Nous sommes sous le même ciel, prions les mêmes Dieux [Terminé]

Cyrielle avait maintenu son regard bleuté quelques secondes avant de rire. Cela fut communicatif car le jeune milicien se laissa lui aussi aller à une franche rigolade. Quelques passants leur jetèrent des regardes étranges, mais Alaric n’y prêta pas la moindre attention. D’un côté, il comprenait que rire soit mal vu en ces temps difficiles : vraiment, qui pouvait se permettre de lâcher prise dans un monde qui tournait fou ? Même les nobles, hauts perchés dans leurs tours de marbre, voyaient que la situation empirait et qu’il fallait agir. Les Fangeux ne partiraient pas d’eux-mêmes : pire, ils en viendraient toujours plus, cela ne faisait aucun doute.

Le rire de Cyrielle était agréable à l’oreille. En réalité, il rappelait à Alaric celui de sa mère, quand il était encore tout petit. Il se plaisait souvent à exécuter diverses pirouettes dans le seul but de l’entendre rire joyeusement, comme si la famine ne les guettait pas. La famine, ainsi que tous les autres problèmes qui survenaient plus que facilement dans la vie d’un fermier.
Pourtant, son rire communicatif se mua peu à peu en grognement et Alaric arqua un sourcil, relevant la tête vers sa camarade.

- Désolée, j’veux pas me moquer de toi, mais c’est juste pas possible que quelqu’un comme ça existe, enfin, quelqu’un qui peut courir dans les arbres je veux dire.

Le milicien comprit rapidement que cette phrase était là pour le distraire. Pensait-elle réellement qu’il n’avait pas vu que sa cicatrice la faisait souffrir ? Rire la faisait souffrir. N’était-ce pas horrible ? Alors que dans certaines situations, plaisanter pouvait être le seul remède, pour Cyrielle, cela devait être un poison supplémentaire. En tout cas, Alaric ne répondit pas, la fixant simplement. Il ne savait pas s’il pouvait se permettre d’aborder le sujet de sa cicatrice. Il ne désirait aucunement la vexer. Peut-être pouvaient-ils devenir amis, et il ne comptait pas gâcher cette chance en étant trop indiscret.

La jeune femme semblait vouloir changer de sujet, revenant sur la petite pique qu’il lui avait lancée gentiment toute à l’heure. Il sourit. Cyrielle essayait de guérir grâce à l’humour, lui-même l’avait beaucoup pratiqué autrefois. Bien qu’elle continuât de cacher son visage, elle lui piqua les côtes de son coude, ce qui poussa Alaric à faire un petit bond vers l’arrière. Il pensait à répliquer, mais la milicienne, plus sérieuse cette fois, rajouta :

- Tu ferais mieux d’te soucier de ce que tu penses de toi, au lieu d’avoir peur que j’sois déçue. Il en faudra un peu plus que ça.

Il n’était pas certain de ce qu’elle voulait dire par là. Pendant longtemps, il était vrai qu’Alaric n’avait pas eu une bonne image de lui-même. Il avait la mort de sa famille sur la conscience, alors qu’un recoin de sa tête savait pertinemment que ce n’était pas sa faute. Mais depuis qu’il était devenu milicien, sa vision avait changé. Il savait qu’il était utile et qu’il se débrouillait plutôt bien dans ce domaine.

- Oh, mais je pense le plus grand bien de moi ! Je saute d’arbres en arbres, je te rappelle, ce n’est pas donné à tout le monde.

Alaric se leva du banc d’un bond et désigna son corps de ses deux mains, pointées vers lui.

- Quel besoin d’avoir les mots pour vous parler gente dame, alors que j’ai ce corps parfait ?

Il fit un tour sur lui-même et prit une pose théâtrale. Décidément, jouer la comédie lui allait plutôt bien aujourd’hui. Il se souvint qu’il avait déjà prononcé cette réplique à Margaux un jour. Celle-ci avait ri aux éclats avant de le prendre dans ses bras et de lui avouer qu’il était idiot. « Oui, je suis un idiot, se plaisait-il à répéter, un idiot de fermier ». Mais qu’est-ce que ça lui plaisait ! Lire et écrire ne l’intéressaient pas. Ce n’était pas ça qui l’aiderait à avancer. Mais s’occuper des champs, des bêtes, reconnaître les feuilles d’une plante rare, ça, il adorait. C’était sa vie.

