurs.

Elle continua encore quelques instants à leur adresser quelques paroles, entre souhaits, prières et anecdotes anodines. Elle revint doucement à elle, ne se coupant plus des bruits de pas qui résonnaient si facilement dans ce lieu. Elle ne faisait plus abstraction de l’odeur parfumée qui embaumait toujours le lieu, ni de son étonnement lorsqu’elle vit que le milicien était toujours là, devant la statue de Serus. Elle ne vit pas s’il lui avait ou non fait une offrande, il lui bloquait la vue, mais elle se retrouva un peu plus intriguée par lui que par les autres personnes présentes. Cette curiosité n’était pas un reproche masqué, loin de là. Elle l’avait vu quelques fois en armure, quelques fois avec d’autres miliciens, mais elle le reconnaissait de plus en plus souvent ici. À moins qu’elle ne soit juste plus attentive à lui. Elle décida pourtant de sortir, ses propres intentions terminées, prise d’une légère hésitation qui ne lui ressemblait pas.

Elle décida de l’attendre devant les portes. Après tout, elle serait certainement amenée à croiser le fer à ses côtés un jour ou l’autre. S’il ne souhaitait pas discuter, elle insisterait un peu, pour la forme, et parce qu’elle l’avait décidé, mais n’en ferait pas un cas. Elle appréciait de connaitre ceux avec qui elle devrait se battre. Pouvoir différencier les idiots superficiels et misogynes, des autres, de ceux avec qui elle pouvait discuter sans animosité. Elle préférait apprendre à connaitre quelqu’un dans ces circonstances plutôt que devant le fait accompli et sous la contrainte. De plus, elle ne voulait pas que la majorité et l’appréhension de faire une mauvaise rencontre l’influence et l’empêche de faire ce qu’elle souhaitait. Ce n’était plus le cas depuis longtemps, elle ne comptait pas revenir en arrière sur ce point-là. Ainsi elle l’aborda quelques secondes après qu’il ait franchi les portes.

✧ Salut.

Elle se mit à le suivre et pourtant, elle ne savait pas trop quoi dire, ou comment formuler les choses. Elle marchait à ses côtés, il devait certainement penser qu’elle était étrange. Elle laissa échapper un petit rire, autant être franche, c’était la meilleure carte qu’elle avait dans son jeu de toute façon. Elle tendit son bras vers lui, s’attendant à une poignée de main ferme. Elle avait beau porter une robe quelconque, ressemblant ainsi à une femme du peuple anodine, en dehors de sa cicatrice encore une fois, elle n’abandonnait jamais ses manières un peu gasconnes.

✧ Je suis Cyrielle. J'te vois de plus en plus souvent devant la statue de Serus, alors ça m’intrigue. Tu fais bien partit d'la milice hein ?


Dernière édition par Cyrielle Dolwen le Lun 18 Jan 2016 - 21:44, édité 2 fois
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyMer 18 Nov 2015 - 22:08
Comme presque tous les jours, Alaric s’était rendu au temple de la Trinité de la ville. Il appréciait la bâtisse majestueuse, faite de pierres énormes qui laissaient passer le froid. Dans sa jeunesse, il avait toujours voué un culte à ces trois divinités, mais la cérémonie était souvent domestique, rarement publique. Le temple était tout petit, divisé en trois parties étroites, qui abritaient une statue représentant chaque divinité.

Ici, tout était plus grand, plus vaste. La statue de Serus le dominait de toute sa hauteur et il ressentait sa véritable puissance lorsqu’il pénétrait en ces lieux. Ces derniers jours, il n’avait rien pu offrir à la divinité qu’il chérissait tant et il espérait ne pas la vexer. Avant, ses offrandes se résumaient à du blé ou des fruits, mais la nourriture se faisait rare en ces jours sombres, et Alaric ne pouvait se permettre de l’offrir à Serus. Il espérait de tout cœur que ce dernier comprendrait. Après tout, c’était grâce à lui s’il mangeait à sa faim tous les soirs.

Debout devant la statue, Alaric ferma les yeux comme à son habitude et adressa sa prière mentalement. Jamais il ne les prononçait à voix haute, comme certains le pratiquaient. Sa mère, quand il était petit, disait toujours que les dieux lisaient en nous et comprenaient nos intentions. Troubler leur silence ne pourrait que les offusquer et personne ne voulait que cela arrive. Plongé dans ses pensées, il se remémora quelques souvenirs, comme souvent lorsqu’il venait ici. C’était un peu son rituel : après la prière, il se rappelait les moments où, plus jeune, il en avait formulées d’autres, souvent futiles et superflues. Alors il priait pour sa famille, pour leurs âmes, pour que Serus s’en occupe là-haut. Avant de quitter le temple, il adressait un regard bienveillant à Anür et à Rikni et les saluait pieusement. Ce n’était pas qu’il pensait que ces deux déesses n’avaient rien à lui offrir, mais il ne s’en sentait pas si proche. Comme si elles étaient insaisissables. C’était un sentiment qu’il ne pouvait s’expliquer, peut-être que son dévouement envers Serus était tel qu’il l’empêchait de se consacrer aux divinités féminines ? Dans tous les cas, il ne désirait pas non plus les offenser, et c’était pour cette raison qu’il leur accordait toujours un minimum d’attention.

Enfin, il était l’heure de quitter le lieu afin de vaquer à d’autres occupations. Alaric ne voyait jamais le temps passé lorsqu’il se rendait dans le temple et aujourd’hui en particulier, il lui sembla que la journée avait subitement avancé. À la sortie, une milicienne l’attendait. Elle le salua, puis commença à marcher à ses côtés. Son visage lui était familier, elle travaillait aussi pour la milice extérieure, mais jamais il n’avait réalisé de mission avec elle. Elle se présenta alors, puis lui demanda s’il était effectivement milicien. Le voir devant la statue de Serus l’avait perturbée, disait-elle. Il était vrai que les soldats dédiaient leur âme à Rikni, en général, et non au dieu faune. Il ne comprenait pas très bien pour quelle raison Cyrielle l’abordait, mais dans tous les cas, il ne pouvait pas simplement l’ignorer.

- Je suis Alaric. Je fais partie de la milice extérieure. Que me veux-tu ?

Non pas qu’il voulait être impoli, mais tout de même, il ne comprenait pas ce que lui valait cette conversation à la sortie du temple.
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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyVen 20 Nov 2015 - 19:17
À sa sortie, elle avait vu qu’il l’avait observé. Il l’avait peut-être remarqué lui aussi, elle ne voulait pas croire qu’elle était la seule à faire attention à son entourage dans le temple, au moins quelques instants. Elle s’était pliée à son inspection, tout de même franchement vexé qu’il ne lui rende même pas sa salutation. Il avait juste continué à marcher comme si de rien n’était, comme si elle n’était pas là. Elle avait bien du mal à ne pas froncer un sourcil et montrer son indignation et sa réprobation. Ne se laissant pas démonter elle s’était présentée et l’avait abordé de manière un peu franche, mais le ton de sa voix n’avait pas été menaçant contrairement au sien. Il avait même totalement ignoré sa poignée de main, lui envoyant un vent glacé dans le visage, chose qu’elle n’appréciait pas du tout. C’était un premier signe d’hostilité pour elle, on lui avait toujours appris à être à cheval sur la politesse, elle avait bien du mal à ne pas garder cet affront en travers de la gorge.

- Je suis Alaric. Je fais partie de la milice extérieure. Que me veux-tu ?

Ainsi il se nommait Alaric. Si ça continuait, elle allait rapidement lui trouver un surnom bien plus parlant. Il avait tout de même consenti à s’arrêter, enfin, même si sa posture laissait voir qu’il était sur le départ, prêt à reprendre sa marche à tout moment. Elle baissa enfin son bras, mettant fin à son humiliation cuisante. Il avait beau s’être présenté, il semblait pressé de mettre fin à leur entretien, et elle n’avait même pas encore dit plus de deux phrases. C’est légèrement excédé qu’elle mît ses mains sur ses hanches, prenant un peu de recul. C’était presque théâtral, mais elle ne s’attendait pas à un accueil aussi froid. Elle ferait avec. Il avait tout de même l’air d’un mec bien, le fond de ses yeux bleus ne montrait aucune intention de violence, et quelqu’un avec des yeux de la même couleur qu’elle ne pouvait pas avoir de mauvaises intentions, elle en avait décidé ainsi. Il était plutôt beau en plus quand on arrivait à passer outre son caractère de cochon, encore fallait-il s’arrêter et l’observer un bon moment pour y arriver.

✧ Eh beh ! Juste causer un peu. J’pensais pas tomber sur un fangeux mal léché, désolé. Alors si on commençait par une poignée d’main amicale, se s’rait pas mal non ?

Elle tendit à nouveau son bras, insistant sur la politesse, et sur le fait que cette salutation devait être amicale. Elle restait à l’affut de tout signe qui laissait entendre qu’il allait lui broyer la main dans la sienne dans le processus. Elle se demandait bien ce qu’il y avait de mal à aborder quelqu’un qui faisait la même chose que vous. En tant que femme, et plus encore en tant que milicienne, videuse de taverne, elle avait un nombre d’amis qu’on pouvait compter sur les doigts d’une main. Elle se servait comme elle le pouvait de son statut pour inverser la tendance, se rapprocher de ceux avec qui elle avait de grandes chances d’avoir au moins un point commun. Surtout qu’en étant bagarreuse et négligée, il n’était pas nécessaire de préciser qu’elle n’avait pas d’amies féminines. Elle en était à se demander parfois si cette situation ne lui était pas plus favorable que la paix et se retrouver forcée de rentrer dans le moule.

✧ Bon, si tu veux pas parler de pourquoi tu préfères Serus, j’te force pas. J’veux juste savoir avec qui j’me bats, avec qui je peux causer et qui j’dois éviter dans la milice.

Elle l’observa, reprenant une posture plus décontractée, moins agressive. Sa voie s’était déjà fait un peu plus résigné et plus calme qu’avant. Elle avait encore laissé parler son impulsivité. Elle espérait juste ne pas s’être fait un ennemi aussi bêtement. C’était un homme après tout non, il n’allait quand même pas se laisser vexer aussi facilement n’est-ce pas. Sinon, il valait effectivement mieux qu’ils ne soient pas trop proches. Après tout, elle n’était pas du genre à forcer les choses, à perdre son temps. Elle avait arrêté d’essayer de changer les autres et se contentait très bien de son avis.

✧ Donc si t’as un truc à faire, ou que tu veux pas causer, suffit d’le dire maintenant.


Dernière édition par Cyrielle Dolwen le Mer 16 Déc 2015 - 23:24, édité 3 fois
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AlaricGarde de Sombrebois
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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyDim 22 Nov 2015 - 21:56
Cette réponse de sa part, un peu brusque il fallait bien l’avouer, avait l’air d’avoir vexé la jeune milicienne qui ne le quittait toujours pas des yeux. Excédée, mais tentant tant bien que mal de garder son calme, elle lui retendit sa main, espérant une nouvelle fois une poigne amicale. Elle l’avait qualifié de « Fangeux mal léché », ce qui l’avait fait sourire : il l’avait bien mérité, après tout.

Toujours souriant, il lui serra cette fois la main, avec force. Entre collègues de la milice, ce genre de « rituels » avait toujours son importance. La tension entre eux deux redescendit un peu et Alaric se sentit soulagé : il ne tenait pas du tout à se mettre une camarade à dos. Il viendrait peut-être un temps où ils devraient se protéger, se sauver la vie. Valait mieux qu’il s’entende un minimum avec eux.

Cyrielle enchaina et lui expliqua ce qui venait de lui traverser l’esprit : connaître les personnes avec lesquelles on sortait hors des murailles était d’une importance capitale. Pour une fois que quelqu’un venait à lui, Alaric pensa qu’il devait mettre cet entretient à profit. Certes, lui-même n’aurait pas fait le premier pas. Il ne savait jamais que dire et se sentait toujours mal à l’aise. Mais dans un cas comme celui-ci, il n’avait qu’à suivre le courant de la discussion.

Après leur poignée de main amicale, la milicienne avait pris une pose un peu plus décontractée, mais elle ne quittait pas Alaric des yeux. Il détourna le regard et se sentit stupide d’agir ainsi. Décidément, le contact humain ne serait jamais son point fort.

- Excuse mon impolitesse, commença-t-il, évitant toujours ses yeux.

Il passa une main dans ses cheveux et aperçut la cicatrice qu’elle avait sur le visage. Non pas qu’il ne l’avait pas remarquée avant –ç’aurait été difficile- mais il pensa soudainement que Cyrielle croirait qu’il ne la regardait pas précisément à cause de cette méchante balafre. Elle serait en droit de penser une telle chose, ça lui était même peut-être déjà arrivé, mais Alaric n’y tenait pas. De ses yeux bleus, il croisa ceux de la jeune fille et enchaina leur discussion, lui faisant signe de continuer à marcher tranquillement. Elle lui emboita le pas, attendant sa réponse.

- Je n’ai pas l’habitude de discuter, à vrai dire… En fait, je suis un fermier… Enfin, fils d’un fermier… Serus a toujours eu une importance capitale pour ma famille et moi. Maintenant… Bien que je sois devenu soldat, je lui voue toujours un culte spécial. Et toi, tu honores un dieu en particulier ?

Alaric était indifférent, solitaire et taciturne, c’était vrai. Mais lorsqu’il était forcé de s’intéresser à quelque chose ou à quelqu’un, une curiosité nouvelle s’emparait de lui. En fait… Discuter paisiblement lui avait simplement manqué.
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Cyrielle DolwenMilicien
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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyMer 25 Nov 2015 - 17:07
Il s’était enfin décidé à lui serrer la main, et avec un sourire amusé en bonus, attention. Son sourire était d’ailleurs charmant, bien plus agréable à voir que la mine renfrognée et méfiante qu’il arborait quelques secondes plus tôt. Elle lui sourit en retour, fière de son petit effet et du changement d’ambiance qui s’opérait autour d’eux. Comme quoi, certains fangeux cachaient bien leur jeu, tant qu’ils n’avaient pas vu le fond des marais.

- Excuse mon impolitesse.

Elle aurait presque été tentée de se moquer de lui devant la gêne évidente dont il faisait preuve. Il avait détourné les yeux, semblait bien penaud et se grattait même le crâne dans un geste qui transpirait l’embarras. Tout ça le rajeunissait en quelque sorte. Elle n’avait jamais été douée pour estimer l’âge des gens. Pourtant, avec les hommes elle se sentait toujours obligée d’exagérer un peu ses propos pour être prise au sérieux, et ça avait marché. Ils s’étaient remis en marche, d’un pas commun cette fois et il daignait enfin participer un peu plus activement à la conversation.

- Je n’ai pas l’habitude de discuter, à vrai dire… En fait, je suis un fermier… Enfin, fils d’un fermier… Serus a toujours eu une importance capitale pour ma famille et moi. Maintenant… Bien que je sois devenu soldat, je lui voue toujours un culte spécial. Et toi, tu honores un dieu en particulier ?

Elle hocha la tête afin de signifier qu’elle pouvait tout à fait comprendre son attachement pour ce Dieu, il avait grandi en étant lié à lui, il n’y avait aucune raison pour que ça change. Après tout, elle-même avait apprécié Rikni bien avant de trouver sa vocation, vocation qui ne lui était même pas accessible il y a de ça quelques mois. Ce n’était que de la curiosité qui l’avait poussé à poser la question, elle ne cherchait pas à le faire changer d’avis ou d’habitudes, loin de là. Elle se demanda un instant s’il était de Marbrume, si elle connaissait son père ou sa famille. Elle le scruta un instant, fouillant ses yeux bleus avant de retourner son regard sur le chemin qu’ils parcouraient. Ce n’était certainement marqué sur son front s’il était ou non du coin. Il y avait tellement d’« étrangers » qui venaient s’abriter ici, venant de tout le territoire des Langres. Ce n’était pas ses parents qui allaient se plaindre d’afficher complet quasiment tous les soirs.