Elle le vit réagir à son coup de coude comme si elle comptait le bouffer, ce qui la fit sourire. Il était certainement chatouilleux. En même temps, il ne portait pas sa grosse armure, il était certainement plus sensible sans. Il se dépêcha pourtant de la corriger et de lui montrer qu’elle avait tort. Elle ne savait pas s’il disait toujours ça sur un ton demi-sérieux qui lui servait à cacher un éventuel malaise, une éventuelle faiblesse, ou si même derrière cette plaisanterie il était satisfait de celui qu’il était. Elle espérait que c’était la deuxième option, mais elle ne pouvait ignorer l’humour dans sa justification. Pourtant, quelle importance alors qu’elle n’avait qu’à lui sourire, baisser sa main et rouler des yeux d’un air faussement blasé par sa modestie.

Elle le regarda se lever, dans un geste de recul réflexe, pour appuyer ses dires. Elle s’était presque effrayée et c’était son tour de rosir légèrement d’avoir eu peur pour si peu. Pourtant elle ne tarda pas à sourire à nouveau, oubliant sa douleur qui s’était déjà bien calmée. Ça ne durait jamais bien longtemps, c’était juste très douloureux sur le moment et pendant quelques secondes. Elle en profita qu’il se mette en avant de la sorte pour le détailler et le reluquer allègrement, son sourire malicieux au coin des lèvres. Elle laissa volontairement un petit silence suivre sa dernière exclamation. Sa taille, sa carrure, son minois, il n’avait effectivement pas grand-chose à envier à d’autres. Elle termina son inspection par un « pfff » déçu et indigné, il fallait bien continuer la comédie.

✧ Ben dis donc, s’xcuse moi d’avoir sous-estimé le chouchou de ses dames et le tombeur de Marbrume.

Elle en profita à son tour pour se lever. Elle épousseta l’arrière de sa robe sur laquelle elle s’était assise, se postant devant lui avant de prendre un pan de sa robe dans une main et de poser l’autre sur son bustier. Elle lui fit une révérence digne de ce nom, lui souriant toujours avant de glisser son bras sous son coude avec entrain. Ce geste les fit se retourner pour qu’ils regardent dans la même direction, dos au chemin duquel ils venaient.

✧ Ce cher Alaric, célèbre et reconnu bourreau des cœurs, m’accorderait-il de son temps et sa si charmante compagnie pour apaiser mon pauvre esprit égaré ?

Elle mit les formes afin d’appuyer les mots nécessaires pour exagérer sa requête. Elle lui jeta un regard, lui adressant un clin d’œil avant de pouffer de rire et de recommencer à marcher. Elle ne garda pourtant son bras dans le sien que quelques secondes, le retirant doucement. Elle n’était pas dégoutée de son contact, elle cherchait juste à ne pas créer d’ambiguïté, ou du moins, pas encore. Elle laissa échapper un soupire de satisfaction cherchant un sujet de conversation sur lequel enchaîner, sans forcément en trouver un. Pourtant, le long moment pendant lequel il l’avait fixé, pendant lequel il avait dévisagé, sa main qui cachait son visage ne lui avait pas échappé. Si lui parler de cet évènement l’amenait à être triste pour elle, elle préférait garder cette histoire pour une autre fois.

De plus, elle ne comptait pas le nombre de fois dont elle avait parlé de ça depuis que c’était arrivé. Elle s’y était attendue, elle savait que ça arriverait, elle avait besoin d’en parler, mais elle s’en lassait aussi. Autant repousser ce moment. Après tout, c’était toujours la même histoire, rien d’extraordinaire, rien d’extravagant. Ça n’arrivait pas tous les jours, certes, mais de là à raconter la même chose tous les deux jours, il y avait peut-être un juste milieu. C’est à ce moment-là qu’une idée lui traversa l’esprit. Une idée qui la fit sourire, mais qu’elle ne pourrait pas réaliser ici, pas au milieu d’oreilles indiscrètes, pas en pleine rue. Le risque était trop grand, trop dangereux, même pour une blague de ce genre-là.