✧ J’étais déjà dévouée à Rikni avant de devenir milicienne. J’ai toujours cru qu’y avait qu’avec son aide qu’on pourrait repousser les fangeux, et je le crois toujours d’ailleurs. Anür pour nous aider à devenir adulte et être prêt à les affronter, et Serus pour qu’on puisse vivre, pour l’équilibre entre toutes ces batailles et tout ce sang. Histoire qu’on devienne pas cinglé et qu’on ait à manger.

Elle sourit, se disant qu’effectivement, ne pas finir totalement à côté de la plaque à cause de ce fléau était très important. Si les fangeux disparaissaient en ne laissant que des malades mentaux derrière eux, qui serait là pour profiter et savourer la victoire. Elle avait grandi avant ce fléau, elle avait connu la vie sans toutes ces contraintes et la crise qui en résultait. Même si plus rien ne pouvait redevenir comme avant, elle était persuadée de trouver un moyen d’apprécier à nouveau la vie calme qui suivrait l’éradication des fangeux. Petite déjà elle avait trouvé Rikni digne de confiance et attirante. Le contraste d’Anür était trop troublant pour elle. Pouvoir être si douce, symbole spirituel de la vie et pourtant si effrayante, puisqu’elle représentait aussi la mort. Elle n’arrivait pas à se rapprocher d’elle. Rikni était plus simple à comprendre, elle encourageait la force, physique ou de caractère, le courage et elle lui attachait volontairement la rage de vivre et de survivre, que toute vie valait d’être vécue. Elle avait besoin de se persuader que tout était possible pour qui avait assez de volonté.

✧ Des fois je pense à ce que je ferais quand tout ça sera terminé, qu’y aura plus de fangeux et qu’on pourra à nouveau voyager dans les Langres. Tu sais déjà ce que tu ferais toi ?


Dernière édition par Cyrielle Dolwen le Ven 4 Déc 2015 - 23:14, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyMer 2 Déc 2015 - 21:04
À sa question, Cyrielle hocha la tête. Depuis toujours, elle était dédiée à la déesse Rikni, et ce, même avant de savoir qu’elle désirait devenir milicienne. Elle devait donc comprendre ce que lui-même ressentait lorsqu’il s’adressait à Serus pendant des heures. Elle aussi accordait de l’importance aux deux autres dieux, mais en moindre quantité. Sur ce point-là, ils étaient semblables. Il trouva ce fait assez drôle. Jusqu’à présent, il avait toujours cru que la majorité des habitants du royaume croyait en la Trinité, sans distinction particulière. Certains répétaient que ces trois dieux ne formaient qu’un, qu’aimer Anür revenait à aimer Serus ou Rikni, et ce de la même manière. Alaric respectait cet avis, mais il ne pouvait pas se résoudre à le suivre. Car s’il était vrai, pourquoi y aurait-il trois dieux depuis l’éternité ? Et de toute façon, même s’il s’agissait de dieux, un seul ne serait pas capable de s’occuper du monde à lui tout seul. Non, définitivement, Alaric ferait toujours partie de ceux qui voient trois dieux, et non un seul, tout puissant.

Cyrielle marqua une petite pause et Alaric ne rompit pas le silence. Ils déambulaient côte à côte dans Marbrume, le Soleil commençant à se coucher. Des rayons orangés et roses transperçaient par endroit les lourds nuages gris qui survolaient la ville en tout temps. Et encore, la plupart du temps, ils versaient des trombes d’eau, comme si ces derniers avaient leurs propres Fangeux qui les inquiétaient continuellement. Décidément, rien ne tournait rond, même dans le ciel.
La milicienne reprit la conversation, en abordant un sujet auquel le jeune homme n’avait jamais pensé : que faire une fois que toute cette histoire serait terminée ? C’est donc complètement pris au dépourvu qu’Alaric répondit :

- Oh… C’est drôle, mais je n’y ai jamais pensé. C’est assez bizarre, car je suis persuadé qu’ils finiront par disparaître, et je veux y contribuer. Mais… Je ne sais pas. Au fond, j’ai dû me dire que je finirai par mourir dans cette bataille et que je ne verrai jamais le monde ressuscité.

C’était à moitié vrai. Il croyait fermement que les hommes repousseraient les Fangeux, qu’il y serait pour quelque chose, mais cependant, il ne pensait pas vivre suffisamment longtemps pour voir le monde se rétablir et repartir à zéro. Mais il y avait aussi le fait qu’il n’avait plus rien : plus de terres, de famille, de maison… S’il vivait suffisamment longtemps, resterait-il soldat ? Quitterait-il Marbrume ? Il avait toujours évité de se poser ces questions.

- Rester soldat, ou reprendre un lot de terre pour exercer le métier que j’ai toujours voulu… Je ne sais pas encore ce que je choisirai. Peut-être que le calme me fera du bien et que la seconde solution me semblera plus favorable… Si tu me poses la question, c’est parce que tu te l’es déjà posée, je suppose ? Tu as donc des projets concrets ?
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Cyrielle DolwenMilicien
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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyMar 8 Déc 2015 - 19:09
- Oh… C’est drôle, mais je n’y ai jamais pensé. C’est assez bizarre, car je suis persuadé qu’ils finiront par disparaître, et je veux y contribuer. Mais… je ne sais pas. Au fond, j’ai dû me dire que je finirai par mourir dans cette bataille et que je ne verrai jamais le monde ressuscité.

Il ne s’était pas attendu à cette question et elle l’avait clairement ressenti, au-delà du fait qu’il l’avait avoué. Surtout qu’en dehors de ça, il n’y avait même pas répondu correctement. Elle avait beau être bercée par les mêmes pensées, venant de son inconscient, elle ne pouvait s’empêcher d’espérer. Elle non plus n’avait pas l’espoir fou de voir de ses propres yeux l’extinction des fangeux. Pourtant elle avait besoin de ces pensées, d’espérer, d’imaginer tout ce qu’ils avaient à gager dans cette lutte pour se motiver à combattre encore et toujours plus férocement. Elle se rendait compte qu’ils étaient plus proches qu’ils ne le semblaient. Ils avaient finalement quelques points communs sur leur façon de voir les choses et elle accueillait cette nouvelle avec enthousiasme. Elle le regardait marcher parfois, appréciant son profil sincère qui affichait et exprimait plutôt clairement ses sentiments, même mitigés à propos de leur sujet de discussion.

- Rester soldat, ou reprendre un lot de terre pour exercer le métier que j’ai toujours voulu… Je ne sais pas encore ce que je choisirai. Peut-être que le calme me fera du bien et que la seconde solution me semblera plus favorable… Si tu me poses la question, c’est parce que tu te l’es déjà posée, je suppose ? Tu as donc des projets concrets ?

Il avait réfléchi aux deux options les plus générales qui se posaient à lui, concernant ce qu’il ferait de la majorité de son temps. C’était là que s’arrêtait à nouveau leur ressemblance, rendant cette conversation intéressante. Il ne pensait qu’à son métier, à ce qu’il ferait pour survivre, gagner de l’argent et vivre. Il n’avait réfléchi qu’à la nouvelle définition de sa routine quotidienne qu’il allait instaurer. Elle était déjà certaine qu’on ne lui laisserait pas ce choix. Aussitôt les fangeux éradiqués, elle était sûre d’être destituée de la milice en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire « dehors ». Elle avait donc un bien plus grand choix d’options qui s’offrait à elle, surtout qu’elle comptait bien profiter un peu. Elle n’allait peut-être pas se trouver un mari tout de suite, elle n’en avait pas particulièrement envie, ni besoin. Son horloge biologique avait beau sonner l’alarme, elle faisait si bien la sourde oreille. Surtout que les hommes qu’elle côtoyait au sein de la milice lui donnaient déjà un assez bon échantillon de ce qu’elle ne voulait pas avoir sous son toit. Comme pour compléter l’échantillon qu’elle avait côtoyé « Aux Trois Cerfs ».