Elle abandonna l’idée. Elle pensait pouvoir lui faire confiance, mais l’ensemble des conséquences de l’environnement dans lequel ils se trouvaient se rappelait à elle. Parler ainsi de magie, c’était déraisonnable. Elle le regarda encore une fois alors que le silence se prolongeait et qu’ils marchaient au hasard des rues, tournant autour du temple. Ils ne s’en étaient pas tant éloigné que ça depuis le début et elle s’en sentit rassurée.

✧ Sinon, tu connais d’autres endroits sympa à Marbrume j’espère ! En dehors du temple je veux dire. Je suppose qu’aucun de ces gros bras ne t’a proposé de te faire visiter un peu ?

Un soupir théâtral avait franchi les lèvres de Cyrielle avant qu’elle ne l’appelle « le tombeur de Marbrume ». Alaric trouva cette expression drôle, mais pourtant tellement fausse. Il devait bien avouer que l’amour ne l’intéressait pas depuis qu’il était arrivé dans la ville. Jamais il n’avait essayé de se rapprocher de quelques demoiselles que ce soit. Oh, certaines avaient bien tenté de l’approcher, mais toujours il avait grommelé à leur attention, mentionnant qu’il n’était pas intéressé. Il n’avait pas l’intention de créer une relation tant que la situation ne se serait pas calmée dans le coin. À quoi cela servait-il de s’attacher à quelqu’un alors que cette personne avait de grandes chances de mourir en peu de temps ? Certes, ce genre de réflexions négatives ne lui ressemblait pas. Mais pour le coup, il ne préférait rien construire tant que le sol n’était pas stable. Et le sol boueux de Marbrume était loin de l’être.

Cyrielle avait suivi son mouvement et s’était levée elle aussi, lui faisant une révérence tirée à quatre épingles avant de passer son bras sous le sien.

- Ce cher Alaric, célèbre et reconnu bourreau des cœurs, m’accorderait-il de son temps et sa si charmante compagnie pour apaiser mon pauvre esprit égaré ?

Leurs regards se croisèrent et tous deux rigolèrent. Bien vite, Cyrielle s’écarta doucement, lui libérant le bras. Malgré tout, cela le rassura. Il savait que tous deux plaisantaient et il devait bien reconnaitre que ça lui faisait le plus grand bien, mais il voulait être sûr qu’il n’y avait aucun malentendu. On n’était jamais sûr de ce qui se tramait dans la tête de l’autre.

Ils déambulèrent aux alentours du temple en silence pendant un moment. Alaric ne savait pas très bien ce qu’il pouvait encore lui dire. Ils avaient déjà beaucoup parlé et se promener sans rien ajouter était tout aussi agréable. Le jeune homme regardait les passants qu’ils croisaient sur leurs chemins. Il y avait de tout dans Marbrume, mais lorsqu’un couple de miliciens se promenait, tout le monde semblait se tenir à carreau, de peur d’être abordé pour quelque motif que ce soit. Alaric était bien content de ne pas devoir s’occuper de l’intérieur de la ville : il n’avait pas le cœur à sanctionner des gosses qui fauchaient quelque fruit pour survivre. Quelques nobles erraient au hasard des rues et il croisa une jeune dame avec un air distingué. Cela lui rappela l’air de Cyrielle et il sourit en y repensant.

- Sinon, tu connais d’autres endroits sympa à Marbrume j’espère ! En dehors du temple je veux dire. Je suppose qu’aucun de ces gros bras ne t’a proposé de te faire visiter un peu ?
- Euh…

Sa question le prit un peu au dépourvu. Il n’avait pas d’endroit fétiche où il aimait passer du temps. Il lui arrivait d’aller boire un verre aux Six Roses le soir, après une mission, histoire de se détendre, mais rien de très régulier.

- Je dois bien avouer que c’est au temple que je vais le plus souvent. Je n’aime pas Marbrume. Tout est si…

Il avait du mal à trouver les bons mots. Il ne se sentait tout simplement pas à l’aise dans cette ville où tout était étroit, où la population grouillait, jour et nuit.

- On ne respire pas ici, finit-il par dire dans un soupir. Être en dehors de Marbrume, c’est ce que je préfère.

C’était paradoxal, il le savait. Comment pouvait-il avoir envie de retourner hors des murailles, elles qui le protégeaient dorénavant ? Il ne savait le dire. Là, dehors, il avait presque tout perdu, et pourtant, il aimait y gambader. Avoir ce poste dans la milice extérieure était aussi pour lui une chance : celle de pouvoir respirer librement. Certes, il y avait les Fangeux, les Bannis, et peut-être d’autres choses encore bien pires dont il ne connaissait pas encore l’existence. Mais il y avait de l’espace. Énormément d’espace.

- Et toi, un coin que tu apprécies en particulier ?

Au vu de son éloquence et de la rapidité avec laquelle il avait répondu, elle avait tout de suite eu la réponse qu’elle soupçonnait. Évidemment, personne ne lui avait fait visiter Marbrume, il était arrivé comme tous les autres étrangers et à lui de se débrouiller par lui-même. Même une fois qu’il avait trouvé un métier pour se rendre utile et gagner de quoi manger, tout était considéré comme acquis. Elle laissa échapper un lourd soupire, désolée pour lui. Il avait trouvé le temple, mais même sans qu’il ne le lui dise, elle se doutait bien qu’il ne passait pas tout son temps là-bas. Il avait bien été obligé de chercher, de se perdre, de déambuler avec plus ou moins de chance pour trouver ce qu’il cherchait.

Il n’aimait pas Marbrume, c’était un fait. Il n’avait fait aucun reproche à ses compagnons d’armes dont elle faisait désormais partie, aucun reproche aux autres villageois, comme s’il n’avait même pas envie de découvrir la ville. Il n’avait pas envie d’en savoir plus, il n’avait pas envie de s’habituer à Marbrume, il n’avait pas envie de le considérer comme son chez lui. C’était plus que clairement exprimé, malgré son hésitation et le fait qu’il n’arrivait pas à mettre des mots exacts sur ce qu’il reprochait à cette ville. Elle le voyait clairement, il ne voulait pas vivre ici, il n’y avait pas besoin d’aller chercher plus loin. Elle l’avait quand même laissé parler, chercher des mots pour dire ce qu’il pensait sans la vexer, la faisant sourire à nouveau.

✧ Je comprends. J’ai beau être d’ici, j’veux voir autre chose que ce trou tout au bout du monde. S’pas la même chose que ce que toi tu ressens, mais je vois ce que tu veux dire.

Il avait grandi dans des champs, dans des espaces, avec beaucoup de nature autour de lui. Même si l’extérieur pouvait sembler dévaster et était mortellement dangereux, ça se rapprochait toujours plus de ce qu’il avait connu et de ce qu’il appréciait que Marbrume. Il avait pourtant pris la peine de lui retourner la question, de lui demander si elle avait un endroit qu’elle appréciait. Puisqu’elle ne devait en donner qu’un, elle lui demanda un instant pour réfléchir. Ils marchaient tranquillement et elle pensait surtout aux moments qu’elle passait seule. Il n’était pas aisé de rester seule dans un endroit pareil, mais une fois les bons endroits et les bons moments repérés, une fois l’habitude installée, il y avait pas mal de choix.