✧ Y’a beaucoup mieux à faire, non ? J’en sais pas plus que toi, mais je sais que j’voudrais pas rester coincée là à retourner dans la taverne de mes parents. Ou pas tout d’suite en tout cas.

Il était légèrement glauque de s’imaginer découvrir la mer et les voyages en navigant sur les cadavres de derniers fangeux. Surtout qu’ils ne seraient pas dans l’eau, puisque brûlés, mais dans son esprit la saveur de la victoire écrasante était la même. Elle avait envie de naviguer, après tout, elle n’avait pas les yeux bleus pour rien. Elle était curieuse et après le paysage désolant et mort que lui offraient les terres des Langres, rien ne l’intriguait plus que d’autres terres ou la mer. De plus, de ce qu’elle entendait jusqu’à présent, ces voyages en mer avaient tous leurs lots de surprises et d’aventure. Après s’être si bien adaptée à la milice, elle ne pensait pas revenir à une vie tranquille et sédentaire avant encore un petit moment. Elle n’avait pas d’autres connaissances ou d’autres compétences. En dehors de serveuse, elle ne pourrait pas faire grand-chose de toute façon, alors pourquoi ce miner à imaginer la routine ennuyeuse qu’elle suivrait. Elle ne pouvait pas comprendre que lui avait réellement un métier qui l’intéressait, qu’il voulait faire, auquel il voulait passer son temps. C’était une notion qu’elle n’avait même pas remarquée dans son explication.

✧ C’est trop moche ici dans le coin. Je trouverais p’t’être un bateau pour voyager un moment. Avec un peu d’chance j’embarquerais même mon frère si j’lui dis qu’il trouvera sa princesse comme ça.

Elle avait laissé échapper un petit rire à la fin de sa phrase. Elle aimait se moquer de sa vision des choses qui était radicalement différente de la sienne, mais elle aimait son frère. Elle devait avouer être tiraillée à l’idée de se séparer d’eux ainsi, sans même savoir si elle reviendrait, ni quand. Elle souriait tout de même, c’était le moment de revenir à la réalité. Elle ne survivrait peut-être pas à tout ça, et même si c’était le cas, ne pas être plus sévèrement amochée que maintenant était aussi un exploit en soi.
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyJeu 10 Déc 2015 - 21:30
Les deux options qu’Alaric venait de raconter ne plaisait pas à Cyrielle. Vu sa réaction, elle trouvait même ces idées inintéressantes, voire ennuyantes. La jeune milicienne voulait voyager, découvrir le monde. Ce genre d’idées n’avait jamais traversé les pensées du soldat. Ce n’était pas qu’il n’en avait pas envie, simplement, lorsqu’on est fermier, on ne pense pas à ces choses-là. Une vie simple, mais pourtant rude et difficile nous attend, mais on s’en contente. Rien d’autre ne peut nous satisfaire. C’est dans cette optique-là qu’il a été éduqué et jamais il n’avait osé imaginer gambader aux quatre coins du pays et plus loin encore.

Lorsque Cyrielle employa le mot « parents », le cœur d’Alaric se serra, mais il ne laissa rien paraître. Voilà, cela devait être pour cette raison qu’elle désirait tant partir. De toute façon, elle finirait par revenir, tout en sachant qu’on l’attendrait à son retour. Lui n’avait pas cette chance. C’est vrai qu’il aurait pu tout quitter lui aussi, changer de vie, oublier son passé et commencer une nouvelle existence. Il se construirait lui-même une nouvelle famille et pourrait peut-être se sentir enfin heureux. Mais pourtant, sans qu’il ne sache pourquoi, il n’aspirait qu’à rester sur les terres de ses parents.

Alors qu’il était plongé dans ses pensées, la jeune milicienne, elle, continuait sur sa lancée. La voila qui s’imaginait embarquer avec son frère. Et en plus, elle prévoyait de le marier, à l’entendre. Donc Cyrielle aurait des parents à son retour et un petit frère comme compagnon de voyage. Oui, de ce point de vue, toute cette histoire devait lui sembler appétissante. Roland aussi aurait aimé découvrir le royaume, pensa Alaric. Il était encore plus curieux et la famille savait qu’un jour il s’en irait, qu’il ne deviendrait pas fermier. Mais les Fangeux l’avait tué. Jamais il n’aurait cette chance. Il était mort. Mort, mort, mort.

Alaric s’était arrêté brusquement, sans même s’en rendre compte. Lorsqu’il revint à lui, il passa une main dans ses cheveux, comme pour essayer de se calmer. Il s’appuya contre un mur de pierre et respira lentement, afin d’apaiser sa respiration qui avait augmenté soudainement. Pourrait-il donc vivre un jour avec ça ? Est-ce qu’il serait capable de se réveiller un matin, sans poids sur sa poitrine ? Comment cette femme pouvait-elle lui faire tant de mal sans le savoir ? Mais non, elle n’en savait rien. Cette discussion partait d’un bon sentiment et Alaric le savait.

- Peut-être que je devrais voyager, moi aussi, mais je sens que je suis attaché à ces contrées. Je crois que je n’aspire qu’à être fermier. Je n’ai pas l’argent pour partir, pas d’instruction. Un fermier a ses terres, il n’a besoin de rien d’autres. C’est ce que je suis.

Il marqua une pause, hésitant à aller plus loin dans ses explications. À quel point pouvait-il se confier à une étrangère ? En temps normal, il aurait répondu « pas très loin », mais jamais il n’en avait reparlé. Il n’avait eu personne à qui se confier. Personne à Marbrume n’a suffisamment de temps pour vous écouter pleurnicher. Oh, il en avait sans doute parlé à des camarades de beuverie, lorsque tout était neuf dans son esprit, lorsque l’alcool déliait les langues et embrumait l’esprit. Mais cela ne comptait pas.

- Je n’ai de toute façon personne pour m’accompagner. Personne non plus pour m’accueillir à mon retour. Comme je te l’ai dit, je n’ai jamais envisagé le futur aussi loin. Qui sait, je changerais peut-être d’avis, d’ici-là ?
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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyVen 11 Déc 2015 - 15:49
Elle avait prononcé sa dernière phrase dans le vide. Elle avait mis un peu de temps à s’en rendre compte. Aucune réponse, et lorsqu’elle se retourna, il n’était plus à ses côtés, il n’était plus en train de marcher. Elle le voyait au milieu d’une des ruelles qu’ils s’apprêtaient à traverser, respirant comme un bœuf et allant s’adosser à un mur de pierres. Il avait l’air absent. Elle qui avait déjà plongé son regard dans le sien à quelques reprises maintenant, remarquait qu’il était loin de voir qu’elle avait agité sa main devant lui. Elle fronça les sourcils, inquiète de ce qu’il était en train de vivre. Avait-elle éveillé de mauvais souvenirs de voyage en lui ? Peut-être avait-il déjà pris le large et y avait perdu plus que de raison. Elle n’en savait rien, et tant qu’il ne se décidait pas à sortir de ces cauchemars qu’il revoyait, rien ne s’arrangerait.

Elle était restée encore quelques instants devant lui, attendant patiemment, de peur d’empirer la situation en agissant sous le coup d’une impulsion. Il avait passé sa main dans ses cheveux, tentant de se calmer comme il le pouvait. Elle préférait ne pas poser d’autre question, elle ne le connaissait pas. Il était peut-être en proie à ce genre d’épisodes régulièrement. Si tel était le cas, il valait mieux s’en méfier, même si sa place dans la milice n’aurait pas pu se justifier dans une telle condition. Il ouvrit enfin la bouche pour recommencer à parler, la rassurant très légèrement.

- Peut-être que je devrais voyager, moi aussi, mais je sens que je suis attaché à ces contrées. Je crois que je n’aspire qu’à être fermier. Je n’ai pas l’argent pour partir, pas d’instruction. Un fermier a ses terres, il n’a besoin de rien d’autre. C’est ce que je suis.

Elle aurait voulu lui répondre qu’elle était bien loin d’avoir assez d’économies pour espérer réaliser ses fantaisies. Il lui faudrait encore bien quelques dizaines d’années avant de pouvoir se permettre ce genre de voyage sans avoir à l’effectuer clandestinement. C’était juste un rêve, un mirage dans lequel elle venait puiser du courage. Lui était foncièrement différent. Elle se demandait comment il pouvait être attaché à ces terres alors qu’elles étaient si mortes et désolantes. Elle ne serait même pas étonnée que le fléau des fangeux ait maudit la terre et l’ait rendu infertile pour encore quelques années, même après leur extermination. Malgré ça, il semblait tristement déterminé à rester ici et à s’acharner à cultiver la terre. Comme si c’était la dernière chose au mode qui lui restait. Elle le trouva soudain triste, mélancolique. Malgré ce qu’on pouvait s’imaginer, c’était quelque chose qui était aussi bien trop présent dans les tavernes à certaines heures de la nuit, avant que le sommeil n’emporte même les plus résistants. Ce qui l’embêtait était de ne pas savoir pourquoi exactement il avait l’air si malheureux maintenant.

- Je n’ai de toute façon personne pour m’accompagner. Personne non plus pour m’accueillir à mon retour. Comme je te l’ai dit, je n’ai jamais envisagé le futur aussi loin. Qui sait, je changerais peut-être d’avis, d’ici-là ?

Décidément, il suffisait de demander. Il avait eu l’air d’hésiter à se prononcer plus, mais avait finalement cédé. Puisqu’il n’avait pas de famille, on pouvait supposer bien peu d’options. Puisqu’il avait dit être fils de fermier, les morceaux du puzzle s’étaient assemblés bien rapidement dans son esprit. Il venait certainement d’ailleurs et en fuyant ils s’étaient fait surprendre par des fangeux sans pitié. Elle avisa un petit banc non loin, tenant un bras d’Alaric afin de le mener jusque-là. Les volets de la maison étaient ouverts, mais elle se foutait de ce qui pourrait bien se dire à leur sujet. Elle le laissa s’asseoir à sa convenance avant d’en faire de même à une honnête distance. Elle se demandait comment il avait faire pour leur survivre alors qu’ils étaient attaqués par ces bêtes. Elle aurait voulu lui demander s’il n’avait perdu que ces parents, s’il avait eu des frères, des sœurs, une femme, peut-être même déjà un enfant. Elle se ravisa pour l’instant. Elle était grande gueule, mais pas totalement insensible non plus.

✧ C’est pas parce que tu pars que tu pourras pas honorer leur mémoire. Si tu veux rester là et être fermier, c’est ton problème, mais ne restes pas pour les mauvaises raisons.

Ça, c’était son avis personnel. S’il restait, qu’il devenait fermier uniquement pour espérer leur plaire et ne pas leur faire honte, il allait gâcher sa vie, il allait le regretter pour sûr. Elle n’avait pas d’autre conseil à lui donner, et elle n’était pas du genre à accorder très facilement sa pitié. Pourtant, au vu des évènements récents, il ne faisait aucun doute qu’il avait encore du mal à s’habituer à cette absence. Il ne lui restait rien à quoi se raccrocher. Son passé n’était que poussière et son avenir s’annonçait sous de bien sombres cieux. Elle tourna son visage vers lui, lui adressant malgré tout un sourire discret qui se voulait chaleureux. Elle lui tapota l’épaule en signe de compassion, ne pouvait prétendre comprendre ses sentiments. Il ne faisait pas le métier auquel il aspirait, n’était pas sur terres, n’avait certainement rien en dehors de ce qu’il portait et des souvenirs tragiques.

✧ Sinon, je suis désolée pour ceux que tu as perdus. Tu avais aussi des frères ou des sœurs ? T’étais déjà censé te marier ?

Elle était franchement indiscrète, mais encore une fois, elle comptait sur le caractère de cochon qu’il lui avait démontré au départ pour ne pas se laisser embêter par ses questions s’il les trouvait trop personnelles. S’il n’avait pas envie d’en parler, soit, elle trouverait bien un autre sujet de discussion. S’il voulait bien lui raconter son histoire, elle se contenterait d’écouter en tentant de faire preuve d’un peu plus de délicatesse quant à ses commentaires, si commentaires il y avait à faire.
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AlaricGarde de Sombrebois
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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyDim 13 Déc 2015 - 21:37
Elle n’avait pas répondu et s’était contentée de lui attraper le bras, lui désignant un banc non loin d’eux. Oui, ce serait plus approprié pour discuter et Alaric ne refuserait pas un endroit où il pouvait s’asseoir un peu. Alors qu’elle le menait vers le banc, il se laissait entrainer sans résistance, s’ordonnant de reprendre ses esprits. Il ne comprenait pas ce qu’il lui avait pris. Depuis son arrivée à Marbrume, ce genre d’incident n’était jamais arrivé d’une manière aussi brutale. Il était un peu inquiet qu’un autre soldat ait assisté à cette sorte de crise : il ne tenait pas à ce que Cyrielle en parle à leur supérieur et que tous décrètent que finalement, il n’était pas apte à défendre la ville. Mais au contraire, se concentrer sur cette fonction lui permettait de ne pas y penser et surtout, de ressentir un sentiment de vengeance satisfaisant lorsqu’une de ces abominations tombaient sous le coup de leurs armes.

Alaric s’assit sur le banc, soupira et reporta ses yeux bleus sur la milicienne. Cette dernière s’était installée sur le banc également, à une distance respectable cependant. Elle devait le prendre pour un fou. Il voulait lui dire que non, mais en était-il réellement certain ? Peut-être pas finalement. La jeune femme reprit la parole, lui indiquant bien dans sa réponse qu’elle avait comprit qu’il avait perdu des proches. Mais elle ne semblait pas comprendre. Enfin, il était normal de réagir ainsi, mais ce n’était pas pour cette raison qu’il voulait rester ici. C’est simplement tout ce qu’il a toujours voulu. Incapable de lui répondre, il se contenta de la fixer en silence. Cyrielle lui adressa un sourire réconfortant et posa sa main sur son épaule, en signe de compassion. Alaric ne broncha pas, mais ne la repoussa pas non plus. Quelqu’un qui pouvait vous témoigner un peu d’affection dans ce monde était rare.

Peut-être parce que la milicienne trouvait le silence pesant, ou simplement parce qu’elle désirait malgré tout reprendre leur discussion, elle tenta à nouveau de lui parler, avec un air plus calme cette fois.

- Sinon, je suis désolée pour ceux que tu as perdus. Tu avais aussi des frères ou des sœurs ? T’étais déjà censé te marier ?

Entendre les mots tabous ne fut pas aussi douloureux que la première fois. Maintenant qu’il avait repris ses esprits, il lui était plus aisé de maîtriser ses émotions. De toute façon, il était hors de question qu’il passe de nouveau pour un cas désespéré.

- Oui. Roland et Ellaine. Tous deux étaient plus jeunes que moi. Quant au mariage, il n’était pas encore réellement envisagé. Ce qui comptait avant tout, c’était que je reprenne la ferme. J’avais 18 ans à l’époque, mon père m’avait formé au métier. Bah de toute façon, tout le monde se doutait un peu que je finirais avec la fille d’un fermier qui nous livrait certains produits. Elle avait 16 ans à ce moment-là, on trainait souvent ensemble. Margaux qu’elle s’appelait… Je l’aimais bien.

En évoquant ces souvenirs qui semblaient si loin, Alaric rougit quelque peu. Il se souvenait de son père qui l’avait mis en garde un jour : « évite de lui refiler un marmot maintenant, personne n’a besoin d’une autre bouche à nourrir en ce moment». Les récoltes n’étaient pas toujours faciles à obtenir et le jeune homme travaillait doublement dans les champs. Un peu de réconfort après une dure journée lui faisait le plus grand bien. Mais il était suffisamment lucide pour comprendre le message de son père. Reprendre la ferme passait avant, une fois que ce serait fait, il aurait tout le loisir de se marier et d’avoir des enfants.