✧ Les thermes. Quand je suis toute seule et que je peux rester longtemps dans l’eau chaude. C’est ce qui me manque le plus depuis…

Elle fit un geste évident vers son visage. Elle avait beau ne plus avoir de bandage, l’eau chaude n’était pas forcément des plus agréable sur sa peau fragile, sensible, cicatrisée. C’était un de ses petits plaisirs qui la détendaient comme jamais et qu’on lui avait retirés. Elle pouvait encore y aller, mais elle ne pouvait pas plonger dans l’eau, elle ne pouvait pas s’y prélasser au-dessus de la poitrine. C’est quelque chose qui lui manquait, de plus en plus, donc elle évitait d’y penser. Pourtant, elle fut interrompue par le son soudain et retentissant des cloches. Elles sonnaient dix heures trente. Ce qui voulait dire qu’elle était en retard, et pas qu’un peu. Elle laissa son expression se décomposer un instant avant de se retourner vers lui affolée.

✧ Merde ! Désolée, je dois vraiment y aller. À la prochaine !

Elle lui fit un signe de la main avant d’empoigner sa robe et de commencer à courir à toute vitesse dans les rues. Elle zigzaguait entre les personnes avec la force et la rapidité que lui conférait l’habitude pour se rendre le plus rapidement possible à la taverne. Les rues n’étaient pas si peuplées que ça après tout. Elle avait promis à sa mère qu’elle l’aiderait à servir aussi ce midi. Si elle voulait tenir cette promesse, elle avait intérêt à se dépêcher, ou elle serait encore traitée d’incapable et sa responsabilité d’adulte serait remise en doute. Elle voulait à tout prix éviter que sa mère continue d’avoir ces habitudes de la corriger comme une enfant. Heureusement qu’elle connaissait bien le chemin qui lui permettait de revenir chez elle.

Alaric n’avait pas réfléchi à ce qu’il disait, lorsqu’il avait dit qu’il n’aimait pas la ville. Cyrielle était sans doute originaire de Marbrume, elle en avait certainement gardé des sentiments, des bons souvenirs. Elle avait peut-être grandi dans ces quartiers et connaissait les moindres recoins des ruelles. Pourtant elle approuva ses dires. Elle lui rappela son envie de voyager, de découvrir le monde. Cela le ramena au début de leur discussion. Alaric sourit. Il avait l’impression d’avoir trouvé plus qu’un camarade de bataille aujourd’hui, une amie.

Lorsqu’il lui avait demandé s’il existait un lieu fétiche pour elle, un endroit qu’elle appréciait tout particulièrement, Cyrielle avait réfléchi quelques minutes. Elle avait finalement opté pour les thermes. Tiens, il n’y était jamais allé, mais savait où ils se trouvaient. Après une mission difficile et périlleuse, y plonger une fois lui ferait du bien. Ses muscles endoloris lui criaient souvent de prendre du repos : les thermes seraient parfaits pour ça.

L’eau chaude, pourtant si agréable, ne l’était plus tant que ça pour la milicienne. Elle semblait toujours beaucoup souffrir à cause de sa cicatrice. Alaric n’en avait jamais vu de telles, il n’avait aucune idée de la manière dont cela se soignait, peut-être avec des plantes ? Un instant, le jeune homme voulut lui demander ce qu’il s’était passé, comment cette cicatrice s’était-t-elle retrouvée sur cette partie de son visage. Mais l’horloge sonna et le visage de son amie se décomposa. Elle s’excusa et le salua en vitesse avant de le quitter. Il n’avait pas été le seul à ne pas voir le temps passer : Cyrielle s’était mise en retard à cause de leur petite discussion. Ou longue, c’était relatif. En tout cas, Alaric n’avait plus parlé aussi honnêtement depuis très longtemps. Il lui sourit et lui adressa un bref signe de main, la regardant s’éloigner.

Le milicien releva la tête vers le ciel en soupirant. Une goutte de pluie s’écrasa sur son nez. D’autres suivirent, mais le vent ne se leva pas. La ville était morose, mais le temps était pire encore. Lui et Cyrielle avaient déjà eu de la chance de pouvoir rester dehors aussi longtemps sans se faire tremper. Qu’allait-il faire de sa journée maintenant ? Il n’avait pas envie de rentrer dans le quartier de la milice tout de suite. Regardant droit devant lui, il sourit. Oui, il allait aller au temple. Il avait plein de choses à raconter à Serus.