- Je ne l’ai jamais vue à Marbrume. Je suppose qu’elle et ses parents n’ont pas survécu.

Alaric ne savait pas très bien s’il devait demander la même chose à Cyrielle ou bien s’il devait continuer à parler. Il lui semblait avoir répondu suffisamment en tout cas, surtout pour un premier entretient. Cyrielle lui semblait plus âgée, elle était même certainement en âge d’être mariée, voire même d’avoir des enfants. Il ne pensait pas qu’une femme s’engagerait dans la milice si c’était le cas, mais vu le monde dans lequel ils vivaient, tout était possible. Mais bon, la milicienne aurait sans doute mentionné mari et enfants dans son envie de prendre le large, et pas son frère, si c’était le cas. Aussi, Alaric ne demanda rien, attendant simplement de voir la réaction de sa camarade.
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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyMar 15 Déc 2015 - 23:56
Roland et Ellaine, deux prénoms qui n’étaient pas ses favoris sans pour autant manquer de charme à l’oreille. Il était l’ainé d’une petite fratrie, ce qui la poussait à se demander comment il les avait perdus, elle n’osait imaginer ses remords. Tout ça lui expliquait son état. Dans le pire des scénarios possibles, il avait assisté à la mort sanglante et immonde qu’avaient amenés les fangeux sur sa famille. Surtout en fonction de son âge, elle imaginait que c’était le genre d’images qui ne vous quittaient plus, que ce soit endormi ou éveillé. Elles ne vous laissaient plus aucun instant de répit. Elle qui avait parlé de manière si insouciante un peu plus tôt, comprenait maintenant le poids et l’interprétation qu’il avait fait de ses paroles. Elle qui avait encore une famille cherchait l’aventure et le danger, le risque de perdre ce que lui avait perdu bien trop tôt.

Elle n’avait pas le temps, ni le loisir de s’apitoyer sur le sort de tous ceux qui avaient perdu un proche aux griffes d’un fangeux, c’était presque le lot quotidien désormais. Elle ne pensait pas à la souffrance des familles tant qu’elle n’y était pas confrontée. Elle n’était qu’humaine, et pas forcément une âme louable, elle laissait aux prêtres le soin de guider et d’alléger la peine des familles restées derrière, des survivants qui regardaient leur père, leurs frères et leurs fils tomber de l’autre côté des remparts. Pourtant, elle avait devant elle un jeune homme, qui même ainsi, ne lui donnait pas l’impression d’être fragile. Il était nostalgique, il avait des regrets et des remords, mais ne semblait pas non plus totalement détruit, il faisait ce qu’il pouvait pour avancer, et c’était déjà plus que ce à quoi elle s’attendait. Même si ce n’était pas grand-chose il semblait chérir ses souvenirs, notamment cette Margaux dont il avait été amoureux.

Même s’il n’avait plus aucune nouvelle d’elle, et disait ne pas espérer qu’elle fût encore en vie, elle lui soutirait tout de même quelques rougeurs. Encore une fois, elle était tentée de le taquiner, tout en sentant que le moment était mal choisi. Ses paroles étaient défaitistes, même si le contredire avec assurance n’était pas chose aisée. Se rendait-il compte au moins qu’on lui laissait la liberté de choisir sa moitié. C’était son tour de considérer comme acquis quelque chose qui l’avait toujours effrayé. Elle se cachait derrière son mauvais caractère et sa poigne de fer pour s’assurer que ses parents ne trouveraient pas un mari pour la faire taire. Entre la déception de ses parents et sa propre liberté, elle avait déjà choisi, y ayant trop gouté pour y renoncer.

✧ Tu penses vraiment que Marbrume est l’seul fort de tout le pays des Langres à tenir bon ? Franchement, j’me dis surtout que les seuls à pas être mort sont trop loin d’nous pour qu’on l’apprenne.

Elle regardait à l’autre bout de la rue, tentant d’apercevoir le ciel à travers les nuages menaçants qui traversaient le ciel. Elle avait la certitude qu’ils n’étaient pas seuls au monde, ou du moins, elle ne saurait pas dire ce qui rendrait Marbrume assez exceptionnel et miraculeux pour tenir un siège contrairement au reste du monde. Pas besoin d’être érudit pour penser de cette manière. De plus, même en dehors des remparts de Marbrume, quelques forts tenaient et résistaient pour permettre à tous de gagner du terrain face au fléau. Ne pas l’avoir croisée dans ces rues n’était pas significatif, Marbrume était une grande ville après tout et elle était peut-être même plus proche qu’il ne le soupçonnait. Son optimisme était à toute épreuve, et si elle pouvait elle en transmettrait bien une petite partie à Alaric.

✧ À force d’avancer dans les terres, on finira bien par trouver d’autres pauvres mecs qui pensaient être seuls au monde. Elle est peut-être encore quelque part. Même Marbrume est assez grand pour que tu puisses pas être sûr qu’elle soit pas ici, pas encore.

Elle redirigea son regard vers lui, cherchant à examiner son visage, voir s’il était toujours perdu ailleurs, s’il était toujours pâle ou essoufflé. Il avait déjà perdu les quelques rougeurs qu’avaient amenées les pensées qu’il dédiait à Margaux. Elle voulait juste s’assurer qu’il allait toujours bien. Il valait peut-être mieux changer de sujet finalement. Il serait certainement plus à l’aise, après tout, il lui avait parlé de son passé, malgré le mal qu’il avait eu. Il s’était livré à elle, était-il vraiment utile pour elle de préciser qu’elle n’était pas une vipère du genre à aller crier ça sur tous les toits ? Elle préférait ne pas le faire d’elle-même, c’était le genre de choses qui perdaient tellement de crédibilité lorsqu’on le disait avant que la question soit posée. À moins que ce soit juste son ton qui était mal interprété, c’était une possibilité comme une autre, pour l’importance qu’elle y accordait.

✧ En tout cas, si on s’en sort tous les deux, j’espère bien que tu me feras un sacré prix d’ami sur ce que tu cultiveras, pour toutes les fois où je couvrirais tes arrières.

Elle décida de tenter la taquinerie encore pour espérer le faire sourire à nouveau. Si sa famille pouvait le voir, ils lui souhaitaient certainement de sourire, non ?
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyMer 16 Déc 2015 - 22:41
Comme souvent avec Cyrielle depuis le début de leur conversation, elle lui avait parlé de quelque chose à laquelle il n’avait jamais pensé. Quoi ? Une autre ville que Marbrume résistait à l’envahisseur ? A bien y réfléchir, ce n’était pas impossible. Cependant, Alaric ne connaissait pas l’ampleur du pays de Langres. Il aurait pu s’imaginer des terres à perte de vue. Mais pourtant, c’était toujours les terres qu’il connaissait qu’il voyait. Il ne pouvait pas non plus s’empêcher de croire que s’il y avait vraiment d’autres survivants, Marbrume aurait déjà reçu des émissaires ou des messages. Mais si le pays était si vaste, cela expliquait que personne n’ait de nouvelles de personne. Il devait pourtant bien y avoir des nobles au courant : des érudits, des voyageurs,… Alaric se dit que tout cela ferait aussi partie du travail de la milice extérieure, avec le temps. S’ils parvenaient à gagner du terrain sur les Fangeux, ils seraient peut-être en mesure d’atteindre non seulement des lieux habitables, mais mieux que cela : des lieux toujours habités. Cette perspective lui redonna un peu d’espoir.

La jeune milicienne, elle, rayonnait d’espoir. Alaric s’était toujours trouvé optimiste, par les temps qui couraient, mais Cyrielle jouait encore dans une autre catégorie. Plus qu’optimiste, elle parvenait à s’imaginer des perspectives d’avenir, chose que le jeune homme n’était pas encore capable de réaliser. Sa camarade d’armes continuait d’évoquer les possibilités que Margaux puisse toujours être en vie, suggérant même qu’elle soit ici, à Marbrume. C’est vrai que la ville était grande, mais tout de même, il avait de sérieux doutes à ce sujet. Il ne savait pas quand elle et sa famille avaient quitté la ferme, ni même d’ailleurs, s’ils l’avaient quittée. Dans tous les cas, il devait arrêter de considérer qu’elle était morte. Cyrielle avait raison : on ne savait pas ce qu’il y avait en dehors de la ville, pas vraiment non plus ce qu’il y avait dedans. Peut-être qu’il la retrouverait. Mais alors quoi ? Tout était différent maintenant. Et elle, qu’est-ce qu’elle devenait ? Même si elle était parvenue jusqu’ici, avec quel argent vivait-elle ? Il soupira. Pour l’instant, mieux valait ne pas y penser. S’il la retrouverait, il aviserait suivant les circonstances, si elle ne réapparaissait pas, il continuerait sa vie, l’oubliant sans doute petit à petit.

Le sortant de sa rêverie, Cyrielle ajouta :

- En tout cas, si on s’en sort tous les deux, j’espère bien que tu me feras un sacré prix d’ami sur ce que tu cultiveras, pour toutes les fois où je couvrirais tes arrières.

Sans aucun doute, Alaric reconnut là un esprit taquin, très certainement destiné à le sortir une bonne fois pour toute de ses sombres pensées. Cette pique gentillette eut un effet immédiat : un sourire s’étira sur ses lèvres et il jeta ses yeux bleus dans les iris de la milicienne, une lueur de défi dans le regard.

- Aha ! fit-il avec un ton théâtral, parce que tu crois sérieusement que tu couvriras mes arrières ? M’est avis est que ce sera surtout l’inverse. Je suis tellement doué que les Fangeux eux-mêmes ne peuvent pas m’attraper.

Il rigola à ses paroles. Il devait avouer qu’il était fier de son agilité et de sa vitesse, mais il était pleinement conscient que seul face à un Fangeux, il ne survivrait pas. D’ailleurs, peu d’hommes devaient en être capables. Quoi que, se dit-il, ils n’ont jamais pu me rattraper dans les bois, ces salopards. En y repensant, il rigola de plus belle. Serus, qu’est-ce que ça faisait du bien !
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Cyrielle DolwenMilicien
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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyVen 18 Déc 2015 - 16:52
Sa petite taquinerie eut l’effet escompté. Un sourire en coin se dessinait sur son visage, plein de confiance alors que son regard se gorgeait de malice et de défis. Il la regardait droit dans les yeux avec cette expression qui lui allait définitivement comme un gant. Il semblait fougueux ainsi, bien plus vivant que précédemment. C’est la seule chose que pouvait nous apporter le fait d’apprécier l’instant présent, alors autant ne pas le gâcher en s’apitoyant sur le passé. De plus, non content de répondre à sa taquinerie, il rajoutait une couche théâtrale à sa réplique. Elle se retint à grande peine de rire avec lui, ne tenant pas à souffrir à nouveau de sa peau encore fragile.

- Parce que tu crois sérieusement que tu couvriras mes arrières ? Mon avis est que ce sera surtout l’inverse. Je suis tellement doué que les Fangeux eux-mêmes ne peuvent pas m’attraper.

✧ Ah bah j’aimerais bien voir ça tiens !

Elle feintait le ton indigné, heureuse de le voir aussi détendu. Surtout par rapport à la tête qu’il avait quand ils s’étaient assis sur ce banc. Il avait l’air bien plus fier de lui aussi, ce qui lui fit se demander comment il se débrouillait réellement en combat. Elle était loin d’avoir l’œil pour ce genre de choses, mais puisqu’il n’était pas vraiment une armoire à glace, elle supposait qu’il ne misait certainement pas que sur la force brute pour envoyer son ennemi à terre. Elle n’avait pas encore eu l’« indécence » de détailler une autre partie que son visage et la base de son cou.

- Quoi que, ils n’ont jamais pu me rattraper dans les bois, ces salopards.

Il riait toujours, mais sous le sourire et le ricanement de Cyrielle, les rouages de son esprit se mettaient en route à plein régime. Il parlait de bois, de fangeux qui le pourchassaient. Il parlait certainement de la manière dont il était arrivé jusqu’à Marbrume. Pourtant, elle avait l’impression d’avoir déjà entendu cette histoire. Elle avait passé l’âge des contes avant d’aller dormir, mais parfois les rumeurs en avaient les mêmes allures. Elle se souvenait de l’histoire d’un jeune homme qui avait échappé aux fangeux. Ils étaient à ses trousses et il avait échappé à leurs griffes en grimpant dans un arbre. On disait qu’il avait couru et sauté d’arbre en arbre pour leur échapper. Ils le suivaient à terre, mais le lever du jour avait fini par les faire fuir alors qu’il approchait des remparts. Personne n’avait parlé de sa famille, mais il avait été chaleureusement accueilli pour avoir révélé que les fangeux ne grimpaient aux arbres. Quant à savoir s’ils ne pouvaient pas, s’ils avaient le vertige ou s’ils ne voulaient pas pour d’autres raisons, c’était foncièrement inutile de le savoir.

✧ Attends, tu vas pas m’dire que t’es le Miraculé quand même.

Elle souriait toujours en coin, assez perplexe, mais s’il lui disait que c’était vrai, elle le croirait sûrement. C’était tout de même une sacrée coïncidence. Elle ne l’avait pas du tout imaginé ainsi, et certainement pas aussi froid au premier abord. Avec tous les récits différents qu’elle avait entendus et qui pourtant relataient les mêmes évènements. Les hommes parlaient d’un jeune aussi agile que les écureuils dans les arbres, aussi rapide qu’une flèche, aussi rusé qu’un renard et aussi souple et agile qu’un chat. Les femmes elles, ne juraient que par un troubadour au charme étranger, au charisme envoutant, à la carrure rassurante et au courage incommensurable. En somme, des descriptions rocambolesques et aussi peu précises que possible. Vivre dans une taverne vous assurait d’être toujours à jour question ragots, mais les sources étaient trop variées et trop peu fiables malheureusement.

✧ Je veux dire, Le Miraculé. Celui qui a survécu alors qu’il était poursuivi par une bande de fangeux et qui a couru dans les arbres pour leur échapper et les semer au lever du jour.

Elle avait tout de même un peu de mal à y croire, mais si c’était le cas, elle avait pas mal de choses à lui dire et à lui demander. Elle le regardait, le visage légèrement bas, mais le regard dirigé vers le haut, dans une moue légèrement sceptique et le prévenant qu’il n’avait pas intérêt à tenter de la faire marcher, sans pour autant en perdre son sourire.

✧ C’est vraiment toi ?
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyMer 23 Déc 2015 - 18:45
Sa remarque théâtrale avait eu le don de le faire rire ce qui le détendit. Cependant, ce qu’il avait marmonné par la suite changea la conversation du tout au tout. Cyrielle semblait s’être momentanément plongée dans ses pensées, ne disant plus rien. Un pâle sourire flottait toujours sur ses lèvres, mais ses yeux étaient vides. Alaric la dévisagea, sans comprendre au début. Il était sur le point de lui demander s’il lui avait dit quelque chose de mal ou qui l’avait vexée, mais la milicienne finit par lui répondre.

- Attends, tu vas pas m’dire que t’es le Miraculé quand même.

Elle s’était exclamée, comme si l’idée venait d’éclore dans son esprit. Alaric avait même cru qu’elle allait se lever d’un bond du banc et le pointer du doigt, tellement la surprise fut grande. Mais la surprise n’était pas grande seulement pour Cyrielle. Le milicien ne comprenait pas comment elle savait. Lorsqu’il était parvenu jusqu’à Marbrume dans un piteux état, les soldats n’avaient pas voulu le laisser entrer dans la ville. Deux lui avaient barré la route et examiné ses avant-bras, à la recherche d’une marque au fer rouge. En réalité, comme on le lui avait expliqué par la suite, ils avaient cru voir arriver un banni. Puisque ce n’était pas le cas, il leur avait raconté son histoire. Certains l’avaient cru, d’autres non. Dans tous les cas, ils avaient écopé de ce surnom et la possibilité de rentrer dans la milice extérieure.

Comme si elle avait besoin d’appuyer cette affirmation, elle développa afin d’être sûre que le garçon comprenne de qui elle parlait, s’il ne s’agissait pas de lui du moins. Il ne pensait pas avoir toujours une telle réputation dans la ville. À entendre Cyrielle, il avait sauté d’arbres en arbres jusque la ville avec une facilité déconcertante. Bon, il était persuadé que certaines rumeurs racontaient même qu’il avait volé jusque Marbrume vu l’ampleur que prenait ce genre de racontars. D’ailleurs, la milicienne affichait un air sceptique, ce qui fit sourire le jeune homme. Elle n’y croyait pas vraiment non plus, mais pourtant, une part d’elle doutait et c’est sans doute pour cette raison qu’elle lui redemanda si c’était bien lui.

- Et bien… Ma réputation m’a précédé, on dirait. C’est bien moi. Mais en fait, je n’ai pas vraiment couru d’arbres en arbres, je n’ai pas d’ailes ni de griffes. C’était plutôt de l’escalade improvisée et glissante qui a failli me coûter la vie. Me tordre le cou aurait été tout aussi fatal que les créatures qui me lorgnaient en bas.

Alaric ne savait pas vraiment ce qu’il devait ajouter. Pour lui, ce surnom n’avait rien d’honorifique. Il était en vie, c’était bien vrai. Mais sans rien. Parfois, il se demandait s’il n’aurait pas plutôt préféré mourir avec sa famille. Malheureusement, Serus lui-même n’était pas capable de lui dire si ce choix aurait été préférable ni s’il aurait été plus heureux une fois mort. Enfin, il haussa les épaules en soupirant.

- Les Fangeux n’aiment pas grimper, c’est assez étonnant vu leurs griffes, mais c’est bon à savoir. En tout cas, avoir passé une semaine dans de telles conditions m’a permis de devenir plus agile. C’est peut-être la seule vérité que tu as entendue à mon sujet.

Il fit une petite pause puis, un nouveau sourire sur les lèvres, il répliqua :

- Alors, pas trop déçue de découvrir ton idole en vrai ?
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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Re: Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]   Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé] EmptyLun 28 Déc 2015 - 3:38
Alaric parlait de réputation et il ne savait pas à quel point il avait raison à propos des ragots. S’il y avait bien une chose que même les fangeux n’étaient pas capables d’arrêter, c’était la capacité des bonnes femmes aigries, jalouses et enfermées dans l’ennui à inventer et propager tout ce que leur cœur leur soufflait. C’était positif ou négatif en fonction de la première à commérer et la rumeur se déformait en fonction des relations qu’elle avait avec les personnes à qui elle comptait son histoire. Pour ce qui était de le précéder, ce n’était pas tout à fait le cas, elle l’avait abordé sans penser à ça et ne l’aurait certainement jamais reconnu en se basant uniquement sur ces critères, mais soit, il y avait de quoi être flatté malgré tout.

Évidemment, il se sentait obligé de rétablir la vérité, de lui dire ce qu’elle savait déjà. Il n’avait pas couru d’arbre en arbre, il n’avait pas volé et son histoire n’était de loin pas aussi héroïque qu’on le lui avait raconté. Ce fait la faisait sourire. La manière dont il se montrait modeste, racontant la terrifiante vérité, et ce sentiment de peur qui l’avait certainement transcendé lorsqu’il s’était retrouvé dans cette situation. C’était très révélateur, il ne cherchait pas à lui plaire, et paradoxalement, ça la mettait en confiance. Il osait lui dire qu’il avait eu peur, qu’il n’était pas un héros et qu’il ne prétendait pas l’être. Elle se demandait quel âge il avait à ce moment-là, pour que ça l’ait marqué à ce point-là, pour que ça ait eu tant d’influence.

Même si un tel évènement aurait eu un fort impact sur n’importe qui, peu importe l’âge. Il en avait déduit pas mal de choses sur lui-même, comme le fait qu’il était plus agile que la majorité. Cet évènement lui avait certainement aussi valu sa place dans la milice. Il lui montrait aussi qu’il ne réalisait toujours pas la chance qu’il avait eue de leur échapper, qu’il était plutôt défaitiste, qu’il pensait ne pas y arriver avant même d’essayer. Ils étaient opposés en bien des points. Il semblait toujours bloqué à cet instant où il avait tout perdu alors qu’elle avait l’impression de revenir à l’époque où elle se cherchait, où elle n’arrivait pas à définir qui elle était, ni même qui elle voulait être.

- Alors, pas trop déçue de découvrir ton idole en vrai ?

Elle n’avait réussi à le regarder pour sonder sa sincérité que quelques secondes avant de rire. Son rire n’était pas condescendant et elle ne cherchait pas à se moquer de lui, mais il semblait réellement embêté par le fait de ne pas correspondre à ses attentes ou à ses espoirs. C’était si sincère et si futile de sa part, elle ne s’y attendait pas. Et pourtant, elle aurait peut-être dû. Il ne lui restait plus rien, plus de famille, une chambre qu’il ne considèrerait certainement jamais comme son chez lui, il ne lui restait que les autres, ces personnes qui vous jugeaient, il ne lui restait que des inconnus à ne pas décevoir pour s’en sortir. Elle se dit que décidément sa compagnie était hautement incompatible avec sa blessure. Son rire était moins contrôlé qu’avant et elle ne put retenir un grognement de douleur.

✧ Désolé, j’veux pas me moquer de toi, mais c’est juste pas possible que quelqu’un comme ça existe, enfin, quelqu’un qui peut courir dans les arbres je veux dire.

Elle mit une main devant son visage, devant sa cicatrice, comme si ça allait calmer la douleur et le tiraillement qu’elle sentait irradier. Son visage avait très rapidement repris une expression sérieuse suite à son grognement. Elle avait les larmes aux yeux qu’elle se dépêcha d’essuyer d’un côté en espérant ne pas l’inquiéter ou ne pas paraitre bizarre. Elle s’en foutait pas mal, mais elle commençait à l’apprécier, et il lui avait parlé de lui de manière si simple, elle se sentait proche de lui. Son avis commençait doucement à prendre de l’importance pour elle, pas assez pour la faire agir différemment, mais juste assez pour qu’elle se demande ce qu’il pensait d’elle. Il lui avait révélé son passé après tout, les hommes n’étaient pas connus pour ça, il lui avait même parlé d’une histoire de cœur. En y repensant, elle se rendait compte qu’elle n’avait certainement jamais eu ce genre de conversation avec un homme, en le faisant parler de lui, sans chercher le conflit ou l’affrontement.

✧ Par contre, pour l’idole on r’passera. T’as vraiment pas les mots d’un troubadour. On voit que tu t’sers pas de ça pour impressionner une demoiselle !

Elle lui donna un petit coup de coude dans les côtes de sa main libre, gardant toujours une main devant son visage, comme pour cacher sa douleur, cacher ce qu’elle ne voulait pas ressentir. Sa main ne touchait pas son visage pour autant, lui laissant entrevoir une vieille femme derrière la vitre d’une maison voisine. Encore une mégère. Elle se demandait depuis combien de temps elle les espionnait, et si elle les entendait parler. Une fois prise en flagrant délit, la vieille femme se cacha rapidement derrière d’épais rideaux, lui faisant détourner le regard. Elle n’allait pas faire de remarque à son sujet, être au calme n’était pas donné à tout le monde, et surtout pas dans tous les coins de rue. Et puis, pour ce qu’elle aurait à raconter, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Elle retourna son regard vers lui.

✧ Tu ferais mieux d’te soucier de ce que tu penses de toi, au lieu d’avoir peur que j’sois déçue. Il en faudra un peu plus que ça.
